Sensationnel
Voilà, nous y sommes presque.
Je vois tout : le sommet des arbres, des maisons... Je peux presque toucher le blanc du ciel.
Un imposant chêne sur ma droite subit les assauts du vent. C’est vrai que ça souffle pas mal là-haut.
Mon cerveau me dit de ne pas le faire, mais j’ose tout de même regarder vers le bas.
Incroyable !
Les gens sont si petits !
Mon cœur accélère dans ma poitrine, mon ventre se contracte au son des cliquetis sous mes pieds.
Les rails, et si on décroche ?
J’ai chaud soudain, mes mains sont moites, je ne vais pas pouvoir me tenir, elles vont glisser !
Je vérifie que ma protection ventrale est bien en place. Je sais que je l’ai déjà fait en partant, mais je recommence.
Ok, c’est bien bloqué, mes épaules sont bien collées contre le siège.
Je revérifie quand-même. Encore. Au cas où.
Tac Tac Tac.
Le rythme ralentit, je suis collée au dossier du fauteuil, comme un spationaute dans son cockpit.
Je regarde ma voisine de droite, elle me sourit, mais tient fermement la protection sur ses épaules.
Elle flippe.
Merde.
Je détourne le regard.
Plus de bruit.
On y est.
J’ai envie de faire pipi ! Putain, j’aurais dû y aller avant, je vais me faire pipi dessus !
Je respire un grand coup, les yeux fermés.
Et là, mon cœur s’envole, il sort de ma bouche en un cri de terreur et de frisson. Mes yeux sont grands ouverts, comme si la vitesse les empêchait de se fermer. C’est intense, effrayant, mais c’est si bon !
Je suis en chute libre, le vent fouette mon visage et je hurle de joie. J’ai réussi à rattraper mon estomac en vol, ouf ! Mon cœur est également retourné à sa place.
Je tente de regarder si ma voisine est toujours en vie, mais impossible de tourner la tête, trop de pression. Je l’entends crier, c’est bon signe !
Le plus dur est passé, le plus sensationnel aussi, et je m’autorise à mettre les bras en l’air et crier mon bonheur.
Il n’y a pas d’âge pour faire la con sur un manège, et moi ça m’éclate !
La vache ! On recommence ?
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