2 Jess
Lorsque l’avion se posa sur la piste d’atterrissage, Jess se demanda une fois de plus dans quoi elle s’était embarquée. Elle suivait un illuminé qui voulait devenir le nouveau père Noël… C’était pour l’argent, se rappela-t-elle. Elle profiterait de vacances gratuites en Laponie et de trois mille dollars, quelle que soit l’issue…
Assis à côté d’elle, Chuck avait un immense sourire aux lèvres et les yeux qui pétillaient de joie. Un pull en laine avec un renne et des guirlandes multicolores ornait son grand corps et ses longues jambes étaient recouvertes d’un pantalon de velours rouge. Apparemment, il ne savait pas faire dans la discrétion… Difficile pour elle d’assumer alors qu’elle avait passé sa vie à se fondre dans la masse.
Tout le long du vol, il n’avait cessé de lui donner des informations sur lui. Couleur préférée, parfum, goûts, hobbies… Puis, il l’avait interrogée.
Les renseignements tous plus étranges les unes que les autres n’arrêtaient pas de se mélanger dans son esprit. Il était allergique aux cacahuètes, mais adorait les kiwis. Ah non ! C’était l’inverse !
Heureusement qu’elle n’aurait pas besoin de faire illusion longtemps… Il avait enchainé avec des questions à propos d’elle. Elle s’était montrée franche sans donner trop de précisions. Juste ce qu’il fallait pour jouer son rôle. Mais rien ne semblait freiner son enthousiasme. Il trépignait sur place, déjà debout, prêt à sauter de l’avion dès que la porte s’ouvrirait.
Elle soupira en rongeant ses ongles. Pourvu qu’il ne s’effondre pas quand il découvrirait que ce n’était qu’un canular ! Comment pouvait-il croire en l’existence du père Noël à son âge ? Il avait dû vivre choyé avec une famille aux petits soins pour lui. Elle repensa à ses soirées de Noël en solitaire dans sa chambre avec sa vieille poupée tandis que ses parents réveillonnaient avec leurs bouteilles de whisky sans lui prêter la moindre attention. L’espoir de tout de même trouver un cadeau au pied du sapin le lendemain matin puis la déception de ne retrouver que les corps amorphes de ses parents entourés de cadavres de verre. Ça avait dû être plus sympa chez Chuck !
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