CHAPITRE 4
Nous sommes au début du dernier mois de l'année, j'ai repris un peu de punch depuis ma tragique mésanventure. La période des fêtes approche à grand pas, je suis toute excitée à l'approche de Noël ! Nous sommes samedi 9 décembre 2017, maman et papa discutent sur leur voyage de fin d'année en Métropole. Maman est surexcitée de revoir sa soeur qui habite là bas depuis plus de vingt ans maintenant.
Ma mère - Jeannine - n'est plus toute jeune, elle a 54 ans. Elle est petite, ni ronde ni mince, elle porte les cicatrices de ces trois grossesses. Ses cheveux sont noirs avec des mèches blanches, ses yeux sont noisettes. Elle travaille avec les personnes âgées depuis peu, c'est son domaine de prédilection. Elle a tendance à souvent se plaindre et à balancer des piques. Mais c'est maman, je l'aime comme ça.
Mon père - Jean - est aussi dans la cinquantaine, il a un an de moins que maman. Il a la peau bronzée, ses yeux sont un mélange de marron et de vert. Pas très bien entretenu, mais avec un sens de l'humour bien à lui, il adore la bière et mange toujours à des heures fixes, sinon il se plaint presque autant que maman, voir plus.
Etant donné que maman travaille le samedi matin, de 7h30 à 13h00 c'est papa qui s'occupe de faire à manger et je suis - si on peut dire - son commis de cuisine, plus son larbin.
J’entends la voiture de ma soeur, Sania, se garer dans la cour. Avec une chanson espagnole qui tourne, on l’entendrait à l’autre bout du quartier. Elle arrive toute pimpante, elle a 24 ans, professeur d’espagnol, elle est grande et svelte, elle a les mêmes yeux que papa. Ses cheveux sont lisses comme ceux de maman, la seule différence c’est qu’ils sont chataîns. Elle a réussi sa vie professionnelle, célibataire. Sans doute à la recherche du grand amour, mais comme elle le dit chaque chose en son temps. Elle me regarde et dit :
- Marie, pour le jour de l’an on va chez Mathew !
- Quoi ? dis-je d’un air dubitatif.
- Tu ne veux pas y aller ? Reste avec ta Marraine si tu veux. L’aînée de la famille notre première soeur.
- Non, c’est pas ça, c´est juste que je m’y attendais pas ! Mais oui, je veux y aller. Dis-je avec un grand sourire.
- Cool, on sait quoi faire maintenant ! dit-elle en souriant.
Ma foi, pour une fois qu’elle m’intègre à son train vie, je ne vais sûrement pas refuser. Il faut juste que je demande à maman quand elle arrivera.
Il est 12h30, maman est arrivée plus tôt que prévu. Mon autre soeur, Emilie, elle est mariée depuis 2 ans, elle a 2 enfants : Gilles, il a 11 ans il est en plein crise d’adolescence, il ne facilite pas la tâche à ses parents. Son petit frère, Herland a 5 ans, il est encore bébé pour son âge. Il est très différent de son frère d’un point vue physique et d’un point psychologique.
En réalité se sont des exacts opposés. Gilles est grand, métissé, ses cheveux sont ébènes et lisses, les yeux marrons foncés presque noir. Un tempérament de feu, il démarre toujours au quart de tour pour tout tandis que son frère, lui, est petit - normal dira t-on - sa peau est blanche, il est rond, ses yeux sont verts, des fois ils virent au bleus ou au gris. Tout dépend de ses humeurs de petit garçon. Mais il reste tout de même plus calme.
Et puis il y a nous, les trois soeurs à la fois similaires mais si différentes.
L’aînée, Emilie Agnès Johnson, depuis peu Madame Scott. Elle est à la fois ma soeur et ma marraine. Elle a 30 ans, elle est grande et porte aussi les cicatrices de la grossesse de ses deux enfants. La vie n’a pas été tendre avec elle. Mais elle a tenu le coup, c’est une femme forte et un caractère de merde mais on l’adore comme ça.
La cadette, Sania Anna Johnson, est un modèle pour moi au niveau professionel. Elle est extrêmement indépendante, elle a son petit caractère aussi. Elle a les pieds sur Terre comparé à moi et Emilie. Je rêve de réussir comme elle, mais tout de même avoir une vie sentimentale à côté.
Et puis il y a moi, Marie Olivia Johnson, je suis en plein « parcours initiatique » comme Bernard dans les Faux Monnayeurs d’André Gide, à la recherche de moi même. Sentimentale comme une vierge éffarouchée et n’apprécie guère les personnes fleurs bleues, je tiens ça de ma mère et de mon expérience récente. Je détiens une imagination débordante et adore rêvasser sur la vie que je n’aurais sans doute jamais.
Nous sommes très attachées l’une à l’autre, mais chacune mène sa vie de son côté. On se rejoint le week end pour parler, de nos aventures, de nos petits tracas entre soeurs. J’ai été mis à l’honneur, j’ai parlé de mon voyage à Montpellier - en évitant le détail de la perte de ma virginité et de mon humiliation publique au lycée - et puis nous abordons le sujet du départ des parents et de nos projets pour les fêtes.
Nous nous retrouvons chez Emilie, on boit un café, comme tout les Samedi. Je remarque qu’il se trame quelque chose, mes soeurs me regardent avec insistance et finit par me demander en choeur:
- Il s’est passé quoi avec Benjamin ?
Je les regarde, à la fois étonné par leur intérêt et à la fois exaspéré par leur curiosité. Je finis par dire:
- C’est fait. Je n’en dis pas plus, mais par manque de chance j’ai droit à l’interrogatoire Scottson.
- Alors comment ça s’est passé !? Tu as eu mal ? me demande Saphia.
- Vous êtes toujours ensemble ? Dis moi tu t’es protégé PAR PITIÉ ! Dit Emilie avec un oeil plutôt avisé.
Je les regarde a tour de rôle, je prends une grande inspiration et dit :
- Je ... Ça s’est bien passé, enfin je suppose, étant donné que je n’ai pas senti grand chose... - elles me regardent avec insistance, avide de savoir la suite, je m’empourpre mais continue- et .... nous ne sommes plus ensemble, il ... Non ! je l’ai quitté quand je suis revenue au lycée. dis-je calmement, guettant leur réaction.
Un moment de silence passe et elles redisent en choeur et en criant à m’exploser les tympans :
- QUOIIIIIIIII ????????????? avec des yeux qui leurs sortent des orbites.
Je leur explique ma regrettable aventure. Elles ont déjà concocter un plan de vengeance et de meurtre. Des véritables psychopates. Enfin, au moins, elles ne m’en demandent pas plus. Et le week end passe sans trop de grabuge.
Nous sommes Lundi, je n’ai pas cours jusqu´à 9 h 30, mais je n’ai pas d’autre choix que d’arriver à 7 h 30. Et, évidemment il n’y a aucune table de libre. Alissia ne viendra pas car elle est tombée malade alors que Romy et Flavius n’arrivent qu’à 9h25. Soit, je suis seule. Et comme à chaque fois que je suis seule, je prends un café, une clope et je m’asseois dans les escaliers près des toilettes. En attendant je dessine en écoutant de la musique : " Maîtres Gims : Tu vas me manquer".
Une ombre se forme au dessus de moi, je lève les yeux, je vois Benjamin. Je vois rouge et dit :
- Tu veux quoi ? Dis-je sèchement.
- M’excuser ... Dit-il d’une petit voix de chien battu.
C’est une blague ?
- Haaa ... excuse toi alors. dis-je toujours aussi sèchement.
- Alors ... excuse moi, Marie... J’étais en colère, je ne me contrôlais pas. Je sais que je t’ai blessé et je veux réparer ce que j’ai fais. Et ... euh ... je ne sais vraiment plus quoi te dire. dit-il en me regardant droit dans les yeux.
Je le regarde, esquisse un sourire mesquin. Je me lève, je suis plus grande que lui à cause de la marche sur laquelle je suis perchée et lui dit :
- Et ... -je marque un pause, exprés, je ris - tu crois vraiment, que je vais accepter tes excuses ? Tu pensais quoi ? Que j’allais dire : « mais oui, Benjamin je t’excuse, effaçons tous et recommençons ! » - j'utilise une voix d'enfant gâtée complètement à l'ouest - Je vais te donner un exemple tout simple. Prend une assiette, jusque là tu me suis n’est ce pas ? Cette assiette est magnifique vraiment, elle est blanche en porcelaine avec des motifs magnifiques insérés. Tu la regardes avec insistance et tu remarques une petite fellure, vraiment minime. En colère que cette fellure soit là, tu décides de la casser en milles morceaux. Et puis tu te rends compte que tu n’en avais pas d’autre. Avec regret tu regardes cette assiette cassé en milles morceaux et tu décides de t’excuser de tout coeur. Crois tu -je marque de nouveau une pause - que l’assiette va se réparer comme par magie et dire je t’excuse car je sais que tu y a mis du coeur. dis-je avec un air presque hautain en ajoutant des pointes de sarcasmes.
- Non ... dit-il faiblement, sa fierté s'est faite la malle avec sa paire de couilles imaginaires ?
- Voilà, tu pourras t’excuser autant que tu veux, de tout coeur de toute ton âme. Des fois ... tu devrais réfléchir à ce que tu dis ou fais. Aujourd’hui c’est moi qui l’est subi, mais un jour tu le subiras et tu comprendras que ce n’est pas des : « excuse-moi » qu’on répare ses erreurs.
Avec un sourire satisfait, un regard mesquin et ma fierté restitué je le regarde s’éloigner, aussi abbatu que moi il y a 2 mois.
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