6 - Esclavage
Quand l'offrande n'est plus qu'un paisible sommeil,
Je regarde au sommet de tes cuisses sacrées
Serpenter la question qu'en mon âme tu crées
Sans offrir ni l'avis ni le sage conseil.
Que suis-je à part un homme asservi par son corps
Et le tien ? Par tous ceux qui pullulent dehors,
Secrets de lupanars, promesses de débauche,
Ne suis-je que de l'être une éternelle ébauche ?
Je n'imagine pas infliger à ma bouche
L'atroce éloignement des flacons de poison,
Et préfère à cela le fléau de la couche,
Cruelle assuétude, ardente déraison.
Tant de fioles à boire et de seins à lever,
Mais voilà qu'il me faut à toi seule abreuver
Mes dix doigts et ma langue en quête d'aventure,
Tentations et carence, unique dictature.
Si je n'ai pour seul droit que de boire en ta coupe,
Cet exquis, délicieux, inlassable poison,
Geôlière, laisse-moi caresser ta toison
Et baiser de ce pas la clarté de ta croupe.
Il ne reste dès lors qu'un captif embrassant
Les barreaux de sa cage et même sa serrure,
Quand bien même son goût rappelle qu'en mon sang
Coule ma véritable et soumise nature
D'homme.
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