Devenir forte
Thymothee a accepté de m’entraîner pour que je gagne en muscle et en souplesse. Dans un premier temps, il m’a montré les exercices de renforcement musculaire. Puis il m’a expliqué les règles de différents jeux. Cela m’a obligé aussi à plus m’alimenter, ce qui a été difficile dans les premiers temps. Je travaille encore beaucoup sur ça avec M. Anme, il est plutôt satisfait des résultats. Il a commencé une étude comportementale aussi sur ma vie solitaire pendant 8 ans.
Au bout de deux semaines d’entraînement, les courbatures étaient tellement douloureuses, que nous avons commencé à faire des exercices dans l’eau pour limiter les blessures possibles. Après un mois à avoir appris à utiliser l’ensemble de mon corps correctement, il a commencé à créer des parcours de santé. Pour ça, il y a une salle spéciale dans le complexe sportif. C’est une salle cubique de 20 m par 20 m, dans laquelle il est possible de programmer n’importe quels obstacles : échelle, des barres de suspension ou en de gym, mur d’escalade, bloc, poutre d’équilibre… Il complexifie chaque fois les épreuves, il peut même changer la gravité dans la pièce et la faire tourner. La première fois qu’il a changé la gravité, je suis tombée de plusieurs mètres par terre, car le plafond était devenu le sol. Il peut aussi changer la texture de la pièce, cela m’a permis de travailler mes appuis selon le type de surface au mur. Ma silhouette a bien changé au fur et à mesure des entraînements. Il a aussi réduit le nombre d’entraînements à une fois par semaine pour laisser à mon corps le temps de récupérer. La seule chose qu’il ne veut pas m’apprendre, c’est à me battre. Il considère que je n’en ai pas besoin ici et que je suis trop fragile mentalement pour le supporter. Je n’ai pas insisté, je ne voulais pas trouver une nouvelle personne pour m’entraîner.
Les jours où Thymothee n’était pas disponible ou que mon corps était trop douloureux, je passais mes journées à la bibliothèque pour étudier. J’ai travaillé tous les sujets que je trouvais : la médecine, la littérature, l’histoire, la psychologie, la physique, les mathématiques, les langues vivantes, mais aussi les langages de programmation, la géopolitique, le colonialisme de l’univers, la mécanique, la chimie, tout ce qui peut m’être utile. J’ai besoin d’accumuler le maximum de savoir, mais aussi de compétence pour élaborer le meilleur plan et ce bâtiment me le permet. Il a un hôpital où l’on peut observer les opérations, un laboratoire pour réaliser des expériences, des ateliers pour créer de nouveaux outils, il y a aussi un lieu qu’il appelle le Scholinstuniv, c’est un lieu d’échange de connaissances pour tous et dans tous les domaines qu’il existe. J’ai accès à tout ce que je souhaite sans limitation. À chaque fois que je fais des recherches sur un élément en particulier, j’ai reçu un message me permettant de contacter une personne qui pourrait m’apprendre plus sur le sujet. Au début, j’ai beaucoup étudié le piratage informatique et l’électronique pour concevoir un détecteur de microphone et caméra. Ça m’a permis de trouver 6 microphones et 3 caméras dans ma chambre, heureusement je n’ai rien trouvé dans la salle de bain. D’abord, j’ai eu envie de les détruire et après j’ai élaboré un plan pour me venger. J’ai tout reprogrammé pour y avoir accès depuis mon holomontre. J’ai laissé une caméra avec deux micros dans un placard de ma chambre. Je suis retournée au quai d’embarquement pour placer une caméra et deux microphones, pour voir l’ensemble du quai et entre les informations de la tour de contrôle. Je ne peux pas leur faire confiance. Je dois trouver des informations pour faire tomber leurs masques. Je suis donc allée au bureau de M. Leconoistre. Il était là avec son visage souriant.
- Elena, je pensais que tu ne souhaitais plus me voir. Je suis content que tu aies changé d’avis.
- Je viens pour avoir des nouvelles de ma mère.
Il m’a laissé entrer et m’a proposé de m’asseoir. Je suis resté debout et j’ai cherché discrètement les meilleurs endroits pour dissimuler ma caméra et mes deux microphones.
- Nous sommes en train de rassembler une large somme d’argent pour procéder à l’échange de ta mère.
- Vous pensez qu’il acceptera aussi facilement ?
- Léandre est avare. Il est facile à corrompre.
- D’après ce que vous m’avez dit la dernière fois, ma mère est bien plus que n’importe quel trésor pour lui. Elle est la femme qu’il a toujours rêvé d’acquérir. Vous ne la récupérerez pas grâce à ça.
- Je comprends que cela t’inquiète et que tu veux revoir ta mère, mais se battre contre Léandre pourrait nous coûter très cher. Nous sommes habitués à ce genre de transaction. Laisse-moi m’en occuper. Fais-moi confiance.
Confiance, c’est un mot qui sonne mal venant de sa part. Il m’a surveillé depuis mon arrivée, je ne peux pas lui faire confiance. Il fallait qu’il sorte de cette pièce, pour que je puisse cacher ma caméra. Je me suis approchée de la table où deux verres et une carafe d’eau étaient posés. Je me suis servi un verre.
- C’est vrai que je ne t’ai pas demandé si tu souhaitais boire quelque chose. Tu as peut-être faim ?
- C’est gentil, merci. J’aimerais un verre de jus de canneberge et des gâteaux aux chocolats au lait.
Dès qu’il était sorti de la pièce, j’ai installé ma caméra pour avoir le meilleur angle de vue, avec un micro sous bureau et un autre près de la porte d’entre. J’ai vérifié qu’ils n’étaient pas visibles et je fouillais un peu partout. Sur son bureau, il y avait une jolie photo de famille. C’était un couple avec un garçon souriant, sûrement M. Leconoistre. J’ai cherché un prénom ou d’autres informations complémentaires sur lui, dans ses papiers, mais rien, aucune trace. J’ai aussi inspecté sa bibliothèque, il n’y avait rien de bien intéressant. Il m’a surprise dans mes recherches.
- Tu cherches quelque chose ?
- Non, pourquoi ? Je vous attendais et j’admirais votre collection de livres.
Il s’est alors approché et m’a tendu un verre et des gâteaux.
- Tu n’es pas une bonne menteuse. Pourquoi es-tu venu ?
- Je vous l’ai dit pour avoir des nouvelles de ma mère.
Il s’est encore plus rapproché de moi et m’a surplombé de sa hauteur.
- Si je n’arrive pas à récupérer ta mère, que comptes-tu faire ?
- Je pense que j’essayerais par mes propres moyens, car les vôtres ne servent à rien.
Il a approché son visage du mien, cette pression invisible qu’il m’imposait m’a fait courber le dos et la tête.
- Et de quelle manière, vas-tu t’y prendre ?
- Je contacterais Léandre et lui ferais une proposition qu’il ne pourra pas refuser.
Il me transperçait encore plus avec son regard, je sentais l’air devenir irrespirable.
- Quelle proposition ?
- Je ne sais pas, cela dépendra de ce qu’il veut.
Je voyais ces yeux se balader sur les miens à la recherche d’une vérité que je ne connaissais pas. Cet interrogatoire me mettait de plus en plus mal à l’aise. J’ai commencé à reculer et l’observer horrifiée. Il s’est alors reculé et a dissipé cette tension. Son regard inquisiteur s’est soudainement transformé en peine.
- Tu sais mieux que personne que cet homme est un monstre de la pire espèce. Tu ne peux pas t’y fier.
Il a alors tendu une main vers moi. J’ai reculé instinctivement. Il a refermé son poing et l’a laissé retomber.
- Mais nous allons récupérer ta mère. Je te le pro…
- Ne dites pas de mot que vous pourriez regretter. Merci pour l’encas, je vais retourner à mes occupations.
- Elena, s’il te plaît. Laisse-moi du temps.
- Faîtes-ce que vous voulez, j’en ferais de même. Au revoir.
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