Chapitre 18 - Une dernière chance
Justin
Je m’allonge dans l’herbe humide et laisse le vent glacé de l’automne souffler sur mon visage. Je suis mélancolique et je ne peux m’empêcher de m’en vouloir à mort pour ce que j’ai fait. Si Emmy ne me revient pas je mourrai car je n’aurai plus de raison de vivre. Notre liaison d’âmes-sœurs ne comptera pas et c’est pour cela que je dois essayer de la reconquérir coûte que coûte.
- Salut, me lance une voix assurée que je ne reconnais pas.
J’aperçois une fille aux cheveux blond foncé et au style hippie. Elle était présente lors de la réunion, elle ne doit pas être plus âgée que moi.
Je lui souris poliment même si j’ai envie de rester seul dans mes pensées.
- Je m’appelle Laurie, me renseigne-t-elle. Je suis une amie de Leslie et je me suis dit que ce serait sympa si on apprenait à se connaitre.
Ce doit être une combine de Cam pour me faire surveiller. M’envoyer des jolies filles est très intelligent de sa part mais depuis Emmy je n’ai plus cette addiction démesurée pour la luxure.
- Pourquoi pas, je réponds en jouant le jeu. Tu n’as qu’à commencer.
La fille écarquille les yeux de surprise, ne s’attendant pas à cette réaction.
- Je suis au courant de ton histoire, murmure-t-elle. Leslie m’a raconté la vérité sur toi.
Mon visage se ferme et mes poings se serrent.
- Je sais que tu t’en veux pour Emmy et les autres, continue-t-elle doucement.
Je plonge mes yeux dans son regard vert innocent qui me rappelle Emmy. Je décide de me confier à cette jeune femme. Je suis tombé tellement bas que je n’ai plus rien à perdre.
- Je sais qu’elle ne me pardonnera jamais mais au fond de moi je sens qu’il y a encore de l’espoir. Détruire LSG est la seule chose que je puisse faire pour corriger mes erreurs et encore … toute une vie n’y suffira pas.
- C’est vrai que ça va être difficile pour les gens que tu as côtoyés de te pardonner, ajoute-t-elle en posant sa main sur mon épaule. Et peut-être qu’ils ne te le pardonneront jamais mais tu devras avancer dans ta vie avec de nouvelles personnes.
Je lui souris car sa présence me rassure. Elle frissonne et m’entraîne à l’intérieur afin que de continuer cette discussion. La salle de sport est déserte et seulement éclairée par des LED.
Laurie s’approche de moi et me murmure à l’oreille.
- Je peux t’aider à tout oublier le temps d’une nuit.
Elle ne me laisse pas répondre et m’embrasse doucement. J’ai tellement de rage en moi qu’il faut que je me défoule. Je lui rends son baiser et la plaque contre le mur. Je lui arrache littéralement son t-shirt en explorant son corps de rêve. Elle essaye de me repousser mais je suis pris dans mon élan. Je lui enlève son pantalon et elle crie.
- Arrête Justin ! Tu es trop violent.
Je stoppe mon action et lui balance ses vêtements déchirés à la figure.
- Ne viens pas me chauffer alors ! je crache en sortant de la pièce.
Et voilà. Quand il n’y a pas Emmy, je redeviens le Justin violent et prétentieux.
Je grimpe au dortoir où la plupart des lits sont occupés. Je cogite dans ma couchette en cherchant un plan infaillible car je n’ai pas droit à l’erreur. Je m’endors, le cerveau embué d’informations.
***
Le lendemain je me dirige d’un pas assuré au dortoir des filles. La nuit m’a porté conseil et dans mon sommeil beaucoup d’idées ont germé. Dans un premier temps je vais aller m’excuser auprès de Laurie. La pauvre voulait se montrer sympa avec moi et je l’ai traitée comme de la merde. La plupart des filles disaient que j’étais un « connard égoïste et prétentieux », chose que je me suis gardé de dire à mon âme sœur.
Je trouve le dortoir rempli de jeunes femmes qui dorment. Je ne tarde pas à trouver Laurie enveloppée dans une couverture patchwork multicolore. Je secoue doucement son épaule pour la réveiller. Elle grogne et ouvre des yeux mécontents. Quand elle m’aperçoit elle se retourne brusquement pour ne pas croiser mon regard.
- Je suis désolé pour hier soir, je chuchote près de son oreille. Je me suis comporté comme un gros connard.
Elle se retourne lentement et nos visages ne sont plus qu’à quelques centimètres. Ses yeux ne lancent plus des éclairs et elle me regarde amoureusement.
- Je suis folle de toi sombre connard, murmure-t-elle. Depuis que je t’ai vu je meurs d’envie de coucher avec toi.
Je la regarde abasourdi. Cette fille est bipolaire ou simplement lunatique ?
- Je suis désolé mais je n’ai qu’un seul amour. Même si elle ne me pardonne pas elle sera toujours dans mon cœur. Je ne ferai pas l’erreur de t’embrasser une nouvelle fois.
- Juste une nuit, susurre-t-elle en caressant mon visage.
Ses yeux verts m’hypnotisent et mon cerveau commence à s’embuer. J’ai l’impression de perdre le contrôle lorsque ma bouche s’approche dangereusement de la sienne.
- Laurie ! tonne une voix derrière nous.
Une femme rousse d’une trentaine d’années se lève pour nous rejoindre. Le charme est rompu. Les autres lits s’agitent et les autres dormeuses émergent de leur sommeil.
Je suis tiré en arrière par cette femme qui semble très en colère.
- Laurie est une sirène, avoue la rouquine.
Elle me pousse hors du dortoir qui est interdit aux hommes.
- Elle a des nageoires et c’est la fille de Poséidon ? je demande en rigolant.
- Bien-sûr que non. Laurie a le don d’hypnose, c’est une capacité dérivée de l’empathie, m’informe-t-elle. Elle manipule tes envies et tes émotions. Ce pouvoir est très rare et puissant alors ne te laisse pas embobiner.
Sur ce, elle me claque la porte au nez. Je longe le couloir pour aller aux sanitaires avant que les autres ne se réveillent et prennent toute l’eau chaude.
Je pénètre à l’intérieur et aperçois Cam qui finit de se raser. Quand il me repère, un sourire mauvais se dessine sur ses lèvres. Depuis hier il arbore cette attitude qui me met hors de moi.
Je l’ignore et cherche une cabine éloignée. Un coup violent m’atteint à la tête et je percute le carrelage. Je suis complétement sonné et peine à me relever.
- Décidément, ce n’est pas ma semaine, je grogne.
- Tu es sur la liste noire de tout le monde, ricane Cam.
Il me donne un coup dans les côtes qui me fait cracher mes poumons. Je lui attrape la cheville et il bascule en arrière. Cam me saute littéralement dessus et nous nous donnons quelques coups par ci par là.
- Ça suffit, rage-t-il le visage aussi ensanglanté que moi.
Il se relève et se précipite sur sa veste. Je n’arrive pas à me relever à cause de la douleur qui me tenaille.
Ce connard pointe un flingue sur moi d’un air triomphant.
- Je vais faire ce que Jonas aurait dû accomplir depuis le début, fulmine-t-il.
C’en est fini de moi, pour de bon cette fois. Cam n’hésitera pas à me tuer. Il nourrit une haine sans limite contre moi depuis le début.
- Tu espères qu’Emmy te choisisse à ma place, je bégaie pour gagner du temps. Tu souhaites m’éliminer car tu es amoureux d’elle et tu veux le respect de tous les EDU une fois la guerre finie.
- Elle ne mérite pas quelqu’un comme toi, lance-t-il en s’approchant dangereusement de moi. Je les sauverai tous et j’éliminerai tous les soldats du labo jusqu’au dernier !
Je veux répliquer mais je peux sentir le métal froid de son arme.
C’est fini, je pense en fermant les yeux.
- Adieu Justin.
Alors qu’il s’apprête à tirer la porte s’ouvre sur Jonas et Guillaume. Je profite de la surprise de Cam pour projeter son flingue à l’autre bout de la pièce.
Le choc passé, les deux EDU se jettent sur Cam pour le maintenir au sol.
- Tu n’as pas fini de faire le con ! tonne Jonas par-dessus les protestations de mon ennemi. Tu n’as pas compris qu’on doit la jouer en équipe !
Ils emmènent Cam je ne sais où et reviennent m’aider. Ils me soutiennent jusqu’à l’infirmerie où je retrouve la femme rousse de tout à l’heure.
- Je m’appelle Claire, se présente-t-elle. Je suis le docteur de la Grange.
Elle m’examine le visage et le torse qui portent les traces des coups. Claire me soigne et proclame que mes côtes ne sont pas cassées mais que j’aurais des gros hématomes pendant plusieurs jours.
Je griffonne un plan d’attaque sur un carnet avant d’accepter de faire la sieste.
La porte s’ouvre sur Laurie et son sourire innocent. Cette garce m’a bien eu, elle cachait bien son jeu.
- Je suis désolée de t’avoir hypnotisé, lâche-t-elle en s’approchant doucement.
Malgré moi je suis tellement épuisé que je ne veux pas de nouveau entrer en conflit.
- C’est bon, je souffle. Le grand et fort Justin te lave de tous tes péchés.
Elle me fait un bisou sur la joue puis sort de l’infirmerie en riant.
Guillaume entre dans la pièce, dissipant mon trouble.
- J’ai un plan, je lance avant qu’il ouvre la bouche. Notre meilleure attaque est l’effet de surprise.
- Continue, dit-il intéressé.
- Ils sont une trentaine de soldats mais tous sont très bien entraînés. Si la Grange et le Foyer de Bretagne combattent, nous serons plus nombreux. Je propose de cacher une première équipe dans un camion qui entrera discrètement par la porte de livraison et endormira les scientifiques au passage. Libérer les prisonniers et notre but premier. Cependant, une fois l’alerte donnée et les entrées ouvertes, tout le monde partira à l’attaque. Nous devons détruire le labo mais également prendre des vidéos et des photos. Prévenir la police sera la phase finale.
- J’aime ton plan, me complimente Guillaume.
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