Chapitre 1

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Le don de guérir

"livre 3 tome 3"

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CHAPITRE 1 (Afrique) (Lundi matin) (Un message à transmettre)

« Patrice poursuit sa conversation avec l’ex capitaine M’Balla qui les emmène lui et sa collègue Camille au dispensaire du père Antoine. »

- (Patrice) Et vous avez gardé ça pour vous depuis tout ce temps ?

- Je l’avais oublié sans doute !!

- (Camille) Comment ça ??

- Vous n’allez pas me croire très certainement, mais pourtant c’est la vérité !! Tout me revient maintenant que vous m’en parlez, jusqu’à ce jour j’avais complètement oublié cette affaire étrange !!

- (Patrice) Vous expliquez ça comment ?? Un bébé avec un tel « don » aurait dû au contraire vous marquer pour la vie, du moins c’est ce que je pense !!

- Je ne l’explique pas, c’est comme ça c’est tout !! Mais nous voilà arriver, tenez !! Le dispensaire est juste là sur votre gauche !! Vous pourrez poser la même question au vieux père, je suis quasiment certain qu’il vous donnera la même réponse !! Nous n’avons plus jamais reparlé de cette histoire au moment où l’enfant, le pilote et ses parents, ont été héliportés le soir même jusqu’à la ville !!

Camille se tourne vers Patrice, visiblement troublée.

- C’est étrange tu ne trouves pas ?

- En effet !! Le patron nous a prévenus que nous risquerions d’apprendre des choses qui nous dépassent, ça commence bien !!

- On dirait, oui !! Heureusement qu’il nous a bien briefés avant de ce qu’il connaissait déjà, bizarre qu’il ne nous ait pas parlé de ce rapport tout de même ?

- Il en a fait mention rappelle-toi !! Juste que ce que nous avons appris ensuite était encore plus incroyable et que du coup ça a dû t’échapper !!

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« Le père Antoine. »

Le bruit de moteur venant de la piste se fait de plus en plus présent, Antoine termine son auscultation du petit garçon que ses parents lui ont amené.

- Ce n’est rien du tout, il a dû manger des baies pas suffisamment mûres et il devrait très vite voir disparaître ses crampes d’estomac !!

Le père Antoine sort une sucette de sa poche qu’il tend à l’enfant qui s’en empare avec avidité, ce qui fait sourire le brave homme qui ne doute pas que ces douleurs au ventre vont très vite disparaître après ça.

Il raccompagne la famille jusqu’à la sortie de l’infirmerie du dispensaire, juste au moment où le véhicule bien connu de son ami M’Balla apparaît à l’horizon.

C’est donc avec le sourire aux lèvres qu’il l’attend dehors, sa vision beaucoup plus perçante depuis quelques temps lui révèle qu’il n’est pas venu seul et qu’il y a deux passagers avec lui dans le tout terrain, ce qui ne manque pas de l’interpeller sur le pourquoi de cette visite imprévue.

Il ne se doute pas un instant bien évidemment, qu’il puisse y avoir un lien quelconque avec ses recherches sur Internet d’il y a quelques jours et c’est donc avec de toutes autres pensées qu’il accueille les nouveaux arrivants, devant son ami visiblement stupéfait de le voir aussi alerte pour son âge et surtout ce changement si soudain depuis sa dernière visite.

- Bonjour mon ami !! Qui donc nous amènes-tu là ? Les visites dans ce coin reculé sont si rares !!

- Je leurs laisse le soin des présentations père Antoine !! Mais dis-moi mon ami ? Aurais-tu rajeuni soudainement ? Je te trouve en bien meilleur forme qu’à ma dernière visite !!

- C’est une longue histoire mon ami !! Et qui n’intéressera certainement pas ces jeunes gens, est ce mon dispensaire qui vous amènent d’aussi loin ?

Patrice tout comme sa collègue dévisage le brave homme depuis qu’il leur est apparu, il n’a certes pas l’allure d’un vieillard comme l’avait décrit leur guide et d’ailleurs lui-même semble surpris à entendre leur conversation.

C’est donc sans ne plus prendre de gants comme demandé précédemment, qu’il annonce la couleur de ce qu’ils sont et du but de leur visite.

- Patrice Chenaut !! Lieutenant à la DST !! Ma collègue le lieutenant Camille Nivelle !! Nous sommes mandatés par notre service pour vous poser quelques questions au sujet de vos recherches sur le jeune Florian De Bierne !!

M’Balla se tourne vers eux, le visage marquant un début de la colère qu’il tente de réprimer du mieux possible.

- Je vous avais pourtant demandé de ne pas brusquer le vieux père !! Vous les jeunes n’avez aucun respect pour les personnes de son âge !!

- (Antoine) Laisse mon ami !! Je dirais au contraire que ces jeunes gens arrivent comme par miracle ! Hi ! Hi !

- (M’Balla) Je ne comprends pas mon père, quel miracle ?

- Je cherchais un soutien pour justement faire parvenir un message au jeune De Bierne et ces jeunes gens vont très certainement me faciliter bien les choses.

- (Patrice) Quel genre de soutien mon père ?

- Un genre avec deux pieds, deux mains et un bien étrange message ! Hi ! Hi !

- (Camille) Un ami à vous peut être ?

- Aussi, oui !! Mais là n’est pas sa mission, vous allez devoir demander à votre employeur les autorisations nécessaires à sa sortie du territoire et je vous souhaite bien du courage pour y arriver, ce garçon est un jeune Masaï de la tribu du chef Okoumé.

- (Patrice) Votre jeune Masaï ne s’appellerait il pas Taha par hasard ??

- Comment pouvez-vous savoir ça jeune homme ??

- (Patrice) Nous sommes au courant de beaucoup plus de choses que vous semblez croire mon père, ce garçon a un lien avec nos démarches actuelles et je serai curieux de connaître ce message qu’il doit apporter jusqu’au jeune Florian, à moins qu’il n’ait un quelconque rapport avec de mystérieuses météorites qui sont tombées dans cette région il y a dix-huit ans ? Auquel cas nous en connaissons en partie la teneur !!

- (Camille) Vous semblez troubler mon père ?

- Plus que vous pourriez le croire mon enfant !! Mais je manque d’hospitalité à vous laisser dehors après un si long trajet, nous reprendrons cette conversation une fois que vous vous serez reposés.

CHAPITRE 2 (Aix en Provence) (Lundi matin) (Jean Baptiste)

« Dans la cuisine des De Bierne. »

Philippe sourit, en répondant à ce bonjour timide du garçon qu’il découvre pour la première fois.

- Bonjour !!

- (Michel) Bien dormi ??

- Très bien je vous remercie !!

- (Maryse) Viens donc t’installer à table pour boire quelque chose de chaud, tu dois avoir faim en plus parce qu’hier tu n’as rien voulu prendre ? Sers-toi et fais comme chez toi, ici il n’y a pas de tralala tu l’apprendras vite !!

Philippe observe d’un œil tout professionnel le jeune homme et sa gestuelle tout comme ses mimiques lui en apprennent plus qu’un long discours, aussi le laisse-t-il prendre son petit-déjeuner tranquillement avant de lui poser les quelques questions qui ne devraient que confirmer ce qu’il en pense déjà.

Michel lui aussi est très attentif et il sourit d’amusement devant l’intérêt certain que semble porter Philippe sur Jean Baptiste, qui visiblement ne se doute pas un instant qu’il est sondé par un spécialiste mondialement reconnu en la matière.

Michel s’adresse alors au jeune homme qui termine sa dernière tartine et reporte enfin son attention vers eux.

- Je ne t’ai pas présenté notre ami Philippe !! C’est le psychiatre qui s’occupe de Florian depuis sa sortie du coma.

- (Jean Baptiste) Pourquoi donc a-t-il besoin d’un psy ??

- (Philippe) Pour comprendre ou du moins essayer de comprendre ce qu’il lui est arrivé, Florian n’a plus aucuns souvenirs de sa vie d’avant l’accident et il est revenu de son coma avec disons une autre réalité en tête, une réalité qui bien sûr n’existe pas ici tout du moins !! J’essaie donc avec son aide de recoller les morceaux de sa conscience pour faire en quelque sorte le tri entre le vrai et le faux, il me sera donc très utile d’avoir une conversation avec toi pour en connaître un peu plus sur les dernières semaines d’avant l’accident et peut être par là même lui faire revenir quelques souvenirs de ce passé très proche, tu comprends ?

- Oui, bien sûr !! Seulement j’en connais très peu sur Florian, mon frère pourrait vous aider beaucoup plus que moi du simple fait qu’ils étaient souvent ensemble.

- (Michel) Il était avec lui le jour de l’accident ?

- Je n’en ai aucune idée, mais c’est très probable puisque comme je vous le disais juste avant ils étaient toujours ensemble.

- (Philippe) Tu savais qu’il n’était pas très fréquentable, n’est-ce pas ?

- Mon frère non plus vous savez ? Et puis je ne le fréquentais pas vraiment, il ne venait à la maison que pour Gilles !! Soit pour s’enfermer à discuter pendant des heures, ou alors pour repartir aussitôt ensemble je ne sais où !!

- (Philippe) Et pourtant tu es accouru jusqu’ici en apprenant qu’il s’en était sorti ?

- J’étais tellement heureux de le savoir en vie vous comprenez ? Je me rends bien compte maintenant combien c’était puéril de ma part, j’aurais dû mille fois faire demi-tour avant d’arriver jusqu’ici !! Mais je n’y ai même pas songé un seul instant, je n’avais que son visage et son sourire dans ma tête, je voulais le serrer dans mes bras pour lui montrer combien j’étais heureux pour lui.

- (Philippe) Tu l’aimes vraiment alors ? Je veux dire, tu as vraiment aimé l’ancien Florian ? Celui que tout le monde haïssait ?

Jean Baptiste ne comprend visiblement pas où veut en venir cet homme avec ses questions, il parle d’un ancien Florian que tout le monde soi-disant haïssait, alors que lui ne l’a connu que comme le copain de son frère qui lui-même était bien loin de ne pas l’apprécier bien au contraire, puisqu’ils étaient toujours fourrés ensemble.

- Personne ne haïssait le Florian que je connais ?? Mes sentiments envers lui sont ce qu’ils sont et je n’y peux rien, hélas je dirais même !! Parce que s’ils n’existaient pas, je ne serais pas aussi mal dans ma peau depuis la première fois que je l’ai vu. Vous ne savez pas ce que c’est d’avoir le cœur qui s’affole en sa présence et l’estomac qui se retourne quand il n’est plus là et qu’il est reparti sans même un petit signe montrant un minimum d’attention.

- (Philippe) Je comprends très bien mon garçon, j’en suis sincèrement désolé pour toi que ce n’ait pas été réciproque !! Je peux juste t’assurer que le Florian que tu vas redécouvrir ne sera plus du tout comme ça, maintenant je ne peux rien te promettre sur ses sentiments envers toi quand il apprendra que tu existes et que tu l’as connu avant qu’il ne perde la mémoire de son passé, du moins de celui-là !

- (Jean Baptiste) Ça fait déjà plusieurs fois que j’entends ce genre d’allusion, je ne comprends pas vraiment où vous voulez tous en venir avec cette histoire de passé qui n’en est plus un et d’un autre qui n’a vraisemblablement jamais été et qui en devient un ??

- (Maryse) Ne t’emporte pas mon grand, Florian te dira tout ce qu’il y a à savoir j’en suis certaine !! D’ailleurs nous avons de la route à faire si nous voulons ne pas arriver trop tard, tu es toujours d’accord pour nous emmener mon cher Philippe ?

- (Philippe) Bien sûr, quelle question !! Je suis trop curieux vous le pensez bien d’assister à cette rencontre !!

- (Jean Baptiste) C’est que je ne suis pas certain d’avoir envie d’y aller, je pense plutôt qu’il serait plus sage de rentrer chez moi afin d’oublier tout ça et de toute façon je n’ai ni vêtements de rechange, ni argent pour vous accompagner !! Tout juste ai-je assez sur moi pour rentrer à Paris !!

- (Philippe) Nous respecterons ta volonté n’en doute pas et d’ailleurs je ne vois pas comment ne pas le faire à moins de t’attacher ! Hi ! Hi ! Seulement réfléchis bien avant de prendre ta décision !! L’argent et les vêtements ne sont pas le vrai problème car nous pouvons facilement y remédier !! Le vrai problème est de savoir si tu as ou pas envie de revoir Florian et de t’en faire à minima un ami, parce que je suis convaincu qu’il le sera et ce n’est pas le genre d’ami qui s’en va sans un petit geste d’attention, nous sommes tous ici très bien placés pour le savoir.

CHAPITRE 3 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Oups !!!)

Raphaël n’était jusque-là encore jamais tombé amoureux ni même seulement intéressé vraiment par quiconque, que ce soit fille ou garçon, avant la soirée d’hier où il a bien dû convenir que son regard était beaucoup plus attiré par les garçons de ce groupe d’amis que par les deux filles aussi belles soient elles.

Parmi les six gars qu’il a observé pendant le dîner, sa préférence n’était pas encore clairement définie et même de loin s’en faut, chacun de ses six copains ayant un attrait certain quoique différent à son regard.

Raphaël trouve quand même ça étonnant, alors que des beaux mecs il en a vu plus souvent qu’à son tour et qui ne l’ont pourtant jamais marqué d’un quelconque intérêt, tandis que brusquement la vue de ce groupe lui amène cette envie de rapprochement qu’il ne s’explique que par l’attrait autant sexuel qu’amical qu’il éprouve déjà envers eux sans les connaître réellement.

La réaction du petit rouquin venant s’asseoir sur ses genoux en l’embrassant tendrement le laisse donc sans voix, tout comme Chloé d’ailleurs qui reste figer comme lui l’est à tenter de comprendre son geste.

Sentir ce corps quasiment nu, tout chaud contre le sien, qui de toute évidence se sent particulièrement bien, installé comme il l’est sur ses genoux à boire goulûment son café en lui amenant des sensations et des sentiments qui se bousculent dans sa tête, pris comme il l’est entre ses envies et sa timidité mais surtout son éducation tout comme les tabous profondément enracinés d’une société qui l’empêchent de faire ce qu’il a envie en ce moment précis, en le faisant rester figé à retenir sa respiration de peur que cet instant magique cesse brusquement et le ramène à une réalité beaucoup moins réjouissante que ce moment d’exception qu’il vit actuellement.

Chloé en est au même point, quand elle voit Florian lever enfin ses yeux vers elle après avoir vidé la moitié de son bol en s’étonnant de la voir le fixer de la sorte.

- Oui ??

La bouille étonnée qui la regarde l’éclate à un point tel, qu’elle se sent fondre devant ce garçon qui est devenu en quelques semaines plus qu’un petit frère.

- Tu te sens bien là ? Ça va ?

- Bah oui pourquoi ?

- Il n’y a vraiment rien qui te gêne ?

Elle le regarde chercher visiblement ce qu’elle peut bien vouloir lui faire comprendre, Chloé le voit alors baisser les yeux vers son boxer et revenir les fixer dans les siens, cette fois avec une lueur espiègle dans le regard qui n’annonce rien de bien sérieux dans sa réponse.

- C’est parce que je bande, c’est ça ?? Pourtant tu devrais y être habitué ! Hi ! Hi ! Je n’ai pas encore eu droit au câlin ce matin c’est pour ça ! Hi ! Hi ! Faut dire aussi que cette nuit ça a été « waneguene » !! On s’est éclatés comme des ouf !! Sans doute l’air de la mer ! Hi ! Hi !

- Chez nous c’était beaucoup plus calme et je ne parlais pas de ton machin qui sort maintenant la tête, sans doute à cause aussi de l’air de la mer ! Hi ! Hi !

Chloé lui fait un signe circulaire du doigt pour qu’il se retourne.

- Regarde plutôt sur qui tu t’es assis en arrivant ! Hi ! Hi !

- Et bien quoi, c’est Rapha…. Oups !!!

- Exact, je te laisse lui expliquer ça pendant que je vais réveiller les autres !! …Oups ??

…J’espère que tu trouveras mieux que ça comme explication ! Hi ! Hi !

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Je la regarde s’éloigner sans oser bouger, comprenant la boulette que je viens de faire et le plus drôle dans tout ça c’est qu’il ne bouge pas lui non plus, semblant tout comme moi statufié par cette situation que d’aucun, trouverait comique mais qui me met soudainement particulièrement mal à l’aise.

Je cherche désespérément une explication à lui donner, quand quelque chose auquel je n’avais jusque-là pas vraiment fait attention me fait sourire à mon tour.

- Oups !! Toi aussi tu viens de te lever sans avoir encore fait un câlin on dirait ??

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Raphaël pendant ces dernières minutes a suivi la petite joute verbale entre Chloé et le petit rouquin toujours assis sur ses genoux, qui ne s’est pas encore rendu compte très certainement qu’il n’était pas sur les genoux d’un de ses copains avec qui il est sans doute habitué à ce genre d’intimité matinale.

Lui aussi s’était aperçu de cette raideur (pour y avoir une vue plongeante dessus) à laquelle faisait allusion Chloé avec son franc-parler bien à elle qu’il a appris à apprécier, mais il doit bien s’avouer que ce n’est pas dans la conversation ce qui l’a le plus surpris mais plutôt les paroles du garçon qui semblait parfaitement savoir sur qui il s’était assis et du coup la question qui lui est directement venue étant du pourquoi de ce baiser assurément donné avec beaucoup de naturel et de tendresse.

Il est donc resté un moment avec cette pensée avant de comprendre le sens de la dernière question qui lui a été posé et de s’apercevoir que lui aussi en tient une bien raide au niveau du bas ventre et que cette raideur caractéristique a été bien perçu par le petit gars qui lui en fait la remarque sans paraître une seule seconde en être le moins du monde incommodé et encore moins effarouché, puisque aucun geste de retrait ne suit ses paroles.

C’est donc d’une voix amusée bien loin de toutes les questions qu’il se posait avant ça sur la pudeur et les tabous, qu’il lui répond du tac au tac, bizarrement mis en confiance par la désinvolture amicale avec laquelle a eu lieu la conversation.

- Moi non, mais lui oui ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 4 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Quelques paroles dites sans réfléchir, sur le coup de l’émotion)

Je me lève de sur ses genoux pour me tourner vers lui et le fixer dans les yeux.

- Toi tu ne me connais pas encore, mais pour moi tu es quelqu’un de très important.

- (Raphaël) Ça veut dire quoi cette phrase ?

- Je ne pense pas que l’instant soit bien approprié pour t’en dire plus, tout à l’heure j’ai simplement oublié que je n’étais plus dans cette réalité où toi et moi étions très liés, si tu veux bien je te rejoins chez toi dès que j’en ai terminé de déjeuner pour t’amener des preuves.

- (Raphaël) Je n’y comprends rien à toutes tes paroles, pourtant j’ai envie d’en savoir plus alors que je devrais tout simplement t’envoyer promener et je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi, mais peut être que tu le sais toi ??

- Ce sera un des buts de ma visite !!

- (Raphaël) Parce qu’il y en a d’autres ??

- Je ne serai pas contre un gros câlin ! Hi ! Hi !... Hé !! Rougis pas comme ça, je suis sûr que tu en as envie autant que moi !!

- (Raphaël) Dans tes rêves !!

- Tu ne crois pas si bien dire ! Hi ! Hi !

Je reprends mon sérieux en le fixant toujours aussi intensément.

- Ta mère est toujours autant malade des poumons ? Tu sais qu’elle va très bientôt déclencher une très grave pneumonie ?

- Comment tu sais ça toi d’abord ?? Mon père et moi n’en parlons à personne !!

- Pour les mêmes raisons que quand je te disais que nous étions très liés, tu devrais réfléchir à mes paroles « Raphi » !! Je passerai d’ici une petite heure et je te promets que je répondrai au mieux à toutes tes questions.

Raphaël détache enfin les yeux de ceux hypnotiques de Florian qui ne l’avaient pas lâché depuis qu’il s’était retourné vers lui, il ne sait encore quelle position prendre suite à ses paroles et hésite encore entre l’envoyer paître une bonne fois pour toute, ou attendre comme il le lui demande qu’il lui en amène la fameuse preuve tout à l’heure.

Maintenant Raphaël est bien conscient que déjà il éprouve beaucoup trop de chose pour ce petit gars, n’en serait-ce l’érection qui malgré la conversation peu orthodoxe ne l’a pas quitté et c’est donc avec un énorme soupire qu’il se lève à son tour pour prendre congé et retourner à ses occupations, en attendant cette fameuse explication à venir.

- Bon !! D’accord !! Dans une heure chez moi, je présume que tu sais où c’est ??

- Bien sûr quelle question !!

- Ah !! Oui, enfin bon !! J’espère juste que tu ne t’es pas moqué de moi, quoique j’en doute fort et si c’est juste une méthode de drague, je dois quand même te prévenir qu’elle est archi mais alors vraiment archi nulle ! Hi ! Hi !

Je préfère lui sourire plutôt que de rallumer la polémique, il semble encore une fois déstabiliser quand il reprend son vélo pour l’enfourcher et quitter la zone à toute vitesse, des questions plein la tête.

Chloé qui a tout suivi depuis le mobil home au lieu de réveiller les autres comme elle l’avait dit, revient vers moi avec une drôle de mine.

- J’ai tout entendu tu sais et je n’ai pas bien saisi pourquoi tu lui as déballé de but en blanc toutes ces allusions, qu’il ne pouvait de toute façon pas comprendre !!

- Désolé mais je n’ai trouvé que ça à lui dire !!

- Et tu comptes faire quoi maintenant ?

- Justement !! Il me reste une heure pour y réfléchir ! Hi ! Hi !

Je lui prends la main en la regardant sérieusement.

- Je dois aller plus vite tu comprends ?

- Au risque de brûler les étapes et de laisser des personnes en route ??

- Tu as raison !! Maintenant tu me conseilles quoi ?

- Tes dessins ?

- Je ne les ai pas pris et ce serait trop long d’en refaire, en plus je n’ai pas le matériel qui va bien !!

- Tu pourrais lui envoyer un souvenir comme tu as fait avec nous ?

- Non !! Du moins pas maintenant !! Je veux qu’il soit totalement naturel avec nous, mes souvenirs pourraient altérer son jugement.

- Ton « Don » alors ? Pour soigner sa mère, puisqu’elle est gravement malade ça tombe plutôt bien !!

- C’était bien une de mes intentions !! Ahhh !!! Quelle merde !!! Pourquoi je l’ai abordé comme ça moi !! Mais quel con je te jure !!

- Tu as été surpris c’est tout, j’ai bien vu que tu étais ailleurs quand tu l’as embrassé et je suis certaine qu’il s’en souviendra quand tu lui apporteras les explications que tu lui as promises. Laisse-moi aller lui parler avant que tu n’y ailles, je trouverais de quoi le préparer à ta visite sans qu’il se sente pris pour un imbécile.

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« Appartement des Moutier. »

Anne sort de la salle de bain d’où elle vient encore d’aller vomir le peu qu’elle avait réussi à ingurgiter depuis le matin mais sa toux redouble d’intensité depuis plusieurs jours, la laissant de plus en plus faible à ne plus pouvoir même faire semblant d’aller bien devant son fils et son mari, pour ne pas les inquiéter plus que nécessaire.

Les médicaments ne lui font plus guère d’effet et ses séjours à l’hôpital ne lui apportent plus beaucoup de soulagements eux non plus, si ce n’est la panique de ses hommes pendant tout le temps qu’elle y passe.

Raphaël l’observe sans rien dire, il n’est pas dupe de son manège et la seule chose qu’il voit, c’est l’amaigrissement qui de mois en mois la rend plus fragile.

CHAPITRE 5 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Chloé prépare le terrain)

Chloé suit les instructions de Florian pour trouver où habite Raphaël, ce qui lui semble facile vu qu’il lui a donné le souvenir du chemin à parcourir dans le camp.

Elle reste soucieuse de ce qu’elle va bien pouvoir dire sans passer à son tour pour une mytho, les paroles irréfléchies de Florian étant ce qu’elles sont ne vont pas l’aider à rattraper le coup et plus elle se rapproche de son but, plus elle se demande bien pourquoi elle a voulu à tout prix parler avec Raphaël en premier.

Ce n’est qu’une fois devant la porte qu’un étrange sourire lui vient, Chloé serre son sac à main contre sa poitrine et sonne avec maintenant une détermination beaucoup plus marquée que quelques secondes auparavant, ayant trouvé ce qui sans conteste devrait amener la preuve ou du moins une partie de ce qu’est devenu son ami.

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« Ding ! Dong ! »

Anne regarde son fils, visiblement étonnée d’avoir de la visite à une heure si matinale.

- Tu peux aller voir mon chéri ?

Raphaël regarde sa montre en fronçant les sourcils car il n’attendait pas le petit rouquin aussi tôt, il se lève pour ouvrir et se retrouve tout bête devant Chloé qui le regarde avec une moue amusée, ayant bien remarquée son geste de recul en la reconnaissant.

- Ce n’est qu’une fille ! Hi ! Hi ! Pas de panique, je ne suis pas venu pour le câlin promis !!

- Pffttt !!! Très drôle !!

- Tu dois te demander ce que je fais là ?

- C’est un peu l’idée en effet !!

- Je suis venue pour disons…. Préparer le terrain à une meilleure compréhension de ce qu’a à te dire Florian, j’ai entendu votre petite conversation et je me doute bien qu’elle a dû te paraître des plus farfelues alors que chaque parole que t’a dite « Flo » n’est que la vérité, sauf qu’il aurait été plus judicieux de t’y préparer avant.

- Ce que tu es venue faire en arrivant avant lui je présume ?

- C’est exact !! Par contre ce que j’ai à te dire n’est pas de ce qui se révèle au coin d’une porte !!

Une voix très affaiblie se fait alors entendre.

- C’est qui mon chéri ?

- Une amie maman !!

- Une amie ?? Mais fais-la donc entrer voyons !!

Raphaël soupire en faisant signe à Chloé de passer devant.

- Entre et surtout ne te laisse pas prendre aux jeux des questions qui ne vont pas manquer, plus curieuse que ma mère tu meurs et là en te présentant comme une amie, j’ai mis la machine en route crois-moi !!

- Pas de soucis mon chéri ! Hi ! Hi !

Raphaël la retient par le bras.

- Ne joue pas à ça s’il te plait, ce serait lui faire plaisir pour rien et je préfère que nous en restions à la vérité.

- Je comprends !! Pas de soucis !! Je ne voyais pas ça comme toi c’est tout.

Chloé entre dans le salon, accompagnée de son « ami », elle y découvre une belle femme qui à l’évidence doit être bien malade et retient in extremis un sourire qui aurait pu être mal perçu.

L’instant des présentations passé, la conversation arrive enfin sur le but de sa visite.

- (Raphaël) Chloé voulait me parler d’un de ses amis qui a eu une drôle de réaction en me voyant, il s’est comporté comme s’il me connaissait depuis toujours alors que je suis certain du contraire.

- (Anne) Tiens donc ?? J’avoue que l’idée me semble étrange, sans doute une erreur de votre ami mademoiselle ? Mon fils pose pour des magazines et il est possible que l’erreur vienne de là, vous ne croyez pas ?

- (Chloé) Il n’y a pas d’erreur pour Florian, juste qu’il va vous falloir avant connaître certaines choses sur lui et si vous le permettez je commencerais mes explications de façons détournées, qui ensuite vous aideront pour beaucoup je pense à accepter le reste de son histoire.

Chloé fouille dans son sac à main, y prend son portefeuille et en sort une carte plastifiée au format carte de crédit qu’elle tend à Raphaël pour qu’il en prenne connaissance.

Celui-ci reconnaît parfaitement la photo qui représente le visage de Chloé, il tend la carte à sa mère et se tourne vers son amie, visiblement troublé.

- Mais !! C’est une carte d’handicapé ??

CHAPITRE 6 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Découverte d’un garçon pas ordinaire)

- En effet et elle m’appartient !!

Chloé sort alors quelques photos la représentant à diverses époques de sa vie d’avant le retour de Florian, elle les lui tend une à une en prenant bien soin d’expliquer chacune d’elles.

- J’ai eu un accident il y a environ sept ans qui m’a privé de l’usage d’une de mes jambes, vous voyez que je tiens une canne sur toutes ces photos !! J’ai dû subir quatre grosses opérations qui m’ont laissé des cicatrices sans pour autant améliorer quoi que ce soit !! Tenez ??

Elle passe la dernière photo à Raphaël où elle est en short, sa cuisse affreusement mutilée s’y trouvant en premier plan.

- Voilà comment j’étais il y a encore quelques semaines, avant que le nouveau Florian ne refasse son apparition dans notre quartier et s’occupe en quelques minutes de me guérir complètement.

Bien sûr les regards de Raphaël et de sa mère se reportent aussitôt sur sa cuisse qui ne laisse plus rien voir de ces horreurs que leur montre la photo.

- (Anne) Ce n’est pas possible !!

- Tout comme il a paru impossible à votre fils que mon ami le connaisse aussi bien !! Pourtant je peux vous affirmer que pour Florian tout du moins c’est bien le cas !! Peut-être allez-vous m’écouter d’une autre oreille pour le reste de ce que j’ai à vous dire ?? Florian pourra ensuite répondre à toutes vos questions, à condition bien sûr qu’il en ait les réponses et croyez-moi, il s’en pose tout autant que vous sur ce qui lui arrive.

- (Anne) Nous t’écoutons jeune fille.

Chloé narre alors brièvement ce qu’elle en sait de cette histoire, les doutes qu’ils ont eu avec sa famille avant que le miracle de sa jambe ne les oblige à y croire et que les planches de dessins aient révélé des scènes de famille différentes de leurs souvenirs, restant crédible par d’autres personnages qu’il était impossible à Florian d’avoir connu.

« Ding ! Dong ! »

Tous se tournent vers l’entrée un bref instant pour revenir à se fixer dans les yeux, chacun dans ses pensées en sachant toutefois qui est derrière la porte.

« Ding ! Dong ! »

- Y a quelqu’un ??

C’est Chloé devant les corps figés de ses hôtes qui demande.

- Je peux aller lui ouvrir ?

- (Anne) Oui ! Bien sûr !!

***/***

« De l’autre côté de la porte d’entrée. »

Je suis prêt à sonner une troisième fois quand la porte s’ouvre enfin et qu’apparaissent Chloé accompagnée de Raphaël, l’une souriante tandis que l’autre tire une trombine qui m’éclate un max.

- T’as pas eu le temps de conclure ou quoi ?? Je peux revenir un peu plus tard si vous voulez ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Je te laisse ce privilège, après tout ce ne sera que la deuxième fois, pas vrai ?

- Qui sait ??

- (Chloé) Tu as raison, avec toi il faut s’attendre à tout !! Je vous laisse vous expliquer entre homme ! Hi ! Hi ! Nous serons sur la plage si tu veux nous rejoindre.

Elle se tourne vers Raphaël.

- Toi aussi bien sûr, tu seras le bienvenu pour faire connaissance avec les autres garçons de la bande.

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Anne entend la porte qui se referme et les pas qui arrivent vers elle, curieuse de connaître ce mystérieux garçon doté à entendre son amie de facultés pour le moins extraordinaires.

Ce n’est pas un scoop de dire que le garçon qui apparaît devant elle n’est pas et de très loin l’image qu’elle s’en était faite, lui amenant de suite un sourire amusé devant sa dégaine mais aussi un vif intérêt d’un physique des plus atypiques dans le meilleur sens du terme.

Sa surprise ne s’arrête certainement pas là quand elle le voit venir vers elle pour l’embrasser affectueusement, avec une fraîcheur qui ne trompe pas sur l’affectif réel que le jeune rouquin éprouve pour elle.

- Bonjour Anne !! J’arrive une nouvelle fois au bon moment on dirait ?? « Raphi » ?? Accompagne-moi à la salle de bain, tu veux bien ??

Raphaël me fixe avec stupeur, sans doute déjà à cause de mon entrée dans le salon mais aussi très certainement pour ma demande qui le surprend au plus haut point.

- Pourquoi donc ?

- Pour que je prépare de quoi soigner ta mère, tiens donc !! Oh !! Tu pensais à quoi coquin ? Avoue ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 7 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Le « don »)

Anne les voit quitter le salon avec quand même une drôle d’impression, peut être le fait que ce soit le petit rouquin qui soit passé devant et ait pris le chemin de la salle de bain sans la moindre hésitation, alors que s’il y a quelque chose de certain dans cette histoire c’est sans contexte qu’il met les pieds chez eux pour la première fois.

Elle repense aux paroles de la jeune fille qui était là juste avant son arrivée, comment pouvoir avoir vécu des événements dans un autre temps ou même encore plus fort, dans une autre réalité, sans que personne n’y trouve à redire et même entre dans le jeu comme si c’était un fait avéré.

Anne dans ses pensées ne voit bien sûr pas le temps passé, trop obnubilée par toutes les questions que pose ce jeune garçon du fait même de son existence et surtout de sa façon d’être, visiblement particulièrement à l’aise dans un univers qui devrait pourtant lui être étranger.

C’est donc avec surprise qu’elle aperçoit le verre tendu presque sous son nez, relevant la tête pour voir son fils le visage grave.

- Il faut que tu boives tout d’un trait m’man !! Florian s’excuse de ne pas y avoir mis du sirop comme la première fois mais que de toute façon tu avais trouvé ça trop sucré, comprenne qui pourra mais pour ma part je ne cherche même plus !!

- Qu’est-ce que c’est ?

J’arrive derrière Raphaël au moment où Anne lui pose la question.

- Si je te le disais maintenant tu ne voudrais pas le boire, sache juste que c’est quelque chose de très efficace !! Il suffit de me faire confiance, de toute façon au pire ça n’aggravera pas ton état actuel !!

- (Raphaël) Rappelle-toi des photos de Chloé m’man !! Florian m’a dit que c’était exactement la même chose qu’il lui a donné.

- (Anne) Mais toi tu sais ce que c’est ?

- (Raphaël) J’ai vu ce que Florian y a mis si c’est ta question ? Pour toute réponse je ne peux que t’affirmer que ce n’est pas dangereux.

Je vois qu’elle hésite toujours à prendre le verre des mains de son fils, un verre opaque qui ne laisse pas voir ce qu’il contient si ce n’est en se penchant dessus.

Une quinte de toux la prend soudainement qui m’écorche les oreilles en entendant les sons caverneux, démontrant dans quel état d’affaiblissement physique cette maladie l’a déjà amenée.

La toux cesse enfin, la laissant sans force à se tenir la poitrine pour reprendre désespérément son souffle et je profite de cet instant pour lui prendre doucement la tête en tendant une main vers Raphaël qui comprend et me passe le verre, le visage livide d’inquiétude.

Tout se fait ensuite très rapidement sans laisser à Anne le temps de comprendre, je lui mets le verre contre les lèvres en commençant à verser le breuvage qu’elle n’a pas la force de refuser et qu’elle avale d’un trait, avant de fermer les yeux et de se laisser aller dans une torpeur proche de l’évanouissement.

Raphaël s’affole alors.

Il faut appeler le Samu !! Elle ne va pas bien !!

Je prends son pouls, vérifie sa respiration qui déjà me semble légèrement moins rauque que précédemment et lui soulève une paupière pour m’assurer que ses pupilles ne sont pas anormalement dilatées, ensuite de quoi je l’allonge le plus confortablement possible.

- Elle s’est endormie !!

- Tu es sûr ??

- Certain !! Il faut laisser le temps à son organisme de se réparer, si tu veux te rendre utile en attendant, tu ferais bien d’aller lui chercher de quoi manger !! Protéines, sucres lents et vitamines, vois avec Franck il saura de quoi je parle !!

Raphaël hésite, visiblement peu enclin à laisser sa mère seule après cette crise qu’elle vient d’avoir devant lui.

- Je reste près d’elle, ne t’inquiète pas !! Tu devrais te magner d’aller chercher ce que je t’ai demandé, ta mère en aura besoin à son réveil et après ça nous passerons à la deuxième partie du pourquoi de ma présence chez toi.

- Ah oui !! Et c’est quoi déjà ??

Je me redresse, m’approche de lui en le fixant dans les yeux et je le sens soudainement se relâcher, noyer qu’il est dans mon regard qui semble l’hypnotiser.

Je le vois déglutir, visiblement troublé, c’est donc avec un sourire amusé que je lui dépose un bref baiser sur les lèvres avant de lui mettre une claque sur la fesse pour qu’il parte sans tarder faire la course que je lui ai demandée.

- Peut-être le câlin promis rappelle-toi !! En attendant, oust !! Va au ravitaillement et après on voit comment on procède ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 8 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Le « don ») (fin)

***/***

« Dix minutes plus tard. »

Je suis en pleine lecture d’une revue traînant sur la table basse du salon quand la porte d’entrée s’ouvre à nouveau, je relève la tête en m’attendant à voir arriver Raphaël quand c’est son père qui entre dans le salon, visiblement surpris de m’y voir installer.

- Bonjour mon garçon, ce ne serait pas trop te demander de me dire ce que tu fais là ?

- J’attends le retour de Raphaël en surveillant le sommeil de sa mère, elle a eu une crise au moment où j’étais là mais c’est terminé maintenant.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ? Tu n’es pas médecin il me semble ??

- Il suffit de la regarder pour voir qu’elle se repose et qu’il n’y a plus de danger !!

Jean va pour s’emporter contre le jeune rouquin du manque manifeste de maturité de sa part pour ne pas avoir prévenu quelqu’un de suite, quand il repense à son fils et se calme suffisamment pour poser la question.

- Raphaël est parti chercher son docteur je présume ?

- Pas du tout !! Il est chez Franck pour ramener un repas consistant à sa mère pour quand elle se réveillera, c’est moi qui l’y ai envoyé !!

La voix de Jean monte de plusieurs octaves sous la colère sourde qui commence à le prendre d’autant de manque de jugement de la part des deux garçons.

- On est dans la vraie vie ici !! On ne joue pas à la dînette !! Ma femme est gravement malade et son état nécessite un suivi médical immédiat dès qu’elle a une de ces crises !!

Une voix féminine intervient alors qui le fait se retourner aussitôt vers elle.

- Pourquoi cries-tu après ce jeune homme mon chéri ?

- Je ne crie pas, je lui faisais juste remarquer son insouciance devant la faiblesse où tu te trouves en ce moment et au lieu d’appeler le docteur, il a envoyé ton fils te chercher à manger !!

Anne se lève en souriant, se dirige d’un pas assuré vers la cuisine où elle ouvre différents placards et tiroirs pour en sortir assiette, verre, ainsi que tout ce dont elle a besoin pour mettre un couvert sur la table.

Jean la regarde médusé, ça faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas vu s’affairer autant en si peu de temps.

- Mais !! Qu’est-ce que tu fais ma chérie ??

Anne se tourne vers nous, regarde un instant son mari avant de reporter son regard sur moi et venir me rejoindre pour ensuite m’embrasser sur le front, sa bouche venant ensuite se plaquer à mon oreille pour me murmurer doucement.

- Merci Florian !! Je me sens déjà beaucoup mieux grâce à toi !!

Ses yeux reviennent vers son mari qui reste debout, trop ahuri par ce qui arrive autour de lui depuis qu’il est rentré à la maison.

J’espère que Raphaël ne va pas tarder, j’ai une faim d'ogre ! Hi ! Hi !

Jean abasourdi par ces paroles, mais surtout d’écouter ce rire joyeux qu’il ne lui avait plus entendu depuis bien trop longtemps.

- Mais enfin !! Quelqu’un pourrait-il me dire ce qu’il se passe ici à la fin ??

- (Anne) J’ai eu la visite d’une jeune fille ravissante au demeurant qui m’a expliqué ce que son copain pouvait faire pour guérir les gens, j’avoue en être resté des plus sceptiques au début tout du moins jusqu’à ce qu’elle nous donne la preuve que c’était bien le cas et c’est ensuite ce même jeune homme qui m’a fait boire je ne sais quoi si ce n’est que ça semble très efficace, car je ne me suis pas sentie aussi bien depuis des années.

La porte d’entrée s’ouvre une nouvelle fois.

- Florian !! Tu peux venir m’aider s’il te plait ?

Je fais un clin d’œil à Anne en partant rejoindre Raphaël les bras chargés de boites remplies de nourriture.

- T’as dévalisé le restaurant ou quoi ?

- Tu ne connais pas encore mon oncle, sinon tu ne me poserais pas la question ! Hi ! Hi ! Maman est réveillée ??

Une voix venant de la cuisine.

- Oui mon chéri et j’ai faim, alors tu discuteras après avec ton copain !!

La tête que fait alors Raphaël m’éclate de rire, c’est donc sans plus perdre de temps que nous rejoignons ses parents à la cuisine et qu’à peine les boites sont déposées sur la table, que déjà Anne se précipite dessus pour leur faire un sort.

Jean ne fait plus attention à rien d’autre qu’à sa femme, avec une joie indicible sur le visage et j’en profite pour prendre le bras de Raphaël qui lui aussi reste subjugué par le changement soudain qu’il perçoit dans la façon d’être de sa mère.

- On y va ??

Ses yeux se reportent vers moi, complètement à l’ouest.

- Où ça ??

Je souris en approchant mon visage du sien.

- Dans ta chambre pardi !! J’ai tenu ma promesse de guérir ta mère, reste plus que celle que je t’ai faite à toi ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 9 (Afrique) (Lundi midi) (Visite au dispensaire)

Patrice et Camille se retrouvent après les quelques heures de sommeil qu’ils se sont accordés suite à ce long voyage, ils visitent tranquillement le dispensaire, surpris de l’âge canonique de toutes les sœurs qu’ils croisent sur leur chemin.

- (Camille) Je n’ai encore pas croisé une seule personne de moins de soixante ans, tu trouves ça normal toi ?

- Je me faisais la même réflexion figure toi, peut-être qu’il y a pénurie de volontaires pour ce genre de sacerdoce ?

- L’église pourrait quand même leur envoyer de l’aide, tu ne crois pas ?

- Ce n’est certainement plus sa priorité d’envoyer le peu de personnes qui acceptent encore d’entrer dans les ordres dans des endroits aussi loin de tout !!

- (Camille) Après on s’étonne que plus personne ne croit en rien !! Ces femmes passent leurs vies pour le bien des plus pauvres et en remerciement on les laisse s’épuiser jusqu’au dernier souffle, avoue que ce n’est quand même pas rien !!

- Il n’y a plus que l’argent qui gouverne le monde, l’humanitaire n’a plus sa place pour les puissants sauf bien sûr quand ça sert leurs politiques pour arriver à leurs fins !! Beaucoup de ces endroits ont disparu alors qu’ils sont plus nécessaires que jamais, toutes ces tribus finiront par ne plus exister d’ici quelques décennies !! La civilisation est un rouleau compresseur bien difficile à contenir et la mondialisation n’arrange rien, le capitalisme à outrance non plus d’ailleurs !! Que sont ces quelques milliers de gens qui vivent comme vivaient leurs ancêtres, pour les consortiums pour qui faire des bénéfices est la seule religion.

Camille comprend bien la rancœur de son collègue et ami, pour ne pas être bien loin de penser la même chose, elle va pour lui répondre quand elle aperçoit plusieurs silhouettes au loin venant de la jungle.

- Voilà de la visite pour le dispensaire, sûrement une famille qui vient pour des soins !!

Ils restent un moment immobile à observer les nouveaux arrivants qui en se rapprochant finissent par leur amener une certaine crainte devant les corps peints qu'ils arborent avec fierté, l’air peu commode et surtout les lances ainsi que les arcs qu’ils tiennent d'une main ferme.

- (Patrice) Essayons de trouver le père Antoine pour l’avertir, ils ne sont peut-être pas dangereux mais deux précautions valent mieux qu’une.

- Tu as raison, c’est peut-être nous qui n’y sommes pas habitués mais ça ne coûte rien de l’avertir, quoique je ne vois pas bien ce qu’il pourrait faire en cas de danger.

***/***

- (Taha) L’homme et la femme blanche ont semblé effrayés père ?

- (Okoumé) C’est parce qu’ils n’ont jamais vu des personnes comme nous, la civilisation protectrice des hommes blancs les rend couards devant ce qu’ils ne connaissent pas.

- Le père Antoine m’a dit un jour que nos peintures de chasse étaient souvent interprétées comme des ornements de guerre !!

- (Okoumé) Imagine alors si ces deux blancs nous avaient vus avec ! Hi ! Hi ! Je crois qu’il nous aurait été difficile de les rattraper dans ce cas, la peur les aurait fait courir comme des gazelles sentant l’odeur d’un fauve.

- Ça court si vite que ça un blanc, père ?

Okoumé passe un bras affectueux autour des épaules de son fils.

- Comment le saurais-je mon fils, pour ça il faudrait que je peigne mon corps pour la guerre ! Hi ! Hi !

***/***

Le père Antoine sort de la salle de soins et tombe nez à nez avec ses deux visiteurs, il a eu depuis leur arrivée tout le temps de penser à leurs paroles et il semblerait qu’ils en connaissent beaucoup plus qu’il aurait pu l’imaginer sur toutes ces choses extraordinaires qu’il vit depuis quelques semaines.

- Vous êtes-vous reposés un peu ?

- (Camille) Ces quelques heures de sommeil nous ont fait du bien mon père.

- (Patrice) Je crois que vous avez de la visite, des guerriers armés arrivent depuis la jungle !!

- Sans doute Okoumé et ses chasseurs, il vient certainement aux nouvelles pour son fils !! Allons les accueillir si vous le voulez bien, n’ayez aucune crainte à leur sujet car ce sont tous des amis de longue date !! Je les ai tous connus quand ils étaient enfants, les sucreries sont bien plus efficaces que les prières croyez-moi ! Hi ! Hi !

Pendant les quelques minutes de marche qui suivent, le père Antoine leur donne quelques renseignements sur Okoumé et sa tribu.

- Okoumé est un chef très respecté parmi les siens, c’est un homme juste qui a eu beaucoup de malheurs !! Il a perdu son fils aîné Aomé et son cadet Akim dans des circonstances atroces, son dernier fils Taha lui est devenu plus cher que tout au monde. Qu’il accepte de l’envoyer loin de sa protection démontre à quel point ces entités auxquelles nous avons brièvement fait allusions à votre arrivée l’ont marqué et je vous demanderai de faire très attention à vos paroles sur ce sujet, pour Okoumé ce sont ses dieux qui lui ont donné une mission vous comprenez ?

- (Patrice) Parfaitement mon père !! D’ailleurs pour nous ce n’est pas loin d’être la même chose, nous n’aurions jamais imaginé rencontrer une autre vie que la nôtre il n’y a encore pas si longtemps.

- Je veux bien vous croire !! Ah !! Je les vois, ce sont bien eux et Taha est avec son père, allons les accueillir !!

Camille maintenant qu’ils sont suffisamment proches pour bien les voir en détails, sursaute en constatant leur nudité.

- Mais !! Ils ne portent pas de vêtements !!

Le père Antoine la regarde, visiblement amusé par sa réflexion.

- Les tailleurs et les boutiques de prêt à porter sont plutôt rares par ici je dois bien le reconnaître ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 10 (Afrique) (Lundi midi) (Des fesses ma foi fortement appétissantes)

Les paroles du vieux prêtre toutes rassurantes soient-elles, n’empêchent pas aux deux agents de la DST d’avoir une sueur froide d’appréhension qui leur dégouline du front et ce n’est que quand celui qui semble le chef prend le père Antoine dans ses bras, qu’ils comprennent alors que celui-ci avait raison de ne pas s’inquiéter.

Camille ne peut pas détacher son regard du fessier charnu et musclé d’un noir d’ébène d’Okoumé, le trouvant somme toute très appétissant, c’est Patrice qui est obligé de la faire revenir sur terre en lui donnant un bon coup de coude sur la hanche.

- Tu n’as pas fini !!

- Mmmmm !!! J’adore ses fesses, elles sont à croquer !!

- Je te signale qu’on est là en mission et pas pour la bagatelle, alors arrête de les mater au-dessous de la taille, tu veux bien ?

- Je vais essayer mais reconnais qu’ils ont tous de beaux petits culs, surtout le chef !! Humm !!

Okoumé tout comme son fils ainsi que plusieurs de ses chasseurs, parlent et comprennent très bien le Français, ce qui ne les empêchent pas de palabrer dans leur langue avec le père Antoine qui la connaît très bien également et donc ils entendent et comprennent parfaitement la conversation entre les deux blancs inconnus, faisant comme si de rien était en se retenant malgré tout pour ne pas perdre le sérieux qu’ils tiennent depuis leur arrivée.

Okoumé se tourne vers Camille quand il entend qu’on parle plus précisément de lui.

- Je vous remercie du compliment mademoiselle, toutefois je pense que votre ami a entièrement raison et qu’il n’est pas temps pour la bagatelle, par contre certains de mes chasseurs n’ayant pas encore d’épouses pourraient très certainement vous faire visiter leurs huttes une fois que nous en aurons terminé du but de notre présence ici.

Camille écarquille les yeux de stupeur, ne sachant plus où se mettre après la raillerie dite quasiment sans accent du chef Okoumé.

- Je…Je… !!!!

- (Patrice) Veuillez excuser ma collègue, elle ne pensait pas à mal ! Hi ! Hi ! Par contre je suis certain qu’elle acceptera volontiers qu’un de vos chasseurs célibataires lui fasse visiter sa hutte !!

- Oh !! Toi !!…. Salaud !!

Camille fusille du regard son ami en lui mettant une claque sur le haut du bras et s’en retourne au pas de charge rouge comme une pivoine en direction du dispensaire, sous les regards et les rires amusés de tous ceux qui ont compris de quoi il retournait.

Le père Antoine présente alors Patrice en indiquant qu’il est envoyé par une personne très importante de son pays, pour vérifier les dires du même garçon qu’eux cherchent justement à joindre.

- Je ne savais plus à quel saint me vouer pour obtenir l’autorisation de sortie du territoire de ton fils et voilà que ce matin ces deux personnes arrivent et me demandent pourquoi j’ai effectué des recherches sur Florian De Bierne, le jeune homme que justement Taha doit rencontrer en France.

- (Okoumé) Nos dieux leur ont envoyé des signes !!

- (Patrice) C’est surtout l’importance de ce garçon pour notre service, qui a fait que les recherches du père Antoine à son sujet soient suffisamment marquantes pour qu’on nous envoie en mission afin d’en connaître les raisons.

- (Le père Antoine) Et il semblerait qu’il n’y ait pas que ça, mais si nous allions discuter de tout ceci dans mon bureau ? J’avoue que ce que j’ai entendu dire depuis ce matin tourne dans ma tête sans que j’arrive à en trouver le fil conducteur.

***/***

« Un peu plus tard dans le bureau du père Antoine. »

- (Patrice) Je vous dirais tout ce que je connais de cette histoire et ensuite vous me donnerez votre version ainsi que le message qui doit être délivré au jeune De Bierne.

- (Taha) Je ne connais pas le message, le dieu qui est entré dans ma tête me donnera les questions à poser au fur et à mesure par le biais de mon ami qui est resté près des pierres du ciel !!

Okoumé regarde Patrice qui n’a pas cillé en écoutant son fils.

- Tu connais l’existence des dieux des pierres du ciel homme blanc ?

- J’en ai entendu parler c’est exact !!

- Je comprends mieux alors pourquoi ton visage est resté impassible en écoutant les paroles de mon fils.

- (Patrice) Pourrais-je parler à une de ces entités par le biais du garçon ?

- (Taha) Je vais demander à Naomé qu’il leur en fasse la demande.

Taha ferme les yeux et se concentre, pas encore habitué à se mettre en relation mentale avec son ami.

***/***

« Conversation entre Taha et Naomé. »

- (Naomé) Tu n’as juste qu’à penser à moi pour que ça se fasse tu sais ?

- (Taha) Mais je pense tout le temps à toi ! Hi ! Hi !

- Moi aussi mais tu sais très bien ce que je voulais dire !!

- L’homme blanc voudrait parler avec nos dieux qu’il appelle entité ?

- Qu’il parle, il sera écouté !!

***/***

Taha se tourne alors vers Patrice.

- Tu peux parler homme blanc, nos dieux t’entendront par mes oreilles ainsi que la bouche de mon ami et répondront de la même façon !!

- Etes-vous présent dans d’autres réalités ?

- Nous le sommes !! Comment peux-tu connaître cela humain ?

- Parce que ça nous a été rapporté par le garçon que vous cherchez à joindre.

- L’âme errante a donc bien intégré ce corps comme nous le pensions, elle se souvient donc ?? Parle humain !! Dis-nous tout ce que tu as appris !!

CHAPITRE 11 (Camping de la dune) (Lundi midi) (Mise au point)

Il est déjà presque midi quand je sors de chez Raphaël avec sa promesse de venir passer une partie de l’après-midi avec nous à la plage, notre discussion a été très constructive aussi bien pour l’un comme pour l’autre et la guérison de sa mère a beaucoup aidé à faire passer le reste de mon histoire.

Je pense qu’il a très bien compris maintenant mon geste d’affection de ce matin, sa curiosité sur les rapports que nous avions tous avec lui ainsi que les réponses que je lui ai données l’ont quelques peu perturbé et nous avons convenu de repartir à zéro en nous laissant les opportunités que nous voudrions bien prendre sans qu’il y ait obligation de quoi que ce soit, le début d’amitié qui commence à nous lier étant suffisant pour l’instant sans vouloir brûler les étapes d’une future relation plus passionnelle au risque de tout faire capoter.

En tout état de cause la bise que nous nous sommes donnés avant de nous séparer, ne laisse aucun doute qu’il se passe quelque chose entre nous et lui comme moi en sommes bien conscients, aussi le petit sourire en coin qui s’en est suivi nous a fait pouffer de rire ensuite, nous faisant nous quitter avec une forte émotion dans le creux de l’estomac.

Comme je ne sais pas si mes amis sont ou non déjà rentrés de la plage, je décide d’aller vite fait vérifier ça aux mobil homes avant d’escalader la dune, ce qui avec cette chaleur n’est pas de la tarte et je n’ai pas du tout envie de faire cet effort pour rien.

Bien m’en a pris puisque j’aperçois au loin l’attroupement sur la terrasse, prouvant qu’ils sont tous bel et bien rentrés, c’est donc avec un petit ouf de soulagement quand même que j’accélère le pas pour les rejoindre.

***/***

« Une heure plus tard à la fin du repas. »

Les discussions vont bon train depuis que je leur ai fait un résumé de ma matinée, ils sont tous contents d’apprendre que la mère de Raphaël va beaucoup mieux et que celui-ci va passer le reste de la journée avec nous dès qu’il en aura terminé avec son travail.

- (Éric) Il a réagi comment quand il a su pour nous deux ? Enfin je veux dire dans tes souvenirs !!

- Il a été surpris tu le penses bien !! Maintenant il ne faut pas oublier que ce n’est plus la même réalité et nous nous sommes mis d’accord pour reprendre les choses à zéro, de toute façon je suis le seul ici à avoir ce genre de souvenir.

- (Éric) Tu entends quoi par remise à zéro ??

- Laisser les choses aller au feeling entre nous !! Dans mes souvenirs nous étions quasiment ici tous amants, à part Antoine et Benjamin bien sûr, puisque je ne le connaissais pas d’avant ces dernières semaines, tu remarqueras qu’il n’en est rien actuellement !!

- (Benjamin) Pas encore !!

- Hummm !!! Si tu veux, mais ce n’était pas là mon propos et ce que je voulais dire c’est que les évènements que j’ai connus ne se reproduiront pas forcement, vous avez eu tous un autre vécu ou vous n’avez pas eu les mêmes liens d’enfance, de jeunesse et même d’adolescence, je ne suis apparu dans votre vie pour certains que bien plus tard et pour d’autres d’une façon qu’il ne sert plus à rien de rappeler.

- (Yuan) Pour l’instant tout semble aller comme tu t’en souviens, pas vrai ?

- Tu parles pour toi et Antonin ?? « Toinou » fait déjà la différence car je n’avais pour lui qu’une amitié fraternelle et tu es bien placé pour savoir que ça va beaucoup plus loin maintenant !!

- (Benjamin) Qu’est-ce qu’on doit faire alors ?

- S’apprivoiser !! Se découvrir nos affinités !! Ne surtout pas gâcher cette amitié qui nous donne plaisir à être ensemble !! Rester tel que nous sommes et ce qui arrivera ce fera parce que nous en aurons envie et non pas parce que c’était comme ça dans mes souvenirs !!

- (Chloé) Les dessins avec ces garçons que nous ne connaissons pas encore ??

- Oui ??

- (Chloé) Rien ne dit que nous les connaîtrons un jour si je comprends bien tes paroles ?

- Comme rien ne dit qu’ils ne seront pas ici aussi nos amis, voir plus pour certains ou certaines d’entre nous et pas forcément avec les mêmes personnes qu’avec ceux ou celles avec qui je les ai représentés !! Il y a déjà des changements notoires rappelez-vous, Mathis par exemple qui était en couple avec Damien mon meilleur ami !! Vu le malheur qui est arrivé au frère de Léa et de Benjamin, vous comprenez tous l’impossibilité maintenant qu’ils soient de nouveau ensemble !!

Je vois bien Léa fixer son frère et je comprends bien où vont ses pensées.

- Benjamin n’est pas Mathis ma puce !!

Je fixe à mon tour Benjamin, son regard identique en tout point à un autre tant aimé me trouble encore et toujours davantage, c’est en me forçant à poursuivre mon idée que je continue ma phrase.

- Comme il n’est pas Thomas !!

- (Léa) Mais il peut en remplacer un des deux si le courant passe ??

- (Chloé) Tu as dit toi-même que nous n’avions pas le même vécu que dans tes précédents souvenirs, c’est pareil pour Thomas tu sais !! Vous étiez amoureux depuis toujours et ici nous ne savons pas où il peut être, comment crois-tu que se passeront vos retrouvailles ? Tu crois sincèrement qu’il va te sauter dans les bras alors que tu seras pour lui un parfait inconnu et que vous allez reprendre votre histoire là où elle s’était interrompue ?? Que feras-tu s’il a déjà quelqu’un ?? Qui dit même qu’il n’a pas une copine et que les garçons ne l’attirent pas ?? Tu vois Florian, je ne fais que suivre ton raisonnement et s’il y a une chose de laquelle je me suis aperçue depuis cette semaine, ce sont les sentiments de Benjamin envers toi et ta façon d’éviter d’y répondre !!

CHAPITRE 12 (Paris) (Lundi midi)

« Restaurant non loin des bureaux de la DST »

Maurice termine son déjeuner par un café gourmand comme il en a pris depuis quelques temps l’habitude, heureux de cette journée ensoleillée qui débute la semaine de la meilleure des façons.

Un coup d’œil à sa montre lui confirme que son rendez-vous ne devrait plus tarder, les nouvelles qu’il reçoit d’autre part sur plusieurs actions préventives de contre-espionnage l’ont mis suffisamment de bonne humeur pour qu’il envisage cette rencontre avec un minimum de calme et ce même s’il s’avère qu’une fois encore les souvenirs de Florian pourraient concorder avec cette réalité.

La porte de l’établissement s’ouvre pour laisser entrer une jeune femme au physique agréable, celle-ci semble chercher quelqu’un du regard et Maurice reconnaît la photo du dossier qu’il a emmené avec lui, aussi lui fait-il signe pour qu’elle vienne vers lui.

- Monsieur Désmaré ?

- Lui-même et vous êtes Léonie Jaquemin, j’apprécie que vous soyez à l’heure !!

- C’est la moindre des choses monsieur, puis-je connaître le but de cette convocation dans un lieu aussi inattendu ?

- J’ai appris que vous veniez d’être affectée à nos services et je voulais avoir une conversation informelle avec vous avant de prendre, disons une distance plus officielle.

- Je comprends monsieur !!

- Très bien alors !! Je fais mener une enquête vous vous en doutez bien sur chaque nouvel agent qui intègre le département, je vous avouerai franchement que ce que j’ai appris sur vous m’a fait hésiter à avoir cette conversation et ce n’est que la promesse faite à un ami si elle se tient en ce moment !!

- Mais !!…. Je…. Ne comprends pas !!!

- Le nom de Jean Delfosse doit vous dire quelque chose ??

- Bien sûr !! C’était mon second choix d’engagement, mais pourquoi cette question ?

- Oh !! Pour pas grand-chose en fait !! Juste m’assurer que vous ne travaillez pas pour lui en sous-marin !! Sachez que si c’est le cas, il vous est encore possible d’intégrer ses services !! Je ne vous donnerai que cette seule chance et si vous persistez à vouloir venir chez nous, sachez que n’ayant aucune preuve j’accepterai votre engagement mais qu’à la moindre incartade je serai intraitable sur le moyen de vous le faire regretter !! J’espère que j’ai été assez clair ??

- Mais !! Je vous assure que l’on vous a mal renseigné monsieur !!

- Et bien tant mieux alors !! Nous dirons que cette conversation n’a pas eu lieu et je vous confierai une mission en binôme avec un autre de nos nouveaux agents, nous nous reverrons en fin d’après-midi à dix-huit heures dans mon bureau et cette fois de façon officielle !!

- Puis je… vous posez une question ?

- Bien entendu !!

- Qui a pu vouloir me mettre dans une telle situation dès mon entrée en service ?

- Vous le saurez en temps utile, sachez juste mademoiselle que cette personne souhaite tout autant que moi que l’information n’ai pas lieu d’être ici et c’est pourquoi j’ai tenu personnellement à vous rencontrer avant de prendre une quelconque décision, le fait que vous ayez soutenu mon regard est déjà un bon point pour vous mais vous voilà prévenue quant aux conséquences en cas de duperie.

Léonie devient pâle en comprenant ce que signifient pour elle ces conséquences, le timbre de voix tranchant comme l’acier qui lui a donné cet avertissement n’étant pas de ceux qu’il faut prendre à la plaisanterie.

- Je vous assure que vous n’aurez pas à vous plaindre de mon travail monsieur !!

- Je note vos paroles avec plaisir mademoiselle et je vous dis à tout à l’heure !!

Maurice la regarde s’éloigner en soupirant, elle lui a semblé sincère mais il doit aussi se rappeler que dans un autre temps elle a réussi avec brio à tromper Florian et les équipiers avec lesquels elle était en mission.

Il se souvient aussi que Florian parlait d’elle comme d’une amie qui s’était sacrifiée pour le prévenir du danger qui le guettait, il a donc ressorti de son coffre un dossier qui une fois entre de bonnes mains devrait mettre définitivement et très rapidement sur la touche celui qui avait été l’instigateur de cette folie.

***/***

« Dorian »

Le jeune lieutenant nouvellement promu termine de faire sa valise, la convocation qu’il a reçu pour le jour même de se présenter au grand patron en personne, précisait qu’il devrait partir immédiatement en mission à l’étranger et qu’il devait donc s’organiser en conséquence, sans en préciser ni l’endroit ni le pourquoi de cette affectation.

Dorian n’est pas tranquille, car il sait très bien qu’il est novice et que ce sera son baptême du feu, son estomac commençant déjà à se nouer d’appréhension.

- Du calme mon vieux !! Ils savent très bien que tu débutes, alors ne commence pas à te faire des films !!

Il envoie une grimace à la glace devant laquelle il s’adresse, finit par retrouver le sourire qui le transforme alors en ce garçon qui plaît aux filles quand elles le croisent dans la rue et pour lesquelles pourtant il ne prête pas attention, vu que lui les formes il les préfère en dessous de la ceinture plutôt qu’au-dessus.

Maintenant le fait de partir d’ici lui va plutôt bien, puisqu’il espère trouver chaussure à son pied ailleurs que là où il a toujours vécu et où on pourrait le juger s’il venait à dévoiler au grand jour sa différence.

A presque vingt et un an il n’y a pas de temps de perdu et Dorian le sait très bien, seulement il souhaiterait trouver le bon du premier coup car quitte à faire les choses autant les faire comme il faut.

***/***

« Léonie »

La marche dans la capitale pour rejoindre son hôtel lui laisse le temps de réfléchir à cette accusation à peine voilée de trahison, qui a bien pu avoir le culot d’inventer une telle histoire se demande-t-elle et surtout pour quelle raison, Léonie se promet de mettre tout en œuvre pour découvrir celui qui lui en veut suffisamment pour chercher à lui nuire alors qu’elle n’a rien fait de mal et que ce n’est certes pas dans ses intentions de trahir son employeur.

C’est donc avec une rage folle qu’elle entre dans sa chambre pour venir directement se jeter sur le lit afin d’y pleurer tout son soûl, son émotivité n’ayant pas résisté à la trop forte pression de cette dernière heure.

CHAPITRE 13 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Seul sur la dune)

Toute cette conversation pendant le repas m’a laissé un goût amer dans la bouche, aussi c’est en m’excusant auprès de mes amis que je me suis retrouvé seul sur la dune pour réfléchir et faire le point sur ces dernières semaines depuis mon retour ou plutôt mon arrivée dans cette réalité.

Ce sont surtout les paroles de Chloé qui m’ont le plus donné à réflexions, il est vrai que même si je retrouve mon Thomas et il n’y a encore rien de certain sur ce fait, celui-ci ne me sautera certainement pas au cou comme je voyais les choses un peu naïvement jusque-là.

Je sais bien que le seul et le vrai Thomas est resté dans cette autre réalité, le seul moyen pour le retrouver serait à ce que moi j’arrive à y retourner et je n’ai pas la moindre idée de quoi faire pour y parvenir, ni d’ailleurs si c’est seulement envisageable.

Qui, ou que suis-je ?? Une fois la question posée, ne reste plus qu’à y répondre et je dois bien reconnaître que je suis plutôt sec à ce sujet, pourquoi tous ces « dons » ? Pourquoi ces souvenirs de vies passées ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Je commence à me prendre la tête avec toutes ces questions insolubles, ça n’existe pas des gens comme moi et pourtant je suis bien là, seul à chercher le pourquoi de mon existence.

Que représente Antonin d’aussi important, à part bien sur les sentiments sincères que j’éprouve pour lui ? Qu’ai-je bien pu lui mettre dans la tête pour qu’à l’époque où je l’ai fait, cela m’ait semblé primordial au point d’avoir épuisé une grande partie de mon énergie spirituelle ?

Pourquoi ai-je cette vision d’une porte et d’une clé ? D’un coffre et également d’une clé, sauf que cette fois le détenteur de cette clé semble ne plus être la même personne ?

Thomas = porte !! Antonin = clé !! Pour la première et pour l’autre ce serait l’inverse ? Il faut donc à tout prix que je trouve où est cette porte et peut-être donnera-t-elle la solution à toutes mes questions, peut-être que l’un de nous deux Thomas retrouvera l’autre dans une des deux réalités ?

En y réfléchissant bien, ce ne pourrait être que dans celle où je me trouve présentement puisque dans l’autre je suis sensé être mort et en poussant plus loin l’idée cela voudrait dire que c’est mon Thomas qui me rejoindrait ici ? Mais alors que deviendrait l’âme de celui de cette réalité ? Retournera-t-il là d’où je viens dans le corps de Thomas ? Comment réagiraient les gens autour de lui avec ses souvenirs d’une autre vie ? Ses parents ? Antonin ? Franck qui verrait alors un autre futur PDG de la DBIFC et devrait tout reprendre à zéro avec lui ?

Je respire un grand coup en essayant de faire un peu le tri dans toutes ces idées, il doit bien y avoir une solution et elle commence à se dessiner dans ma tête, semblant de plus en plus évidente quoique pas forcement aussi simple à mettre en pratique.

L’idée serait qu’au moment du transfert, il reste en mémoire l’autre personnalité comme un vécu qui aiderait à la transition et pour pouvoir réaliser ça, il faudra convaincre le Thomas de ce temps à accepter cette transition et à vivre cette autre vie que connaît actuellement celui dont l’absence saigne mon cœur chaque jour davantage.

Toutes ces idées certainement folles qui me passent par la tête ne font que m’embrouiller encore plus dans la vision de mon propre avenir, une autre possibilité m’arrive alors qui déjà me paraît beaucoup plus sensé.

Attendre tout simplement l’occasion d’une nouvelle réalité où nous ne serions pas séparés moi et mon Thomas et où nous pourrions réapprendre à nous aimer.

Un fou rire me prend soudainement à cette pensée de deux nouveaux nés se tenant par la main à vouloir sans arrêt se faire des mamours et surtout à l’étonnement de nos parents qui assisteraient à ça, sans bien sûr en comprendre le sens.

Mine de rien le fait de rire un bon coup me remet du baume au cœur et c’est beaucoup plus serein que je reprends mes réflexions sur ce que je suis, reprenant point par point tout ce que je connais de moi et surtout en faisant un bilan des « dons » que j’ai eu, en comparaison avec ceux qui me reviennent.

Je réalise seulement que l’un d’entre eux m’est revenu aussi puissant voire même plus encore qu’avant et que je n’ai pas retenté depuis l’unique expérience avortée d’entrer en contact avec celui que je considère comme l’autre moitié de moi.

Je concentre mes pensées à recréer cette porte qui était notre façon d’entrer en contact mental, je sens d’un coup mon esprit ainsi que toute mon énergie s’échapper de mon corps, comme aspiré par quelque chose de plus puissant que ma volonté propre et soudainement la porte apparaît dans ma tête, la même que dans mes souvenirs.

Mes émotions prennent alors le pas sur tout le reste, me redonnant le regain d’énergie nécessaire pour garder la liaison et c’est en tremblant que je la pousse pour l’ouvrir, toute mon âme portée vers ce qui est de l’autre côté.

Un visage angélique marqué profondément par un étonnement d’une intensité peu commune m’apparaît alors, une phrase s’échappe de ses lèvres avant que je n’aie plus la force de maintenir la connexion qui m’épuise à un point tel que je me sens partir dans les limbes de l’évanouissement.

- Florian ???…C’est bien toi ???

CHAPITRE 14 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Le mauvais prénom ?)

Au campement ne reste que Benjamin et Antonin, qui attendent Florian alors que les autres sont partis à la plage en leur indiquant bien dans quel coin ils comptent aller et qui évite d’escalader la dune, pour qu’ils les y rejoignent dans l’après-midi.

Les deux amis font une petite sieste pour passer le temps quand Antonin se redresse brutalement après avoir cru entendre crier son copain, il se précipite sur la terrasse où Benjamin s’est allongé sur un transat alors que lui a préféré le confort d’un bon lit.

Benjamin est maintenant assis avec le visage en sueur, il regarde hébéter autour de lui avant de s’apercevoir qu’Antonin est là à le scruter avec inquiétude.

- C’est toi qui viens de crier ?

- Tu as entendu toi aussi ? Je ne sais pas d’où ça venait, en attendant j’en ai des frissons tout partout !!

- J’ai pensé que c’était toi ?

Benjamin réfléchi un instant avant de répondre.

- Je n’en sais rien en fait, tu as peut-être raison !! J’ai fait un étrange rêve ou cauchemar appelle ça comme tu veux, une porte s’ouvrait devant moi et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu l’impression qu’il y avait une infinie de moi qui regardaient cette porte s’ouvrir !!

- Tu as vu qui était de l’autre côté ??

- Il m’a semblé que c’était Florian !! Mais tout s’est passé si vite et puis il a disparu aussitôt, comme s’il s’évanouissait !!

Antonin est pris d’un étrange pressentiment.

- Lève-toi, vite !! Il faut qu’on retrouve « Flo » !! Ça urge !!

- Qu’est ce qui te fait dire ça ??

- La porte !! Il n’en a pas ouvert qu’une seule, mais toutes tu comprends ??

- Heu !! Non !! C’est quoi cette histoire de porte ??

- Pas le temps de t’expliquer !! Viens vite, il faut le retrouver !!

Les deux amis traversent le camping et courent alors vers la dune qu’ils commencent à escalader jusqu’à mi-hauteur avant de s’arrêter pour reprendre leur souffle, les jambes coupées par l’effort.

- (Antonin) Il doit être au même endroit qu’hier je pense !!

Benjamin ressent bien le stress de son copain qu’il lui communique à son tour, n’en connaissant pas la raison mais croyant comprendre que c’est en rapport avec un des secrets qui tournent autour du petit rouquin.

- Pourquoi tu t’affoles comme ça ??

- Florian a déjà eu une crise juste avant que tu ne sortes de l’hôpital, il faut que tu saches qu’il a des facultés mentales très puissantes qu’il ne contrôle pas encore et qui peuvent l’amener à le mettre en danger, je pense qu’il vient d’essayer d’envoyer une sonde psychique pour retrouver Thomas !!

- Qu’est-ce que tu racontes là ?? Tu délires ou quoi ??

- Je t’assure que non !! Il faut à tout prix qu’on le retrouve, je t’assure !! Son esprit a dû l’emporter dans plusieurs des réalités qu’il a déjà vécues où même peut être où il se trouve encore et ça a sans doute été trop épuisant pour lui, c’est pour ça qu’il t’a paru disparaître quasiment aussitôt, tu comprends ??

- Non !! Mais ce n’est pas grave, retrouvons-le déjà et après il faudra qu’on parle tous les trois !!

Antonin va pour reprendre l’ascension de la dune, quand quelque chose l’en empêche et il se tourne vers Benjamin en le dévisageant avec attention, celui-ci bien sûr ne manque pas de s’en rendre compte.

- Quoi ??

- Tu te rappelles d’autre chose ?

- Ça a été si vite tu sais !! Presque un flash en fait !!

- Essaie de te souvenir, c’est important !!

- Il y a bien eu cette phrase qu’un des moi au moins a prononcée.

- Une phrase ?? Quelle phrase ?? Essaie de te souvenir Benjamin, c’est important !!

Benjamin plisse le front pour tenter de se remémorer son rêve étrange qui l’a mis dans tous ses états.

- Il me semble que ça disait, "C’est bien toi ?? " ou "Florian ?? C'est bien toi ??"et puis plus rien, j’ai eu comme une coulée brutale de sueur et tu es arrivé au moment où je rouvrais les yeux !!

Antonin prend la main de son ami en le fixant avec un sourire resplendissant, le cœur bouleversé par l’éclair de compréhension soudaine qu’il vient d’avoir.

- Allons retrouver Florian si tu veux bien, je viens juste de me rendre compte que j’avais raison et même si ça parait fou, nous en trouverons bien un jour l’explication.

- Putain « Anto » !! Si tu arrêtais cinq minutes de ne parler que par énigmes, ça m’irait très bien tu sais ?? Trouver l’explication de quoi ??

- De ton prénom dans cette réalité !! Mais pour l’instant ce n’est pas le plus important, Florian doit être quelque part en haut de cette dune et il a sans doute besoin de nous.

CHAPITRE 15 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Un seul vrai amour)

Les deux amis reprennent leur marche jusqu’au sommet du monticule de sable, une fois encore ils ont les jambes coupées par l’effort et doivent un instant se plier en deux pour reprendre leur respiration.

Benjamin est le premier à se redresser pour observer la dune, une forme assise à quelques dizaines de mètres d’eux lui fait pousser un cri de joie.

- Yee !!! C’est Florian là-bas !! Il a l’air d’aller bien !!

- Allons le retrouver alors !!

***/***

« Florian »

Ma joie a été plus forte que la fatigue occasionnée par le lien intemporel qui m’a redonné l’espoir d’entrer en contact avec mon Thomas, j’ai eu le temps d’analyser la vision aussi brève soit-elle et ce qu’il en ressort ne va pas me faciliter les choses, en effet il semblerait que quelques moi d’autres réalités ont également connu une forte histoire d’amour avec les Thomas qui leurs étaient liés.

Je comprends aussi qu’il me sera difficile voire impossible de m’attacher autant à celui de ce présent et ce même si je finis par l’aimer sincèrement comme j’ai réappris à aimer Antonin et les autres.

Mon Thomas, celui qui est dans toutes mes pensées est bien celui de cette vie merveilleuse qui me sert de base pour mes souvenirs et rien ni personne ne pourra le remplacer car nonobstant le physique, il y a le vécu depuis l’enfance avec tout ce qui nous rattachent l’un à l’autre et que je ne connaîtrai jamais avec celui de cette réalité, tout comme je ne l’ai pas connu autrement que comme un ami d’enfance avec mon autre souvenir de myopathe.

Quant à celles dont je ne me souviens pas, que dire de plus que je n’ai pas été marqué par ces Thomas là non plus et j’en suis là dans mes pensées quand j’entends un cri pas très loin de moi derrière mon dos, me retournant péniblement car toujours dans une extrême lassitude suite à ma petite expérience de tout à l’heure.

C’est Benjamin qui s’effondre le premier en haletant près de moi.

- Tu vas bien ??

- Oui, pourquoi je n’irai pas bien ??

- C’est « Anto » qui nous a mis en panique quand je lui ai parlé de la porte !! Il a aussitôt voulu qu’on te rejoigne en disant plein de trucs auxquels je n’ai rien compris !! Comme quoi tu avais déjà eu une crise grave à cause d’une sonde psychique ou un truc dans le genre….

C’est à ce moment-là qu’Antonin arrive à son tour et lui coupe la parole, visiblement encore tout retourné par la révélation qu’il a eue.

- « Flo » … Benjamin !!! C’est…. Thomas !!!

- Ne dis pas n’importe quoi !!

- Je t’assure « Flo » !! Il t’a vu derrière la porte quand tu l’as ouverte pour entrer en contact avec les autres « Thom » !!

- Comment tu sais que je suis entré en contact avec Thomas ?

- Puisque je te dis que c’est Benjamin qui t’a vu !!! Tu es bouché ou quoi ??

Je regarde Benjamin avec ahurissement, en comprenant enfin les implications de ce que me dit Antonin.

- Mais alors ?? Non !! Ce n’est pas possible !!

- Essaie à nouveau si tu ne me crois pas !!

Je fixe Benjamin qui nous écoute avec une telle hébétude que je ne peux m’empêcher de sourire, pourtant un immense espoir me noue le ventre et je reprends ma transe pour recréer la porte dans la tête de mon ami, en restant sidéré de voir qu’elle y est déjà mais que mes efforts restent vains pour l’ouvrir.

- Tu vois cette porte Benjamin ?

- Oui !! C’est la même que tout à l’heure on dirait !! Mais !! Comment tu fais ça ??

- Tu peux l’ouvrir ?

Je vois qu’il tend la main pour attraper quelque chose, je souris amuser par son geste.

- Elle est dans ta tête Benjamin, elle n’est pas réelle, il faut que tu l’ouvres par la pensée.

- On ne t’a jamais dit que tu étais comique toi ?? Comment veux-tu que je fasse un truc pareil !!

- Essaie !!

- Pourquoi tu ne l’ouvres pas, toi ? Tu l’as bien fait tout à l’heure ??

- Peut-être mais là elle est fermée et je n’y arrive pas, la clé doit être de ton côté !! Regarde !!

Benjamin se fige, tout son esprit tendu pour ouvrir cette porte qui le nargue depuis que Florian l’a refaite apparaître.

- La clé ?? Oui c’est ça !! C’est moi la clé !! Arrhhh !!!

***/***

Antonin voit son ami entrer comme en transe, il entend ses paroles qui le désarçonnent à son tour et n’a que le temps de le maintenir pour l’amener jusqu’au sol sans qu’il se fasse mal au moment où son corps le lâche, s’évanouissant à ses pieds.

Son esprit libère alors un flot d’informations que son ami reçoit comme une éponge qui se gorge d’eau, ses yeux baignent de larmes car il en comprend la signification et surtout que la porte s’est enfin ouverte, la clé le vidant maintenant du contenu précieux qu’il avait en charge.

Une fois chose faite, les deux garçons se relèvent hébétés et se regardent sans comprendre, visiblement oublieux des dernières minutes.

***/***

- (Antonin) Qu’est ce qui vient de nous arriver ??

- J’aimerai bien le savoir moi aussi !! Qu’est-ce que je fais ici d’ailleurs ?? Mais !!! Je connais cet endroit ??

CHAPITRE 16 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Un seul vrai amour) (fin)

J’ai tout suivi avec ébahissement, comprenant que toutes les informations que j’avais mises en mémoire à l’Antonin de mes souvenirs, viennent d’être libérées et que je vais pouvoir y accéder à mon tour dès que la porte entre moi et …. Thomas sera une nouvelle fois ouverte.

Depuis le transfert des données, ils ne se sont pas encore tournés vers moi et Antonin ne semble pas s’être aperçu des transformations pourtant évidentes qui se sont faites sous ses yeux, à moins que lui aussi ne soit plus l’Antonin qu’il était quelques minutes plus tôt.

Mon cœur bat à tout rompre en dévorant du regard le grand blond aux cheveux bouclés qui lui mangent à moitié les yeux, des yeux d’un bleu délavé si particulier et si magnifique qu’on pourrait s’y laisser se noyer, plus mûr de quelques années que celui qu’il vient de remplacer comme par un miracle que je ne m’explique toujours pas vraiment.

Antonin n’est visiblement pas choqué par la nouvelle apparence de son ami, ce qui me donnerai à penser que je n’ai pas tort de croire que lui aussi n’est plus le même et cela va très vite pouvoir se vérifier car le geste qu’ils ont d’essayer de comprendre où ils sont, fait se tourner leurs visages vers moi.

Je ne saurai décrire la palette émotionnelle qui les prend pendant qu’ils réalisent qui ils ont devant eux, les larmes qui s’échappent des yeux de celui qui est l’amour de ma vie me font me relever d’un bond rapide et venir me jeter dans ses bras qu’il resserre sur moi comme s’il tenait la plus précieuse des choses au monde.

- (Thomas) Ce n’est pas encore un rêve ?? Dis-moi que ça n’en est pas un !!

- (Antonin) Florian !!!! Tu…Tu…Tu es…. Vivant ????

- Si c’est un rêve, il est drôlement réel !! Je vous avais promis qu’on se retrouverait un jour !!!

- (Thomas) Où sommes-nous ??

- Dans une autre réalité !! Du moins c’est ce que je pense !!

- (Antonin) Comment tu as fait ça ?? Pour nous ça va faire bientôt trois mois que tu es mort !!

- Et pour moi tout autant à quelques jours près que je suis revenu à la vie dans cette autre existence !!

- (Thomas) Tu ne vas pas nous renvoyer là-bas ??

- J’en serai bien incapable et crois-tu vraiment que j’en éprouve la moindre envie ??

- (Antonin) Mais ils vont nous chercher partout !!! Franck va s’inquiéter !!!

- Je ne le pense pas, non !! Nous avons beaucoup à faire avant de quitter cet endroit !! Il faut déjà que je vous transmette tout ce qu’il s’est passé depuis que je suis ici, ensuite vous en ferez autant pour moi et nous prendrons les décisions qui s’imposent ensuite, je ne vous cache pas qu’ici pour l’instant nous allons chambouler beaucoup de monde et que même pour vous deux il va falloir vous apprendre à contrôler vos élans envers ceux pour qui les liens ne sont pas encore tissés.

- (Antonin) Je n’ai pas tout compris mais pas grave !!

- Décontractez-vous les gars, je lance la vidéo ! Hi ! Hi !

Thomas me tient toujours dans ses bras, n’ayant de toute évidence pas l’intention de me lâcher alors que j’essaie d’en sortir de façon à me retrouver plus à l’aise pour ce que j’ai à faire ensuite.

- (Thomas) Tu n’oublies rien par hasard ??

Mes yeux fixent les siens avec intensité.

- Quoi donc ??

- Ça par exemple !!

Ses lèvres viennent doucement effleurer les miennes en m’amenant un long frisson de bonheur, elles prennent rapidement du recul alors que les miennes tentent vainement d’y rester accroché.

- Ou encore ça !!

Sa bouche revient plus fougueusement à l’assaut de la mienne, nos langues reprenant un ballet qui m’avait manqué depuis si longtemps que des larmes d’un incommensurable bonheur s’échappent de mes yeux.

Une troisième bouche tout autant avide s’approche doucement des nôtres pour s’y mêlées, partageant toute l’émotion et l’amour de ce fort moment de retrouvailles, avant qu’il ne nous fasse nous séparer pour qu’enfin je puisse leur communiquer les choses essentielles qu’ils doivent savoir pour pouvoir avancer dans cette nouvelle vie en évitant le plus d’embûches possible.

***/***

« Une heure plus tard. »

Nous revenons à la réalité des choses après qu’ils aient revécue avec moi toutes ces semaines depuis que je les ai quittés dans la clairière et qu’eux m’aient fait vivre leurs vécus après coups, j’ai pu découvrir à mon tour le malheur tout comme le désespoir ainsi que l’immense détresse affective qui en a suivi.

Mais aussi comment ils ont réussi grâce aux liens très forts de toutes ces amitiés vraies qui les ont soutenus, à reprendre le dessus pour aller de l’avant et ensuite chercher la paix du cœur dans le travail.

Je me rends bien compte qu’étant présent quasiment en permanence dans leurs pensées, cela n’a pas été pour eux une chose aisée à vivre au quotidien et tout comme eux à présent, je ressens l’immense bonheur de me sentir enfin entier.

- (Thomas) C’était bien toi alors qui à recréer et ouvert la porte tout à l’heure ?? Antonin ne voulait pas me croire !!

- Et pourquoi donc gamin de peu de foi ??

- (Antonin) Gamin toi-même ! Hi ! Hi ! Rends-toi compte du choc que ça a été d’apprendre ça ?? Pour nous tu étais mort en Afrique Florian !!

- Me voilà bien vivant dans cette autre vie maintenant !! C’est Franck et mon père qui vont avoir la surprise de leurs vies ! Hi ! Hi ! Un futur PDG déjà presque autonome va leurs tomber dans les pattes alors qu’ils cherchaient un apprenti !! Alors comme ça « Tonin », c’est toi qui devais reprendre la tête du dispensaire après la fin des travaux ?

- Oui !! Il fallait bien que quelqu’un continue derrière toi !!

Sa réponse me fait soudainement penser à ses paroles de tout à l'heure et que de l’autre côté ça va être aussi l’incompréhension totale, l’idée à elle seule m’amène un fou rire que je n’arrive pas à retenir plus longtemps.

- Hi ! Hi !

CHAPITRE 17 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Révélations)

Mes deux amis me regardent, étonnés.

- (Thomas) Quoi encore ??

- (Antonin) Si tu nous faisais participer, ça a l’air d’être drôle en plus !!

- Je pensais à la tête qu’ils vont faire dans l’autre monde ! Hi ! Hi ! Un Thomas rajeuni de deux ans qui leur soutiendra mordicus s’appeler Benjamin, accompagné d’un Antonin tout aussi perdu et avec qui ils devront tout reprendre à zéro !!

- (Thomas) La même sans doute que celles qu’ils vont tous faire ici en nous voyant débarquer, nous n’en avons pas fini ici non plus tu sais ??

- (Antonin) Beaucoup de choses se tiennent dans tout ce que nous avons appris jusque maintenant, sauf une qui me paraît quand même importante ??

- Benjamin ??

- (Antonin) C’est exactement ça, oui !! Comment expliques-tu qu’il n’ait pas les mêmes parents que Thomas ??

- J’ai ma petite idée la dessus figure toi !! Il ne peut en être autrement de toute façon sinon le transfert aurait été impossible !!

- (Thomas) Et c’est quoi ??

- Que ton oncle et ta tante soient tes vrais parents tout simplement !! Pour le reste c’est juste une histoire de mère porteuse différente et ça explique ce que m’a raconté Philippe de sa première visite chez eux !!

- (Thomas) Et c’est ????

- Une engueulade entre ton père et ton oncle sur une histoire d’héritage !!

- (Thomas) Je ne vois pas le rapport ??

- (Antonin) Moi non plus ??

- Sauf si c’est d’héritage génétique qu’ils parlaient !!

- (Thomas) Non !!! Et tu crois que déjà avant c’était le cas ??

- Il y a de grandes chances mon grand, sinon je n’explique pas tout !!

Son visage rayonne et ses yeux étincelles de mille feux quand il me reprend dans ses bras.

- Je suis trop content !! Tu ne peux pas t’imaginer combien tu m’as manqué !! Je t’aime trop !!

- C’est pareil pour moi tu sais, j’étais prêt à retourner ciel et terre pour te retrouver !!

- Pourtant j’étais sous ton nez ??

- En quelque sorte c’est vrai !! J’aimais beaucoup Benjamin, mais ce n’était pas toi tu comprends ? Il était plus jeune, nous ne nous connaissions pas et puis il ne dégageait pas cette aura que tu as et qui fait que tout le monde se retourne à ton passage ! Hi ! Hi ! Ce n’était pas mon Thomas, celui qui m’espionnait en se tripotant depuis la chambre d’Éric quand je lisais tranquillement dans le jardin de mes grands-parents. Le Thomas qui riait tout le temps de mes bêtises à l’école et qui était toujours prêt à me défendre, voire même à se faire accuser à ma place quand j’étais allé trop loin. Le Thomas toujours qui m’a tellement manqué quand je suis parti pour Reims que j’ai été forcé de réaliser que ce n’était pas qu’une simple amitié que je ressentais pour toi, mais que ça allait beaucoup plus loin que ça. Le Thomas encore et toujours avec qui faire l’amour était le plus merveilleux des instants, non vraiment !! Benjamin n’aurait jamais pu remplacer tout ça !!

- Et moi dans tout ça ?? Je deviens quoi maintenant que vous vous êtes retrouvés ??

Nous nous tournons surpris de cette voix au ton d’une tristesse autant évidente qu’incompréhensible pour nous.

- Je n’ose pas comprendre le sens de ta question « Tonin » ??

- (Thomas) C’est « maintenant que nous nous sommes retrouvés » qu’il faut dire !!

- (Antonin) Vous m’avez très bien compris, cet amour que je lis dans vos yeux n’a pas de place pour le partage !!

- Tu l’as toujours su, comme tu as toujours su que nous t’aimons à notre façon !! Bien sûr ce n’est et ne sera jamais aussi fort qu’entre Thomas et moi, mais as-tu déjà connu un attachement aussi puissant que le nôtre autour de toi ? Je pense sincèrement que l’amour que nous te portons vaut largement une relation amoureuse dite normale sur ce bas monde.

- (Antonin) On reste ensemble alors ??

- (Thomas) Pourquoi penses-tu m’avoir suivi ici si ce n’était pas le cas ?

- (Antonin) Qu’est-ce que j’en sais moi, c’est tellement imprévu tout ça ?? Il était comment l’autre Antonin ?

- Humm !!! Tu fais bien d’en parler tiens !! Ton double était comment dire…. Plus déluré est l’expression qui devrait convenir, oui c’est ça !! L’Antonin de ce monde n’avait pas les mains dans ses poches niveau sexe, je pense qu’Antoine et Yuan vont vite s’apercevoir du changement ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Antoine ?? Oui bien sûr je devrais le savoir puisque tu nous as tout expliqué !! J’avais seulement zappé ça dans toutes les informations que j’ai reçu, je dois te dire que j’aime beaucoup ton cousin et que ta…. Mort nous a rapproché encore davantage, comme nous tous là-bas il a beaucoup souffert de ta disparition et….

Je comprends bien que c’est très difficile pour Thomas de revenir sur cet épisode tragique où ils ont dû tous endurer ma disparition.

- Ce n’est pas la peine de revenir sur ce sujet tu sais ?? J’ai tout lu dans vos mémoires et je sais parfaitement ce qu’il en est de tout ça !! C’est terminé maintenant, vous êtes là tous les deux et nous allons pouvoir reprendre le cours de notre vie ensemble, le reste ne sera qu’un réajustement que nous gérerons au fil de l’eau !! Vous allez découvrir tout comme moi des choses complètements différents de vos propres souvenirs, la mort d’Erwan et de Mathis en sont une triste preuve tout comme la méchanceté de l’ancien Florian vis à vis de tous ceux en qui je tiens et je pense sincèrement que nous découvrirons encore d’autres choses tout aussi déplaisantes, il faudra en passer par là en sachant également que beaucoup de bonheur nous attend très certainement aussi. De toute façon la vie continue et il nous est donné une seconde chance incroyable de la vivre ensemble, ici il y a tout à faire vous savez ?? Je ne suis pas encore médecin reconnu, tout juste serais-je peut être accepté d’entrer en fac de médecine et l’année qui vient doit absolument être celle de la compréhension de ce que je suis réellement si nous ne voulons pas que ça recommence.

- (Thomas) La compréhension de ce que nous sommes Florian, car je n’ai pas l’impression que ce soit si simple !!

Nous sommes interrompus dans nos réflexions philosophiques par Antonin qui depuis plusieurs secondes plisse le nez en cherchant apparemment quelque chose autour de lui.

- (Antonin) Vous ne trouvez pas que ça pue par ici les gars ??

CHAPITRE 18 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Surprise de taille)

- (Thomas) C’est sans doute la pollution !! D’où nous venons l’air est devenu très pur grâce à toi Florian, les gouvernements ont mis en place des dispositions drastiques pour qu’il le reste et beaucoup de choses ont commencé à évoluer pour le bien de tous, je crois qu’ils ont enfin pris conscience que le bien le plus précieux pour eux était l’endroit qui leur permettait de vivre !!

- (Antonin) Ils feraient bien de s’y mettre ici aussi parce que ça chlingue grave !!

- Chaque chose en son temps les gars, pour l’instant ce n’est pas ma priorité et je pense qu’il serait temps de rejoindre les autres pour les explications aux questions qui ne vont pas manquer de nous tomber dessus !! Pour ce qui est de ta réflexion de tout à l’heure, j’y ai aussi pensé figure toi et j’ai la nette impression qu’il y a quelque chose de commun qui nous lie, quelque chose hors de tout ce que nous vivons !!

- (Thomas) Tu penses à quoi ?

- Si seulement j’avais cette réponse !! Je crois que ce sera l’explication finale de toute cette histoire, regarde autour de toi !! Tous ces gens vivent leur vie sans mystère, sans rien d’étrange !! Ils naissent !! Ils grandissent !! Ils font des enfants et ils meurent !! Ce qui est tout à fait normal en soit, alors que pour nous et pour tout ce qui nous arrive, je ne pense pas qu’on puisse appeler ça la normalité !!

- (Antonin) Tu crois que pour moi c’est pareil ??

- Peut-être, oui !! Je n’en suis pas sûr !! Peut-être est-ce simplement dû au fait que tu sois très proche de nous et que nous t’entraînons dans notre sillage !!

- (Thomas) Peut être que « tu » nous entraînes dans « ton » sillage comme tu le dis si bien et que ni moi ni « Tonin » n’aient quoi que ce soit d’exceptionnel !!

- Autant je pense que c’est bien le cas pour « Tonin », autant je suis certain que pour toi c’est différent !!

- (Thomas) Allons Florian !! Je n’ai ni tes pouvoirs, ni ton intelligence !! Que me reste-t-il qui me diffère des autres, tu veux bien me le dire ??

- Le Thomas de mes souvenirs d’handicapé tout comme Benjamin dans cette réalité et très certainement d’autres ailleurs dont je n’ai plus ou pas encore le souvenir sont de très beaux garçons je ne peux pas dire autrement, seulement ils n’ont pas cette chose bien particulière que toi tu as et qui font rester bouche bée d’envie et d’admiration les gens qui croisent ton chemin, j’ai souvent remarqué cette différence et encore maintenant je ne peux qu’en être témoin, non tu n’as pas mes « dons » et non tu n’as pas ou du moins tu ne montres pas une intelligence identique à la mienne, mais tu as ce charisme qu’on ne retrouve chez personne d’autre ailleurs et qui me laisserait à penser que tout comme moi tu caches un secret, c’est justement ce secret qu’il nous faut découvrir mais pas aujourd’hui !! Pour l’instant nous devons redescendre de cette dune pour expliquer ou du moins tenter d’expliquer aux autres ce qui vient de nous arriver et même s’ils sont déjà mentalement mieux préparés que d’autres à l’accepter, ça ne se fera pas sans peine croyez le bien !!

- (Thomas) Tu penses à Léa ??

- Principalement, oui !! Rends-toi compte qu’elle vient juste de retrouver un frère et qu’elle vient tout aussi rapidement de le perdre !!

- (Thomas) Mais je suis là, moi !!

- De deux ans plus âgé et qui va la considérer comme sa cousine ?? Je doute fort que ça soit pareil pour elle tu sais ?? Elle va vouloir savoir ce qu’est devenu Benjamin et elle ne sera pas la seule, comment réagiront-ils ? Je n’en sais rien et surtout que répondre ?

- (Thomas) La vérité !! Après tout, ils ont bien déjà accepté ce que tu es ??

- (Antonin) Tu n’y es pour rien en plus !! Ce n’est pas toi qui nous a fait revenir, du moins pas ce toi-là !! Toutes ces choses qui se sont libérées de ma tête, comme dans celle de l’Antonin de cette réalité avaient été mises en place bien avant que tu n’arrives ici, pas vrai ?

- Parole les gars !! On nage en pleine science-fiction et pour une fois je ne peux qu’être d’accord sur le terme employé !! Je vais encore très certainement me réveiller et en rire ou en pleurer, en comprenant que tout ça n’était en fait qu’un rêve ou un cauchemar !!

Antonin se lève en nous tendant la main pour que nous en fassions autant, il nous envoie un petit sourire moqueur avant de s’élancer pour redescendre la dune en hurlant d’amusement et en se laissant aller à tomber et rouler dans le sable tel un gosse.

- Le premier en bas !! Youppiiieeee !!! Putainnnn !!! Que ça fait du bien d’être à nouveau ensemble !!

Thomas le regarde partir comme une fusée et faire ses cabrioles.

- Ah celui-là je te jure !! Heureusement qu’il était là tu sais, sinon je pense que j’aurais fait une bêtise !!

- Je le sais bien mon grand, tout est là dans ma tête et je préférerais que tu oublies tout ça, nous revoilà réuni et c’est déjà un grand miracle en soi, je n’aurais jamais pensé ce matin en me levant que le soir même j’aurais mon « Thom-Thom » tout à moi pour un gros câlin !!

- Hum !! Vivement ce soir alors !! Et pour « Tonin » ?

- Pas de soucis, il comprendra qu’on ait envie de se retrouver et en plus il va être tellement fatigué qu’il ne demandera pas son reste pour dormir ! Hi ! Hi !

Thomas regarde le petit blond continuer à dévaler la dune en riant, il se tourne alors vers moi avec étonnement pour me poser la question.

- Je ne vois pas trop ce qui te fait présager de la fatigue d’Antonin, regarde-le !! Il n’a pas l’air particulièrement épuisé il me semble ?

- Attends qu’il remonte la dune et on verra après ça comment il se sentira !!

- Pourquoi veux-tu qu’il fasse une chose pareille alors qu’il est presque arrivé en bas ?

- Tout simplement parce qu’il va finir par se rendre compte qu’il est descendu du mauvais côté ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 19 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Surprise de taille)

Une fois le petit blond arrivé au bas de la dune, il tourne la tête vers nous, surpris qu’on ne l’ait pas suivi et nous lui faisons de grands signes du bras jusqu’à ce qu’il comprenne son erreur, descendant à notre tour mais du bon côté cette montagne de sable qui très vite nous enlève à sa vue.

C’est mort de rire que nous prenons tranquillement le chemin du retour en nous tenant par la taille, trop content de sentir nos corps bouillants de vie s’être enfin retrouvé.

Ce n’est qu’une fois en bas de la dune que nous faisons une pose, un coin tranquille derrière une tente nous fait nous y diriger et nous y allonger l’un contre l’autre, chacun dévorant avidement le visage de celui qu’il croyait perdu à jamais.

C’est Thomas en posant sa tête sur ma poitrine, qui reprend la parole pour s’inquiéter de la réaction probable des gens qui vont s’apercevoir qu’il n’est plus celui qu’ils connaissaient.

- Comment on va expliquer ce qui nous arrive ?? Les proches de Benjamin ne vont rien y comprendre !!

- En fait Benjamin n’est revenu que depuis quelques jours à peine de son séjour du centre, il n’y a que très peu de personnes qui pourraient s’apercevoir du changement !! Il y a bien sûr ta famille et mes grands-parents, plus nos amis, tous des proches qui connaissent une partie de mon secret !! Ensuite il ne reste plus grand monde, Maurice Philippe et c’est à peu près tout puisque pour les autres tu ne devrais normalement jamais les revoir, au pire ils n’auront pas eu le temps de bien te connaitre et ne devraient pas montrer trop de curiosité d’ici quelques temps, quand la brusque repousse de tes cheveux n’aura plus lieu de poser de questions.

- Et ceux du camping ??

- On n’est là que depuis hier et au pire si quelqu’un nous le demande, tu n’auras qu’à dire que c’était ton frère et qu’il a dû repartir !!

- Humm !!!

- Tu t’inquiètes pour rien tu sais ?? Les gens ne font pas si attention que ça aux étrangers, tout juste y jettent-ils un œil et ensuite ils reviennent à leurs priorités, en plus Benjamin n’était pas du genre à se faire remarquer. Le contraire par contre aurait été nettement plus difficile à faire passer !!

- Tu recommences avec ça !! Décidemment tu n’as pas changé ! Hi ! Hi ! Bon !! Admettons !! Et pour Antonin ??

- Là, pas de soucis puisque c’est le sosie parfait de celui qu’il remplace !! En plus comme pour Benjamin, il n’y a pas longtemps qu’il est avec nous et comme il ne m’a jamais lâché d’une semelle depuis que mes parents l’ont amené, il ne connaît donc que notre petit groupe.

- Il va donc falloir qu’on renoue avec tout le monde ??

- Comme moi depuis que je suis arrivé dans cette réalité, à trois ce sera plus facile que seul et j’ai déjà bien avancé comme tu as dû t’en rendre compte avec mon petit récap de tout à l’heure.

- Ce que je crains le plus ce sont les questions sur Mathis !! Je l’ai vu pas plus tard qu’il y a quelques jours et de savoir qu’ici il n’existe plus, Brrr !!! Ça me donne des frissons !!!

- Tu n’auras qu’à te dire que celui que tu aimes poursuit tranquillement sa vie là d’où tu viens, c’est comme ça que je suis arrivé à le supporter tu comprends ? Maintenant que j’ai réalisé que c’est une autre vie, j’ai commencé à prendre du recul sur tout ce qui s’est produit ici avant mon arrivée. Bien sûr ce n’est pas facile, mais c’était ma seule façon d’en sortir indemne de ce qu’était le Florian de cette réalité avant que je prenne son corps. Au début je prenais ça comme si j’étais fautif de tous ses actes, c’était assez flippant !! Ça va beaucoup mieux maintenant que je commence à percevoir ce qu’il m’arrive de manière plus claire, de toute façon il faut bien que j’arrive à faire mon chemin dans cette vie puisque je n’ai aucune idée de comment en sortir.

- Qu’es-tu exactement d’après toi ?

- Qu’est-ce que j’en sais ?? La seule certitude que je puisse avoir, c’est que je ne suis pas comme tout le monde, je fais des trucs impossibles à des gens normaux et le pire c’est que ça me parait bien souvent naturel au point que je le fais sans me poser de questions, tu trouves ça normal toi ?

- Tu te posais déjà beaucoup de questions, rappelle toi ?

- C’est vrai !! Je sentais qu’il y avait autre chose, depuis je me souviens de deux anciennes vies et j’ai le pressentiment qu’il y en a eu bien d’autres, il fallait peut-être que j’en vive un certain nombre avant de pouvoir en garder la mémoire, qui sait !! Où c’est peut-être le fait de t’avoir trouvé qui a tout déclenché !!

- Pour ma part j’en suis au même point que toi avant que tu ne disparaisses !!

- Comment ça ?

- J’ai comme des flashs !! Des sortes de rêves qui me réveillent en sursaut sans que j’arrive à en comprendre le fil !! C’est perturbant et ça a commencé après ta mort !! Une dispute !! Un exil !! Quelque chose qui me brise le cœur !! La haine !! La peur !! La perte de quelque chose d’important !! En tout cas à chaque fois ça me laisse en sueur à crier un nom, Antonin pourra t’en dire plus puisque c’est lui que je réveille quand ça m’arrive !!

- Bizarre tout ça !! Faudra qu’on en parle à Philippe, il pourra peut-être t’aider à y voir plus clair.

- J’avais pensé le faire mais je n’ai pas eu l’occasion de le revoir depuis l’enterrement !! On devrait y aller tu ne crois pas ? « Tonin » ne devrait plus tarder à arriver !!

Nous ne sommes pas sortis depuis trente secondes, que le petit blond nous apparait hors d’haleine et qui trouve pourtant encore la force de courir vers nous, ses yeux s’exorbitant d’ahurissement en regardant Thomas.

- Tu ne devineras jamais ce qu’il vient de m’arriver « Flo » !!!!! C‘est tout simplement incroyable !! Nous nous sommes retrouvés avec Benjamin dans l’agence de ton père à Aix et puis d’un coup je me suis retrouvé tout seul au milieu de la dune, tu n’y étais plus ni Ben… !!! Mais …ce n’est pas B… ??? Non !!!!! Tho…Thomas ?????

CHAPITRE 20 (Afrique) (Lundi après-midi) (Inquiétude)

« Dans la clairière, conversation mentale »

- N’en révèle pas trop aux humains, frère !! Ils ne sont pas prêts à recevoir certaines informations !!

- Je n’ai fait que lui confirmer quelque chose qu’il connaissait déjà !!

- Tu as nommé l’âme errante !!

- Il n’apprendra que ça venant de moi frère !!

- Alors c’est bien !! Si les humains connaissent notre existence, c’est "qu’il" se souvient et que le temps se rapproche pour "qu’il" retrouve sa mémoire et sa puissance !!

***/***

Un moment passe où les entités deviennent muettes et attentives, Patrice s’aperçoit du changement quand Taha semble revenir à lui.

- Que se passe-t-il ??

- J’ai perdu la connexion d’avec mon ami !! Je ne comprends pas comment c’est arrivé !!

***/***

La brume entourant les pierres s’épaissit soudainement pour revenir très vite à la normale.

- Avez-vous ressenti le pic de fluctuation du continuum mes frères ?

- Tout comme toi frère !! Un passage s’est ouvert !!

- Thomasss ???

- Qui d’autre frère !!

- Nous ne devons plus être aveugles, il faut que le jeune humain termine au plus vite la mission que nous lui avons confiée !!

- Nous devons connaître la raison de sa venue dans ce monde et surtout d’où lui est venue cette puissance nécessaire pour y parvenir.

- Aurait-il lui aussi retrouvé le souvenir de ce qu’il est ?

- Nous n’avons pas reçu les signes, c’est « lui » qui l’a rappelé !! Son amour doit être le but de sa quête, ce qu’il est ne lui est sans doute pas encore perceptible !!

- Thomasss ne doit pas encore se souvenir, c’est trop tôt et pourrait amener un grave conflit qui n’aiderait en rien à ce que « lui » se reconstruise !!

- Nous devons savoir !!

- Parle à l’humain !! Dis-lui qu’il faut qu’il délivre son message et qu’il est important qu’il soit auprès de « lui » !! Le temps presse mes frères, l’espace et le temps se resserrent, bientôt nous ne ferons plus qu’un avec nos frères des autres réalités !! Nous devons savoir si « lui » est prêt à redevenir l’unique !!

- Les prières sont puissantes !! La misère, la douleur et la peur réveillent les croyances anciennes, les peuples en appellent à « lui » comme dernier recourt à la misère et à la tyrannie des usurpateurs !!

- Eux aussi le cherchent surement !! S’ils le trouvent avant qu’il se souvienne, ils n’hésiteront pas à détruire cette planète qui lui sert à se ressourcer et à se repentir !! Quelle qu’en soit son nombre de répliques encore existantes dans l’espace-temps, ils détruiront tout.

- Cela ne peut être mes frères !! Ils sont fous de penser pouvoir exister encore s’il n’est plus !!

- Ce serait la fin de tout ce qui vit !!

***/***

« Au dispensaire. »

Taha sursaute quand la voix de Naomé résonne de nouveau dans sa tête.

- Il faut que tu dises à l’homme blanc qu’il n’en saura pas plus mais qu’il doit te mener à cheveux de feu.

- Cheveux de feu ??

- C’est l’image du garçon bébé qu’ils ont gardé.

***/***

Taha regarde Patrice qui l’observe toujours avec attention, cherchant certainement à comprendre ce qu’a de si important ce jeune Massaï pour qu’il ait fait un si long voyage.

- Tu dois m’emmener à cheveux de feu homme blanc !!

Le père Antoine sourit devant l’expression de Patrice.

- C’est comme ça qu’ils nomment les cheveux roux !!

- (Patrice) Ah !! D’accord ! Et bien je vais faire mon rapport à mon supérieur, je ne doute pas un instant qu’il fera le nécessaire pour que ta demande se réalise mon garçon !! Il va juste nous falloir un peu de temps pour obtenir toutes les autorisations !!

- (Taha) Combien de temps ?

- (Patrice) Une dizaine de jours tout au plus, nous aurons l’opportunité comme ça d’en apprendre plus sur toute cette histoire !! Peut-être le chef Okoumé acceptera-t-il également de nous faire découvrir son village ??

- (Okoumé) La jeune femme blanche qui t’accompagne va en perdre la vue !!

Devant la tête ahurie que fait Patrice, il croit bon de préciser.

- Il y a beaucoup de jeunes chasseurs au mieux de leurs…. « Formes » ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 21 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Un avenir pour Jean Baptiste)

« A bord de la BMW de Philippe, en route vers le camping de la dune. »

Jean Baptiste reste muet depuis le départ d’Aix en Provence, beaucoup trop de choses se sont passés depuis la veille pour qu’il n'éprouve pas le besoin de réfléchir à tout ça.

Ils ne sont plus très loin de leur but, s’ils ont été retardés ce n’est que pour s’être arrêté dans un centre commercial afin de le rhabiller pour qu’il puisse tenir plusieurs jours sans plus se poser de questions.

Jean Baptiste a bien sûr protesté qu’ils n’avaient pas à dépenser autant d’argent pour lui alors qu’il ne pourrait pas les rembourser de sitôt, n’ayant pas beaucoup de moyens et surtout pas ceux nécessaires pour les vêtements de marque qu’ils lui ont fait choisir.

Philippe surveille le jeune homme du coin de l’œil depuis leur départ, parcouru d’un étrange sentiment paternaliste auquel il n’a pas eu vraiment l’habitude d’être confronté envers quiconque depuis bien longtemps et lui aussi reste muet à tenter de comprendre ce lien qu’il sent se tisser avec ce garçon d’une gentillesse rare et ce malgré le milieu où il a été élevé qui ne lui semble pas propice à ce genre de personnalité.

- Tu fais quoi dans la vie si ce n’est pas indiscret ?

Jean Baptiste le regarde, visiblement surpris dans ses pensées.

- Je suis en fac monsieur, ou du moins je vais y entrer en octobre.

- Vers quel métier te diriges-tu ?

- Je ne sais pas trop encore monsieur, j’aimerais bien trouver quelque chose pour rester en contact avec les gens !! Pouvoir les comprendre et surtout les aider !!

- Un peu comme ce que je fais alors ?

- Je ne sais pas si j’en serais capable monsieur, il faut beaucoup d’années d’études pour cette spécialité et ce n’est pas facile de suivre de longues études en travaillant en même temps pour vivre.

- Je pensais que tu vivais chez tes parents ?

- Chez mon frère, pas chez mes parents monsieur et nous partageons les frais, vous comprenez ?

- Comment peux-tu vivre comme ça avec un frère qui risque à chaque instant de se retrouver en prison ?

- Je n’ai pas eu vraiment le choix vous savez, nos parents sont partis il y a plus d’un an maintenant et je n’ai plus que Gilles, c’est très dur à dix-sept ans de se retrouver abandonné. Heureusement que mon frère ne m’a pas laissé lui, sinon je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui.

- Je comprends !! Avant de repartir sur Paris, pense à venir me voir à mon cabinet !! J’aurais peut-être une proposition à te faire !!

- Une proposition monsieur ??

- C’est un peu tôt pour en parler, mais je te promets d’y réfléchir sérieusement !!

- Pourquoi feriez-vous ça pour moi monsieur ??

Devant le mutisme de Philippe, c’est Michel qui pose la main sur l’épaule de Jean Baptiste pour lui répondre.

- Tu sais mon garçon, il n’y a pas toujours qu’une réponse à certaines questions !! On éprouve parfois le besoin d’aider certaines personnes sans savoir exactement ce qui nous y pousse !! Il faut l’accepter comme un fait sans qu’il y ait besoin d’en connaître la cause, celle-ci t’apparaîtra le jour venu tu verras. Pour ma part je pourrai me hasarder à donner quelques pistes de réflexions, mais je m’en garderais bien !!

- (Philippe) Voilà qui risque d’être intéressant, j’aimerais bien que tu nous en donnes quelques-unes ! Hi ! Hi !

- (Michel) Tu es sûr de vouloir les entendre devant Jean Baptiste ?

- (Philippe) Pourquoi pas puisque c’est le premier concerné ?? À moins que tu nous amènes sur des idées scabreuses auxquelles je ne pensais pas du tout, sinon je t’écoute !!

- (Michel) J’ai appris avec les années à bien observer les choses autour de moi, je vois bien quand deux personnes sont en phase et je ne crois pas beaucoup me tromper en disant que c’est le cas pour vous deux.

Jean Baptiste étonné reporte son regard sur Philippe qui en fait autant un bref instant avant de redonner toute son attention à la route, ce bref moment suffit à les faire sourire tous les deux et c’est en se positionnant plus confortablement sur son siège que Philippe répond.

- Admettons que tu aies vu juste, ensuite ??

- (Michel) Et bien une fois ce constat reconnu par les deux parties comme ça semble l’être, je reviens sur ta question posée à Jean Baptiste et surtout à sa réponse. J’en conclus donc que tu envisages tout comme nous avec Antonin pour la société de mon fils, de proposer à ce garçon de reprendre ton cabinet après toi et de ce fait la proposition que tu as l’intention de lui faire, me paraît lumineuse.

- (Philippe) Et bien termine ton idée puisque tu es si bien parti !! Ça m’évitera d’avoir à lui demander s’il est d’accord ! Hi ! Hi !

- (Michel) Je pensais au studio libre au-dessus de ton cabinet et également à la conversation que nous avons eu sur ta recherche d’assistant pour vous soulagez toi et ta secrétaire !! Il me semble également que la fac d’Aix prend ce genre de cursus en charge, pas vrai ??

- (Philippe) Exact !! Autre chose ??

- (Michel) Je pense avoir donné l’idée générale, ne reste plus à Jean Baptiste qu’à y réfléchir et te donner sa réponse lorsqu’il viendra te voir à ton cabinet.

Philippe se tourne vers Jean Baptiste.

- Je ne veux pas te forcer tu sais ?? C’est juste que Michel a raison quand il dit que je devrai un jour passer la main et que j’apprécie déjà beaucoup ce que je peux lire en toi sans pour autant pouvoir l’expliquer, alors je te laisse réfléchir et si l’idée te convient, il ne restera plus que les détails techniques à résoudre.

L’éminent psychiatre voit bien les yeux humides d’émotions du jeune homme, il préfère ne pas insister et revenir à sa conduite, son GPS lui signalant d’ailleurs qu’ils seront bientôt arrivés à destination.

CHAPITRE 22 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Les flèches de

Cupidon)

La réflexion d’Antonin me fait comprendre qu’une fois encore quelque chose s’est passée et que celui qui est près de nous est bien celui de cette réalité.

- C’est bien notre Thomas en effet !! Je suis autant surpris que toi tu sais ???

- (Antonin) Mais alors !! Où il est Benjamin ?? Ne me dis pas que….

- Je pense qu’il a pris la place de Thomas dans l’autre réalité !!

- (Antonin) Comment il va faire pour s’en sortir tout seul ??

Je lui explique rapidement ces dernières heures, que son homologue de là-bas a été avec nous suffisamment longtemps pour comprendre tout ce qui arrive et qu’il est heureux en fait qu’il y soit retourné pour pouvoir prendre en charge Benjamin, ne doutant pas un instant qu’ils arriveront à s’en sortir ensemble avec l’aide de tous nos amis restés là-bas.

Antonin s’approche de Thomas pour venir se blottir dans ses bras.

- J’ai tellement rêvé de cet instant tu sais ?? Nous retrouver tous les trois comme pendant toutes ces nuits merveilleuses qui m’ont aidé à ne pas sombrer plus loin dans le désespoir !!

J’explique alors à Thomas tout ce qu’il ignorait encore, il m’écoute avec attention en gardant Antonin serré contre lui et fini par prendre la parole à son tour.

- C’était donc ça ton évanouissement dans l’avion ??

- Je sentais qu’il m’arriverait quelque chose une fois que j’aurais posé les pieds en Afrique et j’ai voulu trouvé un moyen pour nous réunir à nouveau en cas où cela s’avère possible, comme tu vois j’avais raison puisque tu es là !!

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

- On va de l’avant !! Je me sens beaucoup plus fort maintenant que je t’ai retrouvé, pour l’instant je n’ai qu’une envie c’est de crier ma joie à la terre entière ! Hi ! Hi !

***/***

« Sur la plage. »

Yuan regarde sa montre, visiblement soucieux.

- Il va bientôt être seize heures et toujours pas de Florian ni les autres en vue ??

- (Chloé) J’espère juste qu’il ne fait pas la gueule de ce que je lui ai dit à table ce midi !!

- (Antoine) Tu parles de ta réflexion sur Benjamin ?

- (Chloé) Bien sûr, que veux-tu d’autre ??

- (Léa) Tu as eu raison de lui en faire la remarque, Benjamin est malheureux de se sentir mis à l’écart !!

- (Yuan) Mettez-vous aussi à la place de Florian cinq minutes ??

- (Chloé) Ce soir alors ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Sérieusement !! Je comprends bien que Benjamin ait envie d’être plus intime avec nous et en particulier avec « Flo », mais il devrait aussi comprendre qu’il ne faut pas brusquer les choses !! Après tout ça ne fait que quelques jours à peine qu’il est sorti du centre, si Florian semble l’éviter c’est parce qu’il a des doutes sur qui est en définitif Benjamin et je suis quasiment certain que c’est justement toutes ces questions qui le bloquent, rendez-vous compte à quel point il ressemble à Thomas !!

- (Léa) Mon frère est amoureux, ça crève les yeux pourtant !!

- (Éric) Comme tous ici je pense, ce n’est pas pour ça qu’il faut vouloir aller trop vite !!

- (Antoine) Dommage que tu dises ça, nous qui voulions te proposer de nous rejoindre ce soir ! Hi ! Hi !

- (Éric) C’est vrai ???

- (Antoine) Après ce que tu viens de dire, je ne sais plus trop qu’en penser, t’en dis quoi « Yu » ??

Yuan n’était plus dans la conversation depuis qu’il a aperçu Raphaël qui arrive vers eux, aussi est-il surpris d’être pris à partie par son copain.

- Hein !! De quoi !!! Tu disais ??

- (Antoine) Je te parlais d’Éric…

***/***

« Raphaël »

« Ah !! Les voilà !! » C’est ce que ce dit Raphaël en apercevant le petit groupe au loin, il sourit en accélérant le pas et bien sûr il cherche du regard celui qui le matin même a rendu la santé à sa mère, s’apercevant très vite avec déconvenue qu’il n’est pas parmi eux.

Du coup il reporte son attention sur les autres membres du groupe et en particulier sur celui qu’il ne connait pas encore, à part de l’avoir aperçu de dos la veille au soir.

Le sourire lui revient alors quand il le compare aux deux autres, s’apercevant déjà même d’aussi loin qu’il est de la même trempe et que décidément Chloé et Léa, n’ont pas menti quand elles parlaient de leurs amis.

Il est maintenant assez près pour qu’eux aussi s’aperçoivent de sa présence et se tournent vers lui avec un sourire amical, du moins de la part des quatre avec qui il a déjà eu plus ou moins à faire, l’expression du cinquième étant tout autre comme s’il se trouvait soudainement intimidé par son arrivée vers eux.

Pourtant c’est vers ce garçon en particulier que ses yeux se fixent sans qu’il puisse en connaître la raison à part peut-être ce que lui a raconté Florian, quelque chose pourtant l’attire plus particulièrement vers ce beau brun ténébreux au visage à la virilité affirmée et ce n’est qu’une fois en face de lui qu’il comprend enfin pourquoi son cœur s’est accéléré brusquement et que son estomac s’est si soudainement noué.

C’est incontestable que ce garçon lui plait, c’est donc avec une certaine timidité qu’il lui tend la main pour se présenter à lui, frémissant au contact de cette paume qui l’électrise.

- Bonjour, je crois que tu es le seul ici que je ne connaisse pas encore !! Moi c’est Raphaël !!

Éric déglutit avec difficulté car lui aussi ressent les mêmes affres envers celui qu’il ne connaissait jusque-là que par revues interposées.

- Salut !! Moi c’est Éric !!

CHAPITRE 23 (Camping de la dune) (Lundi après-midi) (Certains destins sont intangibles)

Un long moment de silence, finalement interrompu par Chloé qui bien sûr n’a pas manqué de percevoir le trouble évident des deux garçons, mais aussi la poignée de mains interminable qui en résulte.

- Et voilà encore deux célibataires de moins ! Hi ! Hi !

- (Yuan) C’était couru d’avance, Florian a encore été rattrapé par son autre réalité !!

Raphaël d’abord étonné de les entendre, comprend de quoi ils parlent en suivant leurs regards portés sur leurs deux les mains toujours nouées ensemble et c’est donc avec un petit sourire amusé qu’il se sépare d’Éric, en reportant son attention vers eux.

- De quoi vous parlez tous les deux ??

- (Chloé) De toi et d’Éric bien sûr, ne fais pas celui qui n’a rien compris !!

- Qui n’a rien compris quoi ??

- (Chloé) Tu es d’accord avec moi que tout ce que tu as appris ce matin sur Florian était la vérité ?

- Bien sûr, oui !!

- (Chloé) Tu ne t’es pas demandé pourquoi nous sommes venus ici dans ce camping en particulier ?

- J’avoue que je ne me suis pas posé la question !!

- (Chloé) Pour toi évidemment, qui ou quoi d’autre sinon !! Florian depuis qu’il est dans cette réalité ne cherche qu’une chose, retrouver tous ses amis qu’il avait là d’où il vient et qu’importe où que ce soit, bien sûr tu en fais partie et pas le moindre puisque tu es l’un de ceux qu’il aime disons …plus …particulièrement !! Dans ses souvenirs nous t’avons rencontré dans ce même camping pendant les deux mois que nous y avons passé, nous nous sommes toujours dans ses souvenirs très vite liés d’amitiés avec toi et c’était réciproque comme ça semble l’être une nouvelle fois il me semble, Éric et toi êtes tombés amoureux l’un de l’autre, quelque chose de très fort, pas juste une amourette de vacance si tu vois où je veux en venir ?? Depuis qu’il est dans cette réalité, Florian a déjà retrouvé quelques-uns de ses anciens amis et hélas aussi eu la terrible révélation d’autres qui ont disparu, victimes d’accidents…

« Un bon moment plus tard. »

- … et donc voilà où nous en sommes à l’heure où je te parle, je sais qu’à entendre raconter comme ça c’est un peu incroyable !! Seulement tu as bien vu ce matin que l’incroyable avec Florian n’existe pas et tout ce que je t’ai dit est exact, d’ailleurs les autres peuvent te le confirmer.

- (Raphaël) Ça expliquerait aussi l’étonnement de mon père lors des réservations, il m’a dit qu’il trouvait bizarre que la personne qu’il avait eue au téléphone semblait bien connaître le camping alors que lui était presque sûr que le nom ne lui disait rien !!

- (Chloé) Là !! Tu vois !! Encore une preuve en soi !!

Raphaël reste un petit moment dans ses pensées avant de se tourner une nouvelle fois vers Éric.

- Alors comme ça tu collectionnais mes photos ?

- C’est vrai, oui !!

- Pour quelle raison ??

Le visage devenu rouge vif du grand brun lui suffit comme réponse.

- D’ac...cord !! Je vois !! Pourtant j’ai toujours fait attention qu’il n’y ait aucune connotation sexuelle en les faisant !!

- Je le sais bien et c’est d’ailleurs ce que j’ai le plus apprécié en toi !! Comment dire… ça prouvait que tu étais quelqu’un de bien avec qui on pouvait … Arrhhh !! Tu comprends ce que je veux dire !! Tout ça va bien trop vite en fait !!

Raphaël lui prend la main qu’il serre doucement pour le rassurer.

- T’inquiète pas pour ça, nous prendrons le temps qu’il faudra !!

- Tu veux dire que…

- Tu m’as très bien compris ! Hi ! Hi ! Et puis je ne voudrais quand même pas faire de la peine à Florian en allant contre ses souvenirs !!

Éric fixe le beau rouquin avec une lueur d’espoir qui le rend encore plus rayonnant.

- Tu crois que c’est possible ? Je veux dire, nous deux ??

Raphaël s’éloigne de lui de sa démarche féline qui font sortir les yeux de la tête du grand brun, bouillant d’une envie subite de le prendre très fort dans ses bras et se tourne vers Éric les yeux brillant de malice, sachant très bien l’effet qu’il fait dans ces moments-là.

- Ce sera à toi de m’en persuader !!

Chloé s’approche de son ami d’enfance pour lui glisser quelques mots à l’oreille, celui-ci l’écoute, visiblement surpris de ces paroles et finit par reporter son regard sur celui qui depuis deux ans déjà est au centre de ses pensées les plus intimes.

Une légère poussée de son amie le décide à faire les quelques pas qui les séparent et prendre doucement Raphaël par la taille en sentant bien le frémissement venant de tout son corps au contact de ses mains, lui glissant à son tour quelques mots à l’oreille qui semblent déstabiliser le jeune rouquin qui jusque-là a suivi son geste avec une petite pointe d’ironie amicale.

- Crois-tu qu’il y en ait réellement besoin ??

CHAPITRE 24 (Camping de la dune) (Lundi après-midi, encore une drôle de découverte)

« Au camping. »

Philippe sort de l’accueil du camping, surpris malgré tout des réactions plus qu’amicales de l’homme derrière le comptoir quand il lui a demandé où se trouvaient les mobil homes réservés sous le nom de De Bierne.

Il est resté une bonne dizaine de minutes à discuter de choses et d’autres, en percevant bien autant les non-dits que les sous-entendus.

***/***

« Conversation entre Jean et Philippe. »

- (Jean) Je vais vous donner un plan, ce sera plus facile de trouver votre chemin !! Vous êtes de la famille avec Florian ?

- Ses grands parents attendent dehors avec un de ses copains, sinon pour ma part je ne suis qu’un ami de la famille et de Florian en particulier, mais vous semblez déjà bien le connaitre ?? Ils ne sont arrivés qu’hier pourtant ??

- (Jean) Oui sans doute, mais comment ne pas les remarquer ! Hi ! Hi !

- J’imagine que vous avez eu droit à un spectacle pittoresque de sa part, à voir la tête que vous faites ??

- (Jean) Difficile d’y échapper, mais vous le connaissez mieux que moi pas vrai ??

- Exact !!

- (Jean) Connaissez-vous la raison spéciale qui l’a fait venir ici ?

- Bien sûr !! Je vois à votre façon de m’interroger qu’il a dû déjà réaliser une partie de ce qu’il était venu y faire, je me trompe ??

- (Jean) Vous parlez de mon fils Raphaël ?

- Pas forcément !! Il vous a parlé de ses souvenirs ?

- (Jean) Ce matin en effet !!

- Toujours à voir votre expression, j’imagine qu’il vous a convaincu ?

- (Jean) Aussi bizarre que ça paraisse, je dirai oui !!

- Votre femme ??

Jean hoche la tête, comprenant que l’homme en face de lui connait tout ou partie de l’histoire.

- Elle va beaucoup mieux depuis ce matin !!

- J’imagine sans peine voyez-vous !! Et pour votre fils ??

- (Jean) Et bien disons que je le trouve changer lui aussi, sans doute va-t-il pouvoir enfin avoir de vrais amis !!

- Et bien c’est une bonne nouvelle !! Je ne vous embêterai pas plus pour aujourd’hui, j’espère néanmoins pouvoir reprendre cette conversation quand nous serons sûr tous les deux qu’il peut y avoir entière confiance l’un envers l’autre pour pouvoir parler de choses plus précises à cœur ouvert ?

- (Jean) J’en serai enchanté, bonne après-midi monsieur ??

- Espinach !! Philippe Espinach !!

Les deux hommes se serrent la main en souriant, déjà complices sans vouloir l’avouer.

- Heureux de vous connaitre, moi c’est Jean !!

***/***

Philippe rejoint ses amis avec en mains le plan pour s’y retrouver dans le camping, c’est donc d’un bon pas qu’ils se dirigent tous les quatre vers les emplacements où ils espèrent trouver quelqu’un.

C’est une terrasse vide qui les accueille, les deux mobil homes fermés à double tours et c’est Michel qui prend place sur un des transats en soupirant.

- Fallait bien s’y attendre !! Ils doivent être en pleine bronzette sur la plage avec un beau temps pareil ! Hi ! Hi !

- (Maryse) Ça a l’air d’être bien ici, nous pourrions nous aussi prendre quelques jours de vacances.

- (Michel) Une autre fois peut-être, laissons les tranquille !! Pour le moment ils ont besoin d’être entre eux, ils doivent souder leur groupe et surtout oublier le passé, nous ne ferions que les gêner !!

- (Maryse) Je suis certaine au contraire qu’ils seraient contents de nous avoir près d’eux !!

- (Michel) Je n’ai pas dit le contraire non plus !! Juste que ce n’est pas le moment !!

- (Philippe) Michel a raison, ils ont tous besoin d’apprendre à mieux se connaitre et je ne pense pas que leur imposer en ce moment une présence adulte, soit la meilleure chose à faire.

- (Jean Baptiste) Nous repartons quand alors ?

- (Philippe) J’ai réservé des chambres d’hôtes pour deux nuits si ça répond à ta question !!

- (Michel) Mais tu pourras rester plus longtemps si ça te chante tu sais !!

- (Jean Baptiste) Deux jours c’est bien je pense, déjà que ce n’était pas prévu à mon travail et j’ai bien senti que le manager faisait la tête d’être mis devant le fait accompli quand je l’ai appelé ce matin.

- (Philippe) Combien tu gagnes si ce n’est pas indiscret ?

- (Jean Baptiste) Les bons mois quand je travaille les quatre ou cinq week-ends complets, j’arrive à me faire presque cinq cent euros.

- (Michel) Et tu donnes combien à ton frère ?

- (Jean Baptiste) Il ne me demande que la moitié, le reste est pour moi !! Je dois m’habiller et payer pour la voiture !!

- (Maryse) Il ne doit pas te rester grand-chose après ce voyage jusqu’à Aix ?

- (Jean baptiste) C’était mes économies pour mon inscription en fac, je vais demander s’il est possible que je travaille à temps plein tout Août et Septembre et ça devrait le faire.

Jean Baptiste ne voit pas le regard que se portent Philippe et Michel, qui montre bien combien ils sont émus par ce garçon qui vraiment montre des qualités rares et ce malgré un environnement familial loin d’être idéal pour son épanouissement.

CHAPITRE 25 (Camping de la dune) (Lundi-midi, encore une drôle de découverte) (suite)

Philippe se racle la gorge pour reprendre un peu de la contenance qu’il avait commencé à perdre.

- Puisque les jeunes ne sont pas là et qu’à mon avis, ils ne sont pas prêts de revenir !! Pourquoi n’aurions-nous pas cette discussion que je t’ai promise ??

- (Michel) Je trouve que c’est une excellente idée !!

- (Maryse) Moi aussi !!

Jean Baptiste les regarde tous les trois, visiblement troublé.

- Je….

- (Philippe) Laisse-moi te faire ma proposition, tu pourras ensuite dire ce que tu en penses !! J’ai au-dessus de mon cabinet un studio assez confortable qui est inhabité depuis que j’en ai fait l’acquisition, il était prévu pour moi à l’origine afin d’y passer une nuit de temps en temps quand le temps ou n’importe quelle autre circonstance imprévue m’aurait empêché de rentrer chez moi. Je dois bien dire que ça n’a pas été le cas souvent, un peu au début à cause très certainement de l’attrait de la nouveauté et aussi pour en justifier l’achat, mais très vite ça m’est passé.

- (Jean Baptiste) Vous auriez pu le louer ??

- J’aurais pu en effet, mais je ne tenais pas à faire entrer des étrangers chez moi tu comprends ?? Le risque qu’ils ne respectent pas les lieux m’a toujours rebuté à le faire. Mais ce n’est pas le propos d’aujourd’hui, ce studio est donc libre et habitable de suite !! Je recherche également un…. « Assistant » pour aider à prendre les rendez-vous, ranger la paperasse et remplacer ma secrétaire au téléphone les jours où elle s’absente, il suffira de voir avec elle pour qu’elle s’arrange de ses absences pendant que tu n’auras pas cours. Tu pourrais ainsi suivre une voie toute tracée pour reprendre mon cabinet, voire même nous associer si tout va comme nous le souhaitons tous les deux. Tu en penses quoi ?

- Je ne suis pas certain d’avoir le niveau qu’il faut pour !!

- Je t’aiderai !! Tu pourras suivre avec moi certains de mes patients qui seront d’accord, s’il te faut des cours particuliers de mise à niveau ce n’est pas un problème non plus et cela te permettra de sortir de la précarité où tu te trouves actuellement, tu en penses quoi ??

- Que c’est trop beau !! Pourquoi voulez-vous faire ça pour moi ?? Après tout nous ne nous connaissons pas ??

- Vois-tu mon garçon, dans mon et bientôt ton métier, on se fait très vite une idée de la personnalité des gens que l’on rencontre !! Dès que je t’ai vu, j’ai su que tu étais celui que je cherchais plus ou moins consciemment depuis quelques temps et ensuite il y a eu comme une complicité entre nous, ne me dis pas que tu ne l’as pas ressenti toi aussi ??

- Oui bien sûr !! Mais de là à faire tout ce que vous voulez faire pour moi !!

- (Michel) Philippe ne te force pas la main, il te fait juste une proposition !! A toi maintenant de décider si oui ou non elle t’intéresse !!

- (Philippe) Tu es un garçon bien Jean Baptiste, d’autres que toi auraient déjà parlé salaire alors que toi tu ne t’occupes que de savoir si tes compétences seront suffisantes !!

- (Maryse) Ce que te propose Philippe est quelque chose qu’on ne te proposera peut-être plus jamais, il faut savoir saisir sa chance quand elle est à portée de mains. Nous serons là pour t’épauler, Aix est une belle ville où on se sent vite chez soi et tu t’y feras des amis, attends que les garçons arrivent et tu ne voudras plus repartir ! Hi ! Hi !

- (Jean Baptiste) Mais !! Et mon frère !!

- (Philippe) Du peu que j’en sais, c’est déjà un miracle qu’il ne tâte pas de la prison. Que deviendrais-tu si ça lui arrivait ?? T’es-tu déjà posé la question ??

- (Michel) Avec ce que te propose Philippe, tu seras autonome et tu pourras venir en aide à ton tour à ton frère s’il lui arrive quelque chose, je ne pense pas que c’est le peu d’argent qu’il te réclamait qui lui manquera. S’il a fait ça c’est juste à mon avis pour t’apprendre que rien n’est gratuit, je suis même étonné qu’il soit aussi bien intentionné envers toi !! Ça prouve peut-être que tout n’est pas perdu pour lui, qui sait !!

- (Philippe) Mais peut-être as-tu quelqu’un à qui tu tiens à Paris ?? Bien sûr je ne parle pas de Florian tu t’en doutes bien !!

- Pas vraiment non !! J’avais bien un ami au collège, mais il est parti en province avec sa famille ça fait maintenant un an et depuis je n’ai pas maintenu le contact.

- (Philippe) Il y avait une raison à ça ??

- Je…je crois qu’il m’aimait beaucoup !! C’est juste que je ne suis pas quelqu’un pour lui, j’ai trouvé préférable de couper les ponts avant qu’il regrette de m’avoir connu.

- (Philippe) Quand tu dis qu’il t’aimait beaucoup, tu peux préciser ta pensée ?

- Ben !!! Beaucoup quoi !!!

- (Philippe) Comme les sentiments que tu as envers Florian ??

- C’est ça oui !!

- Il te l’a dit ??

- Non, bien sûr !! Mais je le voyais bien !! De toute façon c’est de l’histoire ancienne tout ça et Damien méritait de connaitre quelqu’un dans sa condition, pas un gars comme moi qui n’a rien à proposer comme avenir. C’est pour ça que je n’ai pas répondu à ses attentes, me contentant d’être ami avec lui. C’était juste avant que je m’intéresse à Florian.

Philippe sursaute quand il entend le prénom du garçon, un sourire lui vient alors en même temps qu’un très fort ahurissement de découvrir le lien qu’il cherchait depuis hier entre le Florian actuel et celui qu’il était avant l’accident pour ce garçon, trouvant bizarre cette inter réactivité d’avec l’autre alors que jusqu’à présent seuls ceux qui ont partagé ses souvenirs à un moment ou un autre, ont fait leurs réapparitions près de lui.

CHAPITRE 26 (Camping de la dune) (Lundi-midi, encore une drôle de découverte) (fin)

Il se rappelle une conversation qu’il a eue avec Florian lors d’une de ces matinées où il cherchait encore des preuves que ses pensées n’étaient issues que de son imagination.

***/***

« Conversation »

- Tu ne parles quasiment jamais de cette autre réalité où tu étais handicapé ??

- C’est juste parce que les souvenirs que j’en ai ne sont pour la plupart que de la tristesse et des soins médicaux, j’étais cloué au lit ou sur mon fauteuil à longueur de journée tu comprends ??

- Oui bien sûr !! Mais tu as dû connaitre quelques bons moments quand même ?? Tu étais ami avec Yuan, Antoine et quelques autres il me semble ??

- Oui mais ils étaient loin et ceux que j’avais connus à Aix m’ont vite oublié quand je n’ai plus pu marcher tout seul !! En fait il n’y a vraiment eu que Damien comme véritable ami à qui je pouvais confier tous mes secrets.

- Et lui ?? Te confiait-il les siens ??

- Aussi, oui !! Nous étions vraiment très proches tu sais !!

- Tu l’aimais ??

- Comment ça ??

- Te sentais-tu déjà attirer par les garçons dans cette vie-là ??

- Je n’en sais trop rien en fait, sans doute oui !! Mais de toute façon c’était impossible alors je préférais oublier ce genre de choses, je pense que Yuan m’aimait lui aussi !!

- Et Damien ??

- Aussi, oui !! D’ailleurs il me l’a fait comprendre une fois et résultat, nous avons pleuré tous les deux comme des madeleines ! Hi ! Hi !

***/***

Florian lui a alors raconté sans rien omettre la seule fois où il a eu du plaisir dans cette vie où il pensait bien que ça lui était impossible.

L’aveu qui avait déclenché cette seule masturbation, venait de Damien annonçant à son meilleur copain qu’il était tombé amoureux d’un garçon, pour ensuite plusieurs semaines plus tard amener une photo de classe à Florian afin de le lui montrer et que celui-ci l’avait trouvé à son goût, heureux que son ami ait d’autres pensées que de venir en aide à l’handicapé qu’il était.

***/***

C’est un beau mec mais je suis sûr que « Dami » n’aura jamais osé aller le voir et qu’il s’est contenté de l’admirer de loin ! Hi ! Hi ! Il est comme ça mon « Dami » tu sais ?? Et apparemment du peu qu’il m’en a dit ensuite, son « JB » ne lui montrait pas une attention particulière !! Il me semble quand même qu’ils étaient devenus amis, mais c’était vers la fin juste avant que je ne tombe dans le coma !!

***/***

Philippe se sent observer, il relève la tête en souriant toujours niaisement à la plus grande surprise de ceux qui ne le lâchent pas du regard.

- Tu connais le nom de famille de ton copain Damien ?

- Pffttt !!! J’ai dû le connaitre, mais on s’appelait toujours par nos diminutifs.

Michel percute soudainement, son regard sur Philippe devient alors attentif et quand il aperçoit le petit sourire en coin qu’il lui lance en signe qu’il a suivi lui aussi sa réaction de compréhension, il ne peut s’empêcher de se joindre à la conversation.

- Ton copain Damien, il ne s’appellerait pas Damien Viala par hasard ??

La tête de Jean Baptiste à elle seule leur suffit comme réponse, les yeux du garçon s’arrondissant d’ahurissement qu’ils puissent connaitre son copain de collège alors qu’ils ne le connaissent lui que depuis la veille.

- (Michel) Je comprends beaucoup mieux maintenant !!

- (Philippe) La venue de Jean Baptiste comme un ami de « l’autre » me turlupinait depuis le début, son histoire bien sûre tient debout et je ne doute pas un instant qu’elle soit sincère, mais ça n’allait pas avec les schémas et les attentes de Florian, hors pour l’instant c’est toujours lui qui court après ses souvenirs et non l’inverse !!

- (Maryse) Vous oubliez le père Antoine ??

- (Philippe) Justement, non !! C’est parfaitement normal qu’il fasse son apparition puisque c’est déjà de cette façon qu’il s’est fait connaitre.

Jean Baptiste écoute sidérer cette conversation qui pour lui ne veux absolument rien dire, il en est encore à son étonnement que le nom de famille de Damien soit connu par ses gens pour qui il devrait être un parfait inconnu.

Philippe s’en rend compte et reporte son attention amicale sur lui, lui posant une main franche sur l’épaule pour le rassurer.

- Tu dois nager en pleine incompréhension, pas vrai ??

- J’avoue que j’avais plus ou moins suivi jusque-là, mais depuis cinq minutes je ne comprends plus rien.

- C’est normal tant que tu ne connaîtras pas toutes les imbrications du puzzle et crois-moi celui-là il est chiadé ! Hi ! Hi !

- Comment vous pouvez connaitre Damien ??

- En fait nous ne le connaissons que par ce que Florian nous en a dit !! Damien fait partie des souvenirs du Florian d’après l’accident.

- Encore cette histoire d’amnésie !!

- Ce n’est pas aussi simple, je vais essayer de te donner un exemple de ce que vit Florian depuis qu’il a quitté l’hôpital. Imagine que tu es en ce moment même avec nous et que brusquement tu te retrouves ailleurs, dans une autre réalité où tout ce que tu as connu a été modifié pour tout un tas de raisons dont la destinée de chacun ici-bas n’est pas la moindre dans l’ordre d’importance. Les gens te connaissent ou pas mais pas comme toi tu t’en rappelles, certains n’existent plus où encore sont parties si loin que pour eux tu n’as jamais existé ou encore que tes souvenirs d’eux n’ont rien à voir avec les leurs envers toi !! Tu imagines un peu comment tu en serais affecté ? Et bien tu vois, c’est ce que vit Florian depuis quelques mois, nous aussi tout comme toi en ce moment avons cru à une invention venant d’un cerveau malade !! Mais il y a les preuves qu’il apporte à son moulin et que nous ne pouvons pas nier, cette histoire avec Damien il me l’a raconté comme souvenir d’une autre vie et le nom de Viala nous était complètement inconnu avant ça. C’est pour ça que quand Michel t’a posé la question, tu as bien vu que nous étions tous très attentifs à ta réponse ou plutôt à ta non réponse mais qui voulait dire la même chose. Nous avons encore une fois découvert une nouvelle preuve qu’il n’affabule pas et que tout ce qu’il nous raconte est exacte !

- Alors comme ça je suis dans ses souvenirs ??

- Le souvenir d’une photo que lui a montré Damien peu de temps après qu’il lui ait révélé qu’il aimait un garçon nouvellement arrivé en cours d’année scolaire.

- Il a dit ça aussi ?? C’est vrai que j’ai dû changer de bahut à la mort de mes parents quand j’ai été vivre chez mon frère il y a un an et demi de ça environ.

- Philippe resserre l’étreinte de sa main sur l’épaule de Jean Baptiste en le secouant doucement.

- Comment aurions-nous pu le savoir ?? Penses-y !!

CHAPITRE 27 (Camping de la dune) (Lundi après-midi, beaucoup de choses en même temps)

Le sourire banane que j’ai depuis que j’ai retrouvé mon Thomas ne me quitte pas bien au contraire, je remarque le changement autour de nous ainsi que tous ces regards souriants et envieux, portés sur lui par les personnes qui croisent notre chemin, regards qui n’existaient pas ou du moins loin d’être aussi marquant à notre arrivée au passage de Benjamin.

Là c’est quasiment cent pour cent des gens qui marquent un moment de bug à la vision de mon grand blond, comme à chaque fois que quelqu’un le voit pour la première fois et mon bonheur n’a d’égal que le sien de nous être enfin retrouver, faisant fi comme à son habitude de l’effet dévastateur qu’il fait dans le cœur de ceux qui lui sont étrangers quand il rayonne de joie comme à présent.

Antonin par contre n’est lui aussi pas dupe du changement, son étonnement est à la mesure de ce que ses yeux lui montrent et son regard se reporte fréquemment sur Thomas puis sur moi, semblant chercher à comprendre ce qui est arrivé et ce malgré nos explications.

Ce n’est qu’en vue de notre emplacement que mon centre d’intérêt change tout aussi soudainement, en effet j’aperçois bien quatre personnes qui y sont installés et je plisse les yeux de curiosité en comprenant bien que ce ne sont pas les silhouettes du moins pour trois d’entre elles, de mes amis.

Il ne me faut que quelques secondes pour reconnaître mes grands-parents et le cri que je pousse fait sursauter mes deux compères.

- Yeeee !!!

Le saut de cabri d’Antonin éclate de rire Thomas, qui lui est habitué de longue date à mon mode d’exubérance affectif.

- Heureusement que tu n’es pas cardiaque ! Hi ! Hi !

- Qu’est-ce qu’il lui a pris aussi de brailler comme ça ?? T’es ouf mec !!

- Ce sont mes grands-parents qui sont venus nous voir avec Philippe et un jeune gars !!

Thomas ne peut s’empêcher d’avoir la larme à l’œil en apercevant à son tour Maryse et Michel, qui pour lui étaient décédés d’une façon atroce quelques mois plus tôt.

- Ça va me faire drôle de les revoir après avoir été à leur enterrement !!

Je reporte mon regard sur mon Thomas en comprenant bien ce qu’il ressent et que moi aussi j’ai ressenti à mon éveil dans cette réalité.

Nos pas nous rapprochent de l’emplacement, je reconnais maintenant Philippe qui semble lui aussi nous avoir aperçu, puisqu’il se redresse en tendant une main vers nous et fait de ce fait se diriger tous les visages des occupants de la terrasse dans notre direction.

Je dois dire que l’étonnement se ressent des deux côtés, déjà de ma part à me demander ce qu’ils viennent faire ici alors que ça ne fait pas deux jours que nous les avons quittés mais aussi de la leurs, diriger plus particulièrement vers Thomas au fur et à mesure de notre avancée vers eux.

Je me doute bien que le garçon qui les accompagne doit être pour l’essentiel dans leurs démarches et du coup j’essaie de me souvenir si je le connais ou pas et j’avoue que je reste un moment à me poser la question quand la mémoire me revient enfin, reconnaissant ce jeune gars comme celui posant sur la photo que Damien tout fier m’avait mise sous le nez pour me montrer justement celui dont il m’avait avoué être tomber amoureux à son bahut.

J’avoue sur le coup rester perplexe quant à sa présence ici avec eux et j’en attends les explications avec une certaine impatience, toutefois je réalise vite que ce ne sera pas la priorité des éclaircissements à venir car les regards visiblement ahuris venant aussi bien de Philippe que de mes grands-parents portés sur mon « Thom-Thom », montrent bien qu’ils se sont aperçus sinon du changement, tout du moins que quelque chose a transformé suffisamment son apparence pour qu’ils s’en trouvent à ce point perturbés.

C’est donc avec un certain amusement que je monte la marche d’accès à la terrasse pour leur tomber dans les bras, remarquant au passage qu’ils ne détachent pas leurs regards de mon Thomas.

- Et bien !! Bonjour l’accueil ! Hi ! Hi ! On dirait que vous avez vu le loup ! Hi ! Hi !

Mon rire stoppe aussi vite qu’il était venu quand j’aperçois le visage ravagé par les larmes de Thomas, comprenant d’un coup que le fait de se retrouver devant Michel et Maryse qui étaient pour lui comme des grands parents, font parties de ses bouleversements trop forts qu’il ne puisse gérer sans laisser ressortir son trop plein d’émotions.

Il se dirige donc vers eux dans un élan de pure affection pour les prendre dans ses bras.

- (Thomas) Papy !! Mamie !! Vous êtes bien là tous les deux !!!... Vivant !!

Philippe est stupéfié par la scène à laquelle il assiste, son esprit tourne à cent à l’heure pour chercher à trouver une amorce de compréhension à ces épanchements aussi troublants venant de ce garçon qu’il a de plus en plus de mal à reconnaître comme le Benjamin qui a quitté Aix deux jours plus tôt.

Sa chevelure mi longue ondulée tout comme sa maturité beaucoup plus marquée lui amène soudainement un doute sur son identité réelle et c’est donc lui qui pose la question en sentant bien qu’elle ne viendrait ni de Michel, ni de Maryse, qui sont visiblement trop abasourdis par ce qui leurs arrivent.

- Dis-moi Florian ?? Ôte-moi d’un doute !! Ce garçon, ce n’est pas Benjamin ??

CHAPITRE 28 (Camping de la dune) (Lundi après-midi, beaucoup de choses en même temps) (suite)

- Bien sûr que non !! C’est Thomas !! Mon Thomas !! Le seul, le vrai, celui que j’aime !!

- Tu veux dire !! Que lui aussi, il vient de l’autre réalité ??

Philippe hoche la tête en signe de compréhension au comportement actuel du grand blond toujours en pleurs à étreindre les deux anciens, qui écoutent subjugués la conversation entre lui et leur petit fils, commençant eux aussi à comprendre pourquoi ils se retrouvent dans les bras de ce jeune homme qu’ils avaient d’abord pris pour Benjamin sans comprendre la raison d’un tel débordement affectif.

Il faut alors que j’explique tout, des quelques heures qui viennent de passer sans rien omettre, permettant ainsi petit à petit à tous de retrouver leur calme et surtout à Thomas de pouvoir se reprendre alors qu’au contraire je vois bien que du côté de l’autre garçon ce serait plutôt l’inverse et qu’il m’écoute les yeux ronds d’une stupéfaction grandissante, que d’ailleurs je comprends très bien étant donné ce qu’il entend et du peu qu’il doit en savoir de tout ce qu’il m’est arrivé depuis ces quelques mois.

Thomas garde précieusement dans ses mains celles de mes grands-parents, son regard sur eux ne prête à aucune question sur la joie visible qu’il a de les retrouver.

- (Thomas) Je ne sais pas comment Florian a fait pour me faire venir dans sa nouvelle…réalité et ça restera sans doute un des mystères insolubles parmi ceux auxquels il nous a habitué. Je n’aurais jamais pu imaginer vous revoir tous les deux en bonne santé, c’est une joie sincère pour moi, même si pour vous je reste un inconnu et j’espère de tout mon cœur que nous retrouverons l’intimité qui faisait mon bonheur à chacune de nos rencontres.

Michel tout comme sa femme ressentent bien toute la sincérité des paroles de Thomas, sa gentillesse tout comme sa beauté resplendissante les troublent à un tel point qu’ils en restent tous deux muets et qu’à leurs tours quelques larmes d’émotions coulent sur leurs joues, montrant bien combien ces paroles les ont également marqués.

Philippe de son côté décide de changer de sujet pour permettre à tout le monde de se reprendre de toutes ces émotions, avant de revenir sur quelques points sûrement moins plaisants mais qu’il préfère éviter pour le moment, ne jugeant pas encore l’instant opportun pour en parler.

- Je présume que tu te souviens de ce jeune homme ??

- Bien sûr !! J’ai cherché qui il pouvait être et j’ai fini par me souvenir de lui, tu es Jean Baptiste l’ami de Damien ? Du moins c’est ce que tu étais dans un de mes souvenirs !!

- Je suis aussi le frère de Gilles !!

Je cherche un instant dans ma mémoire.

- Désolé, mais ce prénom ne me dit rien ??

- (Philippe) Le contraire m’aurait étonné, puisque son frère est ou du moins était un des…amis de l’autre.

Je fixe Jean Baptiste avec un regain d’intérêt, troublé d’avoir en face de moi un garçon qui a connu celui que j’étais avant dans cette réalité.

- Nous étions amis ??

Philippe perçoit l’hésitation qu’a Jean Baptiste à répondre.

- Ce n’est pas le bon terme en fait !! Disons pour faire court et éviter les détails gênants, qu’il éprouvait pour toi les mêmes sentiments qu’avaient pour lui Damien en cachette dans tes souvenirs.

- Ah !! D’accord !!

Je regarde Jean Baptiste plus en détails, ce qui me permet de conforter ce que déjà j’avais exprimé comme ressenti à Damien quand il m’avait montré la photo.

A le voir en vrai, me prouve qu’à cette époque déjà j’avais eu raison de le trouver sympathique et attirant, heureux pour Damien qu’un garçon tel que « JB » lui plaise.

Son regard soucieux attend visiblement une suite au « Ah !!D’accord » en réponse à l’explication de Philippe, c’est donc avec un sourire sincère que je précise ma pensée en me rengorgeant fièrement dans l’intention de le détendre par la même occasion.

- Mais c’est un peu normal aussi ! Hi ! Hi ! T’as vu la bête ??

Voyant ses yeux qui s’allument, visiblement rassuré par ma réaction à son égard, je redeviens sérieux pour cette fois lui demander avec curiosité.

- Je ne t’ai jamais rien fait de mal j’espère ?? Si je te pose cette question c’est juste parce que ce n’était apparemment pas dans mes habitudes de côtoyer les gens de mon entourage sans les faire souffrir d’une façon ou d’une autre !!

- Je n’ai jamais eu cette vision de toi pourtant !!

CHAPITRE 29 (Camping de la dune) (Lundi après-midi, beaucoup de choses en même temps) (fin)

Je reporte mon attention sur Philippe qui comprenant toutes les questions me venant à l’esprit, prend le temps de m’expliquer en quelques phrases ce que lui en a déduit du pourquoi de cette réponse assurément positive venant de Jean Baptiste.

Je comprends beaucoup mieux après ça, prenant « JB » par la main pour l’éloigner suffisamment afin d’avoir avec lui une petite mise au point que je trouve nécessaire pour nous deux.

- Si tu as toujours envie d’être mon ami, c’est avec plaisir que je te compterai parmi les miens et je suis sincère n’en doute pas un instant, il faudra juste apprendre à se connaître tu comprends ? Pour le reste je ne ferme aucune porte mais je te préviens juste que si c’est l’exclusivité que tu veux, ce ne sera pas possible pour plusieurs raisons dont la première et de loin la plus importante, en est et tu l’auras sûrement déjà compris, que je suis déjà amoureux fou de mon Thomas. Je ne sais pas jusqu’où a été Philippe dans vos conversations à mon sujet, peut être t’a-t-il parlé de ma façon de voir les choses du sexe et si c’est le cas sache juste qu’il est préférable pour toi d’avoir quelqu’un de sérieux en qui tu tiens avant d’envisager quoi que ce soit d’autre. Maintenant c’est cool, je t’aime déjà beaucoup et je vois bien que tu es un gars particulièrement attachant, d’ailleurs la preuve en est déjà rien que par la réaction de Philippe à prendre la parole pour t’éviter la gêne de certaines explications délicates.

- J’ai été fou de venir dès que j’ai appris que tu étais sorti de l’hôpital, mais je n’ai pas pu faire autrement tu comprends ? J’en sais assez maintenant pour comprendre ce qu’il me serait arrivé si ce n’était pas celui que tu es maintenant qui se soit trouvé à ta place et honnêtement j’aime déjà beaucoup celui que tu es devenu, même si je n’ai pas encore tout compris sur le comment ça a été possible. Pour le reste tu as raison, sans fermer aucune porte nous avons le temps d’apprendre à mieux nous connaître.

- C’est cool alors !! J’espère que tu resteras avec nous, comme ça tu apprendras également à connaître la bande ! Hi ! Hi !

- J’aimerais bien, mais ce n’est pas aussi simple !!

- Tu avais prévu de repartir quand ?

- Dans deux jours il me semble, c’est ce que Philippe a dit quand je lui ai posé la question !!

- Pas de souci alors !! Nous verrons ça le moment venu, en attendant nous ferions bien de retourner voir les autres, avant qu’ils se posent des questions sur nous deux ! Hi ! Hi !

C’est en pleine conversation eux aussi avec mon Thomas rayonnant du plaisir de se trouver parmi eux, que nous les rejoignons en nous intégrant à la discussion jusqu’à suffisamment tard dans l’après-midi pour que je vois arriver le reste du groupe, serviettes de plage sous le bras.

Philippe se lève dès qu’il les aperçoit pour se diriger vers eux et prendre Léa à part, ce qui bien sûr amène la curiosité des autres en arrivant sur nous, tout comme le regard anxieux que me jette Léa en se laissant emporter quelques mètres plus loin.

La première question est celle qui me serait tout de suite venue à l’esprit et c’est Antoine qui la pose en venant directement vers moi.

- Qu’est-ce qu’il se passe avec Léa ?? Rien de grave j’espère ??

Je vois bien que les autres attendent tout comme lui ma réponse en tendant l’oreille.

- Benjamin est parti !!

- (Yuan) Comment ça parti ??

- (Éric) Tu dis n’importe quoi allons !! Tu vois bien qu’il est là !!

- Regarde mieux mon grand et tu verras que ce n’est pas Benjamin, c’est.... Thomas !!

Bien sûr je n’ai pas fini ma phrase que déjà ils ont le visage qui se tourne vers Thomas, l’effet « Kiss cool » fonctionne encore une fois à la perfection, sauf que là je n’éprouve pas vraiment l’envie d’en rire car les explications qui vont suivre et ce même si rien au monde ne me ferait revenir en arrière si d’autant je le pouvais, seront de celles suffisamment difficiles pour qu’il n’y ait pas matière à plaisanterie.

Je reprends donc une nouvelle fois la parole pour leurs expliquer ce qu’il en est, ils m’écoutent avec un ahurissement bien compréhensible, heureusement beaucoup atténué par ce qu’ils connaissent déjà de moi et de mes possibilités à réaliser des choses jusqu’alors qualifiées d’impossible, prenant de ce fait pour argent comptant mes paroles qui dites à d’autres m’auraient sans doute valu l’asile.

Maintenant la preuve qu’ils ont sous les yeux n’est pas de celle qu’on peut réfuter, le grand blond souriant quoiqu’il ressemble beaucoup à Benjamin, étant quand même de par ses années d’écart d’apparence plus mature et sa toison blonde ondulée n’ayant rien à voir avec les cheveux ras de celui qu’il remplace, ce qui les obligent à convenir de la réalité des choses.

Pour ma part je pense que la chance si on peut parler de chance, qu’ils acceptent aussi facilement la venue parmi eux de mon Thomas, est surtout liée au fait qu’ils ne connaissaient finalement pas grand-chose de Benjamin, qui pour la plupart ne leur est apparu qu’il n’y a que quelques jours à peine et qu’ils n’ont pas encore vraiment eu l’occasion de bien connaître, aidant ainsi beaucoup à ce que se fasse la transition sans réel problème ne serait-ce la réaction de Léa que j’attends en tendant le dos.

CHAPITRE 30 (Paris) (Lundi fin d’après-midi) (Une nouvelle équipe pour une mission peu conventionnelle)

« Bureau du directeur de la DST. »

Dorian a retrouvé Léonie avec joie quand tous deux se sont rencontrés devant le saint des saints de l’agence, ils n’ont pas vraiment eu le temps autre qu’un bonjour rapide avant que la porte ne s’ouvre devant le grand patron lui-même.

- Vous comptiez passez la nuit dans le couloir peut-être ?

- (Dorian) Heu !! Non…je… enfin, nous…

Maurice ne peut s’empêcher de sourire intérieurement devant le trouble manifeste du jeune homme.

- Et bien entrez !! Ce n’est pas la peine de faire tapisserie non plus !!

Il leurs fait signe à tous deux de prendre place sur les sièges devant son bureau, avant de refermer la porte et d’aller s’installer à son tour dans son fauteuil.

Les deux dossiers les concernant sont étalés sur le plan de travail, Maurice prend le temps de relire quelques notes avant de les fixer droit dans les yeux.

- Bien !! Vous devez certainement vous demander ce que vous veut le grand patron au premier jour de votre affectation dans le service ? Je vous répondrais que vous n’êtes pas là fortuitement, mais qu’il fallait que ce soit vous !! J’imagine sans peine les questions qui vous passent par la tête en ce moment même et je vous préviens déjà que je n’y apporterais pas de réponses dans un premier temps, une fois la mission qui va vous être confié terminée nous en reparlerons. Cette mission est à la fois très simple mais aussi assez compliquée je dois bien le reconnaître, il s’agit de retrouver une famille dont nous ne connaissons que le nom et les prénoms !! Par contre nous ne savons pas où elle se trouve sauf que ce n’est certainement pas en France ni dans un quelconque autre pays ou les fichiers des résidents nous sont accessibles.

- (Dorian) Des criminels, patron ?

- Pas du tout !! Juste une famille dont nous devons retrouver la trace !! Il s’agit de Alain et Evelyne Louvain, nés tous les deux à Marseille et qui ont quittés le territoire national il y a maintenant une vingtaine d’année, depuis lors personne les connaissant n’a eu de leurs nouvelles.

- (Dorian) En quoi cela concerne nos services patron ?

- En rien si ce n’est qu’ils sont liés à une personne devenue récemment très importante pour l’état, je n’en dirai pas plus pour l’instant à part que je compte sur vous deux pour mener à bien cette mission !! Vous avez carte blanche pour utiliser tous les moyens que vous jugerez nécessaires afin de retrouver cette famille et plus particulièrement un éventuel fils qu’ils pourraient avoir eu !! L’agent spécial Novack sera votre responsable et c’est à lui que vous devrez rendre compte.

Dorian éclate de rire ce qui bien sûr surprend Maurice.

- Qu’y a-t-il de si comique pour vous mettre dans cet état ??

- J’ai compris Patron ! Hi ! Hi ! C’est une sorte de bizutage que vous faites subir à tous les nouveaux promus ! Hi ! Hi !

Maurice se redresse, le front plissé de contrariété en plaquant fortement les mains sur son bureau, ce qui fait devenir soudainement livide Dorian qui comprend alors qu’il s’est complètement fourvoyé en pensant à une plaisanterie.

- J’ai la tête à ce genre de gag de potache peut-être !!

- Heu !! Non patron, pas vraiment !! Mais ça me semble tellement hors de… enfin c’est vrai quoi… excusez-moi patron !!

Maurice se rassoit en ouvrant un tiroir pour en sortir un dossier assez mince, qu’il envoie sur le bureau en direction du jeune lieutenant.

- Voilà tout ce que nous connaissons déjà sur cette famille, vous avez vos ordres alors exécution !!

Ce n’est que quand ils sont sortis tous les deux que Maurice retrouve son sourire et que comme bien souvent il se parle à lui-même.

- Un bizutage ?? En voilà une idée ! Hi ! Hi ! Remarque que tu aurais pensé la même chose pas vraie !! Finalement il me plait bien ce Dorian !!

***/***

« Dans le couloir. »

- (Dorian) Ouf !! Plutôt soupe au lait le boss !! Mais toi, pourquoi tu n’as rien dit ? Ça ne te semble pas insensé cette soi-disant mission ??

- (Léonie) Pas plus insensé que la conversation que j’ai eue avec lui plus tôt dans la journée crois-moi !!

- Tu me raconteras ?? En attendant il faut qu’on trouve un endroit pour se poser et voir de quelles sortes d’éléments nous disposons dans ce dossier, ensuite nous aviserons !!

CHAPITRE 31 (Camping de la dune) (Lundi fin d’après-midi) (Cousin germain ou frère ??)

« Fin de la conversation entre Philippe et Léa »

Léa a écouté Philippe sans l’interrompre une seule fois, seuls ses yeux montrent la tristesse d’apprendre que son frère à peine revenu parmi eux, se retrouve déjà perdu à jamais dans une autre réalité.

Philippe lui a expliqué du mieux qu’il l’a pu qu’il n’y serait pas seul et que le Antonin qui est maintenant avec lui, connaît toute l’histoire et l’aidera à se faire une place déjà toute tracée à la tête des entreprises et de tous les biens qu’il a hérité du Florian décédé, celui-ci ayant profité de son passage chez le notaire pour la donation qu’il a reçu de Mireille, pour y déposer une enveloppe contenant ses dernières volontés au cas où ses mauvaises prémonitions s’avéreraient exactes.

- (Léa) Mais c’est une fortune colossale !!!

- (Philippe) Tu vois bien qu’il n’y aura aucun souci pour ton frère et en plus il vous retrouvera toi, Mathis et toute sa famille, ainsi que les amis proches que Thomas a laissé derrière lui.

- Il va falloir qu’il change de nom alors ?

- Certainement, sûrement même !! Rien que pour éviter un grand nombre de complications, je pense qu’il n’y aura pas de problèmes et que Maurice là-bas aussi sera là pour lui.

Philippe comprend au sourire de la jeune fille, qu’elle commence à accepter ses explications.

- Et puis de toute façon Thomas est aussi ton frère, donc ça ne changera pas grand-chose pour toi et ta famille, pense que c’est surtout pour lui que les prochaines semaines seront les plus difficiles à passer !!

- Comment ça ?? Il a retrouvé son Florian pas vrai ??

- Je ne pensais pas à ça mais à sa famille !! Ici il a perdu celui qu’il considérait comme son cousin et qu’il aimait comme un frère, il ignore où se trouvent ses parents ou du moins ceux qui pour lui le sont toujours !!

- Pourquoi dis-tu une chose pareille ?? Ils sont morts, tu le sais bien !!

Philippe explique alors ce que Léa ignore encore sur le fait que son oncle et sa tante pour elle inconnus étant stériles, ce sont ses parents à elle qui comme pour les Charlier ont accepté une reproduction par mère porteuse pour donner une descendance à cette branche de sa famille.

- Si un Thomas Louvain n’existe pas ici c’est tout simplement parce que les choses ne se sont pas aussi bien passés entre ton père et son frère dans cette réalité, tu pourras toujours lui en demander la raison si ça t’intéresse.

- Tu es certain de ce que tu viens de dire ??

- D’après Florian c’est la seule solution pour que le transfert ait pu se faire !! Il fallait qu’ici ce soit le vrai Thomas, mais surtout qu’il soit issu des mêmes parents et mon instinct me dit qu’il a raison dans sa logique.

- Donc à part l’âge et le prénom qui change, c’est bien mon frère qui est là ?

- Il semblerait bien en effet !! Pour lui c’est différent, il ignorait tout et il va lui falloir du temps pour effacer dans sa tête la Léa qui était sa cousine, mais surtout que tes parents sont réellement les siens !! Maintenant il les aimait déjà beaucoup dans l’autre réalité d’après Florian, alors il n’y a aucune raison pour qu’il ne s’y fasse pas très vite.

- Il est vraiment comme Benjamin en plus vieux ??

- Avec un petit quelque chose en plus, alors surtout pense à fermer la bouche quand tu seras près de lui ! Hi ! Hi !

- Et pourquoi je ferais ça ??

- Parce que nous l’avons tous fait !! Ce garçon dégage un charme peu commun que n’avait pas Benjamin, ni d’ailleurs maintenant que j’y pense personne d’autre que j’ai pu rencontrer un jour. Je ne serais pas plus étonné que ça d’apprendre un de ses quatre matins que lui et Florian ont…. Comment dire…. Un même secret commun ??…. Une même origine inconnue ??…. En tous les cas, l’un comme l’autre ils dégagent une aura différente du commun des mortels comme s’ils étaient issus d’un autre …monde.

Léa éclate de rire.

- Vous les psychiatres avez de ces idées ! Hi ! Hi ! A se demander parfois si vous n’êtes pas plus dérangés que vos malades ! Hi ! Hi !

Philippe ne préfère pas répondre pour la bonne raison qu’il s’est déjà maintes fois posé cette question, il se contente de lui prendre la main en souriant afin de refaire les quelques mètres qui les séparent du reste du groupe, en s’amusant par avance de la réaction de la jeune fille quand elle sera face à son grand « frère ».

Bien sûr Léa ne manque pas de se laisser prendre à son tour quand son regard se fige sur le garçon qui lui sourit en la reconnaissant, sa bouche s’ouvre en grand de stupeur devant la beauté angélique au corps harmonieusement dessiné mais surtout quand ses yeux plongent comme happés dans ceux merveilleux d’un bleu délavé qui la subjuguent en l’amenant proche de l’hypnose.

Thomas comme à son habitude ne se rend pas compte de l’effet dévastateur de son sourire, il s’approche rapidement pour prendre dans ses bras celle qui pour lui sera toujours sa cousine et ce même s’il connaît maintenant le lien exact qui les lie, la serrant toute tremblante contre son cœur pour l’embrasser ensuite sur le front avec une tendresse tellement perceptible qu’elle en donne la chair de poule à tous ceux qui assistent à cette scène d’effusion purement émotionnelle.

Thomas reste ainsi un long moment avant de s’écarter d’elle lentement et de lui prendre d’une main douce le menton pour que leurs regards soient de nouveaux l’un dans l’autre.

- J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir pris la place de ton frère ??

- Je sais qu’il sera bien là où il se trouve maintenant !! Et puis tu es là, non ?? J’ai donc toujours mon frère, même s’il vient d’ailleurs !!

CHAPITRE 32 (Camping de la dune) (Lundi soir) (Rapprochements)

« Après le dîner. »

Comme dans mes anciens souvenirs venant de cette réalité d’où j’ai fait revenir Thomas, je me fais la réflexion que tout semble avoir été accepté bien rapidement de la part de tous et que déjà mon grand blond n’en est plus à être harceler de questions comme c’était le cas pendant les premières heures suivant son apparition.

Autant mes grands-parents que Philippe et tous mes amis sont maintenant avec lui comme ils le sont entre eux, c’est à dire détendus et amicaux, alors que pour moi ce sont encore de nombreuses questions qui se rajoutent à celles toutes aussi nombreuses que je me posais déjà.

Maintenant leur comportement à tous me va bien et évite très certainement des situations qui pour certains pourraient être difficiles, ne reste plus qu’à voir comment les choses plus intimes vont bien pouvoir se passer avec toute la petite bande qui malgré tout n’arrêtent pas de nous dévisager avec un trouble certain dans le regard qui n’a plus rien à voir avec l’échange miraculeux qui s’est produit dans l’après-midi.

J’en suis à me demander comment faire pour passer la nuit tranquille avec mon chéri quand une proposition vient de Raphaël qui me sourit en prenant la parole.

- Si tu veux je peux vous laisser ma chambre pour que vous vous retrouviez un peu seuls tous les deux, je présume que vous avez beaucoup de chose à vous… « dire » après cette longue séparation !!

J’attrape mon « Raphi » par la taille pour lui déposer un bisou au coin des lèvres.

- Tu ferais ça ??

- Après ce que tu as fait pour ma mère ce matin, c’est la moindre des choses !!

- Tu vas dormir où, toi ??

Raphaël regarde Éric avec aplomb, un demi-sourire aux lèvres qui ne trompe personne sur ce qu’il attend de lui.

- Quelqu’un m’invitera bien en me faisant une petite place ??

C’est Antonin qui prend les devants histoire de narguer gentiment Éric.

- Il y a le canapé lit de dispo dans le salon si tu veux ??

Chloé entre à son tour dans le jeu.

- Il y a le même aussi dans notre mobil home !!

Léa en rajoute une couche en s’amusant comme une folle de la tête que fait le grand brun.

- Le lit de Benjamin est libre de toute façon !! Faudra juste que tu partages la chambre avec Éric si tu choisis cette solution.

Antoine ne voulant pas être en reste.

- A moins que tu veuilles tenir chaud à « Tonin » ! Hi ! Hi ! Il va être perdu tout seul dans son grand lit !!

- (Yuan) Sauf si « Tonin » partage le nôtre ?? Il a peut-être envie d’un câlin lui aussi.

Je les écoute depuis le début avec amusement jusqu’au moment où ils parlent de « Tonin », mon regard se porte vers lui qui reste dans son coin, subitement muet le visage devenu triste d’un coup.

Un bref coup d’œil à Thomas pour m’assurer qu’il a bien suivi lui aussi le même chemin de pensées, un petit signe de tête de sa part qui me donne assurément le feu vert et je reprends la parole avant que mon petit blondinet n’éprouve trop de peine de se sentir abandonné par nous alors qu’il était toujours présent avec nous dans les rêves qu’il faisait.

- Là les gars vous vous mettez les doigts dans l’œil !! Antonin reste avec nous, sauf bien sûr s’il préfère une autre solution !! C’est super sympa de nous proposer ta chambre « Raphi », mais nous avons la nôtre et si ta proposition était aussi pour pouvoir rester ici ce soir il n’y a pas de problèmes, comme tu l’as entendu tout le monde est prêt à te faire une place là où tu voudras aller. Arrête de faire marronner Éric car j’ai bien compris que vous avez autant envie l’un tout comme l’autre de vous rapprocher, installons-nous sur la terrasse et je vous montrerai un souvenir qui je pense ne va pas vous laisser sans faire son petit effet.

Je vois Chloé et Léa se diriger vers les premiers sièges.

- Hep !! Hep !! Hep !! Ce n’est pas pour vous les filles ! Hi ! Hi ! A moins que vous aimiez le porno gay ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 33 (Camping de la dune) (Lundi soir) (Agitations)

En fait de porno, je leur montre à tous des images subjectives des relations que nous avions tous ensemble hormis bien sûr Antoine qui avait son amoureux tout à lui et j’insiste sur les souvenirs que j’ai de ces forts moments que chacun éprouvait envers tous en donnant le meilleur de lui-même avec un bonheur sans cesse renouvelé.

Je sens que le lien se forme de nouveau et qu’il m’est inutile de continuer ma petite séance rétro, préférant laisser maintenant le temps au temps pour retrouver cette complicité à laquelle Yuan, Antonin et Antoine, participe déjà en ne doutant pas un instant que les autres nous rejoignent rapidement.

Il est temps pour chacun d’aller se coucher, aussi c’est avec plaisir que j’entraîne Thomas et Antonin vers les douches, pour ensuite rejoindre notre chambre où le petit blond surprend Thomas en allant directement lui caresser les fesses avec les yeux brillants d’envie.

Je le regarde, amusé par son manège qui est bien loin de la timidité de son alter ego dans l’autre réalité et qui m’a souvent surpris agréablement par son audace tout comme dans ses ardeurs, depuis qu’il est réapparu dans ma nouvelle vie.

- Il va falloir t’y habituer ! Hi ! Hi ! Je t’avais prévenu qu’il n’avait pas les mains dans les poches celui-là !!

Je vois Antonin s’agenouiller devant Thomas en lui baissant direct le slip de bain, excité par avance de la nuit qui promet de ne pas être triste.

Thomas me fixe en souriant, visiblement étonné d’autant de culot de la part du blondinet.

- Ni la bouche ! Hi ! Hi !

Ce n’est que le début d’une nuit de retrouvailles particulièrement agitée où nous nous sommes finalement endormis très tard ou plutôt pour être tout à fait exact, très tôt le matin suivant, repus de sexe, d’amour et de caresses.

***/***

« Mardi neuf heures du matin. »

Les filles sont déjà sur la terrasse et finissent leur petit-déjeuner quand Éric se réveille à son tour, d’abord étonné de sentir un corps chaud contre le sien alors qu’il n’avait jamais dormi autrement que seul depuis toutes ces années.

Il ouvre un œil pour observer le visage épanoui grêlé de taches de rousseur de celui qui s’est allongé près de lui la veille, en s’endormant presque aussitôt avec son bras possessif lui enserrant la taille comme si déjà il lui appartenait.

Éric a comme on s’en doute bien, mis un temps beaucoup plus long à s’endormir, bien trop pris dans la contemplation de son Raphaël qui est miraculeusement sorti de ces pages de magazines pour être en réel près de lui en exauçant ainsi un de ses vœux les plus chers.

Cette nuit il s’en souviendra toute sa vie, même s’ils ne sont restés que simplement allongés l’un contre l’autre avec seulement le simple contact du bras de Raphaël sur sa poitrine nue.

Éric s’est senti heureux comme il ne l’avait plus été depuis si longtemps, libéré de tous ses démons qui lui pourrissaient la vie depuis ces sept longues dernières années et il ne souhaite plus maintenant que d’avoir ce garçon chaque nuit auprès de lui, comprenant combien il compte déjà beaucoup.

Raphaël ouvre les yeux à son tour, il a un instant de bug lui aussi à se demander où il est et finit par se souvenir de l’endroit mais surtout de la raison pour laquelle il s’y trouve, souriant devant celui qui le mange du regard et qui le voyant éveillé, vient doucement poser ses lèvres sur les siennes pour un baiser aussi bref que marqué par un sentiment profond qui n’ose pas encore dire son nom.

- (Éric) Tu as bien dormi ??

- Comme un bébé et toi ??

- Pareil !! J’aimerais que toutes mes nuits soient désormais aussi belles !!

- Pourquoi ne le seraient-elles pas ??

- Ça voudrait dire que tu serais à côté de moi !!

- C’est ce que tu voudrais vraiment ??

Éric en guise de réponse, redonne le même baiser que précédemment à Raphaël qui en ferme les yeux de plaisir.

- Tu en penses quoi ??

- Que s’est plutôt bien parti pour, surtout si tu m’embrasses encore souvent comme tu viens de le faire !!

Éric sourit à son ami en se penchant pour lui donner un baiser passionné qui dure cette fois beaucoup plus longtemps, donnant à Raphaël si besoin était la mesure des sentiments qu’éprouve pour lui celui qui dès le premier regard avait déjà conquis son cœur.

C’est en tremblant d’émotion que les lèvres s’entrouvrent enfin pour laisser place aux langues, tout d’abord timides mais qui ensuite prennent rapidement de l’audace pour qu’enfin le baiser devienne brûlant et que les corps osent venir se frotter avec envie en gardant toutefois une réserve qu’aucun des deux garçons ne veut pour l’instant briser, sachant bien qu’ils auront le temps plus tard pour d’autres attouchements plus passionnels ceux-là mais que pour le moment le simple contact des chairs suffit pour nourrir le début de ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre.

- (Éric) Tu ne travailles pas aujourd’hui ?

- Non !! C’est mon jour de repos !!

- Tu restes avec nous alors ??

- C’était bien mon intention figure toi ! Hi ! Hi !

- Cool !!! Voilà des vacances qui s’annoncent bien on dirait !!

- Maintenant reste à savoir comment elles se termineront !!

Éric fixe Raphaël dans les yeux.

- Je sais à quoi tu penses mais tu n’as pas à t’en faire, nous avions trouvé la solution dans les souvenirs de Florian et il n’y a pas de raison qu’ici aussi ce ne soit pas pareil !!

CHAPITRE 34 (Camping de la dune) (Mardi matin) (Besoin d’argent)

Il n’est pas loin de dix heures quand enfin tout le monde est autour de la table, finissant de dévorer avec envie les dernières miettes du petit déjeuner, quand ils sont rejoints par ceux qui dormaient dans les chambres d’hôtes.

Je repense à la conversation que j’ai eue avec Jean Baptiste en voyant bien la facilité avec laquelle il s’intègre dans notre groupe, ne serait-ce que sa façon de venir naturellement embrasser les filles et venir ensuite serrer la main des garçons qui semblent tous le revoir avec plaisir.

J’attends que les conversations soient suffisamment animées pour m’arranger à me rapprocher de Philippe et de l’emmener un peu plus loin pour tenter d’en connaître un peu plus sur ce garçon, mais surtout ce qui pourrait le retenir à rester passer le reste du séjour avec nous.

- (Philippe) Quelque chose qui ne va pas Florian ?

- J’aimerais que tu me parles de Jean Baptiste !!

- (Philippe) Il y a un problème avec lui ?

- Pas du tout, bien au contraire !! C’est juste qu’hier je lui ai proposé de rester avec nous et il m’a paru à la fois tenté et réticent, je me demande bien ce qui le chagrine ?? Si c’est nous ou autre chose !!

Philippe m’explique alors le peu qu’il en sait et qu’il a appris par Jean Baptiste depuis qu’il lui a été présenté, je l’écoute avec attention en le laissant aller jusqu’au bout sans l’interrompre.

- En fait j’ai l’impression que ce garçon mérite mieux que ce qu’il a connu jusque-là et c’est pourquoi je lui ai proposé de l’aider pour qu’il arrive plus vite à s’en sortir, car il ne fait aucun doute qu’il a la volonté nécessaire pour le faire !!

- Il te plait ??

- Comment ça ??

- Hi ! Hi ! Ne fait pas cette tête-là, je ne parlais pas de sexe !! Je voulais juste dire que tu éprouves quelque chose pour lui !!

- Je l’aime bien si c’est la réponse que tu attends de moi !! Il y a en lui quelque chose qui me donne envie d’être autre chose qu’un étranger, tu comprends ??

- Bien sûr !! On voit bien qu’il est attachant, d’ailleurs regarde la petite bande !! Elle ne s’y trompe pas elle non plus et ils l’ont déjà tous accepté !! Ce serait donc l’argent qui lui ferait défaut ??

- Il travaille pour se payer ses études et tu dois bien te douter que ce n’est pas facile pour un garçon de sa condition !!

- Et bien il suffit de trouver un moyen pour qu’elle change, tu ne crois pas ??

- Tu penses à quoi ??

- A faire en sorte que l’argent ne soit plus un problème pour lui !!

- Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais fait attention avec lui Florian !! C’est un garçon très sensible qui a des principes et je ne pense pas qu’il accepterait de l’aide sans pouvoir le rendre rapidement d’une façon ou d’une autre, tu remarqueras que dans ma proposition j’ai fait très attention à ne pas heurter sa sensibilité.

- Quel jour on est ??

- Mardi pourquoi ??

- Ça je le sais, je voulais dire la date exacte ??

***/***

« Milieu d’après-midi, La Teste de Buch. »

Philippe jette un coup d’œil fréquent vers le petit rouquin qui occupe le siège à la droite du sien dans le bus, il se retourne ensuite, amusé par les visages curieux de toute la troupe alors que lui seul connaît le but exact de cette sortie imprévue.

Il revient donc vers Florian avec quand même un doute sur son projet.

- Tu es certain que ça va marcher ??

- J’estime les chances à quatre-vingt-quinze pour cent !! Il peut y avoir un décalage entre mes souvenirs et cette réalité, mais ce serait quand même étonnant !!

- Oui mais rappelle-toi que nous partons demain !!

- Je le sais bien et c’est pour ça que mon plan est à deux étapes, le seul hic pour la première c’est que je ne puisse pas trouver ce que je veux, la ville est petite et il y aura sûrement moins de choix que dans une plus grande.

- (Philippe) Bah !! Au pire il y a encore demain et Bordeaux n’est pas si loin !!

Je me tourne vers Philippe pour le regarder dans les yeux.

- Y a pas de doute, tu l’aimes déjà vraiment beaucoup toi aussi pas vrai ?

- Disons que je pense avoir trouvé la personne que je cherchais inconsciemment depuis quelque temps et que j’aimerais bien que mes idées se concrétisent.

- Moi ce n’est pas pour moi que je fais ça tu sais ?? Enfin si un peu quand même, mais pas pour la raison que tu pourrais imaginer !!

- Pour ne plus que tous tes amis les plus démunies soient dépendant et envisagent sereinement l'avenir sans avoir l'impression d'abusés de la gentillesse des autres ??

- T’es vraiment trop fort !! Comment tu as deviné ça ??

- Pas vraiment difficile tu sais !! Il suffit d’assembler les pièces du puzzle !! Le plus difficile avec toi, c'est de les obtenir pour pouvoir les placer ensuite au bon endroit !!

CHAPITRE 35 (Camping de la dune) (Mardi après-midi) (Besoin d’argent)

« Pendant ce temps-là, derrière eux dans le bus. »

Antonin discute tranquillement avec Thomas tandis qu’Éric et Raphaël, continuent à apprendre à mieux se connaître, alors que les filles sont restées au camping avec les grands-parents de Florian.

Yuan et Antoine sont eux en pleine conversation avec Jean Baptiste qu’ils apprécient déjà beaucoup et qui ils le sentent très bien tous les deux, va vite devenir un ami qui comptera beaucoup pour eux.

- (Jean Baptiste) Vous savez où nous allons ??

- (Yuan) A La Teste très certainement puisque c’est la destination du bus !!

- (JB) Il y a quoi là-bas pour que Florian veuille y aller absolument ??

- (Antoine) Les mystères de mon cousin sont impénétrables tout comme ses envies sont imprévisibles, tu l’apprendras vite avec le temps ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Philippe a l’air de connaître la raison de cette promenade on dirait, à la façon qu’ils ont de parler pour qu’il n’y ait qu’eux qui entendent.

- (Antoine) Donc ça nous concerne ou du moins l’un d’entre nous !!

Il se tourne vers Thomas.

- Dis donc beau blond ?? Toi qui connaît le loustic depuis plus longtemps que nous, tu n’aurais pas une petite idée de la raison qu’a Florian pour nous emmener ici ??

- Aucune idée !! Mais je ne suis là que depuis hier soir et cette nuit nous n’avons pas eu trop le temps pour parler ! Hi ! Hi !

- (Yuan) On a entendu ça mes cochons !!

- (Thomas) Le prochain coup vous saurez ce qu’il vous reste à faire !!

- (Antoine) On n’y manquera pas ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Thomas parlait juste de mettre des boules pour les oreilles.

- (Yuan) Dans tes rêves ! Hi ! Hi ! Elles ont ailleurs où aller mes boules !!

- (Antoine) Ça ne répond pas à ma question pour Florian ??

- (Antonin) Le mieux c’est d’attendre et nous le saurons rapidement, juste que j’ai surpris une fin de conversation hier entre « Flo » et Philippe, ils parlaient de Jean Baptiste il me semble !! Enfin !! Je ne suis sûr de rien non plus !!

Yuan se tourne vers son nouveau copain.

- Tu as discuté avec « Flo » hier ?

- Un peu, oui !!

- De quoi vous avez parlé ??

- De pas grand-chose en fait, juste de la raison qui m’a fait venir et de choses plus intimes qui en découlent.

- Tu l’aimes vraiment ?? Je veux dire, tu as aimé réellement le Florian qu’il était avant ??

C’est un truc de fou !!

- Pourquoi tu dis ça, il me semble que toi aussi tu l’aimais malgré tout ce qu’il t’a fait voir ?? C’est Philippe qui m’a expliqué un peu tout ça pour essayer de me faire comprendre ce qu’il en était maintenant.

- Tu as peut-être raison finalement !! Rien d’autre sinon ??

- Rien d’autre, quoi ??

- Vous n’avez parlé de rien d’autre ??

- Heu !! Non !!... Ah, si !! Il m’a demandé si je voulais rester avec vous tous au camping, je lui ai juste dit que ce n’était pas possible et que je n’étais là que pour deux jours.

Antonin qui écoutait depuis le début la conversation.

- C’était après t’avoir quitté qu’il a eu sa discussion avec Philippe, connaissant « Flo » je suis quasiment sûr qu’il a voulu en savoir plus sur tes raisons de refuser !!

- (Yuan) Tu n’es pas obligé de nous le dire si c’est trop indiscret !!

- (JB) Il n’y a rien à cacher, c’est juste parce que je dois absolument travailler pour payer mon inscription en fac et remettre sur mon compte la somme que j’ai dépensé pour venir ici, quand j’ai appris que Florian était sorti du coma !!

- (Thomas) Alors ne cherchez pas plus loin la raison pour laquelle nous sommes là les gars !! D’ailleurs ça me rappelle une situation quasiment identique où Florian avec l’aide du père de Raphaël a joué à un jeu radiophonique pour qu’un de nos amis puisse se rhabiller et vivre correctement ses années d’études, alors qu’il n’avait pas vraiment les moyens nécessaires pour le faire.

- (Raphaël) J’y crois pas ! Hi ! Hi ! Mon père à la radio !! Wouah !! J’aurais voulu entendre ça… parole ! Hi ! Hi !

Thomas explique en quelques phrases le fameux jour concerné, essayant de décrire au mieux la tête de chacun à chaque réponse qui était donnée aux questions du fameux « JPF » sur RTL.

- (Antoine) Tu crois qu’il va refaire le coup ??

- (Thomas) Ça m’étonnerait quand même, je ne vois pas l’utilité de venir jusqu’ici sinon !! Je pense plutôt qu’il a une autre idée en tête et avec lui il faut s’attendre à tout !! Si j’ai un conseil à te donner Jean Baptiste, c’est de faire point par point ce qu’il te demandera de faire pour arriver à ses fins !!

- (Antonin) Pourquoi lui demandera-t-il de faire quelque chose alors qu’il pourrait s’en occuper lui-même ??

- (Thomas) Pour que Jean Baptiste croit que ça vient de lui tout simplement, car je présume que Philippe t’avait déjà proposé de t’aider et que tu as refusé ?

- (JB) Je me suis toujours débrouillé seul et je ne suis pas venu ici pour que ça change !!

- (Antoine) Il faut parfois mettre son orgueil de côté quand des personnes souhaitent sincèrement nous venir en aide, penses-y « JB », il n’y a aucune honte à ça si c’est fait en toute amitié et sans arrière-pensée.

Jean Baptiste reste un instant songeur, déjà agréablement surpris du diminutif qu’a pris Antoine pour s’adresser à lui et ensuite du ton amical de ses paroles qui il l’a bien compris ne le juge pas mais lui donne simplement matière à réfléchir.

CHAPITRE 36 (Camping de la dune) (Mardi après-midi) (Besoin d’argent) (suite)

Thomas comprend au ralentissement du bus que celui-ci arrive à destination, il pose sa main amicalement sur l’épaule de Jean Baptiste.

- Ce que t’a dit Antoine est plein de bon sens, Florian ou du moins ce Florian, fera tout pour que celui qu’il considère comme un ami ne soit jamais en galère et tu devrais en tenir compte en te disant que s’il fait ça pour toi, c’est justement parce que pour lui tu n’es déjà plus un étranger.

- (JB) Mais…Je….

- Fais celui qui ne se doute de rien et laisse-toi aller dans son jeu, je ne connais pas ses intentions mais ce dont je suis certain, c’est qu’il fera en sorte que ça ne froisse pas ta sensibilité et puis tu tiens à rester son ami pas vrai ?

- Bien sûr !!

- Alors accepte l’aide d’un ami, ils sont faits aussi pour ça !!

***/***

« Centre-ville de La Teste de Buch. »

La demi-heure qui suit suffit largement pour faire le tour des vitrines du centre-ville, ils décident ensuite de s’arrêter pour boire un coup et manger une glace offerte généreusement par Philippe, dans un petit bistrot tabac-presse-loto plein de charme.

Ils en sont tous là à discuter joyeusement en sirotant leur verre quand Antonin s’aperçoit de l’étrange surveillance qu’a l’air de faire Florian sur le comptoir, à chaque fois qu’une personne achète un ticket à gratter de la française des jeux.

Ses yeux s’allument alors en comprenant à quoi il joue et il ne peut s’empêcher de lui en faire la remarque.

- Tu cherches un ticket gagnant donc ??

Je prends l’air le plus naturel possible pour lui répondre, alors que c’est bien le but de ma recherche.

- Tu sais bien que ce n’est pas possible !!

- Avec toi plus rien ne m’étonne, dis-moi à quoi tu joues alors ??

- A rien je t’assure !! Juste que j’aimerais tenter la chance, on ne sait jamais ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Alors vas-y, qu’est-ce que tu attends ??

- J’ai oublié mon porte-monnaie ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Pffttt !!! Je vois qu’ici aussi tu es bien le même, désolé mais pour moi c’est pareil et je ne pourrai pas te servir de banquier pour l’instant, va falloir que tu tapes quelqu’un d’autre ! Hi ! Hi !

Je le regarde en faisant mon air de cocker, ce qui bien sûr amuse tout le monde mais je trouve étrange quand même qu’aucun de mes amis ne se propose à me prêter les quelques Euros qui me seraient nécessaires.

- Hé les gars !! Ce n’est pas parce qu’on est au bord de la mer qu’il faut avoir des oursins dans vos poches !! Vous voulez que j’aille faire la manche dehors ou quoi ?? En plus je partage avec celui qui me prête des tunes si je gagne !!

Éric sort une pièce de deux euros de sa poche.

- Aller !! Avec le bol que tu as, je suis sûr que je vais faire fortune ! Hi ! Hi !

Antonin sort deux euros de sa poche à son tour qu’il dépose près de ceux d’Éric sur la table.

- Moi aussi et ça tombe bien parce que mes fonds sont plutôt bas ! Hi ! Hi ! Aller les gars chacun met deux euros et on laisse notre chanceux choisir les bons tickets !!

Je fais un clin d’œil à « Tonin » qui apparemment semble entrer dans mon jeu, bientôt les pièces tombent les unes après les autres jusqu’à ce que tous y aient mis leurs contributions et je note avec plaisir que Jean Baptiste n’est pas le dernier à le faire.

Je vais donc pouvoir mettre en œuvre la première étape de mon plan, je ramasse donc toute la somme et je vais en faisant le pitre jusqu’au comptoir, où le patron qui a suivi la discussion sans en avoir l’air m’accueille avec amusement.

- Tes amis ont l’air de croire en toi gamin ! Hi ! Hi !

- Vous voulez jouer avec nous ? Ça vous permettra de remettre un petit coup de peinture dans le bar ! Hi ! Hi !

- Chiche gamin !!

- Topez là monsieur !! Prévenez votre banquier ! Hi ! Hi ! Ça va lui faire un choc !!

Le patron rit avec moi en sortant la pièce de sa poche et en la mettant avec celles que j’ai déposées sur le comptoir.

- Je vais peut-être attendre de voir avant, histoire de ne pas passer pour un drôle ! Hi ! Hi !

- Je peux choisir ??

- Ce n’est pas une demande courante mais rien ne l’interdit non plus, juste que c’est moi qui te montre si tu n’y vois pas d’inconvénients !!

- Ça me va !!

Je mets bien cinq minutes à choisir pour les dix-huit euros qu’il y a sur la table puisque Éric a misé pour moi mais aussi pour lui et Yuan en a fait autant pour Thomas, bien sûr je fais très attention à ne pas trop porter mon regard sur chaque ticket afin de ne pas amener le doute que je pourrais voir ce qu’il y a d’inscrit à travers la partie à gratter.

Ce qui pourtant est bien le cas, du moins pas complètement non plus car ça reste flou mais suffisant toutefois pour percevoir les ombres des chiffres derrière la barrière de gomme qui est censée les protéger du regard.

Aussi je choisis en premier ceux pour qui la somme est inscrite en grosse lettre comme par exemple pour les « banco », n’omettant pas de prendre celui que j’avais déjà eu le temps de repérer avant de me lever de ma chaise.

- Bon !! Voilà c’est fait !! On fait comment maintenant ? On partage sur l’ensemble où chacun prend le ou les siens suivant la valeur du ticket ?

- (Philippe) Tu es l’instigateur du jeu alors c’est toi qui choisis, tout le monde est d’accord ?

Personne ne semblant s’y opposer, je fais donc la distribution en donnant bien sûr à Jean Baptiste celui que j’avais repéré tout à l’heure.

- Je sens que j’ai eu la main verte ! Hi ! Hi !

Le patron commence à gratter le sien sous les regards curieux de tous les clients qui sont dans le bar et qui ont assisté à la conversation, je vois à ses yeux la surprise que lui révèle son ticket une fois qu’il a fini son grattage et son regard incrédule se reporter ensuite vers moi.

- Cent euros de gains !! Je rejoue avec toi quand tu veux gamin !! Pas de quoi appeler mon banquier mais ça fait toujours plaisir quand même, du coup la tournée est pour moi !!

CHAPITRE 37 (Camping de la dune) (Mardi après-midi) (Besoin d’argent) (fin)

C’est avec une certaine fébrilité que chacun fait ensuite comme lui, bien sûr les gains ne sont pas aussi importants et ceux qui ont eu deux tickets n’en ont qu’un seul de gagnant, les sommes allant du remboursement à une dizaine d’euros.

Par contre la tête de Jean Baptiste montre que pour lui c’est différent et ses yeux s’arrondissent devant la somme indiquée.

- (Yuan) « JB » a touché le jackpot on dirait !!

- (Antonin) Fais voir ?? Waouh !! Cinq cent euros !! Putain la chance !!

Le patron sourit, montrant par là même qu’il n’est pas du tout jaloux et qu’il est bien comme je l’avais pressenti, un gars honnête déjà bien content d’empocher ces cent euros gagnés en quelques secondes.

- Normalement je ne devrais pas vous versez la somme et il vous faudrait aller jusqu’à la française des jeux la plus proche, mais vu les circonstances je vais faire une exception, comme ça pas besoin d’aller jusqu’à Bordeaux.

- (Philippe) C’est gentil de votre part monsieur !!

Il s’absente donc quelques minutes dans son arrière-boutique pour échanger ensuite à Jean Baptiste son ticket gagnant contre la somme indiquée, après bien sûr avoir vérifié qu’il n’y avait pas d’erreur.

Ce n’est que quand il vient se rasseoir à notre table, qu’Antoine lui demande.

- Tu vas pouvoir rester avec nous maintenant que tu es plein aux as ! Hi ! Hi !

- (Yuan) S’il te plaît, reste !! Ce serait sympa

Jean Baptiste fixe Philippe en semblant lui demander son avis.

- (Philippe) Je pense que ça te fera du bien et comme ça tu pourras réfléchir à ma proposition, de plus tout est payé d’avance donc ça compensera ton manque à gagner. Regarde autour de toi, tous tes nouveaux copains ne demandent qu’à ce que tu restes avec eux et je ne doute pas un instant que leurs amitiés te soient acquises et soient sincères.

Jean Baptiste regarde alors tous ceux qui autour de lui hochent la tête en guise d’accord avec les paroles de Philippe, ses yeux soudainement brillent d’émotion pour venir enfin se fixer dans les miens.

- C’est vrai alors ?? On est vraiment amis ??

- C’est un truc qui se décide à deux ! Hi ! Hi ! Mais oui, je peux t’assurer que c’est ce que je ressens pour toi et je t’en ai déjà parlé il me semble. Maintenant les gars comme je me sens en pleine gagne, je vous propose de mettre une partie de vos gains pour faire un loto.

Je me penche pour parler à voix basse, ne tenant pas à être entendu par les autres clients et le patron, qui il me semble ont toujours une oreille à l’écoute sur notre groupe.

- J’ai des numéros qui me trottent dans la tête si vous voyez ce que je veux dire ??

- (Antoine) Tu parles de ta mémoire photographique ??

- Exactement !!

- (Raphaël) C’est impossible puisque le tirage n’a pas encore eu lieu !!

- (Thomas) Ici peut-être mais rappelez-vous que là d’où je viens cette journée s’est déjà produite !!

- (Philippe) Et tu te rappelles de choses aussi insignifiantes que ça alors que je présume tu n’as jamais joué à ce jeu ??

- En fait tu as raison sur le principe, juste que c’est une information que j’ai gardé en mémoire parmi tant d’autres et c’est pour ça qu’hier j’ai demandé quelle date exacte nous étions.

- (Antonin) Tu te rappelles aussi du gain ??

- Bien sûr, oui !!

- Et ????

- C’est beaucoup d’argent ! Hi ! Hi ! Assez pour que chacun de nous n’ait plus à se préoccuper de son argent de poche pendant un bout de temps !! Ça aidera pour terminer nos études.

- (Philippe) Quand tu dis « nos », je présume que tu penses surtout à ceux de tes amis qui sont en galères ??

- Bien sûr !! Mais c’est aussi pour dédouaner les autres d’être aux crochets de leurs parents et surtout pour qu’entre nous le partage soit équitable, alors vous en dites quoi ??

- (Éric) C’est de la triche, si quelqu’un s’en aperçoit nous aurons l’air malin !!

- Comment ça de la triche ?? Le tirage n’a pas encore eu lieu pas vrai ?? En plus rien ne dit que ce seront les mêmes numéros qui sortiront, il y a quand même quelques écarts d’une réalité à l’autre et certains même qui m’ont déjà affecté plus que d’autres il me semble !!

- (Philippe) Je ne vois rien à redire à ça !! Ton raisonnement se tient, la chance a encore son mot à dire en fin de compte et ce même si les probabilités se trouvent largement améliorées !! Il faut juste que tu prennes en compte que la somme sera moitié moindre puisqu’il y a eu au moins un gagnant dans tes souvenirs.

- Alors banco !! On joue aussi pour les filles, d’accord ?? Chacun mettra sa part et nous irons jouer ailleurs qu’ici, ce serait imprudent sinon après ce que nous avons déjà dit ou fait dans ce bar.

***/***

« Une demi-heure plus tard. »

Antoine sort du bureau de tabac situé à l’autre bout de la petite ville, en tenant en main le reçu pour le tirage du samedi qui vient, il me le tend et s’étonne que je n’accepte pas de le prendre.

- Ça ne change rien que tu le prennes, puisque nous partagerons s’il est gagnant !!

- Justement, pourquoi moi ?? Garde-le puisque c’est toi qui l’as validé !!

CHAPITRE 38 (Camping de la dune) (Mardi fin d’après-midi) (Où on aimerait être ailleurs)

Le retour aura été encore plus joyeux que l’aller et en y regardant bien, beaucoup de choses semblent avoir évolué en très peu de temps.

Ne serait-ce déjà les affinités qui commencent à bien se démarquer, Éric avec Raphaël bien sûr mais aussi des intérêts collatéraux qui m’amusent particulièrement rien qu’au fait qu’ils ressemblent étrangement à mes souvenirs.

Déjà Thomas qui se place pour le retour entre Yuan et moi alors que Raphaël prend la place libre à ma gauche et qu’Antonin termine de remplir la dernière place du fond du car aux côté d’Éric qui de ce fait se retrouve entre mon petit blond et celui qu’il couve des yeux depuis hier, Antoine pour sa part se tenant près de Yuan à l’autre extrémité de l’immense banquette arrière.

Philippe s’est replacé au même endroit qu’à l’aller et a maintenant « JB » près de lui, la conversation animée et joyeuse entre eux deux, montre bien que le courant passe décidément très fort et qu’il ne fait plus guère de doute sur la décision finale de Jean Baptiste à la proposition de son nouvel ami.

Hormis bien sur Mathis, je suis super content d’avoir retrouvé tous ceux du sud qui comptaient pour moi et je commence à envisager d’en faire autant très vite avec ceux de Reims pour terminer avec ceux de Paris, en me doutant bien que ce ne sera pas aussi simple pour ces derniers puisque beaucoup moins proches de moi.

Je me demande aussi si ce serait judicieux d’aller vérifier si le cirque Gruss ne serait pas par hasard dans la région, Erwan ayant lui aussi malheureusement disparu ne connaîtra donc jamais son chéri acrobate équestre et cette pensée me rembrunit en même temps que je me fais la réflexion que jusqu’à maintenant depuis que je suis ici et ne serait-ce les abeilles, je n’ai pas encore eu trop le temps de tester mon feeling avec les animaux.

C’est là que je me rends compte du chemin me restant à parcourir, ça et le manque que je ressens de plus en plus puissant d’exercer ce métier que j’aime du plus profond de mon être et ce besoin de venir en aide à ceux marqués par la maladie et les accidents de la vie.

J’essaie de chasser ces pensées soudaines empreintes de morosité, pour revenir au présent et profiter comme il se doit de mes amis qui eux à l’évidence n’ont pas l’esprit à autre chose qu’à la plaisanterie, au vu des rires accompagnés des paroles volubiles et bruyantes, qui m’arrivent aux oreilles.

Du coup mes sens reprennent le dessus, la douce chaleur des cuisses nues de Thomas et de Raphaël contre les miennes commençant même à me faire un effet qui bien sûr va très rapidement devenir facilement détectable si je ne calme pas très vite ma montée brusque de libido.

Autant je connais l’effet que me fait le contact d’avec mon Thomas, autant je suis conscient également de l’excitation particulière qui me prend quand j’ai le même genre de contact avec Raphaël et je dois dire que les deux ensemble me stimulent singulièrement, au point que j’en ai la gorge sèche à retenir mes mains qui petit à petit se rapprochent de leurs cuisses dans l’intention d’aller les caresser, malgré que je sois bien conscient que l’endroit ne se prête pas à ce genre d’attouchement en public.

Pourtant ces peaux bronzées aux duvets blonds et roux qui se frottent à mes cuisses commencent sérieusement à m’exciter grave, mon sexe d’ailleurs ni résiste pas et sa raideur m’envoie des picotements dans tout le corps, m’électrisant d’une envie de plus en plus forte de le prendre en mains alors qu’il m’est bien sûr impossible de le faire.

Jusque-là personne ne s’en est encore aperçu, trop occupé dans leurs discussions pour ça et je prie pour qu’aucun d’entre eux n’ait l’idée d’y porter le regard, tirant doucement sur mon tee-shirt pour tenter de cacher au mieux cette raideur qui bien sûr n’a pas l’intention de se calmer, mon esprit étant trop obnubilé dessus pour ça.

Cinq minutes se passent où tout continue à aller pour le mieux quand je sens le regard de Thomas qui s’inquiète certainement de mon mutisme depuis que je suis monté dans le bus, je lève les yeux sur lui et je vois les siens qui s’allument avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres, je comprends alors que je viens de me faire capter et je sens la bouffée de chaleur me prendre le visage en lui envoyant un petit sourire en retour lui montrant à quel point je suis gêné d’être ainsi exposé aux yeux de tous, mais surtout des autres voyageurs qui ne manqueraient pas de se moquer de moi s’ils venaient eux aussi à s’en apercevoir.

Je le vois regarder autour de lui, sans doute cherche-t-il quelque chose pour cacher mon érection mais hélas nous sommes tous seulement vêtus d’un short et d’un tee-shirt, à part Philippe qui lui a un pantalon, un polo et une veste, je lui fais signe que non quand je comprends son intention et je ferme les yeux de honte quand malgré tout il se lève pour aller vers lui.

Quelques secondes plus tard je sens quelque chose qui me recouvre le bas ventre et j’ouvre à nouveaux les yeux pour m’apercevoir que ce que je craignais le plus venait d’arriver et que ce sont maintenant tous les regards moqueurs de mes amis qui me dévisagent, m’amenant dans un moment de solitude que je ne souhaite à personne.

Ils doivent s’en apercevoir à leurs tours car très vite leurs regards dévient pour regarder ailleurs, à part Raphaël qui semble jubilé et qui maintenant frotte doucement sa cuisse en une longue caresse sur la mienne, s’amusant visiblement de ma gêne en me fixant avec un mélange de moquerie amicale mais aussi d’un certain trouble de comprendre qu’il en est très certainement pour une bonne part responsable.

L’envie que j’aie de lui, augmente alors de manière exponentielle et mes yeux étincellent dans les siens jusqu’à ce qu’un mouvement me fasse baisser le regard pour comprendre le motif de son geste qui amène une partie de la veste de Philippe sur son short à lui.

J’éclate alors d’un rire phénoménal qui me secoue des pieds à la tête, faisant se retourner sur moi tous les regards des voyageurs qui se demandent ce qui arrive et commencent à partir en vrilles à leurs tours, ne pouvant résister au rire communicatif qui me noue l’estomac et à ma plus grande joie, me fait débander à la vitesse de l’éclair.

Seul celui qui a eu ce genre de fou rire peut comprendre combien ça semble long et surtout combien ça fait mal, les minutes qui suivent le démontrent encore cette fois ci jusqu’à ce qu’enfin le calme revienne et que je regarde de nouveau Raphaël qui en a encore les larmes aux yeux.

- Toi mon gaillard !! Tu ne perds rien pour attendre !!

Puis plus bas à l’oreille.

- Rendez-vous avec Éric ce soir en haut de la dune, je vous y attends avec Thomas et ceux qui voudront venir, on verra si tu joueras autant le malin quand ce sera à mon tour de venir t’aguicher devant les autres.

CHAPITRE 39 (Camping de la dune) (Mardi début de soirée) (Révélation)

Une fois de retour au camping, nous rejoignons ceux qui étaient restés là pour leur expliquer comment nous avons passé l’après-midi et c’est volontiers que Chloé et Léa, mettent la main au porte-monnaie pour payer leur tribut, les yeux brillants déjà de l’espoir d’un gain substantiel.

Philippe revient vers moi après s’être absenté un long moment.

- J’ai prévenu Maurice pour Thomas, tu te doutes bien qu’il m’a encore pris pour un illuminé ! Hi ! Hi ! Attendons-nous à le voir ici d’ici pas longtemps.

- Tu crois qu’il est encore temps pour lui redonner sa véritable identité ??

- Pour ça il faudra que tu voies avec lui, je ne sais pas où il en était avec les papiers de Benjamin !! N’oublie pas qu’il y a encore les parents de Léa à mettre au courant, je ne saurais prédire leurs réactions tu sais ?? Ils aimaient vraiment Benjamin !!

- Quand ils comprendront que Thomas dans l’autre réalité était aussi leur fils, je pense qu’ils l’accepteront !! Après tout, que ce soit pour le frère d’André plutôt que pour leurs amis qu’ils ont donné l’embryon, qu’est-ce que ça change ??

- Tu vois ça à ta fenêtre !! Rappelle-toi qu’il y a eu une grave dispute sûrement à ce sujet qui a séparé la fratrie Louvain, j’espère juste qu’André regrette après toutes ses années et que son frère lui manque suffisamment pour qu’il accepte l’idée qu’ailleurs dans un autre temps un fils lui revienne.

- Bah !!! De toute façon mon « Thom-Thom » est irrésistible, tu n’as qu’à regarder comment Léa est déjà après lui depuis hier.

- (Philippe) J’avoue qu’il dégage un charme fou pour le moins inhabituel !! Je ne serai pas étonné d’apprendre qu’il porte en partie le même secret que toi !!

Les dernières paroles de Philippe raisonnent dans ma tête, et s’il avait raison ? Comment expliquer sinon qu’il ait pu traverser lui aussi d’une réalité à l’autre ? Je me suis obnubilé à croire que c’est ce que j’avais mis dans la tête d’Antonin, en pensant jusque maintenant que c’était très certainement ce qui avait provoqué cette substitution.

- Il faudra qu’on reparle de ton idée, j’aimerai connaitre la raison qui t’a fait dire ça.

- Pas de soucis mon garçon, j’ai bien vu que cette pensée te trouble !! Maintenant il n’est pas temps de reprendre nos séances, tu es en vacances rappelle-toi et tes amis n’attendent plus que nous pour aller dîner.

J’acquiesce sans plus insister en mettant quand même le sujet dans un coin de mon esprit pour y revenir plus tard, ce n’est qu’une fois entré dans le restaurant de Franck que je reviens vraiment à la réalité de ce qui m’entoure et la grande table en bout de la salle me fait revivre un souvenir qui m’amène à la fois le sourire mais aussi la nostalgie de ce temps où tout était merveilleux, sans les atrocités de cet autre moi ni tous ces efforts qu’il me sont nécessaire de faire pour reprendre ma vie là où elle s’était arrêté.

Je vois qu’il y a quinze couverts d’installés et j’ai beau recompté plusieurs fois, je ne vois pas qui sont les deux voire trois convives en plus.

Ce n’est que quand la porte s’ouvre à nouveau et que Jean accompagné de sa femme nous apparaît, que je comprends enfin qui sont les derniers invités à notre tablée.

C’est donc toute contrariété oubliée que je m’avance vers eux avec le sourire.

- Je suis content que vous vous joigniez à nous, on dirait que ça va mieux depuis hier pas vrai ?

- (Anne) Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait pour moi Florian !!

- Ce n’est qu’une question d’habitude !! Au moins cette fois je n’ai pas eu besoin de vous courir après jusqu’à l’hôpital ! Hi ! Hi !

- (Jean) Cette histoire est quand même singulière, j’avoue avoir du mal à l’accepter.

- N’en parlons plus alors, ce qui compte c’est que toute votre famille aille bien maintenant et que j’ai retrouvé mon « Raphi », d’ailleurs en parlant de lui !! Il est en fac si je ne me trompe ?

- (Jean) Oui à Aix pourquoi ?

- Dans mes souvenirs il y était déjà, il voulait être vétérinaire !!

- (Jean) Pour l’instant il est en fac de médecine, il n’a pas encore choisi de spécialisation il me semble !! Si c’était le cas, il m’en aurait très certainement parlé !! L’avenir de mon fils semble t’intéresser on dirait ??

- En effet, oui !! J’aime beaucoup Raphaël vous savez ??

- (Anne) Lui aussi t’aime déjà beaucoup, il y a bien longtemps que je ne l’ai pas vu aussi visiblement heureux.

- (Jean) Il était plutôt distant avec les étrangers avant de vous rencontrer, mon fils a toujours eu peur qu’on se rapproche de lui juste pour son physique.

- Pour nous ce n’est pas la priorité vous savez ??

- (Anne) Ah !! Vraiment ?? Pourtant on ne le dirait pas à vous voir !!

- Pourtant c’est la vérité et la moitié de mes amis sont ou des fils d’amis très proches de mes parents, ou des amis d’enfance et ce n’est pas de ma faute s’ils sont devenus aussi canon en grandissant ! Hi ! Hi !

- (Jean) Ça tombe bien, avoue-le quand même !!

- Ce n’est pas moi qui dira le contraire, juste pour vous faire comprendre que Raphaël n’a rien à craindre avec nous et que si nous l’acceptons ce n’est pas juste pour son physique, d’ailleurs à part les filles et Éric, nous sommes déjà tous avec quelqu’un.

- (Anne) Pourquoi vos amies ne vous accompagnent-t-elles pas ?

Je montre mes copains un par un.

- Lui c’est Yuan, il est avec mon cousin Antoine là-bas et le petit blond c’est Antonin, il est avec moi et mon Thomas, le grand blond qui vous tourne le dos près de mes grands-parents, Éric c’est le grand brun qui ne lâche pas votre fils d’une semelle et qui est encore célibataire pour quelques heures ! Hi ! Hi !

- (Anne) Comment ça pour quelques heures ?

- (Jean) Encore cette histoire de souvenirs que tu nous as raconté hier ??

- Il y a de ça en effet, plus le fait que depuis hier il a rencontré son chéri et que ça a été le coup de foudre réciproque, mais vous le connaissez en plus !!

- (Anne) Vraiment ??

- Eh bien oui quoi !! C’est un grand rouquin typé hyper beau gosse qui fait des photos dans les magazines ! Hi ! Hi !

Jean suit des yeux Éric qui reste collé à son fils depuis qu’ils sont entrés, il remarque aussi le visage resplendissant de Raphaël qui à la moindre occasion lui pose la main sur l’épaule comme pour s’assurer qu’il n’est jamais loin de lui.

- Raphaël !!!

CHAPITRE 40 (Camping de la dune) (Mardi début de soirée) (Un dîner plus que parfait)

- Jackpot beau papa ! Hi ! Hi ! Mais chut !! Pour l’instant ils ne se sont pas encore déclarés, laissons-leur savourer le plaisir de ces moments où ils se cherchent encore. Vous devez me croire fou de vous en parler, si je le fais c’est parce que je vérifie que vous accepterez le bonheur de votre fils.

- (Jean) Encore tes souvenirs ??

- Oui mais pas que !! J’ai bien vu combien vous aimiez « Raphi », son bonheur compte plus pour vous que de stupides préjugés pas vrai ? L’amour est une denrée rare qu’il faut prendre quand elle se présente à vous, quelle que soit la personne qui éveille ce sentiment. J’aime Thomas à un point que vous ne pourriez même pas imaginer !! Si je vous disais qu’il a traversé l’espace et le temps pour me rejoindre, vous ne seriez pas encore prêt à me croire et pourtant c’est un fait !! Regarde le bien et tu te rendras compte qu’il n’est plus tout à fait le même que celui qui est entré dans ton bureau à notre arrivée !! Vous vous demandez j’en suis certain pourquoi je vous dis tout ça ?? C’est tout simplement parce que mon bonheur et trop grand et que j’éprouve le besoin d’en parler mais que dès que cette conversation aura pris fin, vous ne vous rappellerez plus de rien à part dans votre inconscient qui vous aidera à accepter ces vérités quand le moment sera venu. Allons-nous mettre à table et célébrons toutes ces nouvelles amitiés qui réchauffent nos cœurs !!

***/***

Je les laisse s’installer aux côtés de Philippe et de mes grands-parents, visiblement troublés en cherchant justement le pourquoi de cette impression qu’ils ressentent et qui très vite s’efface pour qu’enfin ils puissent profiter de la soirée sans plus de questions, prenant plaisir à cette ambiance joyeuse où ils en ressortiront plus riches en amitiés.

***/***

Pour ma part, je vais m’asseoir entre Antonin et Thomas, pour prendre part aux conversations qu’ont mes amis sur tout plein de choses, pour la plupart sans réel intérêt comme j’adore en fait le faire.

C’est Franck qui cette fois vient prendre notre commande, visiblement ému de voir son meilleur ami accompagné de son épouse souriante et dans une santé rayonnante, qu’il n’était et c’est peu de le dire, plus habitué à voir depuis de longues années.

- Bonsoir tout le monde !! Je vous ai mijoté ma spécialité qui j’en s….

- Waouh !!!!!Youppiiiii !!!!!! Avec le plat de rabe comme d’habitude ?

Le cri de guerre que j’ai poussé l’a fait sursauter, avant qu’il se tourne vers moi avec surprise.

- Je n’ai pas encore dit ce que c’était, il me semble ??

- Calamars farcis à la Francky !! Vite !! J’adore trop ça, depuis le temps que j’en rêve !!!

L’air franchement ahuri de Franck qui est le seul bien sûr à ne pas comprendre le pourquoi du comment des paroles du petit rouquin excité, fait éclater de rire toute la tablée, Anne et son mari compris.

- (Jean) Je t’expliquerai ça demain si tu veux, en attendant sert vite ce garçon si tu ne veux pas qu’il aille direct se remplir l’estomac en cuisine ! Hi ! Hi !

***/***

« Une bonne heure plus tard. »

Franck observe avec consternation ses plats récurés jusqu’au dernier.

- Ne me dites pas que vous avez encore faim ??

- (Jean) Je pense que non ! Hi ! Hi !

- Tu me rassures là !! Je me demande où ils ont pu mettre tout ce qu’ils ont avalé !!

- (Michel) N’hésitez pas à me présenter la note pour les suppléments.

- Il n’en est pas question !! C’est de ma faute en plus, je connaissais le succès de ce plat en le faisant et puis quel plaisir de voir toute cette jeunesse se régaler comme ça, il vous reste bien une petite place pour le dessert quand même ? C’est aussi une spécialité de la maison et vous m’en direz des nouvelles, maintenant ce n’est peut-être plus un secret non plus ?

Je le fixe dans les yeux, amusé de voir que c’est après moi tout spécialement qu’il en a en posant la question.

- Surtout que j’adore les glaces et encore plus celles faites maison avec les fruits confits dedans !! On appelle ça une plombière pas vraie ??

- Ce n’est pas possible !! Tu as été fouiné jusque dans mon congélateur ou quoi ??

- (Raphaël) Je vais t’aider à les préparer !!

Ce n’est qu’une fois avoir fait de nouveau un sort aux coupes généreusement remplies, que les questions de comment terminées la soirée, arrivent sur le tapis et je capte direct les coups d’œil de Raphaël qui doit se rappeler de ce que je lui ai dit dans le bus.

Il me voit aller discuter cinq minutes avec Chloé et Léa, avant de reprendre ma place pour reporter mon attention sur lui avec un petit sourire en coin qui lui fait bien comprendre que je n’ai rien oublié.

- (Chloé) Je ne sais pas pour vous les garçons, mais avec Léa on va sûrement profiter des animations pour aller danser un peu.

- (Léa) Il y aura bien quelques beaux mecs intéressés par les filles pour nous inviter ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Surtout ne vous bousculez pas pour vouloir nous accompagner ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 41 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Entre copains sur la dune)

- (Michel) Nous par contre nous allons vous laisser, nous repartons demain et j’avoue que la journée au grand air m’a fatigué.

Philippe se lève, bien content lui aussi de pouvoir rentrer se coucher, il remarque néanmoins le regard hésitant que Jean Baptiste porte sur lui et Florian, il sourit en comprenant bien le dilemme que se pose le jeune homme à repartir avec eux ou rester avec ses nouveaux amis.

- Tu peux rester si tu en as envie, il y aura bien une place pour toi cette nuit dans un des mobil home !!

- Je ne sais pas si …

- Bien sûr que oui !! Tu fais partie de la bande maintenant !!

Le sourire qu’il m’envoie en réponse à mes paroles en dit long sur le plaisir qu’il ressent à se voir accepter parmi nous.

- Je veux bien rester alors !!

- (Yuan) Alors c’est cool !!

- (Antoine) Ça ne dit pas ce qu’on va bien pouvoir faire, qui a une idée ??

- Moi !!!

Ils me regardent tous avec curiosité, sauf bien sûr Raphaël qui pique un bol maison en sentant mon regard amusé se fixer de nouveau sur lui.

***/***

Thomas me demande à voix basse.

- C’est quoi l’idée ??

- Je compte trois puceaux parmi nous !!

- Et ??

- Je compte bien à ce qu’il y en ait au moins deux qui ne le soient plus d’ici demain ! Hi ! Hi !

- Je vois !! Et pour « JB » ??

- Ce n’était pas prévu alors faudra s’adapter, je n’allais quand même pas lui dire de rester avec les adultes quand même !! Il l’aurait sûrement mal pris en plus !!

***/***

C’est Antoine qui prend la parole.

- Qu’est-ce que vous complotez tous les deux ??

- Thomas me disait qu’il irait bien passer quelques heures sur la dune, nous pourrions faire des jeux ou encore prendre un bain de minuit !!

- (Antonin) Un vrai ?? Tout nu ??

- (Chloé) On va peut-être rester avec vous en fin de compte ! Hi ! Hi !

- (Maryse) Nous aussi ! Hi ! Hi ! Qu’est-ce que tu en penses papy ??

Michel observe avec le sourire les regards soudainement gênés des jeunes qui cherchent à savoir si c’est dit juste pour plaisanter ou si c’est du sérieux, visiblement peu enclin et c’est bien compréhensible, à les avoir avec eux pour ce genre d’activités.

- Ta proposition n’a pas vraiment de succès ! Hi ! Hi ! Allons les jeunes !! Ne faites pas cette tête-là, c’était pour rire vous vous en doutez bien !!

- (Chloé) Moi aussi, je nous vois mal avec Léa au milieu de tous ces mâles en manque ! Hi ! Hi ! Bon !! Amusez-vous bien, nous on va profiter de la musique !!

***/***

« Une demi-heure plus tard, en haut de la dune. »

La montée après un dîner aussi consistant nous laisse essoufflés les jambes coupées une fois arrivés au sommet de la dune, nous nous asseyons en cercle pour pouvoir discuter tous ensemble en reprenant des forces et je vois bien qu’ils sont tous intrigués par ce que j’ai apporté avec moi.

- (Éric) Pourquoi tu te trimbales avec ça ??

- Devinez ! Hi ! Hi !

Je pose au centre du cercle après avoir tasser le sable en dessous le carton épais et ensuite la bouteille vide, que je place au milieu en la faisant tourner.

- Vous connaissez le jeu action ou vérité ??

- (Antoine) Waouh !! Ça va être chaud !!

- Pourquoi ?? Quelqu’un aurait préféré que j’amène du tricot ??

- (Antonin) Moi je suis partant !!

- (Thomas) Moi aussi !!

- (Yuan) Moi aussi !! Mais je te signale quand même au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, qu’il y en a trois parmi nous qui sont encore comment dire…

CHAPITRE 42 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Action ou vérité, les limites)

- Puceau ?? Et alors ?? Il suffit de mettre les limites jusqu’où nous sommes prêts à aller, de toute façon je ne pense pas qu’ils veuillent y rester toute leur vie !! Pas vrai les gars ?? Et si c’est le cas et bien ils peuvent toujours partir rejoindre les filles ! Hi ! Hi !

Voyant qu’ils s’observent en douce, sans oser prendre la parole ni se lever pour faire comme je l’ai suggéré et aller retrouver Chloé avec Léa au bal du camping, je continue donc à leur exposer mon idée de jeu.

- Pas de mensonges, on répond honnêtement aux questions et aux actions, juste que chacun a le droit à un joker pour le cas où ce serait trop indiscret ou encore si l’action demandée est trop gênante, d’accord ?? Bien sûr il faudra y aller tranquille et laisser chauffer la salle ! Hi ! Hi ! Maintenant reste à définir les limites qu’on se donnent et pour ma part je dirais mais je suis sûr que personne ne penserait à le faire, qu’il faut rester dans l’idée générale du jeu et ne pas poser des questions ou demander des choses qui heurteraient fatalement celui à qui on le demanderait. Sinon à part ça je ne mets personnellement aucune limite ! Hi ! Hi ! J’attends même de tomber sur certaines personnes pour …. Mais je n’en dirai pas plus !!

- (Raphaël) Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens particulièrement viser ! Hi ! Hi !

- (Éric) J’allais dire la même chose ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Pour ma part je viens d’arriver et j’avoue mais ce n’est pas un secret je pense, que là d’où je viens, j’avais déjà comment dire… des rapports avec certains d’entre vous et que donc ça me fait tout drôle de penser que pour ceux-là, il n’y aura aucuns souvenirs de tous ces bons moments passés ensemble et pour être franc à part « JB », les autres n’ont pas grand-chose pour ne pas dire rien à me cacher !!

- Même Antoine ??

- Je t’avais prévenu que nous nous étions beaucoup rapprochés il me semble ??

- C’est vrai mais je n’avais pas percuté que ça avait été jusque-là !! Remarque je te comprends puisqu’ici ça a été pareil pour moi.

Je me tourne vers Jean Baptiste en le fixant dans les yeux.

- Tu décides quoi alors ?

- Comment ça ??

- Je pense que tu as très bien compris de quoi on parle depuis cinq minutes, alors j’aimerais ou plutôt nous aimerions connaître jusqu’où tu es prêt à aller ?

- J’ai un joker ?? Alors je saurais l’utiliser au cas où !!

Je me tourne cette fois vers Éric et Raphaël, qui sont comme de bien entendu l’un à côté de l’autre et si serrés qu’on aurait du mal à glisser une feuille de papier entre eux deux.

- Et pour vous deux ?

- (Éric) Pareil que « JB » !!

- (Raphaël) Je sens que cette nuit va m’amener des souvenirs mémorables mais je vais dire comme « JB » et Éric, on verra ce que ça donne ! Hi ! Hi !

- C’est cool alors !! Qu’est-ce qu’on attend pour commencer ??

Je souris à Jean Baptiste en lui montrant la bouteille.

- Honneur au dernier arrivé dans la bande, il faut que la bouteille fasse au moins trois tours avant de s’arrêter !!

Jean Baptiste prend la bouteille en main et fait un tour d’horizon de tous ses nouveaux amis, rassuré par les sourires amicaux et les yeux luisants du plaisir anticipé de commencer enfin la soirée, même si pour certains une certaine appréhension les marque plus que d’autres.

Il se penche vers le centre du cercle et d’un geste vif entame le premier lancé du jeu en lâchant un soupire qui en dit long sur le fait qu’enfin il se libère de son stress, pour se donner à fond dans la partie en sentant bien que la fin de la nuit l’aura encore plus rapproché de ce groupe envers lequel il éprouve déjà beaucoup de choses.

Tout le monde est comme hypnotisé devant la bouteille qui tourne sur elle-même, ne semblant pas vouloir s’arrêter pour enfin pointer son goulot vers…. Yuan.

***/***

La première demi-heure reste sympa en privilégiant les gages de vérités, essentiellement dirigés pour aider à mieux se connaître et en apprendre un peu plus sur la vie de chacun, aidant ainsi les autres à mieux cerner ses nouveaux amis tout en évitant à l’évidence les questions de natures plus coquines.

Bien sûr au fur et à mesure que le temps passe, je vois bien mes amis commencer à trouver un peu long cette mise en bouche et au moment où après un long moment passer à attendre, le goulot pointe enfin sur moi sur un lancer de Raphaël.

Je pousse alors un grand soupire en les regardant tous avec un sourire gourmand qui leur remet je m’en aperçois aussitôt du baume au cœur, en attendant avec impatience que ce soit à mon tour de faire tourner la fameuse bouteille.

CHAPITRE 43 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Action ou vérité, le vrai jeu commence)

Raphaël bien sûr s’en aperçoit et sourit à son tour, en posant la question qui fait le principe du jeu.

- A toi Florian !! Action ou vérité ??

- Hum !! Ton petit sourire me fait craindre le pire alors je dirais vérité !!

- Je vois que monsieur est petit joueur ! Hi ! Hi ! Bon !! D’accord alors voilà ma question, combien d’amants avais-tu simultanément dans tes souvenirs ??

- Ah d’accord !! Je vois qu’il est l’heure de commencer sérieusement ! Hi ! Hi ! Tu les veux dans l’ordre ??

- De préférence oui, mais n’oublie pas que j’ai dit simultanément !!

- Le premier c’est Thomas avec peu de temps après Éric, ensuite il y a eu Yuan puis toi pour finir par Antonin et c’est tout !! Tous les autres n’étaient que mes amis !!

- Cinq quand même ?? Ce n’est pas rien !! Tu en es à combien depuis que tu es ici ??

Je lui tire la langue.

- Tu n’as droit qu’à une seule question, faudra attendre le prochain coup pour le savoir !! Bon !! A moi de jouer maintenant, c’est parti !!!

Je fais tourner la bouteille qui fait ses trois tours pour s’arrêter sur Yuan, celui-ci me regarde les yeux plissés à tenter de deviner mes intentions.

- Allez « Yu » !! Action ou vérité ??

- Pour changer je vais prendre action ! Hi ! Hi !

- Voilà un gars bien courageux ! Hi ! Hi !! Alors voyons voir, ah oui !! Tu dois embrasser sur la bouche un garçon avec qui tu ne l’as encore jamais fait, pas juste une petite bise hein !! Un vrai baiser !!

- Et bien mon choix est déjà réduit de moitié à ce que je vois !!

Yuan regarde ses copains avec les yeux brillants d’amusement, son regard se porte alors plus sérieusement sur Thomas ce qui bien sûr ne m’étonne pas plus que ça connaissant l’attirance qu’ils ont toujours eue l’un pour l’autre.

- Je choisis Thomas !!

Comme ils sont l’un à côté de l’autre, rien n’est plus facile pour Yuan d’approcher ses lèvres de celles de mon grand blond qui se laisse prendre par le jeu et scelle les siennes à celles de son ami asiatique qui en ferme les yeux du plaisir qu’il y prend.

Le baiser est suffisamment long et torride pour qu’il n’y ait plus aucun doute sur l’envie des deux garçons à se le donner, quand enfin ils se séparent en regardant autour d’eux les réactions des autres, leurs joues sont encore empourprées de la chaleur de l’étreinte.

- Et bien ce n’était pas du chiqué, Wouff !!! A toi de jouer « Yu » !!

Cette fois tout le monde le sent bien, le véritable jeu est bien commencé et ça commence à être le remue-ménage dans plusieurs boxers, Thomas s’en rend compte et me fait un gros clin d’œil en montrant celui particulièrement déformé de Raphaël qui se remet à peine du baiser passionnel auquel il vient d’assister.

Une fois terminée sa rotation, la bouteille indique une nouvelle « victime » qui avale rapidement sa salive en comprenant que c’est à son tour et surtout qu’il n’est plus question de gages sans importance.

- (Yuan) Action ou vérité Éric ??

- Action !!

- Alors ce sera la même punition ! Hi ! Hi ! Sauf que toi tu auras plus de choix que moi !!

Éric fait à son tour le tour de tout le monde, souriant devant le stress de Jean Baptiste quand leurs yeux se croisent et il termine en venant fixer Raphaël, qui comprend bien que c’est lui qui va être désigné.

Il pousse un profond soupire en souriant malgré tout, sachant très bien au fond de lui que si Éric en avait choisi un autre il l’aurait plutôt mal pris.

- C’est moi qui m’y colle on dirait bien ?? Je préfère te prévenir que je ne suis pas un spécialiste en la matière, alors ne m’en veux pas si ce n’est pas comme pour Yuan et Thomas ! Hi ! Hi !

Comme pour ses deux amis qu’il vient de nommer, ils n’ont pas de mal collés comme ils le sont déjà à unir leurs lèvres dans un baiser qui au fur et à mesure prend une ampleur telle que nous tous en restons sur le cul.

Ce n’est qu’une fois à bout de souffle, que leurs lèvres se séparent enfin et nous ne pouvons manquer de voir combien ils en restent eux-mêmes fortement troublés, leurs bas ventres encore plus expressifs que leurs visages si le doute restait pour l’un d’entre nous de comprendre les sentiments qu’ils viennent de nous dévoiler à l’instant l’un pour l’autre.

- (Yuan) Pas un spécialiste qu’il disait l’autre rouquemoutte !! J’y crois pas !! Votre baiser aurait pu allumer un feu de camp !! D’ailleurs les lances à incendie sont apparues comme par miracle, vous auriez dû être pompiers tous les deux ! Hi ! Hi !

Bien sûr tous les yeux se braquent d’un coup sur le bas ventre des deux concernés qui mettent aussitôt leurs mains devant pour cacher leur érection de la vue de tous.

- (Yuan) Un peu tard pour cacher les bestioles ! Hi ! Hi ! D’ailleurs il y en a d’autres dans le même état que vous deux !! Pas vrai « Flo » ?? En plus monsieur ne semble pas déranger plus que ça !!

- J’ai les mains trop petites de toute façon ! Hi ! Hi ! Et puis cette fois nous ne sommes qu’entre nous ce n’est plus pareil que dans le bus, en plus c’était aussi le but du jeu il me semble !! Bon, à toi Éric de faire tourner la bouteille !! J’espère que nous allons très vite passer aux choses sérieuses maintenant qu’on est chaud !!

CHAPITRE 44 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Action ou vérité, le jeu devient de plus en plus passionnant)

Mes dernières paroles leur font comprendre à tous que les prochaines heures ne seront plus à se tourner autour du pot, mais bien à s’éclater tous ensemble et pour certains découvrir des plaisirs qu’ils n’avaient jusque-là qu’en pensées.

C’est donc avec une certaine excitation que nous regardons tous la bouteille faire ses derniers tours pour stopper devant Jean Baptiste, qui lève alors les yeux sur Éric en se mordillant la lèvre inférieure du stress qui vient de le prendre soudainement.

Éric bien sûr comprend très bien ce qu’il en est et change visiblement son fusil d’épaule quant à ses intentions de gages, quand il lui demande avec une légère moue de frustration.

- Action ou vérité ??

Jean Baptiste jette un œil autour de lui avant de prendre sa décision, les visages attentifs de ses nouveaux amis lui amenant finalement le sourire quand il annonce à voix haute.

- Allons-y pour action !!

- (Éric) Tu es sûr ??

- Puisque je te le dis !!

- D’accord alors !! Tu viens te mettre à genoux au milieu du cercle en fermant les yeux, je relance ensuite la bouteille et celui sur qui ça tombe devra trouver le moyen de te faire bander sans te toucher la queue ! Hi ! Hi ! Et tu ne triches pas c’est compris ?? Une fois chose faite tu devras nous dire qui c’est !!

- (Antonin) N’oublie pas que tu as un joker si tu trouves que c’est trop te demander ??

Jean Baptiste réfléchit quelques secondes avant de se lever pour venir s’agenouiller au centre du cercle que nous formons, il enlève ensuite son tee-shirt pour s’en faire un bandeau qu’il noue autour de ses yeux et reste ensuite là les mains dans le sable à attendre avec toujours son petit sourire au coin des lèvres, malgré que nous ressentions tous bien qu’il ne soit que là pour l’apparence et que c’est loin d’être ce qu’il ressent en réalité.

J’avoue ressentir un sentiment mitigé envers ce gage, trop direct pour moi à l’égard de « JB » et je me demande bien ce qu’il pense réellement à ce moment précis, le fait-il pour être accepté de nous ou parce que malgré tout il en a l’envie sans encore vouloir vraiment se l’avouer ?

Éric reprend la bouteille et au lieu de la faire tourner, il la pose sur le carton avec le goulot dirigé vers moi en me faisant un petit clin d’œil signifiant que c’est à moi de faire et je comprends bien que s’il m’a choisi, c’est parce qu’il sait que je suis celui qui l’a fait venir jusqu’ici et pour lequel il éprouve de vrais sentiments.

J’apprécie son geste qui démontre une fois de plus le respect que nous nous portons tous et qui même dans ce jeu qui en découlera fatalement par une libération de nos libidos respectives, nous fait faire en sorte d’apparier au mieux les envies de chacun en sachant très bien qu’il faille en passer par là pour ensuite explorer d’autres voies.

Tous maintenant attendent de me voir à l’œuvre, une idée me vient alors qui me fait sourire à mon tour et c’est à quatre pattes que je fais le tour de mes amis en commençant par Thomas pour faire une bise sur leur sexe tendu dans leur slip de bains.

Éric tout comme Raphaël me voient arriver vers eux alors que Yuan, Antoine et Antonin, ont déjà eu droit à leurs bisous qui les ont mis encore plus à l’étroit dans leurs prisons de toile.

Mes yeux sont braqués dans les leurs quand mes lèvres se posent à leur tour sur leur hampe dressée qui tressaute au contact de ma bouche chaude qui traverse le tissu et je m’enivre des effluves de musc qui m’arrivent aux narines, montrant à quel point ils sont déjà pris dans l’excitation occasionnée par mon initiative de ce tour de piste pour le moins inattendu.

***/***

« Jean Baptiste »

Les crissements du sable ainsi que les petits soupires qu’il entend autour de lui, font se poser des questions à Jean Baptiste, qui se demande bien ce qu’il se passe pour qu’il attende aussi longtemps.

Le stress est si fort que son sexe est tout recroquevillé dans son caleçon de bain, loin de l’excitation ambiante que bien sûr il ne perçoit pas avec ses yeux bandés.

Il sent enfin comme une présence qui s’approche de lui par derrière, bientôt un souffle chaud vient lui caresser le cou suivit quelques secondes plus tard par une bouche humide qui lui envoie aussitôt une forte décharge électrique et commence à sérieusement lui mettre les sens à l’envers, ne semblant pas vouloir se retirer tant qu’elle n’aura pas fait le tour de son cou en papillonnant dessus avec une douceur extrême.

Un petit râle de plaisir qu’il ne peut retenir s’échappe alors de sa gorge, démontrant combien il apprécie l’initiative de celui qui va très vite arriver à ses fins sans qu’il n’y ait besoin qu’il aille beaucoup plus loin dans ses attouchements.

Déjà son sexe il le sent bien commence à se déployer lentement et rien ne semble pouvoir l’arrêter malgré toutes ses tentatives pour penser à autre chose et ne pas se montrer à bander aussi rapidement devant toute la bande.

CHAPITRE 45 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Action ou vérité, le jeu devient de plus en plus passionnant) (fin)

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Tous suivent attentivement le déploiement du sexe de leur nouveau copain qui petit à petit gonfle dans le caleçon de Jean Baptiste, jusqu’à lui donner la forme caractéristique qu’ils tiennent déjà dans le leur depuis un moment, en démontrant au passage que leur copain est plutôt gâté par la nature de ce côté-là.

Le gage est de toute évidence gagné sans pour cela que personne ne le fasse remarquer, trop obnubilés qu’ils sont tous par les gestes sensuels du petit rouquin qui leur donnent à eux aussi les mêmes frissons que ceux qui couvrent le corps de Jean Baptiste.

La petite langue de Florian quitte le cou du jeune homme pour continuer tranquillement son chemin sur sa poitrine en enveloppant un à un les tétons maintenant érigés par la forte excitation de « JB » qui frémit encore plus fort à chaque contact.

La langue continue son périple sur les abdos crispés jusqu’à la petite cuvette du nombril qu’elle investit à son tour avec une gourmandise évidente et fait râler de plaisir son propriétaire qui maintenant en a les lèvres entrouvertes de pâmoison sous les sensations intenses qu’il ressent.

Le caleçon de Jean Baptiste est maintenant tendu à craquer, le sexe à l’intérieur pulse d’une envie de jouir qui devient évidente aux yeux de tous ceux qui observent les yeux ronds cette amenée à l’orgasme fait avec une sensualité peu commune.

La langue rappeuse reprend son chemin d’exploration pour venir lécher avidement le haut du pubis imberbe juste au-dessus de l’élastique du caleçon, s’insinuant de temps à autre entre la chair frémissante et le tissu maintenant distendu, déclenchant d’un coup l’orgasme de Jean Baptiste qui en sert les poings toujours dans le sable en lâchant un son rauque libérateur d’un plaisir encore jamais atteint.

Antonin râle à son tour et de ce fait, fait se retourner les regards jusqu’alors exclusivement dirigés sur « JB » vers lui, pour qu’ils aperçoivent le dernier coup de poignet qu’il donne à son sexe libérant son jus en jets brefs et puissants, n’ayant pu se retenir à se masturber devant la montée en jouissance de son ami, qui reste maintenant exsangue mais aussi visiblement gêné de s’être ainsi montré en spectacle devant tout le monde avec toujours son bandeau improvisé sur les yeux.

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Jean Baptiste fait le geste de ramener ses mains pour dénouer le bandeau quand il est arrêté par la voix d’Éric, encore troublé par tout ce à quoi il vient d’assister.

- Attends !! Tu dois encore nous dire qui t’a fait ça !!

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Pour l’encourager à répondre, ma bouche remonte le long de son corps en lui donnant des petits baisers là où ma langue s’était arrêtée pour l’amener progressivement vers l’orgasme et termine sa course sur la sienne en lui faisant une bise encore plus marquée avant de me détacher enfin de lui pour le laisser répondre.

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Jean Baptiste sourit quand il comprend enfin que ce ne pouvait être personne d’autre que celui qui lui a fait parcourir tous ces kilomètres sans réfléchir, l’odeur si particulière et pour lui si attirante qui remonte à ses narines ne peut pas le tromper, c’est donc d’une voix singulièrement émue qu’il prononce le prénom qui a hanté ses nuits depuis de longs mois.

- Florian !!

***/***

Je lui enlève son bandeau improvisé pour prendre son regard dans le mien, mes lèvres se posant une nouvelle fois sur les siennes jusqu’à ce que je sente qu’il s’est remis de sa gêne et qu’il apprécie maintenant tout comme moi cet instant particulier.

- Ça va ??

- Je savais que c’était toi tu sais ??

- Tu ne m’en veux pas de ne pas m’être arrêté avant ?

- Bien sûr que non !! C’était trop bon !! J’ai juste eu un peu honte que ça se fasse devant tout le monde.

Jean Baptiste regarde ses amis pareillement troublés autour de lui, il remarque aussi le sexe d’Antonin encore sorti et couvert de sa jouissance, souriant cette fois franchement en comprenant qu’il n’y a pas que lui qui s’est laissé aller au plaisir.

- C’est à mon tour d’envoyer la bouteille ! Hi ! Hi ! Gare au prochain qui va perdre !!

- Ok mais je propose avant un petit bain de minuit, même si ce n’est pas encore l’heure ! Hi ! Hi ! Ça permettra aux deux précoces de se nettoyer la queue et de se sentir mieux en leur laissant aussi le temps de recharger pour la suite de la soirée qui ne fait que commencer mais qui promet d’être … Hum !!! Explosive !!

C’est sans avoir à le répéter que nous dévalons la dune jusqu’à la mer, envoyant valser nos tee-shirt et slip de bain, pour plonger tête baissée dans l’écume en riant comme des malades.

Nous en profitons pour nous amuser à nous faire couler, surtout pour le plaisir de nous toucher et de mieux nous préparer à la suite qui au vu des regards brillants d’excitations que nous nous lançons tous, sera beaucoup plus piquante et très certainement épuisante vu le nombre de participants.

CHAPITRE 46 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Sexe et sentiments)

Le jeu en fait s’est arrêté là pour plusieurs raisons toutes aussi bonnes les unes que les autres, en premier lieu la nuit qui maintenant ne nous permet plus de voir quoi que ce soit mais aussi la température qui chute suffisamment pour nous faire réfléchir et enfin mais surtout à cause de promeneurs nocturnes qui commencent à tourner pour on ne sait quelle recherche, qui de toute façon quelles qu’en soient le but ne nous intéressent absolument pas.

C’est donc sans plus nous concerter que nous décidons de rentrer au campement, la montée de la dune encore une fois nous laisse sur les genoux et nous nous affalons littéralement sur les chaises de la terrasse pour reprendre un peu de force avant que l’envie de reprendre ce qui avec le jeu était l’idée de base, soit une connaissance ou plutôt pour être exact une reconnaissance de nos corps avec nos nouveaux amis.

C’est Thomas qui pose la question, son regard depuis plusieurs minutes ne lâchant plus Yuan qui il faut bien l’avouer le lui rend bien.

- On fait comment pour ce soir ??

- Tu proposes quoi ??

- Si je pose la question c’est justement pour connaitre vos envies, sinon pour ma part j’avouerai franchement que je ne sais pas vraiment où donner de la tête avec vous tous ! Hi ! Hi !

- Ah !!!!

Mon interjection désabusée fait se retourner tous les regards sur moi, j’avoue que j’ai eu soudainement un gros pincement au cœur d’entendre les sous-entendus de mon Thomas et rien que la pensée qu’il souhaite déjà se partager avec nos amis alors que ça fait tout juste une journée que nous nous sommes retrouvés, m’attriste à un point tel que je préfère me lever pour aller me mettre au lit et ce pour ne pas gâcher le reste de leur soirée, n’ayant soudainement plus envie de sexe pour l'instant.

- Et bien amuse toi bien !!

Thomas me rattrape au vol en m’attirant fermement vers lui pour me faire asseoir sur ses genoux.

- Hé !! Tu me fais quoi là ??

- Mais rien, laisse tomber !! Je suis fatigué c’est tout !!

- On ne s’est jamais menti « Flo », alors ne commence pas aujourd’hui tu veux bien ?? Dis-moi ce qu’il y a, qu’est-ce que j’ai dit de mal enfin !!

- Ça fait des semaines depuis que mes pensées sont revenues dans ce corps que je ne pense qu’à toi chaque jour et chaque nuit, te voilà à peine revenu que tu ne penses déjà qu’à me laisser !! Tu ne m’aimes plus autant qu’avant ?? C’est ça ??

Thomas devient blême, je sens son corps se mettre à trembler et sa pensée entre dans mon esprit comme une porte qui claque contre un mur en s’ouvrant à la volée, une onde d’amour pur me submerge et me fait comprendre combien j’étais dans l’erreur d’avoir eu de telles idées, mon esprit à son tour libère tous mes sentiments et d’un coup la porte se referme en nous laissant tous les deux dans un grand vide qui nous fait nous resserrer encore plus fort l’un à l’autre.

- Ne redis jamais ça Florian !! Si je suis ici ce soir c’est grâce justement à tous nos amis qui sont autour de nous et qui m’ont retenu quand j’ai voulu mettre fin à mes jours pour te rejoindre !! Je les aime comme je sais que tu les aimes !! Mais pas comme toi, pas comme nous, tu comprends ?? Mes paroles de tout à l’heure n’étaient dites que dans cette idée et pas pour te mettre de côté alors que j’en serais bien incapable tellement toi aussi tu es toujours dans la moindre de mes pensées.

***/***

L’émotion qui ressort de cette discussion ne laisse personne indifférent et les couples déjà formés se resserrent les uns aux autres, les yeux se prennent en otages et les lèvres se sourient pour finir par s’unir à leur tour, ne laissant qu’Antonin et Jean Baptiste à assister à ce moment très fort.

L’un hésitant à rejoindre ses deux chéris en ressentant bien leurs besoins à se retrouver et l’autre regrettant de ne pas avoir comme eux quelqu’un avec qui être aussi fusionnel car il garde bien en mémoire les paroles de Florian qui lui ont ôté sans détours et honnêtement toutes ses illusions qu’il pouvait encore avoir, d’une relation amoureuse exclusive avec lui.

Éric est le premier à se lever en prenant la main de Raphaël pour l’inviter à le suivre dans sa chambre, très vite imiter par Antoine qui en fait tout autant avec Yuan et c’est ensuite au tour d’Antonin d’entrainer Jean Baptiste dans le mobil home des filles où il l’aide à déplier la banquette-lit du salon.

- Tu vas dormir ici !!

- Et toi ??

Antonin regarde Florian et Thomas, toujours enlacés sur la terrasse.

- Ils ont besoins de se retrouver, ce soir je préfère les laisser tous les deux et je compte dormir dans l’autre banquette.

- Pourquoi tu ne restes pas ici ??

Antonin se retourne étonné vers Jean Baptiste.

- Avec toi ??

CHAPITRE 47 (Prières & mystifications)

« Palais de l’unique »

L’homme s’approche du trône avec force courbettes en montrant bien à quel point la peur plutôt que quelques autres sentiments, le tenaille jusqu’à lui en faire perdre quasiment tout courage.

- Majesté !!

L’être non humain relève la tête en posant les yeux déjà agacés sur l’esclave qui lui sert depuis quelques temps d’intendant, plus exactement depuis que l’ancien ait subi le trépas qu’il méritait pour avoir eu l’impudence de lui couper la parole.

- Oui !! Parle vermine humaine !!

- Une bio-sonde de recherche nous a renvoyé des informations sur un étrange reflux du continuum espace-temps.

- Où se trouvait-elle ??

- Elle explorait une galaxie lointaine pas encore entièrement terminée de répertorier votre Majesté !!

- Montre-moi !!

L’homme tremblant dépose un holo-cube sur le sol de la salle du trône, il l’active d’une pression de la main et l’air autour de lui se voit rempli par une représentation en trois dimensions de l’espace connu.

Un réglage sur la commande incrustée dans son poignet, rapproche alors une zone semblant provenir des confins de l’univers.

- La bio-sonde était en exploration dans ce secteur encore méconnu d’une des dernières galaxies en formation, quand le phénomène a été enregistré Majesté !!

Un dernier réglage pour en venir à l’instant qui a amené l’intérêt des techniciens cartographes de l’empire et un scintillement à peine perceptible apparait le temps d’un battement de cœur, malgré tout cela semble suffisant pour l’empereur qui prend le contrôle d’un geste et repasse en boucle cet instant fugace jusqu’à délimiter une zone semblant être particulièrement touchée par ce qui lui semble bien en effet être une fluctuation de l’espace temporel.

- Voilà qui est intéressant !! Faites envoyer un vaisseau d’exploration depuis le dominion vassal le plus proche !! Donnez le moins d’information possible, je ne veux pas que cela s’ébruite jusqu’au peuple et faites-moi disparaitre tous les témoins qui ont eu connaissance du rapport de cette bio-sonde.

L’homme récupère le holo-cube en tremblant, il recule avec force courbettes pour s’éloigner de cet être semi-divin qui après maintes batailles dévastatrices a fini par prendre le contrôle d’une grande partie de l’ancien empire à la place de l’empereur légitime banni par l’unique, disparut depuis maintenant presque un millénaire.

- Il sera fait comme sa Majesté le demande !!

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« Planète anonyme, siège provisoire de la rébellion »

La jeune femme entre dans le télé-transporteur en donnant vocalement sa destination.

- Salle plénière du prince légitime.

La macro seconde suivante l’amène à la cabine contigüe à la salle où elle sait trouver celui qui attend anxieusement les résultats d’importances capitales qu’elle lui amène.

L’homme d’apparence très jeune malgré que personne ne saurait se souvenir du moment de sa naissance qui date de bien avant la création de l’empire, la regarde entrer avec dans les yeux tout l’espoir qu’elle lui apporte la confirmation que leur subterfuge a bien fonctionné.

- Alors ???

- Ils ont foncé têtes baissées comme prévu ! Hi ! Hi ! Ils envoient leur vaisseau à l’opposé de la fluctuation, encore bon que nous ayons pu intercepter cette bio-sonde et lui entrer ces fausses données en mémoire, ça va je pense nous laisser suffisamment de temps pour aller voir par nous-même ce qu’il en est exactement.

- Crois-tu que ça vienne de « lui » ??

- Nos analystes donnent de fortes probabilités pour que ce soit bien le cas, le temps imparti arrive à son terme et beaucoup retrouvent leurs foi en « lui » depuis que l’empire les humilie et les assassine, bientôt mille ans de tyrannie !! Les prières du peuple n’ont jamais été dites avec autant de ferveur et ce dans tout l’univers connu, il reviendra avec toute sa puissance et chassera l’usurpateur !!

- Sera-t-il guéri ??

- Notre peuple s’est sacrifié pour qu’il en soit ainsi, très peu des nôtres sont encore en vie à ce jour !!

- Et pour notre frère ??

- Thomasss est vivant, tu sais bien qu’il ne peut en être autrement !! « Il » ne le permettrait pas !!

La porte de la salle s’ouvre brusquement, laissant apparaitre un homme d’âge mur qui s’incline devant les deux jeunes gens.

- Prince Mathisss !! Princesse Léaaa !! Le vaisseau est prêt à partir, l’équipage attend vos instructions !!

CHAPITRE 48 (A la recherche de l’unique)

- (Léaaa) Qui as-tu désigné pour mener cette mission à bien, mon frère ??

- Le seul en qui « il » aura toute confiance, s’il s’avère que nous avons vu juste !! Le quatrième des élus avec Thomasss, Raphaëlll et Ériccc ma chère sœur, à qui « il » a fait le « don » de l’immortalité !!

- Damiennn ??

- Qui d’autre ?? C’est le seul qui n’a pas voulu voter son exil et refusait le sacrifice de notre peuple, il croyait qu’il y avait encore du bon en lui malgré toutes ses folies !! Il n’en était rien, nous le savons bien !!

- N’est-ce pas trop dangereux de l’envoyer là-bas ?? S’il lui arrivait quelque chose, tu sais très bien que tu ne t’en remettrais pas !!

- Le danger est partout, chère sœur et nous-même ne le sommes-nous pas à chaque instant ? Les espions de l’impérium peuvent découvrir ce refuge comme toutes autres planètes fidèles à la rébellion, la peur amène la traitrise et certains dominions de l’empire seraient prêts à nous vendre s’ils espéraient y trouver un quelconque privilège, Damiennn me manquera c’est certain !! Seulement c’est le plus apte à retrouver l’unique et notre frère Thomasss, j’ai foi en celui que j’aime petite sœur !!

- Alors rejoignons-le pour lui donner nos directives, ensuite nous devrons continuer à mener les espions de l’empire vers de fausses pistes !!

Le prince se tourne vers l’homme qui est entré précédemment.

- Combien de vaisseaux leurres envoyons-nous ?

- Deux par bases planétaires mon prince !!

- Sera-ce suffisant ??

- Nous ne pouvons pas nous permettre plus sans mettre en danger notre existence mon prince !!

- Quel vaisseau a choisi le commandeur ??

- Un ancien vaisseau drone de prospection que le commandeur à fait tout spécialement réaménager en vue d’une action de ce genre mon prince !!

- (Léaaa) Il est toujours aussi malin ! Hi ! Hi ! Qui pourrait imaginer qu’un tel vaisseau soit autre chose que ce qu’il y parait !!

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« Astroport de la rébellion, planète anonyme. »

Les hommes s’affairent autour de l’astronef qui d’apparence extérieur n’est très certainement pas loin d’être bon pour la casse, si ce n’était le travail considérable de ces dernières années pour que ça ne reste justement qu’une apparence.

Il a été pourvu des dernières technologies bioniques, son espace vital augmenté au maximum de ses capacités pour permettre à un équipage restreint d’y vivre suffisamment confortablement, alors qu’à l’origine il n’était pas conçu pour puisqu’entièrement robotisé.

Damiennn fait le débriefing avec les deux hommes d’équipage qui seront avec lui pour cette prospection hors de l’univers connu, aux confins d’une galaxie encore en pleine genèse.

- Vous resterez en stase de façon à ne pas vous faire perdre trop de temps de vie, je réveillerais régulièrement l’un d’entre vous chacun votre tour pour vous tenir au courant des recherches !!

- N’allez-vous pas vous sentir trop seul commandeur ??

- Ça devrait aller !! De plus je pourrais toujours faire appel à l’un de vous deux si ce n’était pas le cas !!

- Ou même aux deux, commandeur !!

Une lueur bleue au-dessus de la cabine de télé-transport annonce un ou des visiteurs, le commandeur se doute bien de qui cela peut être et sourit déjà de voir le visage d’ange aux boucles blondes de son chéri.

- Messieurs !! Je pense que c’est notre prince qui arrive !! Veuillez-vous retirer je vous prie !! Profitez-en pour dire au revoir à vos proches, nous partirons d’ici une heure tout au plus pour un long voyage !!

La porte du télé-transporteur s’ouvre, dévoilant ainsi qu’il ne s’était pas trompé et que c’est bien du prince et de la princesse qu’il s’agit, il va aussitôt vers eux pour les serrer dans ses bras car le temps n’a pas su et ne saura jamais briser cet amour qu’il éprouve pour son chéri mais aussi cette amitié indéfectible qui lient les Élus depuis des millénaires et ce même si deux d’entre eux manquent depuis trop longtemps à l’appel.

Mathisss regarde les deux jeunes hommes sortir, visiblement surpris.

- Je pensais que tu irais avec tes deux frères ?? Pourquoi choisir Alan et Mickael ??

- Tu me voyais vraiment partir aussi longtemps avec deux hétéros ! Hi ! Hi ! Bonjour la conversation !!

- As-tu pensé à leurs familles si ton périple prenait trop de temps ??

- Ils sont volontaires tu sais !! Pour eux ça ne prendra que quelques semaines tout au plus de leur vie, quand à leurs familles ce serait plutôt quelques amis au masculin !! Si tu vois de quoi je parle !!

- (Léaaa) Parce que tu as l’intention d’avoir des rapports avec eux ??

- Et pourquoi non ?? Je leur plais et c’est réciproque, d’ailleurs s’ils se sont portés volontaires c’est déjà une parce qu’ils ont les compétences requises et de deux parce que je leur fais un certain effet ! Hi ! Hi !

Elle se tourne vers son frère.

- Ça ne te fait rien de savoir que ton chéri va s’envoyer en l’air avec ces deux garçons ?

- Ca fait déjà deux ans qu’ils sont avec nous petite sœur !! Alors pour te répondre, je dirai que si bien sûr ça me fait quelque chose !! Il aurait pu m’en laisser au moins un ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!! Vous les hommes !!!

- Tu sais ma grande, avec Damiennn ça fait combien de temps que nous sommes ensemble ?? Beaucoup en tous les cas et nous aimons bien pimenter notre relation !! Ici il me restera nos amis, Yuannn et consorts, alors que dans l’espace Damiennn sera isolé de nous tous, qu’il partage quelques bons moments avec nos deux camarades de jeux me semble à minima bien naturel.

- (Damiennn) En plus c’est bien à toi de faire ces réflexions ! Hi ! Hi ! Flaviennn et je ne cite que lui pour ne pas mettre tous les hétéros mâles, jeunes et beaux gosses parmi les élus dans le même bain, n’aurait-il pas eu droit de temps à autre à un petit échange entre épouses ??

- (Léaaa) Rhaa !! Eh bien oui c’est vrai, nous les filles nous aimons aussi pimenter notre quotidien quand nous avons la chance de passer quelques temps ensemble !! Nous évitons seulement de le faire avec des mortels, c’est trop dur ensuite de les voir vieillir et les perdre si rapidement.

- (Mathisss) Bon !! Je vois tes deux « équipiers » qui montent à bord, il est temps d’abréger nos adieux et reviens moi vite !! Surtout ne prend aucun risque, c’est bien compris ?? Dès que tu as confirmation qu’ils sont là où la certitude qu’ils n’y sont pas, tu reviens dare-dare et nous monterons une opération pour les faire revenir si la chance veut que tu les aies retrouvés.

Les deux garçons se prennent dans les bras pour s’étreindre un long moment avec passion.

- Je t’aime !!

- Je t’aime !!

CHAPITRE 49 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Discussion entre filles)

« Matin tôt au réveil. »

Jean Baptiste est le premier des garçons à ouvrir les yeux ce matin-là, d’abord légèrement perdu à se demander où il est pour ensuite se souvenir du pourquoi de sa présence ici.

C’est maintenant les yeux grands ouverts qu’il s’étend de tout son long au milieu du lit, Antonin n’étant resté près de lui que le temps de le dire car il n’était pas allongé depuis cinq minutes, que deux voix venant de la terrasse le rappelaient à l’ordre.

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- On va se coucher « Tonin » !! Tu viens ??

***/***

Jean Baptiste sourit en revoyant le visage d’Antonin après que ses deux compagnons lui aient fait comprendre que sa place était auprès d’eux, il reste un moment encore étendu sur le lit quand la porte s’ouvre et que la tête de Léa apparaisse, visiblement contente de le voir réveiller.

- Bonjour Jean Baptiste, la nuit a été bonne ? Comment tu te sens ce matin ?

- Heu !! Plutôt seul ! Hi ! Hi !

- Va falloir t’y faire tant que tu n’auras pas trouvé toi aussi la bonne personne, ça peut te paraître bizarre mais crois-moi tu leur en seras reconnaissant quand tu comprendras pourquoi ils agissent comme ça avec toi.

- J’ai déjà ma petite idée là-dessus tu sais !!

- Vraiment ?? Tant mieux alors !! Le petit déjeuner est prêt, je pensais que ce serait Raphaël qui amènerait le pain mais apparemment ce n’était pas le cas et Chloé vient juste de revenir avec.

Jean Baptiste pointe la chambre des garçons du doigt.

- Il doit encore dormir avec son beau brun dans les bras ! Hi ! Hi !

- Ah, d’accord !! Remarque je ne devrais pas en être étonnée, c’était prévisible !!

Léa prend dans la cuisine ce qu’elle était venue y chercher et ressort pour laisser à Jean Baptiste le loisir de se lever et de s’habiller tranquillement, elle rejoint son amie qui la regarde d’un œil interrogateur.

- (Léa) « JB » a dormi seul et « Raphi » a passé encore cette nuit avec « Riquet », tout a l’air d’aller pour le mieux on dirait bien !!

- (Chloé) Reste encore une grosse épine avec tes parents et Thomas, j’espère qu’ils réagiront aussi bien que toi de la substitution d’avec Benjamin.

- Sans compter Maurice !! On nage décidément en pleine fiction tu ne trouves pas ? En plus de ça nous acceptons toute cette histoire sans vraiment trop nous poser de questions, je me demande si nous avons toujours notre libre arbitre ou si nous ne sommes pas plus ou moins conditionnés.

- Tu penses qu’on nous manipule ??

- Non, bien sûr !! Mais avoue qu’il y a de quoi s’interroger quand même plus que nous ne le faisons.

- (Chloé) En tous les cas, nous ne pouvons pas renier ce que nous voyons de nos propres yeux et quoi qu’on en dise, Thomas est bien arrivé d’on ne sait où sans crier gare, aussi inexplicable que cela puisse paraître.

- Je me demande comment Maurice va bien pouvoir faire pour lui ? Ce serait quand même étonnant qu’il garde ça sans en référer à ses chefs, ça sent le boudin pour « Flo » si tu vois ce que je veux dire ?

- Maurice ne permettra jamais à quiconque de lui faire du mal, tu le sais aussi bien que moi !!

- Qui te parle de ça ?? Juste qu’il pourrait perdre la liberté qu’il a d’aller où il veut et de faire ce que bon lui semble, ses « dons » déjà reconnus ont une valeur inestimable alors imagine jusqu’où ça pourrait aller ?? N’importe quel gouvernement au courant de ses possibilités ne prendrait aucun risque qu’il lui arrive quoi que ce soit tu t’en doutes bien, alors pourquoi le nôtre serait-il différent ??

- (Chloé) C’est justement là où Maurice à un rôle important à jouer, je crois sincèrement qu’il tire déjà pas mal de ficelles pour éviter d’en arriver là et puis c’est sans compter sur « Flo », je le crois assez intelligent pour mener son petit bonhomme de chemin à sa guise. Reconnaît que pour l’instant il y arrive plutôt bien, il retrouve ses amis à un rythme étonnant et maintenant que son Thomas lui est revenu, je pense qu’il va prendre le temps de calmer un peu le jeu.

- Que dieu s’il existe t’entende !! Pour ma part j’ai plutôt l’impression que tout va de plus en plus vite comme s’il n’avait justement pas le temps, rends-toi compte qu’il ne se passe plus une semaine sans qu’il n’arrive quelque chose ou quelqu’un de nouveau autour de nous !!

La porte du mobil home d’en face le leur s’ouvre et stoppe aussitôt la conversation entre les deux amies, dévoilant le spectacle maintenant devenu habituel d’un petit rouquin encore dans le vase, vêtu à minima mais sous tension maxima, qui se dirige vers la table au radar.

Chloé sourit en lui servant sa bolée de café et en la lui déposant devant lui, sachant très bien qu’une fois la première gorgée ingurgitée avec avidité, elle aura droit au regard reconnaissant d’un vert si particulier, qui encore cette fois la submergera d’une émotion toujours aussi intense.

CHAPITRE 50 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Maurice)

« Dix heures du matin, entrée du camping. »

Philippe attend à côté de la barrière depuis qu’il a amené Michel et Maryse près des jeunes pour qu’ils passent avec eux la matinée, avant qu’il ne soit temps pour eux de reprendre la route.

S’il est là à attendre devant l’entrée du camping, c’est tout simplement parce qu’il a reçu quelques temps plus tôt un appel de Maurice qui lui a signifié son arrivée dans les minutes qui suivent.

Philippe n’a pas eu besoin de lui demander le but de sa visite, se doutant bien que l’histoire de la substitution entre Benjamin et Thomas, a dû le mettre une fois encore dans tous ses états.

C’est donc avec un calme olympien et le sourire aux lèvres, qu’il voit arriver le véhicule noir très cher à l’administration mais dont pourtant la discrétion est loin d’être celle escomptée.

Ce qui surprend Philippe par contre c’est la personne qui l’accompagne, s’attendant plutôt à ce qu’il vienne seul et quand les deux hommes sortent de la voiture, il ne fait plus aucun doute à Philippe sur le nom de cet homme à la carrure au moins aussi impressionnante que celle de son patron.

Ce n’est que quand ils arrivent tous les deux près de lui, qu’il leur tend la main avec une parole amusée en signe de bienvenue.

- Bonjour Maurice !! Je vois que monsieur Novack n’a pas résisté à l’envie de rencontrer lui aussi nos deux tourtereaux !!

Maurice et Victor, se regardent visiblement avec surprise, l’un que son agent soit connu de Philippe et l’autre d’être appelé par son nom par un parfait inconnu.

- (Maurice) Et bien comme ça les présentations sont faites !! Je présume que certains dessins au réalisme surprenant sont pour une grande part dans la reconnaissance que tu as eu du patronyme de mon collaborateur ?

- (Philippe) On ne peut plus exact !!

- (Maurice) Pourrions-nous faire un point des derniers événements quelque part, avant de rencontrer ce garçon sorti d’on ne sait où ?

- (Philippe) La terrasse du restaurant vous convient-elle ? …. Oui ? …. Alors comme en plus à cette heure-ci il n’y a personne, nous y serons tranquilles pour discuter.

***/***

« Une demi-heure plus tard. »

Maurice et Victor son homme de confiance, ont écouté jusqu’au bout sans l’interrompre les explications de Philippe et quand celui-ci en a visiblement terminé, ils restent un moment sans rien dire à essayer d’intégrer ce que ces paroles leur laissent comme arrière-goût de surréalisme.

C’est Victor qui le premier exprime son incrédulité, tant ce qu’il vient d’entendre dépasse et de loin ce qu’il est prêt à accepter, n’ayant pas eu l’occasion comme son patron d’avoir à faire aux spécificités liées à Florian.

- Et vous pensez réellement que nous allons prendre vos interprétations comme s’il s’agissait d’une possibilité crédible ?? Allons !! Soyons sérieux !!

- (Maurice) C’est très difficile à croire je dois bien le reconnaître !! Seulement j’ai personnellement assisté à des choses qui me paraissaient tout aussi incroyable et je suis prêt pour ma part à croire cette version, même si j’éprouve une certaine difficulté à intégrer qu’une telle chose puisse se faire.

- (Philippe) Quand Thomas sera là devant vous, le doute ne te seras plus permis crois le bien !!

Maurice se lève de sa chaise.

- Alors qu’est-ce qu’on attend !!

- (Philippe) Encore un instant si tu le permets !! Florian va certainement te demander d’arranger le coup pour Thomas !!

- Je devais déjà voir à ça pour Benjamin, alors où est le problème ?

- C’est la différence dans les prénoms justement, Florian aime Thomas alors difficile pour lui d’imaginer de l’appeler autrement et il y a aussi l’année de naissance qui ne colle pas, personne ne voudra croire que celui qu’ils ont devant eux n’a que dix-huit ans à peine !!

Maurice pousse un gros soupire mi amusé, mi exaspéré.

- Pffttt !!! Ce gamin va me rendre chèvre à force !!

Il sursaute soudainement tout comme Philippe et Victor, quand une voix venant dans leur dos pousse un bellement d’une voix de stentor.

- Béééeeeee !!!

CHAPITRE 51 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Maurice) (fin)

Une fois l’instant de surprise passé, les trois hommes se retournent d’un même mouvement rapide pour avoir devant eux une tête de clown grêlée qui manifestement semble heureux comme tout de sa plaisanterie.

La réaction des trois adultes est relativement semblable, un rictus d’amusement incontrôlable marque leurs visages devant la bouille souriante qu’ils ont devant eux.

Victor malgré tout note aussitôt le regard vert émeraude qui le fixe plus particulièrement, le jeune garçon semblant d’abord surpris puis visiblement heureux de le voir comme s’il le connaissait déjà alors qu’il est certain pour sa part qu’il n’en est rien.

La réaction suivante de deux des trois hommes est d’ouvrir la bouche de stupeur devant le personnage qui se tient juste derrière Florian et qui manifestement leur amène de fortes émotions difficilement contrôlables, face à l’aura qui émane de ce grand blond au regard d’une limpidité qu’aucun d’entre eux n’avait encore eu l’occasion de voir.

Philippe pour sa part connait déjà Thomas et est donc beaucoup moins réceptif ou plutôt arrive mieux à contenir ses émotions face à ce garçon et tous les bouleversements qu’il crée autour de lui rien que par sa présence, surtout quand comme c’est le cas actuellement, il sourit chaleureusement pour accueillir Maurice et Victor, qui pour lui tout comme pour Florian, sont de vieux amis qu’il a appris à apprécier.

La prise de conscience de leurs comportements les fait se reprendre rapidement, refermant la bouche pour retrouver le sérieux qui devrait être de mise du fait des précédentes explications de Philippe.

Maurice doit bien reconnaître que ce n’est pas Benjamin, mais bien quelqu’un à la ressemblance plus que troublante avec toutefois quelques années de plus qui se trouve devant lui.

Le lien de parenté pourtant ne prête à aucune erreur, une étude ADN le lui confirmerait sans aucun doute et cette fois encore les questions se posent sur l’invraisemblance de cette substitution, les connaissances de la science actuelle n’ayant à l’évidence pas les réponses à un tel état de fait.

***/***

Je décide de mettre fin à ce silence qui devient pesant.

- Philippe t’a raconté ? C’est pour ça que tu es venu avec Victor ?

***/***

Victor une fois encore sursaute en entendant prononcer son prénom, il s’était pourtant préparé à ce premier contact en lisant les notes de son patron et malgré ça, il reste un instant figé devant le ton naturel du petit rouquin en posant sa question.

Pendant qu’il écoute d’une oreille la conversation entre Maurice et le jeune rouquin, Victor observe attentivement autour de lui et remarque immédiatement les œillades plus ou moins discrètes des touristes passant devant eux et qui tous sans exception convergent vers l’ami de Florian, montrant à quel point eux aussi sont troublés par l’attrait manifeste de ce magnifique garçon au sourire et au regard enchanteur.

C’est donc en continuant ses observations sur les personnes croisant leurs chemins, qu’il suit mécaniquement le petit groupe qu’ils forment jusqu’à un double emplacement où une fois encore son regard reste perplexe devant la plastique avantageuse de tous les jeunes gens qui s’y trouvent.

Ils entourent tous deux vieillards avec qui la conversation semble joyeuse et particulièrement animée, ne semblant pas s’être encore aperçus de leurs arrivées.

La première chose qui vient à l’esprit de Victor qui bien sûr est loin de s’imaginer à quel point cette pensée est proche de la vérité, c’est que ce groupe est trop parfait pour être réelle et que jamais à sa connaissance tout du moins, une telle perfection physique ne s’est trouvé regrouper en un même endroit et de plus autour précisément de ce garçon en particulier, aux « dons » puisqu’il faut bien donner un nom à ce qu’il est capable de réaliser, jusqu’alors impensables.

Maurice jette un coup d’œil de temps à autre vers son collaborateur en faisant toutefois bien attention de ne pas attirer son regard sur lui pour ne pas le déconcentrer, car il connait ce regard scrutateur et se réserve le droit de lui demander plus tard ses premières impressions, qui très souvent sont celles qui s’approchent le plus de la réalité.

Une chose pourtant lui fait revenir à ce qui l’entoure avec un frisson qui lui fait dresser les poils sur tout le corps, la voix du grand blond qui jusque-là ne c’était pas fait entendre et qui le perturbe suffisamment pour que son corps ait eu cette réaction épidermique, une voix à la virilité affirmée mais pas que.

Marquée sans contexte par la parfaite harmonie du timbre qui tout autant que ses paroles amènent l’attention de ceux à qui elles sont adressées, Maurice tout comme Victor quelques minutes plus tôt se fait la remarque qu’une telle perfection dans tout ce qui émane de ce Thomas a quelque chose qu’il pourrait facilement qualifier de surnaturel et surtout qu’il n’avait pas ressenti avec Benjamin qui pourtant il en est parfaitement conscient, était lui aussi déjà ce qu’on peut appeler un très beau garçon.

***/***

« Quelques temps plus tard en fin de matinée. »

Il est temps après ces quelques heures passées à faire connaissances mais aussi à avoir tenté au mieux de répondre aux besoins d’explications que se posait Maurice, à ce que chacun reprenne ses occupations et tant les grands parents de Florian accompagnés de Philippe que Maurice avec son homme de confiance, doivent reprendre la route pour regagner chacun son domicile ou son bureau.

Philippe n’est pas surpris de laisser Jean Baptiste avec ses nouveaux amis, par contre un grand sourire de satisfaction lui reste de la demande du jeune homme à savoir si sa proposition d’emploi et de logement tenait encore, ce que bien sûr il s’est empressé de lui confirmer.

Ce n’est donc pas loin de l’heure du déjeuner que tous se quittent, non sans s’être donnés sans comptés les gestes d’affections que chacun éprouve pour ceux qui partent.

***/***

« A mi-chemin entre le bassin d’Arcachon et Paris. »

C’est le téléphone cellulaire de Maurice qui stoppe la conversation qu’ont les deux hommes depuis leur départ, celui-ci passant en main libre par la radio de bord.

- Allô !!

- Patron ?? C’est Dorian !! Nous cherchions à joindre monsieur Novack pour lui transmettre notre rapport et on nous a dit que vous étiez tous les deux ensembles sur une affaire !!

- C’est exact !! Où en êtes-vous de vos recherches ?? Vous pouvez parler, monsieur Novack écoute également !!

- Ah !! Très bien patron !! Nous avons retrouvé la famille Louvain !!

CHAPITRE 52 (Paris) (Jeudi matin) (Les Louvain)

Maurice jette un coup d’œil rapide sur Victor, qui semble tout autant surpris que lui.

- Et bien ça n’aura pas traîné !! Félicitation à vous deux !! Où sont-ils ??

- En France patron !!

- En France ?? Comment ça en France ??

- Houlà !! C’est compliqué patron, disons qu’ils sont tous les trois-là en vacances pour faire court.

- Tous les trois ??

- Eh bien oui, pourquoi ?? C’était bien le but de notre mission de les retrouver tous les trois ??

- Comment ? Ah …. Oui bien sûr !! Le fils s’appelle bien Thomas alors ??

- Vous le savez bien patron, puisque c’est vous qui nous avez demandé de le retrouver !! Vous êtes sûr que ça va patron ??

***/***

« Bureau du directeur de la DST, dix heures le lendemain matin. »

Maurice regarde sa montre pour la dixième fois au moins depuis que Dorian et sa coéquipière ont quitté son bureau et qu’il a en mains leur rapport, équipe novice certes mais semblant volontaire et qui plus est débrouillarde, à qui il a confié comme nouvelle mission la protection de Florian en spécifiant bien qu’il sera inutile de lui cacher leurs présences.

Il n’en a pas dit plus, leur laissant la surprise de la première prise de contact qui le fait sourire d’amusement rien que d’y penser.

« Dring !! Dring !! »

- Oui allô ?

- ……

- C’est exact !! Demandez à un agent de permanence de les prendre en charge et de me les amener jusqu’à mon bureau !!

- …….

Maurice raccroche, ses yeux montrent la curiosité qui le tenaille de voir à quoi ressemble le fils Louvain car aucune photo n’était dans le rapport qui est posé devant lui et qui aurait pu la satisfaire, le laissant ainsi sur sa faim.

D’après les registres d’état civil qu’il a sous les yeux, le garçon âgé de vingt ans d’ici quelques semaines serait le fils légitime du couple et Maurice sait bien que c’est impossible puisqu’autant le mari que la femme sont stériles, ce qui a d’ailleurs été la cause majeure de la dispute familiale qui a brouillé les deux frères depuis tout ce temps.

Même si la loi à l’époque, n’autorisait pas en France cette pratique et est encore réticente de nos jours à de telles méthodes sans certaines conditions, il comprend bien que le besoin pour un couple d’avoir une descendance peut les amener à ce genre de substitutions et il va lui falloir être prudent dans ses paroles tant que le garçon sera à l’écoute de ses questions qu’il va leurs poser, ne sachant pas s’il connait ou non la vérité sur sa naissance et la grossesse de sa mère.

Un coup bref frappé à sa porte l’interrompt dans ses pensées, Maurice se redresse alors pour prendre une position plus protocolaire.

- Oui, entrez !!

Un homme en costume gris des plus classiques se présente à lui en le saluant.

- Les personnes que vous attendez patron !!

- Merci !! Faites-les entrer et laissez-nous !! Je vous appellerai quand l’entretien sera terminé, pour que vous les raccompagniez jusqu’à la sortie de l’agence !!

- Bien patron !!

L’homme sort du bureau, bientôt apparaît un couple suivit par un jeune homme, visiblement intimidés tous les trois de se retrouver là.

- (Maurice) Mais entrez donc je vous prie !! Excusez cette convocation qui doit vous sembler insolite, je tiens néanmoins à vous rassurer sur son but qui n’est qu’à titre informatif pour une affaire qui occupe actuellement mes services et à laquelle vous n’êtes en aucun cas directement ou même indirectement concernés.

Pendant que la famille Louvain visiblement soulagée depuis qu’il leur a donné son explication rassurante, entre et s’assoit en face de lui pour attendre ses questions,

Maurice les observe attentivement et connaissant l’autre famille Louvain, il ne peut que faire le lien entre les deux frères qui sont tous deux d’une ressemblance telle qu’elle ne peut laisser aucun doute, tout comme pour le choix de leurs épouses qui pourraient d’ailleurs être sœurs sans que personne n’y trouve à redire.

La femme tout comme son mari porte bien son âge et il ne peut manquer de la trouver fort ravissante pour ne pas dire vraiment très belle, son regard se reporte alors vers le garçon qui s’il n’est pas et de loin aussi beau que ses « parents », n’en est pas moins dans la moyenne haute s’il prend en compte les critères actuels de séductions.

Pourtant il est flagrant que rien ne le relie à ces deux adultes ne serait-ce déjà son teint plus mat, ses yeux marrons ainsi que ses cheveux bruns qui font un fort contraste à la blondeur naturelle et aux yeux bleus du couple qui se trouve en face de lui.

Comprenant leurs impatiences grandissantes, il en vient indirectement au but de leurs convocations.

- Pour commencer, je tiens à vous dire que votre frère regrette beaucoup cette dispute qui vous a séparés.

Alain devient subitement triste quand il répond.

- Et moi donc !! Mais ça fait si longtemps maintenant, presque la moitié de ma vie rendez-vous compte !! André n’a pas de problèmes avec la justice j’espère ?

- Non !! Rassurez-vous !!

- Pourquoi me parlez-vous de mon frère dans ce cas ?

- Disons que l’origine de toute cette affaire est liée à la cause de votre dispute, sans pour autant qu’il y ait quoi que ce soit à vous reprochez ou à reprocher à votre frère !! C’est juste que ça vous paraîtrait invraisemblable si je vous révèle ce que je sais, pour aller à l’essentiel nous recherchions une …personne qui …. Ah !! Comment dire ça sans passer pour un fêlé de la tête ?

- Quel genre de personne recherchiez-vous donc ??

- Une personne ou plutôt un garçon et nous avons appris ensuite qu’il n’aurait pas les bons parents.

- (Evelyne) Vous voulez parler de notre fils Thomas ??

- Pas de ce Thomas-là, non !! Plutôt de celui qui aurait dû venir au monde si vous ne vous étiez pas disputés avec votre frère, maintenant il serait peut-être bien que nous parlions de ça dans un autre contexte si vous comprenez où je veux en venir ?

- (Evelyne) Vous voulez dire juste avec mon mari et moi ?

- C’était l’idée en effet !!

- (Alain) Alors parlez sans crainte, Thomas est au courant de tout ce qui le concerne depuis qu’il est en âge de comprendre !!

Alain sourit tendrement à son fils qui le lui rend en retour, prouvant par là même combien il y a d’amour entre eux.

- Il aurait très vite compris vous savez ? Mon épouse tout comme moi avons des origines nordiques, comme vous avez dû le constater ce n’est pas vraiment le cas de notre fils !! Maintenant l’amour que nous nous portons est plus fort encore oserais-je dire que si nous étions ses parents génétiques, mon épouse l’a porté pendant neuf mois et nous le désirions tellement qu’il est pour nous un miracle, nous en rendons grâce à Dieu chaque jour depuis lors.

- (Evelyne) Sentir un enfant grandir en son sein est la plus merveilleuse chose pour une femme, j’ai porté mon fils sitôt sa conception in-vitro et jusqu’à sa naissance.

CHAPITRE 53 (Paris) (Jeudi matin) (Les Louvain) (fin)

- (Maurice) Je me doute que ça a dû être un immense bonheur pour vous d’avoir ce bébé, qui ma foi me semble en pleine forme à ce que je peux en voir vingt ans après.

- (Alain) Je me permets de revenir sur une phrase que vous avez dite et que j’ai du mal comprendre ou alors c’est votre formulation qui n’était sans doute pas correct !!

- Rassurez-vous, il est tout à fait normal que vous n’ayez pas saisi le sens de mon propos !! Car voyez-vous !! Ce qui n’a pas pu se faire avec vous pour une raison qui ne me regarde absolument pas, s’est réalisé deux ans plus tard avec un autre couple ami avec votre frère et un garçon est né, qui lui je peux vous l’assurer pour l’avoir connu n’aurait pu renier ses origines nordiques !!

- (Evelyne) Pourquoi parlez-vous de ce garçon au passé ? Il lui est arrivé quelque chose ? Un accident ??

- Vous me voyez désoler de ne pouvoir répondre à cette question, mais elle concerne directement une affaire d’état !! Si je peux me permettre un conseil, je pense qu’une visite à votre frère serait la bienvenue et répondrait à toutes les questions que vous vous posez sans doute sur le but de ma convocation, je peux dès lors vous assurez que vous seriez stupéfiés de ce que vous y apprendriez.

- (Alain) Vous ne pouvez vraiment pas nous mettre sur la voie ?

- J’aimerais vraiment croyez-moi !! Mais ça m’est impossible parce que cela vous semblerait tellement fantastique que vous ne me prendriez pas au sérieux et vous comprendrez pourquoi si vous suivez mon conseil en allant renouer rapidement avec votre frère, qui je vous l’assure ne demande que ça.

- (Alain) Alors d’après vous ce qui raconté par vous prêterait à rire, serait pris plus au sérieux si ça vient d’André ?? Avouez qu’il y ait de quoi se poser des questions !!

Maurice sourit devant l’ahurissement évident de ses visiteurs, il n’en dira pas plus malgré l’envie qu’il en a de le faire afin de voir leurs réactions.

- Votre frère amènera des preuves qui vous convaincrons alors que vous n’êtes pas habilités à prendre connaissance de celles que j’ai en ma possession, tout ce que je peux donc vous dire c’est que quel que soit ce que vous pourriez imaginer avant d’entendre ce qu’il a à vous raconter, ce sera loin de la réalité et que ça changera très certainement pas mal de choses dans votre conception du monde tel qu’on vous a appris à le comprendre !!

Maurice hésite quelques secondes avant de pousser un profond soupire et de reprendre la parole, cherchant un moyen à les préparer sans trahir pour cela le secret défense qui entoure cette affaire.

- Croyez-vous dans la destinée ??

- (Alain) C’est un concept difficile à cerner !!

- Mais vous seriez d’accord avec moi si je vous disais qu’elle peut changer le cours d’une ou plusieurs vies et voire même de l’histoire tel que nous l’écrivons, imaginons par exemple deux cas de figures pour étayer mes paroles !! Disons que votre grand père ait croisé le chemin d’un moustique prêt à le piquer et que ce même moustique soit infecté par un virus fatal à l’homme, la destinée de votre grand père s’est jouée alors sur le fait que le moustique ne l’a pas piqué et s’il l’avait fait, vous ne seriez peut-être pas là aujourd’hui devant moi !! Pour revenir en ce qui nous concerne et ce sera mon deuxième cas de figure !! Imaginons toujours qu’il n’y ait pas eu de dispute avec votre frère et qu’il ait accepté votre demande, Thomas serait alors toujours votre fils mais ne serait plus le même que celui que vous avez élevé. Physiquement différent bien sûr mais aussi mentalement car il aurait grandi dans un tout autre contexte familial !!

- (Alain) Ce que vous appelez le destin n’est en fait que le déroulement normal de notre vie, les choses qui ne se sont pas passées ne peuvent influer sur ce que nous sommes devenus.

- Entièrement d’accord avec vous !! Certains appellent ça aussi le destin !! Maintenant osons aller plus loin dans ma démonstration, la famille qui a reçu l’embryon qui vous a été refusé sans encore une fois vouloir polémiquer sur la raison !! Cette famille donc a élevé ce garçon qui aurait pu être le vôtre et qui de ce fait a eu lui aussi un tout autre cadre de vie que dans ma précédente hypothèse, pourtant physiquement c’est exactement le même et donc sa destinée à lui, a pris un chemin parmi deux possibilités complètement différentes.

- (Alain) Ça ne change rien à ma réponse de tout à l’heure !!

- Alors osons encore pousser les choses plus loin voulez-vous !! Vous connaissez certainement la notion de mondes parallèles, c’est une des thèses emblématiques de certains chercheurs qui a été reprise maintes fois par divers auteurs de science-fiction. Imaginons toujours que la destinée de Thomas ait été différente d’un de ses mondes à un autre et que dans l’un il soit ce qu’il est actuellement mais que dans l’autre il soit le Thomas engendré par le don de votre frère et de son épouse ?

- (Alain) Même si je comprends le concept, je ne vois toujours pas où vous voulez en venir ?

- Imaginons toujours qu’il y ait eu disons une faille ou encore une brèche, quelle que soit la façon de la définir et qu’un de ces Thomas se retrouve dans le même monde que l’autre, pour lui vous seriez aussi ses parents alors que pour vous tout comme pour votre fils ce serait un parfait inconnu.

- (Alain) Vous avez décidément beaucoup d’imagination ! Hi ! Hi ! Etant moi-même assez passionné de science-fiction, je vous répondrai que la chose ne serait pas possible puisque ce Thomas issu d’une autre réalité aurait un double dans celle-ci et que dans ces mêmes thèses reprises par les romanciers c’est une impossibilité majeur, l’embryon qui nous a été refusé a bien été accordé à un couple de ses amis m’avez-vous dit ?

- Peut-être est-ce justement pour ça que j’en parlais au passé rappelez-vous !!

- (Evelyne) Qu’essayez-vous donc de nous faire comprendre ?

- Rien du tout !! C’était juste pour étayer mon idée sur la destinée !! Je ne vous ai rien dit d’autre, je vous conseille néanmoins d’avoir mes hypothèses à l’esprit quand vous parlerez avec votre beau-frère !! Sur ce !!

Maurice se lève de son siège en décrochant son téléphone.

- Je vous demanderai de m’excuser car mon temps est compté et également pour cette convocation qui même si elle vous paraît n’avoir pas eu beaucoup de sens, m’a au contraire beaucoup aidé pour cette affaire qui occupe mes services depuis quelques mois.

Il attend quelques secondes que quelqu’un réponde à son appel.

- Désmaré !! Mes visiteurs repartent, veuillez les faire prendre en charge et reconduire par un agent s’il vous plait !!!

CHAPITRE 54 (Camping de la dune) (Quelques jours plus tard) (Samedi)

« Samedi matin. »

Philippe comme il l’avait promis, est de retour pour passer le week-end avec Florian, Jean Baptiste et tout le reste de la petite bande, il est donc ce matin-là installé avec eux sur la terrasse et termine un copieux petit déjeuner pris dans l’éternelle bonne humeur qui règne au sein du groupe, reconnaissant que lui-même se sent différent quand il est avec eux.

***/***

Il a profité de son retour à Aix en Provence pour discuter longuement avec les parents de Léa, leurs expliquant en employant quasiment les mêmes termes qu’il a utilisé pour convaincre leur fille, du changement qui est intervenu entre Benjamin et le fameux Thomas qui obnubilait tant les pensées de Florian.

Le choc comme pour Chloé a été rude dans un premier temps tout du moins, il a fallu à Philippe tout le savoir-faire d’une longue pratique où il excelle pour qu’au final l’annonce soit prise avec sinon le sourire, du moins avec la compréhension que d’une part Benjamin là où il se trouve sera bien entouré mais aussi en possession d’une richesse dépassant de loin ses rêves les plus fous et d’autre part que Thomas est également leurs fils, tout comme Florian l’est pour ses parents.

Les quelques photos prisent avant son départ du camping qu’il leurs a données comme preuves, ont joué également pour une bonne part dans la balance, en effet la ressemblance plus que frappante d’avec Benjamin ajouté à l’empathie liée spécifiquement à Thomas, ne pouvait que les convaincre et leur donner l’envie de le serrer dans leurs bras pour bien lui montrer qu’ici aussi il ne sera pas seul mais entourer d’une famille aimante.

Les larmes qu’ils retenaient depuis le début de ces explications, ont fini par couler quand il leurs a annoncé le retour prochain du frère si longtemps absent.

Le retour d’Alain avec Evelyne étant l’annonce de trop pour une émotivité déjà à fleur de peau, mettant l’affectif d’André et de son épouse, encore une fois à rude épreuve.

***/***

L’attention de Philippe revient sur le présent, il perçoit que ces quelques jours ont apportés un certain nombre de changements parmi ses jeunes amis.

Il est évident que certains rapprochements ont eu lieu, ne serait-ce déjà que la façon que certains des garçons ont l’un vis à vis de l’autre et qui démontrent bien que des liens bien plus forts que la simple amitié se sont tissés ces derniers jours entre ceux qui formaient déjà un groupe soudé autour de Florian et les nouveaux qui s’intègrent à celui-ci avec un naturel assez troublant au demeurant, laissant dans l’expectative l’expert en psychologie, ne trouvant pas d’explications logiques devant un tel état de fait.

Il n’y a plus de doute dans l’esprit de Philippe que Florian par il ne sait encore définir quelle particularité spécifique à ce qu’il est en réalité, serait l’élément fédérateur de cette communauté qui s’étoffe au fur et à mesure qu’il retrouve tous ceux qui comptaient pour lui dans ses autres réalités et un peu comme un aimant, il attire à lui tous ceux pour qui il éprouve des sentiments.

Philippe remarque également que si Jean Baptiste fait incontestablement partie intégrante du groupe, une certaine réserve l’en distingue encore comme s’il manquait quelque chose ou quelqu’un pour faire sauter les derniers blocages.

Blocages qui Philippe le sent bien seraient plutôt au niveau des rapports quelques peu spécifiques qu’il y a entre les garçons, ce qui maintenant qu’il s’en rend compte facilite son analyse et lui amène rapidement un sourire de compréhension mais aussi le souvenir de plusieurs conversations matinales avec Florian sur son couple avec Thomas ainsi que sur ses relations multiples avec ses autres amis.

Le fait qu’ils acceptent d’autres personnes dans leur couple est également lié à la condition que ces autres personnes se doivent également d’être en couples, afin d’une part de ne pas se sentir délaissés quand ils ne sont pas ensemble et d’autre part bien assimilé le fait que ce qu’ils font n’est qu’un plaisir supplémentaire qu’ils se donnent tous ensemble.

Philippe comprend donc pourquoi Jean Baptiste tout comme Chloé et Léa, restent non pas à part des autres mais il dirait plutôt avec une position différente dans le groupe.

Les regards de plus en plus fréquents que Florian portent sur Éric et Raphaël, prouveraient que ceux-ci ont déjà passé une étape et qu’ils ne devraient plus tarder à se retrouver dans la même intimité que Yuan et Antoine, connaissent avec le petit rouquin.

Toujours dans son analyse sur les rapports qui se lient entre tous ces jeunes, Philippe revient au cas d’Antonin qui semble bien être différent des autres car il est évident pour lui que le garçon ne connaît personne d’autre que Florian et le reste de la bande, il serait donc le seul à déroger étrangement à la règle des couples depuis le retour de Thomas.

Philippe n’a pas la réponse et il doit bien s’avouer que ça lui excite suffisamment sa fibre professionnelle pour qu’il n’en reste pas là tant qu’il n’aura pas une réponse ou du moins une hypothèse de réponse satisfaisante aussi met-il la question dans un coin de son esprit, en se promettant de la remettre à l’ordre du jour lors de la prochaine discussion officielle qu’il aura avec Florian.

***/***

Les dernières pensées de Philippe sur ma personne sont tellement fortes que je ne peux manquer de les percevoir, c’est donc en entrant simplement dans son esprit que je lui donne la réponse.

- Il faut que tu comprennes bien que moi et Thomas ne formons qu’un, nos esprits sont liés même si nos corps sont différents. Antonin est donc mon/notre chéri, c’est comme ça tout du moins que je/nous le ressentons, tu comprends ??

***/***

Philippe n’a pas encore compris que la voix provenait directement depuis son esprit et c’est donc à voix haute qu’il répond, faisant bien sûr se retourner quasiment tout le monde dans sa direction et qui le regardent d’un air étonné.

- Vu comme ça je comprends mieux !! A défaut qu’elle me paraisse sensée, vous ne formez qu’un d’une manière transcendantale en mélangeant vos esprits je veux bien l’admettre, mais vous êtes aussi deux personnes bien différentes.

- (Antoine amusé) Voilà que notre expert du cerveau parle tout seul maintenant ! Hi ! Hi ! C’est quoi la prochaine étape ?? La camisole ou la « piquouze » ??

CHAPITRE 55 (Camping de la dune) (Samedi) (suite)

« Samedi midi. »

Pendant que toute la bande pique-nique sur la plage après avoir passé la matinée en baignades et en jeux qui ont rameuté sur eux tous les jeunes de leur âge des environs, deux hommes d’une trentaine d’années arrivent devant l’accueil du camping après s’être garé sur le parking extérieur.

Tous deux portent un appareil photo professionnel en bandoulière et sont habillés à la dernière mode, ne ressemblant visiblement pas à des camionneurs mais plutôt à des gens que l’on pourrait qualifier de people, vu la façon assez particulière avec laquelle ils s’habillent.

L’aspect viril n’étant et de loin pas leur particularité la plus marquante, ils sont vite catalogués par Jean quand ils passent la porte.

- Bonjour Messieurs dames !! Un petit renseignement peut-être ??

Un des deux hommes se retourne visiblement surpris, ne voyant personne d’autre être entré avec eux.

Il se rembrunit en comprenant que le « messieurs dames » s’adressait bien à lui et à son collègue, il préfère néanmoins en faire abstraction et répondre plutôt à la question que l’homme leur a posée.

- Vous êtes bien monsieur Jean Moutier, le père de Raphaël ?

- En effet c’est bien moi !! Vous connaissez mon fils ?

- Bien sûr puisqu’il travaille avec nous depuis deux ans !! Nous aimerions lui parler justement pour un travail, nous avons un client qui vient d’avancer de plusieurs semaines une campagne photo importante et nous avons pensé à Raphaël pour la réaliser, s’il accepte nous pourrions même rester ici pour les séances de shoots en profitant de ses temps libres.

- C’est que mon fils m’aide beaucoup pendant la saison et son temps libre il le passe depuis peu avec de nouveaux amis, vous le trouverez quelque part sur la plage et vous seriez arrivés un quart d’heure plus tôt, il était encore ici avec ses paniers repas à les chargés sur son vélo pour les rejoindre !! Par contre je ne saurais vous dire où les trouver exactement, mais comme ils sont à pied ça ne doit pas être loin d’ici.

- Nous vous remercions beaucoup et j’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir, bonne continuation !!

Jean leur répond d’un signe de tête, encore gêné de sa plaisanterie alors qu’il ne savait pas qui ils étaient et se dit que ça lui apprendra à se moquer, en se promettant de faire plus attention dorénavant.

Une fois devant leur véhicule, celui qui jusque-là a pris la parole ouvre le coffre devant son collègue qui le regarde faire avec curiosité.

- Qu’est-ce que tu fais ??

- Je cherche de quoi me changer et tu ferais bien d’en faire autant, ce que nous portons ne sont pas les vêtements idéals pour la plage reconnais-le !!

Il ne lui faut pas bien longtemps pour remplacer ses vêtements de ville par un short de bain noir et un tee-shirt uni blanc, il fouille à nouveau dans son sac pour tendre l’équivalent à son copain qui fait la grimace en les lui prenant des mains.

Celui-ci bien sûr s’en aperçoit et lui demande, visiblement excéder.

- Quoi encore ?

- J’aurais préféré le tee-shirt rose !! Celui-là est d’un triste à mourir !!

- Oublie tu veux bien ?? Nous sommes ici pour le travail pas pour jouer les divas !! Tu n’as pas vu la tête du père de Raphaël donc ?

- Heu !! Non, pourquoi ?

- Pffttt !!! Pour rien, laisse tomber !! Juste qu’il vaut mieux rester discret, les gens d’ici ne sont peut-être pas aussi tolérant que ceux de la ville et Raphaël appréciera très certainement que nous ne nous fassions pas repérer avec lui.

- Si tu le dis !! Mais regarde-moi ça ? À quoi je ressemble là-dedans, tu veux bien me le dire ??

Son collègue le regarde, amusé.

- Pour préserver notre amitié, il est préférable que je me taise ! Hi ! Hi !

***/***

« Une heure plus tard, sur la plage. »

Les paniers vides ne contenant plus que les restes du repas et les emballages, sont mis dans un coin près des sacs vides eux aussi qui contenaient les serviettes, les crèmes solaires, les livres et le reste de ce qu’ont cru bon d’amener avec eux nos amis pour passer une journée de vraies vacances.

Certains sont repartis se baigner tandis que d’autres font la sieste ou encore discutent tranquillement, c’est le cas d’Antonin avec Jean Baptiste, qui sont tous deux assis sur une butte un peu en retrait des autres pour papoter tout à leur aise.

Encore une fois Philippe suit de très près tous ces rapprochements qui en disent certainement plus que des paroles sur les affinités qui se créent au sein du groupe, il ne fait aucun doute pourtant qu’ils s’apprécient tous au plus haut point.

Pourtant lors des moments assez rares où ils s’éparpillent quelque peu, c’est très souvent pour faire une activité à deux ou trois avec il l’a constaté récemment, les mêmes cas de figures et pas forcément ceux auxquels on aurait pu s’attendre.

Antonin et Jean Baptiste par exemple alors que Philippe aurait parié que le blondinet resterait à suivre son Florian ou encore son Thomas, tandis que ça fait plusieurs fois qu’il le retrouve en tête à tête avec celui qu’il considère un peu maintenant comme son pupille.

Florian ensuite qui s’amuse comme un fou dans l’eau jusqu’à la poitrine avec Raphaël et son cousin Antoine, pendant que Thomas fait la sieste près d’Éric avec Léa et que Yuan marche tranquillement le long de l’océan en compagnie de Chloé, discutant de choses qui semblent particulièrement les amuser.

Philippe apprécie cette ambiance où personne n’est laissé de côté sans que ce soit toujours l’aspect sexuel qui prenne le pas, quoique la façon qu’ont Florian et Raphaël à rechercher sans cesse le contact, ne laisse aucun doute non plus sur la forte attirance qu’ils éprouvent l’un envers l’autre.

C’est lui aussi qui le premier aperçoit les deux hommes qui s’approchent de leurs côtés, la curiosité mais aussi l’habitude du professionnel le fait les observer et un sourire mi amusé mi agacé lui vient en reconnaissant bien là aux allures maniérées de ces deux personnages, la raison qui fait qu’encore à ce jour l’homosexualité passe aux yeux d’une majorité de gens pour une dégénérescence sexuelle plutôt que comme une simple différence.

CHAPITRE 56 (Aix en Provence) (Samedi) (Retrouvailles)

« En voiture, à quelques kilomètres de chez les Louvain. »

- Tu es sûr que c’est ce qu’il t’a dit au téléphone ?

- J’ai très bien compris rassure toi !! D’après Maurice Désmaré et je n’ai aucune raison de ne pas le croire, un ami à lui s’est rendu chez mon frère pour une raison qu’il ne pouvait pas me révéler. Sans doute ayant un rapport avec cette fameuse affaire classée confidentielle, cet ami donc en aurait profité pour prévenir André qu’il nous avait retrouvés et qu’il était probable qu’ils nous revoient un de ces jours.

- Cette dispute a bien trop duré, nous sommes les plus fautifs de toutes ces années perdues et tu le sais aussi bien que moi.

- Mon frère a pleuré quand il a appris la nouvelle !!

- Parce que toi non, peut-être ?? Toutes ces nuits depuis vingt ans où je t’entendais sangloter alors que tu me croyais endormi, tu crois que je n’en connaissais pas la raison ? D’ailleurs cette dispute était complètement débile reconnais-le !! Ils voulaient peut-être simplement avoir leur premier enfant avant de t’accorder ce que tu lui avais demandé, t’es-tu jamais seulement posé la question ?

- Ecoute !! C’est du passé maintenant, je pense que le mieux à faire est de tirer un trait sur tout ça !! Ce n’était pas le bon moment ce jour-là un point c’est tout, nous nous sommes emportés et nous nous sommes dit des choses que nous ne pensions pas réellement, je regrette juste d’être resté si longtemps entêté à ne pas vouloir le reconnaître.

- Ah !! Quand même !!

Alain jette un coup d’œil dans le rétroviseur sur son garçon endormi, un sourire plein de tendresse illumine alors son visage.

Cet enfant ils l’ont eu finalement, grâce à ce couple qu’ils ont connu à leur arrivée dans leur nouvelle patrie et qui a été suffisamment ému par leur histoire pour leur proposer ce don d’embryon, un don venant du cœur et qui depuis les a comblés plus qu’ils n’auraient pu l’espérer, leur donnant un fils qui depuis sa naissance ne leur apporte que du bonheur.

Evelyne a suivi son regard.

- Qu’aurions-nous pu désirer de plus que notre Thomas ?

- Rien je te l’accorde !!

- Ne nous restait plus que cette plaie à cicatriser, d’ici quelques minutes ce sera chose faite et nous pourrons être enfin complètement heureux, nous allons renouer avec ta famille ainsi qu’avec mon plus grand désir qui était de revenir vivre là où je suis née.

- Ça me fait tout drôle tu sais ? Je ne sais pas qu’elle est cette affaire d’état qui semble concerner mon frère mais je m’en fous royalement !! Elle aura au moins permis à ce que nous soyons là aujourd’hui, tous ensemble.

Evelyne aperçoit le lotissement qu’indique le GPS comme le terme de l’itinéraire, elle se retourne vers les places arrière et d’une voix remplie de tendresse, elle réveille son fils.

- Chéri réveille-toi, nous sommes arrivés !!

***/***

André taille ses haies quand il aperçoit la voiture roulant au ralenti et cherchant visiblement à se repérer dans le lotissement, son cœur se serre douloureusement quand elle est assez proche pour qu’il reconnaisse sans erreur possible les deux adultes qui malgré les longues années d’absence n’ont visiblement pas changé.

Sa main tenant le taille-haie, laisse tomber l’engin au sol et se dresse vers le ciel pour marquer sa présence, tandis qu’il se précipite dans la rue comme un fou pour étreindre avec force celui qui lui manquait tant depuis toutes ces années.

Nathalie qui a entendu la portière claquée, colle son nez à la fenêtre de sa cuisine et laisse couler ses larmes de bonheur de comprendre enfin que c’est bien la fin de tous leurs malheurs et que désormais la vie va pouvoir reprendre, elle ne peut bien sûr pas ne pas avoir une pensée vers son fils disparu si jeune et qui ne connaîtra pas ce moment où enfin les vieilles blessures du passé se referment.

Elle comprend également à voir sa belle-sœur et celui qui ne peut qu’être que son neveu Thomas, enlacés et émus à la vision des retrouvailles fraternelles, montrant combien ils doivent être attachés les uns aux autres comme eux l’ont été et le sont de nouveaux avec leurs enfants et ce même si l’un d’entre eux n’est plus là et qu’un autre leur est encore presque inconnu.

***/***

« Après les effusions, les présentations. »

Ce n’est qu’une fois tous dans le salon, que les fortes émotions commencent à s’estomper petit à petit pour permettre à chacun de se reprendre suffisamment pour qu’une conversation cohérente puisse être envisagé.

- (Alain) Vous aurez sans doute deviné que ce grand garçon est notre fils Thomas ?

- (André) Bienvenu chez nous mon neveu ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Qu’est ce qui te fait rire mon oncle ?

- (André) Imagine que j’aurais pu t’accueillir en t’appelant mon fils !! Mais ça s’est réservé au prochain Thomas Louvain qui franchira pour la première fois cette porte ! Hi ! Hi ! Mais c’est une longue histoire, peut-être avant de nous mettre à nous raconter ces vingt dernières années souhaiteriez-vous vous reposez ? boire ou manger quelque chose ? Je vous promets que pour ce qui est de mon côté vous n’allez pas être déçus, surtout pour les déroulements de ces derniers mois et voire même de ces derniers jours !!

CHAPITRE 57 (Camping de la dune) (Samedi) (suite)

« Sur la plage. »

- « Putain » me voilà bien maintenant, à force de me chauffer avec « Raphi » et Antoine à nous frotter dans l’eau l’un contre l’autre, j’ai chopé une gaule de malade et mon slip de bain ressemble à une canadienne deux places retournée par le vent, ce qui bien sûr ne manque pas d’être remarqué par mes deux copains de jeux, qui filent mort de rire rejoindre le gros de la troupe là où sont étalées les serviettes avec le reste de nos affaires.

Je décide de les rejoindre en y allant tranquille mais en jetant quand même un coup d’œil vite fait autour de moi pour vérifier que personne n’y regarde de trop près dans ma direction.

Jusqu’à ce que je tombe devant deux gusses qui s’ils se sont aperçus que je suis rouquin ce n’est certainement pas en ayant vu ma tête, leurs regards plongés comme ils le sont dans l’ouverture de mon slip de bain.

- Vous avez perdu quelque chose messieurs ?? Je vous jure pourtant que tout ce qui est là-dedans est à moi ! Hi ! Hi !

Constatant que mes paroles ne changent rien et qu’ils continuent à me mater le service trois pièces sans répondre, je déballe popole sous leur nez, amusé pour le moins de tant d’intérêts.

- Comment ??? Je vous entends mal ??? Tenez !! Prenez le micro et parlez bien fort devant surtout ! Hi ! Hi !

Mon geste est suffisamment inattendu pour qu’ils fassent enfin un pas en arrière et qu’ils relèvent la tête pour me dévisager, j’ai l’impression de passer un scanner tellement encore une fois ils se retrouvent figés à me fixer de la tête aux pieds.

Du coup je commence à perdre patience d’autant d’insistance de leur part et visiblement mes paroles censées être comiques pour les rappeler gentiment à l’ordre restent sans effet, ce qui au début m’avait amusé commence sérieusement à m’agacer et c’est en soupirant que je reprends ma marche pour rejoindre mes potes.

- Pffttt !! Si vous êtes en manque, allez donc à l’hôtel pour tirer un coup espèces de pervers.

Je rejoins mes amis encore sous le coup de la colère face à ce manque d’éducation manifeste, je veux bien admettre qu’ils aient été surpris, voir choquer de me surprendre la queue raide mais quand même pas à ce point-là où visiblement ils s’en mettaient plein la vue sans vergogne.

- Quand les cons auront des ailes, ces deux-là seront chefs d’escadrille je vous jure !!!

Raphaël qui s’amusait à s’éponger sur Thomas depuis qu’il est sorti de l’eau, se tourne vers moi surpris.

- De quoi tu parles ? Quels cons ?

- Les deux mecs là-bas !! Ils mataient ma queue comme deux clebs convoitent un os !!

- Tu ne pouvais pas attendre que ça se calme avant de venir nous rejoindre, aussi ??

En même temps qu’il me répond, son regard se porte vers l’endroit que je lui ai indiqué d’un geste de la main et je vois bien à ses yeux qui se plissent soudainement d’ahurissement, qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

- Qu’est-ce qu’il y a encore ?? Ne me dis pas que tu connais ces deux gars ??

En disant ça, je vois bien les deux mecs en question qui s’avancent vers nous visiblement étonnés à leur tour et les yeux braqués cette fois sur Raphaël.

- On dirait bien pourtant !! Ce sont les deux photographes pour qui je bosse !!

Je le regarde, sidéré.

- Ne me dis pas que tu as….

- Bien sûr que non !! Ils sont super sympas en plus !!

- Si tu le dis !!

- Je t’assure « Flo » !! Ils ont dû être surpris en te voyant, ce sont des artistes qui cherchent toujours l’excellence et comme en plus tu leurs en a mis plein la vue, j’imagine sans peine dans quel état d’excitations professionnelles tu les as mis.

- Professionnel mon œil !! Bon !! Peut-être qu’à la fin je ne dis pas !! Mais quand ils m’ont vu, c’est juste ma queue qu’ils regardaient tes artistes ! Hi ! Hi !

Thomas tout comme Antoine, Éric et Léa, nous écoutent depuis le début sans intervenir et observent eux aussi les deux « artistes » qui maintenant sont presque sur nous, ils peuvent lire tout comme moi dans leurs yeux la surprise de retrouver Raphaël au milieu d’un groupe comme le nôtre.

C’est d’ailleurs flagrant, quand l’un des deux hommes pose la question d’une voix visiblement étonnée.

- Raphaël ??????????

Je fais semblant d’écarter le short de bain de mon copain en soulevant légèrement l’élastique.

- Si vous n’êtes pas sûr, vous n’avez qu’à vérifier à l’intérieur !!

CHAPITRE 58 (Camping de la dune) (Samedi) (suite)

Les deux types me regardent faire ce geste comme si je venais de réaliser un acte de lèse-majesté sur un personnage de la haute noblesse, Raphaël s’en rend compte et me met une petite tape sur le dos de la main pour que je l’enlève vite fait.

- Allons « Flo » !! Tu pourrais attendre qu’on soit en privé ! Hi ! Hi !

Il reporte son attention sur les deux hommes, visiblement toujours surpris de les voir ici.

- Salut les gars !!! Vous êtes en vacances ?? Tu parles d’une coïncidence !! Excusez mon ami s’il vous a rembarré, ça vous apprendra à porter trop longtemps le regard où il ne faut pas.

Éric et Thomas, qui jusqu’à présent s’étaient faits discrets derrière nous, viennent nous prendre par la taille en posant leur tête sur nos épaules et s’amusent à leurs tours de l’air de stupéfaction qui vient de marquer le visage des deux hommes devant leurs gestes qui ne laissent guère de possibilités d’erreur sur ce que nous sommes pour eux.

- (Thomas) Il est mignon mon petit rouquin pas vrai ? Dommage pour vous, il est déjà pris !!

Éric embrasse Raphaël dans le cou près de la gorge, en le serrant encore plus fort contre lui.

- Celui-là aussi !!

Antonin et Jean Baptiste arrivent en voyant l’attroupement, très vite suivis par Yuan et Chloé, qui justement revenaient de leur promenade, alors que Léa et Antoine se découvrent aux deux gars qui ne savent visiblement plus où donner du regard.

Raphaël décide alors de présenter toute la petite bande pour détendre l’atmosphère et d’en faire autant des deux hommes vis à vis de ses amis, espérant qu’après ça ils arrêteront de vouloir les charrier en comprenant qui ils sont.

José et Benoît, les deux photographes, se remettent petit à petit du choc occasionné par la vision de tous ces magnifiques garçons et filles, en tenue minimaliste réunis autour de Raphaël qu’ils découvrent d’ailleurs si peu vêtu pour la première fois depuis qu’ils le connaissent, ne s’attendant certainement pas non plus à le surprendre en si agréable compagnie.

- (José) Nous te cherchions pour un travail en fait !! Un client qui a avancé ses délais !!

- (Raphaël) Quelle marque finance le shoot ?

- Calvin Klein !!

- Vous savez bien que je ne fais pas ce genre de photo ? Je ne me montre pas en slip ou en caleçon devant tout le monde !!

- (Benoît) C’est pour une pub de caleçons de bains !! Ce n’est pas tout à fait la même chose quand même ?

- Mais pourquoi moi ? Ce ne sont pas les mannequins qui manquent pour ce genre de photos !!

- (José) Nous voulions que ce soit toi, tu en connais aussi bien que nous les raisons en plus, alors arrête de faire celui qui n’a pas compris !!

- (Benoît) Les clients ne jurent que par toi parmi nos modèles et si tu refuses, le contrat nous passera très certainement sous le nez et ira à la concurrence !! Tu ne nous ferais pas ça quand même ?

Je connais assez bien mon « Raphi » pour savoir qu’il ne cédera pas, je sais également que ces deux types ont été là pour lui quand il a frappé à leur porte et que c’est un peu grâce à eux, s’il finance sans souci ses études depuis deux ans.

- Ça pourrait être marrant si on faisait ça tous ensemble ??

Je remarque aussitôt les regards des deux professionnels qui nous détaillent tous de la tête aux pieds, avec un sourire qui s’accentue de plus en plus au fur et à mesure que ma proposition fait son petit bonhomme de chemin dans leurs têtes.

José reporte son attention vers Raphaël, ses yeux brillants d’un intérêt manifeste tandis que Benoît reste figé la gorge sèche en contemplation évidente devant Thomas, qui vient de se redresser en dévoilant ainsi son corps sculpté et déjà doré par le soleil.

- Tu serais d’accord ?

Raphaël sourit en se retournant à son tour pour admirer ses copains.

- Ok, mais ça va vous coûter plus cher, vous l’imaginez bien !!

- (Benoît) Votre prix sera le nôtre !! Ça va être la pub qui va marquer notre carrière j’en suis convaincu !!

Je me redresse à mon tour, pour me planter devant eux avec détermination.

- Alors tant mieux pour vous deux, c’est un juste retour des choses pour ce que vous avez fait pour notre ami !! J’espère juste que vous en tirerez tout ce que vous en espérez, parce qu’après ça il ne faudra plus compter sur nous ainsi que sur Raphaël !!

- (José) Pourquoi ça ?

- Parce que comme ça « Raphi » va pouvoir consacrer plus de temps à ses études et que le financement de celles-ci ne sera bientôt plus un problème !! De plus il n’est plus seul et à mon avis son temps libre ne le sera plus tant que ça ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 59 (Camping de la dune) (Samedi) (fin)

« Après le dîner, terrasse des mobil homes. »

Il est presque vingt et une heure et nous sommes tous à attendre que Philippe arrive avec les résultats du loto, je ne me fais pas trop de soucis pour ça à part la somme qui je l’espère devrait être suffisante pour que nous puissions tous ne plus avoir à nous préoccuper d’argent, tout du moins pendant quelques temps.

Bien sûr certains, ce qui peut d’ailleurs se comprendre facilement, sont plus nerveux que d’autres et Yuan tout comme Antoine sont beaucoup moins stressés que peuvent l’être Antonin ou Jean Baptiste par exemple, tout simplement parce que ces derniers tirent la ficelle par les deux bouts depuis toujours, alors que les autres n’ont manqué de rien jusque-là.

Les deux photographes sont repartis en nous donnant rendez-vous sur la plage en milieu de semaine prochaine, le temps pour eux de tout préparer et la trombine qu’ils ont fait en nous quittant nous a éclatés un maximum, sûr qu’ils auraient très certainement aimé passer une nuit avec n’importe lequel d’entre nous, à part peut-être Chloé et Léa, qui décidément n’ont vraiment pas de chances.

J’en suis là dans mes pensées à écouter également d’une oreille la cacophonie de paroles venant de mes amis qui fait un étrange brouhaha de sons que je trouve pour ma part apaisante, quand ceux-ci soudainement font place à une exclamation de joie qui me ramène illico vers le présent à tourner la tête dans la direction de leurs regards et sourire en apercevant la silhouette de Philippe, qui s’approche à grands pas vers nous.

Son visage enjoué rassure vite tout le monde et ce sont des yeux avides de savoir ce qu’il en est, qui l’accueillent dès qu’il met le premier pied sur la terrasse.

Philippe sourit en prenant tranquillement place sur une chaise, il savoure sans doute ce moment d’attention particulier que nous lui prêtons et nous fait languir visiblement en connaissance de cause, c’est Antoine qui interrompt enfin le silence en posant la question que nous nous posons tous.

- Alors ?? On a gagné combien ??

- (Philippe) Déjà vous pourriez remercier Florian et sa mémoire d’éléphant !!

- (Yuan) Il n’y a pas que sa mémoire ! Hi ! Hi ! C’était vraiment les bons numéros alors ??

- Oh !! Dis donc le bridé ?? Tu doutais de moi à ce que je viens de comprendre ??

- (Yuan) De toi non bien sûr, mais n’oublie pas que nous ne sommes plus dans la réalité que tu as connue !!

- (Philippe) En tous les cas vous voilà tous possesseurs d’une somme bien rondelette ! Hi ! Hi !

Je le regarde, surpris.

- Comment ça vous ?? Nous partageons avec toi comme convenu.

- (Philippe) Vous en avez plus besoin que moi, je n’attendais pas après cet argent pour vivre tu sais ?

- Là n’est pas le problème et si tu veux aller par là c’est pareil pour Yuan, moi et Antoine !! Nous partageons entre nous tous parce que c’est l’équité, qui se doit d’être un lien très fort pour notre groupe d’amis duquel tu fais partie intégrante et chacun recevra sa part comme il en était convenu, libre à nous ensuite d’en faire ce que bon nous semble.

***/***

Philippe soupire en comprenant que s’il insistait, tout ce qu’il risquerait de récolter serait de se brouiller d’avec Florian et bien sûr il lui est trop attaché pour ça, préférant recalculer la somme du premier rang qui a été annoncé juste après le tirage.

- Très bien dans ce cas !! Ça "nous" fera un peu plus de quarante-huit mille Euros chacun, je me propose d’aller toucher le chèque et de faire ensuite le partage, ceux qui n’ont pas de comptes en banque devront penser à en ouvrir un rapidement.

***/***

L’énoncé de la somme a bien sûr des répercussions différentes parmi mes amis, les plus marquantes venant bien de ceux auxquels je m’y attendais le plus et l’émotion de Jean Baptiste ainsi que celle d’Antonin, me fait bien comprendre ce que cet argent représente d’important et d’inespéré pour eux.

Je sais qu’avec ça nous serons tous tranquilles le temps d’avoir un vrai travail, c’est donc vers Thomas que je me tourne pour qu’il me serve encore une fois de banquier dans cette réalité.

- Tu gères pour nous deux, grand ??

- (Thomas) Faudra attendre pour ça que j’ai des papiers, tu oublies qu’ici je n’existe pour ainsi dire pas tant que Maurice n’aura pas résolu le problème.

- Il s’en occupe !! Tu devrais rapidement les avoir !! Bon !! Je pense que le souci des finances de chacun est résolu, il serait temps de changer de sujet et surtout de ne plus revenir là-dessus. Juste pour bien mettre les choses au clair entre nous une bonne fois pour toute, je ne compte pas renouveler la façon utilisée pour l’obtenir !! A nous dorénavant de faire en sorte de nous en sortir par nos propres moyens.

Philippe se lève avec un sourire satisfait aux lèvres.

- Je ne peux qu’approuver cette résolution et je ne doute pas un instant que vous vous en sortirez tous haut la main, je vous laisse finir votre soirée entre vous. A demain !!

Nous attendons tous qu’il se soit éloigné pour qu’ensuite la question se pose de comment finir la soirée, je sens bien un regard insistant derrière mon dos qui me fait me retourner et croiser celui de Raphaël qui ne me laisse aucun doute sur ses pensées, tellement ses yeux braqués sur moi expriment l’envie qu’il a de la finir avec moi.

CHAPITRE 60 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Redécouverte)

Je lui envoie un petit clin d’œil de connivence pour ensuite regarder ce qui se passe du côté de Thomas, qui semble en être étrangement au même point avec Éric et il ne me faut pas longtemps pour comprendre que tout semble avoir été calculé à l’avance par nos deux copains.

Le « complot » paraît même aller encore plus loin, quand Yuan s’approche de moi et me glisse à l’oreille.

- Nous prenons « Tonin » avec nous ce soir, tu crois que tu peux te relier à lui comme tu le fais avec « Thom » ?

Cette demande me fait comprendre que dans cette réalité, nos relations associées avec nos amis ne seront pas forcement du même style que celles que nous avions connues et en y réfléchissant bien, je n’y trouve rien à redire bien au contraire.

- Ne t’inquiète pas pour ça « Yu » ça fait déjà un moment que c’est le cas, Antonin n’a juste pas encore pris l’habitude de l’utiliser comme nous le faisons sans y penser avec Thomas.

- C’est cool alors !! Vous n’êtes donc plus obligés d’être tous les trois quand on a envie d’être plus particulièrement avec l’un d’entre vous ?

- Hé non !!! Hi ! Hi !

- Pourquoi ce n’est que maintenant que tu le dis ??

- Parce qu’on aime aussi être tous les trois avec vous ! Hi ! Hi !

- Pourtant ce soir ça n’a pas l’air de te déranger ?

- C’est que ce soir est un soir un peu particulier, Thomas va retrouver son ami d’enfance avec qui il a fait ses premières expériences et moi j’ai un autre « rouquemoutte » qui mijote sur le feu et qui ne demande qu’à être dévoré séance tenante ! Hi ! Hi ! Et puis d’ailleurs ne me prends pas pour un nanar, si tu es venu me parler de ça c’est bien parce que vous avez déjà tout combiné tous ensemble !!

- On se demandait quand vous vous décideriez !!

- Apparemment c’est pour ce soir ! Hi ! Hi !

- Et pour « JB » ?

- Tu connais ma position là-dessus, c’est la même pour Thomas !! Avec vous il fait comme il veut, après tout c’est un grand garçon.

- Pourtant l’autre jour sur la dune, tu….

- C’était juste un jeu ce soir-là, je n’aurais pas été plus loin avec lui et il le sait parfaitement. D’ailleurs rien ne l’empêche de participer s’il accepte que ça reste dans la même idée, je me rappelle que pour toi ça a duré un moment comme ça avant que tu ne tombes amoureux de « Pat » et qu’ensuite on soit totalement avec toi, il y a de nombreuses façons pour se donner du plaisir sans aller non plus jusqu’aux extrêmes.

- Antonin connaît il cette histoire ?

- Si quelqu’un lui en a parlé, sinon je ne pense pas !! Je vois bien où tu veux en venir, j’avais déjà remarqué leur attirance l’un envers l’autre.

- Tu n’es pas jaloux ?

- Pourquoi le serais-je ?? L’es-tu d’Antoine quand on est ensemble ?

- Bien sûr que non !! Nous nous aimons vraiment, avec vous c’est un autre plaisir qui consolide encore plus notre amitié mais aussi notre couple.

- Tu as donc répondu tout seul à ta question !! Antonin est avec nous comme toi tu l’es avec mon cousin, il n’y a donc pas à en être jaloux s’il prend du plaisir et s’amuse en compagnie de l’un ou plusieurs d’entre vous comme nous le faisons tous.

Yuan finit par me sourire avant de me quitter, je comprends bien toutes ces questions qu’il se pose et j’avoue m’en poser à moi aussi sur cette manière que j’ai de voir les choses de l’amour mais aussi du sexe, surtout qu’elle a l’air de surprendre tout autant ceux avec qui je partage cette façon de penser alors qu’ils l’acceptent sans se faire prier.

Comme si c’était le fait d’être devenu ami avec moi qui leur fait s’accorder à ma manière d’être, je me demande une nouvelle fois si c’est moi qui s’adapte à ce monde ou bien le contraire et cette question ce n’est pas la première fois que je me la pose, déjà dans ce qui était pour moi ma vie de référence, je m’en étais fait plusieurs fois la remarque.

D’où dans ma tête à cette époque déjà, d’avoir cette idée fixe que j’étais plongé dans un rêve merveilleux où toutes mes pensées prenaient du sens et devenaient réalités.

Thomas s’approche de moi avec Éric et Raphaël.

- « Raphi » demande si on veut passer la soirée chez lui tous les quatre ?

Devant tous les efforts qu’ils ont faits pour organiser ça, comment refuser ??

- Je vous rejoins dans cinq minutes, juste un truc à voir avec « Tonin » et j’arrive !!

- (Thomas) Tu veux que je vienne avec toi ?

- Non t’inquiète et puis tu y seras de toute façon, je veux juste être certain que ça va aller pour lui et qu’il a bien ouvert la porte et les fenêtres en grand ! Hi ! Hi !

***/***

Éric regarde s’éloigner Florian en se demandant si tout va vraiment bien dans sa tête.

- De quelle porte il parle encore ?? Il y a des moments où je me demande s’il va bien dans sa tête, surtout quand il balance des trucs comme il vient encore de le faire à l’instant et qui n’ont aucun sens !!

- (Thomas) Ces paroles m’étaient adressées et je sais très bien de quoi il parlait, alors ne t’inquiète pas pour lui et pense plutôt à cette soirée qui nous attend, pour toi et Raphaël, ce sera une première alors que pour nous deux Florian, ce sera une retrouvaille d’avec vous deux. Alors ne vous étonnez pas trop si nous connaissons les endroits qui vous font grimper aux rideaux les mecs ! Hi ! Hi ! Nous avons une très longue expérience de vous deux, allez !! Allons-y et je vous raconterais ça en route !!

CHAPITRE 61 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Soirée chez Raphaël)

Une fois certain que notre soirée chez Raphaël ne pose pas de problème à Antonin et lui avoir bien montré comment rester en relation mentale avec nous deux Thomas, c’est d’un pas rapide que je traverse le camping pour me retrouver en vue de chez les Moutier.

Jean et sa femme sont tous les deux installés dehors à boire une limonade quand ils me voient arriver vers eux, le sourire qui illumine alors leurs visages me va droit au cœur.

- (Jean) Ils t’attendent dans la chambre de Raphaël !! Quelle idée d’aller s’enfermer par une si belle soirée !!

- Je le sais bien mais je n’allais pas laisser mon petit copain tout seul avec les deux autres loustics, alors que je viens juste de le retrouver ! Hi ! Hi !

- (Jean) Tiens c’est vrai, maintenant que tu en parles !! Où est donc passé le jeune homme qui est arrivé avec vous ? Vu la ressemblance frappante qu’il y a entre eux, j’imagine que c’était le petit frère de ton ami !!

- C’est compliqué à vous expliquer !! Disons pour faire court qu’ils ont inversé les rôles essentiellement pour me faire plaisir.

- (Anne) Ton ami est un garçon magnifique, vous allez très bien ensemble !!

- Merci c’est gentil, Éric n’est pas mal non plus lui aussi !!

- (Anne) Il semble être devenu très proche avec mon fils ?

Je libère leurs inconscients pour que notre précédente conversation leur revienne en mémoire.

- Nous en avons déjà parlé il me semble ?

- (Anne) Bien sûr !! Où ai-je la tête !!

- (Jean) Ça se passe donc comme dans tes souvenirs ?

- Pour eux deux ? C’est exact et j’en suis vraiment heureux croyez-moi, vous avez l’air de le prendre plutôt bien vous aussi ?

- (Anne) C’est étrange cette impression de l’avoir su et de ne s’en souvenir que maintenant ?

- (Jean) Pareil pour moi, je me faisais justement la même réflexion ?

- Peut-être n’étiez-vous pas prêts d’accepter le fait ce jour-là ? Depuis l’idée a fait son chemin et à vous voir, je ne pense pas me tromper en disant que le bonheur de Raphaël passe avant les vieux préjugés. Éric est un garçon que vous apprendrez très vite à apprécier à sa juste valeur.

- (Anne) Il a l’air important pour toi à t’entendre parler de lui avec autant de cœur ?

- C’est un ami d’enfance auquel je tiens énormément c’est vrai, comme tous ceux qui partagent ces vacances avec moi d’ailleurs et ce même si pour certain comme Jean Baptiste, m’était étranger il y a encore quelques jours.

- (Jean) Il faudra un jour que tu nous racontes tout ça à tête reposée, mais ce n’est ni l’heure ni l’endroit et tes amis t’attendent, alors cours vite les rejoindre.

Je m’avance vers eux pour les embrasser, mon geste qui au premier abord les a surpris, semble après coup leur amener un immense plaisir et c’est tout souriant que je les quitte pour entrer dans la maison rejoindre mes trois gaillards.

L’intérieur est bizarrement silencieux quand je m’avance vers la chambre de Raphaël, je suis quasiment certain de les trouver sagement assis à m’attendre, en n’ayant pas osé commencer les préliminaires et ce sans avoir besoin de regarder par les yeux de Thomas.

Je ne me trompe pas en ouvrant la porte et en les apercevant tranquillement installés devant le pc de Raphaël à naviguer sur Internet.

- Besoin d’un site cochon pour vous exciter ou quoi ??

Ils sursautent tous les trois, ne m’ayant pas entendu venir.

- (Raphaël) On t’attendait pour commencer !!

Je les observe avec amusement.

- Et bien… je suis là !!

Apparemment ce n’était pas la réponse qu’ils attendaient et ils se retrouvent tout bêtes à se regarder dans les yeux en faisant leur kéké, du coup un vieux doute me vient et je pose la question qui m’est venu subitement à l’esprit, m’adressant à Éric et à Raphaël.

- Ôtez-moi d’un doute-vous deux !! Vous ne vous êtes pas contentez de dormir ensemble ces dernières nuits j’espère ?

Je comprends de suite en voyant leur tête se baisser et leurs yeux regarder le parquet de la chambre d’un air gêné.

- Je vois, je vois !!! Vous connaissez pourtant ma position là-dessus ? Alors vous avez le choix, c’est ou on vous laisse seuls ce soir !! Ou on commence en couple, ça vous donnera peut-être le courage d’aller plus loin déjà vous deux et on voit après où ça nous mène pour la suite de la soirée ? Qu’est-ce que vous choisissez ?

N’obtenant pas de réponse et les voyant toujours aussi intimidés, je me tourne vers Thomas qui me fixe depuis tout à l’heure.

- Tu viens ?? On reporte ça pour quand ces messieurs seront réellement ensemble !!

Je n’ai pas encore fait demi-tour pour sortir de la chambre qu’une voix me stoppe.

- (Raphaël) Non !! Restez les gars !! On fera comme tu veux !!

- Sûr ??... Éric ??

- (Éric) Restez avec nous !! Vous voulez bien ??

Un coup d’œil sur Thomas qui a son sourire ensorceleur me fait comprendre que c’est ce qu’il aimerait aussi et je fais un pas vers la porte en les sentant tous retenir leur souffle, je ne peux m’empêcher de sourire avant de la claquer devant moi et de lui donner deux tours de clé.

J’approche ensuite pour me placer devant Thomas que j’envoie d’une poussée s’allonger sur le lit et sans plus m’occuper des deux autres, je lui saute dessus pour l’embrasser à pleine bouche en me frottant amoureusement contre lui.

***/***

Éric et Raphaël sentent leurs libidos explosées devant le spectacle de leurs deux amis qui entament les préliminaires amoureux sans plus s’occuper d’eux, avec une telle excitation marquée d’impatience qu’il ne leurs faut pas longtemps avant de les voir se retrouver nus et de prendre une position sans équivoque sur l’intention qu’ils ont d’aller jusqu’au bout de leur passion.

CHAPITRE 62 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Antonin)

Pendant que Yuan accompagné d’Antoine se promènent le long de la dune, Antonin lui est resté avec les filles et celui qui depuis son arrivée, devient pour lui un ami incontournable.

Peut-être est-ce dû au fait qu’ils ont connus tous deux les galères de la vie avant de voir enfin poindre une lueur d’espoir, quand ils ont fait la connaissance de Pierre pour lui et de Philippe pour Jean Baptiste.

Eux quatre sont restés sur la terrasse, n’en revenant pas encore de cette somme d’argent qu’ils vont recevoir d’ici peu et qui pour eux est une vraie fortune, car Chloé tout comme son amie même si elles n’étaient pas à plaindre, n’étaient pas non plus à considérer comme des nanties.

Pendant qu’ils discutent de ce qu’ils vont faire de cet argent tombé du ciel, Antonin reste en liaison avec ses deux chéris et commence à avoir la tête qui chauffe d’assister à leurs ébats amoureux, son sexe dessinant une barre en travers de son maillot de bain.

Jean Baptiste ne manque pas de s’en apercevoir sans être au fait de la cause de cette bandaison, lui aussi commence à ressentir la même excitation à la vue de son copain si mignon et son sexe devient rapidement au diapason de celui d’Antonin, situation suffisamment gênante pour qu’il reste bien calé sur son siège serré le plus possible à la table.

Chloé regarde l’heure quand commence à raisonner dans l’air les premières notes de musique qui annoncent le début de l’animation.

- J’ai envie de danser !! Vous venez ??

- (Léa) Bonne idée !!

- Et vous les garçons ??

Antonin semble revenir de ses pensées, alors qu’il était toujours dans l’esprit de Florian et de Thomas à en prendre plein la vue, découvrant tout comme eux les corps hyper bandant d’Éric et de Raphaël, qui ont très vite vaincu cette timidité qui les tenait jusque-là, pour en être au même point d’excitation que ses deux chéris à lui.

- Hein !! Tu disais ?? À oui, aller danser !! Peut être tout à l’heure !!

- (Jean Baptiste) Moi aussi !!

- (Chloé) Pas la peine de nous faire un dessin, vous avez l’intention de faire des cochonneries tous les deux ! Hi ! Hi !

- (Léa) Pourquoi tu dis ça ??

- Demande-leur de se lever et tu comprendras ! Hi ! Hi !

Léa n’étant pas née de la dernière pluie, interprète à demi-mot les paroles de sa copine et se penche vers les garçons pour constater ce qui lui a amené cette remarque.

- Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à ne penser qu’à ça !!

- (Chloé) C’est parce qu’ils ont quelqu’un, nous serons pareilles quand nous aussi nous aurons un copain.

Léa ahurie regarde les deux garçons.

- Depuis quand vous êtes ensemble vous deux ?

- (Chloé) Laisse les, tu ne vois pas qu’ils vont prendre feu sinon ?? On vous laisse les garçons, je pense que vous avez des choses à vous dire !!

Comme un fait exprès, c’est au moment où les filles s’éloignent qu’Antoine et Yuan apparaissent, le tee-shirt autour de la taille.

- (Yuan) Ça va vous deux ?

- (Antoine) On rentre tôt parce qu’on a envie d’un câlin et il y a trop de monde sur la dune, ça te dit « Tonin » ??

Antonin voit tout de suite le visage de Jean Baptiste se rembrunir à l’idée de se retrouver une nouvelle fois tout seul et il lui prend la main en la serrant amicalement, avant de répondre à la proposition d’Antoine.

- On a prévu autre chose « JB » et moi, peut-être plus tard si vous êtes encore chaud Hi ! Hi !

- Ok, pas de soucis !! Amusez-vous bien !!

L’envie de ses deux copains est suffisamment urgente pour qu’ils ne s’attardent pas plus et foncent dans leur mobil home pour s’y retrouver dans l’intimité de leur chambre.

Jean Baptiste curieux.

- On avait prévu quoi au juste ?

- Je pensais que nous aussi on pourrait s’amuser un peu ensemble, bien sûr pas comme eux mais ça me dirait bien une petite branlette entre copain !! Tu es partant ??

- Florian et Thomas ne diront rien s’ils l’apprennent ??

- Je t’assure que non et puis nous ne faisons rien de mal, une branlette n’a jamais tué personne ! Hi ! Hi !

- Dis « Tonin » ? Je peux te poser une question ?

- Vas-y !! Laquelle ??

- Pourquoi vous me mettez à l’écart comme ça ?? Je suis majeur tu sais ?? Moi aussi j’ai envie de connaître autre chose qu’une branlette entre copains, c’est comme si je ne plaisais à aucun d’entre vous ??

- (Antonin) Tu n’y es pas du tout, au contraire !! Tu crois vraiment que je serais là au lieu de m’éclater avec « Yu » et Antoine, si c’était le cas ??

- Alors je ne comprends plus rien à rien !! Tu pourrais m’expliquer ?

- Il y a entre nous tous comme, disons …une règle qui veut que nous soyons déjà en couple pour pouvoir ensuite partager de temps en temps quelques bons moment ensemble. Ce sera pareil pour Éric et Raphaël tu sais, sinon Florian et Thomas n’auraient pas accepté d’être avec eux ce soir.

- C’est pour ça que tu me proposes juste une partie de touche pipi alors ? J’y crois pas !!

- (Antonin) On n’est pas obligé tu sais, si ça ne te dit rien on laisse tomber et on va rejoindre les filles au bal du camping.

- Tu pourrais aussi retrouver « Yu » et « Toinou » ??

- Bah non tu vois, je préfère rester avec toi !!

- (Jean Baptiste) Moi aussi, mais je comprendrais.

Les deux amis restent un moment à s’observer sans plus une parole, une étrange connivence les fait se sourire en matant chacun ensuite le slip de bain toujours aussi tendu de l’autre et c’est Jean Baptiste qui éclate de rire le premier, suivi aussitôt par Antonin.

- (Jean Baptiste) Bon ok ! Hi ! Hi ! On va se la secouer cette nouille ?? Sinon on n’est pas près de rejoindre les filles !!

CHAPITRE 63 (Paris) (Samedi soir) (Chez les Désmaré)

Martine Désmaré est une belle femme tenant bien la petite cinquantaine, elle est en position assise sur son lit à dévorer un roman qui la passionne et ça près de Maurice qui lui s’est endormi sitôt coucher, comme il le fait bien souvent depuis ses dernières semaines.

Elle sursaute en entendant la sonnerie du téléphone qui se trouve dans le bureau de son mari, devenant blanche d’inquiétude au son spécial de cette ligne qui jusqu’à présent n’avait retenti que pour apporter les pires catastrophes.

Elle repose son livre ainsi que ses lunettes sur la table de chevet, se tourne vers son homme pour le secouer doucement.

- Chéri !!! …. Chéri…. Réveille-toi !! Ce doit être quelque chose d’important !!

- Hummm !! Quoi ??

- Le téléphone…dans ton bureau !!

Maurice redresse la tête et tend l’oreille, subitement alarmé et dès qu’il entend à son tour la sonnerie insistante, il se lève d’un bond pour courir pieds nus jusqu’au combiné qu’il attrape d’un geste brusque.

- Allô !! Désmaré !!

- ….

- Bien entendu !! Il vous a dit qui il était ?

- ….

- Passez-le-moi !! …Allô ??

- ….

- Lui-même !!

- ….

Il écoute alors attentivement la personne dont la voix volubile dans un anglais hésitant sans doute à cause de la forte émotion, montre combien il est perturbé par le but de son appel.

« Paroles de Maurice traduites en Français. »

- Allons !! Calmez-vous !! Je n’ai pas compris la moitié de vos paroles et d’abord qui êtes-vous ?

- ….

- Akihito ?? Mais que se passe-t-il donc mon ami pour te mettre dans un état pareil ??

- …..

L’ahurissement total marque alors les traits de Maurice qui comprend alors pourquoi son ami est aussi nerveux, le désespoir peut s’entendre dans chaque mot qu’il prononce.

- C’est arrivé quand ?? Je n’en ai pas été encore informé ??

- ….

- Y a-t-il des morts ??

- ….

- Comment vont-ils ??

- ….

- Je vais voir ce que je peux faire !! Il faut que j’en réfère au président, je ne doute pas qu’il donne les autorisations nécessaires !!

- ….

- Je comprends bien que le temps est compté !! Le mieux s’ils sont transportables serait de les transférer par avion jusqu’ici, ce qui nous éviterait d’en perdre plus qu’il ne le faut, pendant ce temps-là je te promets de mettre tout en œuvre pour qu’à votre arrivé tout soit prêt pour les prendre efficacement en charge. Tu es certain que vous ne pouvez rien faire pour eux depuis chez vous ??

- ….

- Je comprends !! J’appelle les services concernés pour préparer votre arrivée, surtout mon ami rappelle-toi qu’il faut garder le secret sur qui tu sais !!

- ….

- Ne perdons pas plus de temps alors !! Préviens la sécurité de ton pays, qu’ils se mettent en rapport avec nous depuis votre ambassade en France.

- ….

- S’ils sont encore en vie, je te promets qu’ils s’en sortiront !! Au revoir mon ami et a très bientôt !!

- ….

Maurice raccroche fébrilement le combiné, les heures qui suivent l’appel d’Akihito passent alors très vite à organiser l’arrivée de plusieurs membres appartenant de près ou de loin à la famille impériale, victimes d’un terrible accident maritime lors d’une visite protocolaire pour une inauguration semblant importante, au sein même de l’archipel.

Quand il sort enfin de son bureau, Maurice voit poindre le jour à travers les carreaux et il sait qu’il n’est plus temps de penser à dormir, la journée ne faisant que commencer s’annonce comme l’une des plus longues qu’il ne connaitra jamais.

***/***

« Dimanche sept heures du matin, bureau de l’Elysée. »

Une heure déjà que la conversation a débuté, ponctuée souvent d’interruptions suite à l’arrivée des rapports sur l’avancement des différentes actions engagées.

- Vous rendez vous compte des risques diplomatiques que nous amènent cette sombre affaire ?

- Bien sûr monsieur le président !! Mais pouvions-nous même seulement envisager de refuser notre aide, sachant ce que nous savons ?? Le professeur Assaki a été témoin du miracle sur le jeune Benjamin, c’était couru d’avance qu’il nous fasse officiellement cette demande sachant pertinemment que c’est l’unique chance qu’ont encore les membres de la famille impériale d’en réchapper.

CHAPITRE 64 (Camping de la dune Paris) (Samedi soir) (L’appel au « don »)

« Continuation de la discussion au bureau de l’Elysée »

- Je ne dois m’en prendre qu’à moi de ne pas vous avoir écouté ce jour-là et d’avoir autant insisté pour que quelqu’un de reconnu mondialement supervise cette opération, voilà où nous en sommes à l’heure où je vous parle !! Nous allons mettre la vie de la belle fille et du fils de l’homme le plus adulé du Japon, entre les mains d’un adolescent au casier plus que chargé et de surcroît sans aucun diplôme, avec toutes les incertitudes sur l’état de santé de la famille impériale qui vont avec !! Qui sait si dans l’état actuel où ils se trouvent, il y a encore quelque chose à tenter pour eux ? Vous vous rendez compte des répercussions internationales si un seul d’entre eux venait à ne pas en réchapper ?? Ou encore si les médias apprenaient ce que nous avons l’intention de faire et découvrent en plus le passé de notre protégé ??

- Je ne doute pas un instant que Florian saura faire pour le mieux monsieur et quant aux médias, il va juste nous falloir faire en sorte que rien ne filtre de l’hôpital. Quant aux répercussions monsieur, n’oublions pas que la demande vient du gouvernement Japonais parce qu’ils ne se sentent pas les compétences nécessaires. Pensez au prestige de notre pays si notre participation leur sauve la vie !!

- Vous avez carte blanche sur les moyens à mettre en œuvre, ce garçon doit être absolument protégé de toutes publicités c’est bien compris ??

- C’est à quoi je travaille depuis cette nuit monsieur, Florian sera transféré dans la matinée par hélicoptère à l’hôpital du Val de grâce et c’est l’équipe d’Akihito Assaki qui arrive avec les blessés qui l’aidera dans ses interventions, ceux-là même qui l’ont assisté pour le jeune Benjamin.

- J’espère que ce sera suffisant !!

- Je ne comprends pas ce qui vous fait dire ça monsieur ?

- Mais enfin Maurice !! C’est du fils de l’empereur que nous parlons !! Celui qui pour le peuple Japonais reste un dieu vivant, comment crois-tu que vont réagir toutes ces personnes aussi professionnelles soient-elles, face à la perspective d’avoir sa mort sur la conscience ?

- Peut-être pourrions-nous mettre quelques chirurgiens de l’armée dans la confidence ?

- Hummm !!! Je vais y réfléchir et convoquer un conseil restreint de l’ordre, vous aurez connaissance de ma décision dès qu’elle sera prise !! Pour le garçon, où en sommes-nous ??

- Des hommes à moi s’en occupent monsieur, ils ne devraient plus tarder à arriver là où il passe ses vacances avec ses amis. Pour le transport en hélico, l’appareil est loué sans pilote à une société civile et ce afin d’éviter les curieux s’il s’était agi d’un appareil militaire.

- Bien !! Je vois que vous avez pensé à tout, il ne reste plus qu’à croiser les doigts !! Je m’occupe de lui faire affecter les meilleurs chirurgiens dont nous disposons, par contre ils n’interviendront qu’en cas de défaillance de l’équipe du professeur Assaki. Moins il y aura de témoins et mieux cette histoire se terminera !!

***/***

« Continuation de la nuit au camping de la dune, quelques heures plus tôt. »

Chloé et Léa s’amusent beaucoup à cette soirée organisée par le camping, cela fait presque deux heures qu’elles dansent sans discontinuer, seules ou accompagnées par quelques garçons trop heureux d’inviter de si jolies filles.

Elles profitent d’un jeu qu’organise l’animateur de la soirée pour aller s’asseoir et prendre un verre en discutant tranquillement et bien sûr le sujet de la discussion va directement vers les garçons, avec en particulier le rapprochement qu’elles ont noté entre Jean Baptiste et Antonin.

- (Léa) Tu crois qu’il pourrait y avoir quelque chose de sérieux entre eux deux, toi ?

- Honnêtement ?? Je ne pense pas !! « Tonin » aime trop Florian et Thomas pour ça, par contre c’est vrai qu’il y a une amitié de plus en plus forte entre eux.

- Je préfère ça !!

- Maintenant je ne dis pas qu’il n’y aura jamais rien entre eux non plus !! Mais un peu comme « Yu » et Antoine avec son cousin.

- (Léa) Je les envie tu sais ? Ils s’éclatent comme des fous et nous on est toujours seules, j’aimerais bien moi aussi pouvoir m’éclater avec un beau mec qui serait aussi chaud qu’eux le sont ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Pourquoi tu n’as pas accepté le verre que voulait te payer le gars avec qui tu dansais tout à l’heure ? Il est plutôt canon pourtant !!

- Et finir sous sa tente à faire l’amour comme des bêtes ! Hi ! Hi !

- Je ne vois pas ce qu’il y aurait eu de mal à ça si tu en avais envie ? En plus rien n’oblige d’aller jusque-là, il y a sûrement des choses tout aussi plaisantes à faire avec un beau gars sans ça, tu ne crois pas ?

- Oui c’est sûr, mais non !! Et en plus ça ne m’apporterait rien à part de me sentir après ça encore plus seule !! C’est sans doute mon côté Sissi, je préfère attendre mon prince charmant. Mais toi au fait ?? Pourquoi tu ne le fais pas si ça te parait aussi normal que tu le dis ??

- Tout simplement parce que je fais la comparaison avec nos loustics et qu’il n’y en a pas un ici qui leur arrive à la cheville, je ne vais quand même pas me taper un « beurk » juste pour le plaisir de toucher enfin une bite ?? Maintenant je t’assure que si j’en trouvais un qui me plait comme celui qui t’a invité tout à l’heure, je ne dirais pas non pour quelques préliminaires assez chauds.

- (Léa) Tu irais jusqu’où ?

- (Chloé) S’il est doué avec moi, je ferais en sorte qu’il y prenne du plaisir lui aussi ! Hi ! Hi !

- Tu irais jusqu’à le faire jouir ?? Wouah !! J’y crois pas !! Je te parie que tu ne serais pas cap ??

- Ah oui ?? Tu crois ?? Tu paries quoi ?

- Que je le fais si tu le fais !!

- Avec le même alors ? Chiche !! On retrouve ton beau danseur et on lui demande s’il est d’accord juste pour le fun, de toute façon c’est le seul gars intéressant que j’ai vu ici depuis une semaine.

- (Léa) On ne dit rien aux garçons, sinon ils vont nous prendre pour quoi !!

- Et nous alors !! Pour quoi devons-nous les prendre ?? Après tout c’est aussi ce qu’ils font et sans se gêner en plus !! Déjà une, nous ne ferons rien de mal puisque ce sera juste des préliminaires et ensuite c’est pas parce qu’on va s’amuser un peu qu’il y a de quoi en avoir honte, allez viens !! Retrouvons-le et nous accepterons son verre, après ça ce sera au feeling. S’il est vraiment cool on lui en parle, sinon on laisse tomber.

Léa voit sa copine commencer à se diriger vers la piste de danse, elle la rattrape par le bras, stupéfiée de comprendre que ce n’était pas que des paroles et qu’elle a réellement l’intention de le faire.

- Tu es sérieuse là ? Tu veux vraiment qu’on le fasse ??

- Bien sûr !! J’ai envie de m’amuser un peu !! Que crois-tu que font les garçons en ce moment ?? Alors pourquoi pas nous ??

- Je n’oserais jamais lui demander ça !!

- T’inquiète blondinette, je gère ! Hi ! Hi ! On va juste faire en sorte que ce soit lui qui le demande, crois-tu que je n’aie pas remarqué comment il nous dévisageait avant de venir t’inviter ?

- Wouah !!! Ça me fait toute drôle d’un seul coup !! C’est bizarre comme impression !!

- (Chloé) Tu aurais été un garçon, je suis certaine que tu en tiendrais une bonne bien raide en ce moment entre les jambes ! Hi ! Hi ! Ce que tu ressens ma poule, ça s’appelle de l’excitation et nous ferions mieux de nous grouiller à le retrouver avant d’inonder le camping ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 65 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Les deux frères)

« Dylan »

Ça fait maintenant dix bonnes minutes que Dylan recherche la belle blonde avec qui il a dansé, sa timidité lui donne envie de se mettre des baffes et c’était sûr qu’il se prendrait un râteau devant la façon qu’il s’y est pris pour l’inviter à boire un verre.

Pourtant ça fait déjà plusieurs jours qu’il l’a remarquée, que ce soit le soir au restaurant ou encore en journée sur la plage.

Mais c’était la première fois ce soir qu’il a pu l’approcher sans qu’elle soit toujours avec ses copains, il s’était demandé jusque-là avec lequel de cette bande elle sortait, quand il a entendu quelques heures plus tôt une conversation qui lui a fait comprendre qu’ils n’étaient en fait que des amis.

L’autre fille lui plaît bien aussi, sauf qu’il ne ressent pas la même émotion qu’il éprouve en contemplant cette belle, voire magnifique blonde qui lui amène des bouffées de chaleur dans tout le corps dès qu’il pense à elle.

Après avoir fait plusieurs fois le tour de la piste de danse, il doit bien accepter le fait qu’elle soit repartie et c’est avec un soupir de déception qu’il décide de rejoindre sa famille attablée près du bar, sa soirée de toute évidence terminée.

C’est son jeune frère Kevin qui l’aperçoit le premier, il remarque aussitôt que quelque chose trouble et rend triste son grand frère, il s’en trouve immédiatement attristé lui aussi car entre lui et Dylan, c’est une relation très forte qui les unit depuis toujours, une fratrie dont sont fiers leurs parents de les voir toujours aussi liés l’un à l’autre.

Un an d’âge les sépare, Kevin le plus jeune vient d’avoir dix-huit ans et c’est d’ailleurs pour cette occasion que leurs parents ont décidé de ces vacances, voulant réunir encore une fois la famille avant que leurs enfants quittent le nid.

Ce qui pourtant n’est pas vraiment d’actualité puisque l’un comme l’autre des deux frères sont en prévision d’études longues consistant pour l’un de reprendre l’office notarial de son père et pour l’autre en s’engageant dans un cursus devant aboutir à un master scientifique sur la recherche moléculaire et ses dérivés.

Dylan ne pourrait pas renier son frère tellement ils ont des traits communs tenant de leur père, à part peut-être la blondeur de Kévin qu’il a pris de sa mère alors que son frère lui est brun.

Pour le reste ils sont relativement semblables, un mètre quatre-vingt environ pour soixante-quinze kilos, bien musclés et les mêmes yeux bleu foncé qui sont encore plus remarquable pour Dylan du fait de sa chevelure noire corbeau, alors qu’ils donnent plutôt un air angélique à son jeune frère.

Dylan vient s’asseoir aux côtés de son cadet en mettant les deux coudes sur la table et son menton dans ses mains en soupirant fortement.

- (Kévin) Un souci frangin ?

- Je suis dégoûté de la vie !!

- Encore cette fille ?

- Oui !!

- Raconte ??

- J’avais réussi à l’inviter pour danser, tout semblait cool et puis je me suis mis à perdre mes moyens et je ne te raconte pas la façon de m’y prendre pour l’inviter à boire un verre, un vrai loukoum !! Je n'ai subitement plus su quoi dire et du coup je l’ai perdu de vue.

- Pas grave !! Tu la reverras demain !! Elle t’a répondu quoi quand tu l’as invité ?

- En fait je ne lui ai pas laissé le temps de répondre, je suis parti avant !! Sa copine venait vers nous et j’ai… et merde !! Quel con !!

- Il fallait rester, elles ne t’auraient pas mangé tu sais ?

- Facile pour toi de dire ça !! Avec ton bagou c’est sûr qu’on serait encore à finir la soirée ensemble.

- (Kevin) Il n’est pas tard, tu devrais y retourner et si ça tombe elle te cherche aussi, tu veux que je vienne avec toi ? Tu pourras toujours me présenter sa copine, elle est comment au fait ?

- Qui ça ?? Sa copine ?? Une vraie bombe !! Châtain foncé, fine avec des yeux noisette et déjà assez grande, un mètre soixante-dix environ.

- Et c’est seulement maintenant que tu me le dis ! Hi ! Hi ! Aller, on y go frangin !!

Les deux garçons se lèvent sous le regard de leurs parents, qui bien sûr ont tout entendu en faisant mine de rien.

- (La mère) Pince-moi si je rêve !! Ton cadet qui se décide enfin à bouger, moi qui le voyait bien parti pour ne pas nous lâcher de toutes les vacances Hi ! Hi !

- Et bien tu vois chérie, tout arrive même ce à quoi on s’attend le moins Hi ! Hi !

***/***

« Chloé et Léa »

Léa suit toujours sa copine qui semble chercher sérieusement à retrouver son cavalier aux yeux si prenants, elle ne peut s’empêcher de sourire en revoyant son visage lui souriant timidement avant de devenir tout confus dès que ses yeux croisaient les siens.

Elle aurait dû accepter de prendre ce verre, elle ne s’en rend compte que maintenant et ce peut-être à cause de Chloé qui sans s’en douter un seul instant l’a aidée à réfléchir, ne voyant plus d’un si bon œil le fait de vouloir s’amuser toutes les deux avec lui et même si leurs intentions sont juste de se faire plaisir mais aussi que ce soit réciproque.

Une crispation à l’estomac stoppe net Léa qui commence à se demander sérieusement ce qu’il se passe soudainement dans sa tête, Chloé se retourne vers elle en s’apercevant qu’elle ne la suit plus.

- Alors !! Tu viens ?? Ce n’est pas en s’arrêtant sans arrêt qu’on va le retrouver !!

- Ecoute Chloé, je ne suis plus aussi sûre de vouloir lui faire ça !! Enfin pas comme ça !!

Chloé sourit à son amie en poussant un gros « Yes » dans sa tête, elle avait bien vu pendant les quelques danses qu’ils avaient fait ensemble qu’une sorte d’attrait mutuel semblait émaner du jeune couple et si elle l’a poussée aussi fortement dans ses derniers retranchements en inventant cette histoire de préliminaires à trois, c’était pour tenter de lui faire prendre conscience et voire si oui ou non elle avait vu juste, ce qui semblerait être bien le cas au vu de la tête que fait en ce moment Léa.

- Comment ça, pas comme ça ?? Il t’intéresse, avoue ??

- Mais non !! C’est vrai qu’il est plutôt sympa, mais je le voyais juste comme un copain de vacances pour danser de temps en temps voire s’embrasser ou se caresser mais rien de plus et je ne voudrais surtout pas qu’il s’imagine autre chose tu comprends ?

CHAPITRE 66 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Les deux frères) (fin)

- Il ne s’imaginait rien, en fait ! Hi ! Hi ! Mon frangin n’est qu’un gros puceau qui a l’habitude de se prendre des vents !!

La voix, derrière elles, les fait sursauter et se retourner d’un même mouvement de surprise pour se retrouver en face de deux garçons dont l’un, parfait inconnu pour elles semble bien s’amuser alors que l’autre qui n’est personne d’autre que celui qu’elles recherchaient regarde son frère, sidéré de ses paroles.

Chloé revenant de sa surprise fixe le grand blond avec ironie.

- Parce que toi non peut être ?

- Je ne sais pas ? T’en penses quoi ?

- Que tu risques de te prendre une baffe sur le coin du nez si tu continues !! Voilà ce que j’en pense !!

- Peut-être que j’aime ça ? Quoique je ne sois absolument pas contre les bisous et les caresses, va savoir ?

- Ohhh !! Espèce de….

***/***

Léa pourtant intimidée de se retrouver en face du garçon qui a dû entendre ses dernières paroles tout comme son frère, éclate de rire devant la tête que font Chloé et l’autre garçon, à se jauger avec le même sourire narquois aux lèvres.

- Parole !! Vous vous êtes bien trouvés tous les deux ! Hi ! Hi ! Autant de culot l’un que l’autre, je sens que ça ne va pas être triste !!

Dylan en profite pour prendre son courage à deux mains en attrapant timidement la blondinette par le bras.

- Ça te dit de le prendre maintenant ce verre, pendant qu’ils terminent leur petit numéro de combat de coqs ??

- Et bien…pourquoi pas !! Ils sauront où nous trouver quand ils auront fini ! Hi ! Hi ! Au fait !! Moi c’est Léa !!

- Dylan !!

- J’aime beaucoup ton prénom !! Alors comme ça, vous avez tout entendu de notre conversation ?

- Pas tout, non !! Juste la fin !! En fait pour être honnête c’était aussi ce que je recherchais, je…. Comment dire…manque …d’assurance avec les filles et un peu …d’expérience ne me ferait pas de mal.

- Et bien comme ça nous somme au moins deux ! Hi ! Hi ! Ça n’a pas l’air d’être le cas pour ton frère, pas vrai ?

- Qui ça, Kevin ?? À l’entendre il connaît tout sur tout mais j’ai quand même un doute, quoiqu’avec son baratin je ne peux jurer de rien !!

- (Léa) Ça va mieux toi, on dirait ? Je ne te fais plus peur ?

- Non c’est cool et toi ?

- C’est cool aussi !!

***/***

« Mobil home des filles. »

Antonin et Jean Baptiste s’astiquent tranquillement le manche en s’observant attentivement, ils ne se sont pas concertés mais ni l’un ni l’autre n’a envie d’arriver trop vite au point de non-retour et les sourires qui ornent leurs lèvres, montrent combien ils apprécient cette connivence qui les fait dévoiler leur intimité à l’autre.

Antonin avait déjà remarqué lors de leur petit jeu d’action ou vérité, que son copain était circoncis et c’est d’ailleurs une des raisons qui a fait qu’il n’a su se retenir ce soir-là, trouvant magnifique ce sexe à la peau tendu et à la partie supérieure plus claire, montrant l’endroit précis où l’acte a été pratiqué.

C’est la première fois qu’il rencontre quelqu’un qui le soit, tous ses copains étant comme lui à ne pas avoir subi ce genre d’opération.

- Ça ne te fait pas mal ??

- Quoi donc ??

- De te frotter le gland à nu comme ça ?? Moi je ne pourrais pas le faire, c’est trop sensible !!

- Tu sais depuis le temps, c’est quasiment comme n’importe quelle autre partie de ma peau !! Des fois il faut que je salive un peu dessus pour éviter d’être irrité, mais c’est seulement quand je me branle trop longtemps.

- Ah !! Ok, je me demandais !!

- Tu veux toucher ?? On pourrait même se branler l’un l’autre si tu es d’accord ??

- Hummm !!! Oui mais je risque de ne pas tenir bien longtemps.

- T’inquiète, moi non plus ! Hi ! Hi !

Quelqu’un qui assisterait à la scène verrait tout de suite que les deux copains n’attendaient que ça, déjà au regard de convoitise que chacun lance en direction du sexe de l’autre mais aussi à la rapidité avec laquelle ils se mettent en position, assis sur le lit l’un en face de l’autre avec les sexes bandés et vibrants d’envies, presque à se toucher.

La main fine d’Antonin est la première à entrer en action pour attraper délicatement la hampe de Jean Baptiste avant que celui-ci n’en fasse autant et entame le geste que tous les garçons connaissent, prenant et se donnant un immense plaisir de ressentir les pulsions d’excitation et la chaleur du sexe gonflé de sève de l’autre.

Comme l’avait prédit Antonin, les crispations des deux visages annoncent l’arrivée rapide de l’orgasme et font s’accélérer les coups de poignets jusqu’au point de non-retour.

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« Mobil home des garçons. »

Antoine est allongé à se frotter de tout son long sur son chéri, à part sa tête suffisamment relevée pour pouvoir l’admirer à l’envi et capter son regard sombre, brillant de l’excitation qu’il aperçoit entre deux mèches de ses cheveux d’un noir profond qui lui mangent le haut du visage.

Un frisson lui traverse une nouvelle fois le corps, son sexe s’écrase un peu plus pour le ressentir davantage et ses lèvres viennent dévorer celles de son bel asiatique au moment où celui-ci lui empoigne virilement les fesses pour plaquer encore plus fort leurs hampes vibrantes au moment précis où l’orgasme les tétanise et qu’ils ressentent la moiteur chaude de leur semence se répandre sur leur bas-ventre.

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« Dans la chambre de Raphaël. »

La soirée a été riche en sensations, aussi bien du côté de notre couple que de celui de nos amis et je suis heureux de voir que toutes les barrières ont été rompus entre eux, leurs corps alanguis près des nôtres en témoignent.

La vision de Raphaël nu me donne l’envie de poursuivre la soirée en m’occupant de lui cette fois et la conscience que j’ai des pensées de Thomas, m’indique que lui aussi est prêt à refaire la découverte de son ami d’enfance.

J’avance ma main jusqu’à la cuisse bronzée de « Raphi » pour la caresser du bout des doigts, la douceur de sa peau tout comme le frisson ainsi que la crispation des muscles que je perçois venant de lui à mon contact libèrent une nouvelle fois ma libido, ma main prenant alors de l’assurance pour lui masser le haut intérieur de la cuisse en s’avançant à chaque fois un peu plus vers la fourche où se trouve l’objet tant convoité depuis nos retrouvailles.

CHAPITRE 67 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Amitiés passionnelles)

C’est un son de gorge d’Éric qui libère les dernières barrières quand chacun comprend que l’autre a donné son aval, un regard vers lui me conforte dans ma réflexion ainsi que le sourire épanoui de Raphaël qui se redresse d’un mouvement félin pour me prendre dans ses bras et me susurrer à l’oreille un simple mot qui a le don d’augmenter encore plus le désir que j’ai de lui.

- Enfin !!

Son corps se frotte contre le mien qui n’est plus qu’une marionnette de sexe entre ses mains, ma peau se couvre de frissons au passage de sa bouche et de ses doigts qui en explorent chaque parcelle avec avidité et quand enfin son glaive me transperce virilement, je pousse un son rauque et puissant qui déclenche nos plus profondes pulsions passionnelles, nos esprits s’embrument ensuite dans un plaisir qui dépasse l’entendement.

Le reste de la nuit n’est plus que plaisirs, mélanges des corps et jouissances à répétitions, les échanges se faisant au gré des envies et personne n’est laissé de côté, je retrouve Éric avec le même plaisir que j’ai retrouvé Raphaël et nos corps à la clarté des premiers rayons du soleil ne sont plus que sueur et lassitude de nos jeux de garçons, me redonnant une joie de vivre que je ne croyais plus connaître avant cette semaine intense en retrouvailles.

***/***

C’est la pensée d’Antonin qui me remet le cerveau en éveil, j’ouvre les yeux pour faire le tour de la chambre et j’entends dans ma tête le cri de surprise de mon blondinet.

- Wouah !!! Vous feriez bien de faire le ménage les gars !! Il y a des hommes à Maurice qui demandent après toi, ils ne devraient pas tarder à arriver !! Putain !! Mais vous avez fait quoi cette nuit ??

- Dormir !!!

- Déconne pas « Flo », ça a l’air sérieux !! Je t’aurai prévenu, ne viens pas me le reprocher s’ils vous voient dans cet état !!

Faire émerger du sommeil mes trois copains n’a pas été de la tarte, finalement j’y suis parvenu et ce juste à temps pour redonner un air de chambre à la pièce et l’avoir aéré de cette odeur de musc tenace qui y régnait.

Je sors juste de la douche quand Jean vient frapper à la porte et se retrouve devant moi visiblement étonner de m’y voir, ses yeux gonflés me font sourire en comprenant que pour lui aussi la nuit n’a pas dû être de tout repos.

- Deux personnes te demandent, je n’étais pas sûr que tu sois encore là !!

- Tu devais être sacrément occupé pour ne pas t’en être aperçu ! Hi ! Hi !

Voyant son air soudainement gêné, je préfère en rester là et descendre pour voir ce qu’ils me veulent, la surprise en reconnaissant qui ils sont manque de me trahir et il me faut une bonne dose de sang froid pour ne pas que ça arrive, le ricanement dans ma tête venant de « Tonin » montre combien il s’amuse de ma stupeur.

« Conversation mentale. »

- Tu aurais pu me prévenir mon salaud !!

- Chante beau merle ! Hi ! Hi ! Je ne voulais pas rater ça !! Quand ils sont arrivés, je les ai tout de suite reconnus alors que c’est la première fois que je les vois vraiment. Je dois avoir gardé aussi une partie de la mémoire de l’autre moi, ça fait un choc pas vrai ??

Pour un choc, c’en est un et d‘avoir Léonie vivante en face de moi avec mon pote Dorian, me file une sacrée secousse émotionnelle qu’il me faut plusieurs longues secondes à assimiler avant de pouvoir parler.

- Vous me cherchiez ??

- (Dorian) Florian De Bierne ??

- En chair et en os ! Hi ! Hi !

- Nous sommes des agents de la DST chargés de vous emmener au plus vite jusqu’à Paris !!

- Ah oui !! Vraiment !! Permettez que j’appelle Maurice pour savoir ce qu’il me veut ??

***/***

« Dans les airs. »

Décidément cette semaine ne m’apporte que du bon, d’abord je retrouve mon Thomas et ensuite l’intimité avec deux de mes meilleurs amis, pour finir par me retrouver entre deux nouveaux amis retrouvés qui me conduisent là où je me sens chez moi à faire ce que j’aime le plus.

Bien sûr l’annonce de l’accident m’a porté un gros coup au cœur, vite oublié pour ne plus penser qu’à prendre connaissance des dossiers cliniques copiés à l’intérieur de l’ordinateur portable qui a été mis à ma disposition.

Il ne me faut pas bien longtemps pour comprendre qu’effectivement la situation est plus que préoccupante, mettre en place ensuite un schéma opératoire me prend une petite heure et j’envoie par mail mes besoins ainsi qu’une ébauche de planning pour que tout soit prêt à mon arrivée, les quelques heures restantes devraient me permettre de récupérer un peu du manque de sommeil de la nuit.

***/***

Dorian et Léonie, ont suivi médusés toute la phase de prise de connaissance ainsi que les préparatifs qui en ont découlé, en comprenant ce que s’apprête à faire ce jeune rouquin et leurs regards portés sur lui alors qu’il dort du sommeil du juste, en dit long sur ce qu’ils en pensent.

- (Dorian) Ou bien je ne comprends pas tout, ou le patron est tombé sur la tête !! Ils ne vont quand même pas confiés la vie de ces gens à ce gamin ??

- (Léonie) On dirait bien que si pourtant !! Je ne sais pas pour toi « Do », mais il m’a semblé savoir ce qu’il faisait le petit !! Il n’a pas l’air plus stressé que ça en plus, regarde le dormir comme si nous l’emmenions en balade je ne sais où !!

- Quelque chose ne tourne pas rond et je m’attends d’aller de surprises en surprises, quelque chose me dit que ça ne fait que commencer !!

L’homme assis près du pilote se retourne avec un étrange sourire.

- Vous ne croyez pas si bien dire !!

CHAPITRE 68 (Paris) (Dimanche) (Hôpital du Val de Grâce)

Les ordres claquent en tous sens depuis le petit matin, un important dispositif de sécurité s’est vu se mettre progressivement en place pour un motif officiel fortement médiatisé qui est la protection de la famille impériale.

Celle-ci devrait bientôt être convoyée ici depuis l’aéroport où le Jet médicalisé doit bientôt se poser et les chambres de soins intensifs sont déjà prêtes à les accueillir.

L’autre motif est lui beaucoup plus secret et ne concerne qu’un groupe restreint d’hommes, qui mettent en place un itinéraire de confinement où personne de non-habilité spécifiquement n’est plus autorisé à circuler et qui mène de l’héliport à un local vestiaire près des salles opératoires.

Les médias internationaux venus en nombre, se pressent sur le parking principal dans une zone de cantonnement mise en place à cet effet et protégée par un important dispositif policier.

***/***

C’est là qu’arrive Frédéric Viala, encore surpris de l’appel téléphonique reçu pendant la nuit, lui demandant de venir de toute urgence en ne lui indiquant que le minimum d’informations et en lui assurant qu’il serait briffé plus sérieusement une fois arrivé sur place, une fois qu’il se serait présenté devant l’officier de gendarmerie qui commande le cordon de sécurité mis en place.

Bien sûr la radio lui donne vite la raison de cet appel, l’annonce tournant en boucle sur toutes les fréquences et bien sûr la question qu’il se pose est pourquoi lui, Frédéric connaît sa valeur mais il sait aussi qu’il y a des chirurgiens encore plus capables que lui.

Des grilles de chantier délimitent le périmètre réservé aux journalistes, une barrière sert à faire entrer ou sortir les personnes autorisées et c’est donc vers elle qu’il se dirige en sortant ses papiers d’identité de son portefeuille, papier qu’il tend à l’officier dès que celui-ci s’avance vers lui.

- Bonjour !! Je suis le docteur Frédéric Viala, voici mes papiers !! Je suis attendu et il m’a été demandé de me présenter à vous dès mon arrivée !!

- J’ai été informé de votre venue, veuillez attendre ici le temps que je fasse prévenir la personne qui doit vous prendre en charge !!

***/***

« Héliport de l’hôpital. »

Une ambulance attend sur le tarmac juste à la limite du cercle où l’appareil doit se poser, un homme à la carrure et aux cheveux grisonnant reste planté devant à passer coup de fil sur coup de fil afin de s’assurer que tout va bien.

Il raccroche pour la énième fois en faisant signe à un autre homme de le rejoindre.

- Oui patron ??

- La personne que j’attends vient d’arriver, tu connais tes instructions ??

- Pas de soucis patron !!

- J’insiste !! Seuls nos hommes et l’équipe médicale qui arrive avec les blessés sont autorisés à le voir !! Capitche ??

- J’ai bien compris patron, je pense que vous avez trouvé l’idée qu’il fallait pour que tout se passe pour le mieux et j’avoue que je n’y aurais pas pensé !!

Maurice puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, hausse les épaules et remonte dans son véhicule pour rejoindre la zone où l’attend Frédéric Viala, curieux de faire enfin connaissance de cet homme duquel Florian se réfère comme un second père.

Il n’est pas difficile pour lui de le reconnaître puisqu’il a eu en mains les dessins de son protégé, c’est donc tout naturellement qu’il se dirige vers Frédéric pour venir se présenter.

- Bonjour docteur Viala !! Je suis Maurice Désmaré, votre épouse vous aura certainement parlé de moi ?

- Bien sûr !! Enchantez de faire votre connaissance, c’est toutefois étonnant que ce soit avec vous que j’ai à faire ?? Je pensais plutôt à voir venir le responsable de cet hôpital.

- Vous allez comprendre tout de suite quand je vais vous dire que vous n’êtes pas ici pour le travail.

- ????????? Excusez cette question, pourquoi m’a-t-on fait venir ici alors ??

- Je pensais que ma présence devant vous, vous l’aurait fait comprendre !!

L’esprit de Frédéric mouline un moment avant qu’un éclair de compréhension ne lui arrive soudainement.

- Ça aurait-il un rapport avec le jeune De Bierne ??

Maurice vérifie que personne n’écoute et aurait entendu la dernière phrase de Frédéric, ce n’est qu’une fois rassuré qu’il reprend la parole.

- Il y a des noms et celui-là en particulier que je vous demanderais d’éviter de prononcer, suivez-moi voulez-vous ? Nous continuerons les explications dans un endroit plus tranquille !!

***/***

« Entrée des urgences. »

Le cordon policier s’écarte pour laisser passer les trois ambulances qui arrivent toutes sirènes hurlantes, les passagers sont tout de suite pris en charge par le personnel hospitalier pour être aussitôt dirigés vers les chambres qui leur sont affectées.

Une batterie d’analyses et d’examens devant encore être réalisés avant de les descendre en salles d’opérations, le professeur Assaki y participe avec son équipe visiblement nerveuse et se penche une fois de plus sur les résultats qui lui font froncer les sourcils, conscient que l’opération qui va avoir lieu sera celle de la dernière chance pour tout du moins le fils de l’homme le plus adulé de son peuple.

CHAPITRE 69 (Paris) (Dimanche) (Hôpital du Val de Grâce) (suite)

« A bord de l’hélicoptère. »

C’est une main me secouant l’épaule fermement, qui me réveille alors que je dormais à poings fermés.

- Rhaa !!! Qu’est-ce qu’il y a encore ??

- Nous arrivons !!

- Déjà !! Je viens juste de fermer les yeux !!

- (Victor) Ça c’était il y a presque trois heures ! Hi ! Hi ! Tu me donneras ton truc pour pouvoir dormir comme ça avec ce qui t’attend une fois arriver ?

- Hummm !! Je ne préfère pas et garder la nuit que je viens de passer sous silence ! Hi ! Hi !

- Ça va aller ??

Je me redresse en souriant.

- Pas de soucis, j’ai la patate !! Quelqu’un a quelque chose à boire, j’ai comme du carton dans la bouche !!

- Tiens !!

- Merci « Do » !!

Je me rends compte immédiatement de ma boulette en levant les yeux sur celui qui était mon ami, son regard pourtant même s’il reflète sa surprise n’est pas dirigé vers moi mais vers Victor.

- (Dorian) C’était donc vrai ?

J’en suis à essayer de comprendre quand une douleur vive précède de peu le claquement sec qui l’accompagne et qui me fait pousser un cri, me tournant cette fois en me frottant la joue en feu vers Léonie qui me fusille des yeux.

- Aïeee !!! Ça ne va pas la tête !!

- C’est tout ce que tu mérites après les calomnies que tu as eues envers moi vis à vis de mon patron !! Soit heureux que ça s’arrête là !!

***/***

« Hôpital du Val de Grâce, dans un bureau proche de la zone de quarantaine. »

Frédéric et Maurice terminent leur conversation sur la raison de leur présence ici.

- Vous n’allez quand même pas autoriser ça ?? Ce garçon n’a aucunes compétences reconnues et vous allez mettre dans ses mains la vie d’un des personnages les plus médiatiques qui soit en ce monde.

- La demande ne vient pas de moi, c’est celle du professeur Assaki en personne et je présume que vous le connaissez au moins de renommée ? Pour répondre à votre prochaine question, ce ne sera pas la première fois que Florian interviendra !! Il y a déjà eu un précédent, le professeur Assaki n’était là à cette occasion que pour pouvoir intervenir en cas où nous aurions surestimé ses compétences.

- L’a-t-il fait ??

- Ce qui se prépare aujourd’hui répond à cette question il me semble, parlez-vous l’anglais ?

- Oui !!

- Dans ce cas je vais lui demander de vous donner lui-même son ressenti de cette expérience qui l’a beaucoup marqué, au point qu’il ait demandé notre aide sans se poser plus de questions.

***/***

« Chambres de soins intensifs. »

Akihito c’est fait traduire et relit pour la dixième fois au moins le mail qu’a envoyé Florian, il ne peut qu’aller dans son sens pour la posologie préopératoire qu’il a demandé d’administrer à chacun des trois patients et qui démontre une fois de plus si le besoin s’en faisait sentir, les connaissances exceptionnelles détenues par un garçon aussi jeune.

Il vérifie une dernière fois que tout est en ordre avant de se rendre disponible pour répondre à la demande de son ami Maurice et reste un long moment à répondre aux questions que se pose l’homme qui l’accompagne, visiblement un confrère vu la pertinence de celles-ci.

Maurice reste en retrait, prenant ses appels au fur et à mesure qu’ils lui parviennent et revient dans la discussion quand il reçoit la confirmation que Florian est sur le point d’arriver.

- Nous allons devoir en rester là, il est temps de vous préparer avec votre équipe professeur !! Florian sera là d’ici quelques minutes !!

- (Frédéric) Je fais quoi moi ??

- Un de mes hommes va vous conduire là où vous pourrez assister aux opérations, j’espère que ce que vous verrez sera suffisant pour vous convaincre que tout ce que vous avez appris jusque maintenant est l’exact vérité. Mais je suis certain que le petit cadeau que vous avez reçu de sa part, a eu l’efficacité suffisante pour vous faire une opinion et je vous sais gré d’avoir tenu secret le résultat des analyses du produit qui en ont suivi !!

- Mais !! Comment !!

- Croyez-vous réellement professeur que je sois un homme assez naïf pour vous l’avoir confié et laisser l’utiliser sans surveillance ?? Nos propres services de recherches sont restés sans voix !! La chaîne ADN découverte dans la salive de Florian et qui n’est pas prête d’être décrypté dans sa totalité croyez-moi sur parole, démontre déjà des particularités d’auto-régénérassions absolument incroyables !! D’après nos spécialistes, il faudra des années pour commencer seulement à en comprendre la nature et encore !! Beaucoup doutent déjà d’y arriver de leur vivant, voire même d’y arriver tout court !!

CHAPITRE 70 (Paris) (Dimanche) (Hôpital du Val de Grâce) (suite)

« Couloir placé en quarantaine menant aux salles blanches »

Deux infirmiers suivis d’une infirmière, poussent devant eux un lit médicalisé où un patient le corps protégé par un drap est allongé dans un état qui semble alarmant au vu de la rapidité que mettent les deux hommes à traverser le long couloir gardé de part et d’autre par un dispositif policier assez impressionnant.

- (Victor) La prochaine à droite et c’est la porte du fond !!

- Vu patron !!

Léonie suit le cortège en se demandant à quoi rime cette comédie, l’esprit encore stupéfié de ce regard que lui a lancé le jeune rouquin juste après la gifle bien méritée pense-t-elle toujours qu’elle lui a envoyé en pleine figure.

Des yeux verts impressionnants qui un bref instant lui sont apparus tels ceux d’un fauve, calmant immédiatement sans envie de récidive qui était pourtant bien son intention mais sur l’autre joue cette fois.

Depuis plus un son n’est sorti de sa bouche, son cerveau trop obnubilé à chercher en vain à comprendre ce bref moment qui maintenant encore la laisse dans l’expectative d’en appréhender jamais une réponse logique.

Ils arrivent enfin devant la porte que Victor ouvre en grand pour y faire passer le lit, il actionne l’interrupteur et reconnaît bien le vestiaire réservé aux chirurgiens.

- C’est bon !! Tu peux te relever mon gars !!

Je me redresse d’un bond bras écartés en poussant un gémissement fantomatique du plus bel effet.

- Ouuuuuhhhhh !!!

J’entends un début de ricanement qui me donne envie d’en rajouter une couche, du coup je me lève en marchant et en écartant toujours les bras, recouvert de mon « linceul » improvisé.

- Ouuuuuhhhhh !! I am dead !!!

Je fais plusieurs pas en tournant sur moi-même, trouvant amusant ce petit jeu quand….

« Vlan !!! »

- Aïeee !!!!!

Je m’écrase le visage contre le bord de la porte restée ouverte pour me retrouver ensuite les quatre fers en l’air, emmêlé dans le drap comme un saucisson.

J’entends dans la foulée des pas arriver vers nous à toute allure, ainsi que la voix d’un homme visiblement inquiet.

- Qu’est-ce que…. Mais c’est quoi tout ce bordel ??

J’arrive à enfin me sortir la tête du drap pour me retrouver face à Maurice et à son équipe écroulée de rire, mon froncement de sourcils doit avoir raison de ce qui le retenait d’en faire autant car il ne résiste pas plus longtemps et éclate de rire à son tour.

- Il faut toujours que tu fasses le guignol ! Hi ! Hi ! Ça t‘apprendra à faire plus attention !! En plus je ne pense pas que ce soit ni le lieu ni l’heure aux pitreries !!

***/***

« Salle d’opération. »

Frédéric est installé derrière la vitre rendue opaque au maximum pour qu’on ne puisse voir de lui qu’une silhouette, alors que de son côté il a une vue très nette de l’intérieur de la salle où la jeune femme est déjà installée avec autour d’elle des personnes visiblement sensibles à ce qu’elle représente pour son peuple.

Chaque geste, chaque regard porté sur sa personne est fait avec un respect et une douceur, qui marque bien le ressenti de ceux pour qui cette intervention à venir doit être la pire des choses qu’ils aient jamais pensée un jour imaginer leur arriver.

La surprise pour Frédéric n’en est qu’à ses débuts car quand la porte s’ouvre sur un tout jeune homme en tenue opératoire, il comprend alors qu’il voit pour la première fois celui qui depuis des semaines hantent ses pensées de questions insolubles.

Plusieurs événements lui mettent soudainement ses émotions à rudes épreuves, en commençant par la marque de respect manifeste de l’équipe nipponne qui s’incline devant le jeune garçon et s’amplifie quand celui-ci les yeux baignés de larmes, s’approche de la jeune femme allongée pour lui prendre doucement la main en lui baisant le front.

Les paroles qu’il prononce alors d’une voix triste, il ne les comprend bien sûr pas mais à la douceur de celles-ci, Frédéric sait qu’elles viennent du fond du cœur, mêlant la peine à une amitié sincère.

- 私は来ているあなたのため私の友人がわかります !我々 は再びあなたの美しい国を訪問の機会が

あるだろう ! (Je suis venu pour toi mon amie, tu verras !! Nous aurons de nouveau l’occasion de visiter ton beau pays !!)

CHAPITRE 71 (Paris) (Dimanche) (Hôpital du Val de Grâce) (fin)

Une chose à laquelle je n’avais pas été préparé me frappe aussitôt, mon amie Masako est enceinte et je rage devant l’incompétence de ceux qui ont rédigé les rapports d’analyses lors des premiers secours de ne pas l’avoir signalé, ce qui au vu de son état change complètement la donne.

« En anglais traduit. »

- Nous devons sortir la petite Aiko en premier !! Faites amener une couveuse rapidement !!

Pendant ce temps, je sonde l’esprit et le corps du bébé et ce pour m’assurer qu’il n’a subie aucunes séquelles graves suite à l’accident ou à l’état comateux de sa mère.

Ce n’est qu’une fois entièrement rassuré, que je pratique la césarienne pour la sortir en douceur du ventre de sa mère afin de la mettre ensuite au chaud après un petit bisou baveux de bienvenu sur le front et je la dépose ensuite avec mille précautions dans la couveuse qui vient juste d’être mise en place à cette fin.

Je m’évertue ensuite à réparer au plus vite les dégâts physiques de sa mère, commençant par les plus bénins pour contrôler sa résistance aux diverses interventions et m’attaquer en dernier à l’enfoncement thoracique qui lui comprime les poumons, m’attachant particulièrement à prendre toute les dispositions nécessaires à ce qu’un éventuel débris osseux ne vienne transpercer la plèvre qui est un élément fondamental de la protection des poumons.

Le temps me semble s’arrêter tellement je suis pris par la complexité des actes chirurgicaux que je dois pratiquer, rassuré toutefois par le « bip-bip » rassurant des moniteurs qui restent largement au-dessous des seuils d’alerte.

***/***

Les heures passent et Frédéric reste ébloui par tout ce à quoi il assiste en ce moment, la parfaite maitrise du moindre geste venant du jeune garçon tenterait à prouver des dizaines d’années d’expériences et ce dans un nombre impressionnant de domaines autant médicaux que chirurgicaux, si ce n’était de toute évidence impossible.

Les décisions qu’il lui voit prendre sont les seules qui pouvaient l’être et il les a prises sans même un froncement de sourcils d’embarras, comme si tout simplement tout allait de soi.

Après la princesse, il en va de même avec son mari qui est le successeur au trône impérial et c’est cette fois au cerveau que le jeune Florian s’attaque avec la même aisance tant dans les gestes, qui venant de lui paraissent simples alors que Frédéric sait bien combien il n’en est rien.

La fatigue ne semble pas atteindre le petit rouquin qui après plusieurs heures d’interventions aussi minutieuses que délicates, regarde arriver avec le visage calme et serein le dernier des trois accidentés, un jeune garçon de neuf ou dix ans, le cou maintenu par une minerve.

Il ne fait aucun doute pour Frédéric que cette fois encore l’opération sera plus que délicate, les vertèbres cervicales semblant avoir été touchées et une crispation involontaire de sa mâchoire indique que cette fois encore il n’aurait certainement pas et de loin s’en faut, les compétences requises.

Pourtant ça ne semble pas ôter le moins du monde la façon d’être du jeune chirurgien d’exception, qui donne d’une même voix posée toute professionnelle les instructions à l’équipe qui s’exécute comme une machine bien rodée.

Tout ressemble à un magnifique ballet où chacun connait à la perfection son rôle dans la troupe, aucune parole plus haute que l’autre, aucun signe de nervosité sur leurs visages non pas impassible comme il aurait pu le penser mais semblant plutôt émerveillé par ce à quoi ils assistent.

***/***

Maurice est déjà depuis un long moment dans la salle où se trouve Frédéric, il ne peut détacher son regard du visage de cet homme qui reste sans bouger, le front appuyé contre la vitre comme hypnotisé par la scène qui se déroule sous ses yeux.

Il croit même voir quelques larmes d’émotions brillées dans son regard avide de contemplation et sourit en se disant qu’un grand pas vers l’acceptation de Florian au sein de sa famille vient d’être franchi après ces heures de démonstration d’un talent qui ne sera plus jamais mis en doute.

Maurice s’approche en faisant en sorte de ne pas surprendre Frédéric, il lui pose une main déjà amicale sur l’épaule.

- Extraordinaire n’est-ce pas ?

- C’est…c’est…je ne…inimaginable !!!

- Regardez Akihito !! Il est aussi ébloui que vous l’êtes devant notre jeune prodige ! Hi ! Hi !

Frédéric se retourne, visiblement surprit de l’entendre rire d’aussi bon cœur.

- Vous allez bien ??

- Bien sûr que je vais bien ! Hi ! Hi ! Vous n’avez donc rien remarqué depuis que vous l’observez ??

- J’ai vu beaucoup de choses mais aucune, qui prête à rire de la sorte !!

- C’est parce que vous ne regardez pas au bon endroit ! Hi ! Hi ! J’avais déjà remarqué sans y faire trop attention cette particularité qu’a Florian quand il opère ! Hi ! Hi ! Il dandine des fesses comme un canard ! Hi ! Hi ! Même là où il est le plus sérieux, il faut qu’il fasse son clown ! Hi ! Hi !

***/***

Je termine de mettre la broche qui maintiendra le cou du garçon le temps que ses vertèbres se réparent, avant de remettre les muscles en place et de suturer la peau, c’est un miracle que ce jeune garçon soit toujours en vie car le déplacement de la seconde et de la troisième vertèbre lui avait pincé presque entièrement la moelle épinière.

Les remettre en place sans rompre celle-ci n’a pas été une sinécure et j’ai bien cru à un moment ne pas y parvenir, utilisant en dernier recours un truc qui m’est venu soudainement et qui consiste à mettre deux écarteurs sur les trous de conjugaisons des vertèbres concernées par où passent les nerfs moteurs, acte du dernier recours que j’ai réussi sans endommager les fibres nerveuses qui les traversent.

Une fois les sutures terminées, reste plus qu’à positionner la minerve spéciale qu’il devra conserver plusieurs mois et je peux ensuite respirer plus librement, laissant enfin mon corps se détendre de ces longues heures passées à opérer.

Ce n’est qu’une fois de retour de sous la douche, que j’ai la surprise de voir Maurice qui m’attend tout sourire devant le lit qui m’a amené jusqu’ici depuis l’hélicoptère.

- Allez Saturnin !! Grimpe et cette fois ci sans faire l’andouille, nous te ramenons au camping rejoindre tes amis !!

- Saturnin ??

Là !! Maurice me scie en deux en se trémoussant du cul comme un beau diable, visiblement amusé par sa prestation et il me faut quelques longues secondes pour comprendre enfin de ce à quoi il fait allusion et qu’il se moque gentiment de moi.

CHAPITRE 72 (Dans les airs) (Dimanche soir) (Retour au camping)

« Dans les airs. »

C’est une secousse sûrement due à un trou d’air qui me réveille, j’entends les dernières paroles de Maurice au téléphone qui devait sûrement répondre aux nombreuses questions relatives à ce dimanche pour le moins bien rempli.

- Le professeur Assaki est resté auprès d’eux monsieur, il m’a assuré que tout allait pour le mieux !!

- ….

- Vous pouvez je pense faire une annonce publique en ce sens monsieur, je suis certain que l’ambassadeur du Japon sera heureux d’apprendre que les trois membres de la famille de l’empereur sont en bonnes voies de guérisons et qu’ils sont maintenant quatre !!

- ….

- Je le lui dirais monsieur, bonne fin de soirée !!

Maurice raccroche et s’aperçoit alors que j’ai les yeux ouverts.

- Nous sommes presque arrivés, tu as vraiment un sommeil de plomb !!

- Faut dire aussi que j’en avais besoin !! Tu as fait une erreur tout à l’heure, le jeune garçon ne fait pas partie de la famille de l’empereur !!

- (Maurice) Comment ça ?? Tu es sûr de ce que tu dis ??

- J’ai déjà soigné ce garçon, son grand père est lui aussi à sa façon un homme très important !! En tout cas il vaut mieux être son ami que son ennemi crois-moi !!

- Qui est-il alors ??

- Qui ça ?? Son grand père ?? Ce n’est rien moins que l’Oyabun de la plus importante famille Yakusa du Japon.

Je vois Maurice reprendre nerveusement son portable.

- Je serais toi, j’éviterais de faire ça !! Réfléchis un peu et demande-toi pourquoi ils l’ont fait passer pour un membre de la famille impériale, sûrement pas pour que quelqu’un dévoile qui il est réellement et puis son grand père m’avait plutôt à la bonne si je me rappelle bien ! Hi ! Hi !

Je le fixe dans les yeux, sentant bien son hésitation à garder ça pour lui et je lui souris quand je le vois ranger son portable dans sa poche en soupirant.

- Tu viens de prendre la bonne décision, crois-moi !! Au fait je ne t’ai pas demandé ? Pourquoi c’est toi qui me ramène ??

- (Maurice) Peut être pour t’éviter de t’en prendre une autre dans la figure ! Hi ! Hi !

- C’est pour ça que « Do » et Léonie ne sont pas avec nous ?

- Bien sûr que non !! Ils te rejoindront d’ici un jour ou deux, il faut qu’ils soient briffés avant ça pour ne plus qu’une telle situation se reproduise et puis ça me faisait plaisir de te ramener, après cette journée c’est Alain qui va se taper tout le boulot et mes ordres sont de ne plus m’occuper pour l’instant que de toi, il faut aussi que je m’occupe des papiers de Thomas et d’Antonin, alors ça va me faire un peu de vacances à moi aussi.

- C’est cool !! Tu ne cherches pas un jeune pour un job d’été ? J’adorerais jouer les Sherlock Holmes ! Hi ! Hi !

- Parait que tu es doué pour faire le clown, fais-toi plutôt engager dans un cirque ! Hi ! Hi !

L’idée me traverse l’esprit et me fait penser que je n’ai toujours pas testé un autre des « dons » que j’avais dans mon autre vie de référence.

- Tu pourrais peut-être m’aider à ce sujet ??

- A te faire engager dans un cirque ? Je disais ça pour plaisanter !!

- J’avais bien compris t’inquiète !! Juste que je voudrais tester une autre facette de ce que j’étais avant et tu me ferais une grosse faveur en m’y aidant !!

- Tu sais bien que tu peux compter sur moi tant que ça reste dans mes possibilités, c’est quoi cette faveur ??

- J’aimerais pouvoir entrer seul dans une cage avec des tigres.

- De quoi !!! Mais tu n’y penses quand même pas sérieusement ??

- Bien sûr que si !! Rappelle-toi les abeilles, ce sera pareil avec les félins j’en suis certain !! Où j’étais avant, j’avais même une panthère à moi que nous avions mis en pension dans un cirque qui tournait dans le sud et si ce cirque existe ici aussi, j’aimerais vraiment que tu m’y emmènes.

- Ce n’est pas ce cirque où il y a ce garçon qui était sur ton croquis ??

- Ramirez ??

- C’est donc comme ça qu’il se prénomme ??

- Oui, c’est un gars super sympa qui fait partie de la famille Gruss !! Il monte des chevaux magnifiques !! Alors ?? C’est d’accord ?? Tu m’y emmèneras ??

- Et si tu n’as plus ce « don » ??

- Et bien je ferais attention, c’est promis !! De toute façon j’ai toujours celui de me guérir, ça te fera un autre sujet d’expérience pour comprendre ce que je suis ou tout du moins essayer !!

- Pourquoi ne pas tester d’abord avec des animaux moins dangereux ??

- Si tu veux, ce n’est pas ça qui manque dans ce cirque !! Allez !! Dis oui !! S’il te plait !!

- Quand t’as quelque chose en tête, tu ne l’as pas ailleurs !! Bon !! Je vais y réfléchir, ce n’est pas encore cette histoire qui va te préserver du risque que quelqu’un commence à se poser des questions sur toi !!

- Parce que tu crois vraiment que ce que j’ai fait aujourd’hui va rester sans en poser ?? J’en connais qui vont tout faire pour savoir qui je suis !!

- Tu penses à qui ?? Aux Yakusa ??

- Eux aussi bien sûr, je pensais surtout aux gars des services secrets nippons qui sont en France !!

- Tu as des noms ?? Tu les connais ?? Comment sont-ils ??

- Oh !! Pour ta dernière question, je dirais…Hum !! « Nippon ni mauvais », ça te va ?? ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 73 (Japon) (Lundi) (Étrange rencontre)

C’est très tard dans la nuit ou plutôt très tôt le matin, que nous arrivons au camping et que Maurice me quitte pour retourner à Aix en Provence où il profite du studio que lui prête Philippe, situé juste au-dessus de son cabinet.

Je souris du calme venant des esprits de Thomas tout comme de celui d’Antonin en plein sommeil, m’allongeant entre eux deux en faisant attention de ne pas les réveiller et je plonge à mon tour dans un sommeil réparateur, en espérant que mes amis auront la bonne idée de me laisser en profiter.

***/***

« Centre de renseignement du « Naisho », Tokyo, Japon. »

Jun’ichirō termine sa réunion avec le responsable des services secrets, la nouvelle de la mise hors de danger du couple impérial et la naissance prématurée de la petite fille de l’empereur Akihito, ayant été l’élément déclencheur de cette mise au point technique nécessaire ainsi que des prochaines actions à engager.

- (Jun’ichirō) Le professeur Assaki restera à Paris avec son équipe le temps qu’il faudra pour que la famille princière impériale puisse envisager un aussi long retour au palais !!

- Et pour le garçon ??

- Mêmes instructions !! Vous connaissez l’importance qu’il représente pour mener à bien les pourparlers actuels et obtenir la signature des accords de non-ingérence dans les hautes sphères de l’état.

- Je ne parlais pas du petit fils de l’Oyabun votre excellence, je connais bien l’intérêt qu’il représente !! Mais du jeune chirurgien qui vient de réaliser cet exploit que même les plus professionnels qui soient, donnaient comme perdu d’avance !!

- Que savons-nous de lui exactement ??

Le directeur du « Naisho » consulte quelques feuillets qu’il avait amenés avec lui.

- Le professeur Assaki quand il a insisté pour que nous nous adressions aux autorités Françaises, a laissé échapper involontairement plusieurs informations !! Il s’est retranché ensuite sur le secret professionnel de sa profession pour ne pas nous en dire plus, juste que c’était la dernière chance de notre pays pour ne pas perdre le prince Naruhito et sa famille.

- Qu’a-t-il dit au juste ??

- Je cite ses paroles telles qu’elles ont été prononcées excellence !!

***/***

« Lecture du document. »

Quand j’ai vu arrivé ce gamin, j’ai d’abord pensé à une erreur du service de sécurité Français et ensuite j’ai assisté à la chose la plus incroyable qu’il m’ait été permis d’observer un jour, je vous assure que seul ce garçon aura les capacités qu’il faut pour soigner la famille impériale.

***/***

- (Jun’ichirô perplexe) Et c’est tout ??

- Oui excellence !! Il s’est sans doute rendu compte qu’il venait de nous révéler une chose qu’il tenait à garder pour lui, ensuite nous n’avons plus rien pu lui soutirer comme renseignements sur ce garçon !! Juste qu’il insistait pour que nous prenions rapidement contact avec les autorités sanitaires Françaises, qu’il avait déjà prévenu mon homologue de la DST et que celui-ci lui avait donné son accord de principe, n’attendant plus que la démarche officielle venant de votre excellence !!

- Bien m’en a pris apparemment !! Pour le garçon, quelque chose m’interpelle !! C’est le secret qu’il y a autour de son existence, je vous demande donc d’enquêter prudemment et de ne surtout pas créer un incident diplomatique, si secret il y a nous l’apprendrons un jour ou l’autre !!

- Bien excellence !!

Jun’ichirô regarde sa montre.

- J’ai un autre rendez-vous important, je tiens à ce que personne ne cherche à me suivre !!

- N’est-ce pas dangereux ?

- L’Oyabun m’a donné sa parole que ma protection serait garantie, je ne voudrais pas qu’il prenne la découverte de vos hommes pour un affront.

Le directeur du « Naisho » s’incline devant le chef d’état, quittant ensuite le bureau pour aller mettre en œuvre les différentes décisions prises lors de cette réunion.

***/***

« Une heure plus tard, restaurant chic du centre de Tokyo. »

L’homme d’une soixantaine d’années aux tatouages démontrant à qui sait les reconnaitre, l’importance qui est la sienne au sein de l’organisation mafieuse la plus puissante du pays, est assis à une table où deux couverts sont dressés, indiquant par ce fait qu’il attend quelqu’un pour commencer son repas.

L’Oyabun ne détourne même pas la tête quand la porte principale du restaurant s’ouvre derrière son dos, laissant ensuite s’asseoir à sa table sans lever les yeux sur lui celui qu’il attendait.

Jun’ichirô prend le menu que lui tend en tremblant une jeune serveuse, il prend le temps de bien l’étudier avant de passer sa commande et c’est seulement une fois la jeune fille repartie en cuisine, qu’il lève les yeux vers l’homme qui ressent son regard comme par un sixième sens et redresse la tête à son tour pour plonger ses yeux dans les siens, une seule question non dite lui faisant froncer les sourcils d’inquiétude.

- (Jun’ichirô) Il s’en sortira, l’opération a été un réel succès !!

L’immense soulagement peut alors se lire sur le visage de cet homme qui malgré sa force de caractère et sa réputation avérée de tueur sans scrupules qui l’a mené au sommet de son organisation à la suite de son propre père, n’en est pas moins un grand-père aimant.

- Merci !!

CHAPITRE 74 (Japon) (Lundi) (Étrange rencontre) (Fin)

Jun’ichirô s’incline, comprenant l’impact futur pour sa politique de ce simple mot prononcé avec émotion.

- C’est le professeur Assaki qu’il faut remercier, sans lui les suites de cet accident auraient été désastreuses pour notre pays.

- Il lui sera fait savoir qu’il a toute notre reconnaissance et qu’il sera désormais sous notre protection, qu’avez-vous d’autre à m’apprendre sur les personnes qui ont permis ce miracle !! Parce que s’en est bien un, n’est-ce pas ?

- Il semblerait bien en effet, tous nos spécialistes tenaient les mêmes propos sur le facteur risque et l’improbable réussite d’une telle opération !! Ce qui valait aussi bien pour la famille impériale sachez-le, maintenant nous n’avons pas appris grand-chose et il semblerait que l’auteur des actes chirurgicaux soit un jeune garçon, les autorités Françaises refusent à l’heure actuelle de nous en dire plus et je pense sincèrement qu’ils nous ont fait un immense honneur en acceptant notre demande, peut être devrions nous respecter le secret qui tourne autour de ce garçon !! Le principal n’est-il pas de retrouver son altesse impériale, sa famille ainsi que votre petit fils en bonne santé, je me pose de plus en plus la question voyez-vous !!

Un long silence suit ses paroles, silence qui permet aux deux hommes de déjeuner tranquillement chacun restant dans ses pensées et ce n’est qu’après le dessert que l’Oyabun reprend la parole, le visage devenu soudainement comme illuminé par une révélation qui lui serait soudainement venue.

- Croyez-vous aux anciennes croyances excellence ?

- Qu’entendez-vous par anciennes croyances ??

- Notre civilisation a connu quelques périodes clés, qui nous ont amené à ce que nous sommes actuellement !! Une de ces périodes très ancienne n’est plus raconté que par quelques aînés initiés à leurs petits enfants ou dans quelques livres très anciens écrits dans une langue morte depuis des lustres et qu’une poignée d’érudit seulement peuvent encore traduire de nos jours, d’aucuns disent que ce sont soit des légendes, soit des inepties et pourtant en y réfléchissant un tant soit peu, ils sont le socle encore à ce jour de notre société !!

- Peut-être voudriez-vous m’expliquer, j’avoue sans honte ne pas être féru de ce genre de croyances !!

- Il est dit que notre monde a été créé par « Izanagi » le dieu à l’origine de la vie des mondes, alors que son esprit se perdait dans la démence et qu’il y aurait pris retraite afin de retrouver les valeurs qui faisaient de lui le plus puissant des dieux, certains écrits encore plus anciens le nomment « l’unique ».

- (Jun’ichirô) J’ai entendu ces légendes, chaque pays a les siennes et qui se sont perdues comme pour nous avec le temps.

- La tradition Yakusa remonte aux temps les plus anciens et reste attachée à ces croyances, comme Oyabun j’ai été instruit de certains …secrets remontant aux débuts de notre présence sur cette terre !!

- La science démontre tout autre chose, comme l’évolution qui a fait qu’une cellule trouve un lieu suffisamment riche en composants de base pour s’y développer afin de créer tout ce que nous connaissons et ce que nous sommes devenus, les anciennes croyances se sont vues devenir obsolètes et issues de contes déformés aux fils des millénaires.

- Pourtant cette cellule vient bien de quelque part ? Pour en revenir à ce que nous Yakusa croyons, il est dit qu’un jour les peuples seront tellement opprimés qu’ils reviendront à leurs croyances ancestrales et que les prières réveilleront « l’unique » qui leur redonnera l’espoir d’une vie meilleure, débarrassé du joug de ceux qui les enchaînent.

- Nous n’en sommes quand même pas là ??

- Parce que vous ne voyez que notre petite planète !! L’univers est vaste, plus vaste encore que l’imagination humaine pourrait le définir.

- Je ne voudrais pas vous semblez manquer de respect !! Juste que nos opinions sont différentes, nous pourrions en parler pendant des années sans qu’aucune preuve ne puisse étayer qui de nous deux détient la vérité et encore, en sous entendant qu’il n’en existe pas une autre !!

- Vous êtes un homme intelligent excellence !! Je pense que très bientôt vous aurez accès à ces preuves, souhaitons alors que vous vous rappellerez mes paroles !!

- Je reverrai alors ma façon de penser !! Permettez-moi une dernière question ?? Quel rapport cette conversation somme toute ésotérique et intéressante, a à voir avec notre rendez-vous ??

- J’y viens !! Je voulais avant ça vous mettre disons en condition pour écouter ce qui va suivre, il va de soi que j’attends de vous le secret absolu et qu’ensuite vous mettiez tout en œuvre pour étayer et vérifier mes dires !!

- Je m’y engage sur mon honneur, cela vous suffit-il ??

- Je n’en demande pas plus !!

- Je vous écoute !!

- Nous détenons une preuve qu’il y aura de ça bientôt dix-huit ans, quelque chose est arrivée sur notre planète sous la forme d’une pluie de météorites !!

- Il en tombe très souvent pourtant, je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire à ça ??

- Sauf que pour celles-ci c’était différent !! Deux de ces pierres sont parvenues à mon père qui était encore alors l’Oyabun de notre maison tandis que moi je n’étais que son Wakajashira, de très petites météorites qui tenaient dans le creux d’une main et que mon père a fait monter en pendentif, il en a gardé un pour lui et m’a offert l’autre, depuis ce jour et durant plusieurs années nous avons fait d’étranges rêves. J’en ai parlé au bout d’un certain temps à mon père qui m’a avoué alors faire les mêmes et une image c’est peu à peu gravé dans ma mémoire, une image représentant un jeune garçon roux qui se découvre des pouvoirs immenses comme celui de guérir là où il n’y a plus d’espoirs. Un nom me reste graver depuis toutes ces années, un nom qui m’a fait entreprendre toutes ces recherches sur nos anciennes croyances et notre conversation sur ce jeune garçon qui aurait accompli un miracle en guérissant mon petit-fils, m’a fait réfléchir et engager la suite de notre entretien dans cette direction de ce fait plus ésotérique pour en arriver à cette quasi-certitude à mes yeux.

- Quel est ce nom ??

- « Izanagi »

CHAPITRE 75 (Afrique) (Lundi) (Transformation)

« Dispensaire du père Antoine. »

Déjà une semaine que Camille et Patrice bénéficient de l’accueil simple mais chaleureux du père Antoine, ils ont visité les alentours du dispensaire en attendant qu’avance la partie administrative qui permettra au jeune Masaï du nom de Taha de pouvoir repartir avec eux.

Aujourd’hui il est prévu pour eux une visite du village d’Okoumé qui durera normalement deux jours et ce afin de permettre aux deux jeunes agents de la DST à ce que ce même Okoumé les mène à cette fameuse clairière où ont élu domicile ces étranges entités extra-terrestre.

C’est donc accompagné de M’Balla dans son vieux quatre-quatre, qu’ils ont pris la piste très tôt ce matin-là.

- (M’Balla) C’est très rare d’être invité à passer la nuit dans une de ces tribus vous savez ?? Et je n’ai pas souvenir que ce soit déjà arrivé à part pour le père Antoine bien sûr, tout du moins dans celle où nous nous rendons !!

- (Patrice) C’est sans doute parce que le chef va nous confier son fils, il tient certainement à s’assurer qu’il sera entre de bonnes mains.

- (M’Balla) Hum !! Oui peut-être, quoiqu’il ait pu se faire les mêmes conclusions au dispensaire !!

- (Camille) Nous devons visiter aussi cet endroit où l’avion s’est écrasé, peut-être y trouverons-nous une piste sur ces étranges choses qui s’y passent depuis lors ?

- (M’Balla) Il ne doit plus rester grand-chose depuis tout ce temps !! Enfin !! Vous verrez bien !!

***/***

« Village Masaï. »

Taha traverse le village en cherchant des yeux son père qui est sorti très tôt de la hutte familiale ce matin-là, il le trouve au milieu des plus jeunes chasseurs de la tribu et s’étonne de les voir portant leurs armes de chasse, sans qu’un ancien ne les accompagne comme le veut la coutume.

La quinzaine de jeunes hommes sont déjà loin quand il arrive auprès de son père.

- Où vont tous nos jeunes chasseurs père ?

Okoumé sourit de toutes ses dents, visiblement satisfait de sa décision.

- Je les éloigne de la jeune femme blanche, son regard à l’endroit où elle le porte très souvent, pourrait en troubler plus d’uns et créer des incidents qu’il vaut mieux éviter, les jeunes hommes célibataires ont le sang chaud tu comprends mon fils ? Tous n’ont pas comme toi quelqu’un avec qui partager leurs pulsions quand celles-ci sont trop fortes.

- Mais n’est-ce pas dangereux pour eux père ??

- Là où ils se trouveront ils ne risqueront rien, j’en ai eu la promesse de nos dieux !!

- Tu t’es rendu à la clairière père ?? Comment va Naomé ??

- Ne parles-tu donc pas avec lui ??

- Si bien sûr !! Mais j’aime aussi l’entendre de toi quand tu reviens de le voir !!

- Alors ne t’inquiète pas pour ton ami, il ne pourrait aller mieux et tu risques d’avoir une bonne surprise demain quand nous nous rendrons là-bas avec les hommes blancs, les dieux des pierres ont tenu paroles fils !! Ton ami et toi pourrez vivre ensemble à ton retour de ton long voyage.

- Explique-toi père !!

- Pourquoi ne pas t’y rendre toi-même fils ? Personne ne te l’a interdit il me semble ?

Taha connait suffisamment bien son père pour savoir qu’il ne révélera rien de ce qu’il sait, Naomé depuis cette nuit reste muet à ses demandes mentales d’entrer en contact avec lui et ne serait-ce le sourire rassurant de son père, il s’imaginerait déjà certainement le pire.

- Tu as raison père !! J’y vais de ce pas, ma curiosité ne saurait attendre plus longtemps !!

- Va mon fils !! Je pense aussi que ton ami attend avec impatience ta prochaine visite et voir briller tes yeux de la surprise qu’il te réserve.

***/***

« Clairière des dieux des pierres. »

Naomé ou plutôt pour être exact Naomée, ne se lasse pas d’admirer son nouveau corps reflété dans l’eau pure de la petite rivière où il se désaltère.

Ses petits seins fermes, son ventre plat tout comme la disparition de son pénis remplacé par cette fente enfouie dans sa toison pubienne la ravit au plus haut point.

Depuis son plus jeune âge Naomé se sentait dans le mauvais corps, partageant plus volontiers son temps avec les filles alors que les autres garçons ne pensaient déjà plus qu’aux jeux de guerre et à la bagarre.

Seul Taha trouvait grâce à ses yeux, se sentant déjà très proche de celui qui n’était encore qu’un enfant et c’est tout naturellement à l’approche de l’adolescence qu’ils sont devenus inséparable, découvrant leurs corps ensemble avec les premiers plaisirs qui en ont suivi.

Taha une fois adulte n’a pu se résoudre à ne plus le considérer que comme un ami, son regard sur les jeunes filles de la tribu démontrait mieux que des paroles où allaient ses tendances et seul l’amour qu’il lui portait, a fait que Taha s’en écarte à son profit.

Naomée n’a maintenant plus qu’une hâte, celle d’avoir le membre viril de son amour planté au plus profond de son sexe tout neuf et prendre avec lui le plaisir qu’elle sent déjà en elle, comme un immense incendie qui lui dévore les sens.

CHAPITRE 76 (Camping de la dune) (Lundi) (Souvenirs d’une autre vie)

« Peu avant midi, mobil home des garçons. »

Une étrange impression me libère de ce rêve étrange, comme si les souvenirs d’une autre vie étaient arrivés soudainement pendant mon sommeil et je me redresse sur le lit pour rechercher dans mon esprit les différences qu’il pourrait y avoir d’avec ceux que j’ai déjà, ceux-ci s’avérant étrangement semblable à ceux où j’étais myopathe.

Beaucoup de scènes de cet ancien vécu avec hélas les mêmes peines, mais aussi les quelques joies de cette vie sans réelle saveur.

J’y retrouve mes amis d’Aix avant que je perde l’usage de mes jambes, Yuan et Antoine avec leurs trop brèves visites aux fils des années, mais aussi les quelques amis de mon père dont faisait partie Maurice ainsi que mon « Dami » avec qui dès notre première rencontre une immense amitié est née.

Quelques divergences sans réelle importance, beaucoup moins importantes que dans ce présent où le meilleur de mes souvenirs côtoie le pire de celui qui était dans ce corps avant moi et je me demande si un autre moi vient de mourir pour que ce souvenir m’arrive, ou si c’est simplement un endroit de mon cerveau qui se débloque pour une raison que je ne comprends pas encore mais qui doit avoir son importance.

Il faut que j’en sache davantage, Philippe devait repartir aujourd’hui et je m’ouvre à l’esprit de mes deux chéris pour voir s’il n’est pas encore auprès d’eux, la chance voulant qu’il soit avec Antonin et les filles, à préparer le repas de midi, je me lève d’un bond pour aller les retrouver.

Chloé est la première à me voir arriver sur eux, elle me sourit en venant m’embrasser.

- Le dormeur s’est réveillé !!

- Bonjour révérende mère ! Hi ! Hi !

- ?? Tu es sûr que ça va ??

- (Léa) Tu fais référence à Dune en sortant une phrase culte, alors il te répond en te renvoyant au même bouquin. Remarque que « Flo » aurait très bien pu s’appeler Paul !! Lui aussi avait d’étranges pouvoirs ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Ah oui ?? Faudra que tu me le prêtes alors !!

Les voilà qui commence à papoter sur le sujet qui m’aurait sûrement intéressé si je n’avais pas autre chose en tête, je prends Philippe par la manche en l’emmenant un peu plus loin.

- J’ai une nouvelle mémoire qui vient de se débloquer, tu crois que ça pourrait venir d’une autre réalité.

Philippe plisse le front, cherchant à bien comprendre le sens de la question.

- Tu penses qu’un autre toi vient de mourir ?

- Je me suis posé la question !! Pourquoi suis-je encore ici et n’ai-je pas rejoint ce nouveau corps ?

- Peut-être parce qu’ici tu n’as pas terminé ta mission.

- Ma mission ??

- Tu l’as dit toi-même que c’est à l’approche de ta dix-neuvième année que tu changes de réalité, peut être que beaucoup d’autres toi meurent avant que tu ne puisses te transférer !! Attention !! Ce que je dis là n’est rien moins qu’une idée que j’envoie un peu au hasard, rien ne dit que je sois sur la bonne voie.

- Oui mais alors pourquoi cette vie et pas les autres ??

- C’est peut-être comme tes « dons » qui se dévoilent seulement quand tu en as besoin ? Encore une fois je ne fais qu’envoyer des idées sans réel fondement.

- Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a à en tirer, c’est la même quasiment que celle où j’étais malade et que je t’ai déjà raconté !!

- Il y a sûrement des différences, qui sait !! Peut-être que l’une d’elles te sera utile et c’est pour cette raison que ton esprit l’a débloqué.

- Comment en être certain ?

- Là !! Je ne vois pas !! Déjà qu’il faudrait avoir vu juste, nous en reparlerons si tu veux quand tu reviendras à Aix, avec un peu de chance et de patience, nous trouverons peut-être le fil conducteur qui mènera à la compréhension que tu cherches.

- D’accord, merci !! Qu’arrivera-t-il si ça se reproduisait encore ?

- Comment ça ?

- Combien un esprit peut-il contenir de souvenirs de vies entières sans devenir fou ??

- Est-ce que ceux que tu as déjà t’embarrassent ??

- Heu !! Non, pas spécialement !!

- Tu as ta réponse alors, il doit y avoir un but à tout ça et c’est à nous de tenter de le découvrir, profite du moment présent c’est le seul qui compte et la compréhension viendra en son temps crois-moi !! Déjà la question que tu devrais te poser est de savoir pourquoi aucuns souvenirs du corps que tu habites en ce moment ne sont restés graver dans ton esprit, la réponse à cette question me semble primordiale pour pouvoir appréhender la suite.

- Tu crois que je devrais faire des recherches sur les années qui ont précédé mon arrivée ici ?

- Peut-être pas les années, mais plutôt l’origine.

- Tu veux parler de l’accident en Afrique ??

- Il me semble que s’il doit y avoir explication, c’est là-bas que tu la trouveras !!

- Comment peux-tu en être aussi certain ?

- Une intuition !! Tout commence toujours par ce voyage en avion, les divergences n’arrivent qu’ensuite !! Tantôt des gens meurent, tantôt il n’arrive rien ou encore juste quelques frayeurs, voire quelques blessures !! Mais c’est toujours à partir de cet instant que le destin… ton destin, change !! Tu sais celui qui pour moi est le vrai Florian ? C’est celui à qui il n’arrive rien lors de ce voyage, c’est aussi celui qui tombe malade alors que pour les autres, leurs vies même si elles divergent n’en est pas moins dénuée de toutes maladies.

- Ce serait pour cette raison que je n’avais pas tous ses « dons » dans mes souvenirs de ce moi cloué dans un fauteuil ?

- Tu vois ?? Nous avançons lentement vers la compréhension de ce que tu pourrais être, ou ne pas être !!

- Je ne serai pas Florian ?? Mais quelqu’un ou quelque chose qui est parti de ce bébé pour créer tout ça !!

- Quand tu dis tout ça, tu penses aux autres réalités que l’incidence différente de l’accident aurait créées ??

- C’est exactement ça !! Mais comment en être certain ? Ce n’est peut-être rien de plus que l’imagination qui nous joue des tours, à vouloir à tout prix comprendre ce qui semble incompréhensible !!

- Nous ne sommes pas au bout de nos peines, tout ceci a au moins le mérite de nous faire réfléchir et qui sait, il y a certainement quelques vérités dans tout ça !!

- Je risque de monopoliser ton cabinet à temps plein ! Hi ! Hi !

- J’ai été payé largement avec le chèque que je vais toucher cette semaine ! Hi ! Hi ! Et puis où pourrais-je trouver un sujet aussi intéressant que le tien dans ce bas monde !! Je te le demande un peu !!

CHAPITRE 77 (Camping de la dune) (Lundi) (Maurice tient parole)

« Plus tard dans l’après-midi, sur la plage. »

Nous sommes tous, enfin surtout moi, en pleine sieste à notre bout de plage habituel et alors que mes amis se couvrent de crème solaire pour ensuite bizarrement chercher un coin d’ombre, je reste au contraire en plein cagnard allongé sur ma serviette de plage.

J’ouvre un œil de temps en temps pour assister le plus souvent au même manège des jeunes et moins jeunes qui viennent se rincer l’œil, attirés comme des mouches par notre groupe.

Certains moins timides s’arrêtent pour faire connaissance alors que d’autres beaucoup plus « émotifs », retournent vite fait se mettre dans l’océan jusqu’à la ceinture.

Un regain d’intérêt pourtant quand deux garçons s’approchent de Chloé et de Léa pour leur faire la bise, le sourire amical de mes deux copines démontre qu’ils se connaissent déjà et j’arrête là mon début d’intérêt pour ces deux garçons pour reprendre ma sieste en me disant que si elles veulent nous les présenter, elles sont bien assez grandes pour le faire.

***/***

« Une heure plus tard. »

Un étrange cri d’oiseau me fait une nouvelle fois ouvrir les yeux, j’ai du mal au début avec le soleil à bien le discerner car il est assez haut dans le ciel et bizarrement ma vue s’adapte pour finir par faire comme un zoom sur l’animal, encore une étrangeté à mettre à mon actif pensais-je quand je reconnais dans cet oiseau un faucon pèlerin.

Du coup mon attention devient plus vive, me redressant sur les coudes pour mieux observer son manège et il devient vite évident que quelque chose a capté son attention au vu des cercles de plus en plus ciblés vers un endroit proche d’où je me trouve.

Mes yeux cherchent alors dans le taillis ce qui attire ainsi ce magnifique prédateur ailé, tous mes sens prennent une sensibilité extrême au point que je finis par entendre le léger couinement apeuré d’un autre animal tapi à quelques mètres de moi.

Ma vue une fois de plus s’adapte à la pénombre qui règne sous les buissons pour apercevoir une petite musaraigne à la fourrure marron clair, celle-ci tremble de tous ses membres en ayant compris par un instinct millénaire qu’elle est la cible choisie par ce prédateur dont les cercles concentriques se réduisent à chaque tour davantage.

Au moment où le faucon fond sur sa proie, je me lève d’un bond en enroulant ma serviette autour de mon bras et en le tendant droit devant moi en poussant un son strident, l’animal en pleine chute libre reprend immédiatement son envol de quelques battements d’ailes pour venir se poser sur mon bras avec la grâce et la délicatesse d’un animal visiblement apprivoisé.

Bien sûr je ne suis pas le seul à l’avoir aperçu et je suis vite rejoint par mes amis d’abord, puis ensuite par un nombre grandissant de curieux qui poussent des cris d’admiration devant cet oiseau au demeurant magnifique qui me fixe dans les yeux d’un regard acéré mais d’où ne perce aucune crainte ni colère.

***/***

« Quelques dizaines de mètres plus loin, sur une hauteur de rocher bordant la plage. »

Deux hommes avec des jumelles ont suivi de près toute la scène depuis le lâcher du faucon jusqu’à ce moment où il a répondu à l’appel et est venu se poser sur le bras du jeune rouquin.

- Vous avez votre réponse il me semble ??

- Il semblerait en effet !! Qu’avez-vous à m’apprendre sur le comportement de cet oiseau envers ce jeune homme ??

- Pour le moins inhabituel pour tout vous dire !! Je suis moi-même fortement troublé de son comportement, ce faucon ne connait que moi depuis qu’il est sorti de l’œuf et jamais, vous m’entendez !! Jamais il n’a répondu à un quelconque appel autre que le mien !!

- Si vous le faisiez revenir maintenant ??

- Entendu !!

Le fauconnier sort un sifflet à ultrason qu’il porte à sa bouche pour rappeler l’oiseau de proie, il souffle plusieurs fois dedans et reste un moment comme pensif avant de réitérer une seconde fois, Maurice sourit devant le froncement de sourcil inquiet du fauconnier.

- Votre sifflet fonctionne au moins ?

- Bien sûr !! Mais je ne comprends pas, il a toujours obéi en l’entendant !! Que se passe-t-il donc avec ce garçon ??

- Ce serait beaucoup trop long à vous expliquer, le mieux serait d’aller le rechercher vous ne pensez pas ? Sinon nous pourrions attendre ici encore longtemps je vous assure !!

L’homme souffle une dernière fois avant de baisser les bras en comprenant que ça ne sert à rien, rangeant son sifflet dans sa poche d’un geste nerveux.

- Allons-y avant qu’il y ait un accident, le visage de ce garçon est bien trop près de la tête de l’oiseau et il risque d’être blessé !!

- Croyez-moi sur parole, cela n’arrivera pas et je vous conseillerais même d’attendre avant de vouloir le récupérer que ce soit Florian qui vous le demande, sinon c’est très certainement vous qui risqueriez l’accident !! En tous les cas je vous remercie d’avance d’avoir accepté de faire ce test et d’avoir fait tout ce chemin avec moi.

- Pourrais-je au moins connaitre vos motivations ?

- Oh mais très certainement !! Je voulais m’assurer qu’il n’y avait aucun danger pour honorer une promesse que j’ai faite à ce garçon.

- Quel genre de promesse, si ce n’est pas trop indiscret de ma part de poser une telle question, bien sûr ??

- Croyez-moi, il vaut mieux pour vous de ne pas la connaitre ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 78 (Camping de la dune) (Lundi) (Maurice tient parole) (fin)

***/***

« Sur la plage, pendant ce temps-là. »

- Alors petit gars ?? Qu’est-ce que tu fais dans le coin ??

L’oiseau pousse un petit cri sans que son regard ne quitte une seule seconde le mien, j’entends ensuite un appel sûrement émis par un sifflet à ultrasons et mon attention se porte aussitôt vers la direction d’où il provient, j’aperçois alors deux hommes dont un en particulier que je ne manque pas de reconnaître à sa stature.

- On dirait bien que notre ami Maurice a voulu me tester ! Hi ! Hi !

- (Antonin) A qui tu parles ? Pas à l’oiseau quand même ?

- (Thomas) Tu penses qu’on peut le caresser ?

- Et d’un je parlais tout seul et de deux, oui bien sûr si tu ne fais pas de mouvements brusques qui pourraient l’effaroucher !

Thomas va donc pour lui donner sa caresse quand je le retiens d’un geste.

- Montre-lui ta main avant, il doit comprendre ton intention !!

- Ah !! D’accord !!

Thomas vient se placer dans mon dos pour ensuite suivre mes consignes, l’oiseau se laisse faire en semblant apprécier la caresse de mon ami.

- (Thomas) Il a une bague à la patte, tu as vu ??

- Bien sûr !! Comme je vois son propriétaire venir le récupérer avec notre ami Maurice.

- (Antonin) Ça ressemble beaucoup à un coup monté cette histoire, tu sais pourquoi il a fait ça toi ?

- A cause d’une demande que je lui ai faite cette nuit, je voulais vérifier si j’ai toujours mon « don » avec les animaux et je lui ai demandé s’il pouvait m’emmener au cirque, passer une heure ou deux avec la ménagerie.

- (Thomas) Tu parles bien du même cirque que celui d’où nous venons ?

- Bien sûr, pourquoi ?

- C’est cool ! Hi ! Hi ! J’aimerai être là cette fois pour voir la tête de « Raphi » quand il jouera les dentistes avec un lion !!

- (Antonin) Il a fait quoi ??

J’envoie à « Tonin » le souvenir de ce matin-là, en surveillant d’un œil l’arrivée de Maurice qui n’est plus qu’à quelques mètres de nous maintenant.

- (Antonin) ! Hi ! Hi ! Il a été courageux quand même !! Wouff !! Et ben dis donc, ce n’était déjà pas du chiqué vous deux !! Même le lion en chope la gaule ! Hi ! Hi !

***/***

Maurice ne manque pas le fou rire d’Antonin même s’il n’en comprend pas la raison, malgré tout son regard se porte rapidement sur Florian et le faucon qui se frotte la tête contre son épaule, comme le ferait n’importe quel animal domestique avec son maître.

L’homme qui l’accompagne semble de plus en plus surpris.

- C’est quoi ton secret mon gars ??

- L’empathie monsieur !! C’est un magnifique oiseau, très intelligent au demeurant !!

- Il est surtout bien dressé, l’intelligence n’a pas grand-chose à voir dans sa façon d’être.

- Détrompez-vous !! En voulez-vous une preuve ?

- Je serais curieux de voir ça !!

Je sonde rapidement le taillis où la musaraigne était terrée, elle y est toujours avec la même peur de sentir le prédateur si proche d’elle.

Je lui envoie une série de sons qui très vite la font cesser de trembler, son petit museau apparaît alors au recoin d’une grosse touffe d’herbes et je me retourne alors vers l’oiseau en lui imprimant ma demande en pensée tout en la formulant à voix haute.

- Va la chercher !! Ne lui fais aucun mal surtout !!

Je l’aide ensuite à prendre son envol avec mon bras, quelques battements d’ailes pour prendre suffisamment d’élan et le voilà qui plonge vers la végétation, la survolant en rase-motte pour revenir aussitôt sur moi pour y déposer la petite créature dans la paume de ma main.

Celle-ci se dressant aussitôt sur ses petites pattes arrière et se nettoie tranquillement les moustaches avec celles de devant, visiblement pas effarouchée pour deux sous.

L’oiseau revient en piqué pour cette fois se poser sur le gant de son maître qui lui met un cache sur les yeux afin d’être certain qu’il ne s’envolera plus.

- (L’homme) Et moi qui croyais avoir tout vu !! Si je racontais ce à quoi je viens d’assister, personne ne me croirait c’est sûr !!

Maurice le prend à part pour lui parler, l’homme acquiesce plusieurs fois avant de lui serrer la main et de nous faire un signe d’adieu, il quitte ensuite la plage non s’en s’être retourné plusieurs fois pour me regarder, visiblement toujours autant stupéfié de la petite démonstration à laquelle il vient de participer.

- (Maurice) Tu n’étais pas obligé d’en rajouter avec la souris tu sais ? Il y a fallu que je lui promette de t’emmener à sa fauconnerie pour qu’il accepte de partir sans plus poser de questions.

- C’est loin ??

- Un peu quand même, ce gars est le frère d’un de mes agents et il est fauconnier-chef au Puy du Fou en Vendée.

- Je n’y suis jamais allé mais j’ai vu plusieurs reportages et j’aimerais beaucoup que nous nous y rendions un de ces quatre, il parait qu’il y a des aigles de plusieurs espèces !!

- (Maurice) C’est sûr qu’ils n’attendent que toi pour apprendre à danser ! Hi ! Hi !

- Ça pourrait être drôle pas vrai ?? Maintenant je présume que tu es rassuré et que tu vas accepter ma demande d’aller faire un tour au cirque ?

- Je n’ai qu’une parole mon garçon, juste qu’il faut avant que j’aille en discuter avec le propriétaire pour qu’il ne te voie pas arriver là-bas comme un fou furieux à vouloir ouvrir les cages des fauves !!

CHAPITRE 79 (Paris) (Mardi matin) (Hôpital du Val de Grâce)

« Service des grands blessés. »

Frédéric avant son retour pour Reims, est venu une dernière fois visiter avec le professeur Assaki et son équipe, les trois patients opérés l’avant-veille, suivant avec discrétion les auscultations minutieuses du chirurgien qui a accepté sa demande d’être présent cette fois encore.

Tous les tests cliniques tendent à donner le même verdict, la santé des trois accidentés n’étant plus en danger et le fait d’être présent encore ce matin, démontrent une fois de plus qu’il n’a pas rêvé cette aventure comme il était tenté de le penser tellement elle lui a paru surréaliste.

Akihito accroche les radios de la princesse Masako sur l’écran lumineux fixé à la cloison, il reste ensuite un long moment à en observer les détails avant de se retourner vers son confrère.

« En Anglais traduit. »

- Remarquable n’est-il pas ?

Frédéric se penche à son tour pour étudier les radios.

- Le mot me semble bien faible pour définir le travail de réparation osseuse que nous avons sous les yeux.

- J’étais présent pour les trois actes chirurgicaux et j’avoue sans honte m’être senti plusieurs fois complètement dépasser, tant que cela restait dans ma spécialité j’ai pu suivre sans trop de problèmes et même apprendre certaines choses fortement intéressantes, mais pour le reste j’avoue être resté médusé par autant de connaissances de la part d’un si jeune homme.

- (Frédéric) Je doute qu’il existe une autre personne en détenant autant, il lui a fallu mettre en œuvre un grand nombre de spécialisations à la pointe de nos connaissances de la chirurgie actuelle et il me semble même que certains actes étaient de réelles innovations, il aurait fallu enregistrer toutes ces heures pour en apprendre davantage.

Akihito réfléchi un instant avant de prendre Frédéric par le bras.

- Suivez-moi !! J’ai quelque chose à vous montrer.

Les deux hommes redescendent aux blocs opératoires jusqu’à celui qui a servi la nuit précédente, sa main montre alors un point précis au plafond non loin de la lampe à forte puissance qui sert lors des interventions.

- J’avais remarqué la « led » bleue qui indique que cette caméra était en service, alors cela répond-il à votre question mon cher collègue ?

- Oui mais je crains fort que nous n’obtenions jamais qu’on nous en confie une copie un jour !!

Akihito s’approche plus près de Frédéric pour lui souffler quelques mots à l’oreille.

- Prévenez notre ami commun que si des gens très puissants apprennent qu’un tel enregistrement existe, il lui sera difficile de garder longtemps secret ce qu’il contient.

- Que voulez-vous dire ??

- Je crains en avoir déjà trop dit !! Veuillez m’excuser mais je me dois de retourner auprès de mes patients !!

Frédéric reste un long moment à réfléchir avec le regard levé vers la petite caméra presque indétectable pour qui ignore sa présence, il semble ensuite se ressaisir et quitte le bloc, non sans montrer un visage soucieux à ceux qui le croisent dans les couloirs.

Ce n’est qu’une fois à l’intérieur de sa voiture, qu’il se décide d’appeler Maurice pour l’avertir de ce qui lui a bien semblé être un avertissement à prendre très au sérieux.

Une fois chose faite et cette fois ci relativement soulagé de ne pas avoir gardé ça pour lui, Frédéric démarre pour entamer son trajet de retour vers Reims.

Il a à peine passé la barrière de l’hôpital, qu’une berline avec deux hommes de type asiatique à l’intérieur démarre à son tour et s’engage dans la circulation pour le suivre avec la discrétion qui dénote bien le professionnalisme de ces deux occupants.

Un piéton attendant apparemment l’autorisation de traverser voit passer les deux voitures, il plaque alors sa main sur son oreille en suivant des yeux les deux véhicules jusqu’à ce qu’ils ne soient plus visibles dans la circulation.

- C’est Henri !! Dites au patron qu’il avait vu juste, deux agents du Naisho ont bien pris en filature le professeur Viala !! J’attends vos instructions !!

- ….

- Compris !! Je rentre à la base !! Terminé !!

Henri remonte son col pour se protéger de la pluie fine mais insidieuse qui commençait à lui couler dans le cou, un sourire de satisfaction aux lèvres en reconnaissant que depuis sa nomination à la tête du service, le nouveau patron obtient des résultats qui dépassent et de loin s’en faut ceux de son prédécesseur.

***/***

Alain Durieux reçoit presque immédiatement l’information qui pour lui n’est pas vraiment une surprise, car en effet il lui a été signalé que depuis deux jours les agents Nippons ont un regain d’activités dans la capitale et plus particulièrement aux alentours du Val de Grâce.

La chose étant dite, elle lui parait aussi bien naturelle étant donné les circonstances dues à la présence du couple impériale.

Présence qui se montre comme une aubaine pour la DST, qui peut ainsi repérer certains agents non encore répertoriés par ses services de contre-espionnage et en valider également quelques autres qui étaient déjà suspectés d’y appartenir.

CHAPITRE 80 (Aix en Provence) (Mardi après-midi) (Philippe)

Philippe sort de la banque avec un grand sourire aux lèvres, il vient de déposer le chèque de la Française des jeux et réaliser les virements de ceux des amis de Florian qui avaient déjà un compte, pour les autres ils recevront un chèque de sa part dès leurs retours.

Pour sa part, il compte utiliser une partie de la somme pour refaire un coup de fraicheur dans le studio et aussi tant qu’il y est, le remettre au goût du jour pour un jeune homme comme Jean Baptiste.

C’est pour cette raison qu’il a passé une partie du week-end à l’interroger sans y paraitre sur ses préférences, se donnant ainsi une assez bonne idée de décoration et c’est d’un pas tranquille qu’il profite d’être en ville pour justement rendre visite à un de ses amis qui travaille dans la rénovation d’appartements.

C’est en sortant de chez l’artisan une heure plus tard, qu’il tombe nez à nez avec la famille Louvain, accompagnée d’un autre couple ainsi que d’un garçon d’environ l’âge de Florian.

La ressemblance entre les deux adultes mâles est si frappante que Philippe reste un instant figé de stupeur en comprenant qu’il ne peut être que le fameux frère disparu depuis vingt ans, les implications de ces retrouvailles lui viennent de suite à l’esprit et ne serait-ce déjà pour Thomas pour qui ce couple représente les seuls parents qu’il n’a jamais connu, qui va sûrement connaître un retour émotionnel très fort quand il se retrouvera face à eux.

***/***

C’est André qui l’aperçoit le premier en remarquant son trouble.

- Venez que je vous présente au professeur Espinach !! C’est la personne qui pourra confirmer l’histoire qui vous semble toujours autant incroyable.

Il entraine alors toute sa famille à sa suite pour franchir la courte distance qui les sépare de Philippe, celui-ci a tout le temps nécessaire pour reprendre contenance et c’est lui qui les accueille comme de vieux amis, appelant chacun par son prénom à la plus grande stupéfaction de la famille Louvain fraichement débarquée.

- Et toi mon garçon tu dois être le fameux Thomas de cette réalité ?? J’en connais un autre qui va être surpris de te rencontrer ! Hi ! Hi !

André se tourne vers son frère, sa belle-sœur et son neveu, avec un sourire amusé.

- Là !! Vous entendez !! Et je n’ai pas eu le temps de faire les présentations que déjà Philippe sait qui vous êtes, peut-être allez-vous finir par enfin nous croire !!

- (Philippe) Peut-être accepteriez-vous que nous allions nous asseoir quelque part pour prendre un verre et faire plus ample connaissance ?

L’affaire semble convenir à tous qui repartent d’un bon pas jusqu’à une terrasse accueillante quelques rues plus loin, ce n’est qu’une fois assis et les commandes passées, que la conversation peut reprendre.

Philippe laisse à André le loisir de s’exprimer pour raconter une fois de plus toute l’histoire, ce qu’il fait sans se faire prier en prenant cette fois le psychiatre à témoin pour valider ses dires et il termine en laissant la parole à son frère pour les questions qui ne devraient pas manquer, voyant bien une fois de plus à ses mimiques sceptiques qu’il n’a toujours pas réussi à le convaincre.

- (Alain) C’est le nuage de Tchernobyl qui est resté trop longtemps au-dessus de vos têtes ou quoi ?? Cette histoire n’a vraiment aucun sens reconnaissez-le ??

- (André) Pourtant celui qui t’en a parlé en premier n’est pas quelqu’un que l’on pourrait qualifier de plaisantin !!

- (Alain) Il n’a fait que des sous-entendus et n’a jamais rien affirmé !!

- (Philippe) Maurice n’était pas autorisé par sa fonction à révéler ouvertement quoi que ce soit, malgré tout il semble qu’il vous ait mis sur la piste !! Pourquoi pensez-vous que ses services vous recherchaient aussi activement ? Certainement pas pour vous débiter ensuite un ramassis d’inepties, reconnaissez au moins ça ??

- (Évelyne) Sans doute, mais comment quelqu’un de sain d’esprit pourrait croire un tel conte à dormir debout ??

Philippe se tourne vers André.

- Tu ne lui as pas montré les croquis de Florian ?

- J’aurais eu bien du mal puisque je les ai laissés dans ton cabinet !! Nous sommes partis un peu précipitamment la dernière fois reconnais-le ?? Ensuite j’ai reporté plusieurs fois l’intention de venir les récupérer et j’ai fini par ne plus y penser !!

- (Alain) C’est quoi cette histoire de croquis et qui est donc ce Florian dont on entend rabâcher le prénom à la moindre occasion ?

- (Philippe) Ce sont des dessins très réalistes qui montrent votre famille telle qu’elle était dans les souvenirs de Florian, ils représentent des scènes pour la plupart d’anniversaires avec vous tous réunis et bien sûr il y a Thomas votre fils, du moins celui de ses souvenirs, si vous préférez cette définition plutôt que de parler d’autre réalité !!

- (Thomas) Ça ne dit pas qui est ce Florian par rapport à notre famille ??

- (Philippe) Florian aime Thomas, enfin pas toi !! L’autre !! C’est quelqu’un qui sort de l’ordinaire, depuis sa sortie du coma il était obnubilé par l’idée de le retrouver !! Il n’a ou plutôt il n’avait que cette chose en tête et n’a eu de cesse de faire tout ce qui était en son pouvoir pour y arriver !!

- (Évelyne) Donc si j’ai bien suivi votre raisonnement, ce garçon…. Florian !! Viendrait lui aussi du même endroit que cet autre Thomas ?

- (Philippe) Je comprends bien vos doutes sur tout ça, j’ai eu les mêmes à une époque pas si éloigné et je sais également qu’André et Nathalie sont passés par là eux aussi comme beaucoup d’autres avant et sûrement encore plus après eux, mais pourquoi pensez-vous que nous voudrions vous convaincre si ce n’est parce qu’un jour ou l’autre, vous allez y être confronté. Thomas !! L’autre Thomas !! Il ne pourra pas s’empêcher de vouloir vous rencontrer, vous tous vous faites partie de sa famille et je suis convaincu que le moment venu il en sera ainsi aussi pour vous, Léa a déjà franchi le pas j’en ai été le témoin privilégié puisque j’étais présent ce soir-là.

- (Nathalie) De toute façon que vous nous croyiez ou non, le jour où vous allez rencontrer Florian je vous garantis que ça changera votre façon de voir les choses comme ça l’a fait pour nous.

- (André) Nous pourrions peut-être aller jusqu’à ton cabinet pour récupérer les dessins ?

- (Philippe) Pas de soucis !! Si vous me permettez une observation, vous n’êtes quand même pas des gens très curieux !!

- (André) Comment ça ??

- (Philippe) Personnellement si on m’avait dit que mon fils vient d’être remplacé par un autre qui est aussi quelque part mon fils et qui lui ressemble de façon hallucinante avec deux ou trois ans de plus, je serai déjà là-bas depuis longtemps pour le voir !! En plus ce n’est qu’à quelques heures de routes !!

CHAPITRE 81 (Reims) (Mardi après-midi) (Frédéric)

« Centre-ville de Reims, en face du tribunal. »

Annie est en pause en prenant un thé au petit bistrot juste en face du tribunal, elle attend son chéri qui voulait absolument la voir, sans attendre le soir qu’elle soit rentrée à la maison et son timbre de voix surexcité qui insistait sans vouloir lui en donner la raison, l’a convaincue d’accepter autant par curiosité que pour qu’il retrouve son calme.

Il est parti en catastrophe le dimanche en prenant juste un sac avec quelques vêtements de rechange, sans lui donner d’autre explication qu’un appel urgent qui réclamait sa présence sans délai et c’est seulement le surlendemain alors qu’elle a cherché vainement plusieurs fois à le contacter, qu’il lui téléphone juste pour lui donner ce rendez-vous.

Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes d’agir de la sorte, son mari étant à l’ordinaire quelqu’un qui prend toujours le temps de la réflexion avant d’agir.

Annie le voit arriver en soupirant de soulagement à constater qu’il va bien et elle lui fait un signe de main pour qu’il ne la cherche pas au milieu de la terrasse relativement bondée par ce bel après-midi ensoleillé.

Un grand sourire éclaire son visage en la voyant, il vient l’embrasser tendrement avant de s’asseoir près d’elle et lui prendre les mains dans les siennes, en les serrant de façon à bien lui montrer combien ce qu’il va lui dire a d’importance.

- Je l’ai vu !!

- Qui donc ??

- Florian !!

- Mon dieu !! Rassure-moi ?? Il ne lui est rien arrivé de grave ?? C’est pour lui qu’on t’a demandé de venir là-bas ??

- Oui !! Mais pas pour ce que tu t’imagines !! En fait il n’y était pas comme patient, c’est Maurice qui m’a fait venir au Val de Grâce justement pour que je puisse le rencontrer.

- Que faisait-il là-bas ??

- Tu te souviens des informations du week-end sur l’accident maritime qui a eu lieu au Japon ?

- Bien sûr !! Les médias en parlent encore d’ailleurs, paraitrait que le pire a été évité grâce au concours de la France !! Des personnes proches de l’empereur qui ont été prises en charge au Val de… !!! Non… !!! Ne me dis pas que… !!

Frédéric hoche la tête en guise d’acquiescement à chaque hésitation d’Annie, comprenant qu’elle vient juste de faire le rapprochement avec son absence et surtout la présence du jeune Florian, il lui serre encore plus fort les mains en souriant.

- Ce que j’ai vu cette nuit-là restera à jamais graver dans ma mémoire chérie !! Ce gamin leur a sûrement sauvé la vie, il faut que nos fils acceptent qu’il vienne à la maison !!

- Tu lui as parlé ??

- Non et je n’ai même pas aperçu son visage en entier si tu veux tout savoir !! Il avait déjà son masque chirurgical quand il est entré dans le bloc, ensuite je n’ai plus vu que ses mains !! Ce gamin est resté à opérer quasiment toute l’après-midi et une partie de la nuit sans une seule erreur de jugement, c’est comme si ses doigts étaient…enchantés, tu comprends ?

- Tout ce que j’en retiens, c’est qu’il t’a drôlement marqué !! Es-tu certain que ce soit bien lui au moins ??

- Sans aucun doute, d’ailleurs Maurice me l’a confirmé plusieurs fois !!

- Pourquoi ne te l’a-t-il pas présenté alors ??

- Parce qu’il ne voulait pas justement que Florian me voit, juste que je me fasse une opinion sur lui pour être convaincu qu’il n’est plus celui que tu as connu.

- Et ??

- Plus rien à voir je peux te l’assurer !! Celui que j’ai vu même de loin est un jeune garçon d’une intelligence hors du commun, qui parle couramment plusieurs langues. Je l’ai entendu donner ses instructions dans un Anglais que je suis loin de maitriser aussi bien et ce pendant toute la durée des opérations, il a aussi utilisé le Japonais plusieurs fois sans doute pour être plus précis quand il sentait une hésitation venant de ceux qui l’assistaient.

- Je vois que tu en es encore fortement impressionné, maintenant est ce que ça ne pouvait pas attendre ce soir pour me raconter tout ça ?

- Mais enfin chérie !! Tu ne comprends pas ?? Tu ne vois pas ce qu’implique tout ce dont j’ai été témoin ?? Tu ne vois pas que tout ceci n’a été possible qu’avec l’approbation des plus hautes sphères de notre gouvernement ?? Qu’ils en savent beaucoup plus qu’ils ne nous en disent pour avoir accepté qu’un gamin de même pas encore dix-huit ans sans formation quelle qu’elle soit, tienne dans ses mains la vie de personnalités aussi importantes internationalement parlant ?? Et que dire du gouvernement Japonais qui a autorisé le transfert alors que leurs chirurgiens n’ont pas à avoir honte de leurs réputations ?? J’ai eu en mains les rapports médicaux de ces trois personnalités, je peux t’assurer que leurs chances de survie étaient proches de zéro et Pffffttttt !! Les voilà miraculeusement sauvés !! Et encore je dis « sauvés » !! C’est plutôt « guéris » que je devrais dire !!

- Calme-toi chéri !! Je vais prévenir que je prends le reste de ma journée et nous allons rentrer tranquillement à la maison, nous pourrons continuer cette conversation quand tu auras repris un semblant de calme. Je me doute que ce que tu as vu sort de l’ordinaire, sinon tu ne serais pas aussi fébrile. Dis-toi simplement que nous finirons bien par découvrir ce qu’est devenu exactement ce garçon depuis son accident, puisque nous allons accepter de le prendre chez nous.

- Et pour nos fils ??

- Ne t’inquiète pas pour eux, je pense qu’ils comprendront très vite qu’ils n’ont pas à faire à quelqu’un de banal et puis rappelle-toi que Damien est censé avoir été son meilleur ami, pourquoi en serait-il autrement cette fois ?

- Peut-être parce que cette fois la rencontre sera moins naturelle et avec beaucoup d’appréhensions de leur part ?

- Dans ce cas rien de plus simple !! Il suffit qu’ils se rencontrent de façon plus fortuite, à nous d’organiser ça sans qu’ils s’en rendent compte.

- Comment tu vois ça ??

- Rentrons !! Nous trouverons bien une idée qui tienne la route, au besoin nous pourrions en discuter avec monsieur Désmaré car c’est aussi dans son intérêt que tout se passe bien, pas vrai ?

CHAPITRE 82 (Camping de la dune) (Mercredi en début d’après-midi)

(Photos ? Vous avez dit, photos ?)

« Sur la plage. »

Depuis le milieu de la matinée, c’est le remue-ménage sur cette petite partie de plage où la petite troupe aime passer ses après-midis, plusieurs personnes assemblent des tentes colorées qui attirent les regards et bien sûr fait régner un brouhaha de curieux de tout âge, qui se demandent bien pourquoi tout ce déballage.

Benoît dirige la manœuvre alors que José déballe les cartons dans la tente principale, le matériel photo fragile et coûteux, restant encore à mettre en place.

Il est presque quatorze heures quand enfin tout est prêt et que les deux professionnels accordent une heure de repos à leurs assistants trempés de sueur, les shoots étant prévus pour un peu plus tard dans l’après-midi quand le soleil sera idéalement bien placé.

- (Benoît) Raphaël t’a bien confirmé que c’était toujours ok pour eux ?

- (José) Manquerait plus que le contraire !! Surtout avec tout ce déballage !! Il m’a confirmé qu’ils seraient tous là pour seize heures, il nous reste un peu de temps pour les derniers réglages. Mais dis-moi ? Tu es certain d’avoir réussi à avoir toutes les tailles ?

- Normalement oui !! Je vais aller vérifier quand même au cas où !!

- Tu ferais bien parce que les deux crevettes, c’est au rayon pré-ado qu’ils doivent acheter leurs fringues et je tiens particulièrement à ce qu’ils soient tous les deux sur la pellicule, ils sont trop craquants tu ne trouves pas ?

- Bah, tiens donc !! Comme si les autres étaient à jeter !! Il nous a bien caché ses copains le Raphaël, je comprends mieux pourquoi les autres mannequins de l’agence ne lui faisaient ni chaud ni froid.

- J’avais pourtant cru comprendre qu’il ne les a connus que depuis cet été !!

- Bahhh !! Peu importe en fait, juste que je lui souhaite qu’il y en ait un ou une qui lui apporte ce qu’il recherche au fond du cœur !!

- (José) Et bien mon grand ?? Qu’est-ce que tu nous fais là ?? Je ne te savais pas aussi fleur bleue, tu ne serais pas un peu beaucoup amoureux de « Raphi » par hasard ?? Parce qu’à t’entendre on le dirait bien !!

- Qu’est-ce que tu vas chercher encore !! C’est juste que je pense qu’il le mériterait bien si ça arrivait, je vais vérifier les maillots pour voir s’il ne manque rien.

José sourit tristement en le suivant des yeux jusqu’au moment où il entre sous le barnum, Benoît a beau s’en défendre mais lui n’en est pas dupe et ce qui au tout début n’était pour son ami qu’une attirance due essentiellement au physique plus qu’avantageux du jeune Raphaël, s’est transformé au fil des mois en une véritable passion de plus en plus perceptible.

Ne serait-ce déjà l’insistance à se rendre jusqu’ici pour ne pas avoir à attendre la rentrée qu’il reprenne ses shoots photos, mais aussi ces derniers jours à broyer de plus en plus souvent du noir, depuis qu’il a appris que le jeune rouquin comptait arrêter son travail de mannequinat au profit de ses seules études.

José apprécie lui aussi Raphaël, seulement pour d’autres raisons plus mercantiles et peut-être aussi ne serait-il pas contre passer quelques soirées riches d’expériences avec lui, mais à l’encontre de Benoît son cœur à lui est déjà pris depuis le premier jour où il a rencontré celui avec qui il est maintenant associé.

José pousse à son tour un gros soupir en essuyant la larme qui vient de s’échapper de son œil, lui aussi connaît que trop bien cette maladie insidieuse qui fait battre le cœur mais qui sait aussi le faire cruellement souffrir.

***/***

« Pendant ce temps-là au camping. »

Les garçons reviennent des douches en chahutant comme à l’accoutumée, ils rejoignent Chloé et Léa qui sont en plein travail de maquillage et bien sûr les plaisanteries ne tardent pas à leur tomber dessus dès qu’ils s’en aperçoivent.

- (Yuan) On aura tout vu !! Voilà qu’elles se maquillent pour aller à la plage ! Hi ! Hi ! Décidément vous les filles, vous ne ferez jamais rien comme nous autres !!

- (Jean Baptiste) Vous auriez besoin de ça encore, je comprendrais !! Mais vous êtes toutes aussi mignonnes sans, qu’avec, alors pourquoi perdre autant de temps ?

- (Antoine) C’est peut-être pour une autre raison ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Ah oui !! Et laquelle monsieur je sais tout ??

- (Antoine) Pour les deux frangins qui vous collent aux basques depuis quelques temps par exemple !!

- (Léa) Et alors !! Si c’était le cas, je ne vois vraiment pas en quoi ça vous concerne !! Au moins ça prouve qu’il reste encore des mecs normaux.

- (Éric amusé) Chante ma poulette !! Mais dites-vous bien, que c’est juste parce qu’on vous les laisse, vous devriez nous remercier ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Manquerait plus que ça !! Vous n’êtes déjà pas assez nombreux à votre goût donc ?? Et d’ailleurs, en parlant de ça !! Ils sont où les deux rouquemouttes ??

- (Thomas) Florian raccompagne Raphaël jusque chez lui pour qu’il se change et ils nous rejoindront sur la plage.

Un petit sourire de connivence avec Antonin et Éric, suffit aux filles pour qu’il n’ait pas besoin d’en rajouter.

- (Léa) D’accord les gars, pas besoin d’un dessin, j’ai pigé !!

- (Chloé) J’en connais un qui tient quand même une sacrée santé !! Je serais curieuse de savoir à combien vous devez vous y mettre pour qu’il n’en puisse plus et qu’il lève les pouces ??

***/***

« Chambre de Raphaël. »

Raphaël sourit devant le regard brillant d’excitation de son copain, qui ne le lâche pas des yeux un seul instant depuis qu’ils sont entrés dans sa chambre.

Dire qu’il n’éprouve pas la même envie serait une gageure, lui-même tenant une érection phénoménale qu’il protège au mieux de la vue de Florian en lui tournant le dos et le silence lourd de l’attente, avec l’envie qu’ils ont de s’étreindre n’est ponctuée que par la respiration rauque de plus en plus rapide de ce dernier.

Raphaël connaît l’effet qu’il fait sur son ami, surtout quand il est comme en ce moment presque nu et juste vêtu d’un petit slip blanc lui moulant ses petites fesses musclées bien rondes.

Il en joue en les rapprochant insidieusement du visage de Florian qui vu sa position assise sur le bord du lit, se retrouve pile-poil à la bonne hauteur et un long frémissement prend tout le corps de Raphaël, quand d’abord le souffle puis ensuite la bouche chaude de son copain vient se poser tout en douceur sur la cambrure de ses reins.

- Ahhrrrr !!!

CHAPITRE 83 (Camping de la dune) (Mercredi après-midi) (Sexe amitié et passion)

« Sur la plage. »

José retrouve son sourire quand il voit arriver vers eux une bonne partie du groupe de jeunes qu’ils attendaient, il remarque cette fois encore que leurs venues ne laissent personne indifférent et que beaucoup se retournent sur eux à leur passage.

Son visage marque l’étonnement quand son regard se pose plus précisément sur le grand blond aux cheveux bouclés qu’il n’avait qu’entr’aperçu la première fois, caché comme il l’était derrière ses amis.

Partout sur ce garçon où ses yeux se posent, il ne voit que perfection des lignes tout comme il remarque subjuguer la force tranquille des muscles saillants roulants sous la peau bronzée, la douceur virile du visage ainsi que la beauté sans conteste du regard qui une fois qu’il s’accroche au sien lui accélère le cœur d’émotion.

Benoît qui depuis le barnum suivait plus ou moins des yeux son ami, s’aperçoit de son changement d’expression et c’est avec une certaine curiosité qu’il vient le rejoindre en lui donnant une petite tape amicale sur l’épaule qui semble lui remettre les pieds sur terre.

- Tu rêvais ou quoi ??

- Hein !! Quoi !!!

Benoît tout d’abord amusé du trouble évident de José, porte son regard dans la même direction que celui de son copain et éprouve à son tour un bref moment de bug avant de se reprendre, reportant ensuite son attention sur José avec cette fois une toute autre expression dans les yeux.

- Décidément nous n’avons pas fini d’aller de surprises en surprises, ce garçon est tout simplement magnifique !! Nous allons faire les clichés de notre vie avec un oiseau rare pareil !! Les autres en paraîtraient presque banals à regarder alors que pourtant c’est bien loin d’être le cas, mais je ne vois ni « Raphi » ni le petit rouquin ? J’espère qu’ils ne vont pas nous faire faux bond !!

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« Chambre de Raphaël. »

Raphaël les yeux encore embrumés par la passion qui durant plus d’une heure n’a eu de cesse de lui donner un plaisir montant loin dans des strates d’une jouissance encore méconnue, il observe depuis plusieurs minutes le visage souriant tout comme le corps alangui lové contre le sien de ce garçon qui en quelques jours a réussi l’exploit de lui bouleverser toute sa vie.

Le simple contact de sa peau toute douce et chaude contre la sienne lui ravive l’envie de partager une nouvelle fois ces moments si intenses qu’il vient de connaître, où l’affectif est au moins aussi présent en importance que le jouissif, faisant de sorte qu’il ressente de plus en plus cet énorme sentiment d’attachement qui lui fait poser doucement ses lèvres contre celles assoupies de Florian et lui donner un baiser tout en douceur, alors que sa main dégagée du poids de son corps lui caresse affectueusement la joue.

Il n’en fallait pas plus pour réveiller le petit rouquin qui répond au baiser par des petits bisous devenant de plus en plus passionnés, jusqu’à ce qu’enfin les lèvres se collent nerveusement les unes aux autres et que leurs langues se mêlent dans un ballet qui très vite les laisse sans le souffle, à s’écarter suffisamment pour qu’un sourire gourmand les fasse reprendre ensuite leur baiser avec encore plus d’envie dévorante.

C’est l’élément déclencheur d’un nouveau déchaînement des sens, les corps se frottant à l’envi l’un à l’autre jusqu’au moment où n’y tenant plus, Raphaël vient se positionner au-dessus du bassin de Florian et d’un geste nerveux dénotant d’une envie irrésistible, lui guide le sexe jusqu’à l’entrée de son intimité en se laissant aller à s’asseoir d’un mouvement sec qui lui déclenche des tremblements nerveux dans les cuisses sous le choc de la pénétration.

***/***

- Arrhhh !! Putain c’est trop bon !!

- Arrête !! Arrête !! Sinon tu vas me faire jouir trop vite !!

***/***

Raphaël calme alors ses mouvements nerveux, le temps que Florian lui fasse signe que c’est bon et lui prenne en main son sexe pour le caresser en le branlant doucement pendant qu’il se déchaîne à nouveau sur ce mât de chair long et épais qui lui fait un bien fou au point qu’une fois encore l’orgasme le surprend en lui vrillant les reins.

Florian sort doucement pour ne pas que le plaisir que vient de prendre Raphaël ne se transforme en douleur, il se dégage ensuite de dessous son corps pour se mettre debout sur le lit le sexe devant la bouche de son ami qui comprend ses intentions et l’ouvre avec gourmandise en souriant, recevant quelques coups de poignet plus tard le jus au goût sucré qui gicle sur sa langue.

Cette fois il semblerait qu’ils soient enfin repus, du moins pour l’instant et c’est donc sans se faire prier plus que ça qu’ils se lèvent pour aller direct dans la salle de bain prendre une douche, passant en courant mais surtout en riant sous le nez de Jean qui en reste stupéfié et comme statufié de les croiser tous les deux nus dans le couloir.

CHAPITRE 84 (Camping de la dune) (Mercredi après-midi) (Un défilé de mode…amusant)

« Dix-sept heures sur la plage. »

Quelqu’un qui arriverait à l’improviste devant cette portion de plage, s’imaginerait très certainement qu’un spectacle s’y prépare à la vue de l’attroupement de curieux de plus en plus nombreux qui font cercle autour des tentes bariolées et de l’activité qui y règne à l’intérieur comme à l’extérieur.

Benoît pour sa part est en pleine conversation avec les deux responsables de la branche publicité de la marque, qui ont cru bon venir assister, en personne à cette séance photo en plein air.

- (Benoît) J’ai trouvé que ce serait plus intéressant dans un décor naturel.

- (L’homme) S’il n’y a aucun surcoût, je ne suis pas contre !

- (Benoît) Je vous promets que nous resterons dans le budget, tout comme l’exclusivité de Raphaël qui n’a accepté que pour faire plaisir à ses amis.

- (La femme) Il a réellement accepté alors ?? Figurez-vous que nous étions sceptiques et que c’est pour cette raison principalement que nous avons tenu à être présents, d’ailleurs où est-il ?

- (Benoît) Il ne devrait plus tarder, ses amis sont déjà pour la plupart tous là à l’attendre.

- (L’homme) J’ai signé votre demande de fournitures pour cette campagne publicitaire, pourriez-vous m’expliquer pourquoi toutes ces tailles différentes et aussi pourquoi avoir commandé nos dernières collections féminines ?

Benoît sourit, il n’attendait que ce moment pour sortir un nouveau contrat qu’il dépose sur la caisse lui servant de bureau.

- (L’homme) Nous en avons déjà signé un ensemble il me semble ?

- (Benoît) Il ne concerne que les clichés de Raphaël !! Celui-ci concerne ses amis juste au cas où vous voudriez nous les acheter, ça ne vous engage absolument à rien rassurez-vous.

L’homme regarde sa collègue visiblement intriguée par la démarche somme toute inhabituelle, celle-ci prend le nouveau contrat en mains et se donne le temps de le lire avant d’exprimer son avis.

- Vous avez sans doute commis une erreur sur la somme inscrite en bas du contrat ? C’est quatre fois le budget initial et je présume qu’il est censé s’additionner à celui-ci ?

- (Benoît) Bien sûr, ça va de soi !!

- (L’homme) Et si ce contrat ne nous intéresse pas ?

- (Benoît) Dans ce cas les photos resteront en notre possession, juste pour notre collection personnelle.

- (La femme) Et si nous changions d’avis après coup ?

- (Benoît) Ça vous en coûterait le double, je vous laisse cinq minutes pour réfléchir avant que nous commencions le shoot de Raphaël. Le temps pour moi de vérifier si tout est prêt et je reviens !!

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« Sous le barnum servant de cabines d’habillages. »

Les coiffeurs et maquilleuses prévus pour mettre en valeur les visages des mannequins, restent plantés devant leurs fauteuils vides car tous ont refusé d’en passer par là arguant du fait qu’ils n’en avaient pas besoin.

José qui les voit sortir des cabines au fur et à mesure qu’ils ont enfilé leurs maillots de bains, se retrouve suffisamment troublé pour n’avoir rien à en redire sur cette décision unanime à l’encontre des artifices et il doit bien reconnaître que c’est la raison qui parle, aussi c’est d’un geste bref de la main qu’il fait sortir ses assistants pour débriefer tranquillement l’équipe sur ce qu’il attend d’eux.

C’est précisément à cet instant qu’entre Benoît, le sourire radieux qu’il montre alors dit plus que des paroles le bien qu’il pense à la vision de ses jeunes corps, qui mettent en valeurs de façon exceptionnel la toute dernière collection de la marque avec laquelle il est sous contrat.

- (José) Alors ils ont signé ?

- (Benoît) Nous le saurons très vite, je suis presque à espérer qu’ils ne le fassent pas !! Ce serait assurément le jackpot pour nous !! Waouh !! Magnifique !! Je pense que nous allons faire les plus belles photos de notre carrière !!

Des pas les font se retourner en direction de l’entrée du barnum, apparaissent alors Raphaël et Florian, qui aussitôt entrés reçoivent les réflexions amicales de leurs amis, entre autres sur la durée de leur absence ainsi que des allusions à peine voilés sur la raison qui a pu les retenir aussi longtemps.

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« Sous l’autre tente. »

- (L’homme) Bizarre tu ne trouves pas ?

La femme repose le contrat sur la caisse.

- Nous travaillons avec eux depuis longtemps, c’est la première fois qu’ils agissent ainsi et il doit bien y avoir une raison, à nous de prendre le risque ou pas !! Pour ma part je serais bien tentée de le prendre !!

- Et moi de m’en tenir au contrat !! Si nous acceptons une fois, qui te dit que ce ne sera pas à chaque fois la même surenchère ensuite ?

- Allons Bastien !! Où est passé le côté risque tout qui a toujours été ton point fort dans ce métier ? J’ai bien observée les yeux de Benoît, la lueur professionnelle que j’y ai vue ne fait aucun doute et puis il a lui aussi pris un gros risque financier reconnaît le au moins !! Si nous repartons avec juste le contrat de base, il sera obligé de mettre au rayon pertes toutes les tenues supplémentaires qu’il nous a commandé car je ne pense vraiment pas qu’il s’attende à ce que nous lui en fassions cadeaux !!

- Si au moins nous savions à quoi ressemblent les amis de Raphaël ?? Ou encore une idée du genre de clichés qu’ils comptent nous vendre ??

Benoît refait son apparition en entendant les derniers doutes exprimés à haute voix par Bastien.

- Après celles avec Raphaël qui seront prises de façon traditionnelle comme indiquées dans les termes du contrat de base, l’idée sera de prendre le reste de la séance sur le vif en mode rafale pour ne pas stresser ses amis qui n’en ont pas l’habitude. Je ne vous mets absolument pas le couteau sous la gorge vous savez !! C’est juste que je vous propose l’opportunité d’une campagne de pub différente et qui j’en suis absolument certain, aura toute l’attention du public envers qui elle est destinée.

CHAPITRE 85 (Palais de l’unique) (Le Kinnn se réveille)

« Bien loin de là, à l’intérieur d’un système stellaire situé à l’épicentre de l’univers connu. »

L’être filiforme à la peau d’un bleu laiteux, pénètre visiblement troubler par ses pensées dans l’immense salle qui sert d’antichambre au bureau où siège l’empereur de l’alliance galactique qu’il la traverse d’une démarche aérienne, ses pieds ne semblant pas toucher le sol tant il y a de grâce dans son allure générale.

La garde impériale s’incline à son passage, reconnaissant par cette marque de respect l’importance que semble avoir cette personne au sein de l’empire.

Le dernier garde lui ouvre la porte pour le laisser pénétrer dans le bureau qui dépare du reste du palais par le manque manifeste d’apparat, prouvant par ce fait combien celui qui l’occupe se moque des artifices.

Son regard s’assombrit comme à chaque fois qu’il se retrouve en présence de celui qui après avoir fait en sorte d’écarter tout prétendant, s’est de lui-même proclamé empereur en lieu et place de Thomasss premier l’amant de « l’unique » qui s’est vu répudier presque mille ans plus tôt sous un coup de colère par celui-là même qui l’avait placé sur le trône.

Ce n’est que quelques décennies plus tard que le seul vrai dieu s’est vu lui-même condamné à l’exil, par une race si ancienne que personne n’en connaît plus l’existence et qui s’est sacrifié toute entière pour trouver la puissance nécessaire à le projeter là où il ne pourrait plus faire souffrir son peuple à cause de ses excès de chagrins comme de ses coups de folies de plus en plus destructrices.

Il se reprend très vite pour ne pas trahir ses sentiments de haine envers l’être qui lève maintenant un regard curieux et visiblement surpris de sa présence, retenant manifestement ses paroles acerbes qui sont à l’évidence sa façon d’être face aux représentants des races autres que la sienne et qui pour lui resteront toujours inférieures.

- J’espère que la raison qui vous amène est suffisamment importante pour ne pas vous être fait annoncer ?

- Assurément majesté !!

- Je vous écoute ?

- Le « Kinnn » est sorti de stase, il se prépare à faire un bond en hyperespace !!

L’empereur visiblement contrarié hausse le ton.

- De quoi !! Après un millénaire en sommeil !! Comment se fait-il ??

- Nous avons vérifié comme il se doit pour en avoir la certitude votre majesté, tous les signes indiquent que c’est bien le cas et pourtant nous n’avons rien détectés, aucuns signaux ne sont parvenus jusqu’à lui je peux vous l’assurer !!

- Il ne doit pas quitter le système planétaire qui lui a servi de base depuis tout ce temps !! Donnez l’ordre à nos vaisseaux de l’abattre s’il tente d’en sortir !!

- Abattre le « Kinnn » majesté ? Mais c’est impossible !! Son champ de force est impénétrable et à lui seul il pourrait détruire toute la flotte impériale si l’humeur lui en venait, sa puissance de destruction n’a d’égale que celle de création de « l’unique » son seul maître.

- Alors trouvez un autre moyen !! Votre seule raison d’exister rappelez-vous, étant justement qu’une telle chose ne puisse se produire, votre race décadente n’aurait plus sa place dans l’empire s’il venait à s’enfuir !! Seul le fait que vous en êtes le gardien, vous a protégé jusqu’à présent de votre arrogante soi-disant supériorité intellectuelle !! Tenez-le-vous pour dit !!

- Nous ferons comme son altesse nous le demande !! Si votre majesté le permet, je retourne de ce pas sur Kallania pour que vos ordres soient entendus par nos sages et tout mettre en œuvre pour que le « Kinnn » se remette en stase.

- Rappelez-vous ambassadeur qu’il en va de votre existence ainsi que de celle de tout votre peuple, vous pouvez disposer !!

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« Planète Volnaria siège provisoire de la résistance, salle de débarquement de l’astroport planétaire. »

La navette venant du vaisseau interstellaire en orbite autour de la planète, déverse son contingent de passagers essentiellement Volnariens qui ont tous le sourire satisfait de ceux qui retrouvent leurs chez eux après une longue absence.

Les Volnariens sont de type humanoïde homo-sapiens comme dans beaucoup de systèmes de cette partie de la galaxie encore jeune, les deux hommes qui quittent en dernier la navette ne se démarquent donc pas réellement du reste des voyageurs ne serait-ce les tatouages tribaux qu’ils camouflent au mieux sous un long manteau muni d’une cagoule large leur cachant une grande partie du corps et du visage.

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Derrière la large baie vitrée donnant sur le quai de déchargement où un tout jeune homme encore dans la pré adolescence du moins en apparence, les aperçoit et sourit en se retournant vers une jeune fille de quelques années à peine plus âgée.

- Les voilà !! Préviens nos hommes au cas où ils auraient été suivis !! Je me demande bien pourquoi cette visite imprévue, ce n’est pas habituel venant de leur part !!

- Beaucoup de choses inhabituelles se passent depuis quelques temps !! Nous ferions bien de renforcer la sécurité, trop d’Élus se retrouvent en même temps au même endroit et je n’aime pas ça !!

- Flaviennn me l’a encore fait remarquer pas plus tard que ce matin !!

- (Mélanieee) Ecoute ton frère !! Il a toujours été de bon conseil !!

CHAPITRE 86 (Palais de l’unique) (Le Kinnn se réveille) (fin)

« Le Kinnn »

Le « Kinnn » astronef vivant conçu génétiquement par « l’unique » au commencement de la création de l’univers connu, à partir du génome d’un félin issu de la même planète que la plupart des Élus, n’est pas un vaisseau ordinaire déjà rien que par sa nature cent pour cent biologique mais aussi par sa force et sa puissance destructrice encore inégalées à ce jour.

C’est un vaisseau racé d’un noir qui se confond facilement avec celui de l’espace qui l’entoure, seul l’avant déroge avec ces deux « yeux » du même vert émeraude que le regard de son créateur quand ils ne sont pas occultés comme pendant les longues périodes de sommeil ou d’inactivité appelées plus souvent « état de stase ».

Ce que tous à part les Élus et quelques rares initiés ignorent, c’est qu’il est habité en permanence par trois êtres surprenants comme ils n’en existent plus depuis la nuit des temps.

Seuls survivants des premiers essais de créations de « l’unique » sur un monde maintenant disparu, ils sont les derniers représentants de leurs races et même si leurs physiques sont de ceux qui amusent les enfants, il ne faut surtout pas s’y fier car derrière cette apparence pour le moins comique se cache de véritables guerriers d’une efficacité redoutable.

D’une intelligence rare, dévoués corps et âmes à leur seul maitre, attendant depuis presque mille ans l’appel qu’eux seuls sauront reconnaître.

Les deux premiers se ressemblent tellement qu’il est difficile pour un profane de les différencier, seul le bout de l’oreille gauche d’un des deux jumeaux à la pilosité plus sombre marque la différence de ses deux humanoïdes de petites tailles*.

Le troisième est en plumage ce que ses compagnons sont à poils, gris clair avec une crête de plumes sur le haut du crâne et son apparence humanoïde est en fort contraste avec son corps ainsi que sa tête d’oiseau*.

Ces trois personnages pleins de pittoresques en apparence, se trouvent actuellement dans ce qui se rapproche le plus de la salle de navigation d’un vaisseau traditionnel.

- (Ticcc) L’appel était très faible, à peine discernable en fait et le risque d’erreur est à prendre en compte !!

- (Taccc) Entièrement d’accord !! Nous connaissons les conséquences sur nos alliés d’une trop grande précipitation de notre part !!

- (Cocooo) Arrhhh !! « Kinnn » simule la stase depuis notre éveil, il a bien compris lui aussi le risque !! Actuellement il recharge son organisme pour le départ !! Il lui faudra juste un peu plus de temps Arrhhh !! Il est impatient de retrouver son maître !!

- (Ticcc) Comme nous le sommes nous aussi j’imagine !!

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« Bureau du prince légitime, planète Volnaria siège provisoire actuel du gouvernement de la rébellion. »

C’est avec les traits du visage visiblement soucieux, que le prince Mathisss accueille ses visiteurs.

- Okoumééé !! Tahaaa !! J’avoue que j’aurais préféré vous recevoir en d’autres circonstances, je présume que votre visite a un but bien précis et qu’il était trop dangereux d’utiliser un quelconque moyen de communication, pour que vous ayez fait ce long voyage.

- (Okoumééé) C’est exact, l’information est trop confidentielle pour que l’empereur ne sache pas immédiatement d’où émane la source en cas de fuite et les répercussions en seraient terribles pour les Kallaniens, vous connaissez aussi bien que moi les méthodes autant radicales qu’expéditives qu’emploierait contre eux l’usurpateur.

- (Mathisss) Comme si les Kallaniens avaient besoins de ça !! Déjà qu’avec les nouvelles lois limitant le clonage, ils ne peuvent plus se régénérer et changer de corps comme par le passé, certains parmi nos spécialistes de la question ne leur donnent de toute façon plus guère de temps avant que leur race ancestrale ne s’éteigne à petit feu. L’information ne peut donc que concerner le « Kinnn » puisqu’ils en ont la garde depuis que mon frère l’empereur légitime, est parti en disgrâce et que « l’unique » cherche à retrouver la voie et les valeurs qu’il avait perdues.

- (Tahaaa) L’ambassadeur Kallanien en personne nous a confié l’information avant de se rendre auprès de l’empereur, le « Kinnn » aurait réagi brièvement il y a quelques jours et nous nous sommes demandés si cela ne pourrait avoir un rapport avec la mission de Damiennn dans les confins ?

- (Mathisss) Si c’est bien le cas, c’est que nous aurions vu juste et que les temps sont venus, nous allons devoir redoubler de prudences.

- (Okoumééé) Yuannn est déjà en route pour Kallania, lui seul en l’absence de Damiennn a suffisamment de crédit pour convaincre les passagers du « Kinnn » à ne pas se précipiter tant que nous n’aurons pas l’assurance d’un retour imminent de « l’unique ».

- (Tahaaa) L’ambassadeur a précisé que le « Kinnn » montre toutes les velléités d’un prochain saut en se nourrissant de toutes les particules cosmiques qui l’entourent.

- (Mathisss) En a-t-il averti l’empereur ?

- (Okoumééé) Ils le craignent trop pour garder pour eux un tel secret, il semblerait donc logique qu’à l’heure actuelle l’empereur soit au courant et qu’il ait commencé à prendre des mesures, beaucoup de Kallaniens quittent leur monde actuellement en sachant bien qu’ils seront les premiers à en subir les conséquences, comme s’ils pouvaient être tenus responsables du départ du « Kinnn ».

- (Mathisss) Il faut prévenir Yuannn !! Il doit réussir sa mission et les convaincre de ne pas faire le saut, trop de vies sont en jeux et nous ne sommes pas prêts, la mission de Damiennn est pour l’instant la seule qui importe pour en savoir davantage.

- (Okoumééé) Combien de temps lui faudra-t-il ?

- (Mathisss) Il lui faudra plusieurs mois avec son vaisseau pour rejoindre les confins, ensuite le temps de trouver ce que nous recherchons et d’envoyer son rapport s’il n’y a rien, ou encore si le moment n’est pas encore propice au retour de l’unique avec l’empereur légitime, Thomasss premier mon frère. En espérant que les deux se trouvent bien au même endroit.

- (Tahaaa surpris) Pourquoi n’en enverrait-il pas un si c’est le bon moment ??

- (Mathisss) Parce que tout simplement il n’en aura pas le temps !!

Il claque alors ses doigts d’un geste sec.

- Ils seront de retour avant même de penser à l’envoyer ! Hi ! Hi !

*(Pour se donner une image de leurs représentations physiques, le lecteur doit se rappeler l’apparence du chat botté des contes anciens de la planète terre)

*(Il est laissé au lecteur le choix de se créer l’image qui lui convient, celle qui s’en rapproche le plus étant également issu de la planète terre sous le nom de perroquet)

CHAPITRE 87 (Camping de la dune) (Mercredi après-midi) (Un défilé de mode…amusant) (fin)

« Sur la plage »

Pendant que Benoit et Bastien discutent de la signature du second contrat, Irène sa collègue se dirige tranquillement vers le rideau de toile qui sert de porte au barnum et sans en avoir l’air, passe sa tête à l’extérieur pour essayer d’y voir plus clair.

Des rires lui font tourner les yeux dans leurs directions, son visage se fige de surprise quand elle comprend que ce sont justement les fameux amis de Raphaël et c’est en reprenant ses esprits qu’elle rentre rejoindre Benoit pour lui prendre le contrat des mains, qu’elle paraphe ensuite pour en tendre un exemplaire à Bastien.

- (Benoit) Mais !!! Qu’est-ce qui t’a pris d’un coup ?? Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas raisonnable !!

- (Irène) Comme tu as pu le voir, il n’y a que ma signature sur le contrat !! Rien ne t’oblige à y mettre la tienne, comme ça il ne t’en sera pas tenu rigueur !!

Benoit hésite un moment avant de soupirer et de reprendre les deux exemplaires pour les signer à son tour.

- Qu’est-ce que tu ne me feras pas faire !!

- (Bastien) Allez !! Suivez-moi, je vous assure que vous me remercierez avant ce soir !!

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Quand ils sortent de dessous la tente, les choses se sont beaucoup calmées et Raphaël monte sur le podium pour les premiers essais, d’autres suivront pendant presque une heure sous le silence appréciateur de la petite foule de curieux qui assistent à la séance photo.

Seuls les brèves remarques de José pour lui indiquer une pose particulière ou qu’il est temps de changer de maillot, viennent perturber ce silence que seul le grondement de l’océan affiche en toile de fond.

A un moment José n’en croit pas ses yeux du sourire chaleureux tout comme des yeux brillants d’une joie sincère que Raphaël envoie dans une pose complètement relâchée et détendue qu’il immortalise, le doigt crispé sur l’appareil photo.

L’instant passé, il se retourne pour apercevoir celui qui a eu droit à une telle preuve d’affection et sourit à son tour en faisant un clin d’œil au grand brun qui le lui rend en retour même s’il n’a pas compris que grâce à lui, José a enfin eu l’occasion de voir son rêve se réaliser.

- C’est bon, tout est dans la boite !! Cinq minutes de pause et nous reprenons le travail avec tout le monde cette fois ci !! Merci « Raphi » !! Tu es bien le meilleur !!

José rejoint Bastien qui a assisté comme lui à cet instant magique.

- Je te l’avais bien dit, rappelle-toi ?? Ces photos vont faire un malheur !!

- Raphaël amoureux !! Si je ne m’étais jamais imaginé voir ça un jour !! Wouff !!!

- (Irène) J’ai hâte de voir ce que ça donne sur la pellicule.

Benoit fait la grimace.

- Comme quoi ce n’était vraiment pas nécessaire de signer ce second contrat !! Ce que j’ai vu là est largement suffisant pour notre campagne publicitaire !!

- (Irène) Pourrais-je vous parlez messieurs d’une idée qui vient de me traverser l’esprit ?

- (Benoit) Houlà !! Je crains le pire !!

La jeune femme hoche les épaules et prend les deux photographes à part pour discuter quelques minutes avec eux, ceux-ci tout d’abord visiblement surpris de sa demande, finissent par sourire en reconnaissant que l’idée ne peut être que bonne.

José remplace alors les appareils photos sauf un qu’il garde pour lui par une caméra qu’il camoufle au mieux en gardant le podium en ligne de mire, pendant que Bastien entre dans la tente où toute la bande attend fébrilement que ce soit leurs tours.

- Désolé les gars !! Mais ils ne veulent rien savoir !! La prestation de Raphaël leur suffit et ils ne voient pas l’utilité de dépenser plus !!

- (Antonin) Ouf !! Je dois bien reconnaitre que je me sens mieux tout d’un coup ! Hi ! Hi !

- (Benoit) Profitez du podium pour vous amuser si vous voulez, je suis sûr que vous allez vous faire des fans dans le coin et pour les maillots c’est cadeau, en plus José aimerait quand même immortaliser cet instant où vous serez tous ensemble.

Je vois le petit clin d’œil que Benoit fait à Raphaël, je comprends d’un coup ce qu’il se trame et c’est en poussant mon cri de ralliement que je sors de sous la tente pour aller directement sur le podium commencer à prendre des poses qui éclatent de rire les curieux.

Voyant ça, les autres se précipitent à leurs tours pour participer à la déconnade et c’est bientôt une vraie émeute de toutes ces personnes mortes de rire qui en attirent d’autres pour assister au spectacle que nous leur donnons en nous amusant comme des fous.

José l’œil vissé à l’objectif de son appareil photo n’en croit pas ses yeux de tous ces jeunes qui prennent sans le savoir des poses si subjectives, qu’ils lui en donnent des frissons sur tout le corps et autant leurs visages souriant d’une beauté peu commune que leurs corps sculptés tels des adonis, ravissent son esprit artistique d’avoir la chance d’être là à pouvoir immortaliser ces instants hors du commun.

Benoit pour sa part surveille discrètement le bon fonctionnement de la caméra et ne lâche pas des yeux le spectacle, chaque membre de ce groupe d’amis étant à lui seul déjà une exception tant par le physique que par l’émotion qu’ils lui font ressentir et de les voir tous ensemble complètement libéré à prendre toutes ces poses sans le moindre stress mais aussi avec un naturel peu courant, lui amène tout un panel de sentiments qui lui dresse les poils sur tout le corps.

Irène en est au même point quand elle retrouve enfin un peu de ses esprits, s’approchant de son collègue et ami, pour lui prendre un bras, encore toute émue du spectacle qui s’offre à ses yeux, autant par sa drôlerie que par la beauté sans conteste des intervenants.

- Tu vois que j’avais raison !! Nous allons faire un tabac avec cette vidéo crois-moi !! Regarde bien les gens autour de nous, ils sont tous comme hypnotisés par la plastique de tous ces jeunes !!

- C’est comme s’ils ne se rendaient pas compte qu’ils sont filmés ?? Je dois bien avouer que c’est plutôt impressionnant le naturel avec lequel ils prennent toutes ces poses !!

- Très certainement parce que nous leur avons fait croire qu’ils ne l’étaient pas !!

Bastien se tourne vers elle, visiblement troublé.

- C’était ça ton idée ?

- Exactement et je ne pense pas que le résultat aurait été meilleur autrement, nous allons assurément doubler les ventes avec une telle publicité !! Elle mérite bien le prix que nous avons accepté d’y mettre !! Ce spot passera en boucle pendant longtemps sur les chaines de télévision du monde entier, sois en certain !!

CHAPITRE 88 (Camping de la dune) (Mercredi fin d’après-midi) (La parade)

C’est passablement fatigué de notre après-midi passée jusqu’assez tard sur la plage, que nous rentrons au camping en entamant les presque deux kilomètres qui nous en séparent.

La grande avenue bordée d’arbres est suffisamment pittoresque pour que le temps ne nous semble pas trop long, surtout que nous ne manquons pas de sujets de discussions et qu’il arrive même fréquemment que nous nous arrêtions devant une boutique ou une autre, rien que pour en admirer la devanture.

C’est presque à mi-chemin qu’une musique bien connue sortant de notre enfance, nous fait nous retourner comme beaucoup d’autres autour de nous pour regarder arriver vers nous la parade, annonçant le spectacle de la soirée qui aura lieu aux environs de la grande ville la plus proche.

La voiture de tête toute en couleurs avec ses haut-parleurs lâchant les décibels, roule au pas suivi par un cortège costumé de clowns, jongleurs et autres artistes, qui montrent une petite partie de leurs talents pour donner l’envie aux plus jeunes comme aux plus âgés de venir assister au spectacle.

Suivent derrière eux quelques animaux tenus par leurs dresseurs, en premier quatre magnifiques alezans que je reconnais tout de suite, avec perché sur l’un deux un jeune homme dont je me retiens in-extremis d’appeler par son prénom et que je regarde passer avec une émotion difficile à garder pour moi seul.

Suivent ensuite deux éléphants qui tirent chacun une grande cage où sont enfermés des fauves rugissants, qui impressionnent et font briller les yeux des plus jeunes, le cortège se termine enfin par quelques poneys qu’un tout jeune garçon tient par la bride en souriant à tout le monde, visiblement pas peu fier de faire partie de la troupe.

Tout se déroule pour le mieux jusqu’au moment où les premiers animaux arrivent à ma hauteur, les chevaux sont les premiers à marquer quelques signes de nervosité et hennissent en se cabrant, malgré les efforts visibles de leur dresseur à les maintenir dans le rang.

Les deux éléphants pour leur part, s’arrêtent brusquement en se dressant sur leurs pattes arrière avec un barrissement tonitruant qui déchaîne les fauves maintenant debout à tourner en rond dans leurs cages en montrant les crocs.

Le cornac semble visiblement dépassé et ne contrôle bientôt plus l’éléphant mâle qui dévie sa marche en arrivant droit sur moi dans un barrissement d’une puissance à en crever les tympans, les spectateurs commençant à reculer dans un début d’affolement en comprenant qu’il se passe quelque chose d’inhabituel.

- Calme Malou !! Calme !! Ecartez-vous jeune homme !! Je ne sais pas ce qu’il lui prend, je n’arrive plus à le contrôler !!

- Vous voulez que je vous aide monsieur ??

- Ne dis donc pas de conneries !! Bouge de là vite avant qu’il ne te fasse du mal !! Calme, Malou !! Calme !!

Thomas s’approche de moi, excité par les événements.

- Fais quelque chose avant qu’il n’y ait un accident !! Les gens commencent à prendre peur, ça énerve les animaux !!

Quand je pense que Maurice me demande de rester discret ! Hi ! Hi ! Bon d’accord !!

Un son sort alors de ma gorge qui d’un coup ramène le calme du côté de la ménagerie mais aussi l’incrédulité du côté des personnes qui assistent à la scène, je prends ensuite Malou par la trompe pour le ramener au milieu de l’avenue et je m’amuse malgré tout de la tête que font tous les gens du cirque, plus conscient que les spectateurs de ce que ma façon de faire à d’impossible mais néanmoins ils ne peuvent qu’être témoins du fait que le mastodonte semble me suivre comme un petit toutou au bout d’une laisse.

Une fois remis à sa place dans le cortège, je lui flatte gentiment la trompe avant de lui mettre une petite claque d’encouragement sur la patte.

- Allez mon gros !! Je viendrais te voir bientôt !!

Un homme s’approche à toute vitesse depuis la voiture de tête, il fait signe en passant devant chacun des artistes de reprendre la marche et s’arrête enfin devant moi en me dévisageant d’abord avec curiosité, puis en se tournant vers les cages où les fauves nous fixent en ronronnant doucement.

Il s’adresse ensuite aux cornacs.

- En route !! Nous reparlerons de tout ça une fois arrivé à notre emplacement !! Il n’est rien arrivé de fâcheux c’est déjà ça !! Quant à vous jeune homme, excus…. Non !!! Mais… !!! Qu’est-ce que… !! Recule-toi des cages….

Pendant qu’il parlait avec l’homme juché sur Malou, je m’étais doucement approché d’une des deux cages et quand j’entends sa voix m’interpeller avec un ton démontrant la peur qu’il ressent soudainement à me voir aussi proche des deux tigres, je ne peux résister à l’envie de passer mes mains dans la cage pour leur caresser la gorge en collant mon visage entre deux barreaux et y recevoir avec plaisir leurs coups de langues râpeuses, jusqu’à ce que je me sente tirer brusquement en arrière.

- Espèce d’inconscient !!! Qu’est ce qui t’a pris de faire une bêtise pareille ?? Tu aurais pu y laisser tes mains !!

Je regarde les cages s’éloigner de moi au rythme lent de la démarche des éléphants, qui comme le reste de la troupe a repris la parade sous les sons tonitruants de la musique de tête.

L’homme me prend le bras en le secouant nerveusement.

- Tu m’entends quand je te parle ??

- Je ne risquais rien, je vous assure monsieur !!

- On aura tout entendu !!! Tu crois quoi ?? Que ce ne sont que des gros chats ??

- Je sais très bien ce qu’ils sont monsieur, comme je sais très bien qu’ils ne m’auraient rien fait de mal et ce même si j’étais entré dans la cage !!

L’homme se tourne vers Thomas qui s’était rapproché de nous.

- Ton copain n’aurait pas une case en moins par hasard ??

- (Thomas) Une ?? Vous êtes gentils ! Hi ! Hi !

- C’est bien ce que je craignais alors, qu’il se le tienne pour dit !! Je ne veux plus le voir à moins d’un bon kilomètre de mon cirque, c’est bien compris ??

Il n’attend de toute évidence aucune réponse à sa dernière question, puisque à peine terminé de la prononcer, il est déjà reparti tel une furie rejoindre sa place à l’avant de la parade.

Thomas me regarde en souriant.

- J’en connais un qui va avaler son chapeau de travers, tu avais l’intention d’y aller quand ?

- Demain ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 89 (Camping de la dune) (Mercredi soir) (Prise de conscience)

Une fois le repas du soir terminé et comme à notre habitude, chacun fait suivant ses envies du moment.

Je vois donc avec un certain amusement les filles filer sans demander leur reste mais surtout sans nous dire où elles vont, ni si quelqu’un veut les accompagner.

Antonin s’approche de moi en les regardant s’éloigner.

- Elles ont vraiment peur qu’on leur pique leurs mecs ! Hi ! Hi !

- Que veux-tu, chien échaudé craint l’eau froide et ce n’est certainement pas moi qui vais les en blâmer !!

- Tu crois qu’elles sont amoureuses ?

- Je n’irais pas jusqu’à dire ça, non !! Je pense plutôt qu’elles avaient envie d’une amourette de vacances, de toute façon cela ne nous regarde pas et elles sont assez grandes pour savoir ce qu’elles font.

- Ahhh !!!

Je me retourne vers lui intrigué.

- Pourquoi, ça t’intéresse tant que ça ??

- En fait, je me demandais si c’était pareil pour les garçons !!

- Il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas, tu penses à quelqu’un en particulier je parie et comme il n’y en a qu’un parmi nous qui soit ce qu’on pourrait appeler célibataire, je me doute que c’est à Jean Baptiste que tu penses en me posant cette question !!

- Ça doit lui faire bizarre d’être seul, sans copain pour s’éclater comme nous le faisons ?

- Et pourquoi donc ? Il y a beaucoup de monde comme lui tu sais, il n’y a pas que le sexe dans la vie et à part le soir quand nous nous retrouvons dans l’intimité de notre chambre, nous profitons de tout un tas d’autres choses tous ensemble. Avant de nous rencontrer tu étais comme lui, tu n’y pensais pas !! Dis-moi plutôt la vraie raison de toutes ces questions ?

- Comment ça ?

- Allons « Tonin » !! Ne me prend pas pour un naïf même si j’en ai parfois l’air !! Tu as le béguin pour lui, avoue ??

Antonin me regarde dans les yeux en me souriant timidement.

- Ne t’imagine surtout pas que…

- Je n’imagine rien t’inquiète !! Je connais tes sentiments envers moi et Thomas !! Je comprends aussi que comme pour nous, il y ait d’autres personnes avec qui tu aimerais être parfois plus qu’amis.

- Oui mais il est seul, je connais la règle qui veut que nos amis soient déjà en couples et ton copain Damien est loin, nous ne l’avons même pas encore retrouvé.

- Qui a dit que « Dami » et « JB » se mettront ensemble ?? Pas moi que je sache !! Il y a beaucoup de choses qui diffèrent dans cette réalité avec celles que j’ai déjà vécues, celle-ci pourrait être une autre preuve que notre vie suit les hasards du destin. Tu veux vraiment connaitre le fond de ma pensée au sujet de Jean Baptiste ?

- Bien sûr, quelle question !!

- En premier qu’il ne sera jamais avec Damien !! Tu te demandes pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils ont eu l’occasion et qu’ils l’ont laissé filer, la raison invoquée ne tient pas debout dès qu’on creuse un peu les choses. De plus Jean Baptiste est déjà amoureux de quelqu’un d’autre, ça crève les yeux et bien sûr le dernier à le voir est celui qui est le premier concerné.

- Il est venu pour toi ? C’est donc de toi que tu parles ?

- Jean Baptiste a bien compris que j’étais déjà pris et ta réponse confirme ce que je t’ai dit juste avant.

- Mais alors qui ??

- Réfléchis cinq minutes et pose-toi les bonnes questions, je suis sûr qu’ensuite tout te paraitra limpide comme pour moi !!

- Quelles questions ??

Je lui fais un clin d’œil.

- A toi de les trouver ! Hi ! Hi !

- Allez « Flo » !! S’il te plait !! Quelles questions ?? Dis-moi ??

- Moi ! Hi ! Hi !

- Pfft !! Tu te crois drôle en plus !!

- Ok !!Ok !! Avec qui passe-t-il le plus clair de son temps, quand nous ne sommes pas tous ensemble ?

- Je ne vois pas, en plus je m’en serais aperçu si quelqu’un lui tournait autour !!

- Tiens donc !! Et pourquoi ça ?

- Mais parce qu’on ne se quitte quasiment pas, voilà pourquoi ?

- Wouah !! Je vois qu’on n’est pas sorti !! Bon une autre question que tu devrais te poser, comme par exemple qu’est-ce qu’il attend en ce moment, tout seul appuyé contre l’arbre là-bas ?

Antonin se retourne et fait un petit signe de main à Jean Baptiste, le sourire qu’il montre alors me conforte encore plus si besoin était dans l’idée que j’en ai depuis quelques temps de les voir collés toujours l’un à l’autre.

Mon petit blondinet me refixe ensuite dans les yeux, avec une candeur qui me désespère qu’il ne comprenne enfin où je veux en venir.

- Il attend juste que j’ai fini de discuter avec toi, nous devons aller nous balader sur la plage pour admirer le coucher de soleil.

- Il serait temps de partir alors, parce que ça ne va pas tarder !! Pour le reste, tu ne crois pas que tu devrais le lui demander ? Après tout, je peux très bien me planter ! Hi ! Hi !

- Tu as raison « Flo », à ce soir !!

Le baiser d’Antonin est torride, me laissant seul avec des papillons dans les yeux et ce n’est que quand l’esprit de Thomas s’adresse à moi, que je remets les pieds sur terre.

« Conversation mentale. »

- Il n’a pas encore fait le lien !!

- Ça viendra très vite je pense, surtout après cette conversation !!

- Pourquoi je ne te sens pas triste ?

- L’es-tu ?

- Non bien sûr, tu sais bien qu’il n’y a que toi qui compte vraiment !!

- Alors pourquoi me poses-tu cette question ?

- Parce que nous risquons de le perdre, voilà pourquoi !!

- Tu n’y es pas du tout mon grand bien au contraire, nous y gagnerons un nouvel amant qui sera très proche de nous et je préfère ça, crois-moi !!

- A cause de Damien ??

- Tu as tout compris, oui !! « Dami » a toujours été comme un frère dans mes pensées, jamais un amant !! J’ai déjà eu ce genre de dilemme rappelle-toi avec Mathis que j’aimais réellement tu le sais très bien, tout comme tu connais la déchirure que j’ai vécu de le lui avouer et ce ne sera pas pareil cette fois ci avec « Tonin », je tiens trop à lui pour ça !!

CHAPITRE 90 (Camping de la dune) (Mercredi soir) (L’aveu)

« Balade le long de la plage. »

Antonin marche tranquillement les pieds nus dans le sable de cette plage où il se sent particulièrement bien, accompagné comme il l’est de Jean Baptiste et surtout après cette longue conversation d’avec Florian, conversation qui d’ailleurs manque singulièrement de clarté à Antonin qui se la repasse en boucle.

Jean Baptiste apprécie lui aussi ce moment entre chien et loup, passé seul avec le petit blondinet avec qui il se sent heureux tout simplement de se trouver à ses côtés à longer l’océan sans rien dire, en profitant juste du moment de calme que cette balade lui fait ressentir.

Antonin le prend brusquement par le bras en l’entraînant vers la dune, jusqu’à une petite plateforme naturelle où il le fait s’asseoir avant d’en faire autant et lui montrer du doigt, le soleil rougeoyant qui commence à s’enfoncer dans l’océan.

- Regarde comme c’est magnifique !! Il faudra revenir avec un appareil photo, je n’ai jamais vu un endroit aussi beau et toi ?

- Moi non plus !!

Ils restent là sans bouger un long moment jusqu’à ce que le soleil disparaisse entièrement dans les vagues, la lune prend alors la relève pour leur octroyer une lumière blanche, parcimonieuse mais suffisante pour qu’ils se voient toujours.

C’est Jean Baptiste qui reprend le premier la parole.

- J’aimerais que cet instant ne finisse jamais tu sais ?

- Et moi donc !! Je bénis tous ces jours depuis que le père de Florian m’a sorti de la rue.

- Tu l’aimes ??

- Qui ça ? Florian ? Bien sûr que oui !! S’il fallait que je lui donne tous les adjectifs qui me passent par la tête en pensant à lui, j’y passerai certainement une bonne partie de la nuit et toi ?

- Quoi, moi ?

- Tu l’aimes aussi pas vrai ?

- Ce n’est pas d’aujourd’hui tu sais, mais déjà à cette époque je savais bien au plus profond de moi qu’il me serait toujours inaccessible et même maintenant qu’il n’est plus celui d’avant, je sais bien que ses pensées vont à quelqu’un d’autre !!

- Thomas ?

- Oui Thomas et puis toi aussi bien sûr, sans compter les autres !!

- Alors pourquoi n’y aurait-il pas une place pour toi ?

Jean Baptiste cherche visiblement ses mots.

- C’est compliqué !!

- Parce que tu en aimes un autre et que ton cœur ne sait plus à quoi se raccrocher ?

- Qui est ce qui t’a dit ça ?

- Florian !!

- Ahhh !!!

- Alors c’est vrai ? « Flo » a vu juste ? Je le connais, dis-moi ?

- Moi ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!! Décidément vous faites la paire niveau blagues à deux balles !!

- (Jean Baptiste) Qu’est-ce qu’il t’a dit au juste ?

- Que ça crevait les yeux depuis plusieurs jours, je lui ai demandé qui ça pouvait bien être et il m’a répondu de chercher quelqu’un avec qui tu passais tout ton temps.

- Tu dois savoir qui c’est alors ?

- Heu !! Ben non justement et ça m’énerve de ne pas le savoir !!

- Tiens donc ?? Pourrais-je en connaitre la raison ?? Serais-tu jaloux ??

- …..

Jean Baptiste a alors un sourire resplendissant, qu’Antonin trop pris dans ses pensées ne voit pas.

- Si tu fermes les yeux, je vais te mettre sur la piste !!

Antonin sent son cœur se serrer, l’aveu de son ami lui amène une peine dont il ne saurait définir la raison.

- C’est donc bien vrai ??

- Ferme les yeux et tu le sauras !!

Antonin s’exécute, une larme s’écoule lentement sur sa joue pendant qu’il retient sa respiration à connaitre celui pour qui bat le cœur de son ami.

Jean Baptiste bien sûr ne peut manquer de la remarquer, à l’encontre du petit blond cette larme lui amène une joie qu’il n’aurait jamais pensé connaitre un jour et c’est avec une extrême douceur qu’il vient la cueillir du coin des lèvres avant d’amener celles-ci sur la bouche d’Antonin dans un baiser bref qui fait sursauter de surprise le petit blond, comprenant enfin tous les sous-entendus aussi bien de Florian que de Jean Baptiste.

Ses bras viennent s’enrouler fougueusement autour du cou de son ami, pendant que ses yeux s’ouvrent et qu’ils le lui rendent au centuple, en fixant son regard brûlant de plaisir dans le sien.

***/***

Une fenêtre s’ouvre dans son esprit, deux visages souriants lui apparaissent alors et qui s’embrassent tendrement devant lui en lui envoyant un message d’amour qui met Antonin dans un état d’émotion tel qu’il éclate en sanglot.

***/***

Jean Baptiste le serre plus fort dans ses bras.

- Tu ne les as pas perdus, tu vois bien qu’ils t’aiment toujours autant !!

- Co…comment….

- Ils étaient dans ma tête à moi aussi, je ne sais pas comment c’est possible mais c’était comme s’ils me souhaitaient la bienvenue !! Comme si moi aussi ils m’acceptaient, tu comprends ?

Antonin acquiesce de la tête, toujours dans les bras de Jean Baptiste qui croit bon de préciser.

- Tu vas avoir du boulot à m’expliquer tout ça, mais pas maintenant !! Ce soir il n’y a que nous deux qui comptent… je t’aime !!

***/***

Quelques couples de promeneurs profitant eux aussi de ce moment privilégié, ne peuvent manquer d’apercevoir le jeune couple enlacé qui s’embrasse sans que plus rien ne compte autour d’eux et les sourires de ces personnes démontrent que tout n’est pas perdu sur cette terre pour ceux qui s’aiment et quel que soient leurs religions, leurs couleurs de peaux ou leurs sexes.

CHAPITRE 91 (Camping de la dune) (Jeudi matin tôt) (Des visiteurs imprévus)

« Entrée du camping. »

La voiture se gare sur le petit parking longeant la route nationale, cinq personnes en sortent visiblement pas mécontentes d’être enfin arrivé.

André déplie le plan que lui a confié Philippe et qu’il gardait dans sa poche, celui-ci indique les allées ainsi que les emplacements et il plaque son doigt sur deux d’entre eux qui sont cerclés d’un coup de feutre.

- Ça ne devrait pas être bien difficile de les trouver avec ce plan, allons-y !! Nous verrons plus tard pour nos affaires et s’il reste de la place pour une nuit ou deux.

- (Alain) Tu es sûr que c’est une bonne idée d’arriver comme ça sans prévenir ?

- Certain !! Je tiens à ce que vous voyez leurs réactions qui confortera tout ce que vous avez appris depuis votre arrivée.

- (Nathalie) J’avoue avoir un peu le stress de rencontrer le nouveau Ben’j…. Oups !! Je voulais dire Thomas !!

- (Evelyne) Si toute cette histoire est exacte, je pense que pour lui aussi cette situation sera embarrassante !! Mais André a raison, sa réaction en nous voyant sera déterminante pour croire à tout ça !!

- (Thomas) Surtout après la description et les photos que vous a données de lui votre ami psychiatre, j’espère juste que tout se passera bien pour tout le monde !!

- (Alain) Pourquoi en serait-il autrement ?

- En fait c’est lui de nous tous le plus à plaindre, qui connait-il réellement à par votre fameux Florian qui semble venir du même endroit ?

- (Evelyne) Tu as raison mon chéri, c’est pour cette raison que nous devrons faire attention à nos paroles !! Ce jeune homme doit être suffisamment perturbé comme ça sans en rajouter plus qu’il n’en faut et puis c’est surtout à ton oncle et à ta tante que je pense, ce sont eux les plus concernés par l’arrivée de ce garçon !!

- (André) Léa toujours d’après Philippe, le considère déjà comme son frère et je pense que plutôt que toutes ces paroles qui n’ont de cesse de tourner en boucles depuis que nous avons appris son existence, le mieux est encore d’y aller voir par nous même !! C’est d’ailleurs le but de cette visite, je vous signale en passant.

André tourne le plan dans tous les sens pendant quelques secondes avant de tendre le bras vers une large allée.

- C’est par là !!

***/***

« Aux mobil-homes. »

Comme d’habitude depuis qu’ils sont là, ce sont les filles qui sont levées les premières et préparent le petit déjeuner pour tout le monde, Léa rentrant juste de l’épicerie boulangerie avec les bras chargés de pain frais et de viennoiseries à l’odeur appétissante.

Chloé termine de mettre la table pendant que les deux cafetières chantent en se remplissant du breuvage qui déjà la fait saliver d’envie, elle vient aider sa copine en lui prenant le sac à pain des mains et en profite pour lui poser la question qui la démange depuis qu’elles se sont levées.

- « JB » n’a pas dormi seul cette nuit !!

- (Léa) J’ai vu ça !! Surprenant pas vrai ??

- Pas tant que ça en fait, j’avais déjà remarqué qu’ils passaient beaucoup de temps ensemble.

- Quand même !! Antonin semblait vraiment amoureux de « Flo » et Thomas !!

- Rien ne dit que ce ne soit plus le cas, avec eux plus rien ne devrait nous étonner !! Pour ma part j’ai plutôt l’impression que ça va arranger tout le monde, n’oublie pas que « JB » est venu ici à cause de ses sentiments pour Florian !!

- Va falloir qu’ils pensent à s’arrêter un jour, ils sont déjà deux de plus que dans ses souvenirs.

- Et nous on est toujours que nous deux comme de pauvres pommes ! Hi ! Hi !

Un bruit attire leurs attentions venant du deuxième mobil home, Léa se retourne en souriant.

- Tiens !! Justement, regarde qui arrive ? Voilà t-y pas notre zombie du matin qui a senti l’odeur du café ! Hi ! Hi !

Chloé regarde à son tour d’un œil attendri celui qui encore une fois marche au radar toute antenne déployée, elle soupire d’amusement sans pour autant manquer comme à chaque fois de se rincer l’œil au passage et elle attrape ensuite la cafetière pour lui servir sa première bolée.

Léa attend qu’il se soit assis, pour venir derrière lui poser sa tête contre son cou et lui faire son bisou du matin, aussitôt suivi par son amie une fois que celle-ci a reposé la cafetière fumante sur son socle.

Elles savent bien que c’est pour elles le seul moment de la journée où il est tout à elles et ne se privent pas du câlin matinal, câlin que semble apprécier à sa juste valeur le petit rouquin qui se laisse faire avec un plaisir évident, le regard brillant de toute l’affection qu’il éprouve pour ses deux amies.

- On est bien ici, pas vrai les filles ??

- (Chloé) Dommage qu’on doive bientôt repartir !!

- Rien ne nous y oblige ? Après tout il reste plus d’un mois avant la reprise des cours et nous pourrions rester encore ici une semaine ou deux, vous en pensez quoi ?

Léa joyeuse.

- Ce serait trop cool !!!

- Comme ça vous pourrez aussi rester un peu plus longtemps avec vos copains, au fait !!

En parlant d’eux !! Vous avez l’intention de nous les présenter un jour ou pas ?

- (Chloé) Hummm !!! Je ne sais pas si c’est une bonne idée ! Hi ! Hi ! Avec vous il y a de quoi se méfier, tu ne crois pas ?

- Arrêtez un peu !! S’ils avaient des penchants homos, ils ne seraient pas à passer leurs vacances avec vous deux !! Non, sans déconner !! Ce serait sympa qu’ils se joignent à nous, en plus vous avez l’air de bien les apprécier et je suis content pour vous deux, comme ça tout le monde a trouvé chaussure à son pied.

- (Léa) Tu crois ça ?? Je ne pense pas que « JB » puisse mettre celles d’Antonin ! Hi ! Hi !

- Ni les miennes ! Hi ! Hi ! Mais celles de Thomas pourquoi pas !!

Je termine ma phrase en leur tirant la langue, démontrant par-là que tout va bien pour nous et qu’elles n’ont pas de soucis à se faire, ni pour Antonin, ni pour Jean Baptiste et encore moins pour Thomas et moi.

C’est à ce moment-là de notre petite discussion, que j’aperçois avec surprise ceux auxquels je me serais le moins attendu à voir ici aujourd’hui et je me lève d’un bond pour courir à leur rencontre, apercevant les visages souriants de certains mais visiblement surpris pour les autres à me voir débouler sur eux de la sorte.

CHAPITRE 92 (Camping de la dune) (Jeudi matin tôt) (Une surprise de taille)

***/***

« Juste avant. »

Thomas suit ses parents en regardant avec curiosité autour de lui, quand il entend une interjection de surprise venant de son oncle qui lui fait être plus attentif sur ce qu’il se passe devant lui.

- (André) Oups !! Voilà Florian, accrochez-vous bien ! Hi ! Hi !

Thomas voit alors ce qui restera gravé longtemps dans sa mémoire, tant l’énergumène qui court vers eux peut avoir d’atypique et cela autant de par son physique que par sa dégaine générale ainsi que de ses expressions du visage.

Maintenant ce qui lui amène un hoquet de surprise suivi d’une envie de rire, n’est pas tant ses toutes premières impressions mais plutôt la barre impressionnante qu’il tient à l’intérieur du seul vêtement minimaliste que le petit rouquin porte sur lui et qui tressaute en brinqueballant au rythme de sa course effrénée jusque dans les bras de sa tante qui l’y accueille rouge comme une pivoine, démontrant par là même qu’elle aussi s’est bien rendu compte de l’état de tension dans lequel il est.

Son regard dévie brusquement quand apparait deux merveilleuses créatures dans son champ de vision et qui cavalent vers eux en tenant chacune une grande serviette de plage, qu’elles s’empressent de mettre autour des reins du jeune rouquin avant de reporter leur attention sur eux.

La blonde se jette à son tour dans les bras de sa mère, la voix encore éraillée du fou rire qu’elle tenait juste avant avec sa copine.

- (Léa) Maman ?? Papa ?? Quelle surprise de vous voir ??

Pendant que sa « cousine » discute avec ses parents et que ceux-ci font les présentations, Thomas observe en douce le garçon qui se tient maintenant en léger retrait avec l’autre jeune fille.

Le visage rouge vif de s’être sans doute rendu enfin compte de la façon disons plutôt cavalière de s’être présenté à eux, semblant s’excuser à voix basse à l’oreille de la jolie brunette qui ne semble pas s’offusquer plus que ça de ses paroles.

Ce n’est que quand il entend prononcer son prénom que Thomas reporte une nouvelle fois son attention sur sa famille, croisant au passage le regard surpris de sa « cousine » qui semble enfin comprendre qui il est et s’avance ensuite vers lui en le détaillant de la tête aux pieds, ce qui bien sûr le met dans une gêne manifeste qui lui colore ou plutôt pour être exact lui assombrit à son tour les joues.

***/***

Léa écoute les présentations, heureuse pour ses parents et surtout pour son père qui retrouve enfin ce frère qui n’existe en fait pour elle de façon concrète que depuis quelques semaines, les allusions à son existence étant si rare tout au long de ces années qu’elle n’y avait pas vraiment prêté attention.

Ce n’est que quand sa mère parle de son cousin Thomas en dirigeant son visage vers le garçon resté en retrait, que Léa comprend que les choses ne vont pas être aussi simple qu’elle l’imaginait jusque-là.

La première impression pourtant lui amène le sourire aux lèvres de voir la timidité manifeste du jeune homme à se sentir observé par elle, Léa apprécie son visage naturellement hâlé aux traits doux sans être efféminé mais aussi sa carrure bien proportionnée en faisant un garçon pas désagréable à regarder.

En tout état de cause ce qui émane de lui le plus étrange, c’est sans doute le fait qu’il ne ressemble en rien à ses parents qui comme les siens sont d’origines nordiques alors que pour Thomas, il est évident que ses origines sont tout autres sans qu’elle n’arrive à se faire une idée bien précise d’où elles proviennent exactement.

Ces moments d’observations commencent à être suffisamment longs pour que tous s’en aperçoivent et c’est Chloé qui leur remet à tous les pieds sur terre, en les invitant à la suivre et à partager leur petit déjeuner.

***/***

Une fois mon moment de « solitude » passé de m’être précipité impulsivement au-devant des Louvain alors que j'étais encore en slip avec les réminiscences d’une bandaison matinale, je vais accueillir ceux qui pour moi ont toujours été les parents de mon « Thom-Thom » et je les retrouve comme dans mes souvenirs, excepté bien entendu quand j’apprends que le garçon qui les accompagne est leur fils.

Ma première réflexion est que j’ai vu juste, quant à la venue au monde de mon chéri dans les autres réalités que j’ai en mémoire et que mon Thomas est bien le fils d’André, le Thomas en face de moi étant physiquement à l’opposer de ce que je pouvais imaginer.

Je laisse ma copine reprendre la direction des mobil homes avec nos invités, restant en arrière avec Léa pour mieux faire connaissance de ce nouveau Thomas qui rien que par son regard figé sur la croupe appétissante de Chloé serait pour me convaincre qu’il n’est pas comme moi et mes amis mâles, attiré par les garçons.

J’éprouve un étrange soulagement à ce constat, pas qu’il ne me plait pas mais plutôt parce que comme on me l’a fait remarquer quelques minutes plus tôt, nous sommes déjà bien assez comme ça et qu’il en faut aussi pour tout le monde, c’est donc avec un petit rictus d’amusement que je m’adresse discrètement à Léa juste avant de le rejoindre.

- En voilà déjà un qu’on ne vous piquera pas ! Hi ! Hi ! A voir sa façon de guigner sur le popotin de Chloé, il y a peu de chance que les garçons l’intéressent !!

- Tant mieux alors !! Il est grand temps de commencer à avoir aussi des amis normaux ! Hi ! Hi ! Et puis comme ça il n’y aura pas d’ambigüité entre nos deux Thomas !!

- Il n’y en avait déjà pas pour moi rassure toi mais je comprends ce que tu voulais dire, ce sera aussi bien pour tout le monde.

Une voix curieuse mais visiblement amicale, nous fait sursauter en s’adressant à nous.

- C’est assez gênant vous savez, d’être l’objet d’une discussion à voix basse quand on se trouve juste à côté sans y participer !!

CHAPITRE 93 (Camping de la dune) (Jeudi matin tôt) (Une surprise de taille) (suite)

Je regarde Léa, qui tout comme moi se sent gêné à son tour de n’avoir pas pensé qu’il pourrait s’apercevoir de nos messes basses à son sujet.

- On se posait juste une question sur toi, il n’y a rien de méchant non plus dans l’intention et je m’excuse si ça t’a froissé, ce n’était de toute façon je te l’accorde volontiers pas très poli de notre part !!

- (Thomas) Quel genre de question ? Ce sera peut-être plus simple de me la poser directement, vous ne pensez pas ?

- Homo ou hétéro ?

- (Thomas) Hein !! De quoi ??

- Et bien bonhomme, faudrait savoir aussi ce que tu veux !! Tu voulais qu’on te pose la question, alors c’est fait !! Il ne te reste plus qu’à y répondre ?

- (Thomas) Vous voulez savoir si j’aime les filles ou les garçons, c’est ça ?

- (Léa) Mais c’est qu’il y en a là-dedans ! Hi ! Hi ! Parole cousin, je vois que tu piges vite !!

- (Thomas) Je ne vois vraiment pas où est l’intérêt pour vous de le savoir ? Mais puisque vous me semblez bien curieux tous les deux et aussi pour que vous ne vous imaginiez pas tout un tas de choses, je vous répondrais qu’aux dernières nouvelles je suis hétéro !! J’espère que ça n’empêchera pas que nous devenions amis ! Hi ! Hi ! Parce qu’avec tout ce que j’ai déjà entendu sur vous tous, je fais plutôt franc-tireur sur ce coup-là pas vrai ??

- Hummm !!! C’est un reproche ??

- (Thomas) Juste une constatation, rien de plus !! C’est vous qui abordez le sujet, je vous le rappelle en passant.

- Donc quand tu matais tout à l’heure le postérieur de ma copine, j’avais deviné juste ! Hi ! Hi !

Thomas pique un fard maison qui remplace toutes les paroles qu’il pourrait dire pour sa défense, je lui souris à mon tour en lui tendant la main.

- Copain ?

Il me la prend sans hésiter, me la serrant juste ce qu’il faut pour que je le croie sincère.

- Copain !!

Léa s’approche à son tour pour lui faire une bise sur la joue.

- Bienvenue dans la bande alors, tu préfères que je t’appelle cousin ou Thomas ?

- Cousin !! Nous avons déjà un Thomas, alors pour toi ce sera cousin si ça te va ?

- (Thomas) Allons-y pour cousin alors !! C’est donc vrai cette histoire avec l’autre Thomas ??

- Oui et d’ailleurs tu fais bien d’en parler, ça me donne une idée !! Allons rejoindre ta famille pour que je vous raconte à tous une histoire, avant que mon « Thom-Thom » ne se réveille et que vous ne compreniez pas ses réactions.

- (Léa) Une histoire ?? Tu as l’intention de t’y prendre comment ?

- Comme pour Benjamin, sauf que là ce ne sera pas un souvenir comme du vécu mais juste l’histoire de Thomas comme dans un film ou une sorte d’autobiographie en quelque sorte pour que tout le monde comprenne bien ce qu’il est réellement et surtout pourquoi ses réactions envers vous tous seront ce qu’elles sont, je pense sincèrement que ça évitera pas mal de quiproquos par la suite.

Thomas nous regarde bizarrement, mes paroles devant lui paraître pour le moins étranges.

- C’est quoi cette histoire de film ??

- (Léa) Je te laisse la surprise de le découvrir !! Allez, viens cousin !! Allons retrouver nos parents, pendant que Florian prépare la salle de cinéma ! Hi ! Hi !

Je suis déjà plongé dans mes pensées à faire le tri, quand je m’aperçois que mon Thomas est réveillé et qu’il a suivi une bonne partie de mes dernières explications.

***/***

« Conversation mentale. »

- Bien dormi mon grand ?

- Hum, oui !! C’était l’autre Thomas le garçon ? Pas très ressemblant pas vrai ?

- J’avoue que ce n’est pas plus mal !! Ne te lève pas maintenant, tu sais ce que je me prépare à faire !!

- Ça va prendre la journée ton histoire ?

- Bien sûr que non !! Juste les moments clés qui leur feront découvrir comment tu vivais avec tes parents et le reste de ta famille, je voudrais qu’ils comprennent ce qu’ils ont pu représenter pour toi là d’où nous venons tous les deux.

- Tu ne connais pas forcément tout ?

- C’est pour ça que je vais aller en partie pêcher les images directement dans ton esprit, ça te permettra de revivre quelques bons moments que tu as sans doute oublié depuis longtemps et ce sera aussi en quelque sorte une découverte pour moi, mais ne t’inquiète pas je ne leur ferai découvrir que les relations que tu avais avec eux en passant toutes les périodes où ils n’étaient pas concernés. Ce n’est pas l’histoire de ta vie que je veux leur faire découvrir, mais bien celle qu’eux ou du moins ce que ceux de l’autre réalité ont vécu avec toi. Qu’est-ce que tu penses de mon idée ?

- Sincèrement ?? Que c’est sans doute celle qui nous aidera le plus à avancer rapidement, en tous les cas une chose est sûre et je ne dis pas ça contre Thomas, mais je suis bien content que mon père ne se soit jamais engueulé avec son frère !!

- Et moi donc !!

***/***

Nous gardons chacun nos pensées à ce sujet pour nous, tout en sachant bien que nous sommes raccord encore une fois dans notre façon de nous comprendre.

C’est donc avec empressement que je rejoins la terrasse où quasiment tout le monde est maintenant présent, hormis bien sûr Thomas et je m’amuse à me dire que la salle sera bien remplie pour une première, connaissant très bien la curiosité de mes amis qui ne demanderont eux aussi qu’à en connaître un peu plus de cette vie à laquelle nous nous référons très souvent Thomas et moi.

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« Dix minutes plus tard, après les présentations d’usage. »

J’expose mon idée en leur demandant à tous de s’asseoir, ceux qui ont déjà eu à faire à mes démonstrations mentales obtempèrent donc avec le sourire et aussi je dois bien l’admettre avec une forte curiosité, tandis que pour les autres constitués principalement par la partie de la famille Louvain nouvellement débarquée, ce serait plutôt un ahurissement total de leur part et ce surtout en observant le comportement de tous, qui semblent manifestement ne se poser aucune question sur le comment je vais m’y prendre.

CHAPITRE 94 (Camping de la dune) (Jeudi matin tôt) (Une surprise de taille) (fin)

Quand tout le monde semble prêt, je m’assois à mon tour en renforçant ma connexion d’avec mon Thomas qui participera ainsi à la projection en pouvant s’il le désire rajouter quelque scène de son choix qu’il voudrait tout particulièrement leur faire connaître.

- Tout le monde est prêt ?

Thomas cherche visiblement un matériel quelconque de projection, ce qui fait sourire sa cousine assise à côté de lui.

- Un problème cousin ?

- Je ne vois pas d’écran là ?? Ni rien d’ailleurs pour une projection ?

- C’est la surprise que je t’avais promise ! Hi ! Hi !

Je fais un gros clin d’œil à mon amie.

- Le mieux c’est que vous fermiez tous les yeux, allez !! C’est parti !!

La première vision que je leur envoie et qui les surprend tous, c’est le premier cri que pousse Thomas à sa naissance avec le peu de ce que les yeux du bébé discernent déjà et je laisse ensuite passer l’instant de stupeur général à comprendre les premières images envoyées, amusé par les différentes expressions que reflètent leurs visages.

Je fais défiler ensuite les années, alternant les souvenirs de Thomas aux miens afin qu’ils puissent également le voir grandir et je dois dire que mon « Thom-Thom » m’aide beaucoup, en ne choisissant pas forcément les séquences qui me venaient à l’esprit et qui étaient trop marquées par l’attirance certaine que j’éprouvais déjà envers lui et ce même si elle était encore inconsciente à cette époque, préférant plutôt leur faire connaître simplement quelques scènes d’une vie de famille ordinaire.

L’enfance puis l’adolescence avec ces joies mais également ces tourments, l’amitié ainsi que l’amour familial qu’il pouvait y avoir entre les deux familles Louvain.

Nous avons décidé d’un commun accord de ne rien censurer, laissant apparaître Mathis ainsi que le lien très fort qui les unissait même dans les fréquentes chamailleries d’avec sa sœur et je vois bien les larmes coulées des yeux d’André ainsi que de ceux de sa femme et bien entendu de Léa, découvrant ce qu’aurait pu être leur fils ou frère si le destin n’en avait pas jugé autrement.

Arrive ensuite les dernières années avec les chamboulements liés à la découverte de mes

« dons », l’arrivée dans notre cercle d’amis de Yuan et consorts jusqu’au moment où Thomas s’est retrouvé sur la plage avec Antonin, ensuite le retour de l’autre Antonin qui était parti avec Benjamin en lieu et place de Thomas et enfin j’en arrive au moment présent à les montrer tels qu’ils sont, les yeux fermés assis tout autour de la table avec les yeux rougis pour certains et troublés pour les autres d’avoir assisté en moins de deux heures à toute une partie de l’existence d’un jeune homme qui se retrouve un peu comme je le suis, perdu dans une réalité qui n’est pas la sienne.

Pendant la « projection », Thomas est venu me rejoindre sans que quiconque s’en rende compte et se tient près de moi, debout à regarder toutes ces personnes qui dans son cœur représentent sa seule et unique famille.

Je sais bien le trouble immense qu’il ressent à cette heure de savoir comment ces personnes si chères vont réagir en le découvrant devant eux, je partage avec lui ses craintes en essayant du mieux que je peux à le rassurer en lui envoyant tout le soutien de mon amour pour lui.

Le silence soudain ainsi que l’arrêt de la projection mentale fait rouvrir les yeux de tous, réagissant ensuite suivant leurs ressentis propres à ce qu’ils viennent d’apprendre mais aussi de la façon pour le moins singulière que j’ai utilisée pour le faire.

Chacun des Louvain hormis bien sûr Léa, découvrant alors ce jeune homme qui était le fil conducteur de ces deux dernières heures et qu’ils ont vu grandir auprès d’eux, ou du moins auprès de ceux qui étaient eux dans ce qu’ils sont bien obligés de reconnaître comme une autre réalité.

Restant un long moment figé devant lui, pris dans tout un panel de sentiments allant de la reconnaissance d’une beauté ainsi que d’un charisme exceptionnel, jusqu’aux émotions qu’ils ressentent de savoir que quelque part il est quand même issu de leur propre chair.

Thomas tremble sur ses jambes, sa voix n’est qu’un souffle quand il s’adresse à eux avec les yeux brillants d’un espoir que tous perçoivent et qui n’est que celui qu’on lui laisse l’opportunité de trouver une place parmi ceux qui pour lui, sont et seront toujours sa famille.

- Ça me fait tout bizarre d’être près de vous en comprenant parfaitement que je ne suis pour vous qu’un étranger, alors que vous représentez tout ce que j’aime le plus au monde !! Des parents qui n’en sont pas dans cette réalité ainsi qu’un oncle, une tante et une cousine, qui découvrent un inconnu en lieu et place d’un fils mystérieusement disparu. J’ai envie de vous serrer tous dans mes bras, en sachant très bien hélas que ce que je ressens ne sera jamais pareil pour vous !!

- (André) Et bien tu pourrais déjà essayer, qu’en penses-tu ? Je suis sûr que tout finira par s’arranger pour nous tous, pour moi tu es mon fils alors qu’il en va autrement pour toi !! Ce n’est pas le plus important il me semble ?

- (Nathalie) C’est exact !! Le plus important est que nous reformions une famille unie comme celle de tes souvenirs, toutes ces images de joies que ton ami nous a montrées et que nous aurions pu connaître si …. Enfin !! Le passé est le passé.

- (Alain) Nous avons eu notre Thomas, tu comprendras certainement que pour nous ça ne changera jamais !! Maintenant je suis certain qu’avec le temps nous trouverons tous ensemble la place qui t’ira le mieux au sein de notre famille, il est peut-être un peu tôt pour émettre des hypothèses !! Apparemment c’est André ton vrai père, que ce soit ici ou ailleurs et je sais que tu trouveras chez lui tout l’amour que tu auras besoin, tonton ou papa ? Neveu ou fils ? Cousine ou sœur ? Tante ou mère ? Qu’importe après tout !! Un jour sans y prendre garde vous ferez votre choix, j’espère juste que tu ne m’en voudras pas de tenir plus que tout à ce fils que j’ai élevé et qui je l’espère sera pour toi sinon un frère, du moins un véritable ami !!

- (Nathalie) Alain a raison, qu’importe la dénomination !! Je veux juste que tu te sentes bien et que tu saches que tu es chez toi dans notre maison, pour moi tu seras Thomas voilà tout et qui sait peut-être qu’un jour les paroles prédictives de mon cher beau-frère se réaliseront.

C’en est trop pour l’émotivité à fleur de peau de mon chéri qui laisse alors s’exprimer son cœur en venant prendre sa « tante/mère » dans ses bras, lui démontrant par ce simple geste combien l’affectif et l’attachement de ce magnifique garçon envers elle est sincère.

CHAPITRE 95 (Reims) (Jeudi) (CHU) (Donnant/donnant)

Frédéric profite d’un moment de répit entre deux rendez-vous, pour s’enfermer dans son bureau afin de réfléchir tranquillement à tout ce qui lui est tombé sur la tête depuis ces derniers jours.

L’épisode parisien l’ayant fortement marqué, il tente depuis lors de l’oublier en se donnant à fond dans son métier et Frédéric doit bien reconnaître que ça lui est devenu plus difficile qu’avant, chaque geste de sa part étant systématiquement comparé à la dextérité hallucinante de ceux auxquels il a été témoin venant du jeune Florian.

Comparaison qui bien sûr ne va pas à son avantage, alors qu’il a pourtant atteint une certaine renommée dans sa profession au point qu’il arrive maintenant assez fréquemment que des personnes en viennent souvent à devoir se déplacer d’assez loin pour n’avoir à faire qu’à lui.

Il doit également avancer sur les thèmes d’examens que devra passer ce même Florian, reconnaissant par avance que s’il reste dans ceux habituels d’une première année de prépa ce sera lui faire perdre tout simplement son temps.

Frédéric décide alors de son propre chef d’anticiper ce qui pour lui est de toute façon inéluctable et c’est donc dans les connaissances nécessaires au passage des licences de terminales, qu’il va chercher les exercices qu’il lui fera passer et par cette décision, il est bien conscient qu’il prend le risque de se faire désavouer.

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« Plus tard dans l’après-midi. »

Un appel téléphonique du secrétariat lui apprend qu’un visiteur demande à le voir, il n’est qu’à moitié surpris en apprenant de qui il s’agit et c’est avec curiosité qu’il accepte de le rencontrer.

Frédéric quitte son bureau pour aller le prendre en charge depuis l’accueil visiteur, il sourit en apercevant la stature imposante du personnage qui reste au demeurant des plus abordables et ce malgré ses responsabilités au sein de l’état.

- Monsieur Désmaré !! Quelle surprise !! Auriez-vous encore besoin de mes services ?? Pourtant j’ai pris des nouvelles pas plus tard que ce matin de nos trois patients et tout semblait aller pour le mieux pour eux !!

- C’est bien le cas en effet et d’après les médecins qui restent près d’eux, cela tient du miracle !! Nous savons vous et moi ce qu’il en est, mais peut être pourrions-nous discuter dans un endroit plus tranquille ?

- Bien sûr !! Où ai-je la tête !! Allons dans mon bureau, nous y serons plus à l’aise.

Frédéric passe devant et les deux hommes pressent le pas en silence, jusqu’à ce qu’ils soient installés confortablement dans le bureau de Frédéric pour reprendre leur conversation.

- Bien !! Peut-être pouvez-vous me dire ce qui vous amène si loin de Paris ?

- Depuis quelques temps c’est plutôt fréquent vous savez !! Le but de ma visite est de préparer l’arrivée de Florian dans votre ville, je ne vous cacherai pas que niveau sécurité ce n’est pas ce que j’aurai souhaité le mieux mais il ne veut rien savoir et tient vraiment à passer ses prochaines années d’études ici, je me doute bien que cette décision de sa part est purement affective et qu’il cherche par ce moyen à retrouver d’autres de ses amis pour qui il éprouve de forts sentiments, il y a bien sûr en premier lieu votre famille qui représente beaucoup pour lui mais pas que !! J’ai là une liste très précise de toutes les personnes qui lui étaient liées, j’aimerai que nous regardions ensemble si certaines d’entre elles vous sont connues !! J’avoue que ça me facilitera le travail et m’évitera de mobiliser trop de personnels pour cette recherche. Je dois également rencontrer le doyen de la faculté de médecine pour les mêmes raisons, car il y a un certain nombre de ces personnes qui suivant les souvenirs de Florian devraient y suivre leurs études.

- Voyons voir cette liste !!

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« Une heure plus tard. »

Frédéric après le bilan qu’il vient de faire avec Maurice reste avec un fort sentiment de trouble, car beaucoup des noms de spécialistes ou autres ayant appartenu de près ou de loin au personnel de l’hôpital et qui sont inscrits sur la liste de Maurice, ne sont plus là pour une raison ou une autre du fait de mutations voire même de maladies pour certains d’entre eux.

- Je n’en connais certains que par on dit d’autres collègues qui les ont bien connus, ils avaient déjà quitté l’établissement avant mon arrivée et d’autres parce qu’ils m’étaient plus intimes, le fait est qu’il ne reste pas grand monde encore présent sur cette liste !!

- (Maurice) Ce qui ne va pas pour plaire à Florian quand il va l’apprendre !!

- Il doit quand même bien s’attendre à ne pas tous les retrouver comme là d’où il vient ?

- Sans doute, mais là il ne reste quand même pas grand monde !!

- Je ne connais pas tout le personnel de l’hôpital non plus, surtout quand il s’agit des infirmiers ou autres personnels soignants qui ne sont pas rattachés à mon service !! Je me renseignerai discrètement auprès de la direction des relations humaines, je pense y trouver la trace de quelques-uns faisant partis de cette liste et au pire connaître où ils ont été mutés dernièrement.

- Bien !! Dans ce cas j’attendrai de vos nouvelles !! Pendant que je suis là, où en êtes-vous avec votre famille au sujet de son éventuel hébergement ? Vous pouvez toujours refuser vous savez !! Florian n’est pas au courant de nos démarches et nous voulions juste lui en faire la surprise !!

- Nous cherchons un moyen pour que mes fils le rencontrent de façon, comment dire…plus naturelle !! Si vous voyez ou je veux en venir ?

- (Maurice) Quelle drôle d’idée ?? Florian les connaît trop bien pour ne pas les reconnaître de suite !!

- Nous pensions plutôt ma femme et moi, trouver une astuce pour qu’ils puissent s’en faire une idée sans être vus de lui.

- Il me semblait pourtant qu’un de vos fils avait déjà eu à faire avec l’autre ?

- L’autre ??

- Oui !! C’est comme ça que je nomme le Florian d’avant l’accident, j’avoue que je n’arrive pas à penser à lui d’une autre façon tellement ils sont dissemblables ! Hi ! Hi ! Je vais regarder de mon côté ce que je peux faire pour vous aider, j’ai peut-être une idée !!

- Ça m’ôterait une belle épine du pied !!

- Est-ce que vous pourriez vous rendre tous libres pour un petit voyage d’un à deux jours ?

- S’il le faut, bien sûr !!

- Je vous appelle dans la semaine pour vous dire ce qu’il en est !! J’espère que vous aurez pu avancer sur la liste de votre côté !!

CHAPITRE 96 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Tentative)

Le repas du soir ressemble de plus en plus à ceux de mes souvenirs, au vu du nombre de personnes qui s’y installent à nos tables et qui s’étoffe de jours en jours de nouveaux arrivants.

Comme d’habitude une fois le dîner terminé, les groupes se forment pour aller à leur envie du moment et je me retrouve cette fois avec Raphaël Yuan et Thomas, en route pour passer quelques heures au sommet de la dune, là où je me sens particulièrement bien.

Nous arrivons donc à l’endroit précis où Thomas est réapparu dans ma vie pour nous y asseoir en formant un cercle, chacun ressentant mystérieusement une sorte de force étrange qui semble émaner du lieu lui-même.

- (Yuan) Est-ce que vous ressentez comme moi les gars ??

- (Thomas) Oui !! C’est comme si l’air vibrait !!

- (Raphaël) Ça me picote la peau, ça fait bizarre !!

Ils se tournent vers moi qui n’ai encore pas prononcé une parole.

- (Yuan) Tu sais ce que c’est Florian ?

- Je pense que ça doit être un point de jonction entre différentes réalités, j’imagine que c’est grâce à cet endroit si l’échange a pu se faire et je me demandais si je pourrais retenter l’expérience en essayant de me concentrer sur une personne en particulier.

- (Raphaël) Hé !! Tu ne vas pas encore essayer d’envoyer l’un d’entre nous dans une autre réalité en échange d’un autre j’espère ??

- Non, rassure-toi !!

Thomas voit mon air pensif et la partie de son esprit toujours dans le mien essaie de suivre le fil de mes pensées, un grand sourire illuminant d’un coup son visage malgré l’effarement qu’il ressent à comprendre ce que j’ai en tête.

- Tu crois que c’est possible ??

- C’est justement la question que je me pose !! Mais il va me falloir l’aide du plus de monde possible, je suis en cours de calcul de l’énergie qui me serait nécessaire et mes premières estimations démontrent que le danger serait trop grand pour moi à ce stade de tenter l’expérience seul.

- (Yuan) Comment pourrions-nous t’aider ??

- C’est encore à découvrir !! Mais avant de vous exposer mon idée qui au demeurant va vous paraître complètement loufoque, je voudrais tenter autre chose qui me confortera dans la possibilité qu’elle puisse se réaliser.

- (Thomas) Benjamin !!

Je hoche négativement la tête, mon cerveau étant d’un seul coup bien trop en ébullition pour pouvoir décrocher une parole.

Thomas sent son esprit commencer à être emporté dans un maelstrom d’une puissance telle, qu’il n’a que le temps de se déconnecter en refermant d’un coup cette porte virtuelle qui le relie à Florian et c’est le front couvert d’une transpiration soudaine qu’il rouvre enfin les yeux, remarquant les regards inquiets que ses deux autres amis portent sur lui.

- (Raphaël) Ça va « Thom » ?? J’ai bien cru que tu allais t’évanouir !! Tu es devenu subitement blanc comme un linge !!

- (Thomas) C’est ma connexion permanente d’avec « Flo » !! Son esprit est devenu tout d’un coup comme démultiplié et je n’ai eu que le réflexe de me déconnecter à temps, sinon je ne sais pas où je serais parti avec lui !!

- (Raphaël) Pourquoi ?? Il est parti quelque part ??

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Thomas tourne son visage inquiet vers le petit rouquin figé comme en transe, ses mains viennent alors lui prendre les siennes pour lui montrer par ce simple geste qu’il est de tout cœur avec lui et Thomas sent alors une torpeur le prendre soudainement, comme s’il se vidait peu à peu de toute son énergie.

- Placez vos mains sur les miennes les gars !! Florian a besoin de forces pour ce qu’il tente de faire !!

Yuan et Raphaël s’exécutent aussitôt et ressentent à leur tour l’impression de fatigue ressemblant fortement à celle qui les prend lors d’efforts physiques prolongés.

- (Yuan) Qu’est-ce qu’il nous arrive ??

- (Raphaël) Je me sens complètement vider d’un seul coup !!

- (Thomas inquiet) Tenez bon les gars !! Concentrez-vous !!

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Mon cerveau reprend son rythme d’activité normal, j’ai ressenti à un moment un regain de force qui m’a été précieux et qui m’a permis de mener à bien l’idée que j’avais en tête, mesurant ainsi le besoin exact de puissance mentale nécessaire à la mettre en œuvre.

J’ouvre les yeux, satisfait des résultats quand j’ai la vision de mes trois amis effondrés sur le sable, leurs mains bizarrement tenues au-dessus des miennes.

Un bref instant où un sentiment de panique me prend et où j’envoie une sonde mentale vers eux pour constater avec soulagement qu’ils ne sont qu’endormis, récupérant ainsi d’une énorme fatigue tant psychique que physique.

Je comprends alors d’où m’est venu ce regain de force et je souris tout seul d’émotion à regarder ceux qui me l’ont apporté, sans se préoccuper apparemment des conséquences qui auraient pu leur arriver niveau santé.

CHAPITRE 97 (Afrique) (Jeudi soir) (La planète des Élus)

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« Clairière des pierres. »

L’aura bleutée semble s’agiter inhabituellement pour Naomée, qui s’en étonne en interrogeant l’esprit du dieu qui est dans sa tête.

- Que se passe-t-il ??

- La montée en puissance de l’unique a été ressentie par mes frères !!

- Et c’est bien ??

- Bien ou mal nous ne pouvons pas le prédire, ça révèle simplement que les temps approchent où tout ce qu’il est lui reviendra mais aussi où plus rien ne pourra l’arrêter.

- Même pas vous ??

- Nous ? Mais nous ne sommes rien !! Il est le commencement de tout ce qui est et sa puissance n’a pas d’égale.

- (Naomée) Mais alors pourquoi est-il là ?? Pourquoi ne se souvient-il de rien ??

- Je ne peux répondre à tes questions, mais sache qu’il a accepté le sacrifice de notre race alors qu’il aurait très bien pu ne pas se laisser prendre au piège !! Nous y avons beaucoup réfléchi durant ce millénaire et nous en avons conclu qu’il y avait encore dans son esprit un peu de ce qu’il était avant sa démence. Ce reste de lucidité lui a fait accepter ce châtiment au but non pas de le tuer !! Ce qui d’ailleurs nous était impossible, mais celui de le plonger dans la vie mortelle avec ses créations afin qu’il y retrouve certains des sentiments qu’il avait perdus, comme la compassion ou encore l’empathie mais aussi l’amitié, l’amour, la famille et la justice. Tout ce panel de qualités qui font votre force à vous autres humains, quand vous voulez bien vous donner la peine de vous y consacrer et ne pas plonger dans votre côté obscur qui déclenche bien trop souvent la haine et les guerres.

- Je comprends !!

- Qu’as-tu compris jeune humaine ?

- Le but qui vous pousse à envoyer Taha vers lui !!

- Quel est donc ce but ?

- De vous assurer qu’il est bien sorti de ce qui a occasionné son châtiment !!

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« Conversation mentale entre les entités. »

- Cette race primitive est étonnante !!

- Elle est curieuse comme nous l’étions avant l’ascension !!

- Capable du meilleur comme du pire !!

- Créée à notre image !!

- Qu’as-tu dit mon frère ??

- Il n’y a donc que moi qui s’est posé cette question ?? Il n’y a donc que moi qui ai reconnu ceux venus à nous depuis quelques temps et qui font tous partie des Élus ou du moins des humains y ressemblant traits pour traits en portant étrangement le même nom à peu de chose près ??

Murmure de consternation parmi les entités.

- Ce monde qui existe en autant de répliques temporelles qu’il existe de fragments de l’esprit de l’unique, a été créé à l’image de notre planète mère du temps où nos ancêtres commençaient à entrevoir l’univers qui nous entourait alors !! Les Élus viennent tous de notre race mais aussi de cette époque où « lui » aussi aimait partager le quotidien de notre planète, remerciant ceux qu’il aimait en leur donnant le « don » d’immortalité en créant ainsi la caste peu nombreuse des Élus.

- Il aurait recréé notre monde d’origine ? C’est ce que tu prétends mon frère ?

- N’était-ce pas la meilleure façon pour l’unique de revenir à ses sources ? De retrouver tout ce qu’il avait perdu ?

- Ton raisonnement maintenant que tu nous l’as exposé parait logique mon frère !! Pourquoi ne l’avons-nous pas eu plus tôt ?

- Je viens juste d’en avoir la pensée !!

- Mais alors !! Notre planète mère existe toujours en quelque sorte et c’est celle où nous sommes, mais a une période tellement reculée que nous n’en avions pas conscience !!

- En quelque sorte mon frère, du moins pour celle qui est dans le bon espace-temps.

- Ces humains seraient donc nos ancêtres ??

- Je ne dirais pas ça, mais plutôt qu’ils sont la parfaite image de nos ancêtres !!

- Une image plutôt réaliste si nous en jugeons par l’apparition de celles qui dupliquent les Élus !!

- Nous dévions du sujet qui nous préoccupe mes frères !! Je comprends bien la passion que nous éprouvons tous à cette conversation, mais je vous rappelle que nous venons une nouvelle fois d’être témoin d’une rupture du continuum espace-temps et ce sans en comprendre la raison, d’autres que nous finirons par s’en apercevoir à leur tour et dois-je vous rappelez qu’il n’y aura certainement pas que des amis dans ceux-là, l’impérium qui a dû se mettre en place depuis son départ ne cédera pas sa place sans combat.

- Qu’en savons-nous au juste ? Le prince légitime gouverne peut-être par intérim en attendant leurs retours ?

- Je ne crois pas, non !!

- Et pourquoi donc ??

- Les prières !! Crois-tu que les peuples feraient appel à « lui » s’ils étaient heureux et en paix ? Un retour si soudain à la ferveur de masse ne peut indiquer qu’une chose, un très grand malheur est en train de se produire au sein de l’empire !!

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« Au sommet de la dune. »

Pendant que mes amis reprennent des forces en faisant cette sieste bien méritée, je reste là à réfléchir aux conséquences de ce que je m’apprête à tenter et je me rends bien compte que je dois en parler avant à ceux qui seront les principaux concernés, même si je suis certain qu’au final et si bien sûr mon idée réussie, ils m’en seront éternellement reconnaissant.

Mon « absence » de tout à l’heure n’était que pour plonger dans mon esprit, dans un premier temps afin d’y retrouver des souvenirs d’autres vies que j’aurais vécues et qui ne m’étaient encore jamais revenues en mémoire, pour ensuite et c’est là que mes amis sont intervenus, pour m’en donner la puissance nécessaire, d’aller vérifier de visu si j’avais déjà vraiment eu ce « don » qui a fait revenir Thomas.

Ce que je suis ou plutôt ce que je deviens me fait de plus en plus me poser la question de ce qu’a bien pu voir Philippe pour en devenir fou comme je l’ai retrouvé à mon réveil lors de la séance d’hypnose, un plan commence alors à prendre forme dans mes pensées.

Un plan qui me permettrait de voir ce que Philippe a vu sans pour autant lui infliger une nouvelle fois cette démence qui brillait dans ses yeux, mais voilà !! Acceptera-t-il de retenter l’expérience ??

Pour le savoir, le mieux est de le lui demander et pendant que j’y suis, demander aussi à ceux qui sont concernés par mon idée précédente de venir au plus vite également.

Je me concentre donc une fois de plus pour tenter d’entrer en contact avec eux et ce même si ce sera une première fois pour moi d’aussi loin avec quelqu’un d’autre que mon Thomas.

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« Appel mental. »

- Philippe !! Maurice !! J’ai besoin de vous voir rapidement, c’est une histoire de vie pour une mort !!

Je m’apprête à couper la communication quand je me rappelle d’un truc qui me fait bien rire.

- Ah oui au fait !! J’oubliais !! C’est moi…. Florian ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 98 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Envie de sexe)

Maintenant il ne me reste plus rien d’autre à faire qu’attendre, étrangement je me sens en pleine forme malgré l’utilisation assez poussée de mon « don » et je me demande si le fait d’avoir rallié à ma conscience tous ces souvenirs de vies passées, n’y est pas pour quelque chose.

Un dernier soupir avant de clore ces pensées, qui de tout façon n’amèneront pas encore cette fois la compréhension de ce que je suis et que je cherche depuis si longtemps.

Mon attention se reporte alors sur mes trois amis qui m’offrent une vue de leur corps alangui qui je dois bien l’avouer commencent à me donner des pensées libertines, voire cochonnes.

Un petit coup d’esprit en direction d’Antonin pour constater qu’il ne s’ennuie pas avec son « JB », celui-ci agréablement surpris de son manque manifeste de blocages ainsi que de ses manières plutôt directes de prendre les « choses » en mains, lui évitant par là même toutes initiatives que sa pudeur et son manque de pratique lui faisait hésiter à prendre, malgré l’envie manifeste qu’il en avait.

Antonin s’en aperçoit et calme un peu le jeu avec son « petit » copain, le temps pour lui aussi de voir ce qu’il se passe autour de moi et sourire d’amusement en les voyant tous écroulés sur le sable.

« Conversation mentale. »

- Wouah !! Vous ne vous êtes pas ennuyés, à ce que je vois !!

- Ce n’est pas ce que tu crois, je t’expliquerai ! Hi ! Hi !

- Ça te dit de venir nous rejoindre ? « JB » ne demande que ça tu sais et maintenant il n’y a plus aucunes raisons pour que tu l’évites !!

- Comment ça ? Ha !! Je comprends !! Vous n’avez pas perdu de temps !!

- Comme tu vois ! Hi ! Hi ! Alors… tu viens ??

- Ok, j’arrive !! Gardez vos forces ! Hi ! Hi !

- T’inquiète !! Nous avons de la réserve !! Magne tes petites fesses, j’ai hâte de m’en occuper !!

***/***

« Mobil-home. »

Antonin fait un clin d’œil à Jean Baptiste qui se demande bien pourquoi.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Devine qui vient nous rejoindre ?

- ???????

- Florian pardi !! On a juste le temps de prendre une douche vite fait avant qu’il n’arrive !!

- (Jean Baptiste) Quand tu parles de venir nous rejoindre, tu veux dire pour faire l’amour ?

- Bien sûr !! Ne va pas me dire que ça ne te fait pas plaisir surtout, je sais très bien que tu l’aimes et que c’est pour cette raison que tu es venu jusqu’ici !!

- Oui, bien sûr !! Mais si je m’attendais….

- Et bien ne t’attends plus et viens prendre cette douche ! Hi ! Hi ! Florian n’est pas particulièrement adepte des odeurs et ça nous fera du bien en plus, rien de tel pour reprendre la forme !!

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Descendre la dune ne me prend que quelques minutes, je me retrouve donc au mobil home avant le retour de mes deux loustics qui en sont encore à se briquer de la tête aux pieds.

Je calcule que j’ai le temps moi aussi de prendre une douche dans celle petite du mobil home avant qu’ils ne reviennent, m’allongeant ensuite sur le lit pour les attendre.

J’entends enfin leurs pas, la porte d’entrée s’ouvrir et mes deux amis apparaître dans l’encadrement de celle de la chambre, « JB » les yeux soudainement brillants du plaisir de me voir déjà là à les attendre.

Antonin lui prend alors la taille en le guidant doucement vers le lit, je me pousse sur un côté pour leurs laisser la place et « JB » se retrouve tout naturellement au milieu, tendu comme un arc par l’énorme boule de stress qui le prend soudainement à se retrouver près de moi pour ce que nous nous apprêtons à faire.

Antonin me regarde, visiblement troublé par une pensée qui vient de lui venir, son esprit pose alors la question qui lui brûle la langue.

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« Conversation mentale. »

- Tu es sûr qu’il n’y a pas de soucis « Flo » ?

- Non, pourquoi ?

- Je viens juste de repenser à ton copain Damien et je me suis soudainement rapp…

- Ne te fais pas de soucis pour Damien, comme je te l’ai déjà dit j’ai bien réfléchi à ce que m’a dit Philippe sur le fait d’avoir laissé passer sa chance avec « JB » et de toute façon Jean Baptiste semble avoir fait son choix ? J’ai la bonne personne pour Damien maintenant, ou du moins je devrais l’avoir bientôt.

- Tu es sûr ??

- Crois-moi sur parole !! Dans ma tête et sans que je sache encore pourquoi, il ne pouvait en être autrement !! Mais une fois encore rien n’est jamais certain à cent pour cent !!

***/***

Mon attention revient alors sur « JB » qui me semble vraiment mal à l’aise, j’essaie de me mettre à sa place pour comprendre ce qu’il ressent et c’est à l’oreille que je lui parle pour le détendre.

- Tu veux un bandeau comme l’autre soir sur la dune ! Hi ! Hi !

- (« JB ») Je…j’ai…enfin tu comprends… !!!

- Dis-nous ce qui te gêne une bonne fois pour toute, je peux aussi repartir si ce n’est pas ce que tu voulais ?

- Non…non !!! Reste là « Flo » !! Ce n’est pas toi, c’est…les autres !!

CHAPITRE 99 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Envie de sexe) (fin)

Je regarde Antonin qui semble tout autant étonné que moi d’entendre les paroles de notre copain.

- (Antonin) Les autres ?? Quels autres ??

- …..

Je crois comprendre sa pensée.

- Tu te dis que si nous faisons l’amour, les autres penseront qu’ils en auront le droit eux aussi et tu n’en as pas envie, c’est ça ??

- (« JB ») Mais non !! Tu n’y es pas du tout !!! C’est à cause de Damien, ils m’en ont tous parlé en me faisant bien comprendre que je lui étais réservé tu comprends ??

- Ce que je comprends c’est qu’ils devraient s’occuper de ce qui les regarde !!! Réservé ?? C’est quoi cette embrouille ?? Personne n’est réservé pour personne, ici chacun est libre de ses choix et de ses expériences, en plus tu n’as jamais vraiment aimé Damien pas vrai ??

- (« JB ») Si bien sûr, mais juste comme un ami un peu particulier !! Je savais qu’il éprouvait des sentiments pour moi et quelque part ça me faisait plaisir, je n’ai jamais cherché rien de plus avec lui que son amitié.

- (Antonin) Ce n’est pas ce que tu avais répondu à Philippe la première fois que vous vous êtes rencontrés ?

- (« JB ») C’était une excuse que j’avais trouvé pour ne pas faire trop de peine à « Dami ».

- Pourquoi n’as-tu pas dit ça aux autres ??

- (« JB ») C’est qu’ils avaient l’air si sûr d’eux, eux aussi !!

Je ne peux m’empêcher de sourire à le voir si perdu dans ses sentiments, Thomas qui partage mes pensées depuis qu’il est réveillé ressent la même chose et l’attachement que nous portions déjà à ce garçon si gentil et sensible monte alors de plusieurs crans, l’amenant tout naturellement dans le clan encore restreint malgré tout de ceux avec qui nous partageons volontiers notre vie sexuelle.

Je reviens tout naturellement sur la dernière phrase de Jean Baptiste.

- Visiblement ils se sont trompés puisque c’est avec « Tonin » que tu es maintenant, vous êtes bien ensemble pas vrai ??

- (« JB ») Pour ma part je dirais un grand oui !! Mais je ne suis pas seul à pouvoir le dire et « Tonin » vous aime aussi toi et Thomas, ça risque d’être compliqué tu comprends ?

- Pourquoi compliqué ?? Je suis bien là ce soir pas vrai ?? Où ça risquerait de le devenir par contre, c’est si tu n’éprouvais rien pour Thomas parce que l’un ne va pas sans l’autre. Pour Antonin je ne me permettrais pas de parler à sa place, juste vous donner mon ressenti sur ce que moi j’en pense !! Vous allez très bien ensemble, c’est le moins qu’on puisse dire en vous voyant tous les deux et nous sommes …comment dire sans que ce soit mal interprété…. Soulagés…oui c’est le bon terme !! Nous le sommes de ne plus être l’exclusivité amoureuse du blondinet, pas que nous t’aimons moins qu’avant « Tonin » !! Bien au contraire je dirais même, mais nous préférons te savoir avec quelqu’un qui t’aime autant que nous t’aimons au cas où nous serions appelés Thomas et moi à changer une nouvelle fois de réalité.

Mes paroles créent un début de panique émotionnelle sur Antonin, qui ne s’attendait certainement pas à l’idée que nous pourrions le laisser en arrière et son visage devient livide rien qu’à cette pensée, me faisant changer rapidement de place pour me positionner entre eux deux cette fois et pouvoir ainsi le prendre dans mes bras.

- Rien ne dit non plus que ça se fera « Tonin », c’est juste une possibilité qu’il faut prendre en considération et nous serons très certainement plus rassurés maintenant que nous te savons aussi avec Jean Baptiste.

Je me tourne vers « JB » en le prenant à son tour par l’épaule et en le secouant gentiment.

- Et pour toi c’est la même chose, même si nous te connaissons depuis moins longtemps !! Mais pour l’instant nous sommes tous dans cette réalité et il me semble être venu pour quelque chose de bien précis, on attend quoi alors ??

Je souris de voir la moue qu’ils font tous les deux en me regardant, s’observant ensuite du coin de l’œil devenu subitement pétillant de malice pour savoir lequel des deux va prendre le premier les choses en mains et c’est « JB » qui ne résiste plus à l’envie de m’embrasser, envie qui à la façon qu’ont ses lèvres à s’emparer des miennes ne date certainement pas d’hier.

Je pense un bref instant à ce qu’il se serait passé si l’autre Florian avait compris ce qu’éprouvait Jean Baptiste pour lui, j’en ai un frisson d’appréhension dans le dos qui est pris par « JB » comme le plaisir que je ressens à notre baiser et je dois bien avouer que l’instant d’inquiétude précédent passé, c’est l’exact vérité.

Pendant que nos bouches se donnent l’une à l’autre, je sens mon short et mon caleçon descendre rapidement sur mes chevilles pendant qu’une langue fébrile s’insinue en me faisant pousser un son rauque du plaisir que j’éprouve à l’y accueillir.

C’est le début d’une fin de nuit encore une fois mémorable qui laissera autant Antonin que Jean Baptiste sur les rotules, enlacés l’un à l’autre, alors que je pars retrouver mon Thomas dans notre chambre sur la pointe des pieds afin de ne réveiller personne d’autre et qui m’attend de pieds ferme pour soulager son corps de l’énorme excitation qu’il a eu d’avoir suivi mes ébats avec le nouveau couple en date.

Quand je m’aperçois de ses intentions suffisamment visibles ne serait-ce déjà qu’au niveau de son bas ventre tout tendu d’impatience, j’ai un sourire qui l’étonne autant qu’il le trouble en même temps que mes vêtements partent une nouvelle fois dans les airs pour le rejoindre nu en m’étendant sur son corps chaud.

- (Thomas) Ne me dis pas que tu as encore envie après la nuit que tu viens de passer ??

- La nuit ?? Quelle nuit ?? Hummm !! C’est quoi ce truc tout dur que je sens entre mes cuisses ??

- Y a pas à dire, tu n’es vraiment pas normal quand il s’agit de sexe !! Oups !! Tu fais quoi là ?? Arrhhh !! Pas ça « Flo » sinon je vais jouir trop vite !! Arrhhh !!

CHAPITRE 100 (Paris) (Le samedi suivant) (Direction Marketing France de la marque CK)

Irène ainsi que son collègue et ami Bastien, ne sont pas peu fiers en sortant du bureau de leur patron, la présentation que ce soit du spot TV comme celle des photos destinées aux premières pages des magazines a été un vrai succès comme jamais ils n’en avaient encore connu jusqu’à ce jour.

L’engouement général suite à la projection du petit film de vingt secondes a été tel qu’il a fallu le repasser au ralenti avec maintes fois des demandes spécifiques d’arrêt sur image.

- (Irène) Nous avons eu le jackpot cette fois, tu as vu la trombine du patron ! Hi ! Hi !

- (Bastien) C’était couru d’avance !! Rappelle-toi déjà la tête des techniciens au montage du spot ? Je ne les avais encore jamais vus comme ça et j’ai bien cru qu’ils allaient se battre pour savoir quelles images il fallait conserver plus que d’autres.

- Ce qui n’a pas été le cas pour la photo à choisir pas vrai ? Le sourire et la pose de Raphaël sur cette image est superbe, dommage que ce garçon magnifique ait pris la décision d’arrêter !!

***/***

« Pendant ce temps-là, dans le bureau de la direction. »

L’homme en costume cravate s’égosille au téléphone.

- Je veux les meilleurs horaires de diffusion !!! Vous m’entendez ??

- …..

- Comment ça quels Pays ?? Mais tous ceux avec qui nous avons des accords commerciaux, bien évidemment !!!

- …..

- On ne retouche rien !! Je veux la version originale sur toutes les chaînes du monde entier !!

- …..

- Vous n’aurez qu’à faire mettre des sous-titres !! Le son de cette bande est presque aussi important que l’image !! Le rire du petit rouquin est impayable ! Hi ! Hi !

- ….

- Le plus tôt possible !! L’idéal serait pour le début de la prochaine semaine !!

- ….

- Pas de date limite de diffusion !!

- ….

- Il n’y a pas de « mais monsieur », j’ai dit pas de date c’est bien compris ?? Je sens que ce spot va faire notre fortune !!

- ….

- Pareil pour les revues papiers et les posters sur panneaux extérieurs, d’ailleurs il faut en louer d’autres !! Le maximum disponible sur les marchés !! Je veux qu’on voie le sourire de ce garçon avec notre dernier maillot, partout où il y a un potentiel de vente !!

- ….

- Le plus tôt possible également !! Ce serait d’ailleurs bien que les deux campagnes débutent en même temps.

- ….

- Lundi prochain ? Et bien c’est super !! Vous voyez quand vous voulez !!

- ….

- Non !! Ce n’est pas la peine, j’ai déjà envoyé les fichiers à nos différentes directions internationales et ils m’ont donné carte blanche, j’ai l’impression que nos usines vont bientôt tourner à plein régime.

***/***

« Bureaux de Maurice Désmaré, DST Paris. »

Dire que Maurice depuis sa dernière rencontre avec Florian se sent bien dans ses baskets serait une sacrée gageure, sa tête lui fait mal à force de ressasser cette conversation qui a commencé de façon peu orthodoxe par une convocation mentale aussi surprenante que succincte à laquelle il s’est rendu le lendemain matin même, à la première heure et d’y retrouver Philippe ainsi que les frères Louvain ne l’a pas vraiment étonné non plus, sachant déjà que Philippe avait reçu le même appel que lui la veille au soir.

Ce qui par contre lui a amené cette stupeur qu’il ressent encore en ce moment comme elle l’a amené également aux trois autres hommes présents ce matin-là devant Florian, ça a été la demande du jeune rouquin qu’ils ont tous pris au début pour une plaisanterie du plus mauvais goût qui soit mais qui devant le sérieux de Florian a rapidement amené le trouble dans leurs pensées et ce au point qu’aujourd’hui encore Maurice en soit à se demander s’il n’a pas rêvé tout ça.

Après en avoir parlé au président lui-même qui l’a surpris à son tour en autorisant après avoir pris connaissance de la demande, à ce que tout soit mis en œuvre pour la réaliser dans les délais demandés.

La seule condition est l’acceptation écrite de ceux qui sont directement concernés par ce que veut entreprendre Florian et qu’il s’occupe lui-même des demandes administratives afin que celles-ci soient validées au plus vite, ainsi que les papiers idoines qui seront ensuite nécessaires.

Maurice a profité de ce blanc-seing présidentiel pour faire valider dans la foulée les demandes administratives d’Antonin et de Thomas, qui du coup devraient leurs parvenir plus rapidement que prévu.

Ne lui reste plus que la partie « délicate » de la demande, pour ça il va devoir retourner à Aix en Provence mais avant ça avoir une conversation avec son épouse pour connaitre quel serait son ressenti à elle si une telle chose leur était demandé.

***/***

« Hôtel d’Arcachon où ont pris pension les Louvain. »

Les deux couples Louvain sont installés dans une des chambres avec Philippe qui les a rejoints tôt ce matin-là, profitant de ce que Thomas dort au camping pour avoir cette discussion après une nuit agitée où chacun n’a pu trouver le sommeil et pour cause, l’idée de Florian étant de celle qui mettrait n’importe qui dans tous ses états.

- (Alain) Qui a compris la réponse de Florian quand on lui a demandé pourquoi il voulait faire une chose pareille ?

- (André) Qu’a-t-il voulu dire par là ??

- (Philippe) Je pense connaitre ses intentions !! Il a sans doute redécouvert un de ses « dons » enfouis dans sa mémoire.

- (Alain) Un « don » ? Mais de quel « don » nous parles-tu ?

CHAPITRE 101 (Afrique) (Dimanche) (Le couple parfait)

« Clairière des pierres. »

Taha serre sa petite amie endormie dans ses bras, il profite d’être un maximum près d’elle car il ne sait toujours pas quand ni combien de temps il sera absent quand il devra suivre ses deux amis blancs pour prendre l’oiseau de fer qui lui fera traverser l’océan.

Son cœur bat à tout rompre de cet immense bonheur qu’il connait depuis ce jour où il a découvert la transformation de Naomé, en une magnifique jeune femme qui n’a absolument rien perdu de tout ce qui l’attirait déjà vers son ami.

Les mêmes traits de visage quoique quelque peu adouci par des cils plus longs, un corps qui a gardé son aspect athlétique fin et musclé, aux mêmes petites fesses fermes.

Ce qui a changé en Naomé n’est finalement situé qu’au niveau des attributs sexuels, ce qui n’intéressait pas plus que ça Taha quand il était encore un garçon mais qui depuis lui fait souvent sortir les yeux de la tête d’un désir sans cesse renouvelé.

La découverte de la transformation l’a laissé figé et sans voix à l’orée de la clairière, son regard ne pouvant croire à un tel bonheur et c’est Naomée qui s’est précipitée sur lui pour l’enserrer dans ses bras et lui dénoué avec fébrilité la liane retenant son étui pénien, pour se jeter ensuite sur ce sexe tendu qui a toujours été la friandise préférée de Naomé lors de leurs joutes entre garçons alors que lui n’avait alors d’yeux que sur le petit anneau palpitant qu’il savait investir en profondeur quand il en éprouverait l’envie.

Cette fois ci il n’a pas eu le temps d’explorer ce côté de sa nouvelle compagne que déjà celle-ci l’a couché sur le sol pour venir s’empaler sur son sexe et perdre cette virginité qui n’a eu que le temps de dire son nom, avant de disparaitre dans les limbes de l’oubli avec une légère trace de sang comme dernière preuve de son existence.

Depuis lors ils ne se sont guère quittés, passant le jour et la nuit à faire l’amour comme si c’était leur façon de rattraper un temps qu’ils n’avaient pourtant pas perdu.

Taha caresse la petite poitrine ferme de son amie, souriant à sentir une fois de plus les tétons se raidir d’excitation au contact de ses doigts qui les malmènent tout en douceur et il n’est pas surpris d’entendre le petit son de gorge de Naomée qui exprime ainsi son plaisir, comme il n’est pas surpris de la main ferme et chaude, qui vient lui prendre le sexe pour le malaxer tout en douceur et l’amener rapidement à l’envie de la posséder, prouvant également que sa jeune compagne reste avec ses habitudes directes qu’ont les garçons et qu’apprécie au plus haut point Taha, qui a toujours eu horreur des minaudages du sexe opposé.

Naomée lui prend la main dans celle qui lui reste de libre pendant que l’autre continue à le faire raidir encore plus, l’amenant à son sexe déjà tout lubrifié de l’énorme excitation qui la tient à l’idée de recevoir encore le membre de son chéri, qui va une fois de plus lui amener un plaisir qui la laissera exsangue et sans force.

Taha sent la chaleur bouillonnante de ce puits d’amour quand ses doigts y pénètrent, la réaction de Naomée qui se cabre lui fait vibrer son sexe qui lâche alors quelques gouttes de sperme en se tendant à lui faire mal.

Ses doigts caressent l’intérieur humide pendant quelques secondes avant de se concentrer sur le mini pénis tout bandé sortant de sa gaine, qu’il frotte rapidement de son majeur lubrifié, faisant pousser un feulement animal à Naomée qui en tremble d’excitation.

Taha n’en peut plus à son tour, il se redresse sur les genoux pour venir se positionner entre les jambes de sa chérie et les lui prendre pour les mettre sur ses épaules, entrant ensuite en elle avec une virilité affirmée qui amène en retour un cri de jouissance de sa compagne.

Naomée lui plaque ses deux mains sur les fesses pour qu’il entre encore plus loin en elle, ses yeux plongeant dans les siens avec un sourire démontrant toute la complicité de tant d’années d’affection et son regard d’un coup chavire dans un orgasme si puissant que le sexe de Taha est comme comprimé dans celui de son amie, lâchant à son tour le fruit de son plaisir dans un dernier coup de rein viril.

***/***

« Du côté des entités. »

- Quand je vois ces jeunes humains mes frères, je me dis que nous avons perdu beaucoup lors de l’ascension.

- Le plaisir de la chair est ce qui nous rattachait à l’état d’animal !! Nous ne pouvons regretter cela mon frère !!

- Nous aurions dû en rester à l’état physique des élus, un corps génétiquement parfait comme celui que nous avions juste avant l’élévation.

- Cette race en est encore loin, seuls ceux que l’unique a créé à l’image de nos frères possèdent un tel corps, le regard que porte sur eux les autres humains de ce monde démontre combien ils les reconnaissent différents.

- Ceux-ci en font incontestablement partis, ils sont la parfaite réplique de Tahaaa et Naoméeee, identiques à l’image de nos deux frères gravés dans notre mémoire.

- Mais eux peuvent encore avoir une descendance !! Sentez-vous comme moi mes frères les deux embryons en formation ?

- Nous les sentons !!

- La vie donne ce choix !! La transmission par la descendance ou par l’immortalité, nous avons choisi d’accéder à la seconde et avons de ce fait perdu ce droit à la transmission du savoir vers nos enfants puisqu’il restera en nous pour l’éternité.

CHAPITRE 102 (Camping de la dune) (Deux jours plus tard, mardi matin)

« Côté Mobil Home. »

Le petit déjeuner est des plus joyeux depuis que tous savent qu’ils vont profiter de quelques semaines de vacances supplémentaires, Jean s’étant même arrangé pour qu’ils gardent les emplacements actuels qu’ils paient cette fois avec leur propre argent malgré que Michel se fût proposé à leur en faire cadeau.

Les Louvain sont repartis pour quelques jours, le temps de faire les démarches nécessaires à la demande pour le moins spéciale de Florian et Thomas, ou plutôt « cousin » comme ils l’appellent tous maintenant avec amusement, est heureux lui aussi de s’être vu proposer de rester avec la bande qui s’étoffe donc d’un membre supplémentaire.

Il n’a pas été longtemps pour succomber à son tour au charme de tous ces jeunes encore inconnus de lui la semaine précédente, ne résistant pas à l’envie de mieux les connaître et ce même s’ils lui font bien remarquer en se moquant gentiment de lui, qu’il est pour le moment le seul hétéro mâle du groupe.

La seule réserve qu’il a reçue venant de Chloé qui a cru bon mettre tout de suite les pendules à l’heure à sa façon directe de le faire, en lui faisant bien comprendre sans mâcher ses mots qu’il ne serait jamais plus qu’un ami et qu’il doit cesser de la dévorer des yeux comme il le fait depuis son arrivée, s’il ne veut pas se prendre un vent devant tout le monde.

Une fois le message passé, elle n’y a plus fait allusion et le considère maintenant comme un copain à part entière, au plus grand soulagement de tous qui avaient vu passer l’orage avec une certaine appréhension pour la suite de leur future relation.

La matinée ne fait que commencer, aussi c’est avec un certain empressement que les restes du petit déjeuner sont rangés, la vaisselle faite et qu’ils partent en petits groupes ou bien seul comme ils en ont pris l’habitude depuis ces deux semaines, appréciant encore plus ensuite les moments où ils sont tous ensemble.

***/***

Pour ma part, je m’éclipse discrètement pour rejoindre Raphaël, parti depuis déjà un bon

moment pour aider son père et je le retrouve à l’accueil, justement en pleine

conversation avec Jean.

- Je t’assure p’pa qu’avec l’argent que nous avons gagné, il n’y a pas de souci si j’arrête

le mannequinat !! En plus ce sera mieux pour mes études !!

- Tu vas garder ton studio à Aix ?

- Oui !! Il est assez grand pour deux et Éric est d’accord pour emménager avec moi à la

rentrée, ça lui évitera le trajet en bus qu’il se coltinait tous les jours !!

- Comment vont réagir ses parents en apprenant pour vous deux ?

- Ils sont déjà au courant, il leur a dit avant de les quitter pour venir ici ! Hi ! Hi !

Jean regarde son fils avec surprise, c’est là qu’il m’aperçoit et le clin d’œil amusé que je

lui fais, lui donne la réponse à la question qu’il allait poser.

- J’imagine que les souvenirs de Florian sont l’explication du mystère de cet aveu qu’a

fait Éric à ses parents sans encore te connaître ?

- Exact !! Mais com…. !!!

C’est là qu’il m’aperçoit à son tour.

- Ha !! Tu es là « Flo » !! Je me disais aussi !!

- J’étais venu te donner un coup de main, mais je peux repasser plus tard si tu veux ?

- Non !! Reste !! Nous avions fini de toute façon, pas vrai p’pa ?

- (Jean) Je ne vois pas bien ce qu’il y a à faire en milieu de semaine pour s’y mettre à deux ??

- J’ai ma petite idée ! Hi ! Hi ! Pas vrai « Raphi » ??

Jean voit son fils changer de couleur et devenir rouge tomate en gardant néanmoins les yeux fixés dans ceux de son copain, qui ne cille pas en lui envoyant un sourire entendu.

- (Jean) Vous êtes sûrs qu’on parle bien de la même chose ?

- Je ne sais pas pour toi, mais moi et « Raphi » très certainement, oui !! Il n’y a qu’à voir sa tête ! Hi ! Hi ! Il n’y aurait pas un petit bricolage à faire dans un mobil home par hasard ? Je ne sais pas moi !! Un lit qui grince par exemple ?? Qu’on puisse vérifier si c’est bien le cas ! Hi ! Hi !

Jean surpris en comprenant l’allusion à peine caché.

- J’ai dû rater un épisode, parce que là je suis largué !! C’est qui ton copain au final, Éric

ou Florian ?

Je vois bien le regard implorant que Raphaël porte sur moi pour que je réponde à sa place à la question pour le moins embarrassante de son père, je lui fais un petit sourire en coin en faisant ensuite celui qui est de trop.

- Je te laisse expliquer la situation à ton père, je t’attends dehors ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 103 (Camping de la dune) (Mardi matin) (Incertitude)

Thomas est installé confortablement dans un des transats mis à leur disposition, plongé dans ses pensées à se demander comment les choses se passent dans la réalité qu’il vient de quitter et aussi comment Benjamin s’en sort dans son nouvel environnement familial.

Une certaine nostalgie le prend, causée principalement par le manque de l’affectivité qu’il connaissait auprès de sa vraie famille, sachant très bien au fond de lui que ceux qu’il a retrouvé ici ne seront jamais avec lui comme dans sa vie passée et qu’il sera toujours pour eux une énigme même s’ils ne l’avoueront jamais ouvertement, finissant sans doute par l’accepter avec le temps comme l’un des leurs mais certainement pas avec le même amour filial qu’il a toujours connu et qui déjà lui manque.

Yuan l’observe depuis la grande allée de terre battue non loin de là où ses autres copains jouent à la pétanque avec force démonstrations d’amusement, il voit bien que le moral de Thomas s’est soudainement assombri et s’en inquiète suffisamment pour se rapprocher de lui, ne supportant pas plus longtemps de le voir dans cet état évident de morosité alors que tous autour de lui nagent dans le plaisir à profiter de ces vacances prolongées.

- Ça va « Thom » ?

Le grand blond ouvre les yeux, surpris de voir son ami penché sur lui l’air soucieux et lui adresse un grand sourire en revenant à la réalité de ce qui l’entoure, chassant en un instant la nostalgie de ce passé encore trop présent mais sans doute sans avenir qui lui était revenu en mémoire.

- Oui, juste un coup de blues !! Je pensais à toutes les personnes que j’ai laissées derrière moi en me retrouvant ici !!

- Je comprends !! Pas évident d’avoir à refaire connaissance de tous ceux qui avaient de l’importance dans ta vie, pas vrai ??

- Surtout quand tes parents te font bien comprendre que tu ne seras jamais considéré comme leur fils !!

- Bah !! On ne peut pas leurs en vouloir puisqu’ici ils ont déjà le leur !!

- Je vais devoir faire avec, j’espère juste que tout ça finira par s’arranger et que j’arriverai à prendre mes marques dans cette nouvelle vie.

- Pense que c’est comme ça pour Florian depuis qu’il est là lui aussi, beaucoup de choses ont changé pour lui tu sais et pourtant il garde le moral, quoi qu’il lui en ait coûté d’apprendre sur ce qu’était « l’autre » ou encore pour ceux qui n’existent plus dans cette vie et en qui il tenait particulièrement, d’ailleurs en parlant de ça !! Tu penses qu’il va arriver à faire ce qu’il a en tête ?

- Si tu veux connaître mon sentiment, je te répondrais juste que je pense sincèrement que rien ne lui est impossible s’il en décide ainsi !! Maintenant reste la façon d’y parvenir sans qu’encore une fois ça fasse comme pour moi et là je dois t’avouer que je ne vois pas trop comment il compte s’y prendre ?

- C’est aussi la question que je me pose figure toi !! Ça va forcément avoir un impact sur notre vie future.

- Difficile à dire en fait !! Par contre ce qui est certain, c’est qu’il va lui falloir des ressources d’énergie phénoménales car cette fois rien n’a été prévu d’avance comme pour moi par le biais de tous les Antonin des différentes réalités. Je me rappelle ce qui s’est passé dans l’avion ce jour-là, Florian avait tellement puisé dans son énergie qu’il a fallu l’envoyer d’urgence à l’hôpital et il nous a fait la peur de notre vie.

Yuan devient soudainement tout pâle à l’idée qu’il pourrait arriver ici aussi ce genre de chose.

- Il faudrait peut-être le raisonner à ce qu’il n’entreprenne pas un truc pareil, surtout si c’est aussi dangereux pour lui que ça semble l’être !!

- C’est un peu tard pour ça, tu ne crois pas ?

- J’imagine que oui !! Surtout après avoir donné tant d’espoir en n’en parlant comme il l’a fait, mais pourquoi fait-il tout ça bordel !!

- Tu n’as donc pas encore compris ?

- Il l’aime donc tant que ça ?

- Oui, même si pour moi ce n’est pas la raison principale qui le motive.

- Et c’est quoi sa raison ?

- L’amitié tout simplement !!

- Rien que ça ?

- Je ne parle pas d’une amitié ordinaire entends-le bien, celle-là est de celles qui traversent le temps ainsi que tous les obstacles de la vie !! La même que nous éprouvons l’un pour l’autre Florian et moi, la seule différence pour lui est qu’elle est fraternelle avant toutes choses.

- Tu crois qu’il aurait envisagé la même chose pour moi, si je n’avais plus été là pour quelque raison que ce soit ?

- N’en doute surtout pas un instant « Yu » !! Comme n’importe lequel de ceux d’entre nous qui font partie intégrante de sa vie, sinon pourquoi chercherait-il à nous retrouver tous avec autant d’acharnement.

CHAPITRE 104 (Paris) (Mardi matin) (Hôpital du Val de Grâce)

La princesse Masako donne le sein à la petite Aiko qui ne semble en aucune façon avoir de quelconques séquelles du sinistre accident qui les a amenées ici, sous le regard d’Hisashi son époux qui reste néanmoins allongé dans le lit d’à côté et sourit tendrement devant le tableau qu’il a sous les yeux.

« Traduit en Français. »

- Notre fille est magnifique, comme l’est sa mère !!

Masako surprise, se tourne vers son mari en souriant, heureuse de le voir enfin reprendre conscience après tous ces jours de sommeil imposés pour raison médicale.

- Comment te sens-tu mon chéri ?

- Ça pourrait aller mieux !! Mais où sommes-nous ?? Qu’est-il arrivé ??

- Tu ne te rappelles de rien ??

- Non, pas vraiment !! Tout est flou dans mes pensées !!

- Sans doute l’effet des médicaments, tout devrait très vite te revenir et pour répondre à ta question, nous sommes en France !! A Paris pour tout dire !!

- Mais !! Comment ??

Masako lui explique alors tout ce qu’elle-même a pu apprendre depuis son réveil deux jours plus tôt, Hisashi l’écoute sans l’interrompre tellement toute l’histoire lui semble incroyable.

- Tu dis que personne chez nous n’aurait pu nous sauver ??

- C’est en tout cas ce que le professeur Akihito m’a dit, il n’est pas homme à exagérer les choses comme tu le sais !! Tu n’auras qu’à l’interroger quand il viendra faire sa visite, peut être en tireras-tu plus de lui qu’il n’a bien voulu m’en dire.

- Comment ça ??

- Il y a un secret bien gardé semble-t-il sur la personne qui nous a opérés !!

- Mais enfin !! Ça n’a aucun sens !!

- C’est ce que je me suis évertuée à lui faire comprendre, mais il est resté muet comme une tombe et le plus étrange c’est qu’il semblerait que le personnel de cet hôpital ignore tout lui aussi, ils ne l’auraient pas même vu pour pouvoir en faire au moins une description !!

- En as-tu parlé à mon père ?? Lui doit savoir puisqu’il a bien dû autoriser le transfert.

- Ni l’empereur, ni Jun’ichirô ne connaissent son identité !! Les deux Kionai (grands frères) Yakusa qui surveillent l’autre chambre non plus d’ailleurs et crois-moi qu’ils ont tout essayé pour l’apprendre, en restant d’une courtoisie inhabituelle je dois bien le reconnaître !!

Les yeux d’Hisashi marquent la stupeur la plus totale.

- Des Yakusa ici ?? Libres qui plus est !! Comment se fait-il ??

- Ils ne se sont pas présentés comme tels tu dois bien t’en douter !! En fait le petit-fils de leur Oyabun a été lui aussi victime de l’accident et Jun’ichirô a eu le bon réflexe en l’apprenant de vouloir tout faire pour qu’il s’en sorte également, je ne doute pas qu’il en tire une reconnaissance qui le servira dans les prochaines années pour mener quelques politiques à bien.

- Comment va le garçon ??

- Il guérira si c’est ta question !!

- Tout semble aller pour le mieux alors ??

- Pour nous oui !! Mais pas pour tous ceux qui souffrent encore de cet accident, sans compter ceux qui n’y ont pas survécu !! Tout le monde n’a pas la chance d’appartenir à la famille impériale, ni à d’autres toutes aussi influentes !!

- Je sens de la rancœur dans ta voix, tu aurais préféré nous voir morts ??

- Non bien sûr !! Mais tous ces pauvres gens qui souffrent m’attristent et je ne peux rien faire pour eux, alors que j’ai la chance d’avoir tous ceux qui comptent près de moi.

- La vie est faite ainsi, ce n’est ni toi ni moi qui pourront y changer quelque chose !! Je suis certain qu’ils sont soignés au mieux chez nous !!

Des pas dans le couloir venant dans leur direction les font s’interrompre en tournant la tête vers la porte de leur chambre, celle-ci s’ouvre pour laisser apparaître le professeur Akihito accompagné de son staff et celui-ci sourit, visiblement rassuré de voir que le prince a repris connaissance.

- Ha !! Votre altesse est enfin réveillée !! Comment vous sentez-vous ?

- Le mieux qu’il soit semble-t-il possible, vu ce que je viens d’apprendre !! Pourquoi donc faire tant de mystères sur la personne qui nous a sauvés ??

- Je prie son altesse de m’excuser, je ne suis pas autorisé à en parler et ce n’était que sous cette condition que nous avons pu vous transférer ici, le gouvernement de ce pays tient à garder secrète l’identité de cette personne et sachant ce que j’en sais, je ne peux qu’aller dans leur sens.

- Mais enfin !! Qu’a donc cet homme de si spécial ??

Akihito est tiraillé entre sa promesse et le respect qu’il éprouve pour cet homme qui un jour succédera à son père sur le trône de l’empire du soleil levant, une phrase du jeune garçon lui revient alors en mémoire qui le soulage un tant soit peu de pouvoir au moins apporter un début de réponse.

- Tout ce que je peux révéler à vos altesses, c’est qu’il se fera connaître de vous en temps utile !!

- Comment pouvez-vous affirmer une telle chose ?

- Parce que ce sont ses paroles, il…comment dire…semblait bien connaitre la princesse ainsi que la petite Aiko, il l’a d’ailleurs appelée par son prénom avant même de déclencher l’accouchement comme s’il n’ignorait rien d’elle !!

Masako regarde le chirurgien avec les yeux exprimant la surprise la plus totale.

- Il a donné le prénom de mon enfant ?? Comment cela se peut-il puisque nous en avions gardé le secret, nous attendions mon époux et moi qu’elle vienne au monde pour l’annoncer officiellement, l’empereur lui-même l’ignorait !!

- Je vous assure princesse qu’il a bien nommé la petite Aiko par son prénom, c’était juste après vous avoir embrassé sur le front en vous nommant comme son amie !!

Le prince voit bien toute l’incrédulité qui peut se lire sur le visage de son épouse, il croit bon alors envoyer une pointe d’humour pour la détendre quelque peu.

- Sans doute un de tes nombreux prétendants d’université éconduits ma chérie ?

La réaction du professeur et de son staff le laisse alors à son tour tout comme la princesse, dans la plus grande des stupéfactions quand perdant toutes retenues, ils éclatent de rires à en pleurer.

Fin du livre 3 tome 3

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