Celle-là, tu ne l’avais pas vue venir !

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L’odeur de caféine emplit la cabine. Ça sent divinement bon et ça réchauffe l’atmosphère. Marsh reprend ses questions :

– Mais dis-moi, pourquoi c’est toi qui dois me tuer ?

– Pourquoi moi ? Parce qu’on sait que tu aimes bien les brunes incendiaires aux billes outremer, je pouvais facilement avoir la bonne couleur d’iris. Tu n’aimes pas quand on te résiste. Le rôle était donc parfait pour moi. J’étais disponible pour cette mission. Voilà, c’est tout, ne va pas chercher autre chose.

– Je n’en reviens pas de tout ce que tu m’annonces, sans montrer aucune émotion. Punaise, tu flingues des gens et tu veux me faire croire que c’est un boulot banal, normal. Tu n’as même pas l’air de regretter ce que tu fais. Killeuse. Tu es une killeuse !

Il se tait. Je baisse les yeux. Il a raison. Puis, il poursuit :

– Soit. C’est ton choix de vie. Mais faut que tu m’expliques comment et surtout pourquoi t’en es arrivée là. Ce n’est quand même pas courant comme orientation… Qu’est-ce qui a merdé dans ton existence pour accepter ce que tu appelles « ton job » ?

J’ai besoin d’un peu de temps avant de lui répondre. Je pourrais l’envoyer balader, sortir mon flingue, finir le boulot. Je dirais à l’Agence que j’ai eu un problème, qu’il a fallu que j’improvise. Ce serait tellement plus simple. Pourtant, je m’entends lui dire ce que j’ai toujours gardé sous silence :

– J’ai eu une enfance magique en Corse. Des parents qui m’aimaient, une belle maison au bord de la mer. Et puis, tout s’est arrêté brutalement quand mon père est mort. Un règlement de comptes. C’est ce que ma mère m’a expliqué bien plus tard. On a quitté notre paradis et on a galéré. Je me suis promis que plus jamais, je ne serai une victime. Alors, j’ai fait ce qu’il fallait… J’ai appris à me défendre, à me battre, à tirer. Et un jour, en fréquentant des gens peu respectables, on m’a proposé ce boulot. Et je n’ai pas hésité. Tu vois, c’est facile à comprendre.

Je devine au regard posé sur moi qu’il ne me croit pas, ou que partiellement. C’est tellement irréel ce que je viens de lui balancer que j’imagine ses doutes. Alors, pendant qu’il me tourne le dos pour relancer une tournée d’expresso, je me jette sur lui. En dix secondes, je l’ai couché sur le King size, j’ai immobilisé ses bras, il est à ma merci.

Je m’approche de sa bouche, nos lèvres se touchent presque.

– Tu vois que je n’ai pas menti. Ah, dernière chose, Marsh. C’est inutile de me coller sous le nez tes jolis attributs toutes les cinq minutes, je n’ai pas beaucoup de principes, mais, il y en a un avec lequel je ne transige pas, je ne couche jamais avec mes cibles. JAMAIS.

Je me relève, le libère et reprends le volant.

Il reste assis sur le grand lit. En regardant dans le rétro, dans ses yeux à ce moment-là, je crois voir comme de la déception.

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