Tanguer

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L’avion entame sa descente vers Big Apple. Le ciel qu’on aperçoit par le hublot passe du lumineux transparent au gris épais et moutonneux, comme si on s’enfonçait dans un univers dont on ne saisit pas la finalité. Je connais par cœur le survol de cette ville que j’adore, l’arrivée par le ciel et les étoiles. Dans le coton qui m’entoure, j’imagine la découpe des buildings, les fleuves qui se rejoignent et cette dame couronnée qui me fait un signe de la main. La lumière faiblit dans le cockpit. J’attache la laisse au harnais de Billy, m’engloutis dans mon grand manteau chaud, enroule autour de mon cou une écharpe. Atterrissage, la porte s’ouvre enfin. Je descends de la passerelle. Sur le tarmac, deux ombres naviguent, un coyote et une fille qui tangue un peu.

Quand on a reçu cette invitation pour aller signer notre dernier roman à New York, j’étais débordée. Trop de boulot et personne pour m’aider. Je n’ai rien vu arriver. Ou j’ai fermé les yeux. Et puis, un matin, il y avait un mot sur la table de la cuisine :

« J’ai réservé le jet pour NY. Départ vendredi prochain. Je ne pourrai pas être avec vous. Je vous embrasse, toi et Billy. »

Sec. 23 mots.


J’ai lu. Je n’ai pas compris. Alors, j’ai arpenté les pièces de la maison en l’appelant. Toutes ses affaires étaient dans les placards mais lui avait disparu, évaporé comme des gouttes sur la terre assoiffée. Absorbé. Sans aucune explication. Il ne pouvait pas me laisser comme cela. Entre nous, c’était plus fort que tout ce qu’on pouvait connaître, imaginer. Ce n’était pas la réalité, c’était au-delà. J’ai tenté de le joindre. Il ne répondait pas aux messages. Rien. Le silence. Avec Marsh, ou on était ensemble, ou on se parlait, de mille façons. Ce vide, je ne savais pas quoi en faire.


J’ai parcouru ce matin-là les vingt-trois mots. Je n’ai pas tout compris, mais je me suis dit que Marsh avait ses raisons pour disparaître. Il devait régler des affaires personnelles. Il était peut-être tombé amoureux d’une autre fille, il y en avait tellement qui papillonnent autour de lui maintenant. Ou il s’était fourré dans des ennuis, ce ne serait pas la première fois. S’il était en danger, je ne le laisserai pas tomber. Je connaissais encore du monde, j’allais réactiver mes contacts. J’ai accusé le coup, mais j’ai continué à avancer, sans m’apitoyer, sans me retourner. Une chose après l’autre. J’allais déjà m’occuper de NY.

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