Le téléphone coupe, récit d’une première fois.
Hier, je voulais prendre un rendez-vous. Oui je sais, c'est compliqué et ça engendre des risques. Mais j'en avais besoin que voulez vous! Ils étaient tous abîmés! Enfin, toujours est-il que je devais utiliser le téléphone. Mon dieu j'avais jamais remarqué combien c'était effrayant un téléphone! Il faut appuyer sur exactement dix touches numérotées, sans se tromper une seule fois. La pression, chers amis, la pression ! Et puis ensuite, il faut répéter son texte. Bah oui, on va pas se lancer, comme ça, sans réfléchir à ce qu'on va pouvoir dire. Mais ça encore c'est facile. Finalement, on arrive à l'étape la plus difficile du processus d'appel téléphonique : appuyer sur la touche appel. Ça paraît ridicule comme ça, mais moi je sais qu'en appuyant sur ce bouton maudit, je me retrouverais avec ma vie entre les mains d'un inconnu. Effectuer une telle action demande beaucoup de courage. Il faut arriver à calmer les battements de son coeur et les tremblements de sa main afin d'appuyer sur la-dite touche sans se tromper. Quel enfer ! Alors moi, du haut de ma petite personne, je regarde ma mère. Elle me fait un sourire qui semble dire : ça va aller ! Alors je ferme les yeux (ne faites pas ça chez vous) et je presse le bouton. Aïe, ça se corse. Je mets le téléphone à mon oreille, le coeur battant, et j'attends en silence. Lorsque je perçois quelqu'un à l'autre bout du fil, j'ouvre la bouche et parvient à énoncer d'une toute petite voix :
-Bonjour, je voudrais prendre rendez-vous pour couper mes cheveux.
Je ne savais pas que je venais de signer mon arrêt de mort.
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