Aujourd'hui, je n'ai pas eu à batailler, pour obtenir la place sur la table.
Dodue-poilue l'a dédaignée. Quant à Prupru, mais je vous parlerai d'elle plus tard... Pour l'heure je ne boude pas mon plaisir de regarder au-delà de la fenêtre close.
Sur le toit de la maison d'en face, il y a une cheminée, et dans celle-ci un arbre a poussé. Il n'est pas très grand mais vigoureux. Je me demande jusqu'où ses racines s'enfoncent, traversent-elles toute la maison dans une plongée verticale, jusqu'à atteindre les profondeurs de la terre ?

Explorer cette cheminée serait un bon début... Je déploie mes ailes et, sans effort, j'arrive à côté de l'arbre, ses feuilles bruissent sous l'assaut du vent.
Des senteurs végétales m'entourent.
Les branches s'allongent sous mes pattes, tiens ? Je ne l'avais pas vu si grand, si large, si fourni ! Les feuilles forment une voûte juste au-dessus de moi, l'arbre est un géant en fait ! Sa cime se perd dans l'azur du ciel et des quelques nuages blancs qui se promènent.
J'oublie l'exploration de la cheminée. Je saute sur une branche, et sur une autre, et encore une ! Je ne vais pas tarder à arriver au sommet, encore un effort et... Je tombe de la table !
Étourdi, je me remets sur mes pattes et me dirige en chancelant vers un fauteuil. La voix de l'humaine s'adresse à moi : « Ça ira, petit monsieur ? » Elle ne m'appelle jamais Napoléon.
Ben, je ne vais pas lui répondre, elle ne comprendrait pas !

Je me hisse sur le fauteuil. Je me love sur le coussin, je bâille... L'escapade m'a secoué et fatigué, mais ça en valait la peine !
L'humaine, toujours inquiète, vient vers moi, elle me gratte doucement la tête, je ronronne, je suis bien. Elle s'éloigne. Je m'endors...