Chapitre 8 : Amitié

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- Messire Einar ! hurla Durk.

Passé le choc initial, le jumeau s'élança vers le mur dans lequel était encastré Einar. Mais il fut brutalement repoussé par Yakha avant d'y parvenir. Avec des gestes experts, l'administratrice allongea le jeune Eadra, en prenant soin de mesurer ses signes vitaux.

- Tout va bien, il est seulement inconscient, murmura-t-elle.

Ce fugace soulagement s'estompa bien vite. Une fois l'équipe médicale sur place, elle se dirigea vers Gabriel.

- Pourquoi ?

Gabriel fut surpris par la question. Cette différence de traitement entre son acte et celui d'Einar n'aurait pas dû amener une telle réaction, surtout après ses précédentes remontrances. Elle ne paraissait pas en colère, simplement interrogative.

- Pourquoi ? Mais on s'en fout ! s'insurgea Durk.

Toute crainte s'était envolée chez le jumeau. Il ne ressentait qu'une vive colère, alimenté par un sentiment d'injustice. Cependant, le regard ferme de Yakha le brida dans ses intentions. Calmement, elle se retourna vers le responsable.

- Pourquoi ? Répéta-t-elle

L'intéressé resta de marbre, sans la moindre émotion apparente. Pourtant, derrière cette façade insensible, son être était en proie à un terrible maelstrom de pensées. Ce n'est pas qu'il refusait de s'expliquer. C'est qu'il en était tout simplement incapable. Même en plongeant au plus profond de son essence, par delà la tempête, régnait un chaos primitif encore plus turbulent. La cause directe de l'acte en lui-même ne lui était pas inconnue. La colère, ce feu ardent qui hurlait intensément, brûlait son cœur, piétinait sa raison. Mais il était inapte à la comprendre, à trouver la première étincelle. Einar n'était pas la première ni la dernière mauvaise personne qu'il avait croisée. Jusqu'à ce moment fatidique, Gabriel n'avait rien ressenti à son égard si ce n'est un ennuyeux mépris. Aussi, plus que quiconque, il était profondément désemparé. Pourquoi diable avait-il brièvement usé de son don, au risque de se dévoiler ?

- Soit, soupira Yakha. Vu que les avertissements ne suffisent pas, il me faut sévir.

Pendant que le reste du groupe était ramené dans les dortoirs par un autre administrateur, Yakha conduisit Gabriel dans les tréfonds du château. Sur les murs parfaitement lisses, façonnée à partir d'un béton emprisonnant toute trace magique, aucune fenêtre n'était visible. Ils franchirent un poste de sécurité, et après ça, l'espace s'agrandit soudainement. Au terme de quelques marches, ils pénétrèrent dans une vaste pièce tout en longueur, avec un haut plafond. Tout était blanc, trop blanc, aseptisé et sans contraste. La lumière émise par les lampes était sans chaleur, les odeurs sans relief. Il régnait en ce lieu un silence de cathédrale, seulement troublé par les gémissements glaçants d'âmes en peine. De part et d'autre, de grands murs de verre révélaient des cellules uniques, la plupart vacantes. Celles qui étaient occupées abritaient une large variété de profils. Hommes et femmes, jeunes et vieux, tous ceux ayant enfreint les règles étaient enfermés ici. La solitude et l'isolement pesaient sur les visages déprimés, certains ayant déjà craqué sous le poids de l'emprisonnement.

- Entre.

Yakha désigna une geôle vide. Elle posa sa main sur la cloison qui coulissa, avant de reprendre sa place une fois Gabriel dedans.

- J'ignore si vous serez autorisé à en sortir avant l'épreuve, avoua-t-elle. Pour l'instant, méditez sur vos actes.

Puis, sans attendre de réponse, l'administratrice tourna les talons et disparut du champ de vision du jeune homme. Las, Gabriel soupira avant de se laisser glisser le long d'un mur jusqu'à se retrouver assis. Les yeux clos, il profita de cette soudaine accalmie pour suivre l'injonction.

Imbécile... Pourquoi as-tu fait ça ? Cela ne t'apporte rien, au contraire, tu risques même d'attirer l'attention. Or, c'est précisément ce que tu ne souhaites pas, n'est-ce pas ?

Pour éviter toute fracture mentale, son esprit lui renvoya une image, comme un indice. Emma gisant à terre, le visage déformé par la souffrance.

De l'inquiétude ? De la douleur ? Mais pourquoi ?

Gabriel en était pourtant certain. En apercevant Emma pour la première fois, il n'avait éprouvé qu'une vague impression d'inconfort. Jusqu'ici, il s'en était contenté, sans s'interroger outre mesure. Mais, à présent, il ne pouvait plus fuir. Tout était décuplé, hors de contrôle. Son unique porte de sortie passait par la compréhension de ses sentiments contradictoires. Il sera les dents. Des fragments visuels de son histoire s'entrechoquèrent dans sa douloureuse caboche.

C'est ça, j'en suis certain. La vérité se trouve ici !

- Allo ? Y a-t-il quelqu'un là-haut ? Où as-tu déjà perdu les pédales ?

L'impertinent qui s'était adressé à Gabriel venait de briser le fragile chemin en construction. Agacé, le jeune Magicien lui jeta un regard noir, tout en demeurant silencieux.

- Aaah ! Mais quelle adorable expression tu as ! s'amusa le responsable.

Dans la cellule d'en face, adossé au fond, un homme l'observait en retour avec un sourire satisfait. Mais cette posture avenante ne trompait pas. L'individu avait tout du prédateur, avec ce physique taillé pour la confrontation, et ces yeux, qui brillaient d'une lueur mauvaise. Il ne portait pas de haut, révélant un torse musclé où courrait une fine cicatrice toute la longueur. Bien que parfaitement traitée, la blessure semblait récente. Gabriel songea que la personne responsable d'une telle plaie devait être un guerrier redoutable.

- Pas mal, hein ? déclara l'homme en constatant que Gabriel l'observait précisément à cet endroit. Tu ne me croiras sans doute pas, mais la coupable n'avait rien de menaçant. Mais je ne me referais pas avoir une seconde fois. La première chose que je ferais une fois sortie de ce trou, c'est la retrouver.

Sans connaître en détail ses intentions, le fait qu'il s'en lèche les babines était on ne peut plus évocateur pour Gabriel.

- Mon nom c'est Harag, poursuivit le prédateur. Gamin, au lieu de me dévisager de la sorte, raconte-moi comment tu as pu atterrir dans cette caisse. Je m'ennuie ici, au milieu de toutes ses brebis galeuses. Elles ne font que geindre toute la journée, en s'apitoyant sur leurs sorts. Mais toi, tu n’es pas comme elles. Au ça non ! Distrais-moi donc, Loup !

Gabriel hésita avant de finalement sortir de son mutisme.

- J'ai cru comprendre que ton jugement n'était pas aussi affuté que tu sembles le penser. Je ne suis assurément pas ce que tu imagines. Maintenant, laisse-moi me reposer.

Le jeune Magicien joignit les paroles à l'acte, et s'allongea en présentant son dos à Harag. Celui-ci se mit alors à rire. Un rire résonnant dans toute la prison, et qui suintait de rage à chaque éclat.

- Ahah ! Ça y est, toi aussi tu m'agaces ! Aaaaah, décidément, je l'avais bien senti. T'es de la même trempe que cette sale gamine.

Pris de court, Gabriel rouvrit brusquement ses yeux. Lentement, il se retourna en abandonnant sa posture. Cela ne tenait à rien, mais son instinct lui soufflait qu'il parlait précisément de la personne qui occupait ses pensées.

- À quoi ressemblait-elle ? demanda-t-il.

Surpris par cet intérêt soudain, Harag le dévisagea avant d'afficher crânement ses canines.

- Ah ! Je croyais que tu ne souhaitais pas converser avec moi !

- C'est toujours le cas. Je veux simplement savoir à quoi ressemble celle qui t'a mis dans cet état.

- Loup, pourquoi devrais-je te le dire ? Après tout, tu n'as pas daigné répondre à ma propre question.

Pendant encore un court instant, les deux interlocuteurs se jaugèrent sans qu'aucun ne s'exprime. Finalement, la curiosité de Gabriel l'emporta. Il soupira avant de raconter ce qui l'avait mené ici, sans entrer dans le détail de ses sentiments. Au terme de ce récit, le prédateur exulta.

- Tu l'as simplement frappé parce qu'il ne te plaisait pas ?! Loup, je t'ai sous-estimé !

- Maintenant, c'est à ton tour. Dis-moi à quoi ressemblait celle qui est parvenue à égratigner un guerrier tel que toi, répliqua Gabriel.

- J'ai la sensation que tu te fous de moi. Ne pousse pas ta chance trop loin, juste parce que des murs nous séparent, menaça-t-il.

- Ça n'a jamais été mon intention. Je veux simplement savoir, ni plus ni moins.

- Tsss. Je n’aime pas ce ton, mais tu as tenu parole, maugréa-t-il.

Contrairement à Gabriel, Harag n'était pas avare en détails en racontant son histoire. Le jeune homme comprit rapidement que son impression initiale était exacte.

- Elle m'a eu par surprise, en se cachant derrière une apparence de brebis, s'insurgea Harag. Notre prochaine rencontre ne se passera pas comme ça, oh non ! Ma revanche sera longue et douloureuse, je peux le promettre. Je commencerais bien par...

Pendant qu'il développait avec précision le programme qu'il réservait à sa future victime, Gabriel sentit que son cœur palpitait avec une vigueur nouvelle. Ses traits se durcissaient alors que ses tripes se nouaient sous l'effet de la colère et du stress.

Pourquoi ? POURQUOI ?

Inconsciemment, il chercha une réponse à ces éruptions émotionnelles dans les enseignements de son mentor. Mais même là, aucune solution ne germait. Cependant, cela ramena un souvenir récent au premier plan. Une pièce capitale, qu'il n'avait pas prise en compte jusqu'alors dans ses analyses. Ce n'était pas la première fois que son esprit se retrouvait consumé par un incendie. Un précédent avait déjà eu lieu, qu'il avait délibérément mis de côté en raison de la douleur. C'était le jour où tout avait basculé, où il avait décidé de pénétrer dans la Tour. Le jour, où pour le sauver, Élise s'était suicidée.

  Le lendemain, le classement regroupant tous les Candidats fut dévoilé. Aucune explication ne fut apportée quant à son fonctionnement ou son utilité. Cette opacité volontaire engendra de nombreuses théories plus ou moins farfelues, certaines imaginant que les mieux positionnés auraient un avantage lors de l'épreuve finale, quand d'autres supposaient que ce n'était là qu'une source de motivation supplémentaire. Aghdim, lui, n'accordait aucune importance à toutes ses spéculations. Placé dans le ventre mou du classement, il continuait de tracer sa route dans l'ombre, avec pour seul objectif l'accomplissement de sa mission. Néanmoins, en découvrant le top 10, le nomade ne put refréner sa joie. Tout en haut, trônait fièrement une anomalie ayant surclassé tous les natifs de la Tour. Amélia Roja s'imposait comme la véritable championne de Re'Shiyth. Les énigmatiques paroles de Irenia lui revinrent alors en tête.

Et bien jeune homme, tu ne perds pas de temps pour trouver des alliés de valeur.

Agdhim en comprenait maintenant le sens alors que résonnait un surnom dans les plaines de son esprit : la Leona de Caracas. Derrière ce pseudonyme se cachait une mercenaire sans affiliation, reconnue comme l'une des plus talentueuses et redoutables mages de son temps, autant admiré que détesté pour son tempérament libre et sa proportion à générer des problèmes. Il ne put refréner un sourire en réalisant que son affection spontanée pour elle était pleinement justifiée.

Agdhim découvrit d'autres figures connues dans le top 10. Il y avait d'abord Huori, qui occupait la cinquième place. Parmi les nouveaux, elle fut la seule avec laquelle Agdhim tissa de solides liens d'amitié. Elle était une des rares enfants de la Tour à ne pas mépriser les terriens. Elle se plaisait en particulier à taquiner Agdhim tout en passant énormément de son temps à discuter avec Emma, contribuant à la formation d'un trio. Outre ce comportement sympathique, Huori était également une personne aux nombreuses aptitudes, capable de jouter verbalement avec Einar et de l'envoyer dans les cordes, tout en étant impressionnante physiquement malgré sa taille moyenne. Toutes ces qualités n'étaient pas dues au hasard : c'était une Da-Xia, une descendante de la Reine Indomptable, la maîtresse du Second Étage. Cette Maison avait la particularité de produire de talentueux, mais impétueux artistes martiaux, écoutant plus souvent le cœur que la raison. Huori, en prenant la défense de ceux de l'Extérieur s'était montrée digne d'une telle réputation, et n'hésitait pas à recommencer quand cela devait être fait. Agdhim en était certain : c'était le genre de personne à venir spontanément en aide à ses amis.

Enfin, et malgré sa brutale et douloureuse défaite, le nom d'Einar figurait plus haut encore, à la troisième position. Il faut dire qu'avant de subir le courroux de Gabriel, il avait presque systématiquement obtenu des scores parfaits aux exercices. Là encore, ce n'était pas une surprise quand on avait connaissance de son patronyme. Il venait de la seconde plus puissante Maison de l'Empire, maîtres de la lance et de la foudre, aussi féroce que rusée : les Eadra. Le Patriarche et dirigeant du Huitième Étage, le Roi de la Conquête, célèbre pour son antique rivalité avec la plus forte des Conquérants, la Reine Invaincue, avait la fâcheuse habitude de délaisser ses nombreux enfants et petits-enfants. Seuls ceux survivant aux complots et intrigues gangrenant les murs de son palais du Huitième Étage trouvaient grâce à ses yeux.

Outre Huori et Einar, le reste du top 10 était occupé par les descendants des Conquérants. À de rares exceptions comme Amélia, les rejetons des Dix Grandes Maisons dominaient outrageusement le classement. Même les autres habitants de la Tour, souvent plus doués que les terriens, ne parvenaient pas à rivaliser avec cette élite.

Après les incidents du gymnase, les jours s'écoulèrent, se répétèrent, sans que rien ne vienne troubler cette monotonie naissante. Les réveils dans cette mer nuageuse, les repas en compagnie d'Amélia, puis les entrainements, toujours plus ardus, toujours plus rébarbatifs. Pour un homme sans attache comme Agdhim, bien supérieur aux exigences des administrateurs, mais devant faire profil bas, cette existence était d'un ennui mortel. Le retour d'Emma atténua quelque peu sa lassitude. La jeune femme paraissait s'être miraculeusement remise en l'espace de quelques jours, bien aidée par la technologie médicale avancée de la Tour. Néanmoins, et malgré une façade enjouée, il était clair qu'elle souffrait continuellement de sa blessure. Dans les moments intenses, la gêne qu'elle éprouvait était d'autant plus visible, même si son excellente technique suffisait à faire illusion. Agdhim songea qu'elle aurait mérité plus de repos, mais il se réjouissait tout de l'avoir dans le groupe. En effet, mis à part Huori, personne ne lui adressait la parole.

D'un côté, Irenia ne sortait plus de sa chambre, même pour manger, et seul Viktor parvenait à lui rendre visite de temps à autre. Obstinément solitaire, le mage handicapé, qui passait son temps libre à lire, avait tissé un mystérieux lien avec la vieille dame. Si Agdhim avait d'abord craint que ses intentions ne soient mauvaises, le nomade réalisa rapidement que ce n'était pas le cas. Quand il souhaitait prendre des nouvelles de la savante déchue, Viktor acceptait toujours poliment de lui en donner. Ces courtes conversations ne duraient pas, mais elles permettaient de rassurer suffisamment Agdhim.

De l'autre côté, Margot, elle, s'était rapprochée de Durk et de sa jumelle Vranill. Elle paraissait avoir finalement digéré sa rencontre avec le Roi Pur, et agissait exactement comme avant, à l'exception notable qu'elle ignorait sciemment Agdhim. C'était à n'en pas douter une décision calculée pour sa survie, mais cela attrista néanmoins son ancien camarade. Margot avait été la première personne à se montrer amicale avec lui, et il avait sincèrement apprécié leurs précédentes conversations. Mais dorénavant, tous deux empruntaient des routes différentes.

Le retour d'Einar ne brisa pas cette dynamique, au contraire. Quand celui-ci réintégra les quartiers, plus rayonnant que jamais et sans la moindre trace de son horrible plaie, il toléra la présence de Margot dans son entourage proche. Pour un stratège aussi redoutable, ce n'était clairement pas un geste anodin, et Agdhim songea qu'il devait bien murir quelques sombres idées pour nuire à ses concurrents directs.

Ainsi, c'est dans un groupe fracturé, gangrené par les ambitions, divisé par l'isolement, que naquit une amitié. L'amitié, entre trois personnes. Emma, Huori, Agdhim. Trois personnes, aux profils antinomiques. Trois personnes aux rêves différentes. Trois personnes, amenées à faire trembler les fondations de la Tour. Trois personnes, destinées à sauver le garçon de ses cauchemars. À réveiller le Magicien. Pour qu'il détruise l'Autre. Provoque la chute du Roi parmi les Rois. Aide l'Héroïne. Et qu'enfin s'achève le long et éternel règne du Gardien de la Racine.

  Plusieurs mois avant l'ouverture des Portes et l'entrée de Gabriel.

Loin, très loin du premier étage, par delà les flots chaotiques de la Mer Inversée, de l'autre côté des terres de l'Éternel Automne, surplombant les plaines gelées du Roi de la Conquête, un homme bravait sans crainte le vide tout autour de lui. Un terrible vent glacial brûlait avec la violence du fouet sa peau, mais il n'en avait cure. Il se tenait bien droit, fièrement, au sommet de la plus haute cime, défiant l'horizon, dominant la mer nuageuse s'étendant en contrebas. L'heure était venue pour lui d'entrer en scène, de jouer son dernier rôle. Tant de sacrifice avait été réalisé, tant de morts rongeaient son sillage, guettant avec avidité son inéluctable et prochaine chute. Cette tragique conclusion, il s'y était préparé dès le début. Loin de l'inquiéter, elle l'apaisait. Car lorsque s'abattra sur lui le marteau de la justice, lorsqu'enfin il payera pour tout ses crimes, alors cela voudra dire que son objectif sera atteint.

- Seigneur Aizen, le vent commence à tourner. Il nous faut en profiter, avant que ne disparaissent les derniers rayons du jour.

Le ton de son subordonné était respectueux, mais impératif. Cela se comprenait, ces sommets avaient déjà emporté tant de ses compagnons. Tel était le destin de ceux refusant de suivre la voix de l'Ascension. Le prix à payer pour grimper tout en défiant la divinité de la Tour. Mais ceux qui le servaient en avaient pleinement conscience, et l'acceptaient. Ces gens représentaient l'élite de l'Organisation, sa garde rapprochée, triée sur le volet. Ils lui étaient entièrement dévoués, à lui et à sa cause. Aizen sourit à cette pensée, avant d'indiquer d'un geste de la main qu'il allait reprendre leur marche sur la crête des montagnes.

- Roi parmi les Rois, dit-il en s'adressant au lointain. Préviens donc la créature qui te sert de Dieu. Préviens là que ses heures sont comptées. Le moment est venu de rebattre les cartes, de rendre les dés à l'humanité. Que son long rêve prenne fin. Car le Sixième Magicien est en chemin.

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