Chapitre 6

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Je suis enfin sortie de cette maudite forêt ! Je suis tellement heureuse que je me met à tourner sur moi-même sans plus réfléchir à rien. Je suis sale, épuisée et assoiffée, mais tout de même heureuse. Je ne pensais pas réussir un jour. Une fois la vague de joie passée, je regarde un peu autour de moi, seul, un chemin passe et serpente le long de la forêt, on n'en voit pas le bout, il n'y a en vu aucun village, pas même une maison. Je suis dépitée de devoir encore marcher, mais je n'ai pas réellement le choix. Je décide donc d'aller vers l'ouest dans le but de trouver un village. En dehors de la forêt, il est tout de suite plus aisé de suivre un chemin tracé, aucun arbre ne passe en plein milieu, les ronces ne nous font pas faire de détour, en bref, c'est la perfection.
Le besoin d'eau est réellement urgent, je n'ai pas bu depuis un certain temps, et la soif me tiraille. J'espère croiser un ruisseau ou quelque chose du genre rapidement pour enfin me désaltérer. J'avance et avance encore en essayant de ne pas y penser, je me dis que chaque pas me rapproche un peu plus d'une source d'eau. Au bout d'un peu plus d'une heure, je finis par m'asseoir épuisée sur le bord du chemin. J'essaie de recouvrer des forces, mais je sens que mon corps ne veut plus bouger d'un pouce jusqu'à qu'il ai ne serait-ce qu'un peu récupéré. Je me couche sur le côté, ferme les yeux, et tente de me reposer quelques instants.
***
Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, mais cela m'a fait le plus grand bien, j'ai toujours très soif, mais mes muscles tirent beaucoup moins. Je me relève et repars. Je sens mes muscles se réveiller peu à peu, les courbatures reviennent, la soif s'intensifie, si je ne trouve pas de quoi boire rapidement, je sens que la suite du trajet va devenir des plus ardues. C'est tout de même angoissant, j'ai réussi à sortir de la forêt ce qui était réputé pour être impossible, et je risque pourtant à tout moment de mourir de soif sur le bord de la route. Des taches noires commencent à apparaître devant mes yeux, je secoue la tête et continue d'avancer, mes pas deviennent peu à peu incertains, je sens mon corps me crier de m'arrêter là et de ne plus chercher à survivre. Je continue tout de même, chaque pas en entraînant un autre, j'utilise toutes les forces qu'il me reste, quitte à mourir, autant avoir tout tenté avant. Un pas plus fragile encore que les autres me fait m'écrouler au sol, ma gorge me brûle, ma vision se trouble, tout ce qui m'entoure devient un mélange de couleurs et de sons de plus en plus vague. J'essaie encore une fois de me relever mais mon état de fatigue me cloue au sol, je réussi néanmoins à relever la tête car une tache mouvante provenant de derrière moi à attiré mon attention. Cette tâche sombre se rapproche, je n'arrive pas à distinguer ce que c'est. Dans le doute, je me recroqueville sur moi-même pour essayer de passer inaperçue, mais mes forces finissent par m'abandonner totalement avant que la tache ne se soit approchée suffisamment pour que je sache ce qu'elle est, je sombre alors dans l'inconscience, sans grand espoir de réveil.
***
À mon grand étonnement, je suis encore en vie. Je viens de me réveiller, je sens que ma gorge me brûle moins, je sens également une couverture sur mon corps et en me concentrant, je me rends compte que j'entends les crépitements d'un feu non loin de moi. J'ouvre alors les yeux en étant plus surprise d'être encore là qu'autre chose. Je me redresse avec le peu de forces que j'ai récupéré en dormant, et vois bel et bien un feu de camp devant moi, je serre la couverture sur mes épaules et fixe le feu sans rien faire. Quelques instants plus tard, une voix me fait finalement sursauter :
"Tu es enfin réveillée." Cette phrase était vraiment d'une utilité remarquable, je tourne la tête vers celui qui a osé prononcer une phrase d'une telle stupidité. Un jeune homme qui semble avoir à peu près la trentaine me regarde avec attention, brun aux yeux bleus, j'essaie de lui répondre, mais ma gorge est bien trop sèche pour laisser sortir le moindre son. Il me tend une gourde que je saisis avec méfiance, j'essaie d'en inspecter discrètement le contenu, mais la discrétion n'étant pas mon fort, il le remarqua aisément et me dit :
"Tu sais, je ne vais pas t'empoisonner. Je t'ai déjà fait boire un petit peu lorsque tu étais évanouie, mais pas suffisamment apparemment, alors je pense que tu peux boire sans risque, ça te feras assurément du bien."
Je tourne la tête vers lui, le doute qui m'avait saisit finissant de s'estomper totalement en le regardant. J’ai finalement commencé à boire, l'eau entrant dans ma bouche me procurant un bien fou. Je sens mon organisme peu à peu retrouver de l'énergie, je sens à cet instant que l'eau me manquait cruellement depuis plusieurs jours. Je finis par lui rendre sa gourde que j'ai presque entièrement vidée. Je resserre encore plus la couverture sur mes épaules, le froid s'infiltre à travers chaque couche de tissus et me frigorifie un peu plus à chaque instant, je me rapproche du feu afin de faire partir l'air froid qui s'est installé en moi. Lui, il me regarde, il semble se poser de nombreuses questions à mon sujet, je ne compte pas y répondre. Je me suis juré de ne plus faire confiance aux gens aussi facilement, il lui faudra du temps s'il veut réellement avoir ses réponses, et je ne compte pas rester des mois durant en sa compagnie alors il devra rapidement se faire à l'idée qu'il n'aura jamais de réponses. Lorsqu'il se met à ouvrir la bouche, je sens la pluie de questions arriver à grands pas.
"Après t'avoir vu tomber en plein milieu de la route tout à l'heure, je me suis demandé pourquoi quelqu'un se trouverait-il aussi loin de tout village, sans sac à dos, sans gourde, sans rien. J'attendais que tu te réveilles avec impatience pour savoir comment tu avais fait pour te retrouver ici sans rien avec toi, sans aucun bagage.
-je savais que tu me poserais des questions, mais je n'y répondrais pas, du moins pas à toutes. Je ne te connais pas et je préfère garder certaines choses pour moi, du moins pour l'instant.
-moi je te connais, enfin, j'ai l'impression de te connaître, je ne suis sûr de rien, mais je sens que j'ai déjà vu ton visage quelque part. Je peux te poser une autre question ?" J'ai senti la peur s'insinuer en moi, la peur d'être reconnue, même après dix ans, je ne sais pas quelle réaction auraient les surveillantes si j'étais reconnue, on me poserait probablement des tas de questions auxquelles je ne voudrais pas répondre, et cela finirai probablement mal. Après avoir tenté de calmer les battements affolés de mon cœur, je lui réponds en essayant de sembler sereine.
"Oui bien sûr, et en fonction de la question, j'y répondrais peut-être." Il lâcha un sourire avant de continuer.
"Où comptes tu aller ? On est loin de tout ici, il n'y a rien des kilomètres à la ronde et le plus proche village est à une vingtaine de kilomètres.
-Et bien, c'est là que je vais, au village le plus proche en allant vers l'ouest.
-À pied ?
-Tu vois un cheval m'accompagnant ?
-non, c'est vrai. Mais si tu veux, c'est aussi là que je vais, je peux t'y conduire.
-Je m'en sortirais toute seule, mais merci de la proposition.
-Il n'y a pas de ruisseau ou de source d'eau non plus sur une grande distance. Or moi, j'ai des réserves d'eau, c'est bien quelque chose qui peut te convaincre non ?
-Je ne veux pas m'imposer, je suis habituée à la marche, et marcher sur un chemin tracé est d'une facilité sans nom.
-Tu es habituée à marcher sans eau et sans nourriture ?
-Disons que je fais avec.
-Ou plutôt tu fais sans !
-Oui, effectivement.
-Et puis, tu ne t'imposes pas, c'est moi qui te propose, c'est à toi de voire, on en reparlera demain matin, je vais me reposer avant de reprendre la route."
Je ne réponds rien, je m'allonge simplement et regarde le feu, je pense qu'accepter sa proposition ne peux que m'aider, rien de grave ne pourrait arriver. Je ferme alors les yeux et m'endors sur ce qui me semble être la bonne décision.
Je me réveille avec le soleil, le feu s’est éteint pendant la nuit, le froid à été mordant, mais ce repos m'as fait le plus grand bien. Je me relève et vois le jeune homme ; dont je ne connais toujours pas le nom ; finir de ranger ses affaires dans une charrette attelée à un cheval, je m'approche de lui pour lui rendre sa couverture, il me tends en échange un morceau de pain accompagné d'un sourire, je le prends en le remerciant et me retourne pour contempler la forêt, ce lieu qui m'a abrité dix années durant jusqu'à hier, et aujourd'hui je m'en vais définitivement, sans aucun regrets si ce n'est ne pas avoir pu sauver celui que j'aimais. Je m'en vais sans aucun passé derrière moi, je n'ai que le futur qui m'attends, sans aucune idée de l'endroit où j'irai ou de ce que je ferais, la seule chose que je sais, c'est que je dois retrouver un assassin et lui faire payer son meurtre. Je ressasse mes souvenirs encore et encore dans ma tête quand je suis tirée de mes pensées par une phrase qui me figea sur place :
"Prête à partir Amélie ?"
La question étant : comment peut-il savoir mon nom ?

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