Base militaire de la Cité impériale, capitale de l'Empire, Utopia, 22 juillet 2010

Jo apprit par les médias Impériaux que Issalia avait été "sauvée" par un assaut conjoint des forces Impériales et Véerèmes. La puissance des deux armées suffit à faire fuir les guerriers de l'ombre. Après quoi, la Cité-Etat fut entièrement placée sous le contrôle du Véerème. Le temps de faire le ménage parmis les dirigeants et d'écarter ceux qui avaient facilité l'entrée des Amal'Guriens dans la cité.

Voilà comment Jakaï avait pu envoyer des hommes à Issalia, comprit Jo, la corruption. D'après ce qu'on disait à la télé, ces dirigeants corrompus avaient eu peur d'une autre guerre. Et sentant que le Véerème avec qui ils avaient un accord de défense, était sorti affaibli du dernier conflit, ils ne le sentait plus capable de les protéger et avaient misé sur Amal'Gur.

— Quelle bande de cons, dit Jo.

— J'avoue, compléta Tao, qui était assis à ses côtés. Mais après, peut-être qu'ils n'ont pas eu le choix. Peut-être que Jakaï les a forcé à le faire.

— Ouais, possible, répondit Jo avant de plonger dans ses pensées.

Il aurait voulu être là-bas lors de l'assaut. Il aurait voulu porter secours à Taia et Dean. Le journal TV ne parlait pas de ces deux adolescents. Est-ce qu'ils s'en étaient sortis ? Ewan Robb entra dans la pièce, salua Tao avant de s'adresser à Jo.

— Je peux te parler ?

Le garçon répondit d'un oui de la tête et suivit l'officier Impérial jusqu'aux couloirs.

— On m'a dit que durant ton séjour à Issalia, tu avais fait la rencontre de deux adolescents Amal'Guriens, reprit Ewan.

— Oui. Des déserteurs apparemment.

— Les Véerèmois ont intercepté un véhicule dans lequel deux jeunes Amal'Guriens se trouvaient.

— Taia et Dean ?

— Je crois me souvenir que ce sont leurs noms oui. D'après les Véerèmois.

— Ils vont bien ?

— Ils sont apparement salement amochés, mais leurs jours ne sont pas en danger. La jeune fille leur a même demandé de te dire que tout allait bien. Et qu'ils te remerciaient pour tout.

— Pour tout ? Mais... Je n'ai rien fait. J'ai fui quand elle me l'a demandé et... Et j'aurais dû être là quand...

Le Général Robb interrompt le garçon en posant la main sur son épaule.

— Calme toi. D'après l'Agent Talon, tu as été impliqué dans une fusillade entre le groupe résistant et des Amal'Guriens, c'est vrai ?

— Oui. Et j'ai sauvé la vie de Taia.

— Tu vois ? Tu as fait quelque chose. Tu as sauvé la vie de cette jeune fille.

Jo réalisa qu'effectivement, il avait effectué une bonne action. Mais les scènes de fusillade revinrent dans son esprit. Elles étaient accompagnées de tous les sermont qu'aurait pu lui faire Ewan Robb pour avoir été pris dans ces escarmouches.

— J'aurais pas dû me retrouver là-bas, admit-il. Je me suis mis en danger. Je ne devrais pas. Enfin... C'est qu'on me dit tout le temps en ce moment.

— L'Agent Talon ?

— Oui... Entre autre. Elle ne semble pas m'apprécier.

— C'est une Agent Impériale. Elle est habituée à opérer seule.

— Et à user de méthodes peu conventionnelles oui.

L'officier Impérial fronça les sourcils, devinant que Jo ne disait pas cela par hasard.

— Je sais, avoua Robb. Mais parfois, il faut savoir se détacher de ses principes pour protéger les populations.

— C'est ce que qu'elle m'a dit oui. Mais même au point d'utiliser la torture ?

Robb vérifia les alentours. Le garçon et lui étaient seuls. Il pouvait répondre au garçon sans être entendu.

— Officiellement, nous n'utilisons pas ces méthodes. Mais on sait que certains de nos agents y ont recours à de très rares occasions.Parfois, nous n'avons pas le choix si on veut sauver des dizaines ou des centaines de vies. Parfois même plus.

Avec le recul, Jo comprenais parfaitement. Mais il était également conscient que si un jour il devait agir de la sorte, il n'arriverait sûrement pas à franchir le pas. Il était trop attaché à ses principes. Fidèle à lui-même, à ses propres valeurs et aussi trop sentimental, bien qu'il le cachait. L'Agent Talon avait raison. Elle, tout comme certaines de ses amis, avait réussi à lire en lui. Il n'avait rien d'un agent Impérial. Il n'était qu'un gamin de seize ans qui avait réussi par un énorme coup de poker, à dérober un véritable bijou qui le rendait plus sûr de lui : l'armure X. Néanmoins, cette carapace lui permettait de vivre tellement d'aventures, qu'il n'était pas prêt de s'en débarrasser.

Le garçon décida de laisse de côté cette histoire de torture et de revenir sur les deux adolescents Amal'Guriens.

— Qu'est-ce qu'ils vont devenir Taia et Dean ?

— Pour leur sécurité, ils seront transferés à l'hôpital de Véerème-City. Après quoi, les Véerèmois ont prévu de les interroger afin d'obtenir le plus d'informations possible sur Jakaï et son armée. Ils seront traités en tant que réfugiers et non comme des prisonniers. Avec une protection renforcée. Personne ne saura où ils seront.

— Super, conclut Jo, comprenant par la même occasion qu'il ne les reverraient probablement jamais.

— À l'avenir, essaie de ne pas t'aventurer trop à l'Est. Ça devient dangereux là-bas.

— C'est noté.

Jo s'appretait à retourner avec ses amis lorsqu'une question jaillit dans son esprit.

— Tu crois qu'il y aura une nouvelle guerre ?

La façon dont Jo lui posa la question, sans une once d'inquiétude, ne l'étonna guère. Jo avait grandi pendant la dernière guerre. Il avait cotoyé les Commandos MOCH, fréquenté l'armée Impériale, vu les troupes véerèmes et efdéèmes en action et avait même regardé, les yeux dans les yeux, le Paranormal le plus puissant d'Utopia : Jack Lorage.

— Je n'en sait rien. Le Véerème a convoqué tous ses alliés ainsi que des représentants Amal'Guriens pour discuter d'un accord afin de préserver la paix. Espérons qu'elle porte ses fruits.

— Mais il n'y a rien de sûr ? Tu n'y crois pas un seul instant pas vrai ?

— Tout dépendra de la volonté des Amal'Guriens. Nous serons fixés après cette réunion.