Bon sang, que ce mec est grand… Long comme un jour sans pain. En me blottissant dans la serviette, je lève les yeux vers lui. Il n’a jamais été aussi près. Je n’ai jamais été aussi prête. Il y a un rocher juste à côté de lui, je me perche dessus. Enfin, nos yeux sont à la même hauteur. Et pas que nos yeux…

Je ne sais pas pourquoi, je l’embrasse. Nos lèvres se cherchent, se trouvent. Ce baiser est un délice. Un filon d’or que j’ai envie de suivre, j’ai des pépites dans le cœur. Bon sang, faites que ça ne s’arrête jamais.

Pourtant, il s’écarte de moi.

– Je ne suis plus ta cible, Les Yeux Bleus ?

– Je crois qu’il y a un truc qui t’a échappé Marsh dans ce que je t’ai expliqué. Les cibles, c’est vrai, je ne couche pas avec. Mais, je ne t’ai jamais dit que je m’interdisais de les embrasser.

Son regard rigole, il fait un pas vers moi. Et c’est reparti pour un tour de rodéo.

L’ombre de deux silhouettes se dessine sur la plage déserte. L’une, juchée sur un caillou. L’autre ne sait pas où poser les mains.

Collée contre lui, je comprends qu’il lui reste des réflexes de son ancien métier. Mais là, c’est moi qui ne suis pas prête. Pas maintenant. Pas ici. Pas comme ça.

Je saute du marchepied improvisé, attrape mes fringues jetées au sol, les enfile rapidement. Je vole presque en rejoignant le camping-car. Lui, il est planté dans le sol. Immobile. On dirait qu’il a atteint le premier stade de la béatitude. Je le laisse planer quelques instants puis lui crie :

– Allez cowboy, Andiamo ! Tu m’as promis des trucs surprenants et moi, je n’aime pas attendre.

Je sais que je suis la reine des pommes, mais c’est plus fort que moi. Je suis incapable de me foutre de mes principes.