Rubrique nécrologique de la Gazette de Pondichéry, 1er janvier 1861
Théophile Constant-Bonnaventure, héritier estimé des mines d’extraction de diamants Constant & Fils, s’est éteint dans la nuit du 31 à l’âge de vingt-cinq ans. Il laisse un frère, et un associé de surcroît, éploré : Théodore Constant, trente et un ans. Le cadet des fils Constant avait contracté le paludisme depuis plusieurs semaines, sa pathologie ayant été aggravée par la récente morsure d’une veuve noire.
Dans des lettres retrouvées à son domicile qu’il écrivait en étant persuadé de se trouver à Paris, au comble de la désorientation spatiale, il faisait part de ses mésaventures avec un certain « magasin des suicides », fruit d’un délire psychotique causé par le paludisme.
Dans ses derniers instants de vie, son frère le décrit comme paranoïaque, particulièrement irritable, sujet aux hallucinations. Le témoignage d’un domestique confirme cet état de folie avancé : Théophile Constant était apparemment persuadé d’avoir conclu un pacte avec la mort, se la représentant physiquement sous les traits de la veuve noire.
Après un violent accès de fièvre dans la nuit, Théophile a été retrouvé pendu dans le jardin de la propriété familiale. Un domestique aurait remis à Théodore Constant un mot griffonné à la va-vite par son frère, tombé de la poche de son veston, sur lequel il était écrit :
« Je l’avais promis à la mort. Maintenant nous sommes quittes ».
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