Chapitre 99

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Mes collègues s'engouffrent dans le souterrain en tout premier, des râles nous reviennent aux oreilles d'après ce qu'ils disent je comprends qu'il y a de la boue bien pâteuse qui freine d'emblée la progression de l'équipe. Je le ressens immédiatement ayant les pieds ensevellits et bloqués par la boue jusqu'à m'entraver les chevilles. Gretel gémit pour extraire ses pieds hors de la boue à chaque foulée, je peux comprendre que ça lui demande de gros efforts. Je lui propose ma main à laquelle elle se raccroche aussitôt et nous coordonnons nos mouvements pour avancer ensemble en duo, parfois nous heurtons Ludwig et Iseline. L'air est très chaud, déjà ça fait transpirer et en plus de ça c'est difficile de respirer correctement. Je gueule de douleur lorsque ma tête heurte la paroi de terre du souterrain, mon front me pique j'ai dû m'égratiner un peu, Gretel se stoppe et ses mains m'effleurent la tête puis se joignent sur les miennes qui sont contre mon front. Elle me murmure un léger '' ça va Milan ? '' auquel je ne prête pas attention en m'accroupissant en tâtant les murs.

  • Baisse toi Gretel, va falloir ramper... Arrrrrgggg je passe pas à plat ventre ! Faut qu'on se mette sur le dos, on va pousser avec nos jambes.

Gretel m'emboîte le pas, ça nous demande beaucoup de progresser ainsi dans la boue. Je l'aide à se relever arrivé au bout du tunnel, elle s'agrippe à mes avants bras pour se remettre debout. La jolie brune est essoufflée je ressens son souffle contre mon visage, je m'assure que tout va bien avant de poursuivre avec elle. Un passage est éclairé pour voir ce que l'on fait, Munsch nous ordonne de nous diriger vers le drapeau noir le plus à droite du rondin de bois présent devant vous et coupe son micro sans plus d'information.

Gretel a les larmes aux yeux, elle s'assoit contre le monticule de terre éreintée physiquement et tétanisée par le stress. Nous entendons des cris au loin, ses yeux exorbités me regardent.

  • Ma biche, ne t'inquiète pas on va y arriver il faut que tu me fasses confiance ! (Je lui caresse la joue pour la rassurer, Munsch me rappelle à l'ordre en me disant qu'il n'y a pas de temps pour un peu de tendresse. Je me tourne vers la caméra pour lui adresser un signe '' à vos ordres chef ! ''). Reprends toi deux minutes, je vais creuser pour que l'on puisse passer sous le rondin !

J'amasse la terre derrière moi, les ongles enfouis dedans je gratte, je creuse, un trou commence à se former, je me fatigue mais reste déterminé. Je veux prouver à Munsch que je ne suis pas un petit kéké et que je n'ai pas que de la gueule ! Ce parcous je le réussirai ! Coûte que coûte !

Je grogne d'effort et m'arrête lorsque je juge le passage suffisamment large. J'encourage Gretel à me suivre, je galère pour passer bien qu'étant mince, mes fesses bloquent sous le rondin. Ma co-équipière vient poser ses mains sur mon derrière et me le pousse gentiment, cela m'aide à passer et c'est encore plus galère pour elle de passer sous le rondin. Je glisse mes mains par côté de son corps, l'effleurant par moment pour continuer de creuser pour qu'elle puisse passer.

Gretel se relève toute haletante en tapotant ses jambes pour enlever la terre.

  • Dis donc c'est que tu me passes des mains ! Dis-je pour la taquiner, je l'entends rire. C'est parfait ça l'a détendu. Aller Gretel on y retourne ! Je suis fier de toi tu prends sur toi c'est génial ! Donne moi la main, super aller ma puce !

L'obscurité perturbe mes sens, je ne suis pas à l'aise pour chercher la sortie à tâtons.

  • Milan, je crois que c'est là le passage ! Oui c'est ça, il y a des leds au sol pour nous guider un peu ! S'exclame t-elle en accélérant. On a du retard Ludwig et Iseline ont l'air d'être loin !

Des bruits de pétards éclatent au sol dans des étincelles rougeâtres, Nous poussons des hurlements étant surpris et Gretel me tient dans ses bras en m'entourant le cou, complètement blottie contre mon torse. Je comprends les cris de mes collègues quelques minutes auparavant.

  • Gretel ça va ce sont des pétards, ça ne risque rien ! C'est pour tester notre panique !

  • Ben ils ont réussi vu comment ton coeur bat vite et franchement j'ai eu trop peur quand ça a pété !

  • Assez, Munsch doit jubiler ! Avançons et ne traînons pas !

Gretel me tient fermement le bras, ça risque de se compliqué puisque le chemin est très étroit et qu'il va falloir marcher en crabe le long des parois, des sons angoissants retentissent, elle me bouscule craignant le danger et j'ai l'impression que ceux-ci se rapprochent voir même viennent de derrière nous. Les cris se font entendre devant, j'entends des paroles pleines de détresse mais cela ne me freine pas de toute façon la porte au bout du souterrain a été refermée derrière nous, aucune possibilité de faire machine arrière. Gretel me pousse, me monte sur les pieds, m'écrase les tibias je pousse un cri rauque pour qu'elle cèsse tout ça et qu'elle se ressaisisse.

Dans la faible lueur elle s'écroule à genoux à moitié dans la boue fondant en larmes n'étant pas très hardie. Je tire sur son poignet pour qu'elle se relève mais pas moyen elle est tétanisée et morte de froid à cause de l'angoisse, sa peau est gelée je pense qu'elle ne plaisante pas sur son état et cela ne me rassure pas pour la suite.

Je tombe sur les genoux pour la rejoindre afin de la canaliser en l'enlaçant de mes bras musclés, je lui frotte le dos, elle s'accroche.

  • J'ai l'impression que c'est interminable craque t-elle. Je suis figée Milan, je ne peux plus rien faire ! Tous ces cris, tous ces bruits ça me fait trop peur... Et je n'ai pas envie d'être asphyxiée !

  • Pourtant il va falloir sortir d'ici et je te préviens je l'aurai mauvaise si on se tape la corvée vaisselle et lingerie ! Gretel de toute façon on ne risque rien et des masques à oxygène sont prévus si on vient à manquer d'air. Il faut vraiment que tu te lèves.

Des flash viennent nous éblouir, Gretel se recroqueville en hurlant à pleins poumons et en pleurant toutes les larmes de son corps. Je prends sur moi et passe un bras sous ses jambes et l'autre dans le milieu de son dos pour la soulever afin de la porter dans mes bras. Je ne le ferai pas jusqu'au bout, elle a intérêt à marcher à un moment la cocotte !

Je la repose au sol cinq minutes après l'incitant à marcher, elle me broie le poignet, me griffe le bras tout en m'emboîtant le pas. Lorsque je me retourne des silhouettes terrifiantes et armées se mettent à courir vers nous, J'entraîne Gretel dans mes foulées pour leur échapper, elles disparaissent et notre souffle est court.

Des quintes de toux résonnent et l'odeur des bombes lacrymos remplissent nos narines.

  • Gretel, écoute-moi ça va se corser. Tu vas faire tout ce que je te dis et surtout hors de question de se stopper. On va bientôt se faire gazer ! Et ça ne sera pas simple on est très essoufflé ! Tu me suis, restes derrière moi et si je te dis de foncer, tu le fais que tu tousses ! Que tu meurs ! Que tu étouffes peu importe tu cours !

Gretel murmure que ça pue et sa main encercle la mienne jusqu'à étreinter douloureusement mes os. Nous marchons d'un pas rythmé jusqu'au roulement des bombonnes de lacrymos, j'ordonne à ma co-équipière de bloquer sa respiration et d'avancer plus vite. Les gazs sont libérés ! Mes yeux commencent à me picoter puis au fil des minutes à brûler, je suis pris de quintes de toux violentes qui me font mal aux côtes. Gretel tousse aussi et je l'entends également pleurer lorsqu'elle s'étouffe.

  • Milan je peux pas ! S'exclame t-elle en s'asseyant, elle va nous faire clapser. Je manque d'air ! (Tousse violemment jusqu'à se râcler la gorge pour éviter les hauts le coeur). J'étouffe ! Appelles de l'aide, j'vais mourir ! Ça me prend de partout comme de l'asthme !

Je tombe au sol à ses côtés toussant tout ce que je peux, mes yeux se remplissent de larmes à force de tousser comme ça et ça me brûle surtout. Je siffle des bronches ayant la tête qui tourne.

  • P'tain Grett ce n'est pas le moment d'abandonner, si on s'arrête on est foutu ! (Tousse). Je manque d'air, aller bouge ! Debout ma belle !

Je la tire dans tous les sens et d'autres lacrymos nous sont envoyées comme si ça n'était pas suffisant. Gretel finit par retrouver un peu de force pour se relever toujours crispée autour de mon bras. Nous pressons le pas et une fois à l'extérieur je la lâche pour aller tousser plus loin n'arrivant pas à m'en remettre. Je refuse une bouteille d'eau qu'Iseline me tend par peur de faire une fausse route en plus de ça.

Munsch arrive du souterrain avec son masque à oxygène, l'enculé ! Puis il m'en plaque un sur le visage où je prends quelques bouffées qui m'apaisent un peu. Gretel est toujours pétrifiée et étouffée par les gazs qu'elle s'est pris.

  • Ressaisis toi ma puce dis-je pour la rassurer. On a réussi, bouge pas je vais te mettre le masque, tu as été fantastique ! (Je pose doucement mon masque sur le visage de Gretel dont la respiration commence à se calmer une fois correctement positionné).

Mes quintes de toux reviennent de plus belle mais je fais passer les femmes avant moi tout de même. Gretel me lance un regard bienveillant en me le remettant contre le nez et la bouche.

Je respire dedans puis le balance presque au sol en regardant autour de moi.

  • P'tain il est où Ludwig ?!

  • Il a été contraint d'abandonner s'exclame Iseline en venant s'asseoir à côté de moi, sa main sur mon épaule. Il a complètement paniqué dans le tunnel juste avant les lacrymos, j'ai été obligé d'appeler aux secours ! Mais moi j'ai voulu aller jusqu'au bout et vous étiez loin derrière et comme je ne savais pas si vous étiez toujours dans la course j'ai poursuivi toute seule !

  • Hahahaha ce lâche ! Se moque Küchin. Il aurait mieux fait de rester chez papa maman le con !

Agacé je me lève et me précipite jusqu'à lui l'agrippant par le colback.

  • Ta schness Rainer ! On ne t'a pas sonné !

  • Whouhou tu me fais peur ironise t-il en haussant ses sourcils blonds chewing gum qu'il m'astique avec exagération.

Munsch ne semble pas apprécier notre comportement surtout le mien vu le regard mauvais qu'il me lance. Je relâche ma prise et celui-ci spécifie que " nous ne sommes pas dans une basse cour " et qu'il n'y a pas de place pour les '' coqs ''. '' Pour la peine c'est 50 pompes ! Là tout de suite ! ''. Tssss direct j'ai l'impression d'entendre mon père lorsqu'il me plaçait en T.I.G. Rainer se débarrasse de son t-shirt affichant clairement ses muscles et ses tablettes de chocolat, je vois rouge tellement il est bien foutu le blondinet ! Je crache la boue qui est rentrée dans ma bouche durant l'épreuve et m'agenouille docilement pour enchaîner les pompes au top départ sous le regard de l'équipe de Küchin et de mes deux co-équipières.

La trentième est dure, mes muscles tremblent prêts à lâcher à la prochaine, je gémis d'effort pour terminer ma série en m'écroulant à plat ventre après la dernière. Les pieds de Munsch se posent par côté de ma tête, je la tourne pour le regarder de son mètre quatre-vingts encore bien essoufflé.

  • Vous avez toujours envie de vous battre jeunes gens ?!

  • Non... Ça va. Ça va répondis-je en sueur.

  • C'est bon Monsieur, c'est de bonne guerre admet Küchin.

Nous nous levons et dans un geste coordonné, nous nous mettons au garde à vous, le buste bien bombé.

  • Et que je ne vous y reprenne pas ! Rompez !

Peu d'équipes on réussi, en réalité nous sommes seulement deux équipes à avoir réussi cette épreuve et c'est tout ce que je retiendrai pour aujourd'hui. Mon sourire qui a donné naissance à mon surnom se repeint sur mon visage, je suis fier de ma performance et d'avoir soutenu mon équipière jusqu'au bout.

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