C'était par un tendre matin d'hiver que Juliette d'Or Hidalf fut réveillée en sursaut par des cris épouvantables. Elle se demanda si peut-être elle était encore en plein rêve. Après tout, les cris qui l'avaient tirée de son sommeil ne semblaient pas bien réels. Elle tenta donc dans un premier temps de se rendormir.

La porte de sa chambre s'ouvrit à la volée, la faisant sursauter alors que M. Hidalf lui demandait si elle allait bien. Il semblait nerveux, ce qui rendait la fillette craintive de voir son père essayer de la rassurer. Cela causait surtout l'effet inverse.

Elle prit sa poupée préférée dans les bras quand son père sortit de la pièce. La fillette resta dans la pièce, attendant avec angoisse que les cris cessent. Elle venait de comprendre que c'était la voix de sa mère qui résonnait jusqu'à ses oreilles, mais son père lui avait ordonné de rester ici pour le moment. Il lui avait assuré que sa mère n'était pas en train de mourir, mais la petite Juliette éprouvait un sérieux doute à ce sujet.

D'habitude très enjouée, la fillette semblait à présent tétanisée. Elle se mit près de la fenêtre de sa chambre, soufflant un peu dessus. Une petite buée se dessina quelques minutes sur les vitres avant de disparaître. Au dehors, un épais brouillard était tombé sur le manoir de sa famille, engloutissant le paysage, semblant étouffer la lumière même du soleil.

L'attente sembla durer des heures, avant que finalement, les cris ne cessent. Juliette se précipita hors de sa chambre, pensant que si les cris avaient cessé, c'était que sa mère était morte. De grosses larmes roulaient sur ses joues alors qu'elle entrait dans la chambre de ses parents.

Un sourire se dessina pourtant sur ses lèvres en voyant que sa mère n'avait rien. Elle paraissait épuisée, son front luisait de sueur, mais elle semblait tout de même radieuse. Elle remarqua d'ailleurs que le ventre de sa mère semblait avoir perdu l'étrange rondeur qu'il avait gagné au cours des derniers mois.

Elle s'attendait à un repos bien mérité, maintenant que les cris avaient cessé, mais ses espoirs furent anéantis par des vagissements. La petite Juliette tourna la tête vers un landeau proche, et vit avec stupeur un minuscule bébé qui y remuait, la figure toute rouge et frippée. Elle se fit la réflexion que le bébé était laid, mais surtout qu'il était bruyant.

La fillette fut indignée lorsque ses parents ne lui laissèrent pas le choix de mettre ce bruyant petit être hors de la maison le temps qu'il se calme. À quatre ans, elle était encore trop petite pour se rendre compte de l'absurdité de son attente. Après tout, c'était injuste qu'on la prive de sommeil de la sorte, les cris du bébé semblaient résonner dans le manoir. Mais rien à faire.

Elle jeta un regard furieux au bébé, ses grands yeux noirs lui transmettant toute la colère qu'elle avait en elle à cet instant.

Les mois passèrent, et avec eux, la patience de Juliette d'Or fondit rapidement. Elle avait fini par abandonner tout espoir de dormir correctement la nuit, sans être réveillée. Sa petite soeur, nommée Juliette d'Argent en raison du manque d'imagination de leur père, pleurait à chaudes larmes toutes les trois ou quatre heures, tirant sa soeur aînée de son sommeil.

La fillette apprit tout de même à aimer ce bébé, même si elle espérait secrètement qu'il n'y en n'aurait pas d'autres par la suite.

Ses espoirs furent une nouvelle fois anéantis lorsque le ventre de sa mère s'arrondit de nouveau plusieurs mois plus tard.

Décidément, elle n'avait pas de chance.

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Disclaimer : ce petit texte était un OS mettant en scène les personnages de la saga Mathieu Hidalf, écrite par Christophe Mauri. Je n'en possède pas les personnages, juste les mettre en scène dans ce petit défi. Je les réutiliserai très souvent, c'est un univers que j'aime beaucoup.

J'espère que vous avez aimé, bonne journée !