Chapitre 192

8 minutes de lecture

On ne peut pas dire que je sois petit mais à côté de cette caserne c'est l'impression que cela me fait. Rien que les locaux m'intimident, je reste figé face au bâtiment alors que Cassandra a déjà engagé le pas en direction de l'entrée de la caserne de Vandoeuvre-Les-Nancy. Ne souhaitant pas me retrouver tout seul, je lui emboîte le pas pour la rejoindre sur le palier. Le doigt de la jeune femme s'appuie sur le bouton puis le relâche pour attendre que quelqu'un vienne nous ouvrir. Une femme plutôt dans nos âges nous ouvre la porte avec un grand sourire, elle nous accueille en se présentant puis nous accompagne jusqu'au bureau du lieutenant et du capitaine.

La porte s'ouvre sur le lieutenant, je reconnais son grade sur son uniforme. Mon père a exactement les mêmes petites barres sur le sien mais en tant que capitaine.

  • Officier Jérémy Kücher ! Se présente t-il. Je suis votre lieutenant !

Cassandra lui empoigne la main gardant un sourire impeccable sur les lèvres.

  • Cassandra Omer, enchantée !

  • Ay... Ayden Varnier De-Saint-Eloi ! (Je bafouille clairement la voix mal assurée. Ma main est moite lorsque je serre la sienne dans la mienne. Il ajoute sa force, je ne manifeste aucun signe pourtant il vient de me broyer la main).

Le lieutenant rend le sourire à ma collègue et me lance un regard douteux qui m'amène à me demander intérieurement ce que je fous là. C'est un homme d'environ 35/40 ans (en réalité 38 ans), d'un mètre soixante-quinze tout en muscles. Le crâne rasé (chauve) et une barbe châtain claire d'une bonne semaine. Sa voix est claire, il nous accompagne auprès des autres sapeurs pompiers pour faire les présentations.

  • Salut tout le monde dis-je un peu timide, Cassandra leur dit bonjour également. Bien sûr aucune réponse ! Et ceux-ci sont en train de nous juger du regard. Je ne suis pas du tout à l'aise. Ok... Génial ! (Je le dis en chuchotant, Cassandra me répond sur le même ton, très bas).

  • N'en tiens pas rigueur, tu t'en fous Ayden. Tu leur as dit bonjour, ils n'ont pas répondu ça ne fait rien. Ne restes pas là dessus d'accord ?

J'hoche la tête en déglutissant, ma collègue ne se démonte pas elle soutient leur regard avec un grand sourire alors que je suis plutôt tête baissée n'osant pas les affronter.

  • Ayden Varnier-De-Saint Eloi et Cassandra Omer, rendez-vous dans les vestiaires pour mettre votre uniforme, nous allons faire quelques exercices de secourisme cela me permettra d'évaluer votre niveau s'exclame Jérémy les bras derrière le dos bien campé sur ses pieds.

Mon nom de famille fait jaser, ils se foutent clairement de mal gueule sans retenue. Cela m'atteint mais je n'aurai jamais le courage de leur répondre. Je disparais avec Cassandra, notre chemin se sépare devant la porte des vestiaires hommes et femmes.

  • Je t'attends devant la porte Ayden s'exclame t-elle. A tout de suite mon Chou !

Je me fraye un passage entre les tas de vêtements amassés au sol et les sacs de sport juste bons à faire chuter quelqu'un. Je me prends le pied dans une lanière, heureusement je n'ai eu qu'un déséquilibre. Le recoin est inoccupé, il reste une place sur le banc et aussi un '' vestiaire '' rouge et libre. J'ouvre la porte pour installer mon sac à dos où se trouve toutes mes affaires pour me doucher ou faire du sport, je pose mes vêtements sur le ceintre alors que la porte des vestiaires s'ouvre accompagnée de rires graves et bêtas. Je me retrouve en boxer face à la bande de salopards qui vient m'entourer de part et d'autre. L'un s'amuse à me repousser en arrière pour me faire heurter le dos contre la porte de mon vestiaire, les ricanements fusent et ils entament les moqueries.

  • C'est comment ton petit nom déjà ? Varnier De-Saint Eloi ?! S'exclame un premier jeune homme. Qu'est-ce que tu fous là ? Tu t'es perdu en route ? HAHAHAHAHAHAHAHA ! Vous avez vu ça les mecs ! Un petit bourgeois, tu ne vas pas faire long feu ici mon gars ! HAHAHAHAH !

L'autre se permet de me relever la tête en plaquant sa main contre mon front. Je suis intimidé incapable de réagir, je me sens même coincé.

  • Ta place n'est pas à la caserne ! Mais dans un château ! Hahahahahahaha ! Il a cru quoi lui ?! HAHAHAHAHAHAHA ! Elle est où ta princesse ?!

  • BAHAHAHAHA se moque un troisième. Fragile comme il a l'air, c'est plutôt du genre pédale ! Avec ses petits yeux bleus là ! C'est sûr il aime la bite lui ! HAHAHA faudra faire gaffe dans les vestiaires !

Je m'empresse de passer mes jambes dans les manches de mon pantalon, le premier gars s'amuse à me déséquilibrer plusieurs fois. Mon pantalon passé, j'attrape mon polo dans ma main pour prendre la fuite.

  • Attends ne pars pas ! On commençait tout juste à bien s'amuser ! Roh alleeeer !!!!!

Fébrile j'ouvre la porte du vestiaire d'un coup sec ce qui la referme sur l'autre connard. Je rabas le bas de mon polo sur mes abdominaux devant le regard surpris de Cassandra de m'avoir vu débouler torse nu dans le hall d'entrée. Je rougis légèrement en remarquant la présence d'autres femmes qui ont bien profité du haut de mon corps dénudé.

  • Mais t'en as mis du temps Ayden ! Qu'est-ce que tu foutais ! S'exclame Cassandra inquiète, sa main arrange le col de mon polo. Mais tu es tout tremblant, que s'est t-il passé ?! (Elle le dit tout bas).

  • Ces connards sont venus m'emmerder... Je ne savais plus quoi faire en fait ! Désolé mon Lieutenant d'avoir mis autant de temps... Ça ne se reproduira plus.

Jérémy me lance un sourire et un hochement de tête plein de compréhension, son bras vient entourer mon cou m'encourageant à rejoindre les autres. Cassandra me tient par le bras, lorsque l'on rentre dans la salle, l'un des plus jeune tend ses jambes exprès lors de notre passage. Je n'ai rien vu venir ni pu retenir la chute de Cassandra qui tombe à quatre pattes, les genoux heurtant violemment le sol et ses mains en avant pour se rattraper comme elle peut. Les rires fusent ainsi que des pointages de doigts dans la direction de mon amie, elle se relève en se frottant les genoux puis en tournant plusieurs fois ses poignets.

  • Connard ! S'adresse t-elle au gars qui a contribué à sa chute.

Jérémy lève la main en l'air afin de faire régner le silence, en tant que lieutenant ce sont des choses qu'il trouve inadmissible et il n'omet pas de le dire ouvertement d'une voix stricte. Cassandra s'installe en bout de table, je prends place juste à ses côtés. Jérémy entame son cours de rappel des gestes de base, Cassandra et moi participons activement. Bien sûr cela nous vaut des remarques du genre '' lèche cul '', '' fayot ! '', '' premier de la classe '' et j'en passe et des meilleures. Je ne me sens pas du tout à ma place dans cette caserne et le cours me parait très long avec tout ce que l'on subit Cassou et moi. Les exercices pratiques me font rougir, je déteste être sous le regard des autres mais Jérémy est très avenant finalement avec moi et me pousse à me dépasser.

A la fin de la journée, je traîne dans le couloir sciemment pour ne pas entrer dans le vestiaire alors que tous les baltringues sont à l'intérieur. Jérémy m'intercepte en me faisant signe de venir dans son bureau. Hésitant je finis par aller à sa rencontre attendant debout devant le bureau, chaleureusement il me dit de m'asseoir et de faire comme chez moi.

  • Comment te sens-tu après cette première journée ?

Euh c'est une question piège qu'il me tend ? Qu'est-ce que je dois répondre à ça moi ? Je ne suis pas une balance vis à vis de mes collègues et en même temps ils mériteraient de s'en prendre plein la gueule.

  • Ça va... Je vais devoir m'aclimater et je sens que... Ça ne va pas être simple. Mais ça va le faire, je suis un battant et motivé surtout après le choix de cette caserne ne vient pas de moi. Ça n'aurait été que de moi, je serai resté là bas pour être honnête avec vous Lieutenant. Vous avez la réputation d'être un des meilleurs casernements du secteur, je n'en doute pas et ce sera très formateur. Mais je ne sais pas si je vais pouvoir survivre à tout ça.

Je me mords la lèvre et mes doigts triturent nerveusement le stylo bic que je tiens dans les mains. Mon regard finit par se plonger dans celui de Jérémy. Il me sourit et pousse un petit rire qui s'avère être chuchoté.

  • C'est normal, il n'est jamais agréable d'être bouleversé dans ses habitudes lorsque l'on ne l'a pas choisi. Et tu vas y arriver ! Ton père m'a prévenu que tu es plutôt timide, c'est bien l'impression que j'ai de toi en effet... Je l'apprécie beaucoup ton père pour avoir fait plusieurs interventions à ses côtés. Il a la tête sur les épaules et les épaules pour endosser le rôle de capitaine, c'est quelqu'un d'une bienveillance rare et qui inspire la confiance. Si quelque chose te chagrines, tu es libre de m'en parler. J'ai toujours su être à l'écoute de mes équipes alors si tu as besoin de quoi que ce soit... Je serai capable de me montrer présent. Tu devrais filer,tu vas avoir besoin de récupérer les premiers temps.

  • Tout à fait Lieutenant et c'est d'autant plus difficile pour quelqu'un qui a un caractère comme le mien. Ah oui vous avez travaillé avec mon père ? Oui, je ne manquerai pas de vous informer mais ça va ce n'est que le premier jour !

  • Un conseil, ne te laisse pas marcher sur les pieds. Oui, on s'accorde souvent lors des interventions complexes pour diriger nos équipes.

  • Merci Lieutenant, euh oui je vais y aller effectivement !!! A demain !

Lorsque je sors, Cassandra accoure vers moi, toute belle bien maquillée, ses cheveux blonds bien illuminés des soins qu'elle leur a fait. Son teint est vraiment parfait, elle est juste canon mais ses traits viennent très vite rider son front. Elle est inquiète de m'avoir vu sortir du bureau du lieutenant.

  • Tout va bien, Jérémy voulait juste me parler et j'ai fait traîner sciemment mon départ car je ne voulais pas affronter les autres trous duc ! Je crois qu'ils sont partis, je file à la douche je n'en ai pas pour longtemps !

Dix minutes après je ressors vêtu d'une jolie chemise à carreaux verte qui ressort bien avec mes yeux bleus. Je reçois les félicitations de Cassandra sur mon apparence et nos prenons le chemin du retour en direction du bus qui nous ramène au pied de notre immeuble.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire passionfruits ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0