Je me fais désirer pour prendre le petit déjeuner avec tous les employés de l'entreprise. Lorsqu'Anton sort de sa chambre, je me cache dans le renforcement qui se trouve tout proche en retenant ma respiration. De peu j'ai failli me faire choper la main dans le sac !

Longue robe rouge, grand dos nu, j'ai l'impression d'être l'agent secret sexy de ces grands films d'espionnage. Je marche pieds nus sur le sol pour n'éveiller aucun soupçon, sur le pas de porte d'Anton, je m'assure d'être bien seule dans le couloir. Je fouille dans mon sac à mains pour extraire une carte style carte de crédit et la passe dans l'embrasure de la porte pour la dévérouiller.

Comme par magie, n'étant pourtant pas expérimentée ni pratiquante dans le banditisme, la porte s'ouvre, je tourne le loquet en sens inverse pour m'enfermer dans la chambre d'Anton. Rien à envier à celle qui m'a été attribuée, je fais une visite en vitesse et son lit m'interpelle.

Tout proche, sur la table de nuit est posé un cadre photo retourné ainsi qu'une pile de mouchoirs usagés. Je porte les mouchoirs encore gluants à mes narines, cette fois je n'ai plus de doute ils ont bien eu l'utilisation que j'ai imaginé. Alors comme ça Anton n'est pas contre un petit plaisir solitaire de temps à autres ? Je reste surprise, ébêtée et me mets à rire avec exagération en l'imaginant à ses petites affaires. Maintenant, il me reste plus qu'à savoir sur qui Anton fantasme le soir avant de s'endormir ou au réveil au petit matin ?

Le tube de lubrifiant encore ouvert me montre qu'il a servi depuis notre arrivée sur Paris, j'inspire profondément en ressentant une grande excitation et je retourne le cadre entre mes mains pour découvrir le visage de la personne sur qui Anton gicle. Tout ce que j'espère c'est que ce ne sera pas ma photo d'entreprise que je vais retrouver.

Et là, c'est le choc. Mon coeur bondit sous ma poitrine, quelques perles de sueur viennent se glisser à l'intérieur de mon décolleté. Cela me fait tomber en arrière, les fesses qui rebondissent sur le matelas.

Anton ? Alors comme ça Anton est attiré par Valentin Giordano ? Anton est amoureux de Valentin et le désire secrètement ? Et dire que je n'ai rien vu ! Alors comme ça Anton est gay ?

Je comprends mieux pourquoi Anton ne m'a jamais porté d'intérêt alors que les autres hommes ont tendance à poser leur regard sur moi. C'est sans doute pour ça qu'Anton est autant désagréable avec les femmes qui tournent autour de notre boss ?

Je décide de ne pas fouiller sa valise, c'est beaucoup trop personnel et cela va contre mes principes alors pour que cela passe inaperçu, je remets le cadre à l'envers à sa place, les mouchoirs à peu près comme ils étaient disposés et m'éclipse au plus vite. Anton sera juste surpris de retrouver sa porte ouverte. Je retourne dans ma chambre pour enfiler mes chaussures et retrouve Rébecca au petit déjeuner après avoir composé mon plateau.

Rébecca a de tout petits yeux, elle est toujours dans les vapes de sa nuit torride, je la sens même fuyante du regard. Son décolleté est bien ouvert ce matin, sa robe est plutôt sophistiquée.

• Salut Becka, bien dormi ? Dis-je enthousiaste en m'asseyant à ses côtés. Pas trop excitée quand tu t'es retrouvée seule dans ton lit ?

• Salut Greta, je... Dit-elle hésitante en marquant un grand temps d'arrêt. Je préfère que l'on en reparle pas et d'oublier ce qui s'est passé. Je... Fin tu vois ce n'était pas moi ça... J'ai trouvé ça drôle au départ l'idée de draguer Valentin avec toi et ce soir là j'ai bu un peu plus que d'habitude, ça m'a un peu désinhibée, je... Ça m'a aidé à faire tout ça... Et en fait je me sens surtout honteuse de m'être caressée sous vos yeux et d'avoir couché avec Valentin. J'ai plus de pudeur d'ordinaire.

Abasourdie, je lâche mon plateau sur la table et m'assoit en replaçant ma mèche de cheveux derrière mon oreille, la bouche entrouverte les mots ne sortent pas.

• Pourtant, je ne t'ai pas sentie gênée, au contraire ça te faisait surtout un effet monstre, lui répondis-je. Je ne comprends pas ta réaction ce matin alors que tu t'es éclatée hier soir.

• J'ai l'impression de ne pas me reconnaître, j'ai aimé oui, vous m'avez énormément excitée comme une petite chatte et fait jouir, se confie Rébecca. Mais d'habitude jamais je ne me serais masturbée en tant que voyeuse et encore moins l'idée et l'audace d'un plan à trois... Je me suis découvert une nouvelle facette et je n'en suis pas bien fière.

• Hé ma biche, c'est parfaitement normal ce que tu ressens. Il y a toujours un soupçon de gêne lorsque l'on fait des petites folies mais il n'y a pas de mal à avoir une facette très coquine ! Au contraire, tu es géniale Becka ! Tu étais sublime hier soir, étonnante, époustouflante, rien à redire alors ne te fais pas de souci et jamais ça ne changera l'image que j'ai de toi.

• Tu es sûre ? Me dit-elle attristée.

• Bien sûr que je le suis ! C'était très beau de te voir aussi sensuelle, aussi belle, aussi entreprenante. Moi j'ai tout adoré de toi ! Mais lorsque l'on fait quelque chose de nouveau, ça reste normal de se demander si c'est bien ou si c'est mal. Tu as le droit d'aimer le sexe et d'être épanouie sur ce plan, ça ne fait pas de toi une pute ou je ne sais quoi.

• Merci Greta, j'avais peur de m'être trop laissée emporter et d'avoir été vue sous un autre oeil !

• Mais oui, gardes en tête que c'était un merveilleux moment de partage. Tu veux que je te raconte un petit potin ? Tu vas être toute aussi surprise que moi. C'est Anton.

• Vas-y, je suis toute à toi, glousse Rébecca.

• J'ai voulu en savoir un peu plus sur lui.

• Ouais ?

• Et vu que la communication avec les femmes c'est loin d'être un point fort pour lui...

• Ouais ?

• J'ai tenté une approche différente. Je te fais confiance pour ne pas me dénoncer mais je suis entrée un peu par effraction dans sa chambre et j'ai fait une petite découverte. Anton a flashé sur Valentin !

• Hein quoi ? Tu te fous de moi ? Se met-elle à rire aux éclats. Anton est amoureux de Valentin ? Mais comment tu t'y es prise ?! C'était quand même risqué, Greta ! Tu mesures l'importance des sanctions qui auraient pu tomber s'il t'avait chopé ?! Valentin aurait dû prendre des mesures !

• Mais non ce n'est pas une blague ! Je t'assure ! Il m'a suffit d'une carte style carte de crédit, un petit coup dans la fente et le tour est joué ! J'aurai fini attachée, gentiment fessée et il m'aurait achevé de pilonnements et de coups reins, je ne dis pas non !

• Alors toi tu n'as peur de rien ! Rigole la belle femme. Bon alors cette découverte ? Tu me la racontes ?

• C'est ce qui explique son attitude désagréable et pleine de jalousie envers les femmes qui roucoulent auprès de Valentin. Sur sa table de nuit, pleins de mouchoirs qui ont servi à une petite branlette en douce et un cadre photo sur lequel figure Valentin bien habillé avec un sourire ravageur !

• Wahou ceci explique cela ! Mais c'est que le gars, il est carrément discret ! Je n'aurai jamais soupçonné son désir pour Monsieur Giordano ! S'exclame Rébecca. Tu es trop forte ! Tu en as d'autres sous la main des tours comme celui-ci ?

• Ça se pourrait bien, répondis-je mystérieuse. C'est motus Becka je compte sur toi ! Le seul qui éventuellement peut être mis au courant c'est Valentin mais cela reste notre petit délire, c'est entre toi et moi ! Hihi un jour, j'essayerai d'aborder le sujet avec Anton... Quand l'occasion se prêtera, je dois réfléchir. Programme d'aujourd'hui, tu es au courant ?

• Oui, l'Opéra Bastille, une représentation '' Lohengrin '' de Richard Wagner, m'annonce mon amie. 4h20 avec deux entractes quand même ! Je sens que cela ne va pas me passionner ! On mange ensuite au restaurant étoilé '' Qui Plume la Lune '' ! Tu sais, il est tenu par le chef Jean-Christophe Rizet, il a obtenu l'étoile Michelin en 2014. Puis on passe sur le pont Alexandre III, on pourra faire quelques photos et pour nous achever on a une conférence de plus de trois heures cet après-midi ! Ce soir c'est quartier libre.

• Je me réjouis d'avance, répondis-je avec ironie. Il va falloir que l'on occupe le temps sinon ça va être d'un long mais d'un long...

Rébecca se moque de moi, j'attends qu'elle ait terminé son thé puis nous debarrassons nos plateaux sur les chariots prévus à cet effet. Complices, nous rejoignons ma chambre, elle m'a demandé de lui apprendre à se maquiller de la même façon que moi. Je termine son maquillage puis elle ajoute sa touche personnelle, qui j'avais pensé jusque là que c'était naturel. La belle se dessine un grain de beauté au dessus de la lèvre à droite.

• Je crois que nous sommes prêtes pour l'Opéra aaaAAAAaaaaaah Aaaaaahaaaaaahaaaaa ! Chante Rébecca avec une voix de Cantatrice et les gestes qui vont avec.