« Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin »

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Du haut de ma bestiole, j’ai vu la scène se dérouler comme dans un film. Le type du bar est monté dans sa bagnole, a essayé de démarrer, mais sa caisse ne voulait rien savoir. Les flics se sont pointés à ce moment-là et lui, comme un paumé, ne savait pas quoi faire avec son sac mal fermé. Je pouvais voir les liasses de billets empilées. J’ai mis le contact, la bestiole a fait quelques tours de roues et je me suis arrêtée devant lui. La porte s’est ouverte, il n’a pas hésité, il est monté.

Ce mec, je ne le connaissais pas. Il me file un dollar et moi, comme une idiote, je lui propose de faire un bout de route avec moi. Fallait vraiment que je sois dézinguée pour danser dans ce bar perdu sur cette musique ringarde et encore plus, pour charger le bad boy dans la bétaillère. Comment il s’appelle déjà… ? Ah oui, Marsh. Tu parles d’un nom, Marsh du Sud-Ouest ! Je m’étais barrée de l’autre côté de l’Atlantique pour tomber sur un Frenchie ! La blague ! Il a l’air bien malin, le cow-boy à deux balles avec son fric sûrement volé et son pick-up en panne. Nunuche, prête à l’aventure, j’étais finalement parfaitement entrée dans mon rôle et c’est probablement ainsi que tout cela devait se passer.


Dans le rétro, je regarde la bagnole de flics qui s’est arrêtée près de la sienne. Elle redémarre et vient dans ma direction. J’accélère un peu, pas trop, jouons-la touristes. Elle s’approche, je me range sur le bas-côté, elle me dépasse à toute berzingue, ne s’arrête pas. Danger écarté, on peut continuer.

C’est bizarre, je ne l’entends pas, le passager clandestin. Je tourne la tête pour voir ce qu’il fabrique. Quoi ? Le mec est allongé sur MON King size ! Et je crois bien qu’il roupille. Il n’a pas dormi correctement depuis un paquet de nuits ou il ne supporte pas les baisses d’adrénaline ?

Je me focalise sur la route. Il n’y a pas beaucoup à se concentrer en fait, c’est toujours tout droit et il n’y a personne. Le mythe de la route 66, c’est bien du pipeau. Du désert, un bled pourri tous les quatre matins, du désert, ad vitam æternam… Soudain, je me souviens, il m’a dit qu’il fallait tourner. À droite ? À gauche ? Je ne sais plus. Il y a une route par là, je la prends. Je bouffe encore des miles pendant une heure. Mes yeux me brûlent, je n’en peux plus, faut que je dorme. Je gare le bus, mets le frein à main. Je me détache et avance dans le couloir.

– Hey, Mec !

Il ne bouge pas. Je l’observe, il est tellement vulnérable, endormi comme un gosse. Je pourrais en faire ce que je veux. Totalement à ma merci. Je passe plusieurs minutes à le regarder, il doit rêver, son visage est parcouru de minuscules vagues. Je ne sais pas si c’est la peur qui a trouvé une échappatoire ou s’il est plongé dans une aventure onirique excitante, mais il faut qu’il se réveille là, maintenant.

– Hey, Marsh !

Il ouvre enfin un œil.

– Prends le volant, c’est mon tour de visiter le pays des songes et des merveilles. T’as qu’à m’emmener où tu veux.

Il s’assied lentement sur le bord du plumard, je l’attrape par le bras, l’oblige à se lever. L’instant d’après, je m’effondre sur MON lit, et instantanément, je m’endors.

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