Faire connaissance

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Ne pouvant plus m’entraîner à cause de mon bras, je commence mes recherches sur le réseau caché des esclaves. J’arrive grâce aux informations transmises par l’esclave lors du marché, à retrouver son pseudonyme RatusVerdus. Les échanges sont longs et ponctuels. L’attente de ses réponses me donne la sensation d’être un ours en cage. Cette chambre va me rendre folle. J’ai récupéré une de ses feuilles numériques, me donnant accès à toutes les informations que je souhaite comme sur mon ordinateur. Je la glisse dans mon sac avec un peu d’eau et une veste. La vue des arbres et la chaleur sur mon visage me laissent un léger sourire. La brise balaye mes mèches et m’apporte le doux parfum des fleurs. Je cherche un endroit calme pour rattraper mes années d’ignorances. Alors que je marche au bord d’une étendue d’eau, je croise Octave. Il est en pleine conversation avec un autre homme. Ils se tiennent la main, mais l’autre homme semble maussade. Octave m’aperçoit et s’avance vers moi avec l’homme.

  • Bonjour Elena, voici Auguste. C'est mon mari.

Auguste s'avance avec un grand sourire. Je le lui rends en m'éloignant de sa main tendue.

  • Bonjour ! C'est rare de vous voir loin de M. Leconoistre.

Auguste se referme au nom de M. Leconoistre. Octave s'en aperçoit et serre affectueusement la main d'Auguste.

  • Oui, c'est mon jour de repos. Nous allons te laisser.

Ils repartent, mais le ton d’Auguste est sec envers Octave. De le revoir, cela me rappelle notre dernière conversation. Je dois faire des recherches sur ce fameux M. Leconoistre, ses orgines, son identité. Pour défaire l’ennemi, il faut connaître ses faiblesses. Depuis notre combat, il n’arrête pas de m’appeler et m’envoie des messages. Je l’évite et reste muette. J’espère ne pas le revoir dans les deux prochaines semaines. Après avoir marché une dizaine de minutes, je trouve une petite clairière cachée des jardins. L’endroit idéal pour travailler. Un cygne dort tranquillement au milieu de la clairière sur une petite mare. Je m’installe au pied d’un grand rocher. Je dois en apprendre plus sur le réseau d’esclaves, Léandre et ma mère, le passé de M. Leconoistre et la planète sur laquelle je me trouve qui se nomme Libertia. La journée passe et je n’ai pas fini mes recherches. Je retourne à ma chambre. Les jours suivants sont identiques à celui-ci. Je me lève, prends un repas et pars à ma clairière pour travailler. Mon épaule me fait principalement souffrir la nuit, mais la douleur s’atténue peu à peu. Je passe la plupart de mes journées seules et cela me permet de rester concentrer sur mes recherches. Je flâne de plus en plus en allant à la clairière à admirer les fleurs et les animaux. Lorsque je regarde un parterre de fleur dont les pétales sont bleu nuit, quelqu’un m’interpelle.

  • Elena !

M. Leconoistre s'avance vers moi avec un grand sourire.

  • Comment vas-tu ?
  • J'ai mal à l'épaule.

Je lui montre mon bandage et reprends mon chemin. Il s'interpose devant moi.

  • Je n'ai aucune excuse. Je n'ai pas fait attention. J'ai essayé de te contacter pour prendre de tes nouvelles, savoir si tu avais besoin d'aide avec ton bras. Je peux porter ton sac si tu veux.

  • Non, merci. Je n'ai pas besoin de votre aide. La dernière fois que vous avez essayé, ça s'est mal terminée.

Je soupire d'énervement.

  • Vous essayez de vous faire passer pour quelqu’un d’altruiste, alors que vous n’êtes qu’un égoïste. J’ai lu votre miséreuse histoire. Vous avez berné tant de gens par la bouleversante mort de votre mère, mais je ne suis pas dupe. Alors, laissez-moi tranquille.

M. Leconoistre sert les mains et les dents. La colère qui monte en lui me fait peur. Je vois dans son regard, qu'il pourrait me tuer immédiatement.

  • Tu n'es ... pas la seule ... à avoir ... souffert.

Sa respiration est hachée. Il n'arrive pas à desserrer les dents. Il a du mal à retenir sa colère et provoque la mienne. Je m'avance vers lui.

  • Comment pourrais-je le savoir ? Vous savez tout de moi et je ne sais rien de vous. Je vous dois une confiance aveugle, alors que vous m'avez acheté, menti et blessé.

Sa rage se calme légèrement et la mienne explose.

  • Cette histoire tragique n’est qu’une propagande de pitié à votre égard, pour que vous puissiez facilement les manipuler. Vous voulez leurs désirs, leurs peines soi-disant parce que vous les avez sauvés, mais c’est pour mieux jouer avec eux et les détruire. C’est ça que vous voulez en cachant votre prénom à tous. Pour que personne ne connaisse vos faiblesses et que vous restiez intouchable. Ne cherchez pas à vous rapprocher de moi.

Je repars vers ma clairière. Il m'attrape le bras.

  • Galahad, je m'appelle Galahad.

Il a retrouvé son calme. De sentir la chaleur de sa main sur mon bras m’apaise. La douceur dans sa voix, calme ma respiration. Son visage d’enfant adoucit ma colère.

  • Laisse-moi te raconter ce qu’il c'est passé.

Il m’invite à m’asseoir sur un banc avec lui. J’hésite.

  • Après vous me laisserez tranquille ?

Il hoche la tête en soupirant. Je m’assois en espérant que je ne le reverrais plus.

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