Il tournait en rond au cœur des livres. Il pensa à tout mettre par terre pour sortir d’ici, mais les mots

Il ferma le livre d’un mouvement brusque et ce fut comme une claque. Une claque qu’il aurait reçue de plein fouet. Il commençait à s’inquiéter de ces mots qui semblaient le suivre. Ou serait-ce lui qui plagiait, par ses gestes, ses sensations et ses pensées, les mots écrits depuis longtemps dans les livres ? Vivrait-il par ces mots, grâce à eux ? N’aurait-il donc pas de volonté ? Son destin serait-il tracé dans ces livres ?

Il tendit la main vers une pile de livres à sa droite, hésita et se retourna vers la gauche. Lorsque quelqu’un hésite entre deux livres, il y en a toujours un troisième qui surgit, puis un quatrième et un cinquième, et une infinité de pages, de mots et de silences envahit ce désir de lire qui est plus fort que la lecture elle-même. C’est ainsi que naissent les piles de livres sur les tables de chevet de beaucoup de lecteurs qui posent, au sommet, ce livre qu’ils voulaient lire désespérément et qui s’endorment à la première page. Le lendemain, un autre livre qu’ils voulaient lire désespérément se trouvera au-dessus du livre qu’ils avaient voulu lire désespérément.

Finalement, il décida de soulever les trois premiers livres du haut d’une pile et prit le quatrième. Il gardait le livre fermé entre ses mains songeant à ce qu’il pourrait y être écrit. Il imaginait des phrases :

Il ferma le livre d’un mouvement brusque et ce fut comme une claque.

ou alors,

Il tendit sa main vers une pile de livres à sa droite, hésita et…

et aussi,

Il gardait le livre fermé entre ses mains…

Il ouvrit le livre, feuilleta les premières pages vides et…