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Du temps passa. Noël, les vacances, tout ça.
Perso je gérais des histoires avec plusieurs mecs en même temps. Ils n’étaient pas trop jaloux, et avaient peu de chances d’un jour se croiser, mais ça m’occupait pas mal. A défaut de tomber amoureux.
Janvier. Gala des anciens. Super sapés. J’avais changé de mec, mais passai toute cette soirée là à le quitter. Je fumai un paquet de clopes complet. Toi, tu étais très chic, pour une fois. Ça m’a coupé les mots, un moment.
Tu étais très occupé à deux choses. La première, étoffer un réseau inconscient, car au bout de 6 mois d’école seulement, tu connaissais déjà presque tous les 5èmes années. Deuxièmement, tu faisais le con avec tes potes, ce que ma foi tu savais bien faire.
À un moment tu m’as attrapé par la taille, et tu m’as fait tourner. J’avais beaucoup ri. Au milieu de ce grand Nawak en costume cravate, nous nous étions fondu dans le décor. Tu avais replacé une mèche derrière mon oreille, et avait posé tes lèvres au coin des miennes.
Assez pour que je m’interroge. Mais encore une fois, tu avais éclaté de rire, et m’avais laissé en partant d’un signe de la main.
Te moquais-tu de moi ? Non. Je ne l’ai jamais pensé. Parce que tes yeux étaient sincères. Ils cherchaient quelque chose. Que tu mis du temps à trouver.
Ça ne m’avait pas plus travaillé que ça. Tu étais connu pour être libéré. Ouvert. Tu t’étais baladé tout l’hiver en t-shirt et en short. Nous on grelottait en doudoune en plumes.
Tu étais également connu pour ne jamais fermer ta porte, et ne jamais refuser quiconque la franchissait.
Étonnamment, je n’ai aucun souvenir de toi avec une fille. Ni avec personne d’ailleurs. Comme si tu étais asexué. Dans notre vie en vase clos où tout se savait dès le lendemain, c’était surprenant.
J’avais vu mon nom affiché un jour, au milieu d’autres, posté en grand sur le mur à ragots. Ça alimentait les discussions au café. Sauf que je n’avais aucun souvenir d’avoir passé la nuit avec l’autre personne affichée. Et comme j’étais du genre discret… l’affaire retomba sans faire de vagues au bout de quelques jours.
Mais ton nom à toi, n’apparut jamais sur ce grand tableau blanc. Avec le recul, j’aurais dû te demander pourquoi.
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