Chapitre 8
Une jeune fille était assise dans la pénombre. Elle était en position fœtale et suçait son pouce en se balançant de manière biscornue. Ses yeux noirs exigus étaient rivés sur quelque chose comme fixé à un clou. On aurait dit une poupée programmée à faire un mouvement de balancier perpétuel durant toute sa vie de jouet. Ses cheveux longs d’un noir épais cachaient une partie de son visage puis, dans un clappement sinistre, sa tête se tourna vers nous et elle arrêta de bouger laissant place à un sourire fou. Ses yeux s’agrandirent et elle commença à s’avancer délicatement avec toujours ce grincement d’os ahurissant.
Nous reculions tous à petits pas, la boule au ventre.
— Eh les gars, dit Sam, vous avez vu le film The Grudge ?
— Non pourquoi ? chuchota Jordan.
— Parce qu’elle ressemble à ça tant dans la personne que dans le caractère.
— Et qu’est-ce qu’ils font dans ton film pour échapper à cette monstruosité ? demanda Jenny, craintive.
— Ils courent !
Tous se mirent à détaler avec la jeune fille folle furieuse à leurs trousses qui se redressa dans un craquement effrayant d’os et de vertèbres.
Ils redescendirent les escaliers en essayant de ne pas se marcher dessus.
Mickaël avait disparu.
— Mais… où est… Mickaël ? interrogea Jenny tout en courant à vive allure.
— Bonne question. Il ne tient pas en place celui-là ! souffla Jordan.
— La dernière fois que je l’ai vu il ne bougeait pas. J’avais l’impression qu’il attendait quelque chose, dis-je.
— Il y a vraiment un changement dans son comportement, affirma Jordan.
— Et pas que…
— Qu’est-ce que tu veux dire par là Sam ?
Nous jetions tous un petit regard derrière nous. Le monstre ne ressemblait plus du tout à la petite fille vue plus tôt. Des griffes longues d’au moins dix centimètres enveloppaient ses doigts. Son visage pâle n’était plus qu’un long souvenir. Des trous recouvraient l’intégralité de sa figure. Elle pressait le pas et nous devions faire de même avant qu’elle ne nous rattrape. Les bruits osseux se faisaient de plus en plus intempestifs et proches. Elle n’était plus très loin de nous désormais !
— Je connais bien Mickaël. Il m’énerve sans arrêt. Mais là, c’est différent. Ce n’est pas le même qu’avant et, croyez-moi si vous voulez, je pense que ce n’est pas lui.
— Tu te fais des films, dit Jordan, ce n’est pas possible tout ça.
— Regarde derrière toi ! Ce n’est peut-être pas réel ce qui nous poursuit ! Il faut que tu sortes de ton monde et que tu acceptes la vérité. Cet hôtel est hanté et il cherche à nous détruire de l’intérieur !
En un mouvement rapide de tête, je vis l’horreur qui se rapprochait. C’était la mort qui nous poursuivait. Et elle nous atteindrait vite si nous ne trouvions pas une solution rapidement.
Une porte s’ouvrit doucement dans le couloir. Nous vîmes la casquette noire de Mickaël dépasser de l’ouverture. Sans réfléchir à la conversation ouverte juste avant, nous entrions afin d’échapper à un monstre digne des plus grands films d’horreurs.
Tout le monde cherchait à reprendre son souffle mais les pas du monstre se rapprochaient dangereusement à une vitesse grandissante.
La pièce me parut étrangement familière puis, après un petit moment de réflexion, l’illumination émana de mon esprit.
— C’est la chambre où j’ai rencontré Mickaël ! Vite fuyons avant que la folle ouvre cette porte ! Il y a un passage secret.
Je déclenchais le mécanisme permettant d’ouvrir le mur, ce qui laissait place à une sorte de grotte. Nous pénétrions à l’intérieur tout en entendant un bruit sourd qui signalait que la cavité par où nous étions passés s’était refermée. Nous étions piégés et obligés de traverser l’endroit obscur qui avait causé la chute de Mickaël.
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