Chapitre 2: Les donjons de Gruzub

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Le seigneur Galduil arriva à Fedolion. Le ciel était nuageux. Il chevauchait un dragon blanc et doré à la tête fine. Le roi lui dit : « Roi elfe ! Que nous vaut ta présence parmi nous ?

—Votre majesté, je viens apporter des informations très importantes au sujet de Gruzub.

— Cela a intérêt à être justifié. Nous sommes fort occupés.

— Une prophétie venant des dieux dit qu’une personne digne de manier l’épée magique de Sabril, assistée de cinq vaillants compagnons renversera Gruzub. » Déclara Galduil en ouvrant un coffre.

Dans la mystérieuse boîte, se trouvait une épée à la poignée rouge dont la lame était ornée de motifs elfiques. Daren demanda, curieux : « Comment savoir si une personne mérite de la porter ?

Ses oreilles pointues étaient toute ouïe.

— Celui qui pourra brandir cette épée en verra la lame étinceler. Les étoiles disent que l’élu est ici. »

Mélissandre s’émerveilla devant l’arme : « Je n’ai jamais vu d’épée comme celle-ci ! Puis-je la regarder de plus près ?

— Oui. De toute façon, il n’y a aucun risque que… » Commença le roi.

Au moment où Mélissandre posait ses doigts sur l’épée, la lame se mit aussitôt à briller, laissant son entourage sans voix. Elle empoigna l’arme légendaire.

Daren sourit : « Mélissandre, on dirait bien que tu vas aller te frotter à l’aventure ! », pas peu fier que son amoureuse soit l’Élue.

Galduil remit l’épée à Mélissandre tandis que le roi fit une proposition : « Mélissandre doit choisir ses comparses. Il lui faut un entourage digne de confiance. Aussi, dès demain, je vais réunir les meilleurs combattants des royaumes alliés, afin que Mélissandre puisse faire son choix. C’était déjà fait, mais il ne s’en doutait évidemment pas.

— Mes meilleurs elfes également. Lorsque Mélissandre aura choisi ses quatre premiers compagnons, elle devra se rendre à l’auberge des deux marmites qui se trouve à quelques pas d’Alfheim où un de mes amis ainsi qu’un cinquième comparse l’attendront pour lui donner de plus amples informations sur la quête, ajouta Galduil.

— Pourquoi ne nous accompagnez-vous pas ? Daren a dit que vous avez de puissants pouvoirs ! demanda la princesse.

— En tant que roi, il est hélas de mon devoir de veiller sur mon peuple. Tel est ma priorité. Si Gruzub envoie un raid à Alfheim, je dois pouvoir défendre le village et la forêt. De plus, tu n’ignores pas que j’ai déjà perdu contre Gruzub. En revanche, Gruzub ne pourra sans doute rien, face à la pureté et l’innocence. Il n’en connaît pas la force. Cette arme fantastique peut contrer les sortilèges de magie noire. Sache que le possesseur de l’épée magique de Sabril, grâce à l’aide de ses compagnons pourra terrasser les forces du mal.» expliqua Galduil en donnant une grande carte à Mélissandre.

Le lendemain, Mélissandre se trouvait dans la cour du château entourée de quelques guerriers triés sur le volet, provenant de plusieurs royaumes, et choisit comme elle avait prévu ses compagnons de route : « Je veux Daren de la maison Baradras, le prince Jocelin de Clivaros et Solène de la maison Celeborn. Mais je ne sais qui prendre comme quatrième compagnon… »

Une sélection très personnelle ! Jocelin s’approcha de la princesse et lui chuchota : « Mon royaume s’est allié à un peuple barbare, et nous avons enrôlé dans nos rangs une redoutable combattante, que l’on surnomme la Louve de Clivaros. Son vrai patronyme est Nyméria, de la maison Valgrulfr. Une furie qui a osé infiltrer plusieurs donjons, toute seule. Ce serait dommage de ne pas la recruter. » Confiante, Mélissandre annonça : « Je vais t’écouter, et prendre cette fameuse Nyméria!! » Une femme aux cheveux rouges hirsutes, vêtue de peaux de bêtes, portant une imposante hache, s’avança en exhibant fièrement les cicatrices qui ornaient son corps musclé et en racontant davantage que bien des mots. Solène, comme à son habitude, ronchonna. « Oh non ! On va avoir une de ces sauvageonnes avec nous ! Elle manque tellement d’un minimum d’élégance, regarde comment elle est attifée !

— Je te donne un conseil. Reste loin de moi si tu ne veux pas recevoir ma hache en pleine tête ! Je ne vous accompagne que pour me battre, par pour danser à la cour ! Menaça Nyméria, tandis que Solène se plaçait aux côtés de Daren. Ce n’est pas d’une noblionne au visage peinturluré dont vous aurez besoin. Mais de ça.

Elle leva la lourde hache, en guise d’argument imparable.

— Cessez de vous disputer, et écoutez plutôt ce que nous aurons à faire ! Laissa tomber Jocelin, agacé. On dirait deux poissonnières au marché ! Aussitôt les deux femmes se turent. Enfin.

— Demain, nous nous donnerons rendez-vous à Alfheim. Prenez le nécessaire pour faire face à toute mauvaise rencontre. Une couverture, de quoi payer, des armes et des équipements de survie, suggéra Mélissandre.

—Très bien. Mélissandre, je te propose de passer la nuit chez moi. Ma mère pourra te trouver une tenue plus adéquate pour te battre et je t’apprendrai à manier ton épée, proposa Daren.

— Je vais dire au revoir à mes parents et nous partirons. »

Les membres du groupe rentrèrent chez eux afin de se préparer pour le lendemain. Mélissandre prit 40 pièces d’or et 20 pierres précieuses, ainsi qu’une fiole d’eau bénite, puis accompagna Daren chez lui, Solène à ses côtés.

***

Arrivée chez Daren, Mélissandre salua les parents de l’elfe. Dame Elora lui dit : « Quel dommage que vous soyez destinée à accomplir cette lourde tâche qui est de vaincre Gruzub ! Si vous n’étiez pas été choisie, le mariage aurait eu lieu et tu aurais pu nous donner un héritier.

— J’en suis navrée, dame Elora, s’excusa Mélissandre. Tout ceci doit être repoussé...

— Je vous ai préparé une tenue plus convenable pour voyager et vous battre. »

Dame Elora présenta à la princesse un set de voyage, composé d’une chemise rose bouffante, un corset en cuir, un pantalon pourpre et des bottes brunes. Mélissandre essaya les vêtements puis remercia la mère de Daren : « Tout ceci est fort joli et agréable à porter! Cela change de mes robes princières! Je vous rends grâce de toute cette gentillesse envers moi.

— C’est est normal. Daren, j’aimerais que tu apprennes à présent à Mélissandre comment manier son épée pour éviter une mort stupide ou trop rapide.

— Bien, mère. » Répondit Daren.

L’elfe emmena Mélissandre dans la cour, ou une brise soufflait doucement, puis lui dit : « Première leçon : On tue l’ennemi avec le bout pointu. C’est mieux.

Il sourit en disant cela, mais elle demeura sérieuse.

— Très bien.

— Vu que ceci est juste un entraînement, nous utiliserons des épées en bois afin que personne ne se blesse. »

Daren dénicha deux épées factices et en donna une à Mélissandre. L’elfe lui dit alors : « Allons-y, mon chaton!

— J’y vais… répondit Mélissandre, ses mains peu habituées à manier les armes tremblant légèrement.

— On dirait que tu sucres les fraises ! Une fois l’épée en main, toute hésitation n’est plus permise. Le roi Gruzub ne te laissera aucune chance !

— Désolée ! »

Daren chargea avec son épée si brusquement que la princesse, surprise, fit tomber son épée au sol. Il piqua le corps de Mélissandre avec la pointe de son épée, et dit d’un air amusé : « La partie est finie ! Tu es morte. Fin de l’épopée.

— Je suis nulle ! Je n’ai jamais appris à combattre, moi !

— Pourtant, il faudra que tu t’y mettes ! Le destin en a décidé ainsi.

— C’est que je ne veux pas te faire mal !

— Bien sûr ! dit son amoureux d’un ton moqueur. Allez ! Relève-toi ! Et cette fois-ci, imagine qu’à la place du beau Daren, se trouve un démon qui a pris mon apparence !»

L’elfe prit la main de Mélissandre pour l’aider à se relever et échangea quelques passes d’armes avec elle. Mélissandre pensa à un de ces monstres provenant des histoires qu’on lui racontait puis essaya de toucher Daren qui l’encouragea : « On dirait que tu t’améliores ! » La princesse, l’observant, décida d’imiter le jeu de jambes de Daren et arriva au bout d’un moment à prendre le dessus. L’elfe lui fit signe d’arrêter : « C’est bon, ma princesse ! La partie est finie. J’ai l’impression que tu as compris la leçon. La magie devrait faire le reste...»

Ils rangèrent les épées en bois puis allèrent préparer leurs équipements pour le lendemain. Ils prirent un sac chacun, et le remplirent. Mélissandre y mit une couverture rouge, ses 40 pièces d’or, ses 10 pierres précieuses, son eau bénite, une gourde, sa carte du monde pliée et quelques petits gâteaux. Daren, lui, prit un sac vert qu’il remplit avec une couverture verte aux motifs floraux, une corde, un livre sur les plantes, 20 pièces d’or, des herbes d’assaisonnement, quelques plantes médicinales, une gourde, des couverts, une petite marmite, du lambas, une lyre et des outils de crochetage. Une fois que les préparatifs furent terminés, Mélissandre et Daren allèrent dormir ensemble.

Le lendemain matin, la princesse et l’elfe prirent leur petit déjeuner, se préparèrent et quittèrent la maison en saluant les parents de Daren qui leur souhaitèrent bonne chance. Mélissandre et Daren se dirigèrent vers la place du grand marché où Solène, Nyméria et Jocelin les attendaient. La barbare demanda : « Et maintenant ? » Mélissandre déploya la carte et désigna un endroit : « Nous devons nous rendre à l’auberge des deux marmites. Et c’est à…Tolben. » Puis, le groupe traversa Alfheim, d’un pas décidé. Lorsque la cité fut derrière eux, ils marchèrent à travers des champs. Mélissandre pose des questions : « Comment est cette auberge ?

— C’est une taverne pour les aventuriers. Il n’y a pas que des elfes. J’y allais avec mes parents lorsque j’étais jeune, expliqua Solène.

— On est sûrs qu’il n’y aura pas que de la salade, ça c’est sûr. » Répondit Nyméria.

Dans les champs, des elfes paysans dévisagèrent les aventuriers. Une paysanne commenta : « Une barbare avec deux elfes et deux humains, quelle drôle d’équipe ! » Un paysan qui reconnut le blason de la maison Baradras sur la cape de Daren le héla : « Bonjour messire ! Où allez-vous donc avec tout ce beau monde ?

— Nous allons vaincre le roi Gruzub pour sauver notre monde à tous.

— Bon courage, car il va vous en falloir, ma foi !

— A mon retour, je vous raconterai toute cette aventure.

— J’attends votre retour avec impatience. Je ne bouge pas : ma femme et ma famille avons assez de labeur jusqu’à ce que ceux d’entre vous qui ne seront pas morts viennent causer avec d’humbles culs-terreux...»

Sur ces paroles entre mépris et raillerie, le petit groupe continua sa route, et bien plus tard, un panneau en bois indiqua enfin « Village de Tolben ». Ils suivirent le panneau et entrèrent dans un petit village dans lequel des elfes vêtus avec des tenues plus modestes que les leurs les dévisagèrent. Nyméria leur demanda froidement : « Vous avez un problème ? » Les villageois détournèrent leur regard, craintifs, et firent comme s’ils n’avaient rien vu. La princesse interrogea Nyméria, curieuse : « Comment as-tu eu ces cicatrices ?

— Ce sont des blessures de guerre. Pour moi, ce sont juste des souvenirs des redoutables combats auxquels j’ai participés. C’est mon livre de souvenirs. » Expliqua Nyméria.

Un paysan croisa leur chemin. La princesse s’adressa poliment à l’homme, dont une oreille avait été coupée: « Bonjour messire ! Puis-je savoir où se trouve l’auberge des deux marmites ? » Le paysan qui trouve la princesse fort aimable pour une humaine, lui répondit : « L’auberge est derrière la deuxième maison à droite.

— Je vous en remercie, mon brave. »

Le groupe arriva ainsi à l’auberge et ce fut la barbare qui poussa la porte. Les aventuriers s’installèrent autour d’une grande table, tandis qu’une servante joufflue vint vers eux, et leur demanda : « Qu’est-ce que je vous sers ? Le plat du jour est de l’ours mariné à la cervoise !

— C’est un plat de guerriers ! C’est ce qu’il me faut ! répond Nyméria, en secouant sa tignasse de côtés avec enthousiasme.

— Moi aussi ! Répondit Jocelin.

— Il y a des salades ? demanda Daren.

— On doit en avoir encore, si les cochons n’ont pas tout bouffé. Je plaisante, dit la servante en riant bruyamment.

— Donc, Nous prendrons deux ours à la cervoise et trois salades, demanda Mélissandre. Et à boire. Nous avons de la route !

— Je vous apporte ça ! » Répondit la servante qui fit demi-tour, en direction de la cuisine.

Mélissandre regarda autour d’elle et vit toutes sortes d’espèces : des humains, plusieurs types d’elfes, des faunes, des fées, des barbares… Ils n’étaient pas sectaires, dans cet établissement. Pendant ce temps, Solène et Daren écoutaient la chanson du barde. Soudain, une voix enfantine cria : « Quand est-ce que les aventuriers arrivent ? » En entendant cette voix, Solène se retourna et aperçut deux elfes en robes de mage assis sur un banc près d’une fenêtre. Il y avait un enfant et un elfe plus âgé qui le fit taire. Solène fit un signe à Mélissandre et lui dit tout bas : « Les deux elfes près de la fenêtre n’ont pas l’air d’être du coin ! Ils sont habillés à peu près comme ceux d’Alfheim. » Mélissandre tourna la tête et les regarde : « Galduil m’a dit qu’un de ses amis nous attendrait ici… Il y a des chances que ce soit l’un d’eux ! » La serveuse déposa les plats sur la table et repartit, puis le groupe se mit à manger avec appétit. Mélissandre dit : « J’aurais tellement aimé que Galduil nous accompagne !

— En tant que roi il ne peut pas. S’il laisse son royaume sans personne pour le protéger, il risque de subir une usurpation du trône ou alors, un raid de la part de Gruzub pourrait tout anéantir. Dans le passé, mon royaume a connu plein de malheurs tels que cela. » Expliqua Jocelin.

En écoutant la conversation, le grand elfe accompagné du plus petit rejoignirent le groupe. Daren leur demanda : « Que voulez-vous donc ?

— Je vous ai entendus parler du seigneur Galduil et du vil roi Gruzub. Il y a de fortes chances que vous soyez les aventuriers envoyés pour tuer Gruzub. Et c’est moi que le seigneur Galduil vous a envoyé afin de vous éclaircir sur votre quête, fit le grand elfe.

— Qui êtes-vous ? demanda Jocelin , suspicieux.

— Un elfe archi-mage. Je me nomme Elyon de la maison Sardoine et je vous présente mon jeune frère Toriel qui est encore apprenti. Il vous accompagnera. »

Elyon était grand, avec des yeux gris et des cheveux noirs tressés ; sa robe de mage violette et turquoise lui arrivait juste au-dessus des chevilles. Toriel, par contre, était encore presque un enfant, ses cheveux roux clair courts et ondulés éclairaient ses grands yeux bruns. Il portait également une robe de mage, mais la sienne était rouge, et dans son sac en bandoulière, on pouvait trouver une baguette magique verte et un grimoire.

Mélissandre demanda : « Pourquoi ne nous accompagnez-vous pas ?

— Il est plus doué que moi en ce qui concerne la langue des monstres et une aventure pleine d’épreuves pourrait l’aider à améliorer ses sorts. De plus, ma femme va très bientôt donner naissance à notre troisième, et je compte être à son chevet pour ce moment privilégié.

— Super ! On se coltine un nabot ! râla Nyméria.

Entre la barbare et Solène, ils étaient chargés en râleuses !

— Bon ! Revenons à la quête. » Coupa Jocelin en tapant du poing sur la table.

Mélissandre poussa les assiettes sur le côté de la table et déroula la carte sous les yeux de ses compagnons.

Elyon expliqua : « Les terres ardentes de Rogrora sont dangereuses et très bien gardées. Je vous déconseille fortement de passer par Grildragon, car, si vous n’en faites qu’à votre tête, vous mourrez à coup sûr. Je vous suggère donc plutôt de traverser la forêt de Zord afin de vous rendre dans la forêt de Nylhasari, où vous trouverez un passage secret qui vous mènera au donjon de la forteresse de Gruzub. En chemin, Il faudra traverser plusieurs donjons et les pièges ne manqueront pas !

—J’espère que ce n’est pas trop dangereux pour notre fine équipe… pensa Mélissandre, un peu tardivement.

Elle n’avait plus le choix, il lui fallait aller de l’avant, quoi qu’il en coûte désormais.

— Il y aura des ennemis mais ils seront moins redoutables que les dragons de Grildragon. répondit Elyon.

— Que va-t-on croiser en chemin ? Je ne suis pas venue pour une balade dans les bois, à ramasser des champignons. Le combat, c’est ma raison de me lever chaque matin. Pas le canevas ! Ironisa Nyméria.

— Il y aura des gobelins, des orcs, des trolls, des liches, des ogres, des sorciers, des démons, insectes géants …

— Je n’aimerais pas avoir affaire à des dragons. J’en ai un mauvais souvenir, s’inquiéta Jocelin. Le reste, j’en fais mon affaire, avec notre guerrière mal coiffée mais si charmante!

— Si vous passez par Bulia, il y a plus de risques d’en rencontrer. Avant que vous partiez, je vous laisse un guide dans lequel j’ai réuni toutes les informations notées avec le temps, il vous faudra ça en ce qui concerne chaque lieu et les créatures qui risquent fort de s’y trouver. A la fin du livret vous aurez des annotations indiquant les équipements et objets magiques que vous pourrez trouver.

— Qui sait ! Je trouverai peut-être, si la Fortune daigne me sourire, une formule magique qui mettra fin à la famine au royaume d’Alfheim ! Espéra Toriel, candide.

— Je vous remercie, au moins de la bonne intention, répondit Mélissandre.

— Bonne chance à tous. Soyez prudents !

— Après cette longue marche, j’aimerais bien me reposer. dit Daren.

— Pas de problème. Je vous ai réservé une chambre à six lits et réglerai la note. »

Pendant qu’Elyon réglait l’addition du repas, le groupe monta à l’étage de l’auberge pour se reposer avant leur départ. Les elfes se plaignirent de l’odeur de cadavre que dégageaient les bottes de Nyméria. Solène dit : « Ah ça puire ! On dirait qu’il y a un mort ici !

— Nyméria ! Je crois que ce sont tes bottes ! commenta Jocelin.

— Avec ces bottes, j’ai fait plusieurs batailles, j’ai écrasé la tête de mes ennemis et piétiné leurs boyaux, se justifia Nyméria.

— C’est dégoûtant ! Tu ne fais jamais nettoyer tes frusques ? demanda Daren en évitant de respirer.

— Contrairement à vous, les précieux, je passe mon temps à me battre et à affronter le froid. Je ne lave pas mes vêtements et ne batifole pas dans les bois en me peignant les cheveux ! Mais j’ai mon hygiène personnel, et ne déroge jamais à mon bain trimestriel !

— C’est dommage ! J’ai un flacon d’essence de tulipe qui rendrait heureux tes pauvres cheveux martyrisés, dit Daren.

— De toute façon, on dirait que tu as de la pelouse à la place des cheveux ! répondit Nyméria, agacée.

— Chut ! Il suffit. Dormez au lieu de vous disputer ! » S’écria Jocelin. Ne gâchez pas votre énergie en stupides billevesées.

Et malgré l’odeur nauséabonde, le groupe s’endormit tant bien que mal.

Le lendemain matin, le coq se mit à chanter, dressé sur son tas de fumier, réveillant le groupe qui quitta l’auberge pour se rendre en direction du bosquet d’Amalon. Lorsque les aventuriers se trouvèrent près du bosquet, une abeille géante surgit et décida d’attaquer le groupe. Mélissandre s’écria : « Je n’ai jamais vu un insecte de cette taille !

— Cette bestiole n’est pas du tout amicale ! Elle nous veut pour son déjeuner! Étant de la maison Celeborn, je comprends la langue des animaux ! » Expliqua Solène tout en bandant son arc.

Elle tira une flèche que l’insecte esquiva. L’abeille sortit alors son dard et infligea à l’elfe une piqûre brûlante mais heureusement pas mortelle. Toriel se moqua : « C’est quoi ce tir, Solène ? Tu ne sais pas viser ?

— Je voudrais bien t’y voir, moustique !

— Je vais lui lancer une boule de feu !» dit Toriel en brandissant sa baguette magique.

Sa baguette émit effectivement une sphère de flammes qui grilla sur place l’insecte imprudent qui tomba au sol en faisant un bruit strident, pendant que Solène souffrait à cause de la piqûre. Mélissandre s’approcha d’elle et lui dit : « Je sais comment soigner le venin ! Il faut approcher une flamme. Je reviens ! » La princesse ramassa une brindille et l’alluma avec le feu qui brûle l’abeille. Elle approcha la flamme près de la piqûre énorme qui se trouvait sur le bras de l’elfe. Solène grimaça, puis la remercia : « Merci, princesse ! Je me commence à me sentir mieux ». Nyméria donna un énorme coup de hache à l’abeille et Jocelin dit : « Nyméria ! C’est est inutile ! Elle est déjà morte !

— Je veux en être sûre ! Et ça me détend.»

Daren regarda le cadavre de l’insecte et réfléchit : «D’où vient cette créature ? » Mélissandre lut le guide et dit : « Il y a la tanière d’Amael le terrible à quelques pas d’ici !

— C’est sûrement un des fameux donjons ! Un peu de baston ne serait pas de refus ! Lâcha Nyméria, surexcitée.

— J’espère trouver des instruments de magie et des pierres précieuses! dit Toriel.

— Tu veux des pierres précieuses ? demanda Mélissandre, intriguée.

— Évidemment ! Je viens de jeter un sort, donc ma baguette a consommé une pierre précieuse. Il me faut une nouvelle pierre précieuse pour recharger ma baguette. Expliqua le petit elfe.

On aurait dit que cela coulait de source. Aucun des comparses, apparemment, n’était informé.

— Mélissandre ! Tu te souviens lorsque je voulais offrir des pierres précieuses au seigneur Galduil ? Continua Daren.

— Oui et quel est le rapport ? demande Mélissandre.

— La baguette magique d’un elfe mage a besoin de pierres précieuses pour se charger de magie. » Termina Daren.

Mélissandre assimila l’explication et donna une pierre précieuse à Toriel qui rechargea donc sa bien-aimée baguette. A priori, il fallait avoir des oreilles en pointe pour savoir ce détail. Le groupe arriva plus tard à l’entrée de la tanière. Daren observa la porte : « Il n’y a pas de serrure mais il y a un panneau avec des écritures.

— C’est sûrement une énigme, je vais lire ça : Qu'est-ce qu'un nain avec une pancarte sur laquelle est marquée "quoi" ? » Dit Solène.

— C’est n’importe quoi ! » Ronchonna Nyméria tandis que la porte s’ouvrait, ce qui amusa Toriel.

Jocelin félicita Nyméria : « Tu es intelligente !

— Cette énigme était nulle. »

En entrant dans la sombre tanière, Toriel alluma les torches de ses compagnons grâce à sa baguette d’apprenti et décida de les dérider : « Hé ! Vous connaissez la blague du troll qui marche à l’envers ?

— La ferme ! » Lui balança Solène.

Raté pour l’humour. Ce n’était guère le moment.

Ils continuèrent à marcher dans le couloir. Soudain, Jocelin entendit quelqu’un siffler la chanson du barde de l’auberge et s’arrêta : « Qui est en train de siffler ?

— C’est Daren ! répondit Toriel d’un ton hystérique.

— Parle moins fort s’il te plaît ! Sinon, on risque de se faire repérer. Et Daren, cesse de fredonner cette fichue chanson. » Conseilla Jocelin, sèchement.

Sur le mur, Daren repéra un parchemin qui indiquait toutes les salles du donjon et annonça : « C’est le plan du donjon !

— Prenons-le ! » S’écria Toriel.

Daren s’empara du plan du donjon et le donna à Mélissandre qui le déchiffra : « Il faut aller tout droit. » Mais Jocelin fit signe au groupe de ne plus avancer. « Pourquoi doit-on s’arrêter ? demanda Solène.

— C’est trop facile. Dans un donjon, il peut y avoir des ennemis partout. Il vaut mieux que je sois avec Nyméria devant, puis Daren pour repérer les pièges, ensuite Mélissandre suivie de toi et enfin Toriel. » Proposa Jocelin.

Disciplinés, les membres du groupe se placèrent comme leur avait indiqué Jocelin, puis entrèrent dans la pièce qui était face à eux et… tombèrent quasiment sur deux fourmis géantes à l’entrée de la pièce, telles des gardiennes de taille conséquente. Jocelin en tua une avec son épée, tandis que Nyméria frappa la seconde d’un violent coup de hache auquel l’hyménoptère ne résista pas. Le mandibule arraché envoyé au loin le prouvait ! Solène dit : « Ce sont les brutes qui se battent ainsi… »

Mais elles survivent, aurait pu lui rétorquer l’hirsute barbare. Une fois que les fourmis furent éliminées, Daren examina la pièce, à la recherche d’éventuels autres pièges. Poissard, il avança lentement mais posa le pied sur une dalle qui se brisa sous son poids, et il disparut aux yeux des autres, tombant dans le trou et se retrouva en équilibre sur un rocher accroché à la paroi du fossé. Toriel signala en riant : « On dirait que Daren s’est vautré dans un piège ! Il est beau, l’aventurier...

— Bravo ! S’exclama Jocelin, embarrassé.

— Je vais essayer d’invoquer l’esprit des lianes grâce mes sorts, proposa Toriel en sortant un grimoire vert fatigué.

— J’espère que ça va marcher. » Dit Mélissandre, inquiète, en regardant au fond du trou.

Toriel récita une incantation mais ne fit apparaître qu’une petite brindille. Mélissandre s’exclama : « Oh non ! Ça n’a aucun effet !

— Je ne vais pas tenir très longtemps ! S’impatienta Daren. Davantage de conviction, le novice !

— Puisque j’ai une corde elfique, je vais essayer de la lui lancer. » Dit Solène en lançant sa solide longe dans le trou.

Daren saisit la corde et remonta sain et sauf. Jocelin lui dit : « Est-ce qu’au moins tu feras un peu attention, la prochaine fois ?

— Doucement mon grand ! Il faisait sombre, là en-bas! On ne pouvait pas bien voir le sol. » Répondit Daren d’un air faussement innocent.

Soudain, les aventuriers entendirent un nouveau bruit d’insecte provenant du fond de la pièce. Le groupe sursauta, et s’avança avec prudence de quelques pas, les armes en main. Ils aperçurent trois gros scorpions bleus dont l’aiguillon rouge risquait de les tuer dans d’atroces douleurs. Solène s’écria : « Faîtes attention ! Leur venin est dangereux ! Évitez leur fichue aiguille ! Je prépare mes flèches. Bon sang qu’ils sont moches.

— Je vais tenter un puissant sort de feu ! »

Solène tira une flèche, afin de ralentir, tandis que Toriel invoqua une violente tornade de feu qui extermina le trio d’arachnides pour de bon. Dans le couloir, plongé dans une quasi obscurité, montait une odeur de grillé. Le petit elfe examina son ahurissante baguette dont le manche était chaud et dit : « Avec cette puissante parade, j’ai vraiment usé tous mes sorts. Il me faut des pierres précieuses pour recharger ma baguette. » Il sortit les cinq dernières pierres précieuses qu’il possédait et rechargea sa baguette. Solène marcha jusqu’au fond de la pièce, prudemment, et découvrit un vieux sac poussiéreux. Daren la rejoignit, curieux, et lui demanda : « Tu as trouvé des choses intéressantes ? J’espère trouver des ustensiles elfiques !

— Il y a… 20 pièces d’or, 6 pierres précieuses, 4 flèches pour moi, chouette, ainsi qu’une couronne assez... mystérieuse.

— Toriel ! Il y a des choses pour toi ! » Appela Daren.

Le groupe s’approcha des deux elfes. Daren donna les pierres précieuses et la couronne à Toriel qui lança à Mélissandre : « Eh ! La vieille ! J’aimerais avoir des informations sur cette couronne ! Je sais que tu as le guide ! Tu pourrais nous éclairer, Princesse ?

— Mal élevé ! On dit s’il te plaît, Mélissandre, non mais! répondit-elle sèchement.

— S’il te plaît, ton altesse… chuchota Toriel.

— Voilà ! Bon. Il semblerait que cette couronne puisse diminuer tes chances de rater tes sorts. » Dit Mélissandre. Ce qui est déjà très fort, se moqua-t-elle en regardant le novice.

Toriel posa la couronne sur son crâne. Elle était trop grande. Réservée à un mage davantage expérimenté, plus vieux surtout. Solène lui tendit les indispensables pierres précieuses. Jocelin déclara : « Maintenant, on va partager les pièces d’or entre vous. Mélissandre et moi en avons suffisamment, donc nous n’en prendrons pas, cette fois. Elles sont pour Nyméria et les elfes. Jocelin fit un calcul rapide et conclut : «facile : il y aura donc 5 pièces pour chacun. »

Une fois que le groupe eut fini de prendre le butin trouvé dans la pièce, la petite bande repartit, et se retrouva devant une porte en bois, fermée. Daren fouilla son sac tandis que Nyméria, toujours prompte à réagir, brandit sa hache en s’exclamant : « Je sais comment ouvrir cette porte ! L’elfe ! Pousse-toi de là ! » La barbare donna plusieurs coups de hache qui firent voler le bois épais en morceaux, comme si ça avait été une simple planche. Daren écarquilla les yeux : « Quelle violence ! J’espère ne jamais te mettre en rogne !» Les aventuriers accédèrent à une pièce agrémentée de deux sorties. La porte voisine paraissait solidement verrouillée tandis que celle au fond à gauche était entrouverte. Mélissandre suggéra de passer par la porte quasi ouverte pour savoir s’il n’y avait pas un quelconque trésor. Le groupe obéissant, entra dans une salle dont la lumière était dans un halo bleutée, et une sorte d’énigme ornait le mur et ils virent un assemblage de pièces colorées. Jocelin se mit à nouveau à lire : « Arme lourde tranchant d’un côté ou deux utilisée lors des conquêtes ou raids nordiques… Je pense que c’est une hache. Il faut en représenter une avec les pièces colorées qui sont à notre disposition. » Toriel manipula les pièces colorées et essaya de représenter une hache de guerre. Après quelques essais infructueux, il réussit enfin. L’assemblage scintilla, et effectivement, une hache au manche métallique, dont les lames étaient gravées finement, apparut. Nyméria dit : « C’est sûrement pour moi. Ou alors...

— Personne d’autre ne manie la hache comme toi. C’est ton p’tit, enfin grand, cadeau, dit Jocelin. »

Nyméria abandonna son ancienne hache pour s’emparer de son nouveau jouet. Elle mania l’arme lourde quelques secondes, et un sourire apparut sur son visage. Durant trois secondes, elle eut l’air presque normale. Le groupe revint ensuite à la pièce principale et essaya la porte solidement verrouillée. Assez habile de ses mains, Daren réussit à l’ouvrir à l’aide de ses outils de crochetage. Encore une fois, cela donna sur un sombre couloir. Lorsque le groupe passa à côté d’une nouvelle porte, même pas close, Daren se méfia : « Je vais vérifier avant d’entrer. » Il entrebâilla la porte et découvrit à quelques pas une fosse ornée de jolies pointes acérées. Cela aurait pu finir de façon très moche.

Jocelin demande : « Alors ?

— C’était encore un piège. Piquant. Continuons. »

Ils marchèrent jusqu’au bout du couloir, de plus en plus méfiants. Nouvelle porte. La pièce était éclairée grâce à un lustre de fer et décorée avec une mosaïque à petits carreaux gris au plafond. Moins agréable, une grosse araignée semblait être la gardienne velue d’un petit coffre. Nyméria s’impatienta, encore. « Je vais tester ma nouvelle hache ! » Elle fonça vers l’araignée et la frappa en effectuant un moulinet impressionnant : « Prends ça, Saleté !!! » Elle trancha l’araignée en deux avec un bruit immonde, un gargouillis infâme. La pauvre avait dû avoir plus peur que la guerrière. Puis elle dit : « En plus je n’aime pas les araignées ! » Mélissandre fit une remarque en grimaçant : « Tu te bats comme le prince Jocelin. Directe, sans fioritures. A l’aise.

— Tu ne savais pas que Jocelin a des origines barbares ? Son grand-père paternel en était un, lui annonça Nyméria.

— C’est dans les gênes, quoi… » Conclut Mélissandre, philosophe. Ceci expliquait cela.

Daren ouvrit le coffre et y trouva une clé à peine rouillée, ainsi qu’une cape rose, aux broderies dorées. Il donna bien sûr la cape à Mélissandre qui la mit immédiatement, tandis qu’il garda la clé sur lui. Jocelin dit : « C’est sûrement celle du gardien. Cela signifie que nous ne sommes plus très loin de la fin.

— Et je commence à avoir faim ! dit Mélissandre.

— Très bien. Faisons une rapide pause. » Dit Jocelin.

Daren divisa son lambas en parts égales avec Mélissandre et Toriel. Solène se contenta de manger des biscuits. Aymeric sortit quelques tranches de viande séchée de son sac, en donna la moitié à Jocelin. De guerrier à guerrier.

Après ce repas, le groupe se dirigea vers une autre pièce où se trouvaient cette fois 6 gobelins. Pas le temps de s’ennuyer ! Jocelin eut une idée : « Un gobelin par personne ! Qui commence ?

— Mélissandre ! Souviens-toi de l’entraînement ! Tu n’as encore battu aucun monstre ! dit Daren.

— Je vais essayer… » Hésita Mélissandre horrifiée par la laideur de la créature, elle serrait son épée de toutes ses forces. Il fallait prouver sa valeur au reste du groupe.

Le gobelin chargea, attaquant Mélissandre qui fit tomber son épée, maladroite, et sentit une vive douleur au bras gauche. Une longue estafilade sanguinolente décorait sa peau claire. Elle chuta, des larmes de colère dans les yeux : « C’est trop dur ! Bon sang de bois !

— Non ! Mélissandre ! Oublie ton bras, je sais que tu peux y arriver ! » Dit Jocelin.

Mélissandre fit appel à tout le courage possible dans cette situation, respira un bon coup. Elle ramassa son épée, et fit trébucher le gobelin en lui entaillant le mollet jusqu’à l’os. La créature poussa un grognement, tomba à genoux. Il avait du mal à se relever. Daren la félicita : « C’est bien ! Frappe-le avant qu’il se redresse, cette sale tête de cauchemar !! » Mélissandre se mit debout, et abattit son épée, tranchant net la tête de la créature qui mourut avant de retoucher le sol. Soulagée, elle s’exclama : « J’ai réussi ! Je l’ai eu ! Mon dieu !

— Ce n’était pas si terrible ; vous voyez. Vous devez cependant retravailler vos mouvements afin d’être plus efficace, dit Jocelin. Méfiance !

— C’est vraiment nécessaire de me parler ainsi ? » S’indigna Mélissandre.

Un autre gobelin s’avança, et Daren brandit sa courte épée avec un sourire narquois : « Celui-là est pour moi !

— Et nous, on te regarde ! Farfadet ! » Dit Nyméria d’un air ennuyé.

Le gobelin fit un pas sur lui, mais Daren sauta en un mouvement plein de souplesse pour l’esquiver et alla se mettre dans le dos du vilain. Le gobelin parut chercher l’elfe. Erreur. Soudain, Daren fit un bond, lui glissa la lame sous sa gorge grasse et la trancha avec un sourire moqueur en se moquant : « Je t’ai eu ! » Jocelin dit : « Si tu pouvais éviter tes sauts de cabri, ce serait mieux.

— Moi, je trouve que c’était génial. Il s’est battu comme un digne représentant de notre peuple, dit Solène.

— Le prochain est pour toi. On verra comment tu te débrouilles, dit Jocelin, s’amusant d’un rien, décidément.

— Je prépare mon arc, et tu vas voir, ton altesse. »

Solène arma son arc, alors qu’un gobelin ouvrant grand sa bouche aux dents pourries la chargeait. Elle tira une flèche qui lui creva l’œil droit. Le gobelin fit des moulinets avec son sabre mais rata Solène, qui envoya une seconde flèche, manquant sa cible à son tour. Toriel ricana : « Elle a encore tiré à côté ! Les filles...

— Puisque tu rigoles, le prochain gobelin sera pour toi ! » Déclara Jocelin. On verra si tu trouves ça si simple !

Au même moment, Solène lâcha une troisième flèche dans le genou de la créature qui se mit à boiter en gueulant comme un cochon qu’on égorge. Elle en profita pour lui tirer un dernier trait dans le cœur, et il tomba, face en avant. Il ne râla plus.

Jocelin dit : « C’est vrai que l’arc nécessite de la précision. Allez, Toriel, prépare-toi !

— Une petite tornade, et ce sera fini ! »

Toriel prépara rapidement son sort, tandis que le gobelin qui lui était désigné surgit, fonçant droit sur lui. Il jeta un sort mais n’arriva qu’à obtenir une légère brise. Nyméria commenta : « C’est nul. Un de mes pets serait plus violent !

—Toi aussi tu as raté ton coup, amateur ! Lui balança Solène. C’était mérité, après tout.

— La prochaine fois, ça va marcher, vous allez voir ! »

Toriel soupira : « Je vais invoquer une plante carnivore ! » Il fredonna une formule, et cette fois apparut une gigantesque plante aux crocs acérés qui saisit sa victime choisie avec une de ses lianes, s’enroulant autour du corps avant de briser ses os et de l’amener à la gueule de la plante qui le dévora goulûment. Puis, Toriel fit disparaître la plante, afin d’éviter tout incident. Jocelin dit : « C’est mon tour ! » Il dégaina son épée et fixa le gobelin qui avançait vers lui.

Le prince lui cria : « Misérable chien ! Mange-toi ça !! » Et son épée s’abattit, tranchant un bras au gobelin. Puis il pivota tandis que son imposante lame coupait la tête de son ennemi. Jocelin cria : « Décapitation ! Parce qu’il ne faut pas chercher Jocelin, voilà ! » En prenant une pose victorieuse. Puis, Nyméria prit place et attendit le dernier gobelin. Dès qu’il arriva, la guerrière lui asséna un coup violent, qui lui causa une blessure sévère au torse en poussant son cri de guerre. Le blessé griffa la joue de Nyméria qui lui dit : « Si tu crois que ça va suffire à me battre, tu te trompes ! » Puis elle trancha le gobelin en deux, séparant le torse et les jambes.

Avant d’entrer dans la salle suivante, Toriel soigna les membres du groupe. Daren ouvrit une double porte grâce à la clé et un démon avec des ailes de mouches et un dard de scorpion s’y trouvait. Mélissandre dit : « Il n’est pas beau, celui-là ! D’après le guide, c’est sûrement Amal le terrible.

— C’est toujours l’heure pour la baston ! » Cria Nyméria qui coupa le dard du monstre, d’un coup de sa nouvelle arme.

Solène voulut aider Nyméria en essayant de tirer sur le monstre, mais sa flèche touche le genou de Nyméria qui vociféra : « Qui est l’empoté qui m’a amoché le genou ?

— C’est Solène ! répondit Toriel le délateur.

— Bravo ! De mieux en mieux !» applaudit Daren avec ironie.

Toriel brandit sa baguette magique et invoqua rien moins que les flammes de l’enfer. Celles-ci brûlèrent les ailes du monstre, qui tomba au sol, surpris par ces agresseurs, de tous côtés. Daren fit un grand bond et planta son épée dans l’abdomen d’Amael qui vit le souffle de la vie s’échapper. Nyméria, magnanime, l’acheva d’un coup de hache bien placé.

Après avoir vaincu le monstre, Nyméria retira la flèche, plantée heureusement dans la protection en cuir de son genou, tandis que Toriel aperçut une robe rouge avec des motifs enflammés accrochée au mur. Il s’écria : « Je n’y crois pas ! C’est la robe du pyro-mage Balthazar l’imbrûlé ! On dit qu’elle protège du feu !

— C’est génial ! Mais elle risque d’être trop grande, dit Solène en riant.

— Ne t’en fais pas ! Mon frère m’a appris une formule pour ajuster des vêtements ! »

A croire qu’il y avait vraiment un enchantement pour tout… et n’importe quoi !

Toriel décrocha la robe de mage et se cacha dans la pièce précédente pour se changer rapidement, puis retourna auprès des autres membres du groupe qui sortaient du donjon. Mélissandre était heureuse de retrouver la lumière du soleil. Elle prit sa carte et dit : « Il faut qu’on aille à Elthanyn ! Il y a un village pour nous reposer.

— Et se procurer des équipements !

— Je sais que ma tante habite là-bas ! Ce sera l’occasion de la saluer en passant, dit Toriel.

— Tu lui rendras visite, alors, dit Jocelin. Il ne faudra pas traîner, car nous avons quand même une mission à accomplir !

— Elle pourra me dire si j’ai le niveau pour obtenir ma baguette de niveau intermédiaire. »

***

Pendant ce temps, à la forteresse des terres ardentes de Rogrora, un petit gobelin vert aux yeux globuleux et à la voix hideuse entrait dans la salle du trône. Gruzub lui demanda avec sa voix d’outre-tombe : « Gluq le Laid! Qu’est-ce qui t’amène donc, pustule?

— Maître ! J’ai entendu dire que six aventuriers ont réussi à vaincre Amael le Terrible et sont sortis du donjon, sains et saufs après s’être débarrassés de toutes les créatures présentes, sans gros problème!

— De qui ou quoi est donc composé ce maudit groupe ?

— Deux humains, une femme barbare, trois elfes dont une archère, un guerrier et un apprenti mage, répondit Gluk, tête baissée, guettant du coin de l’œil la colère de son maître.

— C’est sûrement ce sot de Galduil qui les envoie pour me convaincre de me réconcilier avec lui! Ils ont réussi à traverser le premier donjon ! Mais ils seront obligés d’affronter le château des sœurs Nostro, dont personne n’est sorti vivant jusqu’ici! fit Gruzub en ricanant.

— Puis-je faire autre chose pour vous, votre profonde cruauté ?

— Laisse-moi tranquille et va plutôt te faire fouetter ! ordonna Gruzub.

— Oui, maître. » Répond Gluq en sortant de la salle du trône. Il oublia bien sûr de passer voir le bourreau, trop douillet qu’il était.

***

Le groupe traversa quelques terres brûlées, avant de franchir enfin la haute porte du village d’Elthanyn. Toriel s’écria : « On est arrivés ! Une courte pause, s’impose.»

Mélissandre regarda autour d’elle. C’était un village lumineux, éclairé par les gros champignons qui brillaient grâce aux verts luisants ayant fait leur nid à l’intérieur ; ils avaient été plantés de chaque côté des rues, tels des lampadaires. Apparemment sereins, des elfes, dont certains en robes de mage ainsi que des fées se promenaient. Solène dit : « J’aimerais prendre des nouvelles de ma tante Lyra de Celeborn. Je sais qu’elle habite ici, elle aussi.

— On pourra demander cela à ma tante Célia de la maison Vamaris. C’est la reine de ce village. » Proposa Toriel.

Le groupe franchit les portes d’un palais en forme de fleur géante. Les gardes, reconnaissant Toriel, laissèrent entrer le groupe. La salle du trône était une vaste pièce blanche aux colonnes lilas, et un cobaye était dessiné sur les armoiries. Sur un trône également en forme de fleur était assise la reine Celia de Vamaris. C’était une grande femme vêtue d’une longue robe blanche, coiffée d’un diadème scintillant. Ses longs cheveux couleur platine ressortaient sur sa peau mate. Pendant que Toriel se précipitait vers elle, Célia regarda Solène avec une mine triste, en reconnaissant le blason qu’elle portait. Solène demanda : « Bonjour votre altesse, Je suis Solène de Celeborn. Comment se porte ma tante Lyra de Celeborn ? Mon oncle Ehrendil ? Mes cousins ?

— Je suis désolée. Voici la missive que j’ai reçue. » Répondit la reine, sincèrement contrariée, en lui donnant un parchemin abîmé sur lequel l’écriture était peu soignée et pleine de fautes.

En voyant l’apparence de la lettre, Daren fit une grimace, Toriel sourit, et que Solène commença la lecture de l’infâme torchon, inquiète.

Elle pleura autant par tristesse que de rage et que Jocelin grogna : « L’ordure !! » Puis il s’approcha de Solène en lui parlant calmement : « C’est horrible de perdre des membres de sa famille comme ça. Mon oncle, ma tante et mes cousins ont eux aussi été tués quand je n’avais que 8 ans.

— Cette ordure de Gruzub ! Jamais, devant nos dieux, je ne lui pardonnerai ! Gronda Solène en donnant un coup de poing dans un mur.

— Il compte bien nous faire subir le même sort à chacun de nous, ce tyran. »

Toriel l’éternel peureux n’en fut guère rassuré : « Là je ne rigole plus du tout ! J’ai les poils tout hérissés sur la nuque, brrr...

— Je commence à comprendre la méthode de ce monstre. Il s’isole dans un endroit hostile, mettant ainsi plusieurs donjons entre lui et ses ennemis, et espère qu’ils mourront tous avant d’arriver à sa cachette. De plus, ce fou dangereux pense qu’il est totalement légitime de tuer les amis du seigneur Galduil. Pourtant, c’est Gruzub qui est dans l’erreur. dit Daren. Nous devons le détruire.

— Je crois que Gruzub est juste un lâche, qui se dissimule derrière ses sbires, sachant pertinemment qu’il a tort et qu’il ne peut pas se défendre seul. Avec sa langue perfide, il veut faire croire au monde qu’il est une victime en nous faisant passer pour des monstres, cautionnant du coup tout le mal qu’il fait autour de lui. Chez nous, les barbares, face à des types comme lui, c’est forcément la baston sans chercher à comprendre, dit Nyméria.

— Ce n’est pas marrant. A côté de toi, les elfes se battent avec une certaine élégance, tandis que tu frappes avec la force d’un taureau ! répondit Daren, d’un ton presque insolent.

— Bon ! Cette lettre nous motivera tous, jusqu’à la victoire finale! Les vies de nombreux innocents sont en jeu ! Toute défaite est proscrite ! Nous vaincrons ou mourrons ! s’écria Jocelin avec sa fougue coutumière.

— Jocelin ! Tu parles comme un vrai guerrier ! Le dieu des barbares serait fier de toi. » Le complimenta Nyméria.

Toriel demanda à sa tante : « Tante Célia ! Ai-je un assez bon niveau pour avoir une meilleure baguette ? »

La reine se leva et observa la baguette de son neveu. Elle lui dit : « Tu en mérites effectivement une nouvelle, mon neveu. Tu n’es désormais plus un débutant, mais un mage intermédiaire. » Grâce à sa baguette personnelle, elle rendit celle de Toriel plus élégante, plus longue et surtout, plus puissante.

La reine proposa au groupe de se reposer quelques heures dans une des chambres du château avant de reprendre la route pour leur quête. Solène, ayant du mal à dormir, décida de somnoler auprès de Jocelin avec qui elle trouva un certain réconfort dans sa tristesse. Le prince s’interrogea : « Est-ce si sensible que ça, un elfe ? » Daren, en voyant Solène avec Jocelin se dit : « Ils ont l’air de bien s’entendre, ces deux-là, finalement!

— Je ne suis pas amoureuse de lui ! Je suis avec Jocelin car il sait ce que c’est que d’avoir des membres de sa famille assassinés. Il me comprend, lui… Maintenant, dors ! » Répondit froidement Solène après avoir lu dans le regard de son ami.

Le lendemain matin, après avoir pris un bon petit déjeuner réparateur, le groupe alla voir la reine. Célia leur dit : « Avant votre départ, j’ai des cadeaux à vous remettre.

— C’est fort gentil de votre part, votre Altesse! dit Mélissandre, avec un grand sourire.

— Voici l’Auréole du Courage, grâce à laquelle tu ignoreras désormais toute peur lors des combats, répondit la reine, en lui donnant une couronne dorée. Une pierre rouge y était incrustée.

— Je vous remercie, votre Altesse.

— Pour Jocelin, voici une épée flamboyante. Frappez vos ennemis et ils brûleront tels des torches. »

La reine donna à Jocelin une grande épée à la lame écarlate que le prince prit fièrement. Puis elle s’approcha de Daren avec deux épées dont le manche était en forme de fleur : « Voici deux fines épées elfiques, légères comme des plumes, faciles à manier, mais elles sauront te sauver la vie, tu verras.

— Avec ça, je pourrai anéantir les ennemis qui croiseront notre route. »

Nyméria reçut une nouvelle paire de bottes qui allaient la rendraient plus rapide si nécessaire. Quant à Solène, elle reçut un arc magique dont les flèches pouvaient au choix brûler, illuminer ou être empoisonnées.

Ils saluèrent la reine et se mirent en route pour le second donjon : Le château des sœurs Nostro, qui était un vieux castel lugubre au fond d’une forêt lugubre, plongée dans une quasi-obscurité permanente. Un endroit guère accueillant, à nouveau.

Lorsqu’ils parvinrent, après une équipée de quelques heures, près du redouté château, Daren dit : « Quel endroit sinistre ! On dirait mon oncle Galawin… c’est dire !

— Les sœurs Nostro…Ce sont encore trois diablesses ou trois sorcières, voire pire, lança Solène.

— Heureusement que j’ai de l’eau bénite. » Dit Mélissandre. En espérant que cela serait efficace sur le détestable trio.

Lorsqu’ils furent à l’entrée du château, la porte s’ouvrit toute seule devant eux en grinçant. Daren observa le hall. Face à eux, il y avait trois entrées. C’était reparti pour un tour ! La première était ornée par un pentagramme gravé dans le bois, la seconde porte avait un kraken dessiné en son milieu, tandis que la troisième était décorée avec un dragon impressionnant. Jocelin vit une porte dorée avec trois serrures : « Cette porte doit renfermer un gros butin ! » Daren essaya de crocheter les serrures mais cela ne fonctionna pas. Nyméria dit alors : « Un coup de hache et c’est vite fait ! » Mais cette fois, rien n’y fit, la porte lui résista. Mélissandre conclut : « Je pense que nous allons avoir droit au minimum à trois monstres qui gardent cet endroit et possèdent les clés qui ouvrent la porte. » Ils réfléchirent et décidèrent de faire trois groupes de deux. Daren se mit avec Mélissandre, Nyméria avec Toriel et Jocelin avec Solène.

Mélissandre et Daren prirent la première porte, Nyméria et Toriel la seconde et Jocelin et Solène allèrent vers la troisième.

Dans le premier couloir, Mélissandre vit plusieurs squelettes, par terre. Daren lui demanda : « Qu’est-ce que cela peut bien signifier ?

—Je vais consulter le guide…Nous sommes dans le château de trois sœurs démoniaques. Il est écrit que Morticia Nostro, l’aînée, est une femme hybride vampire et démon. Elle séduit puis boit le sang de tous les aventuriers qui lui rendent visite. Quant aux femmes, si elles sont jeunes, elle boit leur sang pour rester jeune. Je n’aime pas du tout cette histoire ! »

Daren fouilla son sac et mit la main sur des herbes empoisonnées. Il fit un sourire narquois : « J’ai une petite idée ! Reste sagement ici. Je vais lui faire une scène pour essayer de l’empoisonner. Si ça ne marche pas, je t’appelle et tu m’aides à la tuer. Ton eau bénite devrait être utile.

— Fais bien attention ! »

Mélissandre mit de l’eau bénite sur son épée tandis que Daren franchissait une porte rouge et noire. Une femme au teint pâle et aux cheveux bruns l’accueillit : « Quel délicieux jeune elfe ! Cela fait longtemps que mes sœurs et moi n’avions pas eu de visite. Nous nous ennuyons à mourir ! Je suis Morticia Nostro, la doyenne.

— Je suis Daren, de la maison Baradras. Elfe d’Alfheim.

— Ferme la porte pour que nous puissions nous amuser… en toute intimité ! » Son sourire l’inquiéta encore plus que son regard concupiscent.

Daren referma la porte derrière lui, tout en sortant aussi discrètement que possible son brin d’herbes toxiques.

« Sachez que dans ma famille, nous sommes très doués pour les préparations à base de plantes. Je comptais vous faire une infusion, en signe d’amitié naissante. Vous permettez ?

— Très bien, il y a tout ce qu’il faut ici. »

Daren fit bouillir de l’eau qu’il versa dans une tasse, et y plongea les herbes empoisonnées tandis que dans sa tasse, il mit de la verveine séchée. Puis il servit la redoutable femme. Lorsqu’elle trempa ses lèvres dans sa tasse, Daren lui posa une question suspecte : « Dites-moi ! Combien d’amants avez-vous séduits puis tués ? » Morticia but une gorgée puis se fâcha : « Comment oses-tu me parler de la sorte ?

—Tous ces squelettes qui gisent devant votre porte ! Je vois clair dans votre jeu ! L’infusion que je vous ai faite est empoisonnée et vous êtes tombée dans mon piège ! » Se railla Daren.

Quelques secondes plus tard, Daren fut surpris que le poison ne fait pas effet. Il avait parlé trop vite, et elle n’avait pas bu assez de tisane mortelle. Quelle andouille… Il cria : « Mélissandre ! » La princesse aussitôt rejoignit Daren et le retrouva, l’air stupide, entre les griffes de la diablesse prête à le mordre. Mélissandre lança : « Maudite sorcière ! Laisse-le tranquille ! » Elle lui jeta de l’eau bénite à la figure. Morticia hurle : « Mon visage !!! Vous l’avez détruit !!! » L’elfe en profita pour la faire tomber à terre. Sans hésiter, la princesse l’acheva en la frappant d’un coup sec son épée. A peine morte, la furie se transforma en pierre, avant de s’écrouler en morceaux tout gris. Daren fouilla les débris. Il y avait vu briller clé violette, qu’il récupéra d’un geste rapide.

***

La seconde porte poussée, Nyméria et Toriel, intrigués, se retrouvèrent dans un couloir froid et humide aux murs recouverts d’une couche de glace. Toriel dit : « Il fait sacrément frisquet, ici ! Tu n’as pas froid, habillée comme ça ?

— J’ai affronté le froid nordique ! En tant que barbare, je ne crains ni le froid, ni la peur! Ni les apprentis magiciens, d’ailleurs.» Elle lui envoya un sourire moqueur.

Une fois rendus à la fin du couloir, ils se retrouvèrent dans une pièce avec un grand bassin rempli d’eau sombre. Cela semblait profond. Une jeune femme aux cheveux bleus, avec un corps de kraken, sortit du liquide qui sentait le varech malodorant. Toriel ricana, imprudent : « Qui c’est cette mocheté ? Jamais vu un truc aussi laid, même dans mes pires cauchemars.

— Mocheté ? Jeune écervelé, je suis Morguse, démon des mers glacées ! Et je vais te noyer dans l’instant!!! S’énerva la diablesse.

— A mon tour ! C’est enfin l’heure de la baston, bon sang ! » S’exclama Nyméria en brandissant sa hache de guerre.

La barbare poussa des cris de combat dans sa langue, qu’il valait mieux ne pas comprendre pour les oreilles chastes, et trancha net plusieurs tentacules. Morguse essaya de jeter son fameux sort de glace, mais ses blessures étaient trop graves, et elle échoua. Nyméria dit : « Tu n’es pas mieux que le nabot! Ta maîtrise de la magie est encore pire que la sienne ! C’est pas peu dire !

— Eh ! Je ne suis plus un débutant ! Je vais lui lancer un sort, tu vas moins rigoler !» s’écria Toriel, bien que le plus gros ait déjà été accompli...

Le petit elfe agita sa baguette de second niveau, et invoqua une lame de vent, aussi tranchante qu’un couteau. Cela infligea quelques coupures supplémentaires à son adversaire qui perdit lentement le peu du sang noir qui devait lui rester. Morguse tenta de frapper Nyméria avec un de ses trois derniers tentacules, mais la baroudeuse expérimentée esquiva facilement l’attaque. Toriel essaya de jeter un nouveau sort mais se fit écraser sous le poids du tentacule que Nyméria avait évité. Morguse se moqua : « Vous êtes pitoyables ! » Nyméria la frappa, lui infligeant une nouvelle plaie béante sur la joue. Toriel se releva, endolori, et se jeta un sort de soin afin de se guérir. Une lumière l’enveloppa et il fut dans la seconde remis sur pieds. Nyméria bondit et avec sa hache, trancha la tête de Morguse, qui retomba dans le bassin puant, et coula à pic au fond de l’eau. Toriel dit : « Il faudrait chercher la clé ! Mais l’eau est décidément trop froide pour moi.

— Je sais nager. Je te laisse ma hache. »

Nyméria plongea dans l’eau. Après un moment, Elle rattrapa le corps sans vie ni tête de Morguse, et le remonta à la surface. Avec Toriel, elle fouilla la dépouille et trouva dans une poche une clé bleue.

***

Jocelin et Solène, à leur tour, entrèrent dans un couloir de pierre dans lequel il faisait chaud. Ils ouvrirent une grande porte noire dont les poignées représentaient des têtes de dragons. La pièce était une sorte d’arène, éclairée par des torches, avec quatre piliers de pierre qu’il était à première vue possible d’escalader. Au centre se trouvait une femme aux cheveux écarlates et aux yeux reptiliens. Elle leur parla sur un ton agressif : « Qui vous a autorisés à entrer chez moi sans y avoir été invités ?

— Soyons clairs : nous voulons seulement récupérer votre clé, pour franchir ce donjon et détruire enfin Gruzub! dit Solène, faussement sûre d’elle.

— Je suis l’amante de Gruzub, Dracéna l’ardente, sachez-le, pauvres imbéciles ! Je ne vous laisserai pas le tuer ! »

A ces mots, Dracéna se transforma sous leurs yeux ébahis en un redoutable dragon rouge. Voyant cela, Jocelin lui-même se mit à trembler de peur : « Un…dragon…mon dieu ! Il est sacrément impressionnant !!!

— Et bien, Jocelin a enfin son talon d’Achille. Qui aurait cru qu’un guerrier aussi brave que lui aurait peur des dragons. » Se dit Solène, étonnée.

Dracena s’envola. Solène, gardant son sang-froid, prit son arc et tira une flèche empoisonnée qui perfora l’œil de la créature qui se cogna contre les parois de l’arène. Solène crie : « Jocelin ! Reprends donc tes esprits, et vite ! Nous devons à tout prix vaincre ce monstre.

— Ce regard embrasé…Cela me rappelle un très mauvais souvenir… » Marmonna Jocelin. Il se souvint des yeux brillants du dragon qui avait brûlé le château de sa tante, lorsqu’il avait 8 ans.

Le dragon cracha des flammes qui abîmèrent l’une des manches de Jocelin. Solène se dépêcha d’éteindre le tissu roussi de son allié à l’aide de sa cape. La brûlure sentait le grillé. Solène supplia : « Jocelin ! Si nous ne gagnons pas contre ce dragon, nous ne pourrons jamais vaincre Gruzub et d’autres innocents mourront ! Il faut surmonter ta peur et te battre ! » A ces mots, le regard du prince changea. Le temps de la faiblesse était passé, il fallait penser à ses compagnons d’aventure. Il grimpa sur un pilier et brandit son épée. Il essaya d’atteindre le dragon mais rata son coup. Solène demanda : « Que va-t-on faire si nous échouons face à cette saleté ?

— Je vais essayer de monter sur son dos, pendant que tu essaieras de l’affaiblir avec tes flèches, le fait de lui avoir crevé un œil ne peut que nous aider.

— Je suis contente de te retrouver… chevalier ! »

Le dragon passa alors près de Jocelin, qui profita de cela pour grimper d’un bond sur son dos. Le dragon, surpris, fulmina : « Inconscient ! Comment oses-tu monter sur mon dos ? Je ne vais pas te laisser faire, crois-moi ! » L’elfe envoya une flèche qui transperça l’une des ailes du dragon. La créature borgne volait moins rapidement. Après avoir coupé la queue du dragon grâce à son épée et sa large lame bien affûtée, Jocelin chuta et atterrit sur un pilier. Cela lui causa quelques égratignures, sans conséquences. Un bon bleu en souvenir ! Solène décida de tirer cette fois une flèche empoisonnée, qui atteignit le cou du dragon. Dracéna, ne pouvant plus se guider sans son appendice caudal, se posa au sol. Le poison n’arrangeait rien. Elle cracha une langue de flammes que Jocelin contra grâce à son épée. Le prince dit : « Solène ! Continue de l’affaiblir !

— Il ne me reste que quatre flèches ! »

Après plusieurs traits et coups d’épée, le dragon agonisa. En rendant son dernier souffle, il reprit sa forme humaine, aux cheveux écarlates. L’elfe fouilla le corps sans vie de Dracéna et trouva une clé rouge.

Le groupe se réunit dans le hall. Ils ouvrirent la grande porte dorée à l’aide des trois clés dénichées, et trouvèrent un gros coffre. Daren y trouva une veste florale elfique verte, avec des fleurs brodées. Il se débarrasse de sa veste brune souillée et déchirée pour la remplacer avantageusement par la nouvelle. Mélissandre lui dit : « Cet habit neuf te donne fière allure ! Le guide dit que cette veste te rendra plus charismatique. » Jocelin, lui, dénicha de nouveaux vêtements de guerrier, de couleur rouge, ainsi qu’une cape au col de fourrure noire. Il dit : « Mon vieux pourpoint a été brûlé par le dragon. Je vais pouvoir le remplacer. Solène trouva de nouvelles flèches elfiques, Toriel découvrit un grimoire, le prit et cria : « On dirait bien que je vais pouvoir apprendre de nouveaux tours ! Détection et sorts de lumière ! » Mélissandre empocha 56 pièces d’or et 11 pierres précieuses qu’elle donna à Toriel. Le petit elfe s’empressa de recharger sa baguette magique pendant que Jocelin retournait dans le hall pour endosser ses vêtements neufs. Mélissandre partagea l’or avec les autres membres du groupe. Toriel et Nyméria reçurent 10 pièces tandis que le reste du groupe en obtint 9. Daren annonça : « A notre gauche, j’aperçois de la lumière ! C’est sûrement la sortie !

— Allons-y ! » S’écria Solène.

Les aventuriers sortent du château en courant et se reprirent leur souffle un moment. Jocelin dit : « Cette fichue brûlure me fait fichtrement mal !

— Mes plantes ne guérissent hélas pas les brûlures. Elles ne soignent que les coupures, les empoisonnements ou les maladies magiques, dit Daren, embarrassé pour le prince.

— Je vais utiliser un sort de soin proposa Toriel.

— Tu vas encore rater ton foutu sort, je parie. Ta magie est nulle. Ne le transforme pas en porcin !» dit Nyméria en riant de bon cœur.

Toriel approche sa baguette magique près de la brûlure de Jocelin et lui jeta son sort de soin. La brûlure s’estompa. Toriel dit : « Vous voyez, j’ai réussi !! La magie, ce n’est pas nul !

— Je ne me moque jamais de ta magie, moi, Toriel. dit Daren.

— Je sais. C’est la barbare qui nous critique, cette ignorante ! dit Toriel, agacé.

— Puisque nous arrivons bientôt à Zord, je vous propose de dresser un campement pour la nuit. Nous mangerons et dormirons près de cet arbre, proposa Mélissandre au petit groupe.

— Bonne idée. Et l’odeur des pieds sales de Nyméria repoussera les brigands et les voleurs et tous les monstres du coin. » Laissa tomber Daren qui se fit frapper le crâne par le plat de la main de Nyméria.

Pendant que la guerrière était partie ramener du gibier chassé dans la forêt, Toriel alluma un feu et Daren y posa une petite marmite pour préparer une soupe. Solène, après avoir fait un tour dans la forêt, en rapporta quelques champignons que Daren examina, prudent, puis mit les comestibles dans l’eau et y ajouta des herbes parfumées. Lorsqu’il eut fini, Nyméria arriva avec un gros lièvre sur le dos. Elle le découpa en plusieurs morceaux qu’elle garda dans un sac et fit cuire le reste sur le feu. Daren fit goûter sa soupe aux autres membres du groupe. Nyméria demanda : « Qu’est-ce que cette préparation de sorcière ?

— Il n’y a point d’artifices là-dedans, sauvage.

— S’il m’arrive quoi que ce soit, je te tranche la gorge ! »

Nyméria prit une gorgée de la soupe et avoua : « Ce n’est pas mauvais. Avec ma cuisse de lièvre, ça se marie très bien. »

***

Pendant que le groupe partageait un repas mérité, le roi Gruzub recevait la visite de Gluq. Il lui demanda avec une voix autoritaire : « Gluq ! Que veux-tu encore, créature?

— J’ai une nouvelle à vous annoncer ! dit Gluq, avec un air apeuré, comme si son maître allait le frapper gratuitement, une fois de plus.

— Elle a intérêt à être bonne ! Sinon gare… !

— Euh…Les sœurs Nostro ont été vaincues et la lettre n’a pas réussi à pousser les aventuriers à rentrer chez eux !

— Que font-ils en ce moment ?

— Ils sont près du bois de Zord en train de boire une soupe et de manger de la viande, ils ont l’air de s’amuser.

— La partie n’est pas finie ! Lorsqu’ils arriveront à Bulia, mon armée d’orcs les y attendra ! Sans oublier le dragon qui garde l’entrée de cet endroit ! Je peux considérer qu’ils sont déjà morts !

— Puis-je faire quelque chose pour vous, Maître ?

— Alerte mon donjon ! Je veux y voir plusieurs armées de gobelins et d’orcs et ce puissant démon de l’ancien monde nommé Xorath!

— Oui votre horreur ! »

Gruzub envoya un parchemin contenant le rituel d’invocation de Xorath à la figure de Gluq en lui criant : « Et maintenant, au travail ! » A ces mots Gluq se dépêcha de sortir de la salle du trône et dans les couloirs, sans demande son reste, mais il critiqua son maître en bavant de rage : « Va donc te faire fouetter… Je hais ce maudit Galduil…Gluq ! Tu es un incapable… Il n’est jamais content celui-là ! » En guise de réponse, Gruzub envoya une poignée d’éclairs qui faillirent bien lui griller le derrière. Gluq s’excusa : « Je ne disais pas de mal de vous, maître…

— Tu as intérêt !! »

Puis, Gruzub ricana : « J’ai envoyé un message aux démons de la pyramide de Nylhasari ! Ils ont intérêt à rendre leur donjon plus difficile à terrasser ! Je veux que ces aventuriers se perdent et meurent de soif ou d’empoisonnement, et même les deux, tiens ! »

***

Après avoir bien mangé et dormi, Mélissandre et ses compagnons prirent la route de Zord pour se rendre à Bulia. Daren dit : « J’ai fait un rêve magnifique !

— Cela n’intéresse personne ici ! » Répondit Nyméria, aussi aimable qu’à son habitude.

En chemin, ils virent un jeune dragon orange et jaune qui se tenait devant eux. Nyméria prit sa hache et dit : « Un dragon ! Je m’en occupe !

— Non ! Je veux d’abord savoir ce qu’il veut. S’il a une petite envie de nous dévorer, tu pourras frapper tant que tu veux, l’interrompit Solène.

— Les elfes peuvent s’entendre avec les dragons. Mon frère en a un comme compagnon. » Raconta Toriel.

Le dragon poussa des petits grognements, mais ne semblait guère agressif. Solène traduisit : « Il dit qu’il a été abandonné et qu’il désire simplement avoir un ami. Je vais essayer de l’apprivoiser. » Solène essaya d’endormir la méfiance bien naturelle de l’animal, mais la créature solitaire regarda Toriel en poussant des petits cris aigus. Solène traduisit à nouveau : « Il dit que Toriel est amusant et qu’il veut être ami avec lui…Apparemment… c’est une femelle.

— C’est génial ! Je vais lui trouver un nom…Dragée !

— Il semble que ce patronyme lui plaise, annonça Solène, un peu étonnée.

— Par contre, éloignez cette chose de moi ! Maugréa Jocelin. Ses yeux n’étaient guère pleins d’amour pour « Dragée », à l’évidence.

— C’est MON dragon ! Et je sais qu’il pourra nous aider, à porter plein d’objets, entre autres. »

Ils continuaient leur route et aperçurent un panneau de bois abîmé indiquant « Bulia ». Nyméria prépare sa hache de guerre en déclarant : « Il va y avoir de la baston ! Où sont les ennemis ? Et elle cracha sur la lame, qu’elle frotta du revers de sa manche.

— J’ai de meilleurs sorts et un dragon ! ajouta Toriel.

— Je vais utiliser mes deux lames ! dit Daren.

— Du calme ! On ne sait pas ce qu’on va trouver là-bas ! » Dit Jocelin, plus raisonnable que ses camarades.

En chemin, Mélissandre ramassa trois fruits rouges et presque chauds. Daren consulta son livre de plantes et lui dit : « Ce sont des pyroboises. Ces fruits extrêmement épicés permettent d’augmenter la puissance du feu d’un dragon. » Toriel en mit deux dans son sac et garda la dernière avec lui. Au cas où, il fallait être prêt à réagir. Vite ! Ils avancèrent discrètement dans les bois, et distinguèrent 20 orcs qui les attendaient. Un comité d’accueil très mal intentionné. Alors qu’ils réfléchissaient à une stratégie à suivre, deux orcs éclaireurs fonçaient droit sur eux. Leur regard en disait long. Daren s’écria : « On est repérés !

— Battons-nous ! » S’exclame Nyméria, qui n’avait qu’un programme en toute circonstance. La bagarre.

Les aventuriers se placèrent sur le champ de bataille. D’autres ennemis étaient accourus. Nyméria se retrouva face à 4 orcs plus laids l’un que l’autre. Elle les affronta sans sourciller, en poussant des cris de guerre, et en tua 2 directement. Pendant ce temps, 3 autres affrontaient Jocelin, qui les frappa avec son épée flamboyante, les transformant en torches vivantes. Jocelin cria : « Je brûle tout !! » Une odeur de cochon grillé monta dans la clairière. Mélissandre, qui se battait contre un orc de belle taille, se prit une flèche dans le coude. Elle la retira et en brandissant son épée, se débarrassa définitivement de l’orc. Daren de son côté était opposé à 3 mochetés, et les blessa gravement en tournant sur lui-même avec ses deux épées. Toriel décida d’aider ses compagnons. Il donna une pyroboise à son dragon qui cracha un feu dévastateur qui calcina sur place tous les orcs qui étaient encore en vie. Daren s’empressa de fouiller les orcs, à toutes fins utiles, tandis que Mélissandre fit une remarque aux autres : « Daren fouille les cadavres ? Une nouvelle marotte ?

— Durant les expéditions guerrières, les ennemis peuvent souvent transporter des objets qui nous aident à avancer. répondit Jocelin, sur un ton professoral.

— Les cadavres peuvent parfois être fort utiles, davantage que lorsqu’ils étaient vivants ! Tiens, sur celui-ci, j’ai trouvé une potion de soin. Une goutte unique, et les blessures ne sont plus qu’un mauvais souvenir.

— Qu’as-tu trouvé d’autre ? interrogea Solène.

— Une clé en forme de crâne… Bizarre. 10 pièces d’or, et un sifflet pour dragons. »

Toriel prit le sifflet et dit : « Si je veux appeler mon dragon, je dois utiliser cet objet ! » A quelques mètres, Dragée dévorait les orcs qui gisaient dans l’herbe carbonisée, les mâchouillant tranquillement. Une façon personnelle de faire le ménage...

***

Un corbeau aux yeux rouges, pourvu d’un parchemin calé entre les serres, pénétra dans une immense pyramide. Un chef gobelin saisit le rouleau et entra dans une pièce dans laquelle dormaient Selkis et son frère Kizar. Selkis était un homme à la peau bronzée, aux oreilles pointues, à la longue chevelure violette et ondulée. Il avait un imposant corps de scorpion à la place de ses jambes, et l’aiguillon bougeait sans cesse, menaçant. Son abdomen était couvert de bijoux. Kizar, lui, était un beau jeune homme au teint aussi mat que son aîné. Par contre, ses cheveux étaient blonds, ses yeux reptiliens violets et maquillés ; à chaque bras, il portait des bracelets en or en forme de serpents. Ses oreilles anguleuses étaient ornées de boucles d’oreilles pendantes. Sur son front, on pouvait remarquer un diadème en forme de cobra. Au lieu de jambes, une longue queue de serpent noire et dorée les remplaçait. Le gobelin s’adressa à eux avec déférence : « Réveillez-vous, mes maîtres ! » Les deux hommes se levèrent. Kizar lui demanda : « Qu’il y a-t-il ?

— Maître Kizar ! Vous avez un message de la part de Gruzub ! »

Kizar déroula le parchemin et annonça : « Six aventuriers plutôt coriaces vont nous rendre une visite, dirait-on ! Selkis ! Nous devons rendre notre donjon plus difficile d’accès pour ces importuns ! Quelle bande de bras cassés nous a-t-on expédié ? Une femme barbare, un enfant mage, un elfe voleur et herboriste, un paladin bourrin, une princesse et une femme elfe archère.

— Très bien ! Je serai le premier qu’ils affronteront ! dit Selkis, sûr de ses capacités.

— Que dois-je faire ? demanda le gobelin.

— Installe des pièges, crée des serrures inviolables si possible, fais en sorte que les clés soient difficiles à trouver et ajoute autant de soudards que nécessaire ! ordonna Kizar.

— Oui, mon bon maître ! Vos désirs sont des ordres ! Mais concernant le coût de tout cela, il faut demeurer vigilant, les caisses sont presque vides ! »

***

Les aventuriers sortirent de la forêt de Zord. En continuant leur route, il se mit rapidement à faire de plus en plus chaud, et les plantes se raréfièrent progressivement, et la terre se transforma en sable après un moment. Daren souffla : « Qu’est-ce qu’il fait chaud ici, bon sang de bois !

— D’après la carte, nous arrivons bientôt dans la ville de Nylhasari, dit Mélissandre.

— On raconte que c’est là qu’habitent les elfes des sables. Et ils ne sont ni dans le camp de Galduil, ni dans celui de Gruzub, ajouta Solène.

— Nous n’avons pas intérêt de faire de faux pas, cette fois, sinon, nous aurons encore plus d’ennemis à éliminer. Nyméria et Toriel, faîtes attention à vos paroles et gestes. » Avertit Jocelin.

Aux portes de la cité, deux elfes des sables se tenaient à l’entrée, une lance à la main. Ces gardes avaient le teint halé et des vêtements brodés de dorures. Leur corps était couvert de bijoux en or. Ils emmenèrent les aventuriers de force au palais de leurs souverains. L’édifice avait les murs couleur crème, décorés avec des symboles et formes géométriques. Dans la grande salle du trône se trouvait le couple royal : le roi Khalris et la reine Iselris. Un garde leur dit : « Vos altesses ! J’ai trouvé ces étrangers qui voulaient pénétrer dans notre ville !

— Montre-les nous ! » Ordonna le roi.

Les gardes présentèrent les aventuriers, les poussant sèchement. Jocelin décida de leur parler le premier, sa qualité de prince l’y autorisant : « Nous ne venons pas en ennemis ! Nous désirons simplement traverser votre ville sans embarras pour quiconque, afin de nous rendre à Rogrora et tuer l’infâme Gruzub. Cette quête essentielle peut sauver le monde des humains et des elfes. Mais si nous échouons, tout le monde mourra, hélas !

— Comment être sûr que vous êtes dignes de confiance ? répliqua le roi.

— Nous pourrions leur faire passer une épreuve ! Dans notre ville, la statuette du dieu du soleil a été dérobée et se trouve dans la pyramide maudite, proposa Iselris.

— Bien, mon aimée ! Voici donc l’épreuve : allez chercher la statuette du dieu du soleil dans la pyramide maudite et rapportez-la. Si vous réussissez, nous vous laisserons traverser notre ville sans encombre. Si vous échouez, tant pis pour vous, dit Khalris. Votre destinée sera alors funeste !

— Comment ça, tant pis ? S’offusqua Daren. On peut m’éclairer ?

— C’est simple, ceux qui échouent ne sont jamais sortis de la pyramide. Est-ce suffisamment clair ? Maintenant, allez-y ! » Répondit la reine.

Les aventuriers regardèrent la carte en discutant de la marche à suivre. « La pyramide maudite…C’est la pyramide des frères Bakunar, dit Mélissandre.

— J’espère qu’il y aura des ennemis ! Un paquet, tant qu’à se déplacer. Un donjon sans monstres n’est pas d’un grand intérêt. Que dit le guide, au fait ? » Demanda Nyméria, impatiente d’aller en découdre.

Mélissandre donna la carte à Daren et prit le guide : « La pyramide est occupée par deux démons des sables : Selkis l’homme scorpion et Kizar le serpent. Nous risquons d’y affronter des scorpions, des serpents, chevaliers et magiciens corrompus, momies vivantes et squelettes. Attention au baiser mortel de Kizar !

— Si ça se trouve, il va utiliser la même méthode que Morticia Nostro, présuma Daren.

— Que comptes-tu faire s’il me met sous son emprise ? demanda Mélissandre.

— Je lui fais sa fête. Évidence !

— On va bien rire ! » Ricana Toriel.

Ils traversèrent les rues de la ville pour trouver la pyramide. Les gens regardaient le groupe avec une méfiance non dissimulée. Un homme au gros nez, l’air peu aimable, lança sur leur passage : « Qui sont ces étrangers ? Où vont-ils ? Que nous veulent-ils ?

— Nous allons à la pyramide maudite, voilà ! » Vous avez un problème ? » Questionna Toriel.

L’homme les regarda avec un air indifférent en se moquant : « Encore des idiots qui vont y rester ! »

Près de l’entrée de la pyramide, les aventuriers burent un peu d’eau dans leur gourde, afin de s’humidifier le gosier combat avant d’inévitables affrontements à venir, puis entrèrent dans la pyramide, Jocelin se plaça devant, suivi de Daren, Mélissandre, Nyméria, Toriel et Solène qui ferma la marche. L’intérieur de la pyramide avait les murs en briques de sable, et le sol était identique. Les couloirs étaient éclairés par des torches. A l’entrée, un sphinx les attendait avec un coffre fermé à disposition. Toriel dit : « C’est sûrement une énigme ! » Le sphinx les interrogea : « quel être, pourvu d'une seule voix, a d'abord quatre jambes le matin, puis deux jambes le midi, et trois jambes le soir ?

— Je ne sais pas…hésita Solène.

— C’est l’homme ! répondit Mélissandre.

— Euh… Tu peux développer, là ? demande Daren.

— Un bébé marche à quatre pattes. Un humain enfant jusqu’à l’âge adulte marche sur deux jambes et une fois devenu un vieillard, il marche sur deux jambes avec une canne. » Expliqua Mélissandre, toute fière.

Le sphinx dit : « Bonne réponse ! » Le coffre s’ouvrit. Mélissandre y trouva le plan de la pyramide et le tendit à Jocelin. Le prince dit : « Daren ! Dans une pyramide, il y a des pièges, c’est presque une obligation ! Ouvre bien tes yeux !

— Très bien. »

Ils franchirent une porte qui donnait sur une salle plus grande, et à droite, se dressait une grande porte orange, bleue et dorée avec un immense soleil dessiné dessus. Daren tenta de l’ouvrir et dit : « Cette porte ne peut être crochetée. Il faut une clé serpent et une clé scorpion.

— Bien, faisons demi-tour. Allons dans la salle derrière. La carte nous mène aux appartements de Selkis. » Dit Jocelin.

En chemin ils virent une porte violette et dorée avec deux statues en forme de serpents de chaque côté. La serrure indiquait un scorpion. Daren dit : « Nous sommes obligés d’affronter Selkis avant Kizar.

— Continuons ! Je veux me battre ! » Lâcha l’impatiente Nyméria.

Ils entrèrent dans une grande chambre dans laquelle était posée une grande statue magique. Un message y était gravé, sous forme de symboles. On aurait dit des sortes de hiéroglyphes. Toriel dit : « Je connais cette écriture ! Il est inscrit : Faîtes une prière à la déesse de la chasse et vous aurez des flèches.

— C’est pour moi, ça. » Répondit Solène, ravie.

Elle se mit à prier et tout d’un coup, un lot de 20 flèches elfiques apparut miraculeusement devant elle. Jocelin continua de parcourir la carte : « Il devrait y avoir une porte à gauche mais je ne la vois pas. Daren ! As-tu une idée ?

— Elle est sûrement dissimulée. Mais où ? »

Toriel aperçut une grande tapisserie sur laquelle un majestueux scorpion occupait l’essentiel du tissu, qui sentait fort. De la laine de mouton des Montagnes Noires, probablement. Il la souleva à tout hasard, et annonça fièrement : « J’ai trouvé la porte, c’est bon !

— Merci, Toriel ! Allons-y ! » Dit Jocelin.

Dans la salle suivante les attendait une nouvelle mauvaise rencontre : cinq momies menaçantes, aux orbites luminescents, avancèrent lentement sur le groupe. Nyméria brandit sa hache et beugla : « Battons-nous ! » Avec un unique grand coup de hache horizontal, elle en décapita deux, qui s’écroulèrent, définitivement morts, cette fois. Jocelin rejoignit Nyméria dans la bataille et dit : « Avec mon épée, je vais te brûler toute cette vermine ! » Il trancha en deux les trois autres momies qui prirent feu avant même de chuter. Tout ceci était vraiment trop facile, pensa la guerrière en broyant un crâne sous la semelle de sa botte toute neuve. Daren fouilla les restes des momies, et trouva seulement une clé verte. Jocelin annonça : « Nous entrons dans un labyrinthe. Restez près de moi ! » Ils s’engagèrent dans un couloir s’en allant au bout dans plusieurs directions. Soudain, Daren héla ses compagnons : « Arrêtez-vous !

— Que se passe-t-il encore ? demanda Solène, commençant à sortir une flèche de son carquois.

— Regardez, une dalle est plus claire que les autres ! Il s’agit probablement d’un piège, d’après ma truffe de fouineur, répondit Daren.

— Très bien, nous allons raser le mur pour ne pas nous faire avoir. » Conseilla Jocelin. Prudence est mère de sûreté, paraît-il...

Ils traversèrent donc le couloir en longeant la paroi puis se trouvèrent face à l’éternelle porte fermée, avec une serrure verte, ce coup-ci. Daren dit : « J’ai la clé correspondante ! Merci qui ? Merci les momies ! » Et il ouvrit la porte avec la clé verte. Ils pénétrèrent dans une salle avec un pont reliant quatre portes au-dessus d’une fosse à scorpions. Mélissandre s’écria en faisant la grimace : « Quelle horreur ! Je n’aimerais pas tomber là-dedans avec ces bestioles !

— Allons à la porte voisine…Morbleu ! Cette porte est verrouillée par une serrure orange, dit Jocelin.

— En face, j’aperçois une porte qui a l’air non verrouillée. La clé se trouve peut-être là-bas. J’y vais.

— Ne tombe pas, Daren ! » Supplia Mélissandre.

Daren marcha en équilibre jusqu’à la porte d’en face et trouva une clé, ainsi une poignée de pièces d’or. Il retourna ensuite auprès de ses compagnons « J’ai récupéré une clé jaune et 10 pièces d’or !

— Bon, allons voir l’autre passage pour essayer de trouver celle qui nous manque, dit Jocelin. Échouer maintenant n’est pas une option.

— Ne veux-tu pas que j’y aille seul ? lui demanda Daren.

— Non ! Il y a beaucoup de couloirs et de chambres, par ici. Si tu te trouves face à plusieurs monstres, tu y perdrais la vie.

— Et puis je ne veux pas traverser ce foutu donjon sans me battre ! » Ajouta Nyméria, le regard complice.

Ils passèrent une autre porte. Là, ils débouchèrent dans une pièce dissimulant 4 gobelins, leurs vêtements rappelant des habits égyptiens, assez ridicules sur les petites créatures. Toriel se moqua du quatuor : « Regardez comment ces nabots sont vêtus ! » Un gobelin s’énerva en poussant des cris aigus. Le petit elfe s’écria : « Hé ! Je ne suis pas un moustique ! Avec ma baguette, je vais brûler ta tête de têtard flétri, comme ça tu feras moins le malin ! » Il agita sa baguette magique et invoqua une flamme qui embrasa la tête du gobelin. Il se mit à hurler tandis que Toriel éclata d’un rire nerveux. Solène tira une flèche qui abattit un autre gobelin, pendant que Nyméria achevait puis écrasa le gobelin dont la peau du visage avait roussi. Jocelin attrapa un autre belligérant et le jeta au loin dans la fosse aux scorpions de la salle précédente. Mélissandre, elle, se débarrassa de la dernière petite créature grâce à un bon coup donné à la gorge de son adversaire avec son épée. La porte suivante s’ouvrit. Jocelin ordonna : « Allons-y ! » Ils arpentèrent un énième couloir et firent irruption dans une pièce où, posée sur un meuble séculaire, ils ramassèrent la fameuse clé orange. Daren suggéra : « Retournons dans la salle des scorpions ! » Ils prirent la clé puis filèrent jusqu’à la salle à la fosse aux arthropodes velus. Ils ouvrirent la porte qui menait à un couloir orné de motifs rouges et de statues en forme de scorpions. Devant eux, se dressait une porte à la serrure jaune. Daren dit : « A moi de jouer ! » Il tourna la clé, le fer forgé grinça un peu, et il poussa. Le groupe accéda à une grande pièce octogonale, dans laquelle les attendait visiblement Selkis. Dans chacune de ses mains, le démon tenait deux épées impressionnantes dont la lame était rouge. Mélissandre dit : « C’est Selkis, mi-homme, mi- scorpion !

— Eh oui c’est bien moi ! Personne ne résiste à mon aiguillon ! Qui veut goûter à mon dard douillet ? leur lança le frère de Kizar.

— Quelle grossièreté ! Votre humour vulgaire est franchement de très mauvais goût et indigne d’un grand seigneur ! S’exclama Solène, dégoûtée, tout en lui expédiant une flèche.

— Affrontons-nous, bande de bouffons ridicules ! Je compte mettre un peu de piquant dans ce combat ! » Déclara l’homme scorpion, pas peu fier de sa blague.

Selkis dévia la flèche avec l’un de ses sabres puis attaqua Solène, lui infligeant une blessure sans gravité apparente. Mélissandre décida d’aider son amie en tranchant net une patte du scorpion. Son adversaire lui dit : « Tant que je suis debout, j’oublierai ma souffrance en me repaissant de la vôtre, piétaille ! » Il essaya vainement de piquer la jeune Mélissandre avec son dard, car la princesse avait réussi à esquiver l’attaque, et l’aiguillon se planta dans le sol, se retrouvant sous l’impact coincé. Selkis tenta alors de retirer son arme naturelle, tandis que Daren d’un saut l’assaillit par derrière et lui infligea, grâce à ses deux lames acérées, de profondes blessures dans le dos. Selkis se retourna et se battit avec son nouvel agresseur. Ils échangèrent une séries de coups avec leurs lames et s’infligèrent chacun une blessure à la joue. Selkis réussit contre toute attente à retirer son aiguillon du sol, tandis que Nyméria qui voulait lui trancher le dard rata son attaque et frappa le sol de sa hache. Le scorpion grimpa sur le mur et contra l’épée brûlante de Jocelin. Le prince grogna et poussa son adversaire de tout son poids, et l’hybride se retrouva au sol. Toriel jeta un sort de glace qui gela l’aiguillon de Selkis, désormais plus une menace. Le petit elfe dit : « Tu ne peux plus nous piquer, espèce de… espèce de chose ! » Solène décocha une flèche. Nouvelle tentative suivie d’échec. Daren dit : « Solène ! Vise correctement, nom d’une pipe en bois !

— J’essaie mais il est rapide, même affaibli, celui-là ! »

Mais, à ce moment, Selkis réussit à dégeler son aiguillon et parvint à piquer Daren qui, malgré la meurtrissure douloureuse, trancha le dard, une fois pour toutes. Selkis cri : « C’est impossible ! Cette pauvre nullité a réussi à couper mon aiguille, là où ont échoué les meilleurs combattants ! Mais dans peu de temps, il va mourir, lui aussi ! Mon poison est mortel et rapide ! L’antidote se trouve là où tu ne pourras l’atteindre avant que ta vie ne s’échappe de ta misérable enveloppe.»

Daren s’isola dans un coin de la pièce en rampant et fouilla dans son sac. Il y trouva des herbes efficaces contre les poisons et autres produits toxiques, et les avala en les mâchant rapidement mais étrangement, cela ne sembla avoir aucun effet. Mélissandre s’écria, très inquiète : « Daren !

— Ne t’en fais pas pour moi !» répondit Daren, avec un sourire forcé.

Nyméria grimpa sur le dos de Selkis puis, d’un de ces violents coups de hache qu’elle affectionnait, elle lui trancha l’abdomen dans un gargouillis immonde, et écrasa sa tête en sautant dessus à pieds joints. Mélissandre, paniquée, se dépêcha de récupérer le pendentif qu’elle avait vu au cou de Selkis. Elle se précipita vers Daren qui se tenait le ventre en poussant des gémissements de souffrance. Il était déjà fiévreux, tant l’empoisonnement avait été rapide ! Elle lui fit absorber le précieux antidote. Daren retrouva peu à peu son teint habituel, cessa de souffler comme un bœuf, et récupéra après quelques longues minutes. Enfin il put remercier la jeune femme : « Ma belle Mélissandre ! Tu m’as sauvé…

— J’ai vraiment eu peur que tu partes dans l’autre monde, ce coup-ci. Maudit poison !

— Si ça avait été le cas, Daren aurait une petite place au Valhalla. Le sacrifice est noble. » Dit Nyméria.

Une fois tout à fait remis de ses émotions et après avoir failli voir son dernier instant arriver, Daren se releva enfin. Solène fouilla le cadavre de Selkis et récupéra la clé scorpion. Jocelin dit : « Bon, à présent, allons voir Kizar !

— Le guide dit qu’il peut ensorceler ses proies. Les femmes qui lui rendent visite succombent à son baiser mortel. » Lut Mélissandre.

Le groupe sortit de la pièce et Solène demanda : « Et maintenant ?

— On va à droite.

— Attendez ! Je veux jeter un sort de détection pour repérer les clés du donjon ! » Suggéra Toriel. Il se concentra, tandis que Daren utilisait un bout de graphite pour indiquer les endroits sur la carte.

Toriel donna ensuite des indications claires et précises afin que le groupe puisse savoir exactement où se trouvaient les fameuses clés de la pyramide. Jocelin dit : « Finalement, allons dans le couloir étroit ! Nous pourrons ainsi récupérer la clé blanche ! » Ils traversèrent un passage presque étriqué, puis entrèrent dans une espèce de salon, où paraissaient les attendre deux scorpions géants. Sans davantage de préambule, Nyméria les tua directement avec sa hache, évitant du coup toute attaque qui aurait pu être fatale à l’un des membres du groupe. Ils franchirent un autre passage, se retrouvant dans une petite pièce, du plafond de laquelle pendait une clé blanche, que Daren saisit, impatient d’avancer. Ils firent demi-tour et pénétrèrent dans la salle à droite de celle où ils avaient exterminé Selkis. Un nouveau danger les y attendait : plusieurs énormes scarabées bien moches. Toriel dit : « Laissez, je vais utiliser un sort de tornade pour nous en débarrasser ! » Avec sa baguette magique, il invoque une puissante tornade qui expédia les scarabées s’écraser sur les murs en craquant. Alors, un coffre sortit lentement du sol. Jocelin l’ouvrit et découvrit une clé, bleue cette fois. Le groupe prit la porte de droite. Elle donnait sur un corridor orné de tapisseries violet et d’or avec des dessins représentant des serpents. Mélissandre remarqua : « Nous avons changé de décor ! Nous sommes chez Kizar, désormais.

— Nous ne verrons plus d’insectes, tant mieux. » Dit Solène avec une mine dégoûtée.

En passant près d’une porte à la serrure turquoise, Jocelin renifla ; il avait senti des effluves de parfum et d’encens: « Une odeur de luxure nous envahit !

—Vu la description du guide, cela ne nous étonne guère, répliqua Solène.

—Mais nous n’avons pas la bonne clé pour ouvrir cette porte. » Dit Jocelin.

Ils longèrent le passage puis pénétrèrent dans une petite pièce. Sur le mur, un message menaçant y était écrit sous forme de symboles. Toriel le lut : « Abandonnez tout espoir de sortir vivants ! Au moins c’est clair !

— S’il croit nous faire peur avec ça, il se trompe. » Lança Nyméria, pas plus inquiète pour autant. Jusqu’ici, en fin de compte, leur quête avait été plutôt aisée...

Ils prirent la porte opposée, et parcoururent un long boyau qui les mena à une porte à la serrure bleue que Jocelin entrouvrit. Le salon dont le sol était recouvert de carreaux carrés, alternant or et violet. Au centre, se trouvait une fosse. Ils pouvaient voir des piques acérés au fond. Deux chevaliers certainement ensorcelés, au regard vide, gardaient l’endroit. Daren les dévisagea : « Mon dieu, qu’ils ont l’air bêtes ! Je vais m’occuper du cas de l’un d’eux, je vous laisse l’autre! » Il croisa ses épées face à son ennemi, tandis que l’autre s’attaquait à Jocelin. Daren planta une épée dans le ventre de son adversaire. Jocelin, lui, donna un puissant coup de pied qui propulsa son antagoniste dans la fosse à piques. Toriel ouvrit un coffre dont il sortit une clé rose. Dans la pièce suivante, un squelette leur parla en claquant des dents : « Vous ne sortirez jamais d’ici vivants ! Et vous resterez ici toute votre vie !

— Silence ! On nous l’a déjà promis ! » S’écria Daren en détruisant le squelette avec un coup sec de son épée.

Ils sortirent de la salle et débloquèrent la serrure blanche que Daren ouvrit. Cette fois, les hôtes étaient des serpents qui sifflaient un air empli de danger pour eux. Mélissandre dit : « Cet endroit est malsain ! » Daren examina les murs de la salle et trouva des inscriptions : « Toriel ! Peux-tu déchiffrer ces mots ?

— Voici le coffre à la clé turquoise. Un de ces serpents a la clé pour l’ouvrir.

— Solène ! Tu es une amie des animaux ! Cette énigme est pour toi ! » Dit Daren, repassant le problème à son amie.

Solène essaya de communiquer avec les serpents. Les reptiles, contre toute attente, parurent la respecter. Jocelin, surpris, la complimenta: « Je ne savais pas que tu pouvais également deviser avec les rampants !

— Ce qui est le plus étrange, c’est qu’ils semblent me considérer comme leur amie. »

Un serpent blanc, avec une clé autour du cou, s’approcha de Solène et la laissa saisir le sésame. La jeune femme ouvrit le coffre et y prit la clé turquoise. Le serpent blanc échangea avec Solène, qui traduisit pour les autres, non-initiés : « Il me dit de me méfier particulièrement de Kizar ! Cet homme dévore goulûment ses amantes, après les avoir séduites et empoisonnées. » Charmant. Ils sortirent à la queue leu leu, puis retournèrent à la porte dont la serrure était bleu turquoise. Solène tourna et poussa. Ils arrivèrent dans une antichambre dont le sol était jonché d’ossements d’elfes et d’humains. Solène dit : « Voilà donc le sort réservé à toutes les amantes qu’il a dévorées ! Quel démon est-ce donc pour être aussi cruel?

— C’est très sympathique de sa part ! » Commenta Jocelin en levant les yeux au ciel.

Solène utilisa la clé scorpion et ouvrit une grande porte violette pleine de dorures, agrémentée de deux serpents qui se faisaient face.

Le groupe accéda cette fois à une sorte de chambre, très grande. Cela embaumait le parfum et l’encens, les murs à nouveau recouverts de tissus violets. Sur un sofa brodé d’or, siégeait Kizar. Solène s’exclama : « Voilà donc le seigneur des lieux !

— Il est dégoûtant ! En plus, je déteste les serpents, mais beurk, désolée Solène ! s’indigna Mélissandre, éternelle princesse de conte de fées...

— Et bien, vil démon ! Viens par ici nous montrer ta force! » Gronda Jocelin, un peu présomptueux comme toujours.

Avec un sourire narquois, Kizar rampa langoureusement vers le groupe et saisit le visage de Solène : « Des trois femmes du groupe, tu es la plus belle. Les deux autres femmes sont des laideronnes, à mes yeux.

— Holà ! Ce n’est guère courtois de rabaisser les gens à cause de leur physique ! Mélissandre n’est pas laide du tout ! S’énerva Daren, oubliant poliment la barbare.

— Tu as de drôles de critères en ce qui concerne la beauté. Une créature aussi laide ne mérite pas d’être aimée, critiqua Kizar. Tout juste finir esclave, au mieux.

— Dites, j’ai une question ! Comment se fait-il que nous ayons affronté votre frère avant vous ? Il n’était pas très accueillant et on n’entre pas facilement dans vos appartements, demanda Solène.

— Avant votre arrivée, cette pyramide était moins difficile d’accès, et c’était moi que les aventuriers visitaient en premier. Mais un jour, nous avons reçu les ordres du roi Gruzub pour nous dire que six aventuriers coriaces nous rendraient visite. Nous avons dû rendre le donjon plus corsé à parcourir, et faire en sorte que mon frère s’occupe de vous avant de me rencontrer. A priori, ce n’était encore pas suffisant...

— Vos pièges étaient définitivement… nuls ! s’écria Toriel, fier de lui.

— Je vais d’abord séduire cette fameuse Solène, ensuite les deux laiderons, puis je m’occuperai de vous autres. »

Kizar enroula sa queue de reptile autour de Solène, qui eut une mine écœurée. L’elfe vit les yeux son ami Daren emplis de rage, et dit : « Vous avez intérêt à me lâcher ! Daren n’aime pas qu’on importune ses amis, croyez-moi !

— Laisse-moi plutôt t’embrasser ! » Intima Kizar sur un ton autoritaire. Son regard la fixait, hypnotisant. La jeune elfe sentait sa volonté faiblir lentement...

Les yeux de Solène devinrent comme vides, tandis que Kizar sortait ses crocs empoisonnés, résolu à mordre les lèvres de sa proie. Daren saisit ses deux épées et blessa la queue du serpent. Surpris, Kizar lâcha Solène et lança à Daren : « Qui t’a demandé de me déranger, pauvre impertinent?

— Elle t’a pourtant prévenu, je ne te laisserai faire aucun mal à Solène! Pour le mal que tu as fait en ce monde, et à mon amie en particulier, je vais me faire un plaisir de débarrasser cette terre de toi ! Lâcha Daren avec un sourire malicieux. Ses yeux, eux, étaient emplis d’une colère non dissimulée.

— Petit elfe, puisque tu as décidé de me déranger, tu seras le premier avec qui je vais jouer. Mon sabre contre tes lames elfiques. »

Daren était prêt à combattre Kizar avec la rage du guerrier. Mais il ne s’aperçut pas que Kizar enroulait sa queue de serpent autour de lui. Daren se retrouva alors prisonnier de l’étreinte étouffante du monstre. Nyméria hurla : « En tant que barbare, et surtout amie du petit, je ne peux le laisser se battre seul ! » et furieuse, elle trancha un morceau conséquent de la queue du serpent avec sa hache. Le sang coula en abondance sur le sol carrelé. Daren, échappant à l’étreinte, retomba et reprit sa respiration. Kizar se retourna et demande à l’impudente Nyméria : « Comment oses-tu ne serait-ce que m’approcher !

— Je ne suis qu’une humble combattante, pour qui la guerre est le quotidien. La séduction, c’est pour les faibles ! Montre-moi plutôt ce que tu as dans le ventre ! »

Nyméria s’élança vers Kizar, qui la mit à terre avec ce qu’il restait sa queue de serpent, encore dangereuse. Jocelin brandit son épée et cria : « Je vais te faire goûter à mon épée flamboyante! Toriel ! Aide-moi, apprenti, c’est le moment ! » Jocelin opposa son imposante épée au sabre du vil Kizar. Dans la lutte, Kizar tenta perfidement de l’hypnotiser : « Ton âme est à moi… Tu vas bientôt m’appartenir… » Avant qu’il arrive à son but, Solène interrompit l’hypnose en tirant une flèche de feu dans le dos de Kizar. Jocelin reprit ses esprits et lui donna plusieurs coups d’épées en poussant ses cris de guerre. Le serpent commença à s’enflammer, touché par d’autres traits embrasés, et finit par se rouler sur le sol en hurlant, tandis que le feu attaquait sa chair meurtrie, qui grésillait. L’odeur âcre agressait les narines des compagnons. Mélissandre dit : « Quel monstre ! Bon débarras ! » Toriel prit un grimoire et lut une formule pour invoquer de l’eau qui allait éteindre le cadavre du fourbe Kizar et lui permettrait de prendre ainsi la clé serpent. Daren dit : « Toriel ! Essaie de ne pas faire de grosses vagues, merci pour nous !

— On verra bien… Tu seras le premier au courant ! »

Toriel réussit son sortilège en beauté, le corps de Kizar cessa de brûler, et il put ensuite saisir la clé serpent. Daren récupéra plusieurs bijoux, ainsi que divers objets et dépouilla Kizar de ses joyaux. Daren découvrit deux portes au fond de la salle. Derrière la première se trouvait un grand bassin équipé d’une fontaine en forme de tête de serpent. En poussant la seconde ils découvrirent... des latrines. Daren suggéra: « Nous devrions nous reposer un peu. Qui veut aller aux latrines ? Qui veut se laver ?

— C’est formidable ! Il y a des latrines dans ce donjon ! S’étonna Jocelin. D’habitude, on urine par la fenêtre ! Directement dans les douves.

Cela sembla l’amuser.

— Je n’ai aucune envie de me baigner dans la baignoire de Kizar, dit Nyméria, en crachant par terre, marque de son mépris.

— Comme tu veux. » Répondit Mélissandre.

Mélissandre et Solène prirent un bain bien venu et fort agréable après toutes ces émotions. Daren se baigna après elles. Toriel étala un tapis sur le sol et proposa à ses amis : « Nous pouvons déjeuner !

— Je n’ai pas faim, j’ai surtout soif ! dit Nyméria.

— J’ai trouvé du nectar de raisin ! » S’exclama Daren avec joie en désignant un tonneau.

Les autres membres remplirent leurs gourdes et burent le nectar. Les aventuriers décidèrent de dormir un peu, avant la prochaine embûche. Mélissandre et Daren dormirent dans le lit de Kizar, tandis que les autres membres s’assoupirent, fourbus, là où il y avait de la place.

Le lendemain, les aventuriers quittèrent la salle de Kizar et ouvrirent une porte à la serrure rose. Après avoir traversé plusieurs couloirs, le groupe se retrouva au point de départ. Mélissandre dit : « Regardez ! Nous pouvons ouvrir cette grande porte avec les deux clés ! » Ils ouvrirent la porte et récupérèrent 100 pièces d’or et la statuette du dieu du soleil. Ils partirent, contents de leurs trouvailles, de la pyramide maudite, et allèrent remettre la statuette au couple royal de Nylhasari. Au palais, les monarques félicitèrent les aventuriers et leur proposèrent des fruits exotiques et des boissons. Les aventuriers se remplirent la panse, pendant que la reine posait la statuette sur un présentoir en or. Le roi leur dit : « Puisque vous avez réussi l’épreuve, vous pouvez continuer votre quête en toute sérénité ! Bonne chance à votre équipée ! »

Après avoir fini de prendre des forces, le groupe continua sa route dans la forêt en dehors de Nylhasari et Daren chercha le passage secret qui devait mener à la forteresse de Gruzub mais ne le trouva pas. Dépité, il dit à Toriel de tenter sa chance. L’apprenti essaya de jeter un sort de détection. Il ferma les yeux, concentré comme jamais. Une vision lui indiqua deux arbres aux feuilles pourpres et une trappe avec un crane posé près de leurs racines. Il dit : « Je sais où se trouve le passage ! Il est au pied de deux arbres aux feuilles d’un rouge violacé et la porte est une trappe avec un crâne. » Pas peu fier, Toriel guida les audacieux et trouva la fameuse trappe qui était... fermée. Solène dit : « Daren ! Si mes souvenirs sont bons, tu as trouvé une clé en forme de crane, tu te souviens ?

— Ah oui suis-je bête ! Je l’ai sur moi ! Cette aventure dans la pyramide m’a tourneboulé, on dirait bien !» ricana Daren en la sortant prestement.

Il tourna la clé dans la serrure légèrement rouillée de la trappe qui s’ouvrit en grinçant. Avant d’entrer, Solène héla un oiseau. Une colombe vint à elle et se posa délicatement sur son épaule. L’elfe écrivit une lettre, dans le but de prévenir le seigneur Galduil qu’ils allaient enfin atteindre la forteresse de Gruzub puis fixa la missive, grâce à un ruban, à la patte de l’animal qui prit son envol. Après cela, le groupe descendit doucement les escaliers. Ils se retrouvèrent immédiatement dans la pénombre, et longèrent les parois d’un boyau aux murs suintants, en pierres noires. Daren dit : « Quel endroit sinistre !

— Nous allons chercher ce monstre ! Je meurs d’envie de lui faire sa fête ! S’énerva toute seule Solène.

— Chhht ! Parle moins fort ! Tu vas finir par nous faire repérer ! répondit Jocelin.

— On n’a pas le plan du donjon. Nous risquons de nous perdre, pensa Mélissandre à voix haute.

— Tout ce que je peux faire, c’est utiliser mes pouvoirs de détection pour trouver le bon passage, dit Toriel. Je ne suis pas encore un magicien de haut niveau, désolé, mes amis !

— Essaie… Même si ça risque bien d’être nul, dit Nyméria.

— Il faut aller à gauche. Mais il y a un piège suspendu. prédit Toriel.

Les autres le fixèrent, surpris.

— Quel est ce fichu piège ? demanda Daren.

— Un plafond à clous qui tombe si par manque de veine on ne marche pas au bon endroit. » Répondit Toriel, aussi estomaqué lui-même d’avoir eu une vision qui arrivait pile-poil. Décidément, ils s’en sortaient vraiment bien.

Ils suivirent Toriel jusqu’au passage. Le sol était couvert de dalles, avec des symboles géométriques et colorés. Daren regarda le mur et trouva une énigme qui annonçait : « La lumière du Destin te montre le chemin à emprunter. » Toriel réfléchit et dit : « Je pense qu’il faut marcher seulement sur les symboles qui représentent des étoiles ou des soleils.

— Es-tu sûr de chez sûr cette fois ? Je n’ai aucune envie de mourir dans cet endroit malodorant ! Laissa échapper Solène.

— Qui ne risque rien, n’obtient rien. Je vais essayer le premier. »Dit Daren.

Il posa un pied sur une dalle avec un soleil. Rien ne se passa. Mélissandre se réjouit : « Toriel avait raison, on dirait ! Puisque Daren a une meilleure perception dans cette quasi obscurité, il sera notre avant-garde, et nous ferons les mêmes pas que lui. » Lorsqu’ils furent rendus au milieu de la pièce, ils entendirent des cris. Sans aucun doute des monstres. Mélissandre s’exclama : « Daren ! Dépêche-toi ! Les ennuis arrivent ! » Un groupe de 8 gobelins arrivait derrière eux. Toriel, qui était le dernier à sortir du tunnel, jeta une grosse pierre sur une mauvaise case et les gobelins furent quasiment écrabouillés par le piège. Toriel cria : « Et des crêpes de gobelins ! Qui en veut ? » Ils observèrent la nouvelle pièce qu’ils étaient parvenus à atteindre. Au plafond, des cadavres étaient suspendus, des statues démoniaques posées aux quatre coins de la pièce créaient une ambiance lourde, et des symboles occultes recouvraient les murs. Mélissandre se serra contre Daren : « Cet endroit me fiche une trouille bleue !

— Je suis là, ma jolie ! répondit Daren. Et nous en avons vu d’autres, non ?

— Mélissandre ! Je te rappelle que nous sommes chez un sorcier démoniaque ! Pas dans une église ! lança Jocelin. Ou dans une échoppe de nos villages !

— Très sympa, Jocelin ! fit Mélissandre.

— C’est effrayant mais il n’y a rien ici, à première vue, dit Daren.

— Et bien si c’est pour nous faire peur, c’est réussi, lui répondit Solène.

— Continuons. Mais c’est vrai que cet endroit est malsain. » Lâcha Jocelin.

Ils traversèrent un long corridor guère plus rassurant, puis progressèrent jusqu’à une grande pièce ronde dans laquelle leur fit face un effrayant Démon. Il les accueillit dans une langue sinistre, pleine de bruits gutturaux désagréables, que Toriel parvint à traduire après quelques efforts : « Sauf erreur, il dit qu’il s’appelle Xorath et qu’il est un ancien démon invoqué dans la pièce précédente.

— Tu comprends cette langue ? demanda Jocelin.

— Chez les mages, nous étudions les langues des monstres et celles des démons. Quand nous ne savons pas tout, nous adaptons par rapports aux dialectes ressemblants.

— Ce blabla bizarre ne me plaît pas du tout ! » Dit Mélissandre, effrayée.

Xorath s’esclaffa soudain, d’un rire sinistre mêlé à de nouveaux grognements. Daren demanda : « Que dit-il ?

— En gros, qu’il veut nous sacrifier pour ressusciter une armée démoniaque, répondit Toriel en avalant sa salive avec difficulté.

— Battons-nous ! On n’a pas toute la journée ! Moins de mots, plus de ramponneaux dans sa vilaine bouille. » Lança Nyméria. Sa hache la démangeait dangereusement.

Le démon envoya une sorte de vague sombre qui frappa les aventuriers de plein fouet. Daren dit : « Cette attaque est puissante, dites-donc. La vache !» Jocelin, toujours aussi sûr de lui, annonça : « Avec mon épée, j’ai pu me protéger. » Toriel annonça : « Je vais tester un sort de lumière ! Priez pour qu’il réussisse !» Il récita une formule qui éblouit la pièce. Xorath, fut momentanément aveuglé, et surtout, sous l’impact perdit quelques morceaux de sa chair. Le petit elfe dit : « Regardez, on dirait que ça marche ! Il craint la lumière, ce monstre !

— Logique, pour un démon des ténèbres! » Répondit Nyméria. Comme si cela avait coulé de source...

Daren et Nyméria s’acharnèrent sur le démon, le frappant encore et encore avec tant de violence que ses entrailles sortirent de son corps. On commençait même à apercevoir son squelette. Il se défendit jusqu’au bout, leur envoyant malgré ses blessures fatales des puissants coups de griffe. Jocelin, presque magnanime, décida d’en finir, et le frappa avec son épée en criant : « Retourne en enfer ! Crève enfin ! » Le démon, déjà meurtri et sanguinolent, sous le coup de la lame enchantée se mit à brûler tout en hurlant, tandis que Mélissandre, la tenant à deux mains, lui enfonça son épée dans le cœur. A peine la vie l’avait-elle quitté que le démon disparut. Toriel soigna les blessures de ses compagnons à l’aide d’un charme de soin. Daren scruta les cloisons, puis le plafond, et y trouva une clé suspendue et dit : « Il n’y a que cette clé. Continuons. Peut-être que nous trouverons la serrure qui lui correspond ! » Ils sortirent et avancèrent le long d’un sinueux couloir. Daren ouvrit une porte qui donnait sur un endroit sombre, éclairé par endroits grâce à de faibles lumières. Mélissandre lut un panneau en bois, qui se trouvait près de l’entrée : « Le jeu du voleur. Un bon voleur se déplace dans l’ombre sans être vu. Si vous atteignez le fond de la pièce, vous serez récompensé. Si vous êtes éclairé avant d’avoir fini le parcours, vous mourrez…

— Encore une énigme mortelle, dit Solène. La fête continue.

— Cette épreuve est pour moi ! » Dit le téméraire Daren.

Il entra d’un pas prudent, malgré tout. La première zone éclairée était fixe, et facile à éviter. Mélissandre s’écria : « Bravo Daren ! » L’elfe se retourna, mit un index sur sa bouche, pour intimer le silence à son amoureuse, et aux autres. Mieux valait être discret. La seconde zone éclairée bougeait de gauche à droite. Daren attendit le bon moment, puis bondit comme un chat vers l’autre côté du piège, dans la quasi obscurité. Ensuite, il vit deux cercles éclairés qui se déplaçaient en croix. Moins facile. Daren pensa : « Là, ça commence à être plus compliqué… » Il observa le déplacement des cercles en réfléchissant, calme, puis trouva une solution : « Dès que les lumières sont contre le mur, j’y vais en courant ! » Au bon moment, il s’élança, fendant l’air aussi vite que possible, mais sa cape, dont un bout passait dans une zone éclairée, resta accrochée au sol, transpercée par une lance qui siffla, partie du plafond. Daren réussit à atteindre sain et sauf le fond de la pièce qui s’éclaira aussitôt. Il dit : « Il me faudra une nouvelle cape, à notre retour ! » Un coffre apparut devant lui. L’elfe l’ouvrit et, ô miracle, découvrit une cape violette à capuche. Comme si le coffre avait deviné son désir. Il la saisit et alla voir Mélissandre : « Regarde ce tissu ! Je te parie que cette cape n’est pas ordinaire !

— Voyons le guide… Tu as raison ! C’est une cape d’invisibilité ! Tu deviens invisible à chaque fois que tu marches sur la pointe des pieds, fit Mélissandre.

— C’est la classe ! Dis, Daren ! Un jour, me la prêteras-tu ? Avec ça on peut faire plein de farces !

— Peut-être ! Si tu es sage. » Répondit Daren avec son éternel sourire.

Ils continuèrent leur avancée, et finirent par atteindre une sorte de salon éclairé, avec un escalier. Solène dit : « Je pense que nous sortons des souterrains. Pas trop tôt !

— Nous sommes enfin dans la forteresse, ajouta Toriel.

— Qu’a-t-il prévu pour nous ? » se demanda Jocelin.

Ils montèrent les marches de l’escalier et se heurtèrent quasiment à une bande de10 gobelins. Eux aussi avaient les oreilles pointues, assez longues et à l’horizontale. Nyméria brandit sa hache et se mit à brailler : « C’est un guet-apens ! Pas de pitié !

— Je vais faire flamber tout ça avec mon épée ! » Ajouta Jocelin. Il s’était rapidement habitué à cette arme magique.

Pendant que le chevalier et Nyméria combattaient les gobelins, qui ne s’imaginaient pas ce qui venait de leur tomber dessus, Daren dit : « Ce sont encore les mêmes qui y vont les premiers. Pas juste!

— Je vais tenter un sort qui devrait nous faire gagner du temps, et nous épargner quelques blessures.» dit Toriel. L’apprenti apprenait… sur le tas !

Le petit mage fit tourner sa baguette et invoqua donc une tornade qui mit cinq gobelins au sol, expédiés tels des fétus de paille. Après la courte échauffourée, Jocelin suggéra : « Il nous en faut un en vie. Ou presque !

— Pourquoi ? demande Daren, intrigué, alors qu’il s’apprêtait à estourbir son adversaire, bien laid et au regard mauvais.

— Pour lui demander où se cache Gruzub, évidemment, répondit Jocelin.

— Pas faux. Je traduirai ce qu’il va dire. » Dit Toriel.

Jocelin attrapa par la peau du cou un gobelin blessé, et lui demanda sur un ton sec : « Où se cache ton maître, misérable créature ! » Le gobelin s’énerva, râlant. Le chevalier sortit un poignard et fit mine de lui trancher l’oreille gauche, ce qui le rendit aussitôt bavard comme une marchande de poisson. Toriel traduisit : « Il dit qu’on est une bande de brutes et que si on veut savoir où se trouve Gruzub, on peut aller se faire voir !

— Où ça ? demanda Solène, innocente.

— On ne va pas te faire un dessin, tout de même ? » Répondit Nyméria qui acheva le gobelin récalcitrant. Moches, mais fidèles jusqu’à la mort à leur maître.

Daren le fouineur, trouva près de la sortie un coffre en métal, orné de pierres précieuses. Solène s’exclama : « Quel joli coffre ! Je suis sûre qu’il contient un objet rarissime !

— Fais attention ! C’est peut-être un piège ! Tu devrais l’ouvrir à l’envers, c’est trop beau, conseilla le preux Jocelin.

Daren, pour une fois, l’écouta, ouvrit le coffre avec la clé qu’il avait récupérée et ouvrit le coffre à l’envers, comme convenu. Soudain, de la boîte giclèrent cinq flèches empoisonnées qui percutèrent le mur. Nyméria eut pour tout commentaire : « Eh bien, voilà un piège sournois ! » Daren mit la main dans la boîte et en sortit un petit parchemin enroulé. Toriel déchiffra, et s’exclama :

« C’est une formule magique ! On dira que c’est celle qui permettra de sauver Alfheim de la famine !

— Je ne pense pas, dit Daren en observant le contenu.

— Qu’est-ce qui est écrit ? demanda Mélissandre, soudain inquiète.

— Je vous ai bien eus, pauvres demeurés ! Vous êtes tombés dans mon piège ! Signé Gruzub, cita Daren, en colère.

— C’est tout lui ! Le meilleur pour faire des pièges aussi tordus ! S’exaspéra Solène.

— Je crois qu’en fait nous sommes dans les cachots de ce saligaud, proclama Mélissandre qui observait le couloir depuis un moment.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? interrogea Nyméria.

— Vous avez remarqué ? Il y a plein de portes avec des grilles et une cette odeur. Une putréfaction, répondit la princesse.

— C’est vrai. De plus, ça fait quelques minutes que mes oreilles d’elfes oient un bruit qui me met mal à l’aise. » Ajouta Daren.

Ils déambulèrent dans le passage malodorant durant une dizaine de mètres, jusqu’à approcher d’une grande cellule occupée par une famille de trolls des montagnes qui possédait des objets et de quoi cuisiner. Daren, si bravache d’ordinaire, se cacha, piteux, derrière Jocelin et lui chuchota : « J’avoue, je n’aime pas ces créatures !

— Je vois. Tu as peur des trolls. C’est tout, lui balança Jocelin, moqueur.

— Je vais essayer de traduire ce qu’ils disent. Peut-être aurons-nous la veine qu’ils nous indiquent où se cache l’immonde Gruzub, proposa Toriel.

— Fais quand même attention ! Ces géants ont un foutu caractère » s’inquiéta Daren.

L’un des trolls leur parla en émettant tout un tas de grognements. Toriel traduisit et les couleurs se retirèrent de son visage: « Ils veulent manger !

— Que veulent-ils manger ? Et pourquoi es-tu tout pâle ? demanda Mélissandre.

— Ils veulent manger... les trois elfes du groupe ! Désolé, répondit Toriel.

— Quoi ?! s’écrièrent Daren et Solène, en chœur.

— Oh non ! Bon sang, ça va se terminer comme dans l’histoire que m’a racontée ma mère ! » Pleurnicha Daren.

Les elfes effrayés se serrèrent l’un contre l’autre, tandis que Nyméria ronchonna : « Et voilà ! Ils ont la trouille ! » Jocelin chercha une solution et lança à Nyméria : « Je crois que tu as de la viande dans ton sac ! Tu devrais leur donner !

— Pourquoi je devrais faire ça, d’abord ? C’est MA viande.

— On a encore besoin des elfes pour tuer Gruzub ! Toriel est devenu un bon mage, Daren nous a bien aidés jusque-là. Et puis, nous sommes toujours une équipe et notre entente est la clé pour vaincre Gruzub. Allez, balance.»

Nyméria sortit à regret les restes de gibier de son sac et les envoya à travers les barreaux aux trolls qui poussèrent des cris de joie (d’autres grommellements, en fait), et tendirent un parchemin. Toriel sécha ses larmes de trouille et dit : « Ils disent qu’on a été gentils et que pour nous remercier, ils nous donnent un plan de la forteresse !

— C’est fantastique ! s’exclama Jocelin. Ils ne sont pas si bornés, en fin de compte.

— Merci Jocelin ! Tu nous as sauvés ! cria Solène tout en faisant un bisou sur la joue du prince.

— C’est bon ! On se calme ! Va donc embrasser notre barbare, c’est sa viande qui a délié la langue de ces trolls.»

Un peu plus loin, ils aperçurent le dragon tricéphale de Gruzub, entravé par de lourdes chaînes. Jocelin dit : « Ce dragon n’a pas l’air très avenant ! Ses couleurs sont... démoniaques. » Solène s’approcha prudemment de la bête, qui curieusement se laissa approcher. Elle dit : « Il est triste car son maître le prive de liberté.

— Il ne prend pas soin de son dragon en l’affamant! Si ce n’est pas une honte ! Comme ça il va tous nous becqueter ! Rouspéta Toriel.

— Il manque aussi d’affection, tu le vois bien. Je vais le libérer pour qu’il puisse s’en aller, et le danger avec. Daren ! Aide-moi !»

Daren réussit à crocheter le cadenas de la chaîne. Le Dragon détruisit le mur qui était derrière lui tel un château de cartes, puis s’envola après avoir lentement déployé ses majestueuses ailes pleines d’écailles. Jocelin, bien plus pragmatique, regarda la carte et dit : « Nous devons aller tout droit ! Il y aura un escalier qui nous mènera au hall principal.

— Très bien. C’est reparti.» répondit Solène.

Ils grimpèrent les escaliers en soufflant, puis arrivèrent dans une salle à l’allure macabre qui donnait sur plusieurs couloirs. Mélissandre commenta : « Cet endroit est tellement sinistre que Lucifer lui-même aurait sans doute aimé y habiter.» Puis ils traversèrent un énième long couloir, à gauche, et poussèrent brusquement une double porte dont chaque battant était parsemé de gros clous. A l’intérieur, Maître Gruzub, qui était assis sur son trône en bois précieux, se leva brusquement et commença à gronder : « Imbéciles ! Ma lettre ne vous a pas suffi ?

— Une lettre aussi mal écrite, rédigée par la main de votre serviteur ? Elle m’a plutôt amusée, ironisa Daren.

— Gluq disait vrai ! Galduil envoie même une femme barbare et des humains pour me défier ! Et il m’envoie un gamin comme mage ! Il est lamentable. Des amateurs...

— Je suis Solène de la maison Celeborn ! La nièce de Lyra et Ehrendil Celeborn ! Sache que je n’aurai pas autant d’humanité que Galduil pour ce que tu leur as fait !

— Qu’ai-je donc fait, pauvre innocente, à part me défendre! Ils ont prêté allégeance à ce traître de Galduil qui m’a fait souffrir. Ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient. Tu ne vas pas tarder à subir le même sort, puisque tu es alliée de ce minable Galduil.

— Tu as torturé ma tante et mon oncle, avant de les faire tuer par tes sbires ! Tu as également fait dévorer leurs enfants par les trolls, alors qu’ils ne représentaient aucune menace ! Confesse-toi donc ! Éructa Solène.

— Je n’avouerai jamais aucune faute à des gens comme vous, inconscients qui préfèrent prôner l’amitié et servir les soi-disantes bonnes causes. Je suis fier de ce que je suis devenu, seul, et de ce que je suis en ce moment. Le mal ne me déçoit pas, comparé à l’amour, l’amitié et la charité, apanages des faibles, plaida Gruzub le félon.

— Au départ, je ne suis venue que pour en découdre. C’est ma façon de vivre. Je n’ai rien à voir avec toutes vos fichues disputes d’elfes ! Tu te crois fort en te cachant derrière tes donjons, alors que tu n’es qu’un minable tyran comme j’en ai abattu autant que je possède de doigts, lui lança Nyméria, furieuse.

— Comment oses-tu me parler de la sorte, espèce pauvre sauvageonne inculte ! » Cracha Gruzub en la fusillant du regard.

Nyméria sentit une immense colère prendre possession de son corps. Elle toisa Gruzub : « Tu m’as confondue avec tes hommes de main, ces abrutis sans cervelle ? Tu as commis une lourde erreur, et tu vas la regretter ! » Elle devint carrément incontrôlable, hors d’elle, et bondit comme une louve protégeant ses petits sur Gruzub, et le frappa de sa lourde hache. Jocelin dit aux autres : « Je crois bien que Gruzub a fait une drôle de bévue, en insultant notre barbare préférée ! On dirait que Nyméria s’est mise en mode berserk.

— Qu’est-ce que c’est ? interrogea Daren.

— Une phase de transformation connue chez les barbares. Dans la colère, ils agissent comme des bêtes et ne font plus la différence entre leurs amis et leurs ennemis. Une espèce de… transe !

— Allez, Nyméria ! Écrase cet abruti! » L’encouragea Solène, levant le poing.

Pendant que Toriel rechargeait sa baguette magique, Gruzub s’efforçait de repousser Nyméria mais elle lui griffa profondément la joue en y plantant ses ongles avec délice. Il grogna, humilié : « Elle a abîmé mon si beau visage ! » Fou de rage, il prit sa baguette magique et jeta un souffle télékinésique qui propulsa Nyméria au fond de la salle. La guerrière se releva mais la douleur son dos la faisait grimacer. Jocelin saisit son épée et fonça vers Gruzub : « C’est l’heure du châtiment, traître !

— Mes sortilèges contreront ton épée sans effort, pauvre fou ! Railla Gruzub.

— Sauf si je suis là ! répliqua Toriel, sa baguette à la main, courageux, mais inconscient.

—Tu ne fais plus peur à personne ! Tu n’es qu’un fourbe et un lâche ! hurla Daren.

— Ah oui Baradras ! J’ai jeté une malédiction sur vos cultures pour affamer la cité d’Alfheim ! Et j’ai adoré !

— C’est donc à cause de toi si nos récoltes sont toujours médiocres ! Nous avons beau nous échiner à faire pousser nos plantes et arbustes avec amour, elles nous donnent très peu de fruits, et nos terres souffrent. On dirait que Marius V n’était pas le seul fautif de cette maudite famine dont nous mourons à petit feu ! Il faut que quelqu’un débarrasse ce monde de toi ! » S’écria Daren en se jetant sur Gruzub, les épées à la main.

Les lames acérées endommagèrent l’armure de Gruzub, arrivant à la fendre. Le sorcier se gaussa : « C’est tout ce dont tu es capable ? Ce n’est pas avec une aussi médiocre pichenette que tu me vaincras ! Vous avez sûrement affronté les sœurs Nostro !

— Ces trois fichues diablesses que nous avons vaincues ! Quel est le rapport ? demanda Solène.

— Sachez qu’avant d’entrer à mon service, elles m’ont offert une partie de leurs pouvoirs. A présent, je rejette ma nature d’elfe !! »

A ces mots, Gruzub se transforma tout à coup en vampire aux ailes de dragon agrémentées de tentacules de kraken, près de la nuque. Mélissandre eut un frisson. « Il est encore plus effrayant que Xorath, ce fou !

— Il n’a plus rien d’un elfe. ajouta Solène.

— Mélissandre ! Reprends-toi ! Nous devons le battre ! Il est le mal incarné. Si ce monstre gagne, nous périrons et le monde des elfes et des humains ne sera plus qu’un cauchemar éternel ! Implora Daren.

— Ce qui est étrange, c’est qu’il fasse jour et que Gruzub ne se change pas en pierre, s’étonna Jocelin.

— Tu te le demandes, imbécile ? Je me suis fabriqué une amulette de protection contre le soleil ! » L’informa Gruzub qui s’envola vers le plafond, avant de s’enfuir par une fenêtre en brisant un vitrail.

Toriel fit prendre une potion de soin à Nyméria pour l’aider à reprendre ses forces. Malgré deux côtes fêlées, la barbare arriva à sourire et lui dit : « Pour des elfes, vous n’êtes pas de si mauvais guerriers.

— C’est la première fois que tu dis quelque chose de gentil sur les elfes ! s’exclama Toriel, agréablement surpris.

— Nous avons un ennemi commun. C’est ensemble que nous le battrons. Et pour cela, Mélissandre a besoin de notre aide. »

Jocelin proposa une stratégie : « Toriel doit appeler son dragon. Mélissandre et Solène monteront avec lui pour attaquer Gruzub dans les airs et essayer de trouver son point faible. Daren, Nyméria et moi attaquerons au sol. » Ni une, ni deux, Toriel héla Dragée, qui n’étant pas trop éloigné heureusement, après un moment montra sa grosse tête écaillée, et se rallia au groupe. Le petit elfe monta sur son dos, tandis que Solène et Mélissandre le rejoignirent. Passé à l’attaque, Gruzub tenta de saisir le dragon avec un tentacule, mais la princesse eut le bon réflexe et le trancha avec son épée. L’appendice amputé tomba au sol, et le monstre blessé dans sa chair et son orgueil se mit à vociférer en bavant : « Petite peste ! Comment oses-tu ? Je vais te pulvériser, maudite humaine » Il se posa au sol, lourdement, pour attaquer Jocelin qui voulait s’interposer. Le prince essaya de l’atteindre avec son épée enflammée en criant : « Apprends donc le respect ! Débilus !

— Quelle pitié ! Face à mes pouvoirs, tu es tout au plus risible !! Ricana Gruzub, en lui envoyant une puissante lame d’ombre qui par chance ne le blessa que légèrement.

— Il en faut plus pour me mettre hors de combat ! »

La fière Nyméria fonça sur Gruzub, la hache à la main en criant : « Gruzub ! Si tu cherches les raclées, tu vas en avoir !! » Mais le despote lui expédia un puissant souffle télékinésique pour la repousser à nouveau. La guerrière se cogne contre le mur, étourdie sous l’impact. Elle était mûre pour un mal de crâne carabiné. Daren activa alors sa cape d’invisibilité, et surgit derrière Gruzub, avec ses deux lames, il put ainsi lui trancher les ailes en lui lançant : « Sans tes fichues ailes, fini de jouer les invincibles !

— Sale gamin ! Tu vas me le payer !»

Jocelin fit signe à Toriel de descendre : « Il ne peut plus s’envoler ! Rejoins-nous !» Le groupe se réunit face à Gruzub qui, coincé, leur envoya une vague de feu. Toriel se hâta de se placer devant afin de protéger ses alliés. Gruzub fit, interloqué : « Comment est-ce possible ? Tu devrais brûler, à moins que…

— Oui, espèce d’idiot ! C’est la robe du fameux pyro-mage Balthazar l’imbrûlé ! Grâce à son pouvoir, je résiste au feu ! » Se moqua Toriel.

Furibard, Gruzub invoqua une pluie de cristaux de glace qui infligèrent plusieurs plaies à Mélissandre. Solène lance une flèche sur Gruzub qui se brisa en frappant son armure. Mais contre toute attente, le félon se retrouva torse-nu. Il vociféra : « Quelle humiliation ! Vous tous, ridicules créatures, voulez défendre l’amour, l’amitié et la bonté ? Le mal, lui, m’a rendu puissant et m’a permis de mettre Galduil à genou tel un chien face à son maître ! Mélissandre ! Ton regard rempli de pitié est celui que je méprise décidément le plus ! » Il compara le regard de la princesse à celui de Galduil, puis acheva sa vile diatribe en lui envoyant une gifle. Les fidèles partenaires de la pauvre Mélissandre se placèrent aux côtés de leur amie. Nyméria fronça les sourcils, l’air mauvais : « Gruzub ! Cette fois-ci, c’en est trop !

— Comment oses-tu parler avec un tel mépris du seigneur Galduil et frapper Mélissandre? cria Daren.

— Tu ne connais rien aux sentiments d’amitié et gentillesse ! Des gens t’ont sûrement aimé, et tu n’as fait que les détester et les maltraiter au lieu d’ouvrir ton cœur ! ajouta Solène, hors d’elle.

— Mélissandre ! Montre-lui de quoi est capable le bien face au mal ! s’exclama Jocelin, l’amoureux éconduit mais toujours présent.

— Gruzub ! Vous ne gagnerez pas, cette fois ! » Hurla de sa voix de fausset Toriel en levant sa baguette magique.

Les compagnons de Mélissandre, groupés, émirent soudainement une aura lumineuse et chaleureuse qui convergea sur l’épée de la princesse qui devint plus longue et lumineuse. La tenue de la princesse se mit à se transformer, se changeant en une magnifique armure blanche et rose avec des ailes d’ange, tandis que Gruzub reprenait peu à peu sa forme elfique. Fou de rage, il brandit sa baguette et jeta une gigantesque sphère démoniaque qui se heurta à la toute nouvelle puissance de l’épée de Mélissandre. La princesse annonça : « Une amitié parfaite était la clé de la réussite ! Il ne faut pas la perdre ! » Entraînés par la motivation de leur amie, les aventuriers amateurs utilisèrent leurs armes, et l’union de leur force commune pour repousser la sphère, en un élan fraternel qui finit par se retourner contre Gruzub qui en fut gravement affaibli à son grand étonnement, et termina étalé sur le sol. Ridiculisé par ces ennemis qu’il avait eu tort de sous-estimer... Mélissandre, épuisée, s’effondra également, à l’écart de son adversaire. Daren s’approcha d’elle, l’examina et dit aux autres : « Elle est encore vivante. J’espère qu’elle se réveillera bien vite ! » Tandis que Gruzub, dépité, humilié même, maugréa : « C’est…impossible ! » Les amis de Mélissandre se mirent à le juger du regard. Chacun avait un reproche à lui adresser. Daren dit : « C’est toi qui as jeté une malédiction sur les plantations de Valquiche !

— Tu as menacé, fait torturer et massacrer tant d’elfes innocents ! Ajouta Solène.

— Tu as trahi le seigneur Galduil en priant le dieu interdit ! Lui cria Toriel. Tu es la honte de notre race !

— Quant à nous, simples mais courageux humains, nous n’en pouvons plus de tes invasions avec tes armées de monstres ! Gronda Jocelin, en lui adressant son plus noir regard.

—Tu as agi comme un lâche, mauviette! » Acheva Nyméria. Ma hache aurait quelques mots à te dire. En privé !

Ils se mirent à réfléchir comment achever Gruzub. Nyméria propose : « Dans le nord, pour les types comme lui, c’est une décapitation à la hache! C’est rapide, direct, et diablement efficace !

— Je l’aurais plutôt mis au bûcher sur lequel il aurait brûlé vif pour ses pratiques de magie noire, suggéra Jocelin, logique.

— Chez les elfes, sous le règne de Systénin, on humiliait le coupable avant de le faire pendre, raconta Daren.

— J’ai une meilleure idée. Nous allons l’exécuter avec sa propre méthode de mise à mort. Il donnait des elfes par groupes en pâture aux trolls. Cette fois-ci, nous nourrirons les trolls avec sa chair immonde ! proposa Solène.

— C’est original ! Je veux bien regarder ! approuva Nyméria. Ce sera une première, pour moi. Étonnant, non ?

— Puis-je, moi aussi, regarder ce spectacle ? demanda Toriel, curieux.

Après tout, le sorcier n’était rien de plus qu’une honte pour ses semblables, à ses yeux.

— Non ! Tu es trop jeune ! Veille donc sur Mélissandre ! ordonna Jocelin. Ce ne serait pas un très beau souvenir pour tes innocents yeux d’enfant.

— Très bien, répondit Toriel, à regret, comme un enfant privé de la fête.

— Le seigneur Galduil devrait nous rejoindre d’un moment à l’autre. » Ajouta Solène.

Nyméria saisit Gruzub par le bras, sans ménagement, pour l’emmener dans la cellule des trolls. Gruzub cria : « Bande de monstres ! Cette barbare me fait mal! Les amis de Galduil sont mes ennemis ! Je me vengerai ! Vous verrez, bande d’inconscients...

— Ferme-la ! Les morts ne parlent pas ! répondit sèchement Jocelin, en lui donnant un coup de pied.

— Dans l’autre monde, passe le bonjour à Loki de ma part ! Pour ta lâcheté, je doute que tu aies une place à la table des dieux au Valhalla. Tout juste près de l’écuelle des chiens ! » Ajouta Nyméria.

Elle jeta Gruzub dans la cellule des trolls, tel un paquet de linge sale. Les horribles bestioles le déshabillèrent, lui arrachant ses vêtements sans ménagement. Il hurlait à la mort. La mère de la famille prisonnière le souleva d’une main, l’autre tenant un énorme hachoir. Son but était de le découper afin d’en faire un ragoût, à priori. Solène dit : « C’est dommage ! J’aurais bien aimé qu’il soit cuit à la broche, plutôt ! » Soudain, les cris de Gruzub cessèrent. Alors, enfin rassurés, les aventuriers retournèrent dans la salle du trône. Daren dit : « Quelle triple buse ! J’ai oublié que nous devons trouver la formule pour conjurer la malédiction qui frappe les plantations de Valquiche.

— Très bien, fouillons le château ! Sur un territoire ennemi, le pillage est toléré dans certaines limites. Mais nous devons faire attention aux pièges. » Dit Jocelin.

Soudain, Gluq s’approcha d’eux, et leur demanda avec son hideuse voix aiguë : « Mon maître n’est plus là ?

— C’est donc toi, Gluq, le serviteur de Gruzub ? demanda Daren.

— Oui…Mon maître vous hait… répondit doucement Gluq.

— Ton maître est mort, dévoré par les trolls ! dit Nyméria.

— Enfin ! Je vais avoir droit à une retraite bien méritée ! déclara Gluq, qui semblait soulagé, quelque part.

— Pas avant que tu nous aies donné la formule magique pour conjurer ce maudit maléfice qui s’abat depuis trop longtemps maintenant sur les plantations elfiques ! lui rétorqua Daren.

— Très bien ! Puisqu’il en est ainsi, suivez-moi ! »

Le petit gobelin guida les aventuriers dans les couloirs du château. Solène aperçut une porte et demanda : « Qu’est-ce qu’il y a derrière ? L’odeur qui affleure est curieuse.

— Ce sont sûrement les latrines ! Ironisa Jocelin.

— Non ! C’est l’épicerie personnelle de Gruzub. Il a embauché un domestique corvéable à merci pour lui apporter toute la nourriture dont il a besoin.

— Voilà bien une méthode de tyran. » Dit Nyméria.

Ils montèrent des escaliers en colimaçon. Gluq ouvrit une porte violette. La pièce était tapissée de tissus rouges, il y avait des grimoires, un chaudron, des ingrédients magiques et plein d’objets. Le petit gobelin saisit une échelle et fouilla les vieux manuscrits qui se trouvaient sur une étagère élevée. Il prit un ouvrage violet écorné, mais il perdit l’équilibre et lâcha le livre. Daren saisit le livre avec adresse et interrogea : « Est-ce dans celui-ci ?

— Oui !

— Quelle page, vite ?

— C’est à la page 137 ! »

Daren ouvre le vieux bouquin fatigué et aperçut la bonne formule, effectivement. Solène dit : « Emportons vite ce précieux livre pour le seigneur Galduil.

— J’ai trouvé le butin de Gruzub ! s’exclama Nyméria après avoir ouvert un coffre rempli de pièces d’or et de pierres précieuses.

— Emportons-le aussi. Prise de guerre. » Conclut Jocelin.

Pendant ce temps, Galduil, sur le dos de son dragon, rejoignit Toriel. Il descendit de sa monture et salua le petit elfe : « Bonjour à toi, Toriel de Sardoine !

— Seigneur Galduil ! J’aimerais savoir si à présent je suis un mage confirmé ? Quémanda Toriel avec l’impatience qui caractérisait l’apprenti.

— Pour l’instant, je vais d’abord soigner Mélissandre. Puriaro Tormectus ! »

Mélissandre se réveilla et s’exclama : « Le roi des elfes !

— On dirait que tu t’es bien battue.

— Cette aventure m’a enseigné tant de choses ! Il existe des âmes que l’on ne peut sauver, comme Gruzub.

— Oui malheureusement. Lorsqu’un être s’obstine dans la voie du Mal tout en se riant des bonnes âmes comme de ceux qui veulent l’aider, en préférant la haine plutôt que la compassion, cela finit par faire de lui une espèce de fielleux acariâtre et dénaturé, un monstre si tu préfères.

— Lors de notre affrontement, il m’a regardée avec un regard empli de haine en me comparant à vous ! C’est à ce moment que j’ai compris qu’il fallait le vaincre à tout prix.

— Gruzub a toujours ignoré la définition du mot « ami ». Pour lui, un ami est essentiellement une personne qu’il peut manipuler et qui l’aidera à avoir ce qu’il veut. Un simple objet malléable à souhait...

— Qu’est-ce qu’un ami à vos yeux ? demanda alors Mélissandre.

— Un ami doit agir comme une forme d’ange gardien. Il t’empêche de faire de mauvaises actions. Et saura en cas de souci te soutenir, quoi que tu puisses faire.

— Que s’est-il passé entre Gruzub et vous, si je ne dépasse pas les limites de la curiosité ? »

Galduil fixa la princesse. Il réfléchit un moment, puis décidé de lui raconter son passé.

Les confidences d’un roi...

Il y a 20 ans, je venais de recevoir mon titre d’archivage. Gruzub était alors un mage médiocre mais intelligent. Il voyait que je faisais preuve d’une sincère bienveillance et d’une sagesse exemplaire, tout en maîtrisant les arts magiques. Il m’a donc demandé de l’aider à progresser. J’ai donc naïvement accepté, et lui ai donné un premier conseil : « Le seul moyen qui permet à un mage de s’améliorer est d’affronter plusieurs donjons. » Gruzub et moi avons décidé de voyager ensemble, et avons parcouru plusieurs donjons. Au fil du voyage, encore candide, j’ai commencé à m’attacher à lui. Mais tout a basculé lorsque nous affrontions la forteresse des terres ardentes de Rogrora, où se cachaient les adeptes du dieu interdit. Les disciples que nous avions vaincus vantaient leur culte en disant que les mages qui pratiquaient ce culte gagnaient d’immenses pouvoirs et pouvaient semer le chaos et la destruction. Cela avait séduit Gruzub, bien plus ambitieux que moi. Après avoir vaincu le maître des lieux, Gruzub était donc devenu archi-mage, et décida d’accomplir le rituel du dieu interdit. Le sort lui donnait de nouveaux pouvoirs et une sombre apparence. Je l’ai supplié de toutes mes forces, pourtant : « Gruzub ! Ne fais pas ça !

— Pourquoi donc ? Avec ce rituel, je deviendrai plus puissant que jamais ! De plus, à bien y penser, cet endroit me plaît !

— Je te dis cela en tant que ton ami ! Ne te lie pas au dieu interdit !

— Jusque-là, tu m’as permis de devenir archi-mage. Mais je ne compte pas m’arrêter là. Puisque tu me trahis en voulant m’empêcher d’accomplir mon destin, je n’ai plus besoin de toi. Nos chemins vont se séparer ici.

— Puisque c’est ainsi, je vais devoir t’affronter ! »

Dans l’immense salle du trône, nous nous combattions dans un puissant duel de magie. A la fin du combat, je me suis retrouvé agenouillé face à Gruzub. Il se moquait de moi : « Avec ce regard, tu ferais presque de la peine, tiens ! Rentre chez toi et laisse-moi ici !

— Tu risques de finir seul, sans ami avec qui partager l’existence !

— En m’empêchant d’accomplir mon rituel, tu t’es très mal comporté avec moi ! Très, très mal, à vrai dire. Je me ferai de nouveaux partenaires parmi les gobelins, orcs et démons qui m’obéiront au doigt et à l’œil! Ils seront à ma botte ! »

Gruzub m’entraîna jusqu’aux cachots du château et décida de me montrer une cellule dans laquelle vivaient des trolls affamés. Il me menaça : « Galduil ! Si tu oses revenir me voir, je donnerai ta chair en dîner aux trolls ! »

Face à cette situation, je me sentais impuissant. Le cœur blessé, je suis sorti du château, la mort dans l’âme. J’ai donc appelé mon dragon et suis rentré à Alfheim pour tempérer la tyrannie de mon ancien ami. Ou la faire cesser.

Les autres compagnons de Mélissandre les rejoignirent. Daren se jeta aussitôt dans les bras de Mélissandre, en criant : « Ma princesse ! Tu es réveillée ! Et tu vas bien, dirait-on !

— Daren! Je suis si heureuse de te revoir ! Regarde ! Le roi des elfes est ici ! »

Tout le monde l’appréciait. Ils se tournèrent vers le seigneur Galduil qui annonça : « Avant toute chose, je vais donner à Toriel de Sardoine sa baguette de mage confirmé ! Il semblerait qu’il a beaucoup progressé durant ce voyage initiatique, il a su tenir tête à un sorcier de haut niveau et apprivoisé un dragon. » Avec sa baguette magique, il remplaça celle de Toriel par une qui était plus longue, plus belle et surtout, plus puissante. Toriel était fou de joie tandis que les deux autres elfes se mirent à l’applaudir, sincèrement fiers de lui. Le roi des elfes ramassa la baguette maléfique de Gruzub et la tendit à Mélissandre : « Garde ceci en souvenir de cette quête que tu as accomplie. C’est mon présent.

— Merci, mon Seigneur…

— Maintenant, nous allons passer à Fédolion avant de rentrer à Alfheim par la voie des airs. »

Galduil appela son grand dragon et s’installa sur le dos de la bête, accompagné de Daren, Mélissandre et Solène. Toriel monta sur Dragée, imité par Jocelin et Nyméria. Dans le ciel, Mélissandre admira le paysage : « C’est tellement beau ! Il y a tellement d’endroits que je n’ai pas encore vus !

— Après notre mariage, je t’emmènerai faire un tour, puisque tu t’intéresses aux contrées elfiques, lui chuchota doucement Daren à l’oreille.

— Je pense que je vais mener une nouvelle vie aux côtés de Jocelin, déclara Solène les yeux tournés vers son preux chevalier.

— Tu ne veux plus me tenir compagnie ? Cette aventure t’aurait-elle tant changé ? dit Daren., avec son éternel sourire coquin.

— Durant cette équipée, j’ai trouvé qu’il faisait preuve d’une telle vaillance ! Et il a su me comprendre alors que j’étais si triste, à Elthanyn.

— Au fil d’une telle expédition, des choses inattendues peuvent arriver. » conclut Galduil en souriant.

Aux portes de Fédolion, ils descendirent du dos des dragons et marchèrent dans les rues de la ville, en direction du château. Les villageois regardaient d’un mauvais œil les accoutrements de Nyméria, Solène et Mélissandre. Deux hommes maugréèrent : « Ici les femmes ne se battent pas ! » Ou encore « La femme qui tient une hache est vêtue comme une gourgandine ! » Nyméria dit : « Dans cette ville puante, les gens sont désagréables ! Des claques se perdent ! Quelques coups de hache aussi, pour certains porcs à deux pattes.

— Ne fais pas ça ! Nous ne sommes plus dans les donjons ! » Gronda faussement Jocelin.

Arrivés au château, ils saluèrent le roi Marius V, qui se leva de son trône et alla faire une accolade à sa fille adorée. La reine en fit de même. Elle demanda à son époux : « On dirait que ces trois elfes ont réussi à nous ramener Mélissandre saine et sauve. Sommes-nous malgré cela toujours en conflit avec eux ?

— Eh bien… hésita le roi, embarrassé.

— Père ! Grâce à Daren, Solène et Toriel, j’ai vaincu Gruzub. Voici même sa baguette en guise de preuve ! Maintenant, notre monde est sauvé, plaida Mélissandre en montrant à ses parents le fameux bâton sculpté du sorcier.

— Et tout le butin de l’aventure ! » Ajouta, pragmatique, Daren en ouvrant le coffre récupéré au château de Gruzub.

Le roi réfléchit quelques longues minutes, et prit enfin sa royale décision : « Puisque vous avez protégé ma fille et contribué à la victoire, je propose de faire une alliance avec votre peuple. Je vais immédiatement faire abroger toutes les lois créées à l’encontre les elfes et laisser votre forêt tranquille, désormais. Si je souhaite agrandir mon royaume, ce sera dans une autre direction, à partir de ce jour.

— Voilà qui est sage, je n’en attendais pas moins de votre Altesse. » Répondit Galduil, en faisant un discret clin d’œil à la jeune princesse.

Les deux rois signèrent donc un Traité de Paix. Pas trop tôt, ne diront beaucoup. Puis, après avoir reposé sa plume d’oie, le roi Marius V se tourna vers sa chère fille bien aimée : « Mélissandre ! Je vais te proposer un choix, à ton tour : Veux-tu rester à Fédolion, afin d’y reprendre ta vie de Dame de la cour là où elle s’est arrêtée, ou désires-tu rejoindre Daren chez nos nouveaux amis, les elfes ?

— Depuis longtemps, je ne me sentais plus à ma place, à la cour. Chez les elfes, je me suis enfin épanouie. Je vais vivre à Alfheim avec Daren. » Répondit Mélissandre.

Daren s’adressa au roi : « J’espère que vous pourrez venir à notre mariage ! Il sera célébré près du lac qui se trouve au milieu de la forêt des elfes.

— Et bien, mon bon Daren ! Si tu le veux, je t’inviterai à passer faire des combats de joute à Fédolion.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Ce sont des duels de chevaliers qui mettent en valeur les couleurs de leur maison.

— J’y participerai peut-être. Sûrement, même ! »

Toriel, éternel insatisfait, lâcha : « En ce qui me concerne, hors de question de remettre mes pieds dans cette ville puante toute crasseuse !

— Messire ! Pardonnez-le ! C’est sa nature ! Il manque un peu de savoir-vivre ! supplia Solène, gênée.

— Ce n’est pas grave. Ce garçon est comme le tavernier. Il dit haut et fort ce que tout le monde pense tout bas, répliqua le roi, alors que tout le monde riait.

—Toriel ! Je te donne le grimoire de Gruzub ! La formule pour annuler la malédiction se trouve à la page 137, si tu l’as oublié ! lança Daren en tendant le grimoire à Toriel.

— Merci Daren ! Voilà un rituel que je serai heureux d’accomplir dès que possible! »

Après avoir partagé le trésor des donjons, Galduil, Solène et Toriel rentrèrent à Alfheim tandis que Daren resta avec sa future épouse Mélissandre, afin de l’aider à faire ses bagages. Après avoir salué Solène et la famille de Mélissandre, Jocelin rentra à Cliva ros avec Nyméria pour retrouver le roi Gavin IV et la reine Gisèle. Mélissandre prépara ses paquets et les déposa sur le dos d’un cheval solide et puissant, que Daren avait emprunté. Après une dernière accolade à ses parents, elle prit la route menant à Alfheim aux côtés de son promis et d’un écuyer.

***

Arrivés à Alfheim, les amoureux prirent ensuite le chemin de Valquiche pour déposer les affaires de la princesse chez Daren. Près de la maison, Dame Elora prit dans ses bras son fils, puis Mélissandre. Messire Erval, tout ému, lança un joyeux : « Mon fils ! Pendant votre aventure, nous avons fait construire une nouvelle demeure pour toi et ta future épouse.

— Les travaux ont-ils bien avancé ? S’enquit le jeune elfe.

— Ils sont terminés ! Vous vivrez toujours, heureux je le souhaite, à Valquiche et logerez du côté des romarins. » Compléta le bon Erval.

Mélissandre confia plus tard ses affaires à la domestique qui alla les installer dans la maison, puis demanda à l’écuyer qui les avait accompagnés, puisque sa mission était achevée, de ramener le cheval à Fédolion.

Toriel, accompagné de son frère et du seigneur Galduil, arriva à la province de Valquiche. Les habitants du cru les reçurent avec le sourire. Une habitante dit : « Ils vont enfin s’occuper du malheureux fléau qui frappe nos plantes, j’espère ! » Galduil s’adresse à Toriel : « Annule la malédiction de Valquiche !

—Tu es maintenant un mage confirmé ! Tu ne peux pas échouer, petit frère. » L’encouragea Elyon.

Toriel saisit sa baguette toute neuve avec ses deux mains et fixa les plantes sans fruits, racornies ou desséchées. Il fredonna trois fois la formule tant attendue : «Revium Conjurorus Canortia Repaaris Fructo Planta Naturum ! » De la baguette jaillit une éblouissante lumière verte qui couvrit l’ensemble des plantations. Les plantes, légumes et autres cultures agonisantes reprirent forme, couleurs, et donnèrent une multitude de fleurs, fruits et même des céréales tant attendues. Daren souleva Toriel et le remercia : « Tu as réussi à sauver notre province ! Quelle joie ! Tu es un vrai mage, à présent !

— Oh ça va ! Repose-moi, ce n’est pas grand-chose ! répondit Toriel, tout en modestie feinte.

— Grâce à toi, la famine ne frappera plus les elfes. dit Galduil. Je suis fier de t’avoir dans nos rangs.

—Toriel ! En guise de récompense, je te fais cadeau de ma cape d’invisibilité. » Finit Daren en offrant le vêtement magique à Toriel, fou de joie.

Quelques jours plus tard, Daren et Mélissandre allèrent se marier comme prévu près du lac de la forêt des elfes où les invités se rendirent nombreux, sauf Nyméria qui alla continuer à chasser et se battre dans le nord. Elle n’aurait pas aimé qu’on puisse la voir essuyer une petite larme d’émotion, ça jamais. Mélissandre était vêtue d’une magnifique robe verte et blanche ornée de fleurs brodées. Daren portait de nobles vêtements elfiques verts et blancs, lui aussi. Les parents de Mélissandre furent un peu surpris de cette façon de se marier, mais s’en accommodèrent. Solène leur expliqua : « Chez les elfes, nous offrons notre union à la nature. Les tenues des mariés doivent être en harmonie avec elle sous les yeux de Dhanir. »

Daren et Mélissandre se regardèrent puis s’embrassèrent tendrement sous un superbe chêne séculaire. Lors du banquet, Jocelin fit une annonce : « Dans une semaine, je compte épouser Solène de Celeborn ! » Après un tonnerre d’applaudissements, tout le monde mangea dans la joie et la bonne humeur pendant qu’une chorale elfique chantait des airs guillerets.

Dans leur nouvelle demeure, Daren et Mélissandre vécurent heureux et donnèrent naissance à de beaux demi-elfes.

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