L'amour à mort
Jour après jour, nuit après nuit, le manque se faisait de plus en plus intense. Marielle était habituée à son corps chaud contre elle. Elle tenait toujours une de ses mains dans la sienne, ou la posait contre son dos musclé, protecteur, sécurisant.
Chaque nuit, son désir pour lui était plus grand, son envie de caresses intenses était infinie.
Malgré toute l'énergie qu'elle déployait pendant la journée, enchaînant les répétitions de ses spectacles, prévoyant les dates de ses représentations et le stress qui accompagnait sa carrière de danseuse en plein essor, elle n'attendait que cet instant : le moment de leurs retrouvailles, dans leur lit, à la fin de la journée. Ils se blotissaient l'un contre l'autre dans leur refuge, leur cocon.
Elle parvenait à conserver une bonne hygiène de vie. Elle devait être sans failles : beaucoup de travail, pas de cigarettes, pas de soirée tardive, pas de sport violent.
Elle avait coutume de s'astreindre à tout cela. Ce sacrifice n'était rien en comparaison du manque qu'elle allait devoir assumer : ne plus le voir, ne plus le toucher, dormir seule dans son lit.
Chaque matin, elle tâtait sa place, à la droite du lit, le creux qu'il avait laissé dans l'oreiller. Son absence lui paraissait insupportable.
Elle s'allongeait lorsqu'elle ne tenait plus debout. Elle portait le pyjama de Léo pour avoir son odeur avec elle. Elle l'aidait à s'endormir.
Comment passer plusieurs jours, voire plusieurs semaines sans faire l'amour ? Elle pensait à Léo, seul au fond de sa cellule, ses mains sur la tête, réalisant l'ampleur des conséquences.
Et s'il devenait coléreux, agressif, désespéré par la situation ? Elle craignait qu'il ne change irrémédiablement, qu'il perde confiance en leur amour.
Son assurance apparente cachait bien sa sensibilité, c'est ce qui lui avait toujours plu chez lui, mais la situation n'était plus la même.
Elle allait devoir trouver le courage de se lever chaque matin, de commencer la journée seule, devant son café et sa tartine. Elle ne s'habillerait plus devant son regard énamouré, elle ne profiterait plus de ses mains sur son corps.
La routine qui lui faisait si peur s'abattait sur elle comme une bête effrayante.
Les larmes coulaient sur ses joues, sans discontinuer, sa tristesse était infinie.
Elle regardait son portable dans l'espoir d'y lire un message de sa part ou une bonne nouvelle émanant de l'avocat. Mais le téléphone demeurait silencieux.
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