Peur
Je me suis réveillé, complètement chtarbé, sans vraiment comprendre, vu que bon, deux vodka Red Bull, j’encaisse easy ! Puis même quatre, je gère, quoi…
Puis surtout, le truc, là, c’est que je suis ligoté sur une chaise. Et j’ai beau agiter les jambes et les bras, les cordes aux nœuds compliqués me tailladent la chair.
Sinon, la scène me revient lentement, mes jambes qui me lâchent, Marine qui m’aide à sortir du bar, qui me dit 'ça va aller' et me traine jusqu’à son studio, et je ne suis pas vraiment capable de résister…
J’ai pensé que j’allais me faire violer par cette sociopathe, quelle naïveté…
Marine n’est pas comme nous, elle a snappé à un moment, et elle est partie toujours plus loin dans ses obsessions, et on a bien essayé de la freiner, mais bon… Elle s’est vue en apprentie sorcière, avant d’imaginer être l’héritière du trône d’une galaxie lointaine… pour finir par caler sur ces groupes d’ados qui se réunissent dans les bois, pour faire des trucs que… Non, moi, jamais !
Puis aussi, au lieu de prendre un job d’étudiant tranquille comme tout le monde, elle bosse en bénévole chez une véto, et ce serait plutôt cool, sauf que c’est moins l’amour des animaux que l’accès à la pharmacie qui la motivait, on dirait…
- Kétamine, Jérémie, j’ai bien dosé le truc, je pense, un millilitre pour euthanasier un chien de cinq kilos, toi, ça devait juste t’endormir. Je sais, vous vous moquez tous de moi, vous dites que c’est une obsession pas trop saine, mais tu vas finir par aimer, je te promets. On passe à la suite ?" a-t-elle demandé.
- Non, s’il-te plait, pas ça,
- Tu ne sais pas ce qui est bon pour toi" a-t-elle dit en pressant le bouton.
'Here we go, we're leavin' the city behind right now'
- Marine, s’il te plait, tu peux encore arrêter ça !
- Laisse-toi une chance d’apprécier, c’est fascinant, où penses-tu que j’ai appris à faire les nœuds, déjà ?
'Together by the campfire light and…'
- Je t’en prie, non ! C’est trop cruel, une véritable torture, je… je ne serai plus jamais comme avant.
- C’est l’idée, Jérémie, tu vas accéder à un niveau supérieur de conscience" a-t-elle murmuré, son regard halluciné planté dans le mien, avant de le reporter sur l’écran et d’accompagner à tue-tête la sinistre mélopée "Kikiwaka… Kikiwaka… KIKIWAKAAAAA"
- Nooon !
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