Épisode 23 : Amours contrariés (1 / ?)
Alors que la main de Karl caressait son bras, Sydney sentit une vague de plaisir traverser chaque partie de son corps. Que c'était bon de l'avoir enfin auprès d'elle après toutes ces heures d'attente, après toutes ces frustrations !
Chaque heure de cours passée ensemble relevait du challenge. Cacher leur désir et leur amour aux yeux de tous leur demandait un effort considérable. Jusqu'à présent, ils y arrivaient plutôt bien. Le cours de ce matin avait été différent. Leur dernier rendez-vous remontait à quelques jours. Depuis, hormis les cours, ils ne discutaient que par messages sur leurs téléphones respectifs et ils ne pensaient qu'à leurs retrouvailles. L'intensité de ce fantasme à venir provoqua chez Karl un manque de concentration durant le cours. À plusieurs reprises, il avait bafouillé, perdu son fil conducteur et s'était confondu en excuses. Il avait prétexté une grande fatigue, mais Sydney connaissait parfaitement la raison de son comportement. Laure aussi, par ailleurs. Amusée par l'attitude de Karl et le regard parlant de Sydney, Laure s'était retenue de rire aux éclats plus d'une fois.
Sydney avait trouvé le reste de la journée très longue. Chaque minute s'étirait comme des heures. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve enfin chez Karl, dans ses bras, dans ses caresses.
Il l'embrassa avec la fougue de l'amoureux qui attendait cet instant depuis une éternité.
– Tu me fais sentir comme un adolescent qui découvre ce qu'est être amoureux, murmura-t-il entre deux baisers.
– J'ai vu. Tu as perdu tes moyens pendant le cours aujourd'hui, fit remarquer Sydney avec un sourire.
Karl rit de bon cœur. Son sourire et le son qu'il émettait émerveillèrent la jeune femme.
– L'illustration même de ce que je viens de dire.
– On a échappé aux rires de Laure.
– Tu es sûre qu'elle tiendra sa langue ?
Elle lisait l'inquiétude sur son visage. Elle le rassura :
– Laure ne ferait rien qui me porterait préjudice. Tu peux avoir confiance. Tu ne perdras pas ta place. Maintenant arrête de parler et déshabille-toi !
Il sourit à nouveau et commença à déboutonner sa chemise, prêt à offrir à Sydney tout le plaisir qu'elle méritait.
***
– Chaque jour qui passe ajoute un nom à la liste des victimes de celui qu'on appelle désormais l'Ogre, fit la journaliste. Les autorités ont confirmé que Daniel Tongo, disparu il y a six mois, a bel et bien été assassiné par…
Sydney changea de chaîne. Repenser à toute cette histoire lui donnait la nausée et elle ne pouvait pas y échapper facilement. Tout Isle parlait de l'affaire depuis une semaine. Moins de vingt-quatre heures après la mort de Christopher, les premiers détails avaient fuité dans la presse. Le reste s'est enchaîné très vite, aidé par la réapparition soudaine de détails, d'indices. Depuis, la jeune femme n'avait pas pu voir Marianne et Alexia, mais elle imaginait facilement à quel point cela devait être difficile pour elles.
Karl, qui l'avait laissée pour préparer l'apéritif dans la cuisine, revint avec un plateau contenant deux verres de vin blanc et des amuses-bouches.
– Il parlait de l'Ogre ? demanda-t-il.
– Oui. J'ai changé de chaîne. Cette histoire m'horrifie. À chaque fois, je pense que cet homme est venu chez nous plusieurs fois, que j'ai gardé leur fille. Et lui…
Elle ne parvint pas à finir sa phrase. L'émotion l'en empêcha. Karl se rapprocha d'elle pour la prendre dans ses bras. Sydney lui avait appris qu'elle connaissait Christopher et la petite Alexia, cités tous les deux dans les médias. Elle avait évidemment passé sous silence son implication dans l'affaire, mais elle avait ressenti le besoin de lui en parler même si elle devait s'arranger avec la réalité.
Le jour même de la mort de Christopher, elle n'avait pas vraiment réalisé tous les événements survenus. Le lendemain fut, en revanche, plus douloureux. Lorsque les premières informations sortirent dans les médias, elle prit conscience que la mort n’avait pas été loin de la prendre avec elle. Il en allait de même pour Alexia. Cette pauvre fille menacée par son propre père. Toute sa vie, elle devrait vivre avec la monstruosité des actes de son géniteur. Sydney avait pleuré pour Alexia. Les larmes l’avaient aidée aussi à évacuer toute la pression sur ses épaules et toutes les peurs ressenties. Elle était aux côtés de Karl quand elle avait craqué, raison pour laquelle elle lui avait donné quelques explications.
– Tout va bien, Syd ! Je suis avec toi.
Il lui caressait les cheveux. La jeune femme continua à se laisser bercer par ses bras.
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