Chapitre 77
LOU
La porte d'entrée s'ouvre je fronce les sourcils en voyant mon frère entrer, je termine ma pause cuillère devant ma bouche entrouverte pour en avaler le contenu.
- Mais où étais-tu passé ?! Ça fait une demi heure que l'on t'attend. On a faim nous et demain je te signale que l'on travaille tous enfin moi j'ai mes cours je ne voudrai pas me coucher trop tard !
- Juste passé voir une copine, détends-toi soeurette me répond Milan. C'est bon je suis là.
- Milan tant que tu seras sous notre toit il y a des heures à respecter ! Tonne notre mère. Nous avons un rythme qui nous permet de profiter ensuite de la soirée alors ne nous fait plus attendre. Assieds-toi maintenant !
- A cela j'ajoute qu'il va falloir que tu restes concentré sur ta formation à l'armée, ce n'est pas en levant le cul à droite à gauche que tu réussiras. Les filles d'un soir ça passe en second plan renchérit papa d'une voix autoritaire.
- Oh mais c'est bon ? Vous avez décidé de tous vous monter contre moi ! Fait chier ! Rétorque Milan d'un ton agressif.
- Je te conseille de baisser le ton et de parler correctement ! Répond mon père en pointant son index vers mon frère. Cela ne me plaît pas du tout cette insolence ! Tu es en retard alors je ne veux plus t'entendre !
Milan croise les bras en se plaquant contre le dossier de sa chaise dans un soupire très désagréable. Il ne répond rien vu le regard menaçant que lui lance papa. Ma main se pose sur son bras que j'effleure affectueusement en le regardant dans les yeux.
- Par contre, tu peux peut-être nous raconter ta première journée à la base militaire ? Ça ça nous intéresse petit frère.
- C'est un temps qui a été enrichissant, j'ai pu rencontrer d'autres jeunes hommes et jeunes femmes d'horizons différents avec des valeurs qui le sont tout autant à partager. Je n'ai pas eu de mal à m'intégrer lors de ce premier jour, j'ai vu aussi à qui j'avais à faire et qu'il va falloir que je me batte pour être le meilleur de toute la promotion ! J'ai pu prendre les commandes d'un mini drône et effectuer quelques exercices simples avec mes équipiers, j'en ai trois et forcément on s'est donné des sobriquets de pilotes. C'est passé très vite et j'ai hâte d'être demain pour me dépasser dans des entraînements physiques ! Ça ne me fait pas peur avec tout ce que tu m'as appris Papa ! Je pense pouvoir me débrouiller !
- C'est l'occasion pour toi de faire de nouvelles rencontres, d'élargir ton cercle d'amis et surtout d'apprendre pleins de choses intéressantes dis-je. Ah, vous venez à peine de commencer que vous êtes déjà en compétition ? Ça ne m'étonne pas de toi après tout ! Je serai curieuse de connaître ton surnom de pilote...
- Milan, ne sous estime pas les entraînements de l'armée affirme notre père. Ils sont d'une intensité physique de haut niveau, c'est autre chose.
- On me surnomme El Pretencioso ! Déclare t-il en se levant les bras écartés en diagonales dans un geste théâtral.
Nous explosons de rire, je n'arrive plus à m'arrêter qu'il finit par me broyer les côtes d'un coup de coude bien calculé.
- Pourquoi je ne suis pas étonnée ? Se moque Maman. Mais chéri ne te mets pas trop en avant comme tu as l'habitude de le faire, tu risques de vite te faire remettre à ta place. Sinon je suis contente que tu aies apprécié ce que tu as vu aujourd'hui.
Les discussions vont de bon train, nous débarrassons notre repas avant de filer chacun dans notre chambre. J'embrasse mes parents en leur faisant aussi un petit câlin avant d'aller dans la mienne. Milan se met à gratter sur les cordes de sa guitare comme à son habitude, j'espère qu'il ne le fera pas trop tard je suis un peu fatiguée de ma journée. Je surélève mon oreiller contre la tête de lit pour écrire quelques sms devant la télé à Aïna pour planifier notre journée de demain.
Aïna. '' Coucou beauté d'amour, tu commences à quelle heure demain tes cours d'archi ? Je pensais que l'on pourrait prendre le petit déjeuner toutes les deux avant que ça commence ? Se rejoindre aussi à midi pour manger un bout à l'extérieur. Tu me manques ! Bisous ma belle et bonne nuit si tu t'es déjà endormie. ''
'' Salut ma bombasse, 9 heures et toi ? Si nos emplois du temps s'accordent volontiers ! De toute façon, on a cours en commun la dernière heure de dix-sept à dix-huit heures donc on peut dans tous les cas se voir une heure juste après. J'ai hâte de te faire un câlin, miss you. ''
Aïna. '' Génial on peut se retrouver à la boulangerie Cilla à huit heures ! Je termine à 13 heures les cours du matin. "
'' C'est noté, ça nous laissera le temps de discuter un moment. Ah c'est râpé pour le repas de midi, je termine à 11h30 le matin. A voir le soir si on a la motivation d'aller se promener une petite heure mais je ne dois pas rentrer trop tard. "
Aïna est aux études d'architecte ingénieur ce qui fait que nous ne sommes pas dans la même classe mais nous avons la chance d'avoir des cours en commun.
'' Je vais me pieuter meuf, à demain je t'aime fort. "
Mes doigts pianotent sur l'écran pour souhaiter une bonne nuit à ma meilleure amie. Je pose mon téléphone sur ma table de nuit et me lève pour aller frapper à la porte de Milan dans un toc léger. Il vient m'ouvrir la porte à moitié coincé entre l'entrebâillement de la porte les yeux plongés dans les miens.
- Est-ce que ça ne te dérange pas de remettre ta séance de guitare à demain soir ? Je commence à être épuisée, je vais me coucher.
- Si un peu mais bon... Dit-il taquin avec un sourire forcé pour faire celui que ça embête grave. Je te charie, y a pas de souci je reprendrai plus tard. Passes une bonne nuit soeurette.
Je le remercie et retourne me glisser sous les draps où je ne parviens pas à m'endormir tout de suite. Mon sommeil m'emporte autour des minuits. Le réveil sonne, c'est pénible d'être arrachée à mon sommeil. Je bougonne en m'asseyant au bord du lit avant d'enfiler mes claquettes.
J'ai mis quarante-cinq minutes pour me préparer et descendre à pieds jusqu'à l'arrêt de bus. Je retrouve ma meilleure amie devant la boulangerie, nous choisissons nos viennoiseries et une canette de jus de fruits, payons et ressortons à l'extérieur pour aller se trouver un banc dans le parc.
Aïna place ses très longs cheveux châtains clairs sur son épaule gauche avant de s'installer bien au fond du banc, nous trinquons d'un teintement dans nos canettes yeux dans les yeux.
- Sérieux, t'en as pas marre toi de vivre avec tes darons ?! Me questionne Aïna.
- Ben non tu sais bien que je suis très proche d'eux contrairement à toi. Pourquoi ?
- Oui ils sont géniaux les tiens et ils t'aiment mais tu n'aurais pas envie de prendre ta liberté totale ? S'exclame t-elle en faisant des mimiques puis elle se gratte le haut de sa joue gauche sur laquelle il y a ses jolies tâches de rousseur, ça lui fait un charme fou. J'ai envie d'une chose, de me casser de chez moi ! Ça ne te ferait pas rêver un petit studio toutes les deux ou une collocation avec chacune une chambre ?
- Ah euh je ne sais pas, je n'y ai jamais vraiment pensé dis-je confuse en essayant d'imaginer une vie d'étudiante avec mon propre chez moi. Et l'argent où le trouverons nous ? Tu n'as pas pensé à ça encore une fois ! C'est bien beau l'indépendance mais le financier doit suivre derrière ! Je ne veux pas raquetter des sous à mes parents.
- J'ai tout prévu ! Je ne sauterai pas comme ça dans la gueule du loup ! On a eut une certaine somme pour notre bourse et nous pouvons aussi prétendre aux APL ! Faire comme on veut, quand on veut avec qui on veut sans avoir les questions des parents.
- De ne plus être séparée de toi pourrait être merveilleux mais ce n'est pas une décision que je dois prendre sur un coup de tête. En plus ma famille va me manquer je crois que je ne suis pas prête à les quitter.
- Mais chérie, il va bien falloir prendre ton envol un jour ou l'autre. Surtout que tes parents n'habitent pas si loin que ça de la caserne. Ecoute, je te laisse quelques temps pour y réfléchir et début Octobre je me cherche un appart avec ou sans toi !
- Pourquoi tu ne le prends pas avec ta copine. Ce serait plus logique et là pour le coup tu n'auras plus besoin d'attendre la semaine pour la prendre dans tes bras !
- Parce que c'est trop tôt pour ça et moi c'est avec toi que j'ai envie de m'installer pour notre vie de jeunes étudiantes.
Aïna s'amuse avec son piercing au nombril alors qu'elle me parle en même temps. Je suis envieuse de son ventre plat bien qu'elle soit presque maigre je trouve ça plus joli à regarder que les rondeurs présentes sur mon corps. La seule chose qui lui manque c'est de la poitrine, car ses seins sont très petits et là je suis contente de la mienne.
- On va peut-être débarrasser notre petit déj, ça va être l'heure de filer ! S'exclame t-elle en se levant. Tu as eu l'occasion de revoir Lucas ?
- Oui ne traînons pas, non pour l'instant ça n'a pas eut lieu.
- Oh d'accord, tu dois être en manque de câlins et attributs masculins alors...
- Ha ! Pas tant que ça. Je n'ai pas besoin d'un homme pour me faire du bien ma chérie, surtout que ma maman m'a accompagné dans un sexshop après que j'ai surpris un vibro dans le tiroir du salon !
- Ohhhh tu as fais des achats coquins alors Lou ? Raconte moi ce que tu as trouvé ? Elle est trop cool Lélia de t'emmener choisir des jouets intimes.
- Des lubrifiants, un vibromasseur et un oeuf vibrant ! Maman me les a acheté, trop gentille comme toutes les mamans !
- Ohhhh mais oui c'est trop bien Lou ! Alors tu les as essayé ?!
- Pas encore, celui de ma maman était orgasmique ! Il va falloir que je trouve un moment pour essayer les miens ! Ma maman avait fait découvrir l'oeuf à une de ses très bonnes amies, elle m'a dit que c'était un moment très excitant, maintenant faut que je trouve un partenaire pour qu'il puisse prendre la télécommande !
- Punaise moi j'aurai déjà essayé les deux à ta place ! Tu vas me trouver folle mais j'assume peut-être que l'on pourrait découvrir ça toutes les deux. La collocation est un bon moyen pour ça, on pourrait se connaître par coeur à ce niveau. On ne fait de mal à personne c'est juste des petits jeux !
- Ah tu crois qu'on pourrait essayer l'oeuf ? C'est complètement dingue comme idée, je ne sais pas si c'est raisonnable mais tu es en train de m'exciter avec ta proposition !
- Mais quand on est jeune sommes nous vraiment raisonnable ? Me chuchote Aïna à l'oreille en caressant du bout des doigts les bords de ma taille, je frissonne presque à leur contact. Moi c'est une idée qui me tente bien rien que d'en parler je suis bien humide.
- Hum on en reparlera aussi car comme ça je ne sais pas trop si j'aimerai vivre ce genre d'expérience et en même temps je ressens pleins de picotements là en bas à force d'imaginer le truc. En tout cas si ça arrive, il y aura des limites à ne pas franchir je pense. Surtout que tu as une chérie, elle en dirait quoi que tu joues avec ta meilleure amie ?
- Tu sais, avec elle, on ne se prend pas la tête. La tromperie n'est pas tolérée dans notre couple mais si l'on se parle suffisamment nous nous mettons que peu d'interdictions ! Et ton Florent au fait, tu ne l'as pas vu non plus depuis que tu es rentrée ?
- Je crois que c'est de l'histoire ancienne ! Dis-je en mimant des guillemets. Nos échanges ne sont pas terribles, ça ne m'apporte rien malheureusement. Je crois que nous sommes devant les portes de l'école, nous allons devoir nous séparer ici. A toute à l'heure ma chérie !
Aïna me fait un gros câlin bien pendue à mon cou. Elle m'embrasse la joue tout en me tenant la main.
- C'est bien dommage, après il suffit parfois de provoquer le destin Lou. Si tu as vraiment envie d'être avec Florent, vas le chercher. Je te dis à cet après-midi ! Bisous et courage !
Je déambule dans les couloirs en repensant à tout ce que ma meilleure amie m'a dit et c'est tout de même une vraie coquine. Je n'ai aucune envie de courir après Florent, si on ne se parle pas c'est peut être que nous ne sommes pas si compatibles que ça et de toute manière je ne veux pas m'attacher à un homme. Lorsque le professeur ouvre la porte de la salle de cours je lui adresse un bonjour tout en regagnant l'autre bout de la salle. J'éparpille mes classeurs, mes feuilles simples sur mon bureau et sort en vitesse ma trousse et un crayon comme si on n'attendait que moi.
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