Le pendant du soleil
Il était une fois un seigneur devenu saigneur qui avait trouvé sa voie.
Il portait un collier autour du cou qu'il promenait en chaîne et se dirigea vers le parc de son domaine pour s'y aventurer à cheval.
Son destrier était surperbement lustré. Une robe foncée d'un brun immaculé que contredisait une épaisse crinière empoussiérée, voilà ce qu'il avait.
Le seigneur le monta tel un dieux et s'en alla au vent dans la verte prairie.
Au loin, il vit la forme d'une robe - qui recouvrait une dame - d'un rose si vif qu'il en put saigner des yeux. Il alla donc la voir sans connaître ni de ses grâces ni de ses qualités.
- Bonjour, gentedame, que regardez-vous ainsi assise devant cette marre ?
- Je regarde la lune, ne le voyez-vous pas ?
Le seigneur se pencha un instant au-dessus de l'eau et n'y vit point de lune.
- Moi je vois un soleil, le même qui brille sur moi !
- Regardez un peu mieux, c'est une lune vous dis-je.
Il s'accoupit alors et demeura sceptique.
La dame l'invita à se pencher plus bas et l'y aida en saisissant sa chaîne d'une main délicate. Au plus près du reflet de son précieux visage se tenait un soleil, il n'en démordrait pas.
- Et là, vous la voyez ? insista la dame.
- Je ne puis voir ce que vous m'affirmez. Ce reflet est et demeurera un soleil à jamais.
- C'est une vue de l'esprit. Ne savez-vous pas que le soleil et la lune sont le pendant l'un de l'autre ? Et si la-haut un soleil brille, en bas, la lune séduit.
Ainsi fut donnée leçon au seigneur de ces terres qui rentra dans son palais, sa chaîne à la main.
Annotations
Versions