Quand maman nous a appelés à la capitale, mon cœur s’est déchiré. Quitter ma ville natale, mon école, mon église, mes amis... tout ce que j’aimais. J’avais 11 ans, et j’allais tout recommencer ailleurs. Une partie de moi était excitée de vivre enfin avec maman, mais une autre pleurait de laisser derrière moi tout ce que je connaissais.

À notre arrivée, maman nous a présentés à un homme. Au début, je pensais qu’il n’était qu’un ami, mais elle nous a annoncé qu’elle allait se marier. Mon frère et ma sœur étaient ravis, mais moi, je suis restée figée. Une voix en moi disait : « Enfin, tu auras un père. » Mais une autre me murmurait que quelque chose n’allait pas.

Je n’éprouvais ni joie ni tristesse, juste une étrange indifférence. Au fil des jours, je l’ai observé. Il essayait de nous séduire avec de l’argent, des promenades, des cadeaux. Mes frères étaient ravis, mais moi, je n’étais pas convaincue. Ce n’était pas ça, un père.

Un jour, alors que je restais enfermée dans ma chambre, j’ai entendu des éclats de rire dans le salon. Ils semblaient si heureux, tous ensemble. Je suis sortie et me suis allongée sur le canapé, près de maman. Peut-être devais-je leur donner une chance, après tout.