30 décembre 1860
Théodore,
L’autre nuit, je me suis réveillé tout tremblant de peur, terrorisé par le tic-tac de la pendule de ma chambre. Ce son effroyablement constant qui me narguait dans l’obscurité de la nuit, sans avoir à redouter quiconque ou quoi que ce soit…
Justine est entrée dans la pièce. Elle est revenue une deuxième fois, une troisième fois, puis j’ai perdu le compte. Le pot de chambre à la main, elle me dit j’ai fait du sang. Un rire cynique envahit mon esprit. Le sang. La maladie. La souffrance. La mort.
Ah, mon frère… Que peut bien connaitre cette malheureuse servante des tracas qui sont les miens ? Elle m’annonce que je fais du sang, comme on annonce à quelqu’un que sa commande a été livrée.
Je fais du sang. Ces mots se synchronisent avec insolence sur le tic-tac de l’horloge.
Je. Fais. Du. Sang.
Dès le lendemain, j’ai congédié l’infortunée Justine et j’ai fait don de l’horloge à un ébéniste.
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