Sombre comme le chocolat
Les heures s'étaient écoulées aussi rapidement qu'un enfant arrache les pétales d'une pâquerette en jouant à 'il m'aime, il ne m'aime pas'. On ne faisait toujours que se croiser, dans l’œil du cyclone. C’était un bref sourire, un bref moment de silence dans le bruit blanc du monde extérieur, une minute de douceur, une seconde volée au temps.
Je lui manquais comme le ciel manque à l’aigle en cage, il me manquait comme l’océan manque à un Orque emprisonné dans un aquarium.
Les murs des pièces qui ont vu nos retrouvailles étaient aussi vides que les tiroirs des meubles qui composaient les chambres. Il n’y avait pas de ‘foyer’ commun. Il n’y avait que lui, il n’y avait que moi. Le foyer, c’était ce court nous. À lui les braises, à moi la fumée. Les menus ne changeaient jamais, de la tarte aux poires au Bourbon Sour, les autres ne changeaient jamais, mais nous nous étouffions toujours un plus l’un avec l’autre. La question était juste lequel de nous deux s’éteindrait en premier. Je ne pouvais qu’espérer que ce serait moi.
Le monde était sombre comme du chocolat, mais il était la seule chose qui pouvait le rendre buvable pour moi.
NDA:
Plus jamais je relève un défi avec le mot poire à caser.
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