Un après-midi d'août
Le soleil sur les murs en pisé et les mauvaises herbes entre les pavés — ocres. Une natte étendue sous le ciel, des biscuits, des miettes. Des rires — mes frères, maman et moi — et une jupe rouge à éléphants roses. Des cheveux blonds devant les yeux. « Toujours à poil ces gosses » et jamais le silence.
Des pissenlits et des jouets partout dans le jardin. Et des ronces. Et des mûres — taches sur la jupe — gorgées de soleil, pulpeuses, gonflées, pressées, éclatées — violet sur les doigts / piquantes épines. Clac-clac les pieds nus et sales sur les pavés, dans le gazon, sur les cailloux mordant et tranchant la plante. Des poissons et des grenouilles — coassements incessants — dans le bassin. Ecrasé une — splash — sous le pied en courant. Les voix — mes frères, maman et moi — et les aboiements du chien, ses poils pleins de gratterons, coup de soleil, dormir en étoile : millepertuis sur la peau, doucement étalé dans le dos. Tout rouge et huileux.
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Tenter de se remémorer un souvenir d’été, souvenir d’enfance, mais ne pas le raconter ou le décrire, essayer plutôt de le cerner par le biais de phrases courtes, incisives, sèches, sans utiliser de ponctuation, avec le moins de verbe possible et en évitant de parler de soi, pour privilégier les sensations physiques qu’on garde en mémoire, leurs traces indélébiles.
proposition n°2 des 365 ateliers d'écriture de Comment écrire au quotidien de Pierre Ménard
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