13 - Femme
Sur toi, femme,
Resplendit l'abondance amène des vergers
Convoités par les dieux de tous les horizons,
Ils séduisent les loups, les moutons, les bergers,
Par leur mille trésors de toutes les saisons.
Sur toi, femme,
Se révèle une ivresse aux couleurs de l'agrume,
Une seule rasade et son sucre transforme
Le galant gentilhomme et son gracieux costume
En une atroce bête avant qu'il ne s'endorme.
Sur toi, femme,
J'ai croqué tant de fruits, siroté tant de jus,
Découvert les pulsions et les pulpes secrètes
Des chevilles au front, des rivières aux rus,
Et foulé tant de flancs, de cimes et de crètes.
Sur toi, femme,
Se creusent les caveaux des bouillantes pensées,
Réduites à néant dans l'ombre de tes seins,
Pour ma tête de fou comme piques dressées,
Toujours là pour brûler mes plus sombres essaims.
Femme,
Autel sacrificiel sur une île l'oubli,
Puissé-je à tout jamais me noyer dans ta vague,
M'immoler sur ton sable et me nourrir de lui,
Nager aveuglément sous cette pastenague
Dont je bois le venin jusqu'aux petites morts,
Femme que j'aime et mords,
Pour étouffer le brame,
Souffrance du corps,
Ô ma femme.
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