Chapitre 73

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MILAN

J'enfile ma seconde peau aux couleurs kaki, une combinaison de vol très confortable qui va assurer ma protection durant ma carrière à venir. Je termine de nouer mes rangers et c'est dans la cour des grands que je joue à présent. L'uniforme je le porte plutôt bien, je fais bel homme dedans et pour une fois que j'affiche un air sérieux. C'est ce qu'il va falloir pour valider ma formation de pilote de drône à la base militaire de Nancy et je ne compte pas m'arrêter là j'envisage de poursuivre sur ma lancée une formation pilote. Deux fermetures éclairs décorent mes poches au niveau de mon torse, un drapeau français est présent et un peu plus bas sur ma jambe, un emplacement pour une carte géographique.

Je me relève et engage la première enjambée pour rester avec mon groupe. Mes collègues sont soit plus vieux que moi ou bien c'est moi qui fait gamin pour mon âge. C'est la première impression que ça me fait sur le coup et mon mètre soixante-dix n'arrange pas les choses. Heureusement, je suis plutôt musclé et j'ai une forme physique bien conditionnée. Je perçois une certaine concurrence de la part de mes collègues à leur façon de défier du regard tous ceux qui les entourent. Chacun se croit meilleur que les autres et veut ressortir major de la formation. Cela ne me fait pas peur, je croise les bras contre mon torse, me grandit de toute ma hauteur et me mets à faire comme eux, à les toiser sans relâche. En tout cas ça pue la testostérone à plein nez ici ! Pas l'ombre d'une gazelle. Mes yeux de prédateur ne repèrent aucune silhoutte dotée d'une paire de seins et de fesses.

Les instructeurs entrent dans la pièce, les bavardages cèssent et tout le monde se met au garde à vous. J'imite également mes collègues en regardant bien loin à l'horizon. L'instructeur me jette un oeil au passage, je ne bronche pas seuls mes yeux sombres le suivent lorsqu'il se déplace.

C'est un homme très mince d'un mètre quatre-vingt environ, je dirai à vue d'oeil la cinquantaine. Une coupe '' executive contour ''. Ses cheveux sont bruns et peu épais, sa moustache le rend aussi plus sévère.

  • Hé bien il y a l'air d'avoir du beau linge là-dedans ! Mais tâchez de ne pas vous déconcentrer jeunes gens. Ici, il n'y a place que pour les meilleurs ! Les pilotes de l'élite nancéienne ! Un manque de motivation et c'est un aller à la maison sans retour qui vous attend ! Je suis votre instructeur Hans Munsch ! Vous pensez pouvoir prétendre à une place sur ce palmarès ? Dit-il en désignant le tableau d'affichage au fond de la salle.

  • Oui, je le pense !

Je le fixe dans les yeux avec fierté le sourire jusqu'aux oreilles ce qui semble amuser certains de mes collègues.

  • C'est plutôt prétentieux de votre part conclut-il. Mais j'aime plutôt ça ! Aspirant ?

  • Bonnier ! Monsieur.

  • Vous êtes bien sûre de vous Aspirant Bonnier mais n'oubliez pas qu'il y a du potentiel dans chacun d'entre vous !

  • Affirmatif instructeur, j'en suis conscient.

L'instructeur Munsch poursuit sa fin de présentation puis il déroule un écran pour projeter quelques informations concernant ce premier cours. Je suis penché sur mes notes, tenant mon stylo bille noir dans ma main droite m'appliquant pour pouvoir me relire à l'occasion. Le regard d'un collègue se ressent sur moi, je finis par tourner la tête dans sa direction. C'est un sourire provocateur qu'il me lance tout en mâchant avec insolence son chewing-gum.

Lorsque le moment de la pause arrive, je me dirige avec la foule de pilotes dans les grands couloirs de la base militaire. On me tape sur l'épaule, je me retourne pour me trouver face au grand blond qui avait osé me défier du regard, il mâche toujours de manière exagérée avec encore son large sourire.

  • Je crois que tu n'as pas bien capté ! S'exclame t-il en s'approchant à quelques centimètres de mon visage.

  • Capté quoi ?

Je m'affirme en bombant mon torse quasiment contre le sien.

  • Qui est le meilleur de cette promotion ! S'exclame t-il fier comme Artaban.

  • Je serai le meilleur pilote de drône de cette promotion et de loin ! Sans me venter. (Mon regard lui demande qui il est).

  • Rainer Küchin ! On se reverra Bonnier !

  • Alors là tu peux compter sur moi ! Hors de question de te donner le plaisir de me devancer.

Je lance mon regard malicieux à Küchin en diagonale avant de faire mon sourire charmeur à une jeune femme que je viens tout juste de repérer. Je lui adresse un respectueux signe de tête.

  • Tu crois que tu vas arriver à suivre chérie ? Ta place n'est pas plutôt dans la cuisine ? S'exclame un jeune homme tout aussi fanfaron que nous. Les autres explosent de rire. Il ne faudrait pas que tu te casses un ongle beauté !

La demoiselle lui adresse un doigt d'honneur franc d'un geste distingué où elle finit par le porter à sa bouche. Elle a l'air d'avoir du tempérament, ça me plait bien.

  • Tu n'es pas cool ! Le machisme est révolu. Je suis sûre qu'elle en a dans le ventre la petite ! Dis-je en lui faisant un clin d'oeil.

  • Je te remercie Bonnier mais je sais me débrouiller toute seule ! Rétorque t-elle. Ce n'est pas un chacal comme lui qui va m'impressionner ! Un coup de pied dans les couilles et je reprends le dessus.

  • La pause est terminée, jeunes gens suivez-moi jusqu'au hangar il faut que je vous présente les drônes MQ-P Reaper, des vraies petites merveilles ces appareils ! Nous allons composer les équipiers s'exclame l'instructeur Munsch.

Le MQ-9 Reaper se dresse devant nous, je dois avouer que c'est un chouette joujou. Mes yeux brillent déjà devant cet engin d'une envergure de vingt mètres et d'une longueur de onze mètres.

  • Il peut atteindre une vitesse de 480 km/h, son rayon d'action est de 1.850 km et son altitude de vol est de 15.200 mètres ! Avec celui-ci vous exécutez des missions aériennes de renseignement ou d'appui feu depuis une base aérienne ou un théâtre d'opérations ! C'est un environnement informatique danse et complexe et cela vous permet de communiquer de manière efficace avec les autres membres d'équipage et les troupes. Le système de ce drône est composé d’aéronefs pilotés à distance. Il est notamment équipé de capteurs optiques,radars très performants et d’armement guidé laser afin de détruire des cibles fixes ou mobiles. Nous explique Munsch. L'équipage de cette merveille se compose de quatre aviateurs avec des tâches bien précises ! Le responsable de la mission est le pilote à distance. Il gère les communications avec les organismes de contrôle et l'opérateur capteur en charge du guidage laser des munitions. Ils composent le cockpit de conduite. Ensuite, il y a le coordinateur tactique qui assure l'interface avec l'extérieur du cockpit et l'opérateur image qui réalise des captures d'écran destinées à fournir une aide aux différentes autorités. Ils composent le cockpit de renseignement.

Je zieutte de tous les côtés me demandant bien qui seront mes équipiers mais une chose est sûre je n'ai pas envie de faire équipe avec Küchin. Pour devenir un pilote de l'élite, je veux me battre contre les meilleurs et c'est ce qui se dégage de Rainer.

Munsch relit sa fiche avant de reprendre la parole.

  • Milan Bonnier vous serez le pilote à distance ! Gretel Marx l'opérateur capteur ! Ludwig Pétry le coordinateur tactique et pour finir Iseline Jäger l'opérateur image ! Déclare t-il avant de passer aux suivants.

Je me dirige vers mon groupe d'équipiers qui est en train de se former pour leur serrer la main. Je constate qu'il y a une seconde femme dans cette promotion, je verrai bien si j'ai une petite chance avec l'une d'elles mais il ne va pas falloir que je fasse trop le con ce sont tout de même mes équipières ! Ludwig est mon voisin de vestiaire, nous avions échangé quelques mots précédemment lorsque nous avions enfilé notre uniforme militaire. Un gars très sympa qui n'a pas l'air de se prendre la tête et Gretel est la jeune femme qui a remis à sa place le coéquipier de Rainer. Iseline a l'air déjà plongée dans ses réfléxions, je ferai connaissance avec elle à l'occasion pour l'instant je reste concentré dans ma formation.

Avec deux heures de pause, nous nous dirigeons au self avant d'entamer l'après-midi sur un cours de pilotage de micro drône pour commencer à les avoir en main avant de jouer avec les plus gros. Des pilotes de chasse nous rejoignent déposant leurs plateaux juste à côté ou en face de nous.

  • Spencer enchanté ! Déclare l'un d'entre eux. Je lui empoigne la main en me présentant à mon tour. Bienvenue à vous quatre alors ! Lui c'est mon navigateur ! On vient juste de terminer notre formation de pilotes de chasse. Vous verrez l'ambiance est top ! Mais un peu compétitive je le reconnais ! J'ai vingt-six ans et vous, vous sortez du bac ou vous avez fait autre chose après ?

  • J'ai un peu plus de dix-huit ans, je sors du bac et je suis le fils du Commandant Bonnier du SDIS 54 ! Ce genre de métier m'a toujours passionné alors je me lance et je voulais faire quelque chose de différent de mon père. J'ai postulé pour être formé en tant que pilote de drône !

  • C'est très recherché actuellement confirme Spencer. Et les technologies se développent de plus en plus, un véritable métier d'avenir. Hum ce nom me dit vaguement quelque chose, je n'ai pas tellement à faire aux sapeurs pompiers. Ils viennent de temps à autre s'entraîner ici dans les souterrains mais c'est rare que je sois en contact avec eux. Si tu as besoin de conseils ou des questions n'hésites pas, on a touché un peu à tout ça !

  • Merci à toi répondis-je. Ça doit être dingue les sensations d'un rafale ou d'un mirage ! Et toutes les voltiges possibles ! Je suis admiratif !

  • Oh que oui ça l'est confirme Spencer. Faut savoir garder son sang froid et les toutes premières voltiges tu as les pétoches ! Niveau sensations t'en prends plein la vue ! Peut-être qu'un jour tu pourras monter derrière moi qui sait, quand tu connaîtras un peu mieux les bases. Je t'emmène au septième ciel en deux de deux !

  • Ah ! Ne me taquine pas ! C'est volontiers que j'accepte de m'envoyer en l'air avec toi !

Nous nous mettons à rire de bon coeur, les filles sont un peu mal à l'aise devant notre façon de déconner qui est typiquement masculine.

Toutes les deux discutent entre elles alors que je fais plus ample connaissance avec Ludwig, Spencer et son navigateur. Küchin me fait un signe de tête avec son air prétentieux, j'en fais tout autant en lui levant mon verre.

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