Des fleurs pour un idiot

2 minutes de lecture

La haine.

Je crois que c’est la première chose que j’ai ressentie lorsqu’il m’a sauvé.

La haine. Puis le déni.

Il ne pouvait pas avoir fait ça. Pas lui.

Il n’avait pas pu me faire ça. Pas à moi.

Le lâche, l’idiot, l’incommensurable ordure. Qu’avais-je fais pour mériter ça ?! Se rendait-il seulement compte de ce qu’il allait causer ?

Non, bien sûr. Ce n’était qu’une impulsion. Un geste désintéressé. Ah, il est beau le sauveur de la veuve et de l’orphelin. Ce n’est rien qu’un imbécile. Le pire de tous.

Il n’aurait pas dû faire ça.

Croyait-il que je lui en serais reconnaissante ? Était-il si obtus, si prétentieux pour croire une chose pareille ?! Sans doute, les faits sont là pour le prouver.

Il m’a sauvé.

Il est mort.

« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». C’est faux. C’est entièrement faux. Et complètement injuste.

Il m’a sauvé alors cela fait de lui un héros ? C’est faux. Il n’en était pas un. Même mort, cela n’y changera rien. Il reste un abruti de première.

Ceux qui partent n’en n’ont rien à faire d’être ou non des héros. Ils sont juste égoïstes. Il est égoïste.

On ne pense jamais à ceux qui restent.

Je devrais me montrer reconnaissante pour son sacrifice. Je devrais acclamer son geste et mettre des fleurs sur sa tombe. Je ne le ferai pas.

C’était de ma faute. La mienne. J’aurais dû mourir à sa place. Mais il a choisi seul de prendre la mienne.

Je ne pourrais jamais me débarrasser de ce poids sur ma conscience. Personne ne m’aidera pour ça. Personne ne me dira de quoi me soulager. Non. Il est mort, c’est un héros. Je dois simplement être reconnaissante. La culpabilité ne doit pas gêner son oraison funèbre. On ne juge pas les héros, on les glorifie.

C’était un idiot. Le pire que j’ai jamais connu.

Il est mort.

Et je ne peux même pas le rejoindre.

Parce qu’il est mort. Parce qu’il s’est sacrifié pour moi. Parce qu’il a donné sa vie en échange de la mienne. Maintenant je ne peux plus mourir. Pas comme je l’entends.


Il mort. Et je suis toujours là.

C’était peut-être un héros. Un héros stupide, un imbécile heureux qui ne méritait pas son sort. Mais un héros quand même. 

Et au final, il se retrouve tout seul.



Je lui porterais des fleurs. 

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire I-chan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0