Chapitre 78 - Retour à New York

6 minutes de lecture

Shany n’était pas mécontente de pouvoir prendre un long courrier avec des compagnons de voyage. Elle regarda sa sœur s’installer dans l’avion aux côtés de ce “Laurent Joly”. Il lui semblait très surprenent qu'ellle s'entende avec lui car il n'était pas du tout son genre. Cela dit, elle le raillait régulièrement pour son manque de réflexion pratique et parfois même sur son mode de vie. Elle regarda son téléphone : il était huit heures. D’ici une petite demi-heure, ils allaient s’envoler pour New-York et donner à Clara, ce qui devait être le traitement définitif de sa maladie.

*

Patrick s’était légèrement assoupi sur le canapé lorsque son téléphone se mit à vibrer et que la petite musique lui indiquait qu’il avait reçu un SMS retentit. Il se frotta les yeux et tendit le bras au maximum pour attraper du bout des doigts l’appareil posé sur la table basse.

« Venez dès que vous pouvez. On a retrouvé Clara. Urgent. »

Patrick lut le message plusieurs fois. La fatigue n’aidant pas, son cerveau resta bloqué une bonne minute avant qu'il n'en comprenne le sens. En descendant l’escalier, Patrick tenta d’appeler Jennifer mais il tomba directement sur le répondeur.

« Salut chérie, j’ai une bonne nouvelle : l’infirmière de l’hôpital vient de m’envoyer un message pour me dire qu’ils avaient retrouvé Clara. Je n’en sais pas plus. Je file à l’hosto. Je te rappelle de là-bas dès que j’ai davantage d’informations. Je t’embrasse. »

*

Lorsqu’il arriva à l’hôpital, Patrick se rendit directement à l’accueil pour connaitre le service dans lequel sa fille avait été intégrée. L'accueil le renvoya au niveau des urgences. Il descendit donc d’un niveau et quand il arriva sur place, il trouva une agitation qu’il n’avait jamais connue. Les gens paraissent passablement nerveux et troublés. C’était à la hauteur du hall d’entrée que tout semblait se jouer car Patrick vit en plus des gyrophares habituels des services de secours, il remarqua ceux de la police. Leur présence n’était pas très discrète et cela d’autant plus qu’il semblait aussi que deux ou trois caméras de télévision et journalistes tentaient tant bien que mal d’entrer.

La femme qu’on devinait être la responsable des urgences parlait fort pour intimer l’ordre aux forces de l’ordre de bien vouloir mettre dehors toute la clique médiatique.

« Savez-vous ce qu’il se passe ? demanda Patrick à la fille postée à l’accueil.

— Vous n’êtes pas au courant ? Une petite malade s’est fait kidnapper, il y a quelques jours et son ravisseur vient d’être appréhendé. A priori, quelqu’un a dû lâcher le morceau aux médias ou bien, ils ont choppé l’info sur les fréquences de la police. En tout cas, ça fiche un beau bazar par ici. Vous cherchez quelque chose à part cela ?

— Oui, ma fille, Clara Cunningham. »

La jeune femme ouvrit de grands yeux.

« Vous êtes le père de la gamine kidnappée ?

— Kidnappée ? répéta Patrick, l’air un peu hébété. »

Il ne s’attendait pas du tout à cela. Bien entendu, depuis que Clara avait disparu de l’hôpital, le kidnapping avait été présent parmi les options évoquées par les responsables de la sécurité qui avaient averti la police, mais à aucun moment, Patrick n’avait envisagé sérieusement l’hypothèse. La vidéo-surveillance n’avait rien donné de probant pour aller dans ce sens.

« Kidnappée par qui ? »

La jeune femme de l’accueil qui s’était un peu laissée emporter par l’ambiance hésita d’un seul coup à répondre. Elle avait entendu par l'intermédiaire de ses collègues qu’il s’agissait probablement d’une femme mais l’information n’avait rien d’officiel et elle se sentait gênée de donner une indication au père de la victime sans aucune certitude.

« Tout ce que je sais ne sont que des paroles échangées dans un couloir et je ne voudrais pas vous donner de mauvaises informations.

— Où est ma fille déjà ?

— Ah oui ! Elle est partie en soins intensifs et je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant.

— C’est possible de la voir ?

— Pour l’instant, je ne pense pas mais je vais passer un coup de fil et je reviens vers vous tout de suite. »

*

Jodie entra dans un bureau qui devait être celui du personnel de sécurité de l’hôpital, escortée par les deux policiers qui l’avaient appréhendée en sortant du véhicule des secours.

« Est-ce que quelqu’un va bien vouloir m’écouter ? Je ne suis pas une criminelle, bon dieu ! J’ai appelé les secours pour la ramener ici justement parce que son état s’est brutalement détérioré ! »

L’un des deux hommes lui fit s'asseoir. En un sens, Jodie était soulagée de rester dans l’enceinte de l’hôpital car s’ils l’avaient emmenée directement au poste de police, là, elle aurait considéré que les choses étaient vraiment mal embarquées.

« Inspecteur Coleman, je suis responsable de l’enquête. Vous avez une carte d’identité ? »

Jodie fouilla dans la poche arrière de son jean. Par un heureux hasard, elle avait pensé à attraper son petit portefeuille juste avant de suivre les secours dans l’ambulance. « Jodie Taylor. C’est quoi votre relation à la victime ? »

Au mot “victime”, Jodie eut du mal à contenir un certain énervement mais il fallait bien réfléchir à ce qu’elle allait dire. Elle était embarrassée : comment expliquer qu'elle ignorait pourquoi elle avait hébergé Clara durant deux jours tout cela sur un coup de fil d’une tante de la victime qui se trouvait de l’autre côté de l’atlantique. Clara n’était pas en état de corroborer son témoignage.

« Je n’ai pas de relation avec Clara et Clara n’est pas une victime. En tout cas pas de moi. Je suis seulement l’amie de sa tante. »

Jodie raconta la soirée de vendredi, l’arrivée de Clara à l’appartement, le coup de fil à Shany jusqu’à l’appel aux secours. Les deux policiers écoutèrent son récit sans dire un seul mot. L’un des deux ne put s’empêcher un commentaire :

« Votre histoire est un peu tirée par les cheveux. Comment une gamine de quatorze ans dans l’état de santé où elle est, pourrait-elle avoir l’idée de fuguer et de se rendre chez l’ancienne colocataire de sa tante ? Et cela en prenant des risques pour sa santé ? »

Cette réflexion de l’homme lui parut complètement lunaire.

« Peut-être parce que vous imaginez qu’être atteint d’une maladie pour laquelle on n’a aucun traitement, c’est la même chose qu’attraper une grosse grippe. »

L’inspecteur Coleman serra les dents quelque peu piqué au vif par la raillerie de Jodie. Au cou, il portait une cicatrice qui vira au rouge, tant il était contracté. L’autre homme dont le visage n’avait laissé échapper aucune espèce d’émotion durant l’entretien, fit signe à son collègue qu’il voulait sortir de la pièce, sûrement pour discuter de son cas en privé. Jodie détourna la tête et regarda sa montre : il était deux heures du matin. Elle n’était pas sortie de l’auberge. Il fallait absolument qu’elle trouve un moyen de contacter Shany.

*

Patrick faisait les cents pas devant le comptoir d’accueil en attendant le retour de la jeune femme partie à la pêche aux informations. Au bout de cinq minutes qui lui parurent durer une éternité, elle revint et lui annonça que Clara était toujours en soins intensifs et qu’il n’était pas possible pour l’instant de monter la voir. Il ne put s’empêcher de grogner.

« En revanche, j’ai croisé les gens de la police qui ont intercepté la ravisseuse et ils veulent vous parler.

— La ravisseuse ? »

L’infirmière mit sa main devant sa bouche. Elle en avait un peu trop dit.

« Je vais vous emmener les voir et dès que j’ai du neuf concernant votre fille, je viendrai vous prévenir immédiatement. »

Elle invita Patrick à la suivre et bien que cela ne l'enchantât guère, il la suivit, un peu curieux tout de même d’en savoir plus sur cette histoire de kidnapping.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire EleonoreL ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0