Chapitre 97

7 minutes de lecture

MILAN

Mon sac de sport accroché à mon épaule, je fais irruption dans la cuisine où tout le monde m'attend pour mon départ en internat. Je le lâche à mes pieds pour faire face à Lou et à maman qui pleurent toutes les deux l'une dans les bras de l'autre, ça me fait une boule dans le gosier et c'est très dur de l'avaler sans encombre. Mes mains se posent sur leur épaule pour mieux les regarder, mes yeux sombres passent de Lou à maman, de maman à Lou.

  • Mais vous arrêtez de pleurer comme des madeleines toutes les deux, je ne pars pas au combat non plus ! Vendredi soir, ce n'est pas si loin !

Maman s'essuie les yeux puis se contient en m'enlaçant tendrement, je ferme les yeux pour profiter de notre câlin d'au revoir puis je passe à Lou en l'entourant de mon bras. Ses larmes mouillent mon t-shirt kaki moulant ma musculature, ma main froisse ses cheveux et ma tête se cale par côté de la sienne. Lou me retient de nouveau lorsque j'essaye de me libérer, sa poitrine se plaque contre mon torse et ses cheveux bruns me chatouillent le nez. Ses bras sont clairement pendus à mon cou.

Je tapote son épaule pour lui dire qu'il va vraiment falloir que j'y aille, c'est à contrecoeur qu'elle se détache de moi toujours pleurant à chaudes larmes.

  • Lou, je serai toujours avec toi dis-je en captant son regard avec le mien. Je ne t'oublie pas !

Lou est inquiète et je connais les expressions de son visage mieux que personne. Depuis toute petite, ma soeur a une peur bleue de l'abandon d'un proche. Comment peut-elle ressentir une chose pareille à mon égard alors qu'elle est la personne la plus importante dans ma vie ?

Mon père m'accompagne jusqu'à ma polo et je mets dans le coffre mon sac de sport. Une fois blotti contre lui le voilà qui chuchote.

  • Tu vas me manquer mon fils mais je suis content pour toi que tu prennes ton envol. Je suis fier de toi et c'est un beau métier que tu vas faire, tu as tout mon soutien !

  • Merci papa, ça fait du bien de me sentir soutenu dans ma démarche car tu te doutes bien que de laisser maman comme ça ça me peine beaucoup et qu'au fond de moi c'est comme si j'abandonnais Lou.

  • Milan, non stop. Tu n'as pas à culpabiliser de ce que ressentent Lou et Maman affirme mon père. Elles sont fusionnelles avec toi c'est juste normal et moi je prendrai le relais pour veiller sur elles. Fais ta vie fiston !

Je pousse un soupir en regardant dans sa direction. Je ne pensais pas avoir de difficulté à mettre en route le contact et à quitter ma famille. Etant très attaché à eux, c'est forcé que je ressente quelques picotements dans les sinus. Avec mon père nous nous comprenons sans rien dire, fierté masculine je pense ! Je remonte ma vitre et lui adresse un faible sourire en enclenchant ma première vitesse pour marquer son passage. Le temps passe vite sur le trajet en écoutant une radio locale, me voilà déjà arrivé sur le parking de la base militaire. Je fais une marche arrière entre les deux lignes puis coupe le contact pour sortir de la voiture.

Mon pas est empressé jusqu'au grand hall d'entrée, l'instructeur Munsch m'attend avec un trousseau de clés pour m'accompagner vers le dortoir des hommes. Je le salue en me mettant au garde à vous jusqu'à son autorisation de cesser mon geste. Je suis dans les couloirs l'homme d'un bon mètre quatre-vingt puis il m'ouvre la porte du dortoir, je le remercie d'un signe de tête et silencieux je m'avance jusqu'au lit que m'a réservé Ludwig pile entre le sien et celui de Spencer.

  • Whohoho le champion est là haha ! Salut mec ! S'exclame Spencer en me faisant une poignée de main virile.

  • Il faut croire que oui répondis-je avec un sourire malicieux. Du coup je serai avec vous en permanence dorénavant !

  • C'est sûr on va bien se marrer ! Déclare Ludwig. J'ai entendu quelque chose de chaud entre Iseline et Gretel, toutes les deux parlaient de prendre une douche ensemble hier soir ! Je me demande bien quel était leur but !

  • Hum à part se bouffer le minou je ne vois pas trop rétorque Spencer mort de rire.

J'éclate de rire rien qu'en imaginant la scène et les regards coquins que fait Spencer lorsqu'il sort ses conneries. L'ambiance me correspond bien et dès qu'on parle de femmes et de cul je suis le premier intéressé ! Ludwig s'avachit sur mon lit tout en ouvrant un paquet de bonbons sur lequel je me rue pour piquer une grosse poignée qui remplit toute ma main. Il me balance de grans coups d'oreiller dans la tronche me criant que je suis sans gêne. Nous finissons par nous chamailler comme des gosses façon bataille de polochons.

  • Oh les gosses ça suffit ! Ça se voit que vous ne connaissez pas Munsch ! Vous avez intérêt à vous tenir à carreaux ! S'exclame Spencer. Là s'il voyait ça mais comment il péterait un plomb ! Que diriez-vous d'un petit tour d'avion de chasse !

  • Bof, sans moi je suis plus à l'aise sur la terre-ferme bien que les avions me passionnent répond sincèrement Ludwig au moment où nous sortons de notre chambre.

  • Ah vous allez faire un tour d'avion ? Demande Gretel avec un air interrogatif.

Mes yeux se posent sur elle, j'ai l'impression qu'elle est encore plus belle que la semaine dernière. Ses cheveux bruns sont coiffés par une tresse africaine bien plaquée contre son crâne. La brunette aux reflets acajous doit faire dix centimètres de moins que moi et ses yeux noisettes rencontrent les miens.

  • Ouais fin j'aurai bien aimé leur faire découvrir la vitesse d'un rafale bi place mais ça n'a pas l'air de les brancher la voltige ! Répond Spencer. Ils sont bien présents pour faire les idiots mais dès qu'il s'agit de s'élever dans les airs il n'y a plus personne !

  • Oh ça ne m'étonne pas, ce genre d'hommes en principe ça a que de la gueule renchérit Iseline.

  • Ah ouais tu crois ? Dis-je d'un air de défi. Spencer je t'annonce que toi et moi on va s'envoyer en l'air mon gars ! Quand tu veux pour le tour en rafale !

  • Haha mais ouais c'est ça que j'aime mon chou ! Je te prends quand tu veux ! Aller on y va tu vas décoller bébé !

Spencer m'entraîne en direction du hangar avec son mètre quatre-vingts-dix et tout autant en muscles. Impossible de réduire ses foulées. Je regrette déjà ! Mais avoir peur ça fait con devant deux très jolies filles ! Alors je le suis accompagné de tous mes équipiers. Je remonte complètement la fermeture éclair de ma combi de pilote d'un geste saccadé qui j'espère ne s'est pas remarqué. J'affiche mon sourire prétentieux alors qu'en vrai je suis pas loin de me chier dessus ! Je laisse Spencer m'équiper de quelques petites choses supplémentaires sous le regard admiratif des filles.

  • 1200 Km/h, je te dis que ça décoiffe ! Renchérit il comme si je n'étais pas assez stressé. T'as de la chance je n'irai pas au delà je n'ai pas l'expérience suffisante pour prendre ce risque avec toi ! Alors là t'as le parachute, faut pas oublier de tirer sur la petite poignée si jamais y a besoin ! Hahaha t'es flippé total là on dirait ! Et la bien sûr la poignée du siège éjectable ! C'est bon je ne t'ai pas perdu El pretencioso ! Et bien sûr les fameux sacs vomito bahahahaha !

J'essaye d'imprimer le tout dans ma tête, acquiesçant déjà la bouche sèche et pâteuse. Je me suis complètement décomposé depuis que j'ai pris l'initiative de faire un tour dans le rafale. Iseline me lance un regard bienveillant suivit d'un '' bon courage ''. Celle que je trouve craquante pose sa main sur ma joue mal rasée pour venir déposer un bisou d'encouragement sur l'autre en me lançant un regard admiratif. Je me hisse dans l'avion pour prendre place sur le siège arrière, bouclant ma ceinture avec nervosité. Derrière ma visière, j'expire longuement le coeur battant à tout rompre.

  • Là, il n'est pas bien MiL'ou s'exclame Gretel inquiète. Aller El Pretencioso tout va bien se passer, tu vas t'éclater !

  • A toute à l'heure Milan ajoute Iseline. C'est bien tu es courageux !

Je leur fais un signe d'aviation mais mon corps est tout tremblant. Mes mains se crispent sur le devant de mon siège. Spencer enclenche les petites caméras, je lui murmure que ce n'est pas nécessaire et celui-ci éclate de rire devant mon air mal assuré. Les réacteurs se mettent en marche, je regarde autour de moi leurs mouvements rotatifs et Spencer commence à embarquer l'avion sur la piste, tout doucement.

  • Comment tu te sens Milan ? Me demande t-il en me jetant un coup d'oeil à la hâte.

Je fais un signe en joignant mes doigts qui signifie que je balise grave. Spencer se met à rire de nouveau de sa voix grave avant de baisser la visière de son casque sous lequel sont plaqués ses cheveux châtains clairs.

  • Bon on est parti ! Accroche toi, je mets les gazs ça va nous propulser en deux de deux ! Cale-toi bien dans le siège et respire !

J'entends le son des réacteurs et du moteur du Rafale, je maintiens fermement ma prise le coeur étant sur le point d'exploser. Celui-ci fait une nette accélération qui me plaque contre mon siège, les roulettes vont bientôt se replier sous l'avion. Le bruit est puissant et mes sensations sont intenses lorsqu'il finit par décoller. Je ferme les yeux et serre les dents le temps de franchir le premier palier, cela me soulève un peu le coeur sur le coup et c'est atténué une fois dans le ciel.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire passionfruits ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0