Chapitre 28
En face du domicile des Longbriand, Wattrem, 19h55
La maison où habitait la jeune Leslie se trouvait le long d'une route, en périphérie de Wattrem. Entre le tissus urbain qui se trouvait à quelques centaines de mètres et la forêt. Le SUV dans lequel se trouvaient le docteur Rathburn et deux membres de la sécurité du Refuge, était garé de l'autre côté de la route, à quelques dizaines de mètres de la maison. Un autre véhicule ne devait plus tarder à venir prendre le relais, pour la surveillance de nuit.
Kathleen se demandait pourquoi Hal Damon s'intéressait tant à Leslie ? Outre le fait qu'elle connaissait Jo, et que c'était la raison pour laquelle elle était là à la surveiller, il avait l'air de connaître beaucoup de choses sur elle. Peut-être que cela avait un rapport avec le fait qu'elle aurait été impliquée dans l'incident de Wattrem, pensa la scientifique. Cet évènement avait toujours fasciné son employeur, pour qui, c'était l'une des nombreuses preuves concernant l'existence de menaces extraexotiennes ou extraordinaires dont Exotis devait être protégée.
—Elle a peut-être prévenu son ami par téléphone, dit le conducteur, éjectant Kathleen de ses pensées. Et si c'est le cas, on ne risque pas de la voir sortir pour aller le prévenir.
—C'est un utopien, répondit la scientifique. Comment ferait-il pour payer ses abonnements téléphoniques ? Il serait forcemment fiché quelque part.
—Peut-être qu'il a des complices.
Ces paroles étaient justes. Kathleen, tout comme Hal, n'avaient pas envisagés la possibilité que ces "visiteurs" extraexotiens puissent avoir du soutien sur ce monde. Des utopiens infiltrés depuis plusieurs années.
Soudain, Leslie sortit de chez elle et prit le chemin de la foret.
—La voilà, fit le docteur Rathburn avant de s'adresser à l'homme assis sur le siège passager. Préparez vous. Monsieur Damon avait raison. Elle a sans doute donné rendez-vous a son... ami utopien.
Mais à la surprise des occupants du SUV, la jeune fille eut à peine le temps de faire quelques pas qu'elle s'effondra. Quelques secondes plus tard, quatre hommes armés s'approchèrent d'elle et la transportèrent à bord d'un fourgon dissimulé derrière un amas de branches et de buissons. La scientifique avait reconnu la tenue que portaient les deux hommes. Un trellis militaire gris clair par dessus lequel ils portaient un gilet pare-balle noir. La tête était protégée par un casque et un masque ballistique, cachant l'identité des hommes et des femmes qui se trouvaient derrière. Un équipement conçu par Rising Drake pour le groupe paramilitaire Sentinel. Un groupe qui, d'ordinaire, travaillait avec l'entreprise de Hal Damon, pour tester l'équipement en situation réelle et appuyer les forces militaires des Etats-Fédérés lors de certaines opérations.
—Qu'est-ce qu'on fait ? demanda l'homme assis sur le siège passager, en sortant puis armant son pistolet.
—On reste là, répondit fermement Kathleen, cachant son inquiétude, avant d'appeler son employeur.
—J'écoute, fit ce dernier quelques secondes plus tard.
—On a un problème. Quelqu'un vient d'enlever la fille.
—Quoi ?!
—Quatre personnes équipées d'une armure Sentinel.
—Sentinel ? Vous en êtes sûre ?
—Certaine. C'était bien eux.
L'affirmation avait de quoi étonner le Dragon qui était censé être informé des opérations de l'organisation paramilitaire. Non seulement il n'en avait pas été tenu au courant, mais en plus, l'opération était complétement illégale.
—Voilà qui complique les choses. Sentinel n'a pas le droit d'opérer sur le territoire fédéral, sauf accord du gouvernement. Mais je n'ai pas été informé d'une quelconque opération en cours et je ne vois pas pourquoi ils s'intéresseraient à Leslie Longbriand. Ils ne savent même pas pour l'armure X. Et encore moins pour Cynthia. De toutes les personnes au courant pour le projet X et XI, aucun ne fait parti de Sentinel.
—Mais quelqu'un leur en a pourtant parlé.
—Oui, répondit Hal avant de marquer une pause. Et je crois savoir qui.
***
Appartement de Matthias Negret, 20h00 environ
Cynthia venait de terminer son repas, des pâtes accompagnées de cubes de courgettes et de carottes, le tout mélangé dans une sauce tomate au basilique. Pendant tout le repas, elle était restée silencieuse, en se demandant pourquoi la petite amie de Matthias n'était pas présente.
—Elle ne vient pas Daisy ?
—Non, pas ce soir.
—C'est à cause de moi ?
—Non.
Cynthia regarda le jeune homme d'un air interrogateur. Elle était loin d'être si naïve, pour une enfant de son âge. Elle savait qu'elle y était pour quelque chose.
—Elle ne se sent pas prête, reprit le policier. C'était la première fois qu'elle voyait quelqu'un comme toi. Avant toi, c'était à peine si elle croyait au paranormal. Je crois qu'elle a un peu...
—Peur ? le coupa la petite fille d'un air désolée.
Matthias ne savait pas quoi répondre. C'était effectivement le mot qu'il s'apprêtait à dire. Mais au vu de la réaction de la fillette, il pensa qu'il valait mieux le dire autrement. Mais il n'y avait pas d'autre façon. Daisy la craignait.
—Oui, répondit-il calmement, attendant maintenant la réponse de la fillette.
Mais Cynthia resta sans rien dire. Elle ne laissa même pas transparaître la moindre émotion. L'expression de son visage était le plus neutre possible.
Matthias se leva pour débarrasser les assiettes.
—C'est pas grâve, répondit Cynthia. Je sais que les gens ont peur de moi.
Le jeune homme, qui s'était arrêté pour écouter la petite fille, ne savait pas quoi dire pour la réconforter.
—Je suis désolé, dit-il. Tu ne mérites pas ça.
Cynthia était touchée par ce que lui disait Matthias. Lui qui n'avait aucune idée de ce qu'elle avait fait quelques jours avant pour fuir la prison dans laquelle elle avait été enfermée toute son enfance.
—C'est pas ta faute. Toi tu n'as pas peur de moi.
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