Donjon

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  • Duchesse, vous me suivez ?
  • Evidemment, pour qui me prenez-vous !
  • Votre robe est trop encombrante, vous auriez dû choisir une autre tenue !
  • J'ai un rang à tenir seigneur ! Mais vous devez avoir raison sur ce point.

Elle le rejoignit dans le couloir sombre, à l'abri de leurs poursuivants. Le temps d'une grande inspiration, elle déchira l'excédent de robe qui l'entourait avec grâce jusqu'à ce que son ourlet raccourcisse à hauteur de genoux.

  • Ce n'est pas indécent, inutile de me regarder ainsi !
  • Ce n'est gère de vos jambes dont je me soucie mais de l'haleine fétide qui de derrière vous jaillit.

La duchesse ouvrit de grands yeux et observa le seigneur pour savoir ce qu'il lui prendrait de faire. Ils étaient dans une impasse, au beau comme au figuré.

  • Nous devons vaincre !

Il sortit son épée dévouée, faucheuse d'âmes et sacrée, et bouscula la duchesse. Après cette action d'éclat, il embrocha la créature gélatineuse qui s'en trouva éventrée.

  • L'odeur va attirer ses soeurs ! Vite, il faut déguerpir !

Il aggripa le bras de sa belle ténébreuse et l'entraîna dans la longue allée percée de miroirs brunis, en direction de la salle d'armes.

  • Inutile de m'écraser la chair ! Vous me faites mal !
  • Vous vous plaindrez après, lorsque nous serons saufs !

La salle d'armes était dans un désordre monstre, suite à l'incendie passé. Et le seigneur ne put que s'affliger une nouvelle fois de la mauvais avancée des travaux.

  • Vous vous plaindrez après, lorsque nous serons saufs, martela la duchesse ravie de le contrer.
  • Vous m'exaspérez ce soir, mais je vous tiens en estime assez haute pour ne point vous tuer !

Il y eut un temps mort et la duchesse tiqua.

  • D'autres s'y sont risqués mais aucun n'avait encore osé me toucher là !
  • Là ?! Quel là ?! De quel là parlez-vous ?!
  • De votre main peu innocente qui court gaiment sur ma cuisse !
  • Et comment mes deux mains pourraient-elles s'agiter sous votre nez et vous toucher en même temps !
  • Il est vrai que vos mains semblent moins moites...

La duchesse se pencha avec horreur sur un tentacule violacé. Elle sortit une dague et perça de fureur sans geindre de la blessure qu'elle s'inffligea elle-même.

  • Nous sommes encerclés, chuchota-t-elle en s'approchant du seigneur qui cherchait d'autres âmes à évincer. Mais combien sont-elles donc ? Elles semblent si nombreuses, ajouta-t-elle calmement le temps de les jauger.
  • Je ne puis les compter, on dirait que l'esseim grouille. Il est tout près !
  • Peut-être... pourrions-nous les cramer ? osa la duchesse.

Il y eut un temps mort, un temps mort et bien mort. Puis ce cher Ilair réagit enfin.

  • Il est vrai que les travaux n'avancent guère et je ne suis plus à une crémation près...
  • A la bonne heure, me voilà combée ! Vite, allumez-nous deux torches que nous mettions un terme à cette mésaventure.

Quelques instants après, depuis la cour du Seigneur Ilair, l'inattendu duo brûla* sous le clair de lune, émerveillé.

*non, ils ne crament pas ;-)

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