Un ange ?

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Tout se passe de manière idéale.

Pourtant, à cet instant, je me demande si Marsh n’est pas en train de me griller. Comme le lézard, hier soir.

Ces dernières heures ont été… incredible ! Jamais je n’avais dormi à la belle étoile. Je n’ai jamais aussi bien dormi. Était-ce grâce aux arbres magiques qui ont veillé sur moi ou parce que lui n’a voulu profiter que de la douceur de l’instant, couché près de moi ? J’ai même rêvé. Mes nuits sont toujours le théâtre d’obscures aventures dans lesquelles je ne préférerais pas tenir le rôle principal. Mais cette fois, c’était merveilleux.

J’étais dans un jardin, un incroyable jardin. Il y avait un jacaranda flamboyant marié à un lilas d’été qui donnait naissance à des enfants bleuets, violets et mauve ardent. Un peu plus loin, coin des piquants, cactus, rosiers et figuiers faisaient une Barbarie avec de jolis ballons trop aventureux et un peu trop confiants. Des miettes de peau de baudruche festonnaient les épines. Une forêt aussi ! Les pins ne vivent qu’en colonies. Couchés sur le sol adouci de leurs milliers d’aiguilles, on était des fakirs en regardant le ciel rempli de pommes de pin. Au milieu, un baobab, immense tronc et petites feuilles. Et un catalpa, énormes feuilles et petit tronc. Les deux se regardaient en chiens de faïence, chacun jaloux de ce que l’autre possédait. Et enfin, deux frangipaniers. Leurs fleurs blanches et miel s’abandonnaient et tombaient sur le sol.

Les associations paradoxales de cette parenthèse endormie voulaient-elles me faire passer un message codé ? Je suis nulle en décryptage, je n’ai pas cherché à comprendre. Il m’a fallu un peu de temps en me réveillant pour retrouver la réalité du désert et des cactus. Et en plus, il n’y avait pas de café.

Toujours dans les trucs insensés, il y a eu l’arrivée à Vegas. Cette ville est dingue. Trop de monde, trop de bruit, trop de lumière, trop de toc. Mais quand même, inoubliable de pacotilles. J’étais saoule sans rien boire, juste en marchant et en écarquillant les yeux. Sacré mélange qui m’a envoyée très haut, tout là-haut.

C’est au casino qu’il m’a grillée, je crois. Pour la première fois. Je n’étais pas sûre que ma couverture tienne encore bien longtemps.


Il y a quatre jours, j’avais reçu un message par le canal habituel.

« RDV au Roy's Motel, mardi prochain. Il y aura un type, grand. Tu sais ce qu’il te reste à faire. Option 2, n’oublie pas. »


Je n’avais pas beaucoup de temps pour m’organiser, mais j’avais réussi à arriver dans le bon timing. Et je l’avais trouvé, le gars. Sur la Route 66, comme prévu.

Tout à l’heure, au Bellagio, il s’est rendu compte que je portais chance, une chance insolente, hors du commun. On a fait sauter la banque ! Je n’aurais jamais dû le laisser gagner jusqu’à ce niveau, mais sa tête, quand il a battu ce sale type aux dents dorées, valait bien toutes les erreurs du monde. J’assumerai celle-là. On a eu droit à la suite royale, nuptiale, présidentielle, Elvis Presleyenne offerte par le casino. Truc de dingue ! Il était comme un gosse, ouvrait toutes les portes et rigolait à chaque fois, il avait les yeux qui brillaient.

Je ne me sens pas le courage de faire ce que je dois faire. Demain, je m’en occuperai demain. Ce soir, je le laisse profiter.

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