Chapitre 6 - Lui
Après ces moments de douleur, de peine et de tristesse, après avoir traversé ces vagues de peur et de doute, j’ai senti un besoin profond. Mon cœur, brisé par les dernières épreuves, avait soif de quelque chose de plus grand que moi, quelque chose de guérissant. Et c’est là, dans ce silence intérieur, que j’ai fait appel à Lui.
Je n’avais plus honte. La honte qui m’avait souvent emprisonnée, qui m’avait fait hésiter à me tourner vers Lui, s’était envolée. J’étais enfin prête. Prête à Lui ouvrir mon cœur, à l’inviter dans cette zone de vulnérabilité que j’avais longtemps gardée secrète. Parce que je savais que c’était Lui, et seulement Lui, qui pouvait vraiment apaiser cette douleur intérieure. Mon cœur avait besoin de soutien, de réconfort, de Sa lumière.
Je n’ai pas eu besoin de mots compliqués, juste un appel sincère. Un simple « Jésus, viens dans mon cœur. J’ai besoin de Toi ». Il est arrivé, comme une brise douce, comme une chaleur réconfortante, un amour inconditionnel qui a effleuré chaque recoin de mon âme.
Ce moment-là, ce fut le début d’un cheminement plus profond. Un cheminement où j’ai compris que ma légitimité n’était pas dans ce que je faisais, mais dans ce que j’étais en Lui. J’ai compris que, même dans mes fragilités, Il m’aimait.
Le premier mois de l'année, j’ai pris une décision importante. J’ai décidé de me rapprocher de Lui, de m'ancrer dans Sa présence. Chaque jour, je priais. Pas seulement pour demander, mais aussi pour remercier. Je Lui rendais grâce pour chaque souffle, pour chaque moment, même ceux qui semblaient difficiles. La prière est devenue un rituel quotidien, un espace sacré où je pouvais poser mes doutes, mes peurs, mais aussi mes espoirs.
Je me suis plongée dans les écrits de Jésus. Ses paroles, pleines de sagesse et d'amour, résonnaient profondément en moi. Elles m'apportaient une lumière nouvelle. C'était comme si, à travers ses écrits, je pouvais toucher du doigt cette vérité infinie, une vérité qui allait bien au-delà de ma compréhension humaine.
Je n'arrêtais pas de prier. Pas dans un sens obsessionnel, mais dans un sentiment d’union constante. De reconnaissance. Je lui demandais de m'aider à apprendre par Lui et en Lui. De me guider à travers les épreuves, de m’enseigner à aimer, à pardonner, à comprendre.
C’était comme une transformation silencieuse, mais profonde. Peu à peu, j’ai commencé à sentir Sa présence, à sentir Son amour, comme une paix qui s’installait en moi.
Je lui demandais, et je continue à lui demander, de m’excuser pour les décisions que j’ai prises à Son égard dans le passé. Pour cette honte que j’ai portée, cette honte que je ressentais à un moment donné, pensant que je ne méritais pas Son amour. Mais, dans ce dialogue sincère avec Lui, j’ai compris que ma faiblesse, mes doutes, n’étaient pas un obstacle pour Son amour infini.
Je lui ai demandé, et je continue de Lui demander, que cette foi que j’ai en Lui, que cette confiance fragile mais grandissante, puisse grandir encore et encore. Je veux que chaque jour, chaque prière, me rapproche davantage de Lui. Que cette relation avec Lui devienne plus profonde, plus vraie.
Au fur et à mesure de mes prières, j’ai appris à L’aimer, non pas comme une idée lointaine, mais comme une présence réelle dans ma vie. L’amour que j’avais pour Lui s’est éveillé, petit à petit, dans la simplicité de ma foi, dans la vérité de mes émotions, et dans le silence de mon cœur qui s’ouvrait chaque jour un peu plus.
Au fur et à mesure, j’ai appris à pardonner. Non seulement aux autres, mais aussi à moi-même. J’ai pris le temps de me regarder avec plus de douceur, de comprendre que mes mauvais choix, mes mauvaises paroles, mes erreurs, faisaient partie de mon parcours. Ce n’étaient pas des fardeaux à porter éternellement, mais des leçons à intégrer.
Je me suis pardonnée. Pour toutes ces décisions que j’avais prises, certaines impulsives, d'autres venant de la peur ou de l’incertitude. Je me suis pardonnée pour ces paroles qui avaient pu blesser, pour ces comportements que je regrettais. J’ai compris que la perfection n’était pas humaine, mais la capacité à se relever après chaque chute, elle l’était.
Et en me pardonnant, j’ai ressenti une libération. Un poids s’est allégé, un poids que je portais depuis trop longtemps à mon égard. Je me suis autorisée à être humaine, à accepter mes erreurs, et à ne plus les laisser me définir. Cette paix intérieure, qui grandissait chaque jour, était le reflet de ce pardon que j’avais accordé à mon âme.
Jésus m’a pardonné. Sans même en discuter, sans même me faire revivre la douleur de mes erreurs. Il ne m’a pas rejetée, Il ne m’a pas pointée du doigt. Il m’a simplement aimée. Il m’a accueillie telle que j’étais, avec mes défauts, mes blessures, mes cicatrices… mais aussi avec mes qualités, mes élans de cœur, mon désir sincère de faire le bien.
Il a pris mes bagages. Ces valises lourdes, pleines de souvenirs douloureux, de regrets, de peurs. Il les a ouvertes une à une, sans violence, avec une douceur infinie. Il a trié, en silence. Il a vidé ce qui n’avait plus lieu d’être, m’a montré ce que je devais laisser partir. Puis, Il a laissé de la place. De la place pour Son amour, pour Sa paix, pour Ses enseignements.
Il n’a rien exigé de moi, seulement que je L’écoute, que je L’accueille, que je L’aime. Et en retour, Il a semé en moi quelque chose de nouveau : la foi.
Tous les soirs, dans le calme de ma chambre, je me mets à genoux. Ce geste, simple mais profond, est devenu sacré. Il symbolise mon humilité, ma reconnaissance, mon besoin de me rapprocher de Lui, encore et encore. Je commence toujours par les prières que mon cœur connaît par cœur : le Notre Père, le Je vous salue Marie, et le Je crois en Dieu.
Ces mots, répétés chaque soir, ne sont jamais mécaniques. Ils résonnent en moi avec une intensité nouvelle à chaque fois. Ils sont l’ancrage de ma foi, un lien direct avec le Ciel.
Puis viennent les remerciements. Je Lui parle de ma journée, des moments de joie comme des épreuves. Je Le remercie pour tout, même pour les silences, car je sais qu’Il agit même dans ce que je ne vois pas.
Ensuite, je Lui confie mes supplications. Pas seulement pour moi, mais pour ceux que j’aime, pour le monde, pour celles et ceux qui souffrent. C’est un moment d’abandon, où je dépose tout ce que je ne peux pas porter seule.
Et enfin, une vague d’amour monte en moi. Incontrôlable, immense. Un amour pour Lui, pour Son œuvre, pour Son univers. C’est dans cette communion silencieuse que je termine ma journée, le cœur apaisé et l’âme en paix.
Tous les matins, avant même d’ouvrir complètement les yeux, je ressens une immense gratitude. Mon premier souffle conscient de la journée est pour Lui. Je me dis que si je suis encore là, si j’ai la chance de me réveiller et de respirer un jour de plus sur cette Terre, c’est que le Seigneur a encore un plan pour moi. Rien n’est laissé au hasard avec Lui.
Chaque nouveau jour devient une bénédiction. Une preuve de Sa patience, de Sa volonté de m’accompagner encore, de me façonner, de m’aimer. Grâce à Lui, j’ai appris à aimer mon existence sur Terre. Non pas parce qu’elle est parfaite ou sans douleurs, mais parce qu’elle a un sens. Parce qu’elle est remplie de petits signes, de rencontres, d’épreuves aussi, qui toutes m’enseignent quelque chose de précieux.
Je ne cherche plus à fuir ce monde, ni à comprendre tous ses mystères. Je le vis, en confiance. Je sais qu’Il me guide. Qu’Il éclaire mes pas même quand je ne Le vois pas.
Plus les jours passent, plus ma foi en Lui grandit. Et avec elle, grandit aussi mon amour pour Marie. Comme une mère douce et silencieuse, elle m’enveloppe de sa tendresse. À travers elle, j’apprends la patience, l’humilité, la force dans le silence. Et par Lui, j’apprends l’amour vrai, la foi inébranlable, la paix intérieure.
Sa bienveillance me touche chaque jour un peu plus. Elle me surprend parfois dans les plus petites choses : un regard, une parole, un rayon de soleil, une prière exaucée dans le silence. Son amour me fait rayonner. Il me traverse, m’allège, m’élève. Il n’y a rien à prouver, rien à craindre. Juste à aimer en retour.
Et cette joie, je la ressens de plus en plus souvent. Pas une joie bruyante, mais une joie profonde, enracinée, stable. Celle qui reste même quand le monde vacille. Celle qui me dit que je ne suis jamais seule.
Grâce à tout cela, mes journées sont devenues stables. Il y a une paix qui s’est installée doucement, sans faire de bruit, mais qui transforme tout. Je ne ressens plus cette peur sourde qui, autrefois, m’accompagnait dès le réveil. Elle s’est dissipée, remplacée par une confiance profonde.
Je n’ai plus besoin de tout contrôler, de tout anticiper. Je laisse les choses se faire, avec foi. Je sais que je suis guidée, protégée, aimée. Mon cœur est plus léger, mes pensées plus calmes. Ce calme, je le ressens dans mon corps, dans ma respiration, dans ma manière d’être avec les autres.
Ce n’est pas que tout est parfait, mais je ne suis plus secouée comme avant. J’ai des fondations solides, enracinées dans la foi, dans l’amour, dans l’espérance. Et ça change tout.
Il m’a permis de pardonner. Même ceux qui m’avaient profondément blessée. Ce n’était pas simple, ni instantané. Mais à travers Lui, j’ai compris que le pardon ne signifie pas oublier ou excuser, mais se libérer. Ne plus porter en soi la rancune comme une armure, mais ouvrir la porte à la paix.
Et puis, j’ai aussi pardonné à une personne qui m’a toujours été chère : ma sœur. Cette personne du même sang, de la même histoire. Avec elle, les blessures étaient différentes. Plus silencieuses, plus personnelles. J’ai longtemps ressentie de la jalousie envers elle. Pas parce qu’elle avait tout, mais parce que je croyais qu’elle avait ce que moi je n’arrivais pas à trouver en moi : une forme de reussite, de place, de lumière.
Ce sentiment m’a rongée, et j’en avais honte. Mais en m’approchant du Seigneur, Il m’a montré une autre voie. Celle de l’amour véritable, de la fraternité restaurée. J’ai regardé ma sœur autrement, avec le cœur, pas avec le passé. Et en pardonnant, j’ai guéri une part de moi que je ne savais même pas blessée.
Ma sœur… elle est tout l’inverse de moi. Extravertie, rayonnante, pleine de vie. Elle a cette aisance que je n’ai jamais su avoir. Tout le monde l’apprécie. Elle rit fort, elle attire, elle inspire. Elle réussit tout ce qu’elle entreprend, avec une forme de fluidité que j’ai longtemps enviée.
Pendant des années, je l’ai regardée avec des yeux voilés par la jalousie. Ce n’était pas volontaire, ni méchant. C’était une blessure que je n’arrivais pas à nommer. Elle brillait là où moi je me sentais invisible. Elle s’épanouissait là où moi je me battais pour exister.
Mais aujourd’hui, avec le recul, je comprends. Je comprends que nos chemins sont différents, que nos âmes n’ont pas les mêmes besoins, ni les mêmes missions. Et c’est justement cette différence qui nous rend belles, chacune à notre manière.
Pardonner, ce fut aussi reconnaître que moi aussi, j’ai ma lumière. Elle est peut-être plus douce, plus discrète, mais elle existe. Et surtout, elle est aimée de Dieu, telle qu’elle est.
Ce que je ressens pour elle aujourd’hui, c’est quelque chose de léger. De fluide. Comme si mon âme s’était enfin apaisée à son contact. Dieu a enlevé de mon cœur cette rancœur silencieuse, cette jalousie qui me pesait sans que je m’en rende toujours compte. Il a fait place à une forme de tendresse nouvelle. Une ouverture.
Je la trouve pétillante, ma sœur. Elle a cette énergie vive, presque électrique, qui déborde parfois. Elle est surprenante, imprévisible, un vrai électron libre. Et aujourd’hui, je vois tout cela comme une beauté. Une richesse.
Je sais aussi qu’elle a eu son lot de malheurs, que son rire cache parfois des blessures que moi-même je n’ai pas su voir ou comprendre.
Notre différence d’âge nous a longtemps séparées. Comme deux mondes parallèles, qui ne parvenaient pas à se croiser au bon moment. Mais aujourd’hui, je ressens qu’un pont s’est créé. Lentement. Et ce pont, c’est Dieu qui l’a bâti, en réparant mon cœur.
C’est une relation renaissante. Comme un bouton de fleur qu’on croyait desséché, et qui pourtant, doucement, s’ouvre. Elle est devenue un soutien que je n’attendais pas. Une présence discrète parfois, mais réelle. Une sœur qui aime à sa manière.
Et cette manière, longtemps je ne l’ai pas comprise. Je voulais qu’elle aime autrement. Qu’elle soit plus comme moi, plus démonstrative peut-être, ou plus disponible selon mes besoins. Je voulais qu’elle change, qu’elle entre dans le cadre que j’avais construit, car son amour ne ressemblait pas à celui que j’attendais.
Mais aujourd’hui, je vois les choses autrement. J’apprends à aimer sa façon d’aimer. Avec sa spontanéité, son énergie, ses silences, ses gestes. J’apprends que son amour, même maladroit parfois, même distant, était là. Présent à sa manière. Et finalement, il me correspond plus que ce que j’aurais pu imaginer.
C’est moi qui ai changé de regard. Et dans ce regard renouvelé, j’ai vu naître un lien plus vrai, plus simple. Pas parfait, mais sincère. Un lien que je chéris aujourd’hui, avec gratitude.
Annotations
Versions