Nous étions fichus.

 — Mais pourquoi ? demanda Sam.

 — Je veux votre sang et ça me permet de montrer la procédure à mon apprenti, répondit Elson froidement.

 Mais alors qu’il sortait son grimoire de l’intérieur de sa cape, la porte à notre droite s’entrouvrit. Elle portait le numéro 223. Délicatement, nous avancions vers cette dernière et au dernier moment, nous nous infiltrions à l’intérieur avant qu’Elson ne nous attrape. Jordan tentait désespérément de maintenir la porte fermée.

 — Qu’est-ce que tu attends pour venir m’aider !

 — Je ne sais pas. Cette pièce m’est familière…

 — Quoi ? Mais elles se ressemblent toutes, tu l’as oublié !

 Je m’approchais du mur et posais mon doigt sur la roche humide, en face de la porte.

 — Vous ne pourrez pas vous cacher très longtemps ! cria Elson, fou de rage.

 J’appuyais sur une des pierres qui paraissait être moins enfoncée que les autres. Un bruit assourdissant d’engrenages et de coulissement parcourut l’ensemble de la pièce. Un petit passage se créa dans la roche et c’est à ce moment précis où nous réalisions que la chance était de notre côté.

 — Jordan, dès que je serai à l’intérieur tu vas courir, car la trappe va se refermer très vite. Ne te retourne surtout pas.

 — D’accord, donne-moi le signal.

 Je rentrai partiellement à l’intérieur en veillant à bien laisser un pied dehors. Tout en le rabattant vers moi je signalai :

 — Maintenant !

 Je vis Jordan s’élancer tel un guépard et finir dans mes bras sous les yeux exorbités d’Elson qui disparut derrière une barrière de pierre. Pour la première fois depuis que nous étions rentrés dans l’hôtel, nous entendions Elson aboyer des injures, ne faisant qu’approfondir ses craintes. Il avait peur de nous et nous le savions.

 En continuant le long du tunnel, un trou extrêmement profond le séparait en deux parties.

 — Qu’est-ce qu’un trou fiche ici ? dit Jordan dans une ambiance détrempée.

 — Un trou…

 Brutalement, une aura verdâtre s’expulsa de la cavité provoquant la terreur de Jordan et mon étonnement. Une apparence familière se forgeait devant nos yeux stupéfaits. La silhouette brillait d’un éclat ardent. Mais ce qui me troublait davantage et qui me mettais également sur la piste, était cette casquette noire posée à l’envers sur une tête amicale.

 — Mickaël ! s’exclama Jordan, les yeux écarquillés.

 — Mais… Mais je ne comprends pas… Tu es mort, non ? dis-je, effaré.

 Il ne répondit pas, mais nous demanda de le suivre en nous faisant un geste. Nous nous mettions derrière lui sans vraiment savoir ce qu’il voulait nous dire. Nous sautions au-dessus du trou alors que lui flottait à quelques centimètres au-dessus du sol.

 Nous suivions toujours Mickaël puis, plus rien. Il avait traversé la porte ! Je vis la stupéfaction de Jordan sur sa tête. Il m’affirma :

 — Je crois que Mickaël est un fantôme. Son âme a dû rester ici grâce aux nombreux sorts d’Elson.

 Tandis que j’acquiesçais en regardant Jordan, j’actionnais la poignée.

 Mickaël était là. Il nous montrait le plafond, de sa main translucide, d’une manière relativement théâtrale.

 — Comment ça le plafond ? Il a quoi ? demandai-je.

 — Laisse, je crois avoir compris.

 J’abaissai ma tête et vis Jordan prendre un long bout de bois donné par une deuxième silhouette transparente, plus petite, caché derrière Mickaël.

 — Jenny !

 Mais elle ne répondit pas non plus. Alors que j’accourais vers elle et oubliais ce qu’elle était, Jordan me retenait de son regard impassible.

 — Regarde le plafond.

 — Mais je l’ai vu et alors ?

 — As-tu vu le motif ?

 — Oui c’est une sorte de livre et ?

 — Tu ne comprends pas Sam, c’est notre porte de sortie, la réponse à tous nos problèmes.

 — Comment ça ?

 Jordan prit son pieu dans sa main dominante et leva le poing vers le haut.

 — Ce n’est pas Elson qu’il faut chercher à détruire. Ce qu’il faut atteindre, c’est la base de tout, son grimoire !