Chapitre 5

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 Je n’osais pas me retourner. Cette ombre était nettement plus grande que moi. Elle avait une protubérance au niveau de la tête. Le bout était allongé vers l’arrière… Une seconde, cela ressemble étrangement à…

 — Bouh !!!

 Je sursautais.

 — Oh, Mickaël ! T’es vraiment un gamin !

 Il ricanait à en recracher ses poumons.

 — J’ai bien vu ta tête, tu fixais l’ombre de ma casquette comme si j’étais bizarre, tu m’as pris pour un aliéné ou quoi !

 — Non mais avec la chose qui court dehors je suis sur mes gardes.

 — Arrête d’essayer de me faire flipper, il n’y a rien dehors !

 — Qui nous a enfermés alors ? On ne peut fermer que de l’extérieur et pas de l’intérieur, ils ont monté ça à l’envers.

 — T’es sérieux ? Quelqu’un nous a condamnés ? C’est cool ça, plus de cours après !

 — Arrête tes bêtises Mickaël, je suis sérieux.

 — Elle est juste un peu coincée c’est tout, regarde cet homme.

 Il essaya de l’ouvrir puis de l’enfoncer. En vain. Même ses épaules musclées ne purent forcer la porte.

 — Super, on est coincé ici.

 — Quelqu’un va bien finir par nous ouvrir, ne t’inquiètes pas.

 — Mais tu ne comprends rien, c’est un piège ! On veut que nous restions coincés ici !

 — Tu vois vraiment le mal partout, c’est impressionnant.

 En reculant, pour tenter de nouveau d’ouvrir la porte, il vint taper le mur. Cependant, ce n’est pas la bonne qu’il ouvrit. Un bruit aigu d’engrenages rouillés percuta nos oreilles de plein fouet ce qui déclencha en moi un énervement exécrable. J’en avais marre de ne rien comprendre et que tout m’arrive dessus. Un passage dans la roche venait de se former devant mes yeux et au lieu d’être, comme toute personne sensée, apeuré, j’étais en colère. Une colère monstre envers moi. Tout ceci aurait pu être évité si j’avais été moins timide.

 — J’en ai ras-le-bol !

 J’avais parlé tout haut.

 — Mais qu’est-ce qu’il y a Mike ?

 — Ce passage, ce manoir, Elson, tout m’énerve dans cette foutue baraque !

 J’écrasais ma colère contre Mickaël qui n’avait rien demandé mais cela m’apaisait.

 — Viens avec moi, dit-il, on va sortir de là.

 Il avait pris un air sérieux pour une fois, ce qui me rassura du fait qu’il pouvait savoir prendre des décisions adultes quelques fois.

 — D’accord, espérons que ce tunnel mène quelque part.

 Nous nous engouffrions donc dans l’intimité de la petite ouverture sombre qui c’était créé dans le mur. J’étais légèrement voûté dans cette cavité relativement petite pour un homme de taille moyenne. Mickaël, lui, avec son un mètre quatre-vingt-cinq, marchait à quatre pattes. Nous avancions dans ce long couloir étreint par les roches froides, gardant une fraîcheur suffisante pour respirer et ne pas trembler.

 — Il fait froid ici, tu ne trouves pas Mickaël ?

 — Bof, ça va. Tu veux ma veste pour te réchauffer ?

 Il pouffa.

 — Non c’est bon ça ira, dis-je en tirant la langue.

 Une question percuta immédiatement mon esprit.

 — Au fait Mickaël, comment se fait-il que je t’ai retrouvé dans cette chambre ?

 — Bah je ne sais pas trop, je me suis réveillé sur la chaise où j’étais. Pourtant je me souviens bien m’être endormi sur un lit…

 — Bizarre…

 Mais avant que je puisse continuer ma phrase, je le vis disparaître subitement alors qu’il s’approchait du petit point lumineux présent dans le fond de cette grotte. Le cri qu’il poussait s’atténuait de plus en plus à mesure qu’il chutait. Je ne vis plus qu’un point lorsque l’aboiement cessa.

 — Mickaël !

 Il était tombé dans une ouverture profonde et ne voyant pas exactement où il avait atterri, je ne pouvais pas savoir ce qui lui était arrivé. Je ne savais même pas s’il s’en était tiré. Je répétais son nom inlassablement au travers du gouffre armé d’une profondeur démesurée. Il ne répondait pas. Le stress m’envahit et la peur. La peur de ne pas savoir où j’étais, la peur de ne pas retrouver Mickaël et pour finir, la peur de ne pas m’en sortir. Oui, j’avais un mauvais pressentiment.

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