Chapitre 9
Ace avait eu les derniers jours pour culpabiliser des paroles qu'il avait adressées à Tyler. Il avait également pris conscience que Tyler n'était pas aussi insupportable qu'il voulait le penser ; après tout, il n'avait jamais rien dit de déplacé, lui.
Le jeune homme avait passé son samedi après-midi à tourner en rond dans l'appartement. Il savait qu'il devait arrêter de se comporter ainsi, d'être sur la défensive et de réagir au quart de tour. Au moins avec Tyler. Il avait un projet à réaliser avec lui, il avait besoin de lui ; seul, c'était impossible. Il devait se faire pardonner.
Ace n'avait rien raconté à Andreï, mais cela n'avait pas empêché son meilleur ami de s'inquiéter pour lui. L'Espagnol avait l'habitude de rester de longs moments seul, parfois, cela se transformait en nécessité. Ce week-end, il n'avait pas beaucoup parlé, même si Andreï avait essayé de lui délier la langue. Le brun s'était contenté de le rassurer. Oui, il était sûr de ne pas vouloir aller en ville, mais il fallait qu'il travaille ; non, il ne lui en voulait pas de le laisser seul à l'appartement.
Il avait bien appelé son père pour tenter de penser à autre chose, sans grand succès. Il lui manquait. Il avait hâte que les fêtes de fin d'année arrivent pour revenir le voir, ainsi que sa petite sœur, Cassie, même s'il détestait cette période. Il n'avait plus le cœur à offrir et à déballer des cadeaux, le soir du 25, devant un grand sapin et un bon repas. Tout cela lui rappelait « l'avant », quand sa mère était encore parmi eux. Mais Cassie adorait Noël, au contraire de son frère, les bons souvenirs refaisaient surface. Elle savait qu'elle aurait aimé qu'ils perpétuent les traditions, et elle se faisait un devoir de rendre tout ça possible.
Mais pour l'heure, il avait quelque chose de plus important à faire. Il devait retrouver Vanessa dans une demi-heure dans un bar du coin. La jeune femme avait été clair lorsqu'elle l'avait appelé plus tôt dans la journée, elle n'admettrait aucune discussion. Elle avait bien rappelé à Ace qu'il lui devait bien ça, après ce qu'il s'était passé entre eux. Et ce n'était pas de tout gaieté de cœur qu'il y allait.
Lorsqu'il arriva, il aperçut immédiatement la jeune femme : fidèle à elle-même, elle s'était vêtue de couleurs flamboyantes. Elle était assise en terrasse, un verre posé devant elle. Lorsqu'elle le vit à son tour, elle baissa ses lunettes de soleil, accessoire dérisoire car il n'y avait pas eu un rayon de la journée et le regarda approcher.
— Salut.
Elle ne lui répondit pas, se contentant de le fixer. Ace masqua une grimace. La conversation s'annonçait agréable. Il décida d'entrer directement dans le vif du sujet :
— Écoute, Vanessa, je suis désolé pour la dernière fois, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai...
— Tu as été un parfait connard.
Ace leva un sourcil. Elle y allait un peu fort là, quand même.
— Je t'ai expliqué mille fois que je ne voulais pas d'attaches sentimentales, et tu étais d'accord.
La jeune femme ne répondit pas. Elle remua le contenu de son verre avec sa paille. Ace se sentit obligé de continuer pour combler le silence.
— On avait été clairs, tous les deux. J'aime notre relation comme elle est, ce qu'on fait me suffit.
— On fait quoi, Ace ? Dis-moi ce qu'on fait réellement.
— On couche ensemble, si tu ne l'avais pas remarqué, railla-t-il.
— C'est tout. On ne fait que ça. Et tu oses appeler ça une relation ?
— Tu veux que j'appelle ça comment ? Quand deux personnes ont des interactions ensemble, ça s'appelle une relation, point barre.
Elle le lorgna d'un mauvais œil.
— Maintenant, reste à savoir si tu veux continuer comme ça ou pas. C'est toi qui choisis, tu m'as bien fait venir ici pour me dire ce que tu veux, non ?
Elle leva les yeux au ciel avant de se caler sur le dossier de sa chaise et de croiser les bras sur sa poitrine.
— Tu crois vraiment que tu peux t'en sortir comme ça, Ace ? Sincèrement ?
Elle se pencha en avant.
— Tu m'as littéralement crié dessus alors que je t'ai dit que tu me faisais mal. (elle serrait les dents) Tu me dois des excuses et je les attends toujours.
— Je viens de m'excuser à l'instant.
— Pas pour ce que tu m'as fait. Je crois pas que tu te rends bien compte de la situation : tu t'es mis en colère pour je ne sais quoi, tu m'as hurlé dessus, et tu as été violent.
Ace serra la mâchoire. Il savait qu'elle avait raison. Il n'aurait jamais dû faire ça. Il ne comprenait toujours pas ce qu'il lui avait pris. Enfin, elle avait bien évoqué sa mère mais...
Il soupira.
— Je suis désolé Vanessa, je regrette ce que j'ai fait. Contente ?
— Je ne sais pas si tu es sincère, mais je vais faire comme si.
Elle sirota son verre tranquillement.
— On fait quoi, alors ? demanda Ace.
Le sourire de la jeune femme dévoila ses dents blanches.
— On reprend là où on en était, évidemment. Je t'apprécie Ace, et je sais que c'est réciproque, que tu l'admettes ou non.
Il grogna.
— Je te le redis encore une fois, Vanessa, je ne t'aime pas et je ne veux rien de sérieux avec toi. C'est clair ?
— Parfaitement clair, mon chéri. C'est toi qui payes l'addition.
Bon sang qu'elle était pénible ! Ace espérait qu'elle ne ferait pas de vagues.
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