Le spectacle commence

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Kévin m’explique en détail mon rôle à jouer pendant la vente des « Roses éternelles ». Ne sourire à personne à part ceux présentés par Octave. Toujours paraître heureuse et épanouie aux côtés d’Octave. Me tenir droite et dominante face aux autres. Il m’a aussi demandé si c’était possible de paraître une amante amoureuse de son Maître. Lorsqu’il a fini de préparer ma tenue créée pour l’occasion, il me laisse seule. C’est une longue toge blanche très légère avec un décolleté plongeant en forme de cœur. La robe presque transparente laisse deviner mes jambes, mes hanches et ma poitrine. Un dos nu échancré laisse paraître les creux de mes reins avec une fine chaîne en argent maintenant ma robe au niveau des épaules. Un fin collier entoure mon cou où plusieurs diamants en forme de gouttes perlent sur ma poitrine, accorder avec mes boucles d’oreilles. Mes cheveux sont relevés en queue de cheval avec de belles boucles anglaises tombant sur ma nuque. Mon maquillage léger cache mes quelques imperfections et relève la beauté de mes traits. Dès que je suis prête, je retourne auprès de Kévin.

  • Alors ?

Il se retrouve et me regarde de haut en bas la bouche ouverte.

  • Je pense que l’effet souhaité est réussi. Je suis assez séduisante pour faire saliver ces gros porcs ?
  • Tu… Vous êtes magnifique, d’une beauté olympienne. Toutes les personnes n’auront d’yeux que pour vous. Vous êtes prête pour l’arène.

Kévin me prévient que nous sommes en retard, mais que l’effet ne sera que plus grandiose. Nous arrivons devant la salle. Octave me regarde et me prête son bras, pendant que Kévin me donne du courage pour surmonter cette épreuve.

L’amphithéâtre est identique, c’est long drap rouge tendu au-dessus de la scène, réunissant les hommes et les femmes les plus riches de notre peuple. L’ensemble des visages se tournent vers nous lorsque nous entrons dans l'hémicycle. Je reste droite le regard haut. Je dois jouer mon rôle, c’est mon instant de gloire. Octave me dirige vers notre place et j’entends les chuchotements et raclements de gorge à notre passage. Octave s’assoit, Kévin se place à sa gauche et je me dirige vers sa droite, lorsqu’il me prend par les hanches et me dépose sur ses genoux.

  • Mon magnifique joyau, vous serrez plus à l’aise assise.

Sa voix est douce et charmeuse. Sa délicatesse me touche et je sens le rouge me monter légèrement aux joues. Je lui souris et le remercie chaleureusement. J’ai entièrement confiance en Octave. Il sait comment être avec moi, pour ne pas me brusquer et me rendre à l’aise. Je regarde autour de moi et leurs regards en disent long sur leur désir. Notre arrivée a eu l’effet escompté. Je vois au loin Avarlas, les yeux pétillants et fiers, s’avancer vers nous.

  • M. Leconoistre, il est vrai que ma rose est devenue un magnifique joyau grâce à vous. Vous savez parfaitement tirer les meilleures qualités de vos achats. J’espère que vous informerez les gens, que JE vous ai vendu cette magnifique acquisition.
  • Avarlas, tu m’empêches de voir la vente.

Son ton et sec et dur. Avarlas se plie en se confondant en excuse et se place à la droite d’Octave. Ce n’est qu’un tas de chair dégoulinant de sueur terrorisée. Il tremble et sa voix est remplie d’angoisse.

  • Excusez-moi, M. Leconoistre. Je voulais simplement avoir la fin de mon payement.
  • La fin de ton payement ! Ta présence ici n’atteste pas de mon engagement envers toi ?
  • Bien sûr, mon bon monsieur, mais vous m’aviez promis la main de votre beau joyau.

Octave tourne son regard vers Avarlas. Avarlas baisse la tête et se recroqueville sur lui-même.

  • Mon doux saphir, veux-tu bien t’installer confortablement à ma place, le temps d’un instant.

Octave me prend la main et l’embrasse. Je rougis et le laisse se lever. Il m’aide à me rasseoir et embrasse à nouveau ma main. Un silence plane sur la vente. Le temps est arrêté.

  • Mon cher Avarlas, je ne pensais pas ton impertinence aussi profonde. J’étais sur le point d’honorer ma part, lors de l’entracte de cette vente, avant que tu ne m’embarrasses devant cette magnifique assemblée et que tu m’empêches de participer à cette vente. Tu cherches à m’humilier devant tous pour assouvir tes désirs. Je t’ai offert une place de choix pour participer à cette vente et tu craches sur mon hospitalité ! Je n’ai pas envie de salir mon diamant pur avec tes sales pattes. Je préfère te rendre ta marchandise et récupérer la mienne pour ne plus te voir ici.

Des hommes de M. Leconoistre se placent aux côtés d’Avarlas pour commencer à l’emmener.

  • Non, je vous en prie mon seigneur, je m’excuse de mon impertinence. Je ne vous embêterais plus. Je retourne à ma place de ce pas.
  • Tu m’humilies et me laisses sans compensation pour avoir craché sur mon honneur !

Tous les regards sont dirigés vers Avarlas. Les autres acheteurs s’impatientent. Léandre s’approche de nous.

  • Il est vrai, Avarlas, que tu ne fais pas honneur à cette magnifique créature, que tu nous as présentée l’année dernière.

Léandre se penche vers moi et me tend sa main. Je regarde Octave qui incline pour accepter sa requête. Je pose ma main sur celle que Léandre me tend et il me l’embrasse.

  • Quelle douce et magnifique créature, il y a bien longtemps que je n’avais vu une aussi belle femme. Je pense pour laver ton honneur Avarlas, tu devrais rendre à notre bon monsieur sa marchandise et retourner à ta place avant que tu ne puisses plus vendre tes chères esclaves.

Avarlas est figé par la peur et cherche quelqu’un dans l’assemblée pour le défendre, mais personne ne viendra à son secours.

  • M. Leconoistre, je vous rends votre marchandise et j’espère que nous pourrons continuer à faire affaire dans l’avenir.
  • Mon cher Avarlas, je vois que vous êtes un bon monsieur. Je viendrais chercher mon dû à la fin de cette vente. J’espère que vous apprécierez les enchères.

Avarlas se retire, les épaules baissées et le regard dirigé vers le sol. Sa réputation n’est plus, ses ventes seront bien moindres l’année prochaine. Léandre me fait un grand sourire.

  • J’ai un cadeau pour vous ma chère. J’espère vous le montrer lors de l’entracte. Mon bon Octave, vous avez là une bien belle acquisition que n’importe qui aimerait posséder, vous nous régalez les yeux à nous laisser l’admirer aujourd’hui.

Il se penche à nouveau et me fait un baise-main. Je me force à sourire. Léandre retourne à sa place. Octave me prend la main.

  • Ma pauvre émeraude, ces évènements vous ont bouleversés. Vous êtes toute tremblante. Laissez-moi vous réconforter sur mes genoux.

Il me relève et me rassoit sur lui, telle une enfant. Il me chuchote à l’oreille pendant que la vente reprend son cours.

  • Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité. Léandre ne pourra vous faire aucun mal tant que nous serrons là. Je vous le promets. Vous avez parfaitement joué votre rôle.

Je lui souris et regarde Kévin. Il est bouillant de colère. Il regarde d’un air assassin Léandre. J’essaie de captiver son regard pour qu’il se calme. Il me regarde et ses yeux s’adoucissent, mais sa colère reste bien présente.

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