Les Bonbons.
La vieille maison était toujours impeccable, jusqu'à la pelouse du gazon taillée avec un soin presque psychopathique. Psychopathique. Le jeune Nathan Dumont usait de long en large de cette nouvelle expression qui faisait le tour de toutes les bouches juvéniles dans la cour de récrée.
À cet instant, Nathan n'avait qu'un seul désir : fuir à vive allure sur sa bicyclette, sans demander son pesant de confisseries et de chocolat.
Quelle mouche l'avait piqué lorsqu'il avait parlé d'aller faire un tour du côté de la "Maison du mort", comme ils se plaisaient entre eux à la surnommer. Maintenant, s'il voulait rester branché auprès des copains et de la belle Hélène Di Lorenzo, il allait devoir relever leur stupide défi.
Il inspira profondément l'air piquant de l'automne. Les feuilles mortes craquelaient funestement sous l'assaut du vent rafraîchissant, chahutant les cheveux bruns de Nathan. Il traversa l'allée de citrouilles, sculptées jusqu'au soucis du détail.
Nathan jeta un bref coup d'oeil à ses copains, de l'autre côté de la rue. Ils avaient l'air de quatre apparitions fantomatiques. Il déglutit et posa lentement l'index sur la sonnette. Le son se répercuta dans la vieille demeure qui ne semblait pas contenir de meubles.
La porte s'ouvrit avant que Nathan n'ait pu réprimer son premier frisson d'horreur. Mr Roussel l'accueillit avec une chaleur psychopathique derrière la porte qu'il prit soin d'entrebaîller. Il salua poliment le jeune garçon qu'il connaîssait bien pour l'avoir vu plusieurs fois traîner autour de sa maison avec ses bons à rien de copains.
Bien éduqué, Nathan sourit de toutes ses belles dents alignées et lui tendit son sac de bonbons. Il était très fier parce que ses mains ne tremblèrent pas un seul instant.
Mr Roussel aimait bien la tête charmante de Nathan.
Il le gava généreusement de confisseries qu'il confectionnait lui-même, ne prêtant nulle attention à la porte qui s'était ouverte de quelques centimètres.
Il s'assura que le jeune garçon partagerait les bonbons avec ses copains.
Le vieil homme referma la porte soigneusement derrière le jeune garçon et retourna à son ouvrage qui demandait un soin méthodique et particulier.
La porte se refermait à peine que le jeune Nathan déguerpit à toutes jambes, laissant tomber son sac de bonbons bien garni sous le regard éberlué de ses copains et de la belle Hélène Di l
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