Monstre dans les égouts
Il fait sombre. Je ne vois absolument rien. L’odeur est insoutenable. J’ai mal.
Où suis-je ?
J’essaie de bouger. Mes jambes me font souffrir. J’avance tant bien que mal. J’entends comme un bruit d’eau qui coule. Au loin, j’aperçois un rond de lumière.
Il me semble si loin…
Je tremble. J’ai froid. Je me cramponne à la paroi et pas à pas je me dirige vers la lumière. Au bout d’un temps interminable, j’émerge à la lueur du crépuscule. Je suis tellement heureuse de revoir le soleil ! Je me retourne et me retrouve face à une bouche d’égout.
D’où l’odeur…
J’ouvre les yeux… la lumière crue me fait mal…
Où suis-je ?
Je tourne la tête et aperçois un moniteur.
A l’hôpital…
- Madame ? Madame ? Vous m’entendez ?
J’entends quelqu’un… mais où est-il ? Je me sens partir…
Je suis assise sur mon lit d’hôpital, face à un inspecteur qui ne croit pas un mot de ce que je lui raconte.
- Pouvez-vous me répéter votre version des faits ? Je vais enregistrer votre déposition cette fois…
- Mais puisque je vous dis que je ne me rappelle de rien !
- Ce n’est pas grave… dites-moi ce dont vous vous souvenez et je comblerai les trous… Après tout c’est mon job. Allez-y, je vous écoute.
- J’étais en soirée avec ma meilleure amie, nous avons bu quelques verres et… et… et…
Je fonds en larmes…
Je ne me souviens de rien après ça.
La sensation est horrible. C’est le trou noir jusqu’à ce que je me réveille dans les égouts. Ma meilleure amie est morte. Victime du tueur en série. Celui qui ne laisse qu’un morceau de corps près d’une bouche d’égout… Juste assez pour que la police puisse identifier la personne décédée mais pas trop pour ne pas l’attraper…
Je rentre chez moi au bout de quelques jours. Je suis fatiguée, déprimée. Le tueur en est à sa sixième victime, je suis la seule à avoir réussi à s’échapper. La nuit je ne dors plus, je l’entends m’appeler…
- Natacha… Natacha… reviens moi… Natacha….
Je suis terrifiée. Dès que je ferme les yeux, l’odeur des égouts envahit mes narines, le noir profond se glisse dans mon esprit… La police ne me croit pas… J’en deviens folle…
Natacha… Natacha… Natacha…
J’ouvre les yeux… il fait affreusement noir… l’odeur me prend aux tripes…
- L’odeur de la mort. Ahahahaha !
- Où suis-je ?
- Chez toi…
- Qui es-tu ?
- Ahahahahahah
La lumière se fait soudaine. Je hurle. Devant moi se trouve un amoncellement de corps, accrochés aux murs à l’aide d’énormes clous. Je reconnais celui de ma meilleure amie et me mets à pleurer.
Pourquoi pleures-tu ?
Je me retourne. Je suis pourtant seule. Et terrifiée. En face de moi, un miroir. Je m’en approche et le reflet qui m’est renvoyé n’est pas moi.
Non… Ce n’est pas moi…
Cette femme avec son sourire narquois, ses mains pleines de sang, ses cheveux en bataille…
Non… ce n’est pas….
Elle me regarde fixement et se met à rire… Son rire est sardonique et me fait froid dans le dos… Elle s’arrête et …
Regarde dans ta main.
J’obéis, bien malgré moi. Je soulève ce que j’ai dans ma main droite. Une tête. Celle de l’inspecteur. Dégoulinante et encore chaude.
Non ! Non ! Non !
Je n’ai plus la force de crier.
Bienvenue en enfer. Bienvenue chez toi.
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